Il faut sauver la production de vinyle !

Merci à Lionel, merci à Lili qui tous deux m’ont fait découvrir ce texte du groupe grenoblois Pièces et main d’œuvre. J’y adhère bien entendu de la première à la dernière ligne. Ne voyez-vous toujours pas la différence entre le vrai et le fake, c’est-à-dire le faux ?

« Réindustrialisons » : quand « Là-bas si j’y suis » défend le cancer français

vendredi 6 avril 2012 par Pièces et main d’œuvre

En campagne pour Jean-Luc Mélenchon, l’émission Là-bas si j’y suis de Daniel Mermet sur France Inter diffusait, mercredi 5 et jeudi 6 avril 2012, un reportage de François Ruffin intitulé « Arkema et les vautours ». Où l’on apprend que le premier groupe chimique français s’apprête à céder, pour un euro symbolique, son « pôle vinylique » et les 2000 salariés qui vont avec, à un financier américain. Et François Ruffin d’accompagner les syndicalistes d’Arkema dans les QG de campagne des candidats à la présidentielle pour les « interpeller » sur ce scandale économique, et pour défendre l’idée en vogue dans cette campagne : la réindustrialisation de la France.

Pas un mot, durant ces deux émissions, sur l’activité du pôle vinylique d’Arkema et sur cette production qu’il s’agit de maintenir française. L’emploi n’a pas d’odeur, pas même celle du chlore qui sert à produire le chlorure de vinyle. Le chlorure de vinyle ? C’est un message, laissé sur le répondeur de l’émission ce jeudi 6 avril, qui renseigne l’auditoire :

« Merci à François Ruffin pour ce reportage intéressant, mais il me semble utile d’ajouter un complément d’information, pour préciser ce que fabrique le pôle vinylique d’Arkema. Celui-ci produit du chlorure de vinyle, connu par le grand public sous le nom de PVC. Le PVC est un produit classé cancérigène par l’Union européenne et par le Centre international de recherche sur le cancer. Il est notamment en cause dans l’apparition de cancers du foie. Il présente aussi des caractères mutagènes et reprotoxiques. Ceci concerne bien sûr les travailleurs des usines chimiques, dont beaucoup, en France ou aux Etats-Unis notamment, souffrent de cancer du foie, mais aussi tous ceux qui sont exposés à la pollution, entre autres par l’eau de boisson, à cause des déchets du PVC. On peut lire à ce sujet la note éditée par l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques) sur le chlorure de vinyle.

» Le PVC est souvent associé aux phtalates pour rendre le plastique souple – pour les jouets ou nombre de produits de consommation courante. Les phtalates sont cancérigènes, mutagènes et responsables d’anomalies de la reproduction masculine.

» Enfin l’incinération du PVC génère des dioxines, qui rendent malades et tuent les voisins des incinérateurs, comme à Gilly-sur-Isère en Savoie, ou près de Besançon – y compris avec des incinérateurs de nouvelle génération. C’est cela, aussi, que défendent les salariés d’Arkema, et qui n’était pas mentionné dans le reportage. »

Ayant diffusé ce message à l’antenne, Daniel Mermet juge utile de le faire suivre d’un autre message d’auditeur qui vante, lui, « le savoir-faire et la dignité » de ces ouvriers menacés de délocalisation. Le producteur enchaîne sur « l’essentiel, l’essentiel (rire), qui est évidemment l’emploi et le chômage et la destruction de l’industrie dans ce pays, la désindustrialisation qui (…) est l’essentiel dans cette campagne ».

Bref, produisons des cancers français. Pour l’emploi, produisons du nucléaire français, des OGM français, des pesticides français, des nanotechnologies françaises. Ça tombe bien, Arkema est leader dans la fabrication des nanotubes de carbone, sous la marque GraphiStrength, avec son unité de production des Pyrénées-Atlantiques d’une capacité de 400 tonnes par an. Les nanotubes de carbone sont ces nanoparticules dont les effets sur les poumons rappellent ceux de l’amiante. Mais pour les syndicalistes comme pour les partisans du Front de Gauche et Là-bas si j’y suis, « l’essentiel, c’est l’emploi », autrement dit : « Nos emplois valent plus que nos vies ».

C’est ça, leur prétendue « planification écologique ». Quant à nous, libertaires et luddites, nous disons : brisons les machines à produire le cancer.

Pièces et main d’œuvre

Grenoble, le 6 avril 2012

34 réflexions sur « Il faut sauver la production de vinyle ! »

  1. En période électorale, on voit parfois les meilleurs journalistes d’investigation abandonner toute objectivité au profit du grappillage de voix pour le candidat qui leur semble le moins pire.

    Où est le François Ruffin rédacteur en chef du journal soit-disant fâché avec tout le monde ?

    J’avais déjà bien aimé le sévère coup de gueule

    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=308

    du collectif « Pièces et main d’oeuvre » au lendemain de la catastrophe de Fukushima et me réjouis qu’ils ne fassent pas partie de la catégorie décrite plus haut. (D’ailleurs, ce ne sont pas des journalistes, je crois ; un bon point pour eux, cette profession est exercée par de plus en plus de gens très peu recommandables)

    Vivement le 7 mai, et la probable gueule de bois de ceux qui rêvent trop aux lendemains (du grand soir) qui chantent.

  2. J’ai lu hier l’article de « Pièces et main d’oeuvre » et j’avais hésité à le joindre à un message pour ne pas saturer le blog par les réactions des mélanchonolâtres. Attendons…

    « Porter au pinacle l’élection présidentielle, c’est donc se rabaisser à vouer un culte à l’inessentiel, aux apparences, à la mystification, à la fausse image du père. C’est abandonner son statut de citoyen et se comporter soit comme face à un gourou (voir l’hystérie de certains meetings), soit à voter par défaut contre celle ou celui que l’on déteste. Dans tous les cas de figure, la démocratie n’a rien à y gagner et même tout à y perdre. Cela explique certainement la panade dans laquelle nous sommes aujourd’hui et nous serons demain. »

  3. Extrait de la prise de position de la représentante de la CFDT après sa démission du Collège économique éthique et social (CEES) du Haut Conseil au Biotechnologies :

    « 4-L’émergence d’un déni de la science en agriculture

    Derrière le refus de la coexistence entre cultures OGM et non OGM, s’exprime aussi un refus des méthodes scientifiques qui contribuent à l’amélioration des plantes et une méfiance vis-à-vis des chercheurs, publics ou privés, qui s’y consacrent. En attestent les incidents de séance, les déclarations des tenants de la radicalité anti-PGM dans les écrits annexés en divergence aux recommandations.

    Redresser la barre, corriger l’inversion démocratique inscrite dans le fonctionnement du CEES est désormais de la responsabilité des pouvoirs publics. »

    Il est quand même intéressant de retrouver la représentante d’un syndicat, au côté de la FNSEA, du GNIS (Groupement National des Industries de la Semence), de l’ANIA (Association Nationale des Industrie de l’Alimentation). Pour rappel, c’est elle qui a souvent exprimé les attaques les plus virulentes contre les représentants des associations écologistes, des autres syndicats agricoles et des apiculteurs représentés au HCB.

  4. @ Anne-Lise Millan-Brun

    « Vivement le 7 mai, et la probable gueule de bois de ceux qui rêvent trop aux lendemains (du grand soir) qui chantent. »

    Merci Anne-Lise, j’ignorais totalement que ce sont ceux qui rêvent de lendemains qui chantent qui sont la cause des maux dont souffrent la planète. Heureusement, le soir du 6 mai, ils disparaitront pour laisser la place à de grands écolos comme Hollande ou Sarko. Nous voilà donc sauvés…

  5. Je ne sais pas qui était la représentante de la CFDT au Collège économique éthique et social (CEES) du Haut Conseil au Biotechnologies, mais sa position est typique de l’idéologie des gens qui sont fascinés par la science mais ne l’ont pas pratiquée, et qui ne voient pas vraiment la différence avec la technologie. Quand j’ai lu « L’émergence d’un déni de la science en agriculture », j’ai cru qu’elle parlait de Monsanto et Cie. Car ce que font ces entreprises ce n’est aucunement de la science mais de la mauvaise ingénierie, de l’ingénierie malhonnête : Comment extraire de l’argent sans que les gens ne s’en rendent compte. Et l’Etat court derrière avec l’espoir de grappiller lui aussi sa part de profit.

  6. Le texte de Pièces et Main d’oeuvre est très juste sur le fond mais il est à mon avis inopérant parce qu’il se conclut de manière aussi équilibrée qu’un tract de la CGT sur le nucléaire qui défendrait unilatéralement les emplois…

    Il faut évidemment sortir de ce dialogue de sourds entre ceux qui disent (à juste titre) qu’il est ahurissant de mettre 2000 personnes au chômage pour céder une entreprise à 1€ à un financier pour les profits d’un patron et des actionnaires (qu’un truc pareil soit possible me fait toujours halluciner), et ceux qui disent (à juste titre) que ce plastoc est une saloperie qui file le cancer et bousille la planète!

    La petite phrase de Mermet est en effet typique d’un aveuglement d’une bonne partie de la gauche… Toute la question est de savoir comment procéder.

    Ces travailleurs sont en lutte pour éviter de pointer au chômage à la fin du mois, c’est évidemment moins grave que crever d’un cancer, mais, on peut comprendre que leur angoisse concrète pour demain les rende sourds au discours écolo qui évoque une menace moins concrète concernant la santé et la planète… après-demain.

    Nous sommes tous traversés de contradictions, et il est évidemment toujours plus facile de tenir des positions radicalement écolo quand on est enseignant, journaliste ou autre profession pas trop éco-nuisible. Sauf que tous seuls, et contre l’avis des travailleurs concernés, on n’arrivera à rien.

    Donc : comment rendre socialement acceptable la cessation de ces productions (ici le PVC, ailleurs – plus grave – le nucléaire, l’armement, etc.)?

    Pour moi il n’y a qu’une manière : c’est en leur parlant de reconversion qui préserve les emplois et les salaires. Or, pour le coup, laisser l’entreprise partir pour 1€, c’est évidemment la pire chose de ce point de vue puisqu’on continuera à produire, mais ailleurs, peut-être même avec des normes évologiques encore moins bonnes, et il y aura le transport en plus…

    La réponse la plus opérante est donc celle qui consiste à dire qu’il faut commencer par REPRENDRE l’entreprise, la placer sous le contrôle des travailleurs.

    Après, on commence à discuter sérieusement.

    Mais je ne prétends pas avoir la réponse miracle. Votre avis m’intéresse, donc (et si on peut rester dans le sujet, ce serait encore mieux).

  7. Luc Capony le 8 avril 2012

    A mais oui, bien sûr !!! Comment n’y ai je pas songé plus tôt ! C’est bien sûr la faute à Mélenchon, au Front de Gauche et à Ruffin-Mermet qui roulent pour eux, si Arkema à choisi de faire du PVC et des nanotubes. Il est d’ailleurs évident que c’est par contrition qu’Arkema se débarrasse enfin de son usine cancérigène de St Fons, car Arkema s’est enfin rendu compte que le PVC, c’est pas bien du tout du tout !

    Et tous ces travailleurs qui se plaignent et réclament de conserver leur travail, quel toupet ! C’est quand même pas de notre faute si ils ont été assez cons pour se fourrer dans une embrouille pareille, qui les obligent aujourd’hui à avoir un besoin vital de travailler, pour payer leur pavillon à crédit, les Mc Do à leurs gamins obèses et addictes, le Piccasso d’occase (savent ils au moins que c’était un peintre ?), les Nike du petit ! Pas un bouquin d’Yvan Illich ou de Serge Latouche chez eux, mais Game boy et écrans plats, ça oui ! Et ils n’ont même pas la décence d’accepter de crever en silence, puisqu’Arkema accepte enfin de délocaliser ! Et Ils n’ont même pas la honte au front d’être responsables de tant de cancers (même des leurs !).
    Pourquoi n’acceptent ils pas d’aller simplement au chômage ? (et de disparaitre ensuite une fois en fin de droit.) Pourquoi donc réclament ils un travail ? sur des machines en plus ! (pour un Luddite c’est incompréhensible !)

    Bon d’accord, ils payent un petit peu par leur travail polluant et imbécile mon RSA, la retraite de mon papa, les soins de ma maman, mais bon, même un chômeur cotise encore. Alors pourquoi refusent ils la fermeture de cette usine nuisible… (peut être qu’une fois en fin de droit ils ne cotiseront plus du tout, et que j’aurai alors un problème ?….. on verra bien à ce moment là, à la place il y aura peut être à St Fons une usine à Grelinette ou de seaux à compost ?)

    Bon allez, j’arrête là, je sais c’est pas drôle. Mais l’article de “Pièces et main d’œuvres” non plus (ce qui ne m’empêchera pas de continuer à les soutenir dans leur combat contre les nanotechnologies, si cher à Vallini…)

    Je trouve bien triste cette intransigeance qui conduit à perdre tout humanité…. Une usine pollue, on la ferme ! peu importe les gens ! Alors qu’on pourrait peut être légiférer, non ? Modifier les processes pour que ces machines performantes fassent autre chose que du PVC et que ces gens conservent un travail, non ? Interdire PVC et nanotubes, non ?
    Ou encore aider justement le Front de gauche à inscrire dans la future constitution l’interdiction des nanotechnologies, comme est déjà prévu l’interdiction des OGM, non ?
    Mais non ! Élections, pièges à cons ! Ecolo, Libertaire, Luddite et …..intransigeant. Aucun compromis ni transition ne sera donc possible. Dommage.

    Ce qui me désole le plus, c’est que cette intransigeance est de mon point de vue contre productive. Elle isole votre combat au lieu de le rendre populaire… et c’est bien dommage parce que votre combat est bien sûr légitime, mais dans ces conditions, aucun ouvrier, aucun employé, personne à par vous même ne pourra l’entendre… Vous perdez ainsi toute efficacité… dommage pour la planète.

  8. Je sus embêté car j’aime ben ce blogue et j’aime bien le programme du Front de Gauche et la façon dont son candidat bat la campagne. La perfection n’étant pas de ce monde il faut bien parfois admettre que les objets de son affection peuvent parfois se montrer décevant d’un certain point de vue. Mais doit-on pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain au moindre écart de conduite ?

    Franchement que risque-t-on à pratiquer un enthousiasme tempéré pour le Front de Gauche dont on connaît par ailleurs les limites, supposées ou réelles, a fortiori qd on fréquente ce blogue ?

    Encore une fois la perfection n’est pas de ce monde ! Alors quand la possibilité de gravir une marche en sa direction se présente, doit-on immédiatement s’interdire cette perspective si rare au motif qu’il ne s’agit que d’une seule marche et non pas de tout l’escalier ?

  9. ici à Taipei, j’ai un ami, il a mon age (31-32 ans) il a un boulot qui lui donne le minimum vital, et il ne veux rien de plus… rien qui le retienne en ville pour le jour où il s’en va pour vivre à la campagne…

  10. Sur Arkema: Ce que vous dites, Luc Capony, est parfaitement logique et même justifié en un sens. Finalement c’est le cas très répandu de l’esclave qui préfère la sécurité de l’asservissement qui le tue de manière prévisible, a l’inquiétante liberté qui le tue aussi mais de manière imprévisible. Le vrai travail, le travail dur, est probablement toujours mauvais pour la santé, même lorsqu’il est intellectuel. D’autre part qui n’a jamais utilisé de PVC qu’il jette la première pierre ! Les bâtiments que je construit sont plein de tuyaux en PVC ! Je ne suis pas sur que des tuyaux en acier seraient plus écologiques. Mais les tuyaux en acier doivent être remplis d’eau en permanence sinon ils rouillent. Pour les tuyaux de descente il faut de la fonte. Qui peut encore acheter des tuyaux en fonte ? Qui peut encore en fabriquer, même ? Les plaques d’égout en fonte de la ville de New York sont fabriquées a Howrah (la ville industrielle, jumelle de Kolkata, en Inde). Elles ne sont pas vendues en Inde, car les plaques d’égout en fonte sont volées la nuit pour être revendues au poids. A la place, je vous le donne en mille: du plastique! Un genre de PVC surement…

    J’ai visité une fonderie-laminoir en Inde récemment. Les ouvriers touillent l’acier en fusion dans les fours a induction avec de grandes « cuillères » en s’esquivant lors de bouffées d’escarbilles, sans casque ni lunettes, parfois avec un linge humide noué autour de la tête en laissant une ouverture devant les yeux. Au laminoir, ils sortent du four les barres rouge vif de 50kg avec des pinces pour les engager entre les rouleaux du laminoir qui les recrachent brutalement d’un coté et de l’autre, avec pour seule protection de vieilles godasses en cuir qui baillent de tous cotés, et 3 épaisseurs de toile de jute autour des mollets. Malgré ces conditions il y a moins d’accidents dans cette usine, ou les ouvriers travaillent de manière extraordinairement synchronisée et connaissent chaque détail de leurs machines, que dans la branche immobilière du même groupe industriel.

    Luc Capony et Pièces et Main-d’Oeuvre ont tous deux des arguments imparables tant qu’on s’en tient a la logique pure. Il faut rentrer dans les détails, s’intéresser a la technique. Ca demande du temps. L’intérêt du travail de Pièces et Main-d’Oeuvre s’est de nous intéresser a ces questions et d’arrêter les experts professionnels y répondre a notre place. Reconquérir nos boulots et nos cancers.

  11. Je crains que mon message plus haut soit un peu abscons, surtout la dernière phrase. Je voulais juste dire qu’il est de la plus haute importance de savoir ce que l’on fait. C’est a ce titre que le travail de Pièces et Main-d’Oeuvre est salutaire. Si quelqu’un peut dire, c’est mon choix d’avoir un cancer, j’en accepte le prix, il n’y a pas grand-chose a dire. Si quelqu’un est assez honnête pour dire, c’est mon choix de provoquer des cancers chez un certain nombre de personnes que je connais ou que je ne connais pas, car ce que je fais est indispensable, on peut a la limite l’écouter mais il y a sérieusement matière a débat. Et ce débat doit absolument inclure les victimes. Mais si quelqu’un dit, je suis payé pour empêcher que l’on établisse le lien entre les profits des uns et les cancers des autres, alors la on passe les bornes de ce qui peut être débattu. C’est inadmissible. Le problème c’est qu’une part grandissante de notre technologie repose exactement la-dessus, et consacre a ce mensonge construit, de plus en plus d’efforts. La technique c’est un mariage entre des lois naturelles et des circonstances sociales, et le critère le plus important pour le succès d’une technique c’est la partie sociale, pas la partie naturelle. Mais une bonne partie des profits s’envolerait si les gens savaient cela, s’il était permis d’en parler ouvertement dans un cadre professionnel et d’agir en conséquence, en toute liberté et en toute responsabilité.

  12. Perdre sa vie à la gagner ?
    Je ne fais pas la promo du DVD, rassurez-vous, on peu se contenter de regarder les extraits. Mais ce documentaire à (peut-être, puisque je ne l’ai pas vu !), le mérite de poser les questions qui nous obligent à une remise en question profonde. La perspective d’envisager sa vie autrement……. Les peurs nous conditionnent à une petite mort qu’il nous faut sans cesse remettre sur la table.

    http://www.lesmutins.org/Inventaire-avant-liquidation.html

  13. À propos de marchands de poison (quelqu’un a-t-il encore quelque chose à vomir ?)…

    A, pollueur de première catégorie, en prison dans un pays africain après qu’il avait gravement ou mortellement intoxiqué des dizaines de milliers de personnes, promit 4M€ à B, marchand de gros hélicoptères qui avait de l’entregent dans ce pays, s’il l’en faisait sortir.
    Ce que fit B.
    Mais A ne paya pas B.
    Alors, B a traîné A devant la justice d’un pays européen pour se faire payer d’avoir acheté la justice du pays africain.
    Après plus de trois ans, la justice ne semble pas avoir tranché. Attend-elle la meilleure offre entre A et B ?

  14. Avec ce thème, on est en plein coeur de la contradiction, très difficile à résoudre, entre le « social » et l’écologique.

    Si on décide (et on devra le décider) de ne plus produire ni du nuisible, ni de l’inutile, ni du destructeur de nature, non seulement il devient impossible de garantir « le plein emploi », mais au contraire on va vers une destruction massive des emplois existants.

    Or, dans l’était actuel de notre société (capitaliste, osons les gros mots), l’emploi est indissolublement lié à la simple survie de la plus grande partie d’entre nous. On peut sortir de ce cadre, certes. Mais en sortir comment? Et combien durera la transition? Et que faire en attendant?

    Ce n’est pas pour rien que la synthèse entre social et écologique n’a été osée par personne jusqu’à présent. Ce n’est pas pour rien que les travailleurs de l’amiante ont continué des dizaines d’années sans que nul n’ose leur dire qu’ils étaient en train de perdre leur vie à la gagner. Ni « comité hygiène et sécurité », ni syndicats: tous se sont tus et se sont contentés de réclamer des « primes de risque ». Et ceux des ouvriers qui ont été effleurés par l’idée du risque encouru se sont hâtés de l’oublier.

    Aujourd’hui encore, les travailleurs du nucléaire font l’autruche. Et ceux de la chimie, ceux des PVC, tous ceux qui travaillent dans des secteurs dangereux.

    Si l’on veut que des millions de travailleurs cessent de « perdre leur vie pour la gagner », il faudra impérativement leur expliquer de quoi ils vont bien pouvoir vivre. Et ça va pas être facile de les convaincre. Parce que le cancer, c’est pour plus tard, et c’est pas sûr. Alors que crever de faim, c’est pour tout de suite.

  15. J’ai pas mal d’amis a Kolkata qui ne prennent plus de sacs en plastique depuis des années. Les magasins ont toujours soit des sachets en papier journal (assemblés avec de la colle arabique ou de la farine), soit au moins quelques vieux journaux qui traînent dans un coin. Il faut parfois insister mais on arrive a éviter les sacs en plastique, et pour les choses plus lourdes ils ont un sac en toile avec eux. Je me souviens des sachets en papier pour les fruits et légumes au marché et même au supermarché, qui se sont raréfiés en France dans les années 1990. Rien n’empêche d’y revenir, et même de recycler pour cela les journaux. C’est comme ça qu’en Inde on tombe parfois sur des nouvelles auxquelles on avait échappé !

  16. @Luc Capony:
    “Je trouve bien triste cette intransigeance qui conduit à perdre tout humanité…. Une usine pollue, on la ferme ! peu importe les gens !”

    La perte d’humanité se situe en amont :

    -Une usine tue, on l’ouvre !
    et
    -Qui ne travaille pas -peu importe ce qu’il produit- n’est rien et qui ne travaille pas ne mange pas dans une société capitaliste où règnent le travail abstrait -dont on a gommé l’usage et la qualité – et la marchandise.

  17. @Cultive ton jardin :
    « Si on décide (et on devra le décider) de ne plus produire ni du nuisible, ni de l’inutile, ni du destructeur de nature, non seulement il devient impossible de garantir “le plein emploi”, mais au contraire on va vers une destruction massive des emplois existants.  »

    Là (et rarement) je ne suis pas d’accord avec vous, l’industrie qui est l’autre nom de la robotisation et la machinisation, est une fuite en avant qui, pour créer 10 emplois en supprime 100.
    C’est aussi à cause de l’indistrie que nombre de métiers ont disparu car celle-ci a fait diminuer la valeur -le travail abstrait humain- contenu dans les marchandises produites, rendant ces métiers obsolètes.

  18. Dans la vidéo d’Arte « Des gratte-ciel pour les cochons », personne n’envisage un instant;la possiblité de diminuer la consommation de viande.

    Le plein emploi est une vision du passé, à laquelle il est illusoire de se raccrocher. Actuellement, production d’armes, d’objets inutiles et/ou nuisibles, destructeurs de nature etc., ne feront plus baisser le taux de chômage en France et ailleurs. Cf. lien qui suit sur la rencontre à l’hôtel Fairmont de San Francisco et que Florence a évoquée récemment: http://www.ufal.info/media_ecole/,article,60,,,,,_Politique-scolaire-et-neoliberalisme-L-ecole-des-inutiles.htm

  19. à Cultive ton jardin

    Peut être que la « transition sociale vers l’écologie » doit passer par une compréhension et une reconnaissance des besoins fondamentaux de l’être humain : c’est facile,il n’y en a pas 50 : la nourriture,le logement et le vêtement ( et à la limite,dans une mesure qui pourrait être moindre,l’éducation,la culture,les arts ).Alors plutôt que de ré-industrialiser côute que côute ,pourquoi ne pas employer toute la main d’oeuvre  » libérée » ,par ailleurs souvent peu qualifiée,ce qui n’est pour moi absolument pas péjoratif,pour la ramener aux travaux des champs ? ( je sais le temps que prend le désherbage « fait main » dans la culture maraîchère biologique ) Et que l’on ne me dise pas que c’est un retour en arrière : ce serait pour moi une réelle avancée.Mais pour cela il faudrait payer la main d’oeuvre à un prix correct,et donc accepter que la nourriture côute plus chère…,mais s’il y a moins de chômage et moins de cancer ( car environnement et nourriture plus sains ) alors au final tout le monde devrait s’y retrouver…
    Revenir à l’essentiel,abandonner nos babioles…et cultiver son jardin.

  20. Bonsoir, bonjour, 🙂

    Merci.

    Ben voila …

    « l’essentiel, c’est l’emploi », autrement dit : « Nos emplois valent plus que nos vies ».

    Qu’ajouter?

    Inversion. L’essentiel c’est la vie, autrement dit nos vies valent plus que nos emplois. S’ils ne sont pas fichus de comprendre cette simple phrase, ils ne feront jamais aucun effort. Ne sais pas ou ils vont, mais ils y vont!

    L’homme et le train » : une brève allégorie de l’accélération.

    Un train avance. Un homme court à côté du train. Il court depuis tellement longtemps que lui-même ne sais plus vraiment pourquoi il court. Le paysage est dégagé, la météo est clémente, la route est droite. Le train accélère. Notre homme accélère à son tour. Il se fatigue. Tel un somnambule, il semble accompagner machinalement le train dans son parcours. Le pauvre homme s’épuise.

    Tout aurait été plus simple s’il avait eu l’idée de monter dans le train lorsque celui-ci était en gare. Mais cela est maintenant impossible : le train ne s’arrêtera pas. L’ultime solution qui lui revient est de fournir un dernier effort pour tâcher de monter dans le train en marche. S’il y parvient, notre homme sera alors dans les meilleures conditions pour arriver à destination. Mieux encore, il profitera du voyage. Il contemplera ce si beau paysage qu’il ne prenait même pas le temps de regarder lorsqu’il courait à côté du train. Il laissera son esprit vagabonder. Il se plongera dans la lecture d’un livre.

    Cette métaphore de l’homme et du train s’applique à chacun d’entre nous. Nous avons tous l’impression que le temps accélère, que les événements se succèdent à un rythme de plus en plus soutenu. Les nouvelles technologies renforcent ce sentiment d’accélération. Dès lors, nous avons le choix. Soit nous nous mettons dans la situation de l’homme qui court, au risque de nous épuiser et de perdre notre capacité d’observation. Soit nous parvenons à monter dans le train, et alors nous vivons cette vitesse comme une chance, une opportunité pour arriver plus vite à destination.

    Eviter les quais de gare et ne prenez pas ce train. Merci. 😉

    Bien a vous toutes et tous,

  21. La transition vers une sobriété heureuse, au niveau d’un continent, doit s’accompagner d’un transfert de dépenses n’apportant rien ou peu à l’individu : obsolescence programmée, déplacements subits : pour un smicard travaillant à 40 km de chez lui la voiture représente le double de la dîme…, se gaver de viande, des appareils dernier cri… en faveur de l’alimentation et des services indispensables. La création d’emplois : agriculture, services, recyclage… associée à une réduction du temps de travail permettra ainsi de résorber une grande partie du chômage.

    Pour ce qui est des politiciens, c’est une perte de temps de se braquer sur Joly et Mélenchon.
    Il y a de fortes chances que Hollande soit élu, son programme écologique à peine caricaturé : passer de 3 à 5% de bio, fermer UNE SEULE CENTRALE (Fessenheim),un peu plus de renouvelable pas pour remplacer les énergies fossiles mais pour satisfaire la croissance énergétique
    Pour Sarko, c’est pire : relance du nucléaire, bétonnage…
    http://www.superno.com/blog/2012/04/zero-pointe-pour-le-programme-de-sarko/

    Et même si les 2 premiers passent dans le pire des cas ils feront la politique du ps, donc c’est à nous d’agir en montrant l’exemple et en alertant les citoyens et les collectivités.

  22. @ Lionel:

    Tu n’es pas d’accord avec moi parce que tu as négligé une phrase « Dans l’état actuel de notre société ». Je suis bien d’accord que des milliers, des millions d’emplois ont été « détruits » (??) par la hausse de la productivité sous pression capitaliste.

    Une partie de ces emplois détruits a été plus ou moins compensée par la fabrication désordonnée et folle de toutes sortes d’objets et de produits inutiles ou nuisibles qui alimentent nos décharges et polluent nos sols, nos eaux, notre air.

    L’autre question qui se pose (et on ne peut pas faire l’impasse dessus) c’est comment avancer vers un autre avenir que celui qui nous est infligé. Car, outre qu’il n’est pas facile de modifier toute la structure d’une société (et à l’échelle du monde), il faut s’attendre à une résistance forcenée des quelques millions d’individus (sur les milliards que nous sommes) pour nous EMPÊCHER de faire cette transformation. Ces individus là ont la force avec eux, toute la structure militaro-industrielle qu’ils nous ont fait, nous font encore construire.

    Du coup, je réponds aussi à Michaël: revenir à « une compréhension et une reconnaissance des besoins fondamentaux de l’être humain » ne suffira certes pas. Abandonner nos babioles, certes, mais il faudrait que ce soit massif. Refuser les boulots inutiles et nuisibles, ça aussi ce serait intéressant. Mais de quoi vivre alors, puisque toute l’infrastructure financière est également entre les mains de ce 1% d’exploiteurs.

    On voit bien que si nous sommes nombreux, de plus en plus (pas assez, certes) à savoir ce que nous voulons, pas facile du tout de savoir comment y parvenir.

  23. L’homme et le train . Sur le quai des à revoir. On vous sonne et vous vous précipitez pour répondre*. Grands serviteurs du capitalisme moderne.

    * téléphone portable.

  24. lu sur rue 89 et c’est de la bombe:
    « Marc le Fur (député UMP de Bretagne, vice président de l’assemblée nationale) refuse de nous parler des algues vertes, de l’agriculture productiviste et de son impact sur l’environnement. C’est presque excédé qu’il nous dit :

    « Dans cette période de crise que nous traversons, il faut distinguer l’essentiel de l’accessoire. L’essentiel, c’est l’emploi ; l’écologie, c’est accessoire. » »

  25. « Le gouvernement Japonais craint qu’un été non-nucléaire rendra les redémarrages plus difficiles »

    incroyable mais vrai !

    http://www.reuters.com/article/2012/04/05/us-japan-nuclear-idUSBRE83401U20120405

    Pendant ce temps-la, le nettoyage nucléaire commercial est un marché juteux, valant des « milliards de livre-sterling » (au bas mot… on peut être sur qu’ils n’osent pas avancer le vrai chiffre… est-ce par respect des pompiers kamikazes de Tchernobyl et des « volontaires » vrais ou faux, de Fukushima?)

    http://www.reuters.com/article/2012/04/10/japan-britain-nuclear-idUSL6E8FA3JP20120410

    Mais les paysans et pêcheurs Indiens de Indithakarai, près de le centrale en construction de Kudankulam, encerclés par la police depuis le 19 mars, savent que la seule manière de démanteler une centrale nucléaire dans la pratique, c’est de ne pas la démarrer !

    http://www.dianuke.org/koodankulam-idinthakarai-turned-into-an-open-air-jail-govt-playing-divide-and-rule/

    Ces gens d’une grande lucidité ne luttent pas pour eux, ni pour leurs enfants, mais pour tous nos enfants.

  26. jusqu ‘à quand serons nous sacrifiés sur l ‘autel de la productivité???

    une petite pensée à mon oncle Nikita, decedé ce lundi des suites d’un cancer du à l ‘amiante…
    un de plus…
    et pour nous ? ce sera quoi ? les phtalates ??

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