Sur le cancer made in France (une suite)

Il y a une suite au texte précédent, toujours signée par le groupe de Grenoble Pièces et main d’œuvre (PMO). Merci à Serge de me l’avoir envoyée. Vous trouverez cet échange ci-dessous, mais j’ajouterai pour ma part un commentaire. Le syndicaliste CGT qui s’en prend à PMO, je le connais. Je veux dire que j’en ai connu des dizaines dans le cours de ma vie. Il est probablement – mais non sûrement – une bonne personne. Seulement, le ton qu’il utilise pour s’adresser aux critiques de ce monde me donne de véritables envies de gerber.

Ce qu’oublie notamment ce « lutteur de classes » estampillé, c’est l’arrière-plan de l’histoire qu’il prétend nous raconter. Moi, je la connais. Moi, l’écologiste qui se fout des pauvres et des ouvriers – une antienne, chez ces mélenchonistes qui viennent m’asticoter jusqu’ici -, j’ai contribué à la création de l’Association Henri-Pézerat (ici). Henri était un homme très cher à mon cœur (ici), sans lequel l’incroyable scandale de l’amiante n’aurait pas éclaté de cette manière en France.

Oui, je sais quantité de choses sur la mort au travail, les maladies professionnelles si évidemment sous-estimées, le drame dans tant de familles. J’en sais bien plus que ces phraseurs de gauche, et j’assume ma part du grand combat contre l’exploitation criminelle de la force de travail. Je n’espère pas clouer le bec à ceux qui m’envoient aux pelotes avec délices, mais au moins je dis. Et je dis que, dans le cas de l’amiante, le mouvement syndical français a été le COMPLICE du crime de masse.

D’abord pour la raison évidente que, pendant des décennies, il n’a pas été capable d’empêcher la contamination. Qui passait on s’en doute par l’interdiction de l’amiante. Mais aussi, mais surtout pour la raison que la CGT et la CFDT ont siégé dans les années 80 et 90 du siècle passé, ès qualités, dans l’infâme Comité permanent amiante (CPA), création du lobby de l’amiante dans le seul but de gagner du temps. Et donc de multiplier les morts (ici). Lançons l’idée d’un tribunal international des crimes du travail, mais sans en exclure ces syndicalistes qui ont accepté de donner la main aux assassins !

Et d’ailleurs, pourquoi l’ont-ils fait ? Ont-ils reçu de l’argent ? Leurs confédérations ont-elles été circonvenues, et en ce cas, de quelle manière ? Nul n’a jamais osé ouvrir ce dossier terrifiant. Circulez ! Ceci explique cela, et nul doute que si les syndicats français ont jeté le voile sur cette affaire, c’est parce qu’elle dynamite une partie de leur légitimité. Quoi ? Des syndicats qui acceptent et accompagnent la mort organisée de leurs mandants ? Mais c’est une honte, n’est-ce pas ? Une honte historique, pour dire le moins. On comprend mieux, dans ce cas, pourquoi M.Mélenchon et ses amis soutiennent ceux d’Arkema et la production du chlorure de vinyle, qui est une merde totale et définitive.

Bon, assez causé. Voici le texte de PMO. La suite du premier.

Défense du cancer français

Séquelles

Vendredi 6 avril 2012, nous avons publié un texte intitulé « « Réindustrialisons » : quand « Là-bas si j’y suis » défend le cancer français ».1 Celui-ci pointait l’angle mort d’un reportage consacré à la cession du pôle vinylique d’Arkema à un « vautour » américain : l’absence de toute mention du caractère homicide de la production de ce pôle. Cette lacune étant évidemment liée aux positions politiques du producteur, du journaliste et des intervenants de cette émission, qu’on n’insultera pas en disant que, syndicalistes, militants du Front de gauche ou journalistes engagés, ils font actuellement la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon. On n’étonnera non plus personne – ni eux-mêmes – en rappelant que le Parti communiste, le Parti de gauche, la CGT et Là-bas si j’y suis soutiennent le parti de l’industrie et de l’emploi à tout prix.

De toutes les réactions suscitées par notre texte, nous avons choisi de répondre à celle qui nous paraissait la plus poignante et la plus instructive, celle peut-être qui permet pour une fois d’aller au vif du sujet. Ce message d’un syndicaliste ouvrier nous est parvenu indirectement, via une liste de discussion du Front de gauche. Nous préservons l’anonymat de son auteur.

« Aux libertaires et luddites qui écrivent « Mais pour les syndicalistes comme pour les partisans du Front de Gauche et Là-bas si j’y suis, « l’essentiel, c’est l’emploi », autrement dit : « Nos emplois valent plus que nos vies ». Je suis syndicaliste CGT mais avant tout un homme et j’ai envie de vous hurler à la figure les 52 morts de la polymérisation du CVM (et pas du PVC soyez précis !!!), les dizaines de morts du rein et de la vessie, les morts de l’amiante de l’usine Atofina Brignoud que ces camarades ont bien été assassinés non pas au nom de l’emploi mais au nom du seul profit capitaliste vous hurler que  les salariés qui sont en 1° ligne ne sont pas des kamikazes … ils ont été gazés par des patrons qui savaient le danger vous hurler qu’une  fibre d’amiante suffit qu’un seul ppm de gaz suffit pour  donner la mort !!!
vous hurler que l’amiante comme la polymérisation du CVM tuent à retardement 30 à 40 ans après l’exposition alors comment pouvez vous reprocher à ceux qui meurent aujourd’hui, 30 ans après leur exposition, d’avoir feint d’ignorer le danger afin de préserver leur emploi.

Savez vous seulement libertaires et luddites notre impuissance non pas à sauver nos emplois mais notre combat pour  faire reconnaître nos expositions, classer nos sites, et que nos veuves et enfants aient une juste compensation connaissez vous  seulement la peur qui plane sur nos têtes à chaque visite médicale savez vous  seulement la peur de l’annonce de la maladie (amiante ou cancer du foie), la peur de mourir asphixié (amiante), la peur de mourir en pourrissant de l’intérieur (angiosarcome du foie) savez vous  seulement, bien penseur de PMO ce qu’est mourir du cancer du CVM, de l’amiante et autres saloperies que nous avons respiré savez vous  seulement la gifle que nous ressentons lorsqu’un de nos camarades est touché ….le dernier….Jacques …….est parti il y a 15 jours !!

Que connais tu de nos souffrances et de celles de nos familles devant notre agonie à vous libertaires et luddites je dis faîtes vous connaître prenez une part active dans notre combat pour la vie et luttez pour que nos usines continuent à produire en préservant la santé de ses salariés  et des populations
environnantes. Nos vies comme les vôtres dépendent du succès de nos luttes actuelles

Aidez nous à briser les conditions de travail qui produisent les cancers

Aidez nous dans notre lutte devant le Tribunal Administratif de Grenoble pour qu’enfin le site d’Atofina
Brignoud soit classé Amiante

Aidez nous  devant les tribunaux à chaque comparution de famille  d’Atofina Brignoud réclamant justice ou bien  Respectez nous !! »

La réponse de PMO

Si ce message apporte une confirmation, c’est bien que le PVC (même nommé chlorure de vinyle monomère) tue. Il tue même plus encore que ce que nous avions écrit, à l’usine Atofina de Brignoud (aujourd’hui Arkema), dans la cuvette grenobloise. Il tue atrocement. Et il est aussi assassin que nombre de produits dont nous gratifient les 19 sites Seveso de l’agglomération, et l’industrie en général. Qu’elle soit chimique, nucléaire, automobile, agro-alimentaire ou électronique. Ces assassinats concluant d’ailleurs des existences entières privées de vie, dans l’enfermement de l’usine.

Aux chiffres que fournit notre interlocuteur concernant les travailleurs, il faut ajouter les morts invisibles, jamais additionnées, des riverains et de toutes les victimes d’un environnement empoisonné (eau, air, sols, alimentation). Ceux-là ne sont pas même payés, tout juste ont-ils la satisfaction de contribuer à l’augmentation du PIB et de la croissance.

Soyons précis, comme dit notre syndicaliste : on sait depuis 1906 que l’amiante est dangereuse. Celle-ci a été totalement interdite en France en 1996. Neuf décennies d’assassinat industriel. Les patrons n’étaient pas les seuls à savoir le danger. Si les ouvriers de 1906 l’ignoraient, ceux de 1976 et de 1986 le savaient. C’étaient « les risques du métier ». Comme la silicose des mineurs ou les cancers des intérimaires du nucléaire. Comme aujourd’hui la maladie de Parkinson des paysans qui continuent de répandre des pesticides. Qui défend le monstrueux chantier du TGV Lyon-Turin, avec ses millions de mètres cubes d’amiante et de poussières radioactives à extraire de la montagne, sinon la CGT ? Puisque c’est bon pour l’emploi.

Ce n’est pas le seul profit capitaliste qui a assassiné des générations d’ouvriers, mais la société industrielle, et le parti industriel – scientifiques, patrons, ouvriers et techniciens confondus. Un parti qui s’enkyste dans le déni, y compris face à la réalité la plus brutale. Voyez les travailleurs de Fessenheim applaudissant aux promesses de Sarkozy de prolonger leur centrale, un an après la catastrophe de Fukushima.

À toi, syndicaliste, nous disons : encore un effort dans le combat pour la vie. Vous, qui mourez en première ligne, encore un effort de cohérence pour tirer les conséquences de ce que vous savez. Le chlorure de vinyle tue ? Supprimons-le. Même communiste, autogéré, verdi, responsable, durable et citoyen, il n’y a pas de PVC propre et il ne peut pas y en avoir. Parce que nous sommes cohérents et que nous tirons des conséquences, nous refusons le PVC, quels que soient ses usages : le prix à payer est trop cher. Et ce qui vaut pour le PVC vaut pour toutes les saloperies industrielles et nuisibles.

Justement parce qu’on vous respecte, on trouve indigne de vous voir réclamer « une juste compensation » à ce qui n’a pas de prix, la vie d’un homme. Respectez-vous vous-mêmes. Savez-vous seulement à quoi ont renoncé ceux qui depuis des décennies font la grève perpétuelle ? Ceux qui ont refusé de plier, d’entrer en usine ou au bureau, de prendre des crédits, de faire 2,1 enfants, d’acheter un pavillon, une bagnole, une télé, des téléphones portables, de revendiquer du « pouvoir d’achat ». Ceux que vous nommez « marginaux », qui subissent les diktats du parti industriel et qui tâchent, à la mesure de leur faiblesse et de leur imagination, de ménager le peu de vivant que vous n’avez pas encore détruit.

Ceux que vous n’avez pas eu le cran d’imiter, parce que, tout de même, une vie entière volontairement sous le seuil de pauvreté, c’était pas votre choix. Pour nous, luddites, il y a plus de décence à tâcher d’être maîtres de son existence et de son travail – quitte à vivre de peu – qu’à se soumettre à la machine destructrice et à mendier des conditions d’esclavage supportables. En fin de compte, une société luddite lèguerait aux fameuses « générations futures » une Terre en meilleur état que la société industrielle. Mais bien sûr, cela irait contre « le sens de l’Histoire ».

Pour finir, syndicaliste, tu es bien hardi de nous croire ignorants du cancer et de ses horreurs. Grâce à ton activité et à celle de tes collègues, c’est en réalité aujourd’hui l’une des choses du monde les mieux partagées.

Pièces et main d’œuvre
Grenoble, le 10 avril 2012

62 réflexions sur « Sur le cancer made in France (une suite) »

  1. Magnifiquement bien écrit. Pensées cohérentes, logiques, réalistes, lucides, justes……. En parfait accord avec Pièces et main d’oeuvre. Rien à ajouter. Si, merci.

  2. « Pour finir, syndicaliste, tu es bien hardi de nous croire ignorants du cancer et de ses horreurs. Grâce à ton activité et à celle de tes collègues, c’est en réalité aujourd’hui l’une des choses du monde les mieux partagées. »

    En effet, PMO a complètement raison: pour ce qui est de crever des poisons qu’ils fabriquent, les ouvriers sont aux avant postes. Mais ces poisons se sont aussi répandus partout, dans la terre, dans l’eau, dans l’air. Nous les mangeons avec nos fruits et nos légumes, nous les buvons, nous les respirons. Et si les ouvriers sont les plus nombreux à en mourir, ils ne sont pas les seuls.

    Au voisinage des incinérat-U-eurs, le nombre de cancers du sein augmente, et d’autres cancers aussi j’imagine. Le cancer chez les enfants augmente. Les syndicalistes qui pensent qu’on peut accepter de travailler dangereusement en échange d’une dérisoire prime de risque acceptent-ils aussi ce danger pour leurs enfants, pour nos enfants?

  3. La CGT, le PC et maintenant le FDG ont exactement la même ambivalence avec la fabrication des armes dont la France est depuis bien (trop) longtemps un des premiers exportateurs : d’un côté on se dit solidaire des opprimés de tous les pays et de l’autre on contribue à armer les tyrans qui les oppriment. Voir la satisfaction de Mélenchon lorsque Dassault, humaniste célèbre, a enfin décroché un marché en Inde pour sa bouse volante. Ce pays étant par ailleurs bien connu pour avoir totalement éradiqué la misère parmi sa population. Schizophrénie ou foutâge de gueule ?

  4. C’était dans les années 1970, je travaillais alors dans ce qui s’appelait les PTT, un service étatisé donc. C’était aux télécoms. Certains de mes collègues travaillaient en sous-sol pour installer les lignes téléphoniques. Nous avions eu l’audace de dénoncer les dangers du flocage d’amiante qui recouvrait les murs de ces sous-sols. Et bien nous avons dû affronter, non seulement l’état-patron, mais aussi la CGT et le Parti Communiste pour lesquels nous n’étions que des anarchistes-gauchistes. La CFDT nous soutenait, mais là c’était normal: la CFDT, c’était nous !!!!

  5. @ Mouton Noir: j’ai connu exactement le même problème dans ma boite (réparation navale) avec en plus la grande tare pour moi et quelques autres peu sensibles au suivisme de masse, de ne pas accepter aveuglément les consignes des apparatchiks syndicaux. Comme l’a très bien souligné Fabrice les caciques PC/CGT n’ont jamais aimé les anars car trop libres pour être facilement manipulables. Ils partagent comme le Medef et les politiques , avec lesquels ils ont souvent pactisé afin de maintenir le statu-quo, la caractéristique de haïr tout ce et ceux qui sont imprévisibles.

  6. Concernant l’amiante j’espère vraiment que la lumière sera faite, sur tous ceux qui ont été complices de cette horreur, y compris les syndicats. C’est bien de le rappeler.
    Aujourd’hui continuer à défendre « au nom de l’emploi » des projets complètement incohérents et dévastateurs, comme le Lyon Turin par exemple, avec tous les risques que cela comporte, c’est d’autant plus grave que les risques sont identifiés. Hier je lisais cet article pour ceux qui comprennent (http://www.ilfattoquotidiano.it/2012/04/09/acqua-uranio-amianto-minacce-incombono-sulla-susa/203254/). Qu’est-ce qui reste défendable face à tout ça ? Et défendable comment ? avec l’aide de l’armée ???

    La précarité et la peur de la précarité rendent serviles, hélas, et ça tous ceux qui mènent le bal le savent….
    J’écoute régulièrement « là bas si j’y suis », j’ai entendu la première partie concernant arkema, et effectivement j’avais été surprise par le fait que la nature de l’industrie en question semblait avoir été oubliée.

  7. Vous avez aussi ce charmant syndicat, la FNSEA, qui a voté contre l’inscription de la maladie d’Alzheimer au tableau des maladies professionnelles des agriculteurs. Au moins, la CGT a voté pour.
    L’étape suivante, pour la CGT, serait de préconiser l’arrêt de l’utilisation des pesticides dans l’agriculture …

  8. La FNSEA, c’est le MEDEF des agriculteurs. Normal qu’ils refusent la reconnaissance des maladies professionnelles de leurs salariés.

    Mais même les petits paysans se bouchent les yeux par rapport aux maladies professionnelles, ceux qui les dénoncent se font marginaliser par leurs collègues. Tragique…

    Un étrange phénomènes psychologique fait que, face au danger, ceux qui sont les plus exposés sont aussi les plus aveuglés. Dans la mesure où ils ne voient pas comment échapper au danger, c’est un phénomène protecteur. C’est pourtant en train de changer.

    Sur Arkema, soyons justes: la laisser brader pour un euro symbolique avec en plus un cadeau à je ne sais quelle multinationale ne rendrait pas son activité moins nocive. Tout au plus pourrait on « espérer » (?) qu’elle aille polluer ailleurs d’autres ouvriers encore moins bien protégés.

  9. Rarement comme dans cette affaire (émission de Mermet, réaction du syndicaliste au trop lucide texte de PMO), l’incapacité totale où se trouve le peuple français – et la gauche – d’appréhender le Réel a été mieux résumée.

    Le peuple français ne peut pas voir le Réel : il est dans l’impasse politique, qui fait écran.
    Quand et comment en sortirons-nous ? Quand et comment cesserons-nous d’attendre des solutions d’où elles ne peuvent venir (de l’écran) ? De nous tromper non seulement de solutions, mais de problèmes, mais de dimension où les chercher ?

    Les choses se répètent désespérément, les mirages se succèdent, mais l’Illusion survit à toutes les désillusions. Le peuple français attend 1789 pour l’éternité, et en attendant, il ne fait rien, et c’est parfait puisque c’est ce qu’on attend de lui. Et comme on l’entretient dans son fantasme! Ne réveillez pas le somnambule. Bercez-le, au contraire.
    Le peuple français ne fait rien puisqu’il a déjà tout inventé, la Révolution, la Grève, l’Ecole Publique Laïque Gratuite et Obligatoire et les Congés Payés, la Résistance et même mai 68. Il a inventé le nucléaire le plus sûr du monde, le TGV et le Rafale, et même le Minitel, on ne la lui fait pas, au peuple français, alors il ne fait rien, et surtout pas vivre, surtout pas regarder autour de lui, par exemple prendre la mesure de ce qui se passe sur la planète et agir en conséquence, par exemple se reprendre, prendre sa vie, la vie, en mains, surtout pas, il attend : L’Election, Le Candidat, Le Parti, Le Programme,La Réforme, La Contre-Réforme, La Révolution, bref, La et Les Politiques par lesquels Le Salut ne va pas manquer d’arriver enfin, parce qu’ils sont (paraît-il) arrivés par là, une fois, il y a longtemps, et qu’il ne s’en est pas encore remis.

    Derrière cet écran gigantesque, le peuple français ne voit rien venir et se trouve grand.

    Ce serait simplement comique si le compte à rebours n’était pas commencé, si le Réel n’était pas en train de nous rattraper. Ce serait simplement pathétique de voir ce peuple se tromper sur lui-même au point d’être en tout point le contraire de l’image qu’il s’est forgée, et on pourrait observer avec intérêt, et même avec indulgence et amusement, combien de temps il lui faudra encore pour venir se cogner au Réel.

    Malheureusement, le compte à rebours est commencé et c’est le Réel qui va venir nous percuter – oh, pas seulement les français bien sûr, nous serons juste un peu plus secoués que les autres peut-être, nos petits bulletins de vote à la main, et vachement surpris que la Catastrophe ne s’arrête pas respectueusement au pied de l’Isoloir, ce si noble symbole de la Démocratie et du Progrès dont nous nous croirons jusqu’au bout les inventeurs et les éternels défenseurs.

  10. cela est bien , Monsieur ..
    il y a une autre personne que je li aussi , c’est Madame Sylvie SIMON — ces articles sont bien aussi .

  11. Le seul pouvoir que j’ai c’est celui de parler, je ne m’en prive pas.
    On me considère comme un marginal de ce fait.
    Le dialogue se limite assez vite à de simple menace ou en majorité un dédain certain pour ma personne et ma famille.
    La dernière fois c’était quoi ? ha oui, un panneau pour sécuriser le chemin de Compostelle qui passe devant chez moi, genre « Pensez à nous » avec des enfants dessinés dessus…On m’a répondu que j’étais jamais d’accord avec personne, donc voila, t’as rien.
    Chacun sa petite pierre, ha ha mort de rire, c’est tout ce qui me reste.

    Moi je vois pas de solution.

  12. Pour les utilisateurs de portables, si jamais il y en a parmi les lecteurs du blog : « Blood in the mobile », un documentaire de Frank Poulsen.
    « Comme des dizaines de millions d´utilisateurs dans le monde, le cinéaste Frank Poulsen possède un mobile Nokia. Or, il a entendu dire que le commerce du coltan, un métal rare qui entre dans la composition des téléphones portables et que les fabricants achètent à prix d´or, est au coeur de la guerre en RDC, l´un des conflits les plus meurtriers depuis la Seconde Guerre mondiale avec plus de 5 millions de morts. Il veut en avoir le coeur net. Et l´enquête de Poulsen sur le terrain est édifiante : il découvre entre autres dans la plus grande mine du Kivu des enfants qui, sous le contrôle de groupes armés, passent des journées entières dans des galeries étroites et extraient le minerai radioactif à mains nues. Mais de retour en Europe, il n´obtient pas de réponse à ces questions lancinantes : est-ce que, en tant qu´acheteur d´un mobile Nokia, je contribue à alimenter la guerre et ses ravages ? Quelle est la responsabilité du plus grand constructeur de mobiles au monde dans ce conflit ? »

    http://www.videos.arte.tv/fr/videos/blood_in_the_mobile-6577890.html

    Un exemple parmi tant d´autres du rôle que nous jouons, nous citoyens de nations industrialisées, dans l´esclavagisme moderne.

  13. Ce dénigrement du peuple français de Valérie a quelque chose de très déplaisant. Les Français en effet ne me semblent pas être différents de l’ensemble des autres peuples et leur déni ou leur ignorance du réel est la chose du monde la mieux partagée. Il suffit de se souvenir de la déclaration de G.Bush, sans doute approuvé par une très forte majorité d’Américains : » Notre mode de vie n’est pas négociable  » ou bien d’entendre les propos de cet architecte néerlandais sur les gratte-ciel destinés à l’élevage de porcs ( vidéo de Sylviane du 9 avril).

  14. Mais de quoi parle t-on en fin de compte ?

    De l’arrêt de la fabrication du PVC ? Non !

    Est ce que Mermet et le Front de Gauche s’oppose à l’interdiction du PVC ? non plus.

    Est ce que le fait de préserver les emplois de ces gens, encouragerait l’utilisation du PVC ? pas d’avantage, on le trouve ailleurs qu’à St Fons.

    Au mieux (ou au pire c’est selon), cette usine sera délocalisée ailleurs, probablement dans un pays à la règlementation plus « souple » et ou l’acquéreur pourra fabriquer encore plus de PVC avec le même budget, qu’il ne le fait aujourd’hui chez nous.

    La seule chose qui est ici probable, c’est que ces gens si ils perdent leurs emplois seront demain à la charge de la société. C’est donc de l’externalisation de charges ni plus ni moins, et Mermet et Le Front de gauche sont parfaitement dans leur rôle en défendant ces emplois là. Est ce incompatible avec l’interdiction des PVC ? pas du tout !

    La seule chose qui pourrait faire qu’on ne fabrique plus demain de PVC, n’est pas de fermer cette usine ou de mettre ces gens à la porte, le PVC sera fait ailleurs, mais de légiférer et uniquement de légiférer ! (On peut même légiférer pour que cette usine fabrique autre chose que du PVC et donc que ces gens conservent leurs revenus)

    Pour ce faire, vous avez actuellement EELV, inaudible dans cette présidentielle, (l’abstention revient à voter Sarko-Hollande, c’est mathématique, et non à ne pas voter, contrairement à ce que beaucoup de gens s’imaginent…) ou le Front de Gauche ! A vous de l’infléchir pour qu’il complète son programme en interdisant les PVC et les nanotechnolologie par exemple. Et comme, contrairement à ce que vous pensez, ce sont des gens ouverts, çà ne devrait pas être très compliqué à obtenir. Mais pour ça, il faudrait que vous rentriez dans cette dynamique, ce que vous n’êtes visiblement pas prêt à faire…. (élection, piège à cons, je sais.)

    Les PVC ont donc encore de beaux jour devant eux !… Dommage

    Bonne journée

  15. À plusieurs auteurs de commentaires,

    Ce serait bien, ce serait mieux d’expliquer pourquoi des syndicats comme la CGT et la CFDT ont aidé à bâtir cette saloperie nommée Comité permanent amiante (CPA). Il est assez étrange – quoique – de constater ce silence à propos de tout ce qui dérange les opinions de gauche propres sur elles.

    Fabrice Nicolino

  16. elle a raison de dénigrer Valérie: il suffit de voir et d’entendre les réactions des gens, les restaurateurs, les gens de la rue etc; de voir comment ils ont laissé se détériorer leurs sols, leurs bouffe! et en plus ils sont contents de ce qu’ils mangent pour la plupart et leur biodiversité ils s’en fichent! ce ne sont peut etre pas les seuls à être comme çà mais ils tiennent certainement le pompom avec d’autres; aucune sensibilité écologiste! aucune! ce n’est pas pour rien que sarko s’est permis de dire ce qu’il a dit. çà résonne bien dans cette société auchanisée à fond: voir le samedi les parkings emplis de bagnoles, les chariots dégueulant de bricoles en tout genre qu’on retrouve 2 mois après jetés dans les rues!ah non ils sont insupportables. à part une poignée bien sur

  17. rappel d’un post d’un lecteur sous un autre article « Marc le Fur (député UMP de Bretagne, vice président de l’assemblée nationale) refuse de nous parler des algues vertes, de l’agriculture productiviste et de son impact sur l’environnement. C’est presque excédé qu’il nous dit :
    « Dans cette période de crise que nous traversons, il faut distinguer l’essentiel de l’accessoire. L’essentiel, c’est l’emploi ; l’écologie, c’est accessoire. » Voilà NOS élus

  18. Allo,

    Vous avez de la chance, il pleut! 😉

    D’ou vient une partie des financements des syndicats?

    La réponse est dans la question!

    Bien a vous toutes et tous.

  19. Sacré Marc, toujours le mot pour rire :
    http://www.politis.fr/Le-depute-UMP-Marc-Le-Fur-se,11027.html

    André Pochon n’est pas « écologiste », au sens où certains l’entendraient peut-être. Mais quand on l’écoute, on comprend tout.

    C’est lumineux : revenir à l’herbe, arrêter les élevages sur caillebotis, nourrir les porcs avec le babeurre produit sur la ferme (et non avec du soja importé…), etc. etc. Tout en travaillant moins et en gagnant plus.

    Si Marc Le Fur et ses acolytes pouvaient voir ce film, ça leur ferait le plus grand bien.

    http://www.youtube.com/results?search_query=andr%C3%A9+pochon&oq=andr%C3%A9+pochon&aq=f&aqi=g1&aql=&gs_nf=1&gs_l=youtube-psuggest.3..0.4490.5875.0.6132.12.12.0.3.3.0.144.796.2j5.7.0.

  20. Luc Capony, ne le prenez pas mal mais c’est drôle parce que votre message correspond tellement, je trouve… a l’attitude que Valérie Quilis décrit !

    On ne peut pas tout légiférer. Tous les problèmes n’ont pas une réponse légale !

    On ne devrait recourir a la loi que lorsque tout le reste a raté.

    Un peuple sans bon sens, sans instinct de responsabilité, sans honnêteté, sans fraternité, ne peut être sauvé même avec les lois les plus strictes, même avec la justice la plus impitoyable, même avec la police la plus brutale.

    Mais surtout, l’évolution de la législation, partout, ne fait que suivre, toujours avec un peu de retard, l’évolution de la société.

    C’est donc a nous de parler du PVC, de nous informer, d’en discuter, de prendre nos responsabilités, qui ne sont aucunement amoindries par l’absence de loi !

    Supposez qu’a 70 ans, mon fiston, atteint d’une maladie imputable a un environnement bourré de plastique dans son enfance, me demande pourquoi je l’ai élevé ainsi. Je ne crois pas que j’oserais citer l’absence de loi pour ma défense. Je n’aurais pas ce culot. Ce n’est qu’une expérience de pensée, rien de plus, mais ça permet de juger du rapport entre responsabilité et environnement légal. Deux choses très différentes.

    Personne ne va nous éduquer. C’est a nous de le faire nous-mêmes. Pièces et main-d’oeuvre apportent leur pierre a ce travail collectif, et je leur en suis vraiment reconnaissant.

  21. Oui, certainement, Fabrice, faut-il expliquer pourquoi ces syndicats ont aidé à bâtir ce CPA.
    Mais cela ne se reproduit-il pas avec les travailleurs du nucléaire ? Ne sont-ils pas syndiqués ? Leurs conditions et environnement de travail mettent en danger leur santé, certainement bien plus gravement que cela est communément admis, comme d’hab. Est-ce que la CGT, la CFDT (…) s’insurgent contre l’énergie nucléaire ? Est-ce qu’on pourrait expliquer aussi pourquoi ces syndicats qui savent être virulents ne le sont pas pour s’opposer à ce que leurs adhérents (et les autres aussi tant qu’on y est) travaillent dans cette industrie de mort ? « L’essentiel c’est l’emploi » comme cité par Marie, et le pouvoir d’achat qui va avec et on boucle toujours la même boucle.

  22. Luc Capony, encore une fois ne le prenez pas mal… Je me reconnait moi-même tellement dans ce que Valerie Quilis a décrit de manière si drôle et si éloquente ! Il est bon de se regarder en face parfois, et de rire de soi, c’est peut-être la seule manière d’échapper aux déterminations de notre destin !

  23. Tout à fait d´accord avec René. La bêtise humaine se moque des frontières, elle est notre bien commun. J´habite dans un pays européen où la valse des chariots remplis de malbouffe sous emballage plastique n´a rien à envier à celle de chez vous, et où les enseignes de fast-food prospèrent. Comme chez vous.
    Et ce sont des volontaires généreux qui surmontent leur dégoût pour nettoyer, une fois l´an, les bas-côtés des routes remplis d´ordures aussi répugnantes qu´inattendues, comme par exemple une poupée gonflable usagée 🙂 La préparation des repas pour les oiseaux marins commence chez nous.

  24. « …expliquer pourquoi des syndicats comme la CGT et la CFDT ont aidé à bâtir cette saloperie nommée Comité permanent amiante (CPA). »

    Qui mieux que toi, Fabrice, peut nous décortiquer ça? Après, le silence… s’explique sacrément bien: quels que soient les explications, c’est le genre de truc dont on ne peut guère être fier, non? Certains on dû se laisser sidérer par le risque (ou la menace) de fermeture massive des boîtes, d’autres ont dû se débrouiller pour se mentir à eux-même, (pas si grave, qu’est ce qu’on en sait?), possible que dans le tas il y ait eu de vrais corrompus, assez cyniques pour penser qu’on ne saurait jamais vraiment.

    Car l’originalité de l’amiante, par rapport à bien d’autres poisons, c’est d’avoir causé un cancer tellement spécifique qu’il est quasiment signé. Sans ce hasard pas facile à prévoir, ni vu ni connu je t’embrouille, les morts de l’amiante ne seraient pas aujourd’hui identifiés comme tels, ils se perdraient dans cette nébuleuse qui fait que l’espérance de vie des ouvriers est plus faible que celle des cadres sans qu’on puisse vraiment identifier des causes précises. La faute à pas d’chance, quoi.

  25. Cela me fait penser à cette pure folie de changer toutes les anciennes fenêtres en bois, pour des fenêtres en PVC … Elles vont tenir trente ans, et il faudra les changer à nouveau, et là viendra le gros problème de ces déchets à traiter. Ca va être énorme.Je n’ose imaginer.
    Merci d’avoir publié cet échange très intéressant,
    le type de Pièces et Main-d’oeuvre a parfaitement raison !!

  26. Tout à fait d’accord avec l’article de Fabrice Nicolino, mais il nous faut d’abord balayer devant notre porte: Ici même nous sommes tous devant notre ordinateur, qui est une véritable saloperie, aliénante, bourrée de métaux lourds et autres polluants, émettrice de radio-fréquences (wifi, bluetooth,etc…)et mettant en oeuvre, comme les téléphones portables, des terres rares, fruits de la guerre et de l’esclavagisme, mais nous l’utilisons quand même pour pouvoir nous exprimer. Tout ça pour dire que chacun fait comme il peut avec ses contradictions. Les jugements péremptoires, on peut aussi les appliquer à nous mêmes.

  27. je ne suis pas d’accord je crois que certains peuples ont plus de sagesse que d’autres, sont moins aliénés, ont gardé des liens avec les forces telluriques…sont moins cruels, ont des valeurs différentes; il suffit d’étudier l’histoire…voir en ce moment le sort offert aux indiens d’amazonie par ces mecs de l’ouest avide de fric avant tout..certes le système détruit tout cela à grande vitesse. Mais mettre tout le monde dans le meme sac n’est pas juste. chacun sa connerie, mais elle n’est pas la meme partout
    chinois et gens du Bouthan

  28. A Laurent Fournier

    Bonjour,
    Je ne le prends pas mal, mais je ne me reconnais pas non plus dans la description humoristique de Valérie. J’ai donc dû mal m’exprimer et je m’en excuse.

    On est d’accord sur l’éducation de chacun, sur l’action individuelle, et surtout sur l’éducation nécessaire de tous. Mais il faut tenir quand même compte de la réalité qui est premièrement, que certains employés n’en ont actuellement aucune (certains ouvriers ne savent ni lire ni écrire) et donc que ces gens sont d’abord dans l’urgence à protéger (ensuite à éduquer). Et puis il y a les industriels et les financiers qui savent pertinemment que leurs produits sont nocifs mais qui les font quand même faire. Pour ces 2 catégories de gens, il faut légiférer (interdire si vous préférez), sinon il n’y a aucune raison pour qu’ils arrêtent de produire du PVC et que les ouvriers soient protégés. Pas d’autre choix !

    Je n’attends pas forcément passivement d’un parti ou d’une élection non plus. Je pense par contre que l’action collective est dans ce cas utile (éduquer l’industriel pour qu’il arrête de produire le produit cancérigène ne sert à rien) et n’est pas à rejeter d’un revers de la main. L’action publique (légiférer) peut venir en complément de l’action individuelle (éduquer). On est pas non plus obligé d’être passif et de déléguer le politique aux représentants, la politique peut être et doit être démocratique (le peuple exerce la souveraineté et est donc acteur), mais pour çà il faut se battre en utilisant tout les moyens possibles. Légaux et illégaux. Publics et individuels.

    Dans le cas du PVC et d’autres chimies, ce n’est pas parce que vous aurez éduqué votre fils qu’il sera à l’abri de leurs effets, le petit film « Midway » le démontre assez. Au mieux vous aurez la conscience tranquille, mais c’est tout. L’action collective est nécessaire et indispensable. Elle vient en complément de l’action individuelle. Mais pour ça, il faut aller aux réunions, prendre la parole, se confronter aux autres (ici sur ce forum, on prêche pour des convaincus donc c’est ailleurs qu’il faut aller parler), expliquer et imposer ses idées, c’est ingrat mais vital.

    Vital, parce que moi aussi j’ai pleinement conscience que le Mur se rapproche. M’isoler, moi et ma tribu d’écolo, ne servira à rien, ne nous protègera pas. Qu’on le veuille ou non, il nous faut modifier le comportement des gens. Par la discussion, par l’éducation, par la lois. C’est long, fastidieux, ingrat, et d’autant plus long que beaucoup d’écolos sont dans le « tous pourris », « Elections pièges à cons », ou « aquoibonniste » comme certains sur ce forum…. mais bon, chacun fait sans doute ce qu’il peut avec ces modestes moyens, sans doute. Mais çà serait bien aussi, si on ne veux pas agir soi même, de ne pas tomber « a bras raccourcis » sur ceux qui justement, essayent de faire avancer un peu les choses dans la bonne direction, même si on les jugent pas assez verts, d’où certaines de mes interventions sur ce forum.

    Passez une bonne journée.

  29. Très vite, car je n’ai pas beaucoup de temps.
    Ce que je « dénigre », René, je ne m’en exclus pas; ce que j’ai décrit, je l’ai décrit de l’intérieur et avec amertume, parce que je le connais par cœur, parce que j’en ai fait le tour, parce que c’est de là que je suis PARTIE.
    Française jusqu’au bout des ongles je suis, que je le veuille ou non. Mais il faut faire un tri dans son héritage, et dans celui des Français – et croyez-moi je suis bien placée pour le savoir – il y a cette double, immense et infantilisante dévotion à la chose politique et au Progrès, qui sont indissolubles hélas on le voit bien dans cette campagne, et je sens, très profondément, que cette dévotion que nous sommes incapables de dépasser (c’est notre identité, et on s’y agrippe) est en train de scléroser ce pays où il s’est en effet passé tellement de belles choses. Et ce que j’ai tenté de dire, c’est que c’est parce qu’il s’est passé tant de choses que nous sommes incapables de passer à autre chose (alors que c’est nécessaire, urgent, vital), incapables de décrocher d’une certaine vision du monde qui passe par le tout-politique, par l’ivresse verbale, par le culte de la technologie et du « progrès », célébré par 98% de la population, quel que soit la couleur de son bulletin de vote, par un syndicalisme dont la dynamique s’est depuis longtemps retournée en chose perverse et nécrosée (le PVC ci-dessus, ou le nucléaire, n’en sont-ils pas des exemples sidérants?), etc.
    Vous ne pouvez pas savoir à quel point tout cela me désole, toute l’intelligence et l’énergie, toute la créativité potentielle qui, en France – et je n’ai pas fait de comparatif, bon sang : JE PARLE SEULEMENT DE CE QUE JE CONNAIS, c’est-à-dire de NOUS, est-il si insupportable d’essayer de s’apercevoir un peu dans le miroir pour tenter de s’arracher à ses échecs répétés ? – qui en France, disais-je, part presque intégralement dans de fausses luttes, des dispositifs surannés, des réflexes héréditaires qui ne font que reproduire les schémas dont nous sommes prisonniers au lieu de les briser.
    Et si je suis là à tenter de vous convaincre c’est bien qu’il me reste quelque chose de ma formation idéaliste – car dans les faits je ne crois plus désormais qu’au changement à échelle individuelle, et à l’effet de sape qu’aura peut-être l’accumulation de ces radicalités minuscules mais tenaces. Car il y en a.
    Mes amitiés
    Valérie

  30. Chère Valérie, l’un n’empêche pas l’autre. On peut être dans la radicalité individuelle et aussi dans le débat et l’engagement politique publique. L’un ne se fait pas forcément au détriment de l’autre, d’autant plus qu’on peut, par l’action politique et collective, toucher d’autres gens et faire de nouveaux convaincus, des gens que vous ne rencontrerez pas en restant entre « déjà-convaincus », c’est du moins ce que je constate personnellement.
    Passez une bonne journée

  31. Le PVC… et tout le reste. Pourquoi cette marche écrasante de l’industrie ? Parce-que le commerce international est une guerre économique, qui s’est amplifiée avec les transports presque gratuits et les accords internationaux de ces 50 dernières années. Nos usines sont des usines de guerre économique, et l’ensemble de la société sent bien que se désarmer tout seul est risqué. A mon sens, un strict encadrement du commerce (et de la guerre financière, évidemment) est un préalable, une sorte de cessez-le feu avant d’envisager d’échapper à la mort écologique.

  32. Merci « Cultive ton jardin » pour le lien.
    Je viens de lire la réponse de François Ruffin, et ça ne vous étonnera guère, compte tenu de mes précédentes interventions, je l’approuve à 100%.

    Merci d’avance, Fabrice, de publier cette réponse de François Ruffin, puisque vous avez publié les articles de P&MO. (mais bon, vous êtes chez vous et ferez comme vous l’entendez bien sûr)

    Merci aussi Fabrice, d’avoir transféré mon post de l’article 1279 vers celui ci (1282). J’ai plus qu’apprécié, sachez le !

    Bonne soirée à tous.

  33. sur plainte de slow food une ferme qui cultivait ogm illégalement dans la région frioul qui a interdit la culture gm a été confisquée par les autorités

  34. Je trouve la réponse de Ruffin intéressante, mais pour moi le débat est à peine amorcé (au Front de gauche, je veux dire) et il rencontre encore de fameuses résistances. La preuve, non seulement je me suis fait censurer en essayant d’en parler sur le blog de JLM, mais j’y suis désormais blacklistée.

    Provisoirement, j’espère, car ce n’est pas la première fois. Apparemment le modérateur a des oeillères mais il n’est pas rancunier. Ou alors, ils sont plusieurs, comme les fées de La Belle au Bois Dormant.

  35. Oui je trouve aussi la réponse de Ruffin très intéressante. Je pense vraiment qu’il est de bonne foi dans son soutien aux travailleurs en difficulté dans la mondialisation, et son intérêt pour l’écologie et le rejet du productivisme/consumérisme…et dans sa difficulté parfois à concilier les deux.
    Il propose de creuser la question et de discuter avec ceux qui ont critiqué le reportage…peut être une nouvelle occasion d’entendre Fabrice Nicolino dans La bas si j’y suis après les gaz de schistes ? En tout cas, c’est un débat fondamental qui doit être mené pour éclairer les gens comme moi qui voudraient aussi savoir comment concilier le rouge et le vert…je veux dire pas artificiellement comme dans le soi-disant « développement durable ».
    Et puis à titre personnel, suivant depuis des années aussi attentivement les reportages de Ruffin que les articles de Nicolino, je serai ravi d’une rencontre.

  36. Plus haut (et avant d’avoir lu Ruffin), j’écrivais:

    « Sur Arkema, soyons justes: la laisser brader pour un euro symbolique avec en plus un cadeau à je ne sais quelle multinationale ne rendrait pas son activité moins nocive. Tout au plus pourrait on “espérer” (?) qu’elle aille polluer ailleurs d’autres ouvriers encore moins bien protégés. »

    Si l’on voit les choses de ce point de vue, ce serait en effet une mauvaise action de laisser la fabrication de PCV partir dans un pays où la réglementation est moins stricte.

    Ce qui ne signifie pas, une fois qu’on aurait obtenu son maintien en France (et c’est pas gagné) continuer à fabriquer sans se poser de questions sur la santé des ouvriers, sur la nôtre, et sur le type de pollution engendrée par ce produit dont sont désormais faits presque tous nos réseaux d’écoulement.

    On voit quel champ de recherches s’ouvrirait à nous pour mesurer vraiment, à tous les stades, la nocivité du PVC. Et quel autre champ de recherche s’ouvrirait, immense, pour lui chercher un substitut.

    Du coup, on soulève un autre lièvre: comment est financée la recherche? Par des entreprises qui ne cherchent que ce qui les arrange. On attendra longtemps de vraies recherches sur les poisons dont nous inondent ces mêmes entreprises. Pas folles à ce point, par contre c’est nous qui serions fous de l’espérer.

    J’avais entendu Jacques Testard parler de constituer une sorte de fondation destinée à financer justement ces recherches qui dérangent. Ça en est où, cette histoire? Facile d’imaginer, s’il a persévéré dans cette voie, les obstacles qu’il a dû rencontrer….

  37. @ « Je trouve [La réponse de Ruffin]intéressante. »

    Eh bien pas moi.

    J’y vois toute la mythologie et la boîte à outils du marxisme traditionnel qui n’a jamais été capable de critiquer le travail en tant que tel comme forme spécifiquement historique de forme de socialisation.

    Ce marxisme traditionnel préférant tourner perpétuellement en rond depuis deux siècles, voit le capitalisme du point de vue du travail, comme un simple rapport de forces entre les patrons et les ouvriers (les classes), une réorganisation, une redistribution de toujours les même catégories (le travail abstrait, la valeur, l’argent, la marchandise).

    Et toujours ce même os à ronger donné aux travailleurs comme aux intellectuels de gauche qu’ils se refourguent de génération en génération, pour ne pas voir que la base du capitalisme c’est avant-tout eux, le capital-travail, le travail-marchandise dont ils ne sont que l’une des formes spécifiques en tant que forme de vie dérivant de la forme de cohésion sociale par le travail abstrait et de la cellule germinale : la marchandise.

    Leur classe et les autres ne sont que les comparses du monde engendré par le principe de synthèse
    sociale qu’est le travail abstrait en tant que cohésion sociale.

    Ces fervents supports dévoués à sacrifier leur vie ont besoin d’un ennemi collectif tout désigné, alors toutes les tarasques sont bonnes : les patrons, la haute finance, eux on bien évidemment le beau rôle.

    Deuxième point assez fallacieux : notre fakir oublie de dire que les luddites étaient avant tout des artisans et n’auraient jamais mis les pieds dans une usine, de ce type puisqu’ils luttaient contre l’industrialisation et les machines et indirectement les ouvriers.

    Il parle de travailleurs en regroupant artisans et ouvriers…. bien pratique.

  38. Encore un point sur le texte de Ruffin :

    « Qu’il faudrait que [ce prolo] et ses camarades suivent votre modèle christique, qu’ils acceptent « une vie entière volontairement sous le seuil de pauvreté », qu’ils renoncent (entre autres) à faire des enfants, bref, qu’ils procèdent à un suicide social collectif. »

    Là notre ami le fakir à trop souffler dans sa flûte marxiste enchantée nous fait marcher sur des braises sans nous avoir endormis :

    Le modèle christique -celui qui se sacrifie pour ses frères-, celui qui renonce à la majorité de ses jours de vie dehors et renonce à être maître de son activité, à bosser pour une voiture qui lui sert à aller au travail, est carrément dans la prose du CGTiste qui vit en dessous du seuil de pauvreté en jour de vie mais est riche en jours d’esclavage, d’aliénation.

    Le modèle christique n’est-il pas aussi dans la perpétuation de la transsubstantiation des activités, du savoir-faire, activité
    individuelle et particulière et à chaque fois
    incomparable d’un sujet sensible en en une marchandise
    échangeable contre une somme
    d’argent (c’est bien le but) se rapportant
    donc à une mesure d’équivalence
    générale et universelle, c’est-à-dire à
    l’argent.
    « [Son activité] n’est qu’un travail quelconque, universel
    et général, c’est le « travail social
    nécessaire » d’un individu abstrait de
    toutes individualités, particularités et
    situations (grand, fort, peu costaud,
    timide, malheureux, mal réveillé, etc.)
    à effectuer cette dépense de force
    vivante : c’est un « travail mort » (1) ou
    abstrait qui est seulement reconnu car
    général puisque sans rapport avec le
    vécu. »
    .

    Donc en perpétuant en récitant le catéchisme marxiste traditionnel, le fétichisme de la marchandise qui contient les rapports sociaux réifiés sous le capitalisme dans lequel on baigne.

    (1) Sortir de l’économie n°2 , p20
    http://sortirdeleconomie.ouvaton.org/sde-n2.pdf

  39. @ Lionel:

    Pas si faux, pourtant, ce qu’ils disent: ici même, quelqu’un écrivait (et je l’ai lu avec beaucoup de sympathie, cette position est une des formes de notre avenir) qu’il avait décidé de vivre de peu, que 1000 euros lui suffisaient. En effet. On peut. À condition d’être strict sur tout. Se passer de voiture. À condition de vivre en ville. Ne jamais payer d’agios. À condition de n’avoir jamais de coup dur.

    Et surtout, surtout, à condition de NE PAS AVOIR D’ENFANTS. Pas me raconter de bobards, car je l’ai fait. Et même avec des enfants. Au point qu’en fin de mois, quand certains se demandent où est passé l’argent, je me demandais comment j’avais fait pour payer tout ça.

    Mais j’avais un jardin, et je remplissais un congélateur de 200 litres, et mes enfants se faisaient humilier à l’école parce que leurs vêtements n’étaient pas à la mode. Nos voitures, indispensables là où nous étions (mais aurions-nous pu payer, ou même obtenir un appart en ville), étaient de vieilles ferrailles qui nous faisaient passer de sombres week end à cogner sur des boulons rouillés.

    Sans parler de la peur: la hantise du coup dur qui fera exploser le budget et dont on mettra des mois à se relever.

    Sommes-nous nombreux à pouvoir vivre ainsi? Pour moi, je savais que c’était provisoire. Je n’imagine pas avoir eu la même énergie si j’avais dû penser vivre ainsi à vie.

    Et aussi, ce que souligne PMO, c’est que ceux qui décident dans le monde syndicaliste ne sont plus, depuis longtemps, les ouvriers aux manettes. Ils n’ont certes pas fait fortune, mais ils ont échappé au plus dur. L’amiante et le PVC, ils ne le respirent plus au quotidien.

    Ce quotidien-là, le désespoir du lundi matin, l’euphorie nerveuse des vendredi soir, la rage des jours de paie, fait toute la différence.

    Ça ne s’est pas arrangé, j’en sais quelque chose pour avoir fréquenté de près les femmes de ménage de l’institution où je bossais, nettement plus peinarde pour ma part il faut bien le dire. Celles qu’on accuse de « démission parentale » parce qu’elle laissent leurs enfants aux heures cruciales de la journée, le réveil et la préparation pour l’école, puis le soir et les devoirs à faire.

    Je les ai retrouvées, en pire, dans le bouquin de Florence Aubenas. Les ouvriers du bâtiment, on les retrouve, si on veut bien chercher un peu, dans « Chantier interdit au public » de Nicolas Jounin, que je viens de repêcher judicieusement placé entre « Pesticides » et « Qui a tué l’écologie », comme quoi j’ai de saines lectures.

    Si ceux qui ont commencé à prendre conscience (forcément, il faut qu’un boulot écrasant et la lutte pour le quotidien n’ait pas bouffé TOUTE l’énergie) n’étaient pas aussi méprisants pour ces gens-là, qui n’ont pas le temps de penser écolo mais voient bien crever les vieux de leur entreprise de cancer ou d’épuisement, alors nous aurions la plus belle force sociale pour espérer changer ce monde.

    C’est pour ça que j’étais intéressée par la confrontation des textes de PMO avec celui de Ruffin. Pour moi, c’est la seule voie possible vers une sortie de tunnel. Pas SÛRE, je le sais bien. Mais POSSIBLE, et c’est déjà pas mal.

  40. @Cultive ton jardin,

    D’accord avec toi.
    Cela-dit, deux petites précisions.
    Je pense qu’on peut vivre avec 1000€ et des enfants (j’ai 900) à condition d’être deux à travailler et avoir une voiture pour deux.
    La plupart des gens pourraient prendre les transports en commun mais ils ne le veulent pas, tellement le symbole de liberté est rattaché à ce boulet : ils travaillent alors la moitié du temps pour aller au travail.

    Avec le salaire médian de 1653 euros (quand même), cela signifie que la moitié des travailleurs gagnent plus de 1653 euros.
    C’est à eux de commencer à demander à travailler moins pour se rapporter à 1000€ et laisser du travail de meilleure qualité pour d’autres qui pourront alors sortir de la précarité et éventuellement travailler moins.

    En passant à temps partiel, à mi-temps par exemple, on se libère pas mal alors des fétichismes du travail et de la marchandise, on sort de la consommation pour la consommation, on fait des activités vivrières dirigées vers nous même, et non pas dans le but de gagner de l’argent en produisant des marchandises (biens ou services).

    Souvent avec le temps libre, une autre forme de cohésion sociale se crée, en dehors des marchandises et au delà du travail, du temps pour les plus faibles, les plus jeunes, les plus vieux, pour son couple.

    Quant à la « démission parentale », elle n’est pas à mon sens dans le travail et ce n’est pas à ceux qui ont un boulot précaire à cause de ceux qui sur-travaillent d’en être accusés.
    C’est ceux qui sur-travaillent qui pourraient l’être, mais encore plus ceux qui mettent les enfants devant des écrans, des machines pendant qu’ils sont eux aussi devant des machines pendant leur temps libre, rendant alors les enfants cyber-dépendants et hyper-actifs.

    Ils s’en prennent alors aux profs qui selon eux n’ont pas su les intéresser aux livres plus qu’aux écrans, ou détecter que leur enfant était en fait un génie car il communiquait avec l’ordinateur, il tenait un blog.

  41. @ Lionel:

    « La plupart des gens pourraient prendre les transports en commun mais ils ne le veulent pas »

    Alors, comment ça se fait que dans mon coin, les parkings près des gares et des arrêts de bus locaux sont SATURÉS par les ruraux qui ne prennent plus leur voiture que pour aller à la gare ou à l’arrêt de bus? La communauté de commune a dû créer de nouveaux parkings sur le trajet des bus et près de l’aire d’autoroute (co-voiturage).

  42. @Cultive ton jardin,

    Tant mieux si c’est comme ça dan ton coin.
    Dans le mien, lorsque je fais du stop participatif depuis la route pour aller à Valence, je vois les mêmes gens seuls dans leur voiture tous les matins alors que les cars sont presque vides.

    p.s. : je ne prends pas le car en abonnement car je suis à temps partiel et ça ne vaut pas vraiment le coup et parce que la région a mis en place une carte RFID pour tous les abonnements de transports (la carte oùRA – t’es mon RAT ?) qui enregistre tous les déplacements et à laquelle je m’oppose, comme toute RFID du reste.

  43. D’accord avec Lionel, à propos de ces fameuses « sections luddites » que Ruffin sommerait PMO de créer dans les usines. Absurde historiquement et politiquement.

    Je note aussi que Ruffin oppose, non sans mépris, luddites et intellectuels. C’est là aussi idiot et impropre.
    D’une part parce que les luddites avaient une réelle activité intellectuelle, notamment à travers des comités de correspondance d’une ville à l’autre. D’autre part parce que Lord Byron lui-même fut l’un des plus fervents défenseurs des luddites au parlement anglais. Lord Byron qui n’était pas, faut-il le rappeler, un « travailleur ».

  44. Je parlais de RFID plus haut.

    Nous avons organisé le 3 février une soirée sur le puçage RFID à Valence avec la conf’ et PMO.

    Partant du cas particulier des éleveurs qui sont les premiers témoins et victimes car obligés de pucer leur cheptel depuis juillet 2010, pour s’étendre à la généralisation de ces techniques et leur dissémination dans la société et l’environnement (on commence à pucer les arbres).

    Malgré le froid glacial, la salle était bien pleine et le débat très intéressant : beaucoup d’éleveurs de tous âges se sont déplacés venant des fois de loin.

    Ce soir là, un copain de PMO avec qui je tenais la table de presse m’a parlé du film qu’il était en train de réaliser et qui sortirait bientôt.

    Le film est donc réalisé et sortira le 18 mai (1er juin en DVD) et promet d’être passionnant !

    Aussi je tenais à en parler ici et à vous inciter à organiser une soirée de diffusion film-débat

    -de ce film
    ou
    -de RFID -la police totale de PMO
    vers chez vous en contactant la confédération paysanne locale, la Ligue des Droits de l’Homme, PMO ou Synaps Collectif Audiovisuel et en louant une salle de cinéma / un amphi d’université par exemple.

    Ou commander leur DVD afin de les soutenir et s’opposer à ces techniques de mouchardage généralisé qui se constituent en ce moment dans notre dos.

  45. Salut Lionel,

    A propos du puçage des animaux d’élevage je signale ce texte analysant le phénomène sous l’angle double de l’informatique et de la marchandise :

    La fabrique des marchandises à l’ère numérique. Au sujet de quelques « bâtardises » de notre époque.

    http://palim-psao.over-blog.fr/article-la-fabrique-des-marchandises-a-l-ere-numerique-au-sujet-de-quelques-batardises-de-notre-epoque-99835006.html

    D

    PS :

    Sur le débat, le réponse de Ruffin est critiquable, mais je ne trouve pas que le choix de PMO de répondre au texte du syndicaliste permet d’aller au « vif du sujet ». Car faisant cela ils ont ainsi placé le débat sur la thématique des choix personnels, des cas de conscience, des compromis et des écarts partiels avec le système.

    Faire comme si le débat était « pour ou contre le PCV/l’amiante? », alors que, justement, les conditions sociales qui permettraient de poser ce débat n’existent pas (et les différents propos ici en donnent des raisons), montre bien la limite d’une critique sociale limitée à une critique des nuisances.

  46. @Deun,

    Salut Deun et très heureux de te croiser ici.
    😀

    J’essaie depuis un ou deux ans d’amener des éléments de la critique de la valeur – de ce que j’espère avoir compris grâce au site de Clément, de SDE et des livres de Anselm Jappe- dans mes commentaires en répondant sous cet angle quand cela a un sens.

    Je suis d’accord avec toi sur les analyses de PMO qui restent souvent au niveau de la critique de la société industrielle, avec les luddites mais sans aller en amont, dans la critique de la forme de socialisation engendrée par le travail abstrait et la marchandise qui crée aussi ce type de production industrielle et de société industrielle, les consciences, indépendamment des choix personnels, même si il est possible de résister quand même dans certains cas.

    p.s. : j’attends SDE 4 avec impatience…

  47. @Deun,

    Cela-dit rien n’indique que PMO s’oppose à aller dans le sens d’une critique sociale ayant pour cible le travail – ils sont bien hors économie déjà – et leur critique de la technique/industrielle reste très utile et nécessaire.

  48. Pour moi la critique anti-industrielle est tout à fait pertinente, même si je la trouve maintenant insuffisante (voir plus loin). Par contre je trouve que le propos de PMO, qui certes répond à la tonalité identique du syndicaliste tout aussi critiquable sur ce plan, ne constitue aucunement une critique sociale, anti-industrielle ou autre. Penser le monde social comme une affaire de choix personnels, de conventions entre partenaires qu’il suffirait de rompre quand on n’est pas d’accord, et qu’il faudrait assumer ensuite quand on en souffre atrocement (et c’est bien là le coeur de la réponse de PMO!), c’est le degré zéro de la critique et tellement conforme à une vision apolitique où il n’y aurait plus de structures collective mais juste des individus qui calculent au mieux leurs décisions dans leur tête.

    A ce jeu tout on est collectivement perdants même avec la maigre satisfaction d’avoir le dernier mot, car chacun occupe une position différente et fabrique donc un compromis différent, mais toujours insuffisant, et il est toujours possible de se reprocher mutuellement nos compromis. Regarde par exemple nous avec l’école 😉 Pour moi l’école c’est aussi important comme facteur explicatif des nuisances que la participation aux nuisances en tant que travailleur où l’on ne fait si souvent que rejouer le mode social d’existence scolaire, ce qui n’empêchera pas PMO et beaucoup d’anti-indus de critiquer la numérisation de l’école pour garder l’école traditionnelle sans ordinateur.

    Mais ils confondent l’instruction du dossier d’accusation pour savoir qui a participé aux nuisances et désigner les coupables, de la compréhension des structures collectives qui font que les nuisances seront de toute façon produites peu importe par qui, qu’il y ait jugement ou pas. C’est aussi la limite du militantisme s’appuyant sur le droit car il ne peut de cette façon agir sur les structures sociales, mais seulement développer éventuellement une expertise, gagner un revenu avec ça et le sentiment d’être utile, et tenter d’agir selon les mêmes modalités que la société industrielle (petit effort, effet démultiplié) donc en la reproduisant à l’identique.

    Cependant PMO fait du journalisme et c’est très bien et infiniment utile de se documenter sur les acteurs directs des saloperies, mais il ne faut pas en rester là.

    Justement, parce que notre société capitaliste est structurée par le travail constituant une médiation sociale, un moyen pour acquérir le produit du travail d’autrui, le contenu du travail, et donc y compris s’il constitue la pire saloperie ou s’il ne sert qu’à produire des gadgets, ne peut que se mettre en arrière-plan derrière les objectivations de ce travail qui permettent aux travaux d’être commensurables (à travers le temps abstrait). Le tri entre les activités économiques suivant leur utilité tel que jugée par le plus grand nombre n’est donc pas possible, même si moralement sensé et souhaitable. Il n’est pas possible de se positionner contre cette médiation sociale juste personnellement, mais seulement collectivement, reste à savoir sur quelle base. Or, contrairement à nos positions en tant qu’acteur économique qui toutes diffèrent, ainsi que nos trajectoires biographiques militantes ou non, cette structuration de la société par le travail abstrait nous est commune de la naissance à la mort. Comme tu le dis plus haut, ce n’est pas vis-à-vis du patronat que ce front commun peut s’élaborer mais contre le travail abstrait, c’est-à-dire contre le capitalisme, et les techniques industrielles qui lui sont intrinsèquement liées (il faudrait justifier ce point). Cela demanderait à mon sens un effort théorique et de débat public hors des groupuscules pour redéfinir ce qu’est le capitalisme (et sortir, à l’issue de ce débat on peut l’espérer, du marxisme traditionnel), ce qui on est bien d’accord n’est pas fait par les syndicalistes ou partisans de Mélenchon, mais pas plus que les autres formations militantes écologistes et de gauche.

  49. Bonjour Deun,
    Tout à fait d’accord ! Et pour étayer encore votre propos, je conseille aux lecteurs de ce blog, l’interview du philosophe François Flahault « C’est la société qui fait l’homme et non l’inverse »
    http://j-ai-du-louper-un-episode.hautetfort.com/archive/2012/04/09/francois-flahault-c-est-la-societe-qui-fait-l-homme-et-non-l.html

    Son dernier livre, « Ou est passé le bien commun » traite justement de çà. En faisant l’inverse, on contribue justement à entretenir la « philosophie » libérale, qui prône l’inverse, « c’est l’individu qui fait la société », et qui nous conduit droit dans le mur….

  50. Bonjour Deun,
    Tout à fait d’accord ! Et pour étayer encore votre propos, je conseille aux lecteurs de ce blog, l’interview du philosophe François Flahault “C’est la société qui fait l’homme et non l’inverse”
    http://j-ai-du-louper-un-episode.hautetfort.com/archive/2012/04/09/francois-flahault-c-est-la-societe-qui-fait-l-homme-et-non-l.html

    Son dernier livre, “Ou est passé le bien commun” traite justement de çà. En faisant l’inverse, on contribue justement à entretenir la “philosophie” libérale, qui prône l’inverse, “c’est l’individu qui fait la société”, et qui nous conduit droit dans le mur….

    La société depuis 30 ans, façonne le citoyen et le transforme en consommateur. Si vous voulez inverser l’ordre des choses, l’effort individuel ne suffira pas. Pour refaçonner ce consommateur et en faire un homme responsable vis à vis de la nature, il faut changer la société et donc entrer dans l’arène et se coltiner aux débat public. Bref, refaire de la politique.

  51. @Deun,

    « contre le capitalisme, et les techniques industrielles qui lui sont intrinsèquement liées (il faudrait justifier ce point) »

    Bien d’accord avec ce que tu dis.

    Pour moi, celui qui est intrinsèque à l’autre est le capitalisme : la technique industrielle est intrinsèquement capitaliste.

    Puisque à travers le travail abstrait comme médiation sociale et comme valeur dans la société, les individus en concurrence sur la production d’une marchandise particulière se rapportent les uns aux autres par le marché qui est un indicateur abstrait du temps de travail abstrait moyen nécessaire à la production de cette marchandise.

    Dès que quelqu’un parvient à automatiser et industrialiser la production et donc augmenter la productivité, il fait des bénéfices le temps que ce « progrès » technique devienne une innovation (c’est-à-dire qu’il se répande chez tous les producteurs de cette marchandise, les autres restant sur le carreau comme l’explique Émile Kirschey dans le texte que tu as mis en lien).

    Et c’est pour cela que tant que la valeur sera la quantité de travail abstrait, de rapports sociaux et de production objectivés dans les marchandises -le fétichisme-, donc le temps nécessaire de travail abstrait, les machines nous mettront une pâtée.

    Et ce faisant baisser la valeur dans chaque marchandise, ce qui entraînera la recherche de nouvelles marchandises à produire, sacrifiant la nature et les hommes dans le processus de valorisation, puis une nouvelle industrialisation et caetera.

  52. Salut Lionel,

    Donc c’est bien le travail abstrait qui suscite les effets des techniques industrielles, à savoir qu’elles s’imposent d’elles-mêmes de par la structuration même de l’économie à partir du travail abstrait, pas seulement certains travailleurs, mais tous.

    L’idée que les machines concurrencent le travail humain n’est vraie qu’à la condition que, déjà, le travail humain soit
    1/ objectivé,
    2/ et que cette objectivation mette en relation les travaux

    Ce n’est pas tant les machines en tant que telles (c’est-à-dire des automatismes) qui posent problème que les conditions qui font qu’elles s’imposent, sans qu’il y ait lieu de convoquer tous les acteurs concernés. Nul besoin d’invoquer un « parti industriel » pour décrire ces conditions, même si évidemment il faut bien des acteurs humains pour actualiser ces conditions dans des procédés techniques.

    Cependant ces acteurs humains sont interchangeables sous l’angle du type de tâche qu’ils sont capables de réaliser. Il n’y a pas besoin de croire en l’idéologie du progrès pour ça, ni même d’avoir sa carte au « parti industriel ». Juste de travailler. Ou consommer le produit du travail des autres.

    Est-ce à dire que tout se vaut ? Certes non en principe, mais pourtant c’est ce qu’actualisent nos milliards d’action de travail quel qu’il soit.
    Qu’il n’y a pas lieu de déserter un boulot dégueulasse pour faire un autre boulot ? Certes, si, mais sans suite dans les idées, ça ne change rien – d’autant moins quand on s’érige en exemple à suivre.

  53. Salut Deun,
    Merci pour ces précisions claires et intéressantes.

    Là encore je ne peux qu’opiner avec tes propos.

    Content de pouvoir parler de « sortir de l’économie » quelque part depuis feu decroissance point info.

  54. Sur le Comité permanent amiante, il y a la recherche et l’article de E. Henry, qui parle directement de cette structure et de la participation des syndicats : « Militer pour le statut quo. Le Comité permanent amiante ou l’imposition réussie d’un consensus », Politix /, n°70, p. 29-50

  55. Salut,

    Pourquoi ce lien indéfectible entre syndicats et entreprise jusqu’au cancer, à la mort, vous trouverez notre position sur notre site (lesamisdelegalite.org) en page centrale (Echange cancer contre… A propos d’un échange.)
    Cette position n’est pas inébranlable et est là, aussi, pour inviter à la discutions.

    Camille S.

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