Pour se faire encore mieux voir (élections 3)

Il ne faut pas être bien curieux pour regarder les anciens résultats électoraux de la France. Et qui le fait sera sans doute aussi frappé que moi par les chiffres venus droit de l’élection présidentielle de 2002.

Commençons par ce formidable M. Mélenchon, qui a pu déclarer que le Front de Gauche était en train de devenir le Front du Peuple tout entier. Il a obtenu en avril 2012, voici quelques jours, 11,1 % des voix. Ce n’est pas rien, et il serait inepte de le contester. Mais en 2002, si l’on additionne les voix de l’extrême-gauche et celles du parti communiste, on obtient – vous pouvez me faire confiance – exactement 13,81 %. En 2012, si l’on fait le même calcul, ajoutant au résultat de M.Mélenchon ceux de Philippe Poutou et de Nathalie Arthaud, on arrive à 12,81 %. Soit un point de moins. J’ajoute qu’en 1981, le candidat communiste Georges Marchais était à 15,35 % au premier tour, ce qui avait catastrophé les apparatchiks du Parti. Lesquels se souvenaient qu’en 1969, leur candidat Jacques Duclos caracolait à 21,27 %. Plus ça avance, plus ça recule.

Poursuivons par les chiffres de Marine Le Pen. Elle vient d’obtenir 17,90 % des voix, ce qui est colossal, lamentable et même déshonorant pour nous tous. Mais il n’est pas interdit de rappeler que son père Jean-Marie Le Pen avait atteint en 2002 16,86 % des suffrages. Et il n’est sûrement pas abusif d’y adjoindre le score de son ancien lieutenant, Bruno Mégret,  qui avait fait alors 2,34 %. Ce qui donne un total de 19,2 %. Et donc 1,3 point de plus que sa fille cette année.

Où veux-je en venir ? Je crois pouvoir écrire que j’aime la mémoire. Les mémoires. L’extrême-droite est chez nous un problème grave, ancien, compliqué. Son éventuelle solution passe, selon moi, par une mobilisation nationale sans précédent au sujet des banlieues. Ce que n’a pas même esquissé M.Mitterrand lorsqu’il a été président – pendant quatorze ans tout de même – de notre pays. Mitterrand, le grand héros de M.Mélenchon, a toujours préféré la manipulation et le jeu avec le Front National pour demeurer au pouvoir. Lionel Jospin, quand il a été Premier ministre entre 1997 et 2002, n’a rien fait non plus. Encore bravo. Bien que ne jouant pas dans la même division que Mitterrand dans l’esprit de M.Mélenchon, Jospin est pour lui comme un repère, et un repère très positif. Ce qui est bien normal, car M.Mélenchon a été ministre de son gouvernement jusqu’en 2002. Et il le serait peut-être encore si Le Pen n’avait éliminé Jospin, dans les conditions que l’on sait, certain 21 avril 2002.

Pour le reste, je crois que tout a déjà été dit. M.Mélenchon a mené une campagne politique réussie, mais dans le droit fil de l’Ostalgie. Ce mot allemand est formé par Ost – l’Est – et nostalgie. Le tout désigne le regret du passé, dans une partie de la population allemande ayant vécu au sein de la défunte Deutsche Demokratische Republik, c’est-à-dire en français la République démocratique allemande ou RDA. Pourquoi évoquer l’Ostalgie ? Pour au moins les deux raisons suivantes, mais il y en a d’autres. La première, c’est que les rassemblements de M.Mélenchon étaient tournés vers le passé. Celui du Programme commun de la gauche de 1972, celui des grands meetings à drapeaux rouges, celui du parti communiste puissant.

A-t-il mis en avant une seule fois la destruction du monde, pourtant en cours ? Ou le dérèglement climatique, qui renverra sous peu l’ensemble de ces vieilleries au cimetière des idées mortes ? Non. La deuxième raison, c’est que M.Mélenchon considère le parti allemand appelé Die Linke – la Gauche – comme un modèle. Je me dois de rappeler que ce mouvement est né en 2007 d’une fusion de divers groupes, dont le Partei des demokratischen Sozialismus (PDS), autrement dit, en français, le Parti du socialisme démocratique. Mais qu’était donc ce PDS ? Tout simplement la suite du Sozialistische Einheitspartei Deutschlands (SED). Ce Parti socialiste unifié d’Allemagne est en fait le parti communiste qui a régné sur la partie orientale de l’Allemagne jusqu’à la chute du Mur de Berlin en 1989.

Est-ce bien grave ? Vous pensez bien que non. Ce pays fantoche, créé par Staline et sa police politique, comptait un peu plus de 16 millions d’habitants au moment de sa disparition. Et selon des sources fiables, 266 000 agents de la Stasi, police intérieure et succursale du NKVD soviétique. Or donc, il y avait des flics partout. Je n’insiste pas sur la quasi-perfection de ce totalitarisme-là. Comme on le sait – comme on devrait le savoir -, des hommes et des femmes mariés depuis vingt ans et plus, ayant des enfants avec leurs conjoints, surveillaient pourtant ces derniers pour le compte du parti, ne loupant que rarement une occasion de les dénoncer. C’est ce monde enchanteur qu’ont bâti les gens du PDS (voir supra), et c’est ce PDS qui a servi d’ossature, à l’Est, au parti Die Linke, si cher au cœur de M.Mélenchon. Notez que l’on ne parle pas de l’époque de Mathusalem. La RDA a cessé d’espionner et de punir ses citoyens – tirs dans le dos pour qui tentait le passage du Mur sans autorisation – en 1989. Il y 22 ans et quelques mois.

Je me résume. On ne saurait faire face à ce qui vient, à ce qui est déjà là – la crise écologique, évidemment – avec des idées en décomposition. Encore moins lorsque ces idées ont produit très concrètement de la dictature pour tous. Et pour ce qui concerne le Front national, cette monstruosité, idem. Il faut repenser la société humaine dans sa totalité. Cela permet moins d’effets de manche, mais il n’y a pas vraiment le choix.

46 réflexions sur « Pour se faire encore mieux voir (élections 3) »

  1. Honte à nos journalistes patentés qui ne font pas leur travail. Les extrêmes n’ont jamais eu que des solutions de pacotille, et même si je préfère Mélanchon à Le Pen, leurs solutions n’en sont pas, quoiqu’en dise Jacques Généreux qui d’ailleurs ne se montre plus guère, pas même sur son blog. A force d’entendre toujours les mêmes voix, beaucoup de gens n’ont qu’une collère comme vote, collère d’incompréhension dans un cas comme dans l’autre.
    Et maintenant,que faut-il faire ? Le programme écologique de l’un comme de l’autre reste en sourdine. A qui la faute ?

  2. Fabrice, ok n’oublions pas les abominations du stalinisme qui n’était rien d’autre que du fascisme rouge. Tu as raison. Mais regarde aussi ce qui pointe son nez un peu partout

  3. L’amiral Larima,

    Dis-moi donc en quoi j’oublierais ce qui pointe son nez. Je dis cela sans ironie. J’aimerais savoir. Bonne journée,

    Fabrice Nicolino

  4. Dans ma région natale (Terr. de Belfort) et dans les départements voisins, Haute Saône, Vosges, Haut Rhin, la progression du fn par rapport à 2007 est de taille…avec des scores de 23à 25%.

  5. Je pense que L’amiral veut parler des scores des partis d’extrême droite un peu partout en Europe. Au fait qu’on assiste à une montée globale, et pas seulement en France.

    Enfin, je dis ça, si ça se trouve les propos de L’amiral sont différents.

  6. François,

    OK pour cette interprétation, et si elle est fausse, l’Amiral corrigera. Cela ne change guère mon propos. Les sociétés occidentales vieillissantes, confites dans leur prospérité de pacotille, sont toutes en crise. Et comme aucune ne veut prendre le chemin de vraies réformes, toutes se vautrent dans les voies calamiteuses du populisme et du racisme. Ici les Arabes et les Noirs, ailleurs les Roms.

    J’ai employé le mot de réforme à dessein, me plaçant pour une fois sur le terrain des social-démocraties. La crise écologique n’a rien à attendre de quelque réforme que ce soit – le mal est au-delà de ces mesures -, mais enfin, un électeur de gauche normalement constitué – ce que je ne suis évidemment pas – aurait le droit de demander quelques comptes. Pourquoi la gauche au pouvoir – 19981/1993, puis 1997/2002 – n’a-t-elle pas pris à bras le corps la question des banlieues, dont absolument tout indiquait qu’elle conduisait tout droit à la création de ghettos, hors de la loi commune ?

    Oui, pourquoi ces excellentes personnes, M.Mélenchon compris, n’ont-ils pas même été de vrais réformistes ? Quand quelqu’un aura répondu, je crois que nous aurons fait un petit pas. Nullement dans la direction essentielle à mes yeux – l’écologie -, mais dans celle d’une mise à plat du grand mensonge entourant la gauche française au pouvoir.

    Fabrice Nicolino

  7. Marie-Line,

    Je ne peux te répondre ici, en quelques mots. J’ai écrit des choses éparses sur le sujet, ici ou là, et depuis plus de vingt ans. Pour ma part, et pour de multiples raisons précises, je n’attends strictement rien de ce mouvement dégénéré. Il n’est à mes yeux même pas désespérant, car il n’a jamais incarné le moindre espoir sérieux. Je connais un certain nombre de Verts de grande qualité personnelle, mais ce mouvement est gangrené, à un point tel que le redressement est impossible.

    Je précise que j’ai pu voir de près, depuis 1990, comment fonctionne cette organisation, et que l’audacieuse promesse de faire de la « politique autrement » m’a toujours semblé une bluette. En fait, ce parti est ordinaire. Né de l’après-68, hédoniste, individualiste, indifférent aux vrais enjeux, il fait perdre à notre société un temps précieux, qui ne reviendra pas.

    Deux exemples récents. Qui dirige les Verts ? Officiellement régi par les statuts les plus démocratiques du monde entier, intergalactique compris, il est en réalité dominé par une figure de pur apparatchik, Jean-Vincent Placé. Et nul à l’intérieur n’est seulement capable d’expliquer pourquoi et comment un homme qui n’a aucun intérêt pour l’écologie – les sources qui l’attestent sont multiples – a pu se hisser au sommet et y rester de la sorte. Un Placé ne considère qu’une chose : le pouvoir.

    Deuxième exemple, corrélé du reste au précédent. Sans le moindre débat, ni à l’intérieur du mouvement, ni en direction de la société, la petite bande autour de Placé a dealé des postes de députés – et probablement de ministres – en échange du maintien du système électronucléaire français. C’est tellement minable, tellement extravagant au regard de la situation française et planétaire que je préfère en rester là.

    Bises,

    Fabrice Nicolino

  8. Ce parti des Verts effectivement minable, a une responsabilité énorme dans la décrédibilisation du mouvement écologiste dans son ensemble. Je fréquente beaucoup de gens dont la seule référence à l’écologie est ce qui est exprimé sur le sujet par les têtes d’affiche du parti. Et vu le niveau auquel vole le propos moyen de Duflot et consorts, ça plombe complètement la cause de la nature. A cet égard, les responsables de ce parti devraient susciter colère et ressentiment parmi les véritables écologistes.
    Sans aller jusqu’à une théorie du complot, je me pose souvent la question des motivations réelles de ce parti. Fabrice, vous ne les avez pas inclus dans la liste de ceux « qui ont tué l’écologie », certainement pour les raisons que vous citez plus haut, mais il me semble que leur influence sur le sujet est plus délétère qu’il n’y paraît.

  9. Fabrice, Fabrice, Fabrice,

    Merci. J’ose admirer votre savoir et … votre mémoire. 🙂

    Dans mon coin, c’est le petit teigneux, et la nana de la marine, qui ont semés tout les autres. Ce n’est pas nouveau. Quelle honte! De l’au dela, j’entend mon papa, pester très fort en italien! Cela déménage!

    En vue du second tour, j’aime prendre la température. Et lors de mes rares descentes en ville, j’écoute causer. Bouh! Nous allons avoir droit, du moins dans « ma region » à un duplicata de mandat, obtenu haut la main, du machin à ressort, celui qui bouge sans cesse, parle sans cesse, projette sans cesse, à des fins qui n’interressent que lui et ses sbires, et que gobent tout ceux qui croient encore en ses fadaises.

    Question: Sarkosy? Pourquoi?
    Réponse: Il nous sécurise. C’est un fonceur. Energique.

    Quoi qu’il en sorte prochainement, mou pas mou, les « résultats » seront les mêmes. C’est juste la manière d’arriver à ses fins, qui différera …

    —————

    Autre chose, pas de rapport avec politique, si ce n’est à la fin.

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/04/26/le-poisson-qu-on-mange-n-est-pas-toujours-celui-qu-on-croit_1692022_3234.html

    En commentaire. La solution c’est les poissons d’élevage. ???

    Un ami sourcier vient quelquefois pour controler le PH de celle qui se trouve sur le terrain. Malette, et tout ce qu’il faut dedans, c’est un pro de l’eau! 🙂

    Pendant les tests, nous faisons causette, d’eau … Il m’apprend qu’il fait aussi les analyse, plus haut, chez un éleveur de truites. Eleveur « sympa » qui s’inquiète de la nature de l’eau, dans lequelles se meuvent langoureusement ses truites.

    Chutttt … devrait pas le dire. J’éspère que personne ne caftera.

    Ben, l’éleveur, c’est le sourcier qui me l’a dit, il donne à manger à ses poissons, des grosses cochoneries. Il se préoccupe de l’eau, mais pas de ce qu’il y a dans les sacs d’alimentation pour ses truites. Voila! Manger du poisson?

    Revenons a la politique.

    Avis. Pour les non votants. Ceux qui ont l’intention de venir pêcher dans « ma » rivière, se verront acceuillis en bonne et due forme. Tirés dans les pattes, non pas avec une arme a feu, mais des branches de Corylus avellana. Cinglant!

    Bien à vous toutes et tous,

  10. Daniel,

    C’est bien par choix que je n’ai pas inclus les Verts dans ma critique des écologistes officiels. Il me semblait juste et nécessaire de m’en tenir aux organisations sociales – et non politiques – de l’écologie. Celles qui ont monté et promu le Grenelle de l’Environnement. Un livre à part serait nécessaire pour raconter les Verts. Un éditeur m’a proposé de l’écrire, mais j’ai décliné.

    Bien à vous,

    Fabrice Nicolino

  11. Fabrice,

    Je ne comprends pas pourquoi, comme la majorité des gens, tu comptes en pourcentage, qui n’est qu’un chiffre relatif au nombre des suffrages exprimés. Je pense que pour connaître l’évolution des votes il faut considérer le nombre absolu de voix.
    En effet, imaginons qu’il y ait très peu de votants (disons 1000 personnes — je prends un chiffres volontairement très bas pour clarifier mon propos), on voit bien que tel candidat ayant recueilli 60% des voix ne représentera pas l’expression de 60% des français mais seulement de 600 personnes et si ce même candidat recueille, plus tard 30% de voix lors d’une élection comptant 30 000 000 de suffrages exprimés, son score en pourcentage sera trompeur et pourra faire croire qu’il a baissé, alors qu’en fait le nombre de personnes lui faisant confiance sera passé de 600 à 900 000, soit 1 500 fois plus !

    Si j’écris ça c’est pour faire remarquer qu’entre 2002 et 2012, le score de l’extrême droite est passé de 5 471 739 voix (Le Pen + Mégret) à 6 421 426, soit presque 1 000 000 de voix de plus, ce qui est loin d’être négligeable.

    Pour le reste, je partage ton opinion.

  12. Cher Gérard mouton noir,

    Si j’ai pris les pourcentages, c’est parce que tout le monde se réfère à eux. Quand on dit : Le Pen a fait un carton en 2002, on songe évidemment à ses près de 17 %. Et pas aux x millions de voix qu’il a obtenues.

    Par ailleurs, je suis bien conscient que le vote Le Pen a « gagné » près d’un million de voix en dix ans. Mais par rapport à un nombre de votants beaucoup plus élevé. En 2002 : 29 495 733 votants. En 2012, 36 584 399. Autrement dit, on constate une augmentation de plus de 20 % des votants entre 2002 et 2012. En intégrant cette donnée, la fille Le Pen aurait dû dépasser son score de près de 150 000 voix pour atteindre le même pourcentage que son père par rapport aux votants.

    Bien sûr, d’un certain point de vue essentiel, on s’en fout. Elle a fait un score monstrueux. Mais je constate une fois de plus qu’on commente n’importe comment. Ainsi du score des Verts. Aux européennes de 1999, Cohn-Bendit fait 9,72 %, et comme il est une vedette médiatique, cela devient un événement. Mais Waechter alors désespérément inconnu – Dieu, je ne le défends pas ! – avait obtenu 10,59 % aux mêmes élections dix ans avant, en 1989, ce dont personne ne se souvenait.

    En somme, regardons quand même de plus près. En dix ans, le vote frontiste n’a guère changé. Ce qui est la vraie raison d’être malade. Amitiés,

    Fabrice Nicolino

  13. Oui tiens sur le moment, j’avais oublié Maigret…
    Mais bon se sont quand même de tristes scores!

    Le problème des cités, des débats a côté des vrais problèmes… C’est que ça sert bien… Pas le bien commun bien sûr!
    Sinon en en serais pas là! Est-ce qu’on est pas en plein conflits d’intérêts? Enfin je ne sais pas… Il me semble qu’on ne laisserait pas traîner ces choses si cela ne servait pas. Bon j’suis fatiguée aujourd’hui, je suis peut-être d’humeur réac… Mon petit projet de jardin dans l’école de ma fille est en train de se casser la figure à cause de deux-trois personnes; alors que j’ai des dizaines de personnes enthousiastes derrière! Purée c’est dur des fois les actes citoyens!

  14. En 2007:
    Sarkosy + Le Pen + De Villiers + Nihous, que l’on peut considérer tous les quatre comme de droite extrême = 16 522 245 électeurs.

    En 2012 :
    Sarkosy + Le Pen + Dupont Aignan = 16 467 698 électeurs.
    Où est la montée de l’extrême droite sinon dans la volonté des médias de nous bourrer le mou histoire de foutre les jetons à la populace ? Même si c’est trop évidemment il y a des problèmes autrement plus préoccupants et urgents. Mais ceux là, essentiellement environnementaux; bizarrement nous n’en avons pas entendu parlé pendant la campagne. Mais il faut surtout que le cirque capitaliste continue et pour cela on peut faire confiance au prochain gouvernement quelle que soit sa composition.

  15. Je ne comprends pas votre discours.
    Vous attaquez sans cesse les seuls défenseurs, même s’ils sont imparfaits, de ce que l’on pourrait appeler le bien commun ou l’intérêt collectif dont fait partie la vie sur Terre. Il est vrai qu’il ont commis beaucoup d’erreurs notamment en ignorant la pauvre nature humaine. En revanche je vous trouve bien parcimonieux sur les promoteurs de ce qui a le plus détruit et opprimé la planète à savoir la cupidité, l’individualisme et le libéralisme débridé érigés en système économique et en morale. La préservation de la nature et de l’avenir de l’humanité ne peuvent être envisagés que par des gens qui, au delà de leur petits intérêts personnels, arrivent à comprendre ce qu’est l’intérêt commun ou collectif. Je me demande ainsi quelle conclusion vous tirez lorsque vous écrivez : « mince le peuple a encore trahi » Personnellement, je pense, en voyant les scores des différents candidats et notamment de Mélenchon et de Joly que , décidément, les français sont très cons. Tant pis pour eux. Ce qui m’emm…. vraiment c’est que je vais devoir subir les choix débiles de cette majorité

  16. JCC,

    Vous ne comprenez pas quoi, au juste ? Si je me permets de vous interpeller de la sorte, c’est que vous m’accusez à demi-mots d’épargner les grands responsables de la destruction de la vie. Si j’ai bien compris – il est possible que je me trompe -, je vous dirai sans détour que Planète sans visa démontre depuis plus de quatre ans exactement le contraire. J’ai écrit ici des centaines, je dis bien des centaines d’articles désignant d’une manière ou d’une autre l’industrie transnationale, ses innombrables et parfois inattendus servants, les États et idéologies contraires à la défense des équilibres essentiels.

    Vous comprendrez, dans ces conditions, que je sois légèrement contrarié par un propos – le vôtre – dépourvu de la moindre vérité.

    Fabrice Nicolino

  17. Hello,

    Parfois je me demande si la politique n’a pas été inventée exprès, (avec grandissime intention) pour diviser les hommes.

    :)))

    Attention, le futur ministre des finances à parlé!

    http://www.romandie.com/news/n/_Affaire_du_Sofitel_DSK_met_en_cause_ses_adversaires_politiques_RP_270420122325-18-170122.asp

    Je vous laisse, vais parler d’amour avec les pipistrelles. Elles n’en ont rien à faire des politiciens … et elles ont bien raison.

    😉

  18. De la poule ou de l´oeuf, lequel était là en premier ? 🙂
    Et qui donc aurait inventé la politique, si ce n´était l´homme, en personne ? Elle lui ressemble tant qu´elle ne peut être tout droit sortie que de sa cervelle tortueuse !
    Einstein disait un jour que « le problème de notre temps n´est pas la bombe atomique mais le coeur de l´homme », qui a conçu cet engin diabolique. C´est ce coeur qui est en grande partie à l´origine de tous les malheurs, de toutes les destructions, les fléaux qui ont marqué notre histoire et qui malheureusement ne cesseront pas aussi longtemps que nous nous chercherons des excuses, avec toute la complaisance dont faisons toujours preuve à notre égard.

    LBL,
    vous avez bien raison avec les pipistrelles. Et de toute manière, elles sont bien plus jolies que les politiciens. Elles ne souffrent pas, elles, d´une photo en gros plan, bien au contraire, ce qu´on ne peut vraiment pas dire des hommes politiques, de quelque bord qu´ils soient 🙂

  19. Bonjour M. Nicolino,

    Pour résumer votre article, vous indiquez que Mélenchon et Le Pen sont les incarnations d’idéologies du passé « en décomposition » (par ailleurs dictatoriales), idéologies qui ne sont d’aucun secours pour résoudre la crise écologique, qui nécessiterait de « repenser la société humaine dans sa totalité ».

    D’abord, à titre personnel, je ne vois pas d’idées en décomposition mais des idées en métamorphose, ce qui – laissez-moi mes illusions – me porte à être optimiste. Je vois une refonte des idées (je parle de la gauche Mélenchon) dans laquelle l’écologie n’est pas qu’un vernis et dans laquelle la nostalgie de l’Est a disparu pour l’essentiel. Certes, il y a chez Mélenchon des références multiples au passé, mais qui ne sont que des symboles utilisés pour se projeter dans un futur constructif.

    Ensuite, faut-il être né et avoir toujours été innocent pour faire le bien ? Pragmatiquement, je pense qu’un parti qui a fricoté avec le nauséabond peut, sous l’effet du renouvellement des personnes et de l’évolution du Zeitgeist (l’esprit du temps), représenter les idées les meilleures. Par exemple, j’ai tendance à beaucoup apprécier l’influence contemporaine d’un curé en banlieue parisienne, qui par exemple explique l’illusion de la richesse matérielle et constitue de ce fait un îlot de résistance à la pieuvre du progrès technicien et matériel et à ses « mythes » et « récits » que vos articles précédents évoquaient, alors que je sais pourtant le mal qu’a fait le catholicisme en d’autres siècles.

    Le plus probable, d’ailleurs, à supposer qu’une révolution écologique advienne, est qu’elle soit aidée et récupérée par des formations politiques préexistantes (initiant ou poursuivant leur mue à l’occasion), parce que les formations nouvelles seront encore invertébrées, déstructurées et donc incapables d’agir avec vigueur. Elles s’incorporeront dans l’existant. Les autres seront les cocus de l’Histoire qu’ils auront pourtant servi. Ceux qui incarneront cette hypothétique révolution écologique seront moins des parangons de vertu que des opportunistes de la trempe de J-V Placé…

    Enfin, vous écrivez que « La crise écologique n’a rien à attendre de quelque réforme que ce soit – le mal est au-delà de ces mesures. » Les deux manières de changer les choses sont la réforme et la révolution, et vous êtes donc partisan de la révolution. Je le demande sans arrière-pensée, cette révolution a-t-elle à vos yeux une forme précise, des modalités, ou s’agit-il d’un horizon flou et indistinct ?

    Darken

  20. Cher monsieur Darken,

    Je crois que vous le savez, nous ne sommes pas d’accord. Dans mon esprit, qui n’est visiblement pas le vôtre, la gauche française – à laquelle je n’appartiens pas – est ignoblement responsable de l’absence de vrai bilan, politique et moral, du stalinisme. Et si j’écris l’adverbe ignoblement en gras, c’est bien sûr à dessein. Car il s’agit bien d’une ignominie, qui touche, à des degrés certes divers, toutes les gauches, social-démocratie comprise. Les staliniens et leurs nombreux alliés et complices n’avaient certes aucun intérêt à reconnaître leur infamie, mais le parti socialiste et ses affidés non plus celle des précités. Car il lui – il leur – aurait fallu expliquer pourquoi l’on s’alliait avec un parti directement lié à une dictature abjecte.

    Donc, à peu près rien. Rien d’autre que des larmes de crocodile qui ne sauraient tromper l’honnête homme. On a le droit de rappeler deux millions de fois que Madelin et Longuet ont appartenu il y a quarante ans à un groupe fasciste – Occident -, qui fut rempli en effet de petites frappes racistes; il est interdit de demander des comptes à madame Buffet ou à monsieur Pierre Laurent, héritier d’une grande famille d’apparatchiks. C’est singulier.

    Dans le cas de M.Mélenchon, j’ajoute que son cryptostalinisme est étalé sur la place publique. Soutien à Cuba – qui ne serait pas une dictature -, soutien à la Chine corrompue postmaoïste, coupable pourtant de dizaines de millions de morts politiques, soutien à l’histoire de la RDA, via le parti qui l’a installée et maintenue.

    Cher monsieur Darken, je respecte votre engagement, mais je vous invite à vous demander ce que veut dire le point de vue de Jean-Luc Mélénchon sur le totalitarisme. Pour le reste, j’ai exprimé à de multiples reprises mon soutien à une perspective révolutionnaire n’ayant rien à voir avec l’héritage léninien.

    Vous me semblez ne pas comprendre qu’on peut être pour l’émancipation universelle, pour une véritable égalité planétaire, pour une justice sans frontières et NE PAS soutenir le parti mélenchonien. Tel est pourtant mon cas.

    Bien à vous,

    Fabrice Nicolino

  21. M. Nicolino,

    D’une part, je constate, je comprends et je respecte que vous ne souteniez pas le parti mélenchonien. Vous avez exposé avec clarté vos arguments tout en les nuançant avec ce qu’il fallait d’honnêteté.

    D’autre part, je ne suis pas engagé dans ce parti. Il se trouve simplement que j’ai suivi de près, pendant des mois, sa campagne. Mon soutien se limite à un vote, que j’estime avoir bien pesé. Par exemple, je crois m’être « demandé ce que veut dire le point de vue de Jean-Luc Mélenchon sur le totalitarisme » et je n’y ai rien trouvé de fâcheux.

    Je précise que j’avais quatre ans quand le mur est tombé, et que les accusations de cryptostalinisme me semblent venues d’un autre monde. Les critiques de la gauche qui viendraient spontanément à moi seraient plutôt : carriérisme, affairisme, puritanisme moralisateur, œillères sur la croissance, le libre-échange et quelques autres sujets. Sans doute une des sources de ma divergence avec vous.

    Je suis content de mieux saisir vos raisons. Vous ancrez votre argumentation loin dans le passé, davantage que ne suis capable de le faire. Je vous avais fait le reproche de penser impossible que les gens puissent changer : en effet, vous ne laissez rien passer sur les biographies, et donnez parfois l’impression que vous niez le libre-arbitre ou la possibilité d’une seconde chance, mais il est vrai que l’on est en partie le produit de son histoire, et l’on se forge en fonction de ce qui nous entoure. Votre travail est salutaire.

    Cordialement,

    Darken

  22. Hem… Et ce qu’a fait la gauche pendant les vingt ans et quelques passés au pouvoir, et qui n’a rien à voir avec le stalinisme, ce n’est pas à vomir ? La destruction méthodique de l’école, des savoirs et de leur transmission, en toute connaissance de cause et au nom de la démocratisation et de l’égalité, pour ne citer que cet exemple, est-ce anodin, est-ce secondaire, est-ce moins grave et moins significatif ?
    Les (très) vieilles casseroles que traîne la gauche ne doivent jamais être oubliées, mais elles ne doivent pas faire oublier les récentes. Or les capacités de nuisances de la gauche me semblent largement aussi grandes de ce côté-ci que de celui-là. Une critique crédible de la gauche qui oublie les casseroles récentes et présentes risque ne manquera pas d’être elle-même taxée d’obsolescence, en premier lieu par les amnésiques de garde – qui pour une fois n’auront pas entièrement tort – et elle y perdra toute efficacité.

  23. Allo,

    Hors sujet. 🙂

    Des bénévoles chinois ont sauvé 505 chiens enfermés en cages dans un camion de transport qui les destinait à l’abattoir puis à la restauration locale.

    C’est grâce à un message d’alerte diffusé le 19 Avril sur un microblog devenu virale sur Internet. que la police locale et les bénévoles très motivés ont pu intercepté le camion à un poste de péage, plus 500 chiens y étaient piégés dans 156 cages étroites.

    ఒక గొప్ప వారాంతంలో ప్రతి ఒక్కరికి,

  24. Bonjour,
    Pour ce genre d’analyse, ce n’est pas tant les pourcentages qu’il faut considérer que le nombre de voix…
    Les pourcentages sont plus dépendants de l’abstention que des évolutions politiques. Les pourcentages permettent d’analyser l’écume pas les vagues de fond…
    Sincèrement.

  25. L’analyse des rapports de forces politiques à l’occasion des élections présidentielles et de leur évolution ne peut se faire à mon avis qu’à partir de nombre de voix en valeur absolue.
    En première lecture, ces chiffres considérés depuis 10 ans (3 élections et de multiples crises financière, écologique, politique, économique, institutionnelle, morale…) donne une impression assez différente des commentaires entendus et rabattus dernièrement…
    (Donc tous les pourcentages ci-dessous sont rapportés au nombre d’inscrits, même si le nombre de Français de plus de 18 ans serait encore plus juste pour tenir compte des non-inscrits mais je n’ai pas trouvé ces chiffres. Les analyses tiennent compte des seules élections présidentielles.)

    1/ La France est de droite
    La droite remporte entre 3 et 10 millions de voix de plus que la gauche aux premiers tours des élections présidentielles depuis dix ans.
    Le rapport de force Droite/Gauche est de 44/34 en 2012, de 52/30 en 2007 et de 37/30 en 2002.

    2/ L’électeur ne se reconnaît pas dans son système politique
    En nombre de voix absolu, les absentions et les votes nuls et blancs furent le premier parti de France en 2002, le 3ème en 2007 et le 2ème en 2012.

    3/ En dépit des crises, depuis 2012, le vote anti-système et l’abstention recule mais reste significatif
    Si on additionne les abstentionnistes, votes nuls et blancs, partis non-gouvernementaux et candidats anti-système, ils représentaient 73% en 2002, 36% en 2007 et 48% en 2012.

    4/ En dépit des catastrophes écologiques en cours, le vote écologiste s’écroule.
    L’écologie politique en tant que telle a perdu 60% de ses électeurs depuis 2002. Néanmoins E. Joly, critiquée pour sa campagne, a fait gagner près de 300 000 voix à son partie depuis 2007.

    5/ L’extrême-droite progresse mais la « droite de la droite » reste stable
    L’extrême-droite a fait 13% en 2002, 10% en 2007 et 14% en 2012. LePen a rassemblé 700 000 voix de plus qu’en 2002, 2 millions de plus qu’en 2007.
    La droite de la droite a fait 19% en 2002, 11% en 2007 et 15% en 2012.
    Il y a donc une polarisation de la droite de la droite à son extrême et une baisse sans doute due au positionnement très droitier de la droite de gouvernement depuis 2007.

    6/ L’extrême-gauche s’effondre mais la gauche de la gauche reste stable.
    L’extrême-gauche a fait 7% en 2002, 5% en 2007 et 1% en 2012, retrouvant ses scores d’avant 2002.
    La gauche de la gauche a fait 10% en 2002, 7% en 2007 et 10% en 2012. Elle gagne 1,3 million de voix depuis 2007.
    Il y a donc une progression en nombre de voix de la gauche de la gauche depuis 2002.

    7/ En dépit des crises et de l’usure du pouvoir, Sarkozy se maintient fortement.
    Sarkozy a fait 26% en 2007 et 21% en 2012, perdant près de 2 millions de voix. Mais compte-tenu du contexte depuis 5 ans, c’est le résultat, à mon sens, le plus marquant de cette élection.
    On peut faire l’hypothèse qu’il a su récupérer une partie du vote protestataire à la droite de la droite. Ce qui valide son positionnement de campagne…
    S’il n’est pas réélu, ce ne sera que faute d’une « synthèse des valeurs » à droite…

    Commentaires bienvenus 🙂

  26. Cher fabrice,
    Tu dis dans ce texte que Mélanchon n’a jamais cité le dérèglement climatique, la destruction du monde, … mais au vu de ton aversion pour le personnage je doute que tu aies pris le temps d’écouter toutes ses interventions sur les médias, tous ses discours, tous ces écrits depuis plusieurs mois. Je ne suis pas une groupie de ce candidat, il fait juste partie des 3 auxquels je me suis intéressée pendant cette campagne. je ne vais te faire l’affront de te donner des liens vers le blog de Mélenchon et sans doute sauras tu trouver d’autres manières de réécouter par exemple son intervention au FAME (Forum Alternatif Mondial de l’Eau). Tu devras constater que tu as dis une bêtise.
    N’est-ce pas le devoir d’un bon journaliste de vérifier ses informations avant de les diffuser ?

  27. Chère Joséphine B,

    Je crois, malheureusement, que c’est bien toi qui écris des bêtises. Car je lis M.Mélenchon, jusques et y compris son blog, et je sais ce qu’il dit. En fait, il aura pratiquement tout dit. Tout évoqué serait plus juste. Comme tout politicien professionnel – et Dieu qu’il l’est ! -, il sait lire et répéter les notes que d’autres lui ont préparées. Mitterrand, en son temps, annonçait, de la même façon, des règlements de compte définitifs avec l’argent et le capitalisme.

    Je dois t’avouer que je ne sais pas ce que le cerveau de M.Mélenchon abrite. Sans doute, au milieu du reste, une part de sincérité. Et puis ? Je maintiens, parce que c’est l’évidence, que la question du dérèglement climatique – ne parlons pas du reste – n’aura été qu’infiniment périphérique. Et c’est bien cela que je souhaite exprimer. À l’heure des vrais périls, planétaires autant qu’implacables, M.Mélenchon aura préféré se concentrer sur des vieilleries, dans un cadre strictement national, pour ne pas dire patriotard.

    Je ne te connais pas, et je crois que tu ne me connais pas beaucoup mieux. Je serais ravi de dire ici, ou ailleurs, que tout bien considéré, M.Mélenchon est devenu un écologiste. J’en serais heureux, car je sais bien, tout de même, que le mouvement des êtres est une condition sine qua non de tout changement. Seulement, dans le cas de M.Mélenchon, ce n’est simplement pas vrai. Mais je n’ai aucunement l’espoir de te convaincre. En revanche, défendant mon point de vue et ma réputation, je persiste et signe sans hésitation : il n’a pas placé dans sa campagne le moindre thème écologiste.

    Bonne soirée,

    Fabrice Nicolino

  28. Salut Fabrice. Certains auront remarqué que je ne commente plus ici. Cependant, depuis que je suis rentré dans le silence, j’ai lu tous tes billets et souvent presque tous les commentaires. J’ai toutefois de plus en plus de mal à lire tes articles entièrement.

    Il me semble que sur Planète sans visa le B.A.BA. de l’écologie est paradoxalement oublié alors qu’il devrait vivre, être entretenu, continuer de vibrer ici.

    Depuis son apparition en France au début des années 70, dans la foulée de mai 68, l’écologie a une dimension politique.

    Le politique est celui qui décide la construction ou la fermeture des centrales nucléaires.

    Nous avions du bon sens. Nous le savions. Tu t’en souviens. Fournier hurlait… Chez lui, la forme collait avec le fond, correspondait au fond. Il me semble qu’ici la forme et le fond ne collent plus. Or, cette adéquation de la forme et du fond est une caractéristique intrinsèque de la démarche écologiste. C’était déjà cela la nouveauté. Cette contre-culture, née dans les années 70, reste valable et opérante. Sans cette adéquation, nous ne sommes pas dans l’écologie mais dans autre chose.

    Ce qui paraît prédominer ici, de plus en plus, c’est la déploration. Les pleurs sur les atteintes à la nature… Après une canonnade récente contre Mélenchon et aussi, un peu, contre Eva Joly, tu as rédigé un article sur les oiseaux tués par l’ingestion de déchets en plastique dans l’Océan Pacifique. Tu joignais une vidéo : la beauté sublime de la nature, puis son saccage, les cadavres des oiseaux. Et tes commentateurs, pour ne pas dire tes groupies, de venir pleurer ici…

    S’il y a de quoi pleurer, l’écologie ne s’est jamais limitée à la déploration. Surtout pas. La seule déploration est, à certains égards, une névrose. Au final, c’est pleurer sur sa propre impuissance.

    La dimension politique de l’écologie est ici traitée à la hache au travers du procès en stalinisme fait à Jean-Luc Mélenchon. J’ai suivi sa campagne, écouté en direct plusieurs de ses discours, je l’ai vu à la télé, écouté à la radio. J’ai lu le programme de Front de Gauche. Je lis son blog comme je lis le tien. Avec les mêmes outils. Son blog est clair, abondant, vivant, bien écrit. Les analyses de fond et au quotidien sont excellentes. On y trouve pas de nostalgie du communisme. Il est viscéralement républicain. C’est la République qu’il est allé chercher et notre devise : « Liberté, Egalité, Fraternité » à laquelle il ajoute la préoccupation écologiste sans laquelle il n’y a, il l’a dit, ni liberté ni égalité ni fraternité possible.

    Je ne détiens pas la vérité mais, malgré les drapeaux rouges du Front de Gauche et l’Internationale chantée dans ses meetings, je ne l’imagine pas ouvrant un goulag dans la citadelle de Besançon.

    Il s’est expliqué dix fois à propos de Cuba, ce qu’il dit, que tu refuses d’entendre, est recevable pour un démocrate.

    Apparemment, pour des raisons qui t’appartiennent, tu fais une fixation sur sa personne. Et tu as lu le programme du Front de Gauche pour le démolir. De son côté, Eva Joly a dit stupidement que Mélenchon « a tout faux » Comment Mélenchon pourrait-il avoir tout faux ? Ce propos est réducteur. C’est un refus du débat, une fin de non recevoir, le niveau zéro de la réflexion.

    Il n’y a pas, il n’y aura pas d’écologie à la hauteur des enjeux, d’écologie salvatrice sans justice sociale, ni de justice sociale sans écologie. Qui est écologiste et n’est pas de gauche n’est pas vraiment écologiste. Qui est de gauche et n’est pas écologiste n’a pas compris la situation et n’est pas vraiment de gauche. Cette évidence devenue éblouissante et que tu devrais porter haut, t’échappe.

    Cela est bien sûr un concept. Reste ensuite à comprendre ses déclinaisons dans la réalité, mais c’est une clé. Tu souhaitais dernièrement poser une frontière, ce n’en est pas une mais c’est un repère. Il laisse toute liberté à chacun de se déterminer mais il est là. Incontournable.

    Je ne parle pas de la droite qui représente classiquement la prédation et l’intérêt personnel. La démonstration en est donnée tous les jours, à outrance. Je ne parle pas non plus des gens de gauche qui ont failli – jusqu’au stalinisme. Les exemples abondent. Les idées, les concepts n’en sont pas affectés et continuent de briller.

    Tu as crié une fois que tu n’es pas de gauche. Le problème est peut-être là. Le fait que tu ne parviennes pas à distinguer les principes de leurs déclinaisons souvent perverties dans leurs applications est peut-être le problème pour toi, et pour nous. En tout cas, apparemment, les gens de droite qui viennent commenter ici apprécient cette confusion.

    Dans ce climat problématique, la piste que tu voudrais apparemment ouvrir sur la limitation de l’espace réservé à l’humanité sur terre est non avenue. Si les bases intellectuelles de ta démarche ne sont pas claires, et à mes yeux elles ne le sont pas, c’est n’importe quoi. Et potentiellement pire que le goulag soviétique, si tu vois ce que je veux dire.

    Le jour des élections, tu écris : « Rien. » Et puis tu craques, tu rédiges un billet sur les résultats. Tu es libre, mais il faut savoir si tu participes ou pas. Si tu déplores le résultat élevé du Front National, pourquoi ne vas-tu pas voter pour le réduire ? Pourquoi laisses-tu s’exprimer chez toi, sans remarques, des militants de l’abstention qui attendent la catastrophe pour en jouir ? Où te situes-tu ? D’où parles-tu ? Si c’est de l’Olympe, il faut le reconnaître humblement.

    Quoi qu’on puisse dire du parti écologiste, le score d’Eva Joly est-il une bonne nouvelle ? Le sujet ne méritait-il un meilleur résultat ? Moi, ce sujet, je l’estimais et l’estime à 15% de l’électorat. Ce qui est encore très peu.

    Tu présentes les élections comme une chose donnée d’avance, une chose morte. C’est ce que tu viens nous dire après coup : il y a des constantes électorales, en fait rien ne change. Certes, on peut le dire, rien ne change, à commencer par toi, réfugié de l’abstention.

    Les élections sont un processus engageant et dynamique… Si elles ne passent pas d’abord par toi, par qui passeront-elles ? Par le voisin, ce rétrograde à tes yeux, qui va encore voter ? Ton abstention nuit à ta lucidité et obscurcit la lumière.

    Il y aurait encore à dire sur la notion de changement de paradigme dont tu as évoqué récemment la nécessité. Et sur le fait que l’écologie ne se limite ni à la déploration ni au levier politique. Elle couvre tous les plans de l’existence. Cette contre-culture déroute encore beaucoup de gens quoique de moins en moins, et justement parce qu’elle a commencé à douter du matérialisme. Pour s’y retrouver dans cette nouveauté, comme ailleurs, une seule boussole : le discernement. Et pour retrouver de l’oxygène et peut-être décoller, revenir aux fondamentaux, passer d’un plan à l’autre. Chercher.

    Après avoir écrit tout ce qui est ci-dessus, je lis ta réponse ci-dessus à Darken et je commence à avancer dans la compréhension du problème. Je te cite : « Dans mon esprit, …, la gauche française – à laquelle je n’appartiens pas – est ignoblement responsable de l’absence de vrai bilan, politique et moral, du stalinisme. Et si j’écris l’adverbe ignoblement en gras, c’est bien sûr à dessein. Car il s’agit bien d’une ignominie, qui touche, à des degrés certes divers, toutes les gauches, social-démocratie comprise. Les staliniens et leurs nombreux alliés et complices n’avaient certes aucun intérêt à reconnaître leur infamie, mais le parti socialiste et ses affidés non plus celle des précités. Car il lui – il leur – aurait fallu expliquer pourquoi l’on s’alliait avec un parti directement lié à une dictature abjecte. »

    Nous sommes bien dans le sujet. Je laisserai des historiens de la gauche répondre mais tu traînes une querelle hors d’âge. Staline est mort et bien mort. Il n’y a pas de raison de faire bouger son cadavre. Ta demande de comptes vis-à-vis de la gauche est une violence exercée à l’encontre de gens qui n’ont rien à faire avec cette histoire et qui sont d’accord avec toi pour condamner mille fois le stalinisme. Pour moi, ta position relève d’une intransigeance hors de propos voire d’une anomalie, est peut-être un paravent à une difficulté plus profonde.

    Le virage de notre société est antérieur à mai 68. Il date de la première rencontre en tête-à-tête entre Freud et Jung, le 3 mars 1907. Elle fut telle, si chargée d’énergie explosive entre eux, que la bibliothèque de Freud a craqué bruyamment deux fois au point de les faire sursauter, Jung annonçant le second craquement à Freud, qui le regarda horrifié. Jung interrogeait Freud sur les phénomènes parapsychologiques et la précognition, sujets que Freud rejeta comme étant de « pure sottise »…

    Après cet intermède qui sera peut-être une ouverture nourrissante pour certains, je poursuis. Tu viens de rédiger un long billet amer sur Arnaud Gossement. Tu es bien informé à son sujet mais est-ce que ce monsieur mérite tant d’attention de ta part et de la nôtre ? Tu nous jettes à la figure ses accommodements et son retournement de veste. C’est de la morale que tu fais, pas de l’écologie. Que veux-tu démontrer, que le monde est moche, à part la nature sauvage ? Ce n’est pas ça l’écologie, ça c’est avoir un grand besoin de vacances.

    L’écologie a un autre principe : la recherche de la vérité, y compris sur soi. Cela implique une part de doute et de la bonne volonté, de la curiosité vis-à-vis de ceux qui viennent t’interpeller ici parfois avec une grande maladresse, voire violemment. Ton isolement à terme ne présenterait aucun intérêt, serait une perte pour tous.

    J’invite ceux et celles qui auraient été choqués ou bousculés, ou se sentiraient concernés par le mot ou le problème de la déploration de rechercher le sens de ce mot dans un gros dictionnaire.

    Bien à toi.

  29. Janot Lapin,

    Que veux-tu que je te dise ? Ton texte est très pensé, très écrit, mais je vois que nous ne sommes évidemment pas d’accord.

    D’abord, et pour évacuer une arête qui se bloque dans mon gosier, permets-moi de revenir sur ce très étrange passage, que je cite : « Pour moi, ta position relève d’une intransigeance hors de propos voire d’une anomalie, est peut-être un paravent à une difficulté plus profonde ».

    Que dois-je penser de cela, sinon que tu sous-entends, précisément, je ne sais trop quelle « anomalie » ? Les mots ont leur sens et leur poids. Et comme tu fais explicitement référence à la psychanalyse, tu dois le savoir mieux que bien d’autres. Et que penser de cette « difficulté plus profonde » ? Et que penser de ces « grandes vacances » dont tu sembles croire que j’ai besoin ? Je t’avoue sans hésiter que j’y vois un exercice distingué de disqualification. Crois-moi, je connais le principe. N’aurait-il pas été plus net de parler sans détour ?

    Sur le fond, et que cela (te) plaise ou non, j’exprime mon droit à la critique. Sur le papier, tout le monde est pour. En réalité, chacun se contente, en règle très générale, de n’accepter que les critiques qui ne le visent pas. Non ?

    La critique sociale tous azimuts est ce que je connais de plus essentiel pour mieux comprendre où nous en sommes. Car, le temps étant compté, je crois avec force qu’il est nécessaire de bâtir de tout nouveaux outils politiques. Quand j’écris nouveaux, je pense nouveaux. Pour être direct, la totalité des formes actuelles de la politique me semblent on ne peut plus inadaptés à la crise extrême où nous sommes plongés. Et la moindre illusion est une dramatique perte de temps. Insupportable à mes yeux.

    Je revendique par ailleurs sans complexe mon impuissance à avancer. De toi à moi, qui oserait seulement penser qu’il avance ? Toi ? J’en serais stupéfait. Non, nous sommes dans un moment de grande souffrance, et cette souffrance, chez moi en tout cas, s’exprime aussi par la déploration, qui est un magnifique sentiment humain, ne t’en déplaise. Si j’en restais à ce point, cela serait sans doute ennuyeux, mais depuis quatre ans et demi que j’ai créé Planète sans visa, il se trouve que j’ai pu offrir, du moins je l’espère, bien d’autres facettes d’une révolte que je crois globale contre la marche du monde. Y compris, même si cela fut rare, de vraies perspectives. Je ne les porte pas en bandoulière, mais elles sont bel et bien là, sur ce blog, et y resteront pour ceux qui souhaitent les connaître.

    Allons au-delà pour finir. Gossement ? Il est un minuscule symptôme d’une comédie sociale définitive. En ce cas, pourquoi en parler ? Mais pour la raison qu’une flopée de gens sympathiques s’apprêtent – selon moi, mais je peux me tromper, certes oui – à se comporter avec l’équipe Hollande comme ils l’ont fait avec les gens de Sarkozy. J’estime donc nécessaire de moquer le jeu déjà fort actif de ceux qui entendent dominer la scène publique de l’écologie officielle au cours des prochaines années. Puis, ne s’agit-il pas d’un article et d’un seul ? Nul n’est par chance obligé de me lire. Ni toi ni personne.

    Dernier point, à mes yeux le plus important. Je suis au clair avec moi-même sur la question clé du stalinisme, ce qui n’est déjà pas si mal. Tel est mon droit, tel est mon devoir. Il est assez piquant de voir la plupart des gens de gauche – dont toi, apparemment – se déchaîner contre le fascisme tout en oubliant sans complexe le bilan vrai des stalinismes. J’ai suffisamment écrit sur le sujet pour ne pas y insister : le fascisme et le racisme sont pour moi des ennemis, des ennemis mortels, avec lesquels je n’ai jamais songé à transiger.

    Mais la vraie question est ailleurs. Pourquoi cette indifférence pour les dizaines de millions de morts du communisme réel, le seul à avoir jamais existé ? Oui, pourquoi ? Tu oses avancer une généralité sur Cuba, dont je doute, dans ces conditions, que tu saches grand chose. Je constate que tu ne dis mot de la RDA, disparue en 1989 seulement, ni de la Chine corrompue d’aujourd’hui, défendue contre les moines tibétains par M.Mélenchon. C’est bien ton droit, mais quelle leçon pourrais-je en retirer ?

    Moi, je crois et je suis convaincu que des pensées neuves ne peuvent surgir que par la plus grande clarté sur les impasses tragiques du passé. Pour toi, « Les idées, les concepts n’en sont pas affectés et continuent de briller ». Je te laisse volontiers de si audacieuses affirmations. L’important serait donc l’idée, et non la réalité ? C’est intéressant.

    Un dernier point : oui, je ferraille. Oui, je cogne. Pas sur tous, mais sur beaucoup, il est vrai. Avec maladresse parfois ? Injustement d’autres fois ? En m’isolant à l’occasion ? Mais oui, j’avoue tout, sans qu’on me presse davantage. Mais j’ajoute que je sais m’excuser et, si l’on me montre mes erreurs, les reconnaître. Si tel ne devait pas être le cas, et cela m’est fatalement arrivé, je ne réclame qu’une seule chose : qu’on me reprenne. Qu’on m’aide à me corriger. Je ne me sens pas menacé par la faute.

    Au moins, tu reconnaîtras – je l’espère – que je ne me suis jamais présenté comme un modèle de quoi que ce soit. J’essaie d’être un homme, ce qui est une occupation à plein temps.

    Bonne nuit à tous,

    Fabrice Nicolino

  30. Bonsoir,

    Fabrice, vous permettez? Non? Je passe outre …

    Bonsoir Mr Janot Lapin,

    « Ce qui paraît prédominer ici, de plus en plus, c’est la déploration. Les pleurs sur les atteintes à la nature… Après une canonnade récente contre Mélenchon et aussi, un peu, contre Eva Joly, tu as rédigé un article sur les oiseaux tués par l’ingestion de déchets en plastique dans l’Océan Pacifique. Tu joignais une vidéo : la beauté sublime de la nature, puis son saccage, les cadavres des oiseaux. Et tes commentateurs, pour ne pas dire tes groupies, de venir pleurer ici… »

    Fan, groupies. Oui, oui, c’est cela même. Pire encore! 🙂 Tout les soirs, nous attendons au pied de l’immeuble de Fabrice, dans l’espoir d’obtenir un autographe de notre « idole ».

    J’aime beaucoup Fabrice et il se trouve que nous avons les mêmes « avis » sur de nombreuses choses. Fabrice à le don de pouvoir mettre des mots dessus. Les mots justes pour ce qui est REALITE. Les mots que tous, nous n’avons pas. Et cette REALITE est triste. Triste à lire, à entendre, à encaisser. Et surtout triste à pleurer. Mais ne vous méprenez pas, les pleurs ne sont pas forcément signe de déséquilibre moral, ils sont guidés par le coeur, et cela s’appelle de l’empathie.

    « Au final, c’est pleurer sur sa propre impuissance. »

    Pardon? Vous faites des déductions bien hâtives, en parlant d’impuissance. Pleurer est une chose, l’impuissance en est une autre. Impuissant de quoi?
    De ne pas pouvoir faire comme nous le voudrions?
    De devoir nous plier aux lois qu’ils nous dictent?
    N’est impuissant que celui qui ne veut aller de l’avant, et qui s’en remet aux autres.
    Contournement, cela vous dit?

    « Pourquoi laisses-tu s’exprimer chez toi, sans remarques, des militants de l’abstention qui attendent la catastrophe pour en jouir ? »

    Bouh! Nous n’attendons rien! Nous oeuvrons aujourd »hui, à l’instant pour un monde plus juste et meilleur. Je suis absentionniste, et je le revendique haut et fort. Je respecte ceux qui veulent voter, et n’impose à nul mon choix. Si les votant désirent déléguer, libre à eux. Leur abus de confiance les perdra, peut être, surement, … Suis pas voyante, mais intuitive.

    Politique. Peu importe le « grand vainqueur ». Il ne l’est que parce que « ailleurs », c’est décidé ainsi. Attention les oreilles! Et il baissera son froc, dès que les « ailleurs » se manifesterons et dicterons leur politique. Politique et argent vont de pair. C’est ainsi que le monde tourne. Et il ne tourne pas pour tous et toutes, mais une infime partie qui se partage le gâteau!

    « J’invite ceux et celles qui auraient été choqués ou bousculés, ou se sentiraient concernés par le mot ou le problème de la déploration de rechercher le sens de ce mot dans un gros dictionnaire »

    DÉPLORATION, subst. fém.
    Action, fait de manifester des sentiments de douleur, de compassion, de simples regrets ou lamentations.

    C’est bien ce que j’ai écrit. Empathie.

    « J’invite ceux et celles qui auraient été choqués ou bousculés, ou se sentiraient concernés par le mot ou le problème de la déploration de rechercher le sens de ce mot dans un gros dictionnaire »

    Du tout. Pas choquée ni bousculée. Concernée par la déploration. Oui. Parce que je me sens humaine. Et ce que certains osent faire, à tout ce qui représente l’humanité, est bien plus que triste.

    http://www.insecula.com/oeuvre/O0020740.html

    —————–

    Pour le reste, Fabrice sera plus en mesure de vous satisfaire.
    Mon savoir s’arrète au niveau du trèfle.
    Les lapins le savent, et coupent souvent le trèfle sous les pieds.
    Resultat? Ballonnement.
    Ensuite, pauvres choux, ils se lamentent …

    🙂

    Cordialement,

  31. 🙂

    Ben, voila …

    Mr janot lapin, vous voyez?

    Pendant que j’écrivais ma modeste tartine de pain sec, Fabrice à mise la sienne, avec beurre et confiture.

    Je vous donne ma parole d’honneur que je n’ai pas vu son billet avant d’envoyer le mien.

    Nous nous rejoignons sur le mot HUMAIN. Et c’est essentiel. Essence Ciel. 😉

    Bonne nuit,

  32. 🙂

    Impuissance et avancement.

    Qui oserait seulement penser qu’il avance?

    Ne vous inquiétez pas d’avancer lentement, inqiètez-vous seulement si vous êtes arrêté.

    Proverbe chinois

  33. A part deux regroupements des voix à gauche, la situation électorale a peu changée depuis 2002.

    Malgré 10 années de dérives, dont les 5 dernières ont été les pires de la 5ème république que ce soit au niveau social, environnement, économique, morale…, malgré l’épuisement des ressources, le racket des banques et des fonds de pension, malgré la crise écologique. La majorité des Français sont des veaux et la propagande fonctionne bien.

    A nous d’agir plutôt que de perdre du temps à nous tirer dans les pattes.

  34. @ Janot Lapin

    Savez-vous que l’on peut partager beaucoup de réflexions et d’avis avec quelqu’un sans pour autant en être un admirateur béat et l’idolâtrer ! Laissons cela aux dévots des politiciens manipulateurs qui savent si bien faire prendre aux électeurs les vessies capitalistes pour des lanternes socialistes.

  35. Janot Lapin

    Et si dans le rôle de Freud il y avait les votants, et dans celui de Jung les non-votants ?

    Inenvisageable bien sûr.

  36. Je ne suis pas melanchoniste et je partage l’analyse politique sur le fait qu’il se dit l heritier des communistes qui sont responsables de dixaines de millions de mors dans le monde et qu’il que de plus il préfère un Tibet Chinois à un Tibet dirigé par des moines pacifistes. Mais si on compare le nombre de voix et pas les pourcentages entre 2002 et 2012, l extreme gauche obtient 3933473 voix en 2002 et 4688075 voix en 2012 cequi fait tout de meme 754 602 voix de plus !

  37. « Non, nous sommes dans un moment de grande souffrance, et cette souffrance, chez moi en tout cas, s’exprime aussi par la déploration, qui est un magnifique sentiment humain, ne t’en déplaise. Si j’en restais à ce point, cela serait sans doute ennuyeux, mais depuis quatre ans et demi que j’ai créé Planète sans visa, il se trouve que j’ai pu offrir, du moins je l’espère, bien d’autres facettes d’une révolte que je crois globale contre la marche du monde. »
    la tristesse , déploration; la corde sensible, la base de toute notre humanité…et le début de la révolte.
    j’ai tant de peine à voir parfois passer haut les oiseaux dans le ciel, me demandant quel est le sort que leur réserve leur route..Avril est là, et je me demande où sont passés les martinets? la justice elle doit être pour tous les petits vivants de cette terre.
    http://www.youtube.com/watch?v=M85YonmYwfk

  38. Mr Janot Lapin,

    Vous affirmez que « Qui est écologiste et n’est pas de gauche n’est pas vraiment écologiste. Qui est de gauche et n’est pas écologiste n’a pas compris la situation et n’est pas vraiment de gauche ».
    Où et quand des gouvernements « de gauche » ont été convaincants, visionnaires, exemplaires en matière d’écologie ?
    Pourquoi demander à toute force aux écologistes de se réclamer « de gauche » et vilipender et délégitimer ceux qui manquent à ce prérequis ?
    Moi je suis plutôt du genre à penser que le qualificatif « de gauche » est fortement réducteur et nuisible à l’écologie.
    Il me semble justement qu’il faut jeter tous les carcans, les uniformes et les étiquettes si lourdement connotées, si l’on veut ouvrir « sans tuerie ni dictature » de nouvelles pistes qui puissent adoucir la crise écologique.

  39. je connais des gens de droite qui sont de vrais décroissants dans leur mode de vie et des coco (d’anciens cocos) qui gaspillent et dépensent commes des sagouins, pour des raisons légitimes voitures pour fifille et fifils etc…

  40. Fabrice. Je t’accorde que tu ne te poses pas en modèle. Tu n’est pas un modèle, d’ailleurs inimitable. Tu es un leader d’opinion. Et tu m’apparais maintenant comme un franc-tireur de l’écologie.

    A propos de l’arête bloquée dans ton gosier, je me doutais que cela allait gratter un peu. Je te remercie donc de ton attention. Il y a des points sur lesquels je suis pleinement d’accord avec toi, évidemment sur la gravité de la crise environnementale. Il y a des points de désaccords politiques entre nous. Ce sont ceux-là que je désire comprendre de façon à savoir à qui j’ai affaire avec toi. La chose est d’importance et nous dépasse tous deux.

    Cela dit, y a-t-il une tentative distinguée de disqualification de ma part à ton encontre ? Je ne sais pas. Je le répète, mon désir, mon besoin, est de comprendre le problème que tu es devenu à certains égards pour moi et pour beaucoup d’autres que tu as déçus. Grâce à ta réponse à Darken, j’ai un peu avancé dans cette compréhension.

    Mon évocation de la psychanalyse relevait d’une intuition de ma part, sollicitant la tienne et celle d’autrui, passant par ici. A mes yeux, elle est une ouverture. Elle pointe le fait que la réalité n’est pas ce que nous croyons. Et il s’agissait aussi dans mon esprit de permettre l’évacuation d’un trop-plein de vapeur bouillante (d’énergie) pour ensuite accueillir, avoir un contact comblant avec l’Idée. Les archétypes, si tu vois ce que je veux dire. C’est à dire, ce qui nous fonde, nous tient, collectivement et individuellement. C’est bien sûr à Jung, deuxième étage de la fusée analytique, que je pensais. Penser à Freud serait évidemment déplacé, péjoratif à ton égard. Mon initiative est osée mais c’est vrai, c’est à un examen de conscience que je t’invite, non sans un peu d’embarras. Après tout, de quoi je me mêle ?

    Dans ta réponse, tu me dis que : « Pour être direct, la totalité des formes actuelles de la politique (te) semblent on ne peut plus inadaptées à la crise extrême où nous sommes plongés. Et la moindre illusion est une dramatique perte de temps. Insupportable à (tes) yeux. »

    Nous sommes bien dans la politique. Et voilà effectivement une formule directe. Du Nicolino pur sucre. Elle semble être un truisme. D’emblée, on est d’accord, ça ne se discute pas. En réalité, cette formule est fausse. Il n’y a aucun besoin de changer les structures et les formes politiques existantes pour mettre en œuvre la conversion écologique de la société. Ce ne sont pas les formes politiques qui bloquent. C’est, à l’intérieur, la volonté qui n’est pas là. Plus exactement, cette volonté préfère continuer l’exploitation à outrance de l’environnement et des hommes par habitude, conformisme, bêtise et intérêt à court terme. C’est la poursuite de la comédie humaine, malgré les enjeux devenus vitaux pour notre espèce, et tant d’autres…

    Quand tu parles de « la totalité des formes actuelles de la politique » qui seraient inadaptées à la crise, de quoi parles-tu exactement ? Quid de la démocratie ? Tu ne dis pas si tu partages l’actuel profond besoin concomitant de rénovation de la démocratie. Tu le sais, ceux qui, depuis des décennies, pensent ce besoin et cherchent sont de gauche et dans la mouvance écologiste.

    Le besoin de changement est indéfini. Il s’agissait de : « Changer la vie ». Il se manifeste néanmoins dans le concret de la vie, notamment au travers de celui, tout à fait fondé, de rénovation de la démocratie. Les formes de la démocratie sont peu à peu absorbées, phagocitées par la réaction, elles s’usent et doivent être rénovées… On pourrait dire que c’est le jeu, la démocratie est poussée dans ses retranchements pour aller plus loin… Comme si la vie l’éprouvait, l’empêchait de s’endormir sur ses jeunes lauriers et lui demandait : « Que veux-tu vraiment, au fond ? » N’est-ce pas normal ? Ne s’agit-il pas là d’un mécanisme d’évolution ?

    Je le ramène sur le tapis : Jean-Luc Mélenchon proposait une insurrection citoyenne, l’instauration d’une constituante et de passer à la 6ème République ? Voilà une réponse au besoin, voilà une forme nouvelle qui s’offre. On peut la discuter. Mais, sans une forte volonté spécifique, aucune forme politique nouvelle, aucune république nouvelle ne garantira la conversion écologique.

    C’est pourquoi, en l’occurrence, le volet planification écologique est présent. Au passage, il faudrait creuser, ouvrir cette question de la planification. Ce n’est pas fait chez toi. Et pourtant…

    Seconde partie de ta déclaration, tu précises que « la moindre illusion est une dramatique perte de temps. Insupportable à (tes) yeux. » A première vue, c’est pareil, on est d’accord. C’est une évidence. Mais nous voilà confronté à l’impossible, au tout ou rien. Ce qui est faisable, facile et possible, par exemple aller humblement voter pour la candidate écologiste, est dédaigné. C’est participer au blocage de la situation. C’est jouer la carte du pire. Non, nous ne sommes pas tenus à l’impossible, seulement au possible – que nous ne faisons d’ailleurs pas et qui serait déjà beaucoup et probablement suffisant.

    Soumet un enfant au schéma mental que ta formule nous impose, et tu le rendras fou. Et dépendant de toi car tu fais acte d’autorité. Je questionne ta stratégie dans ses tréfonds au regard des fins recherchées. Je pointe un éventuel non-dit de ta part qui nous contamine et dont la projection est cette vision figée et décourageante de la situation, associée à l’injonction de faire l’impossible. C’est être intransigeant. C’est la pureté révolutionnaire… Pas étonnant que tu sembles vouloir tout saccager dans la mouvance écolo, sauf quelques rares purs qui ont droit à des louanges. L’âge mental de cette attitude, c’est trois ans. Elle est dévastatrice.

    La rare conscience que tu as de la gravité de la crise est ainsi couplée chez toi à une intransigeance qui, au choix, affole ou paralyse les compteurs. A mon humble avis, il conviendrait de distinguer entre la conscience aiguë de la crise qui est nourrie par un diagnostic, et la tentation de l’injonction du tout ou rien. Qui veut avancer à toute vitesse pourrait faire du surplace…

    Dans le champ pédagogique qui est son domaine, ton injonction dévore l’espace d’autrui, alors que nous avons besoin d’additionner nos forces, d’ajouter les façons des uns à celles des autres… Il y a dans la pensée écologiste, l’idée de la pluralité des choses et des initiatives. Et c’est alors, quand elles s’épanouissent, l’apparition entre elles de coïncidences inattendues. Illustration du phénomène de synchronicité découvert par Jung. C’est à cela qu’on sent, qu’on sait que quelque chose est constellé dans l’inconscient, selon le terme de Jung, que la mayonnaise prend, que l’engagement écologiste, né de la multiplication des prises de conscience individuelles, est profond et devient fructueux.

    Pour le moment, après plus de quarante ans de travail acharné d’information et de formation politique fait par les écologistes et leurs alliés, elles ne sont pas encore assez nombreuses ou pas assez irruptives. Le système en place écrase l’imaginaire. Il divise et parvient à corrompre les esprits, y compris nombres d’esprits brillants. Il use à fond de la stratégie du choc…

    Pour libérer les imaginaires, il faut soulever le couvercle politique qui pèse sur eux. D’ailleurs, tu « crois avec force qu’il est nécessaire de bâtir de tout nouveaux outils politiques. Quand (tu) écris nouveaux, (tu) pense(s) nouveaux. » Ceux portés par Mélenchon seraient donc anciens… Le Front de Gauche serait une résurgence du stalinisme… Imagine qu’en réplique, je te traite de chien de garde du système ? Nous serions au niveau zéro du débat. Pour moi, le Front de Gauche incarne la recomposition et le réarmement intellectuel de la gauche française. Il apporte une réponse au besoin de rénovation démocratique. Il vient rappeler à chacun les fondements de la République. Il rappelle aussi, à tous ceux qui la violent ou l’oublient, sa devise : Liberté Egalité Fraternité. Il fait observer que la France à un rôle à jouer en Europe et dans le monde, et que ce rôle pourrait être exemplaire au regard des enjeux actuels. Cela dérange beaucoup de monde. Je ne pensais pas devoir te compter parmi ceux-là.

    Cela précisé, avec qui pourras-tu construire ces outils nouveaux que tu souhaites, dans quels délais vu l’urgence, quelles seraient leurs formes, et comment pourraient-ils échapper à « la moindre illusion » qui serait une perte de temps insupportable pour toi ?

    Tu n’as pas le début d’une solution et tu attaques ceux qui en ont pensé et construit une, ont des moyens politiques et avaient pour objectif de la mettre en œuvre dès aujourd’hui, et sinon d’exercer sur le futur président rose, s’il est élu, une pression en faveur d’une politique moins brutale sur le plan économique et plus écologique.

    En outre, je ne te donne pas un mois pour claquer la porte de toute nouvelle forme politique créée. Ainsi, sur ce point, tu dis des choses en l’air sans pouvoir les croire un instant si tu y regardais de plus près, des choses mystifiantes. En fait, dans cette histoire, ne serait-ce pas ton confort intellectuel et psychologique qui serait protégé ?

    Evidemment, l’application du programme du Front de Gauche instaurerait un bras de fer avec les puissances économiques et financières et ne serait pas sans risques. L’immobilisme et la politique du pire que tu entretiens avec d’autres sont-il sans risques ? Je te laisse les mesurer et les comparer.

    Un mot de plus à propos de Gossement, tu estimes « nécessaire de moquer le jeu déjà fort actif de ceux qui entendent dominer la scène publique de l’écologie officielle au cours des prochaines années. » D’accord, mais franchement pour quel résultat, écologiquement parlant ? Et tu mets des photos des deux personnes que tu désignes à notre vindicte. C’est un peu délicat. Attention, Hulot a reçu des épluchures sur la tête à Notre-Dame-des-Landes…

    A propos de la déploration, je t’accorde que cela peut être, par-delà d’éventuelles névroses, un magnifique sentiment humain. C’est ce que j’ai signifié en proposant à ceux qui auraient été dérangés par ce mot d’ouvrir un dictionnaire. Il désigne un thème de tableau très particulier, celui de la Déploration du Christ…

    Venons-en à la question, clé selon toi, du stalinisme. Elle n’est pas pour moi le point le plus important de la situation. Je ne sache pas que les écologistes débattent de ce problème. Le point est fait et bien fait depuis longtemps sur cette folie. Le consensus est total. Cette question est par contre, de ton fait, le point dur, le trou noir de notre affaire.

    Tu écris qu’il est « assez piquant de voir la plupart des gens de gauche – dont (moi), apparemment – se déchaîner contre le fascisme tout en oubliant sans complexe le bilan vrai des stalinismes. » Tu m’as déjà sorti cet argument autrefois. C’est gros, très gros. Je ne vois pas ce que j’ai jamais pu écrire qui puisse te laisser penser une seconde que je me déchaînerais contre le fascisme tout en oubliant le bilan des stalinismes. Si tu fais une telle erreur à mon sujet, c’est un problème. Est-ce qu’il te manque des antennes pour me percevoir correctement ? Dans ces conditions, toute communication entre nous est bancale et compromise à terme.

    Mon cas ne compte pas, bien sûr. Par contre, l’attitude que tu prêtes à la plupart des gens de gauche mérite qu’on s’y arrête. Et si, au travers du Front de Gauche, tu crains la résurgence d’une dictature communiste, il faut le vérifier. Il faut mener une enquête, il faut rencontrer les gens sur le terrain. Il semble que tu te contentes d’impressions à distance, et que tu lances des anathèmes sans autre motifs que des craintes fantasmatiques. Tout cela fait beaucoup de questions sur ton positionnement politique et humain et sur l’exercice un peu déroutant de ta liberté intellectuelle.

    Précisons, car cela peut égarer les esprits, qu’il y a un mélange de vrai et de faux dans ton affirmation concernant la plupart des gens de gauche. Il est vrai que le fascisme et le nazisme sont plus présents dans nos préoccupations que le stalinisme. C’est normal, c’est parce que le fascisme et le nazisme sont de notre monde. Ils nous ont concernés directement. De plus, la bête n’est pas morte. Tandis que le stalinisme est une horreur étrangère, une horreur d’un autre monde.

    Où vois-tu, à gauche, « cette indifférence pour les dizaines de millions de morts du communisme réel, le seul à avoir jamais existé » ? La plupart des gens de gauche seraient donc des monstres d’insensibilité. Comment te suivre sur ce terrain ? Comment construire quelque chose ensemble avec un tel conflit sous-jacent ? Si tu déformes les choses sur des sujets aussi brûlants, c’est très embêtant, et en l’occurrence outrageant.

    Je crois sincère ton intérêt pour le drame du stalinisme. Cela t’appartient et ne me pose pas de problème. C’est plutôt tout à ton honneur. Sauf si cela devient une fixation polluant notre relation. Mon mouvement en sortant du silence pour venir vers toi était donc de te dire : « s’il te plaît, arrête, pose ce sac. Cesse de le traîner partout. Ou vide-le, écris sur cette histoire. Et tu verras ce qu’il y a derrière. »

    Je viens d’avoir une nouvelle idée. Celle de la désinformation pure et simple à l’encontre de la gauche. C’est une stratégie classique de la droite et de l’extrême-droite. Dans ce cas, je perdrais mon temps ici. Voilà où j’en suis de mon questionnement à propos de ton attaque virulente contre Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche et des accusations que tu portes contre la plupart des gens de gauche.

    Un mot sur le Tibet. Voilà une réplique de ton malentendu à mon égard. J’ai en horreur la dictature chinoise. Je désapprouve évidemment l’invasion du Tibet et les actes de torture et d’éradication de la culture tibétaine – que je connais un peu, assez pour en deviner la valeur.

    Normalement, vu ce que tu penses de faux sur moi et sur la gauche, nous ne pouvons plus avancer. Tu ne vas quand même pas parler avec un complice du stalinisme… Sauf qu’il y a là un gros problème pour toi et nous car l’écologie a intégré les valeurs de gauche au point qu’on ne peut pas démêler l’une de l’autre : il n’y aura pas d’écologie vraiment mise en œuvre sans justice sociale et réciproquement.

    C’est ça la révélation nouvelle. Mélenchon l’a compris. Et toi l’écologiste installé, tu viens de passer à côté… C’est sidérant. C’est cela, et cela seulement, qui a permis à Mélenchon, il le dit, il le sait, il le démontre, de refonder la pensée de gauche, pensée dont tu devrais être pétri non parce qu’elle est de gauche mais parce qu’elle est pertinente. Cette prise de conscience ne pouvait venir que de la gauche. Les écologistes conséquents étant convaincus depuis longtemps : ils savent que l’écologie est incontournable pour celui qui veut penser la politique.

    Et si l’écologie est incontournable, que fait-on de la question sociale qui est la question parallèle ? La traitera-t-on par la charité (de droite) ou par la justice ? La traiter par la charité, c’est réduire la parallèle à un segment plus ou moins grand… On peut aussi traiter l’écologie par segments plus ou moins grands, c’est ce que fait la pensée de droite. C’est oublier que les parallèles se rejoignent à l’infini. De même, l’écologie et la question sociale se rejoignent dans l’infini de leur sens, se marient dans l’infini du Sens. Et c’est ainsi, par le Sens, que l’on sort de ce dilemme, que la gauche vient de sortir de ce dilemme. Cela est donné à tous. Cela est en partage.

    Tu as évoqué la nécessité d’un changement de paradigme. Es-tu sérieux ? Ne sens-tu pas que cela impliquerait une écoute sans préjugés. Ne vois-tu pas l’incompatibilité entre l’idée de changement de paradigme et ton parti pris, ta rancune à l’encontre de la gauche. Il faut d’abord élucider cette querelle. Ouvrir ce sac.

    Avançons. Tu crois et es « convaincu que des pensées neuves ne peuvent surgir que par la plus grande clarté sur les impasses tragiques du passé. » Je suis d’accord à condition que l’on ajoute : pas seulement par la plus grande clarté sur ces impasses. Mais pour te suivre sur ce point, en espérant ne pas te fâcher par ce choix, je vais prendre l’exemple occidental du nazisme. Indépendamment de l’entretien de la mémoire de l’holocauste, je considère, en application de ce que j’appelle l’écologie de la pensée, que nous devrions faire plancher des chercheurs, des intellectuels, des penseurs sur les causes connues et surtout sur celles obscures du nazisme qui, à mon avis, ne s’explique pas par les seules raisons économiques. C’est probablement une affaire anthropologique. Premier constat à poser : nous, occidentaux, avons aussi été acculturés. Quels furent, quels sont les effets de ces acculturations ? Y a-t-il des remèdes, quels seraient-ils ? La bête a de gros sabots, elle laisse énormément d’indices, des fils dépassent. Il suffirait de les tirer. Pourquoi n’est-ce pas fait ?

    Autre chose. Le changement de paradigme dont tu pressens le besoin ne consistera pas en un changement d’idées qui ne pourront que modifier les problèmes. Nous le savons tous confusément. Si un changement d’idées permet la survie de l’homme et de l’écosystème planétaire, très bien, mais cela ne règle pas le problème existentiel de l’homme. D’où le scepticisme et le désabusement vis-à-vis du monde… Je renvoies à Pascal… Nous débouchons donc sur la philosophie, la métaphysique, le problème des religions et plus généralement de la spiritualité, celui qui a finalement fracturé la relation entre Freud et Jung et qui reste pendante, non résolue…

    Ainsi, le changement de paradigme dont tu pressens la nécessité ne pourrait exister vraiment, non pas seulement avec des idées nouvelles aussi nécessaires soient-elles, mais avec la compréhension non intellectuelle, la compréhension vécue du phénomène même de l’idéation dans sa relation à la conscience, c’est à dire : accéder à la connaissance de celui ou cela qui connaît. Tout, ensuite, se réorchestrerait.

    Tu parlais dernièrement de « sauter dans le vide »… Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. J’ai bien entendu mais que veux-tu dire ? Pourrais-tu développer ? Sauter dans le vide est encore une action d’un moi. Ne s’agirait-il pas plutôt de se laisser tomber dans le vide, de se laisser aspirer par le vide. Pour le découvrir vivant. Et laisser enfin le moi disparaître dans sa nullité fondamentale.

    Quand « tu revendiques sans complexe » ton « impuissance à avancer » et que tu me demandes si j’ose seulement penser que j’avance, ce qui te stupéfierait, de quel endroit parles-tu ? Je réponds que je ne prétends à aucune avance, sauf à dire que l’impuissance dont tu parles peut se vivre de deux façons : dans l’idée que c’est plié, qu’il n’y a pas d’espoir, ou dans l’idée que ce n’est pas plié et qu’il y aurait bien des voies de connaissance aussi bien actuelles que semblant venir de la nuit des temps. Immédiatement après mai 68, dans la mouvance écologiste, une fenêtre avait été ouverte sur ce jardin et l’est restée. Tu sembles l’ignorer. C’est restreindre le champ de nos investigations. Alors ? Où allons-nous ? Droit dans le mur, mais encore ?

    Revenons au sol. Voilà donc les points que je place sous le microscope. Je n’établis pas de hiérarchie entre eux. Le plus trivial à mes yeux : ton abstentionisme quasi militant est celui que j’interroge en premier. Au regard de l’écologie, il n’est pas une solution mais un symptôme de décomposition morale qui est de mauvais augure.

    Quoi qu’on dise du parti écologiste et de ses membres, mieux vaut voter pour ses candidats que s’abstenir car le vote manifeste le souhait de mesures écologistes. Plus le score est élevé, plus le souhait est fort. Il est plus facile de s’imposer et de construire sur un souhait fort que sur un souhait faible. Et voter n’empêche rien par ailleurs, au contraire, cela lève une barrière et autorise.

    Tu conclus ta réponse à mon commentaire en disant que tu essaies d’être un homme. Je te crois en considérant toutefois que les valeurs de gauche, qui sont humanistes, devraient être les tiennes. Ne viens pas me dire qu’untel qui est de gauche est trop ceci ou pas assez cela, que la gauche a failli en telle et telle occasion. Ce n’est pas un argument. C’est un échappatoire. A qui t’adresses-tu, à qui peux-tu t’adresser si tu transportes des concepts déformés sur la gauche et ce qu’elle représente ?

    Salut à toi et à tous.

  41. Janot Lapin,

    Je prends acte de ta réponse, mais c’est tout ce que je peux faire. Je constate que je ne suis pas parvenu à me faire comprendre de toi – et donc de tant d’autres – et j’en suis bien désolé. Mais je n’y puis plus rien.

    Je suis en rupture complète et définitive avec les repères qui sont les tiens. Ce n’est ni de ta faute, ni de la mienne.

    Fabrice Nicolino

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