Une réponse à Hervé Kempf (sur les violences de Nantes)

Une précision s’impose : j’ai de l’affection pour Hervé Kempf et pour sa famille. Je connais Hervé depuis certain jour de 1988 où il vint me voir en compagnie d’un ami commun, Hervé Delouche. Il lançait son premier magazine Reporterre, pour lequel j’écrivis – difficilement – une notule sur le chant des oiseaux, parue dans le numéro 1. Nous nous sommes vus régulièrement depuis, et j’ai écrit pour son site d’information en ligne (ici) une série d’articles sur la Ferme des 1 000 vaches, parue début janvier 2014 (ici).

Ceci posé, je n’ai pas du tout aimé son édito à propos des violences de Nantes, samedi passé, que vous trouverez plus bas (ici). J’ai donc décidé de lui répondre, sous la forme d’une lettre ouverte. La voici :

Cher Hervé,

Franchement, non. Dix fois, cent fois non. Ton éditorial intitulé Le mirage de la violence ne passe pas, et ne risque pas de me plaire davantage demain ou l’an prochain. Je vois, car je sais encore lire, qu’il n’a pas été facile à écrire. À regarder dans les coins, il est aisé de trouver dans ton texte des explications à la violence qui fleurent presque la justification. J’aurais bien aimé, et je ne dois pas être le seul, que tu fasses parler davantage Dominique Fresneau, pilier de la bagarre, qui explique avec détermination : « Pour défendre notre terre, on est prêt à la violence ». Oui,  j’aurais aimé.

Au lieu de quoi, tu t’es laissé entraîner sur la voie moralisatrice, qui me semble, cette fois plus que d’autres encore, déplacée. Je te cite : « Il faut rappeler que la libre volonté de chacun doit s’harmoniser avec l’utilité collective et avec le bien commun. Sinon, elle n’est qu’une forme de narcissisme qui ne vaut pas mieux que l’égoïsme capitaliste ». Pour faire bon poids, tu n’as pas hésité à utiliser le vocabulaire habituel des pouvoirs en place, en parlant d’une « provocation dangereuse et fautive ». Et celui des antigrévistes de toujours, en estimant que la manifestation aurait été « prise en otage ».

Vains dieux ! Vingt dieux ! J’ai l’âge d’avoir eu 15 ans en 1970, et comme j’ai participé pendant des années à – presque – toutes les manifestations parisiennes de l’après-68, je puis dire que j’y ai vu la violence de très près. Les staliniens de l’époque – le PCF -, si puissants encore, nous traitaient comme de la vermine. Nous étions des diviseurs, des suppôts du capital, des stipendiés de la droite. Celle-ci par ailleurs – Pompidou, puis Giscard -, nous accusait d’avoir fait des stages de « guérilla urbaine » – expression reprise ces derniers jours par le ministre Valls et le député de Rugy – à Cuba et créait des législations spéciales aujourd’hui oubliées, comme la loi dite « anticasseurs ».

Il eût fallu ne pas bouger un orteil. Il eût fallu défiler sagement de Bastille à Nation, avant de rentrer se coucher devant la télé. Seulement, nous ne voulions pas. Nous voulions l’affrontement avec ce monde. Et si nous n’avions pas assumé le conflit, y compris sous ses formes violentes, ces années comprises entre 1968 et 1981 n’auraient jamais permis de dégager de nouvelles visions du monde, dont celle de l’écologie. La violence de ce temps disparu exprimait la profondeur du dissensus. En effet, il y avait eux, et nous. Dans ces conditions, il me paraît bien étrange de condamner comme tu le fais, en 2014, la violence qui a accompagné de si près la jeunesse révoltée d’il y a quarante ans.

Mais poursuivons. Crois-tu sérieusement qu’on parlerait encore de Notre-Dame-des-Landes sans eux ? Penses-tu – mais dans ce cas, écris-le ! – que les traditionnelles protestations auraient permis à elles seules de bloquer ce foutu chantier ? Moi, je suis certain que la détermination sans faille des zadistes – dont un nombre x sont aussi jeunes et violents que je l’ai été – a permis la création d’un rapport de forces favorable à notre combat commun. Attention ! Je ne prétends pas qu’ils auraient suffi, car je suis sûr du contraire. Il fallait aussi, bien entendu, la mobilisation des habitants, des paysans de la Conf’, de la gauche non inféodée et même – je ne suis pas aveugle – celle pourtant si contestable du parti de François de Rugy et Cécile Duflot. On appelle cela la dialectique, complexe machinerie sociale et politique sans laquelle aucune lutte n’est victorieuse.

Allons plus loin. Si la cause de Notre-dame-des-Landes apparaît désormais comme sacrée aux yeux de milliers de personnes, c’est aussi et peut-être surtout parce que les zadistes ont su mettre une touche de tragique dans les événements. Oh ! j’entends déjà les ricanements. Du tragique, maintenant. Eh bien, j’assume. L’histoire des hommes est tragique et il arrive – hélas – des moments où l’on est contraint de s’en souvenir. En faisant monter les enjeux, en montrant clairement qu’ils étaient prêts à payer un prix plus élevé que d’habitude, les jeunes de la ZAD ont dessiné les contours d’une lutte véritable. Où l’on prend des risques, où l’on reçoit des coups, où l’on en donne, où bien des choses désagréables peuvent arriver. Dont la prison, au mieux.

Sans que personne n’ose le formuler à haute voix, c’est l’odeur de la mort qui explique pour partie la nature de la mobilisation en cours. Que cela se vérifie ou non – j’espère de toutes mes forces que cela ne sera pas le cas -, le pouvoir, ses pseudopodes, ses affidés, et nous tous d’ailleurs avons compris que tout cela était sérieux. Que des affrontements pouvaient conduire à la mort de certains. Qu’il existait une limite à ne pas franchir, faute de quoi, ce serait l’irréparable. Les zadistes ont montré et montreront probablement qu’ils sont des combattants de première ligne. Pas des héros de bande dessinée. Pas des vedettes de cinéma à qui il faudrait demander un autographe. Non. Des fantassins dans une guerre désormais inexpiable entre ceux qui se couchent, profitant des dernières miettes du festin, et ceux qui continuent à dire non.

L’impensé radical de ce temps, Hervé, c’est celui de la violence. Nous voudrions, je voudrais moi le premier que nous sortions de ce cauchemar sans qu’aucune férocité ne soit nécessaire. En espérant contre l’évidence que rien n’est inévitable et que si tous les gars du monde voulaient bien se donner la main, ce serait mieux pour tous. Mais tel n’est visiblement pas le cas. Cracher aujourd’hui sur les encagoulés de Nantes, c’est s’interdire demain de réfléchir aux moyens de changer l’ordre des sociétés humaines. Je suis navré de te le dire, mais à mes yeux, en prenant ce parti, tu fermes une porte massive, qui ouvre pourtant sur un débat vital. Jusqu’à quel point accepter ? Jusqu’à quel point  retroceder, comme on dit en castillan ? Jusqu’à quel point perdre ?

La question de la violence est fondamentale. Pour ce qui me concerne, j’estime être non-violent. Nullement par inclination, mais grâce à une réflexion étendue sur des décennies. Je pense que les jeunes de Nantes ont été gravement utilisés par nos adversaires habituels, à qui, soit dit en passant, tu rends toi aussi un signalé service. Car avec des points de vue comme le tien, il est clair qu’il deviendra peut-être impossible de manifester à Nantes ou ailleurs, comme le dit d’ailleurs sans détour l’impayable François de Rugy. Mais je reprends : la violence de samedi dernier aurait dû selon moi prendre d’autres formes, qui demeurent, je le reconnais, à imaginer. Comme elle s’est déployée, elle répète inutilement les formes passées, permettant aux pouvoirs coalisés de la présenter sous l’apparence ordinaire du désordre. Elle s’inscrit dans un schéma mental qui permet toutes les manipulations. On vient masqué, on casse, on se tire, on est des vilains, on est des vilains Allemands.

Je n’ai pas l’air, mais je suis contre la violence. Elle a fait un mal immense à tous les projets de transformation sociale, car elle permet tôt ou tard l’éclosion de corps spécialisés qui s’arrogent peu à peu tous les pouvoirs. Elle est fondamentalement un pouvoir, et ceux qui ne parlent pas sa langue devront finalement s’y soumettre. Je suis contre la violence, mais je sais que nous avons un besoin essentiel de la force, de l’énergie, de la détermination qu’elle contient. En somme, je crois qu’il faut la chevaucher en espérant la maîtriser pour la mettre au service commun. C’est une utopie, j’en conviens, mais elle est plus conforme à ma morale personnelle que la condamnation vertueuse des si modestes barricadiers de Nantes.

Enfin, et je me répète encore, encore et encore : quand débattrons-nous ? Quand pourra-t-on en parler, autrement que dans l’urgence ? Il est bien étrange de prétendre d’un côté que le monde est tenu par des oligarchies tournant le dos à leurs peuples et à la démocratie, et d’attaquer de l’autre 500 jeunes exprimant à leur façon leur profond dégoût d’une société humaine en déroute.

PS : Au fait, qu’est-ce que la légitimité ? Il y aurait un mouvement estampillé, sérieux, obéissant à la raisonnable raison, et puis la chienlit ? Il y aurait les vrais opposants et les autres ? Il y aurait les gentils zadistes qui font des maisons dans les arbres, refusent l’argent, plantent des carottes, et les affreux Black Blocs, ces « anarchistes allemands » de toujours ? Il n’y a qu’un mouvement, le nôtre. Les zadistes sont des nôtres. Les jeunes encagoulés sont des nôtres.

———————————-

Le mirage de la violence

Hervé Kempf

lundi 24 février 2014

Les provocations de samedi ont mis en danger les manifestants et affaiblissent la lutte.


La manifestation qui s’est déroulée le samedi 22 février à Nantes est une étape notable dans l’histoire de la lutte contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes.Les médias institués auront retenu l’aspect spectaculaire de la confrontation de plusieurs centaines de provocateurs, venus pour en découdre, avec les forces de police. Cette violence a permis au ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, de réagir presque en direct, en fin d’après-midi, pour la stigmatiser et donner le ton de la réaction officielle.Mais cette expression violente ne saurait faire oublier l’autre volet crucial de cette folle journée de Nantes : une mobilisation jamais atteinte dans la ville même, avec plus de trente mille manifestants et plus de cinq cents tracteurs. Ce succès atteste que la détermination populaire contre ce projet d’aéroport reste extrêmement forte.En revanche, l’image de violence projetée par la manifestation l’a détournée de son but. Il ne fait pas de doute que les images des désordres à Nantes vont marquer l’opinion publique et être utilisés par les promoteurs du projet, sur le mode d’un syllogisme simplificateur : « Les opposants sont violents, donc il est légitime de faire l’aéroport ».Au demeurant, les lieux détruits ont été précisément choisis : un bureau de la société Vinci, et deux agences de voyage, l’une de la SNCF (contre le projet Lyon-Turin), et l’autre de Nouvelles frontières (qui promeut des voyages en avion). Il n’y a pas eu de destruction généralisée, de volonté de saccage, de pillage. Les destructions avaient un sens politique, comme l’ont été le tagage d’un commissariat ou de l’hôtel de ville ou la destruction de deux engins de chantier. En même temps, il y a eu volonté de provoquer des gendarmes et CRS, massivement présents dans la ville, avec jets de projectiles, fusées, et bientôt pavés de la ligne de tramway, tandis qu’un bureau de cette ligne était incendié.Mais au final, la ville de Nantes n’a pas été mise à feu et à sang, et dès samedi soir, rue de Strasbourg, les voitures des fêtards réoccupaient les trottoirs sans inquiétude

« Pour défendre notre terre, nous sommes prêts à la violence »

Il n’en reste pas moins que la manifestation a largement échappé à ses organisateurs, et que l’image des affrontements a fait le délice des télévisions et sans doute jeté l’effroi dans nombre de foyers.

Comment ont réagi les forces en présence ?

Le préfet de Loire-Atlantique, Christian de Lavernée, a donné dimanche matin sa version, lors d’une conférence de presse à laquelle assistait Reporterre : « Il y a un rapport entre ce qui s’est passé à Nantes et ce qui se passe sur la Zad. (…) Le combat de Nantes est une répétition de ce qui se passerait si les travaux commençaient sur la Zad ».

Dénonçant cette « guérilla urbaine », qui prend selon lui origine sur la Zad, il en a tiré argument pour tenter de rompre l’unité de l’opposition : « Je demande à chaque composante de l’opposition institutionnelle d’exprimer sa position sur les squats. (…) Il faut que l’opposition légale clarifie sa position ».

Du côté de « l’opposition institutionnelle », le ton n’est pas à la repentance : « Dans toute manifestation, il y a des gens dont la violence est le seul moyen d’expression, à gauche comme à droite, dit au téléphone Dominique Fresneau, porte-parole de l’Acipa. C’est un problème de société, ce n’est pas à nous de le résoudre. »

Récusant la responsabilité de l’Acipa – « Nous n’avons rien vu. En fait, les policiers savent mieux que nous ce qui a pu se préparer, ils ont suffisamment de personnes infiltrées pour cela » -, M. Fresneau met les choses au clair : « Pour défendre notre terre, on est prêt à la violence ».

Quant à la position des occupants de la Zad, elle est d’autant plus difficile à déterminer qu’il n’y a pas, par définition, « une » position de la Zad. En tout cas, ils se sont associés au communiqué commun publié dès samedi soir avec l’Acipa et le Copain (Collectif des paysans) : « Il existe différentes manières de s’exprimer dans ce mouvement. Le gouvernement est sourd à la contestation anti-aéroport, il n’est pas étonnant qu’une certaine colère s’exprime. Que pourrait-il se passer en cas de nouvelle intervention sur la zad ? ».

L’avertissement qu’ont voulu lancer les initiateurs de la violence, et le message qu’adressent les asssociations en commun, est clair : si le pouvoir décide de réoccuper la Zad, la défense sera extrêmement vigoureuse.

La manifestation prise en otage

On ne saurait dire si ce type de proclamation est très utile. Mais dans un contexte où le pouvoir a cédé plusieurs fois face aux manifestations – qu’il s’agisse de l’écotaxe ou de la loi sur la famille -, il serait paradoxal qu’il vienne tenter d’affirmer une autorité vacillante en réoccupant la Zad de Notre Dame des Landes.

Il n’en reste pas moins que cette afffirmation violente a fait reculer la lutte auprès de l’opinion publique. Celle-ci est globalement neutre sur ce projet d’aéroport, et plutôt en empathie avec les opposants. Mais les images de pavés lancés par des jeunes gens camouflés et de bataille de rue n’ont certainement pas fait pencher la balance du bon côté.

Et d’autant moins que cette violence a un sens politique douteux : autant elle peut avoir un sens quand il s’agit de se défendre face à une invasion policière, autant elle perd de sa force quand elle se projette en provocation.

Elle a de surcroît pris en otage la manifestation. Quand il y a des débordements, c’est généralement dans les fins de rassemblements qu’elles se produisent. Le fait d’avoir lancé les hostilités à l’égard de la police dès 15 h, au milieu de la foule, alors que des familles, des enfants, avançaient calmement et joyeusement, n’a pas seulement gâché la fête et volé le message que le gros des manifestants voulait porter, elle les a mis en danger. C’est inacceptable.

Pour autant qu’une vision du monde anarchiste – refusant la hiérarchie, prônant la démocratie directe, célébrant l’autonomie – inspire beaucoup de ceux qui ont préparé et opéré la provocation dangereuse et fautive de samedi, il faut rappeler que la libre volonté de chacun doit s’harmoniser avec l’utilité collective et avec le bien commun. Sinon, elle n’est qu’une forme de narcissime qui ne vaut pas mieux que l’égoïsme capitaliste.

Le mouvement de lutte contre Notre Dame des Landes doit réfléchir et assumer pleinement ses responsabilité : anarchistes, citoyennistes, paysans, écologistes, zadistes, et opposants de tout poil ne gagneront la bataille que s’ils restent unis et évitent une violence stérile. Le but premier n’est pas de déclencher « l’insurrection populaire », mais d’empêcher la réalisation d’un projet absurde et de mettre en œuvre des modes de vie différents, anticapitalistes, écologistes et émancipateurs.

112 réflexions sur « Une réponse à Hervé Kempf (sur les violences de Nantes) »

  1. Salut Fabrice,
    Vos positions, la tienne et celle d’Hervé K, illustrent parfaitement la question de la réductibilité des approches environnementalistes et écologistes.
    Sont-elle conciliables ? Non,car elles procèdent de paradigmes plus que différents,opposés.
    L’approche environnementaliste s’inscrit dans un accommodement du système capitaliste, une autre forme de social-démocratie qui conçoit la démocratie comme une pyramide et abandonne la maîtrise de la monnaie. C’est, pour reprendre tes propos — il me semble — comme le supplément d’âme d’une pensée archaïque et certainement pas une façon innovatrice de penser le monde  et ses si nombreux problèmes.
    L’approche écologiste place, par principe, la préservation de notre milieu au-dessus de toutes nos lois humaines. La Nature peut survivre à l’Homme car elle peut entrer en résilience et s’organiser autrement. Les êtres humains doivent aussi s’appuyer sur la résilience, c’est inéluctable. Nous devons admettre que nous allons vivre très différemment. Nous devons admettre que nous avons besoin des autres, d’être ensemble d’où que nous venions, quel que système idéologique nous avons porté jusqu’à présent. Nous devons admettre que nous n’avons pas le droit de faire tout ce que notre imagination nous propose et tout ce que la technologie fouettée par l’économie de marché nous dicte. Je trouve plutôt joyeux d’imaginer que nous pouvons être associés à une telle entreprise. Maintenant, il faut retrouver la lenteur indispensable aux prises de décisions larges, il faut tenter de sortir des références et cadres de pensée familiers pour tisser ensemble mille brins complexes, avec leur logique et leur tension. Pour redonner un sens à nos vies, il nous faut envisager quelques préalables. Le premier est de nous entendre sur une pratique démocratique la plus large, qui ouvre la décision au plus grand nombre et réinvente la représentation. Le second est d’accepter qu’un contrôle démocratique (avec maîtrise de la monnaie) soit exercé par les seuls citoyens. Le troisième, je le répète incessamment, prévoit que l’économie doit être remise à sa place, elle est au service de l’humanité et des êtres vivants qui demeurent à ses côtés dans le respect absolu de la planète et de ses ressources.
    Les tensions entre ses approches radicalement opposées sont-elles solubles dans une non-violence proclamée ? Je pense que non, hélas, et pourtant, il n’y a pas d’autres réponses.
    En attendant la chute annoncée du capitalisme dont des études récentes, américaines je crois, ont mis en lumière la matrice addictive. Allez donc débattre avec des personnes dépendantes !

  2. « Il n’en reste pas moins que cette affirmation violente a fait reculer la lutte auprès de l’opinion publique. »
    Je cite Monsieur Kempf, pourvoyeur de l’opinion publique. Il parle donc en mon nom et le votre, dear sisters and brothers. Et voilà que je me trouve – bien malgré moi – extrêmement choquée par l’attitude des opposants au saccage de la nature du coté de Nantes, …hmmmmm
    Sauf que. L’erreur fondamentale d’une élite intellectuelle ici et ailleurs est d’estimer que le « peuple » (« sheeple » en anglais) n’est pas capable d’autre chose que la pensée unique qu’on veut bien leur implanter. A mon avis, qui (toujours à mon avis) vaut bien celui d’un autre membre de l’opinion publique, ces événements serviront au réveil, à la prise de conscience qu’on joue avec nous. On joue avec notre peur du désordre, de la violence qui pourrait nous atteindre nous aussi, de l’autorité qui pourrait un jour taper à notre porte. On fonce vers le monde d’Orwell. Non, ce n’est pas une fiction. Pour le moment, il n’y a pas grand monde pour nous rappeler que Monsieur Vals n’est qu’un employé – le notre, et que la police existe pour nous et par nous. Et que nous sommes en droit de ne pas subir l’intimidation manifeste de nos employés. Indignons-nous. Vite, vite et bien.

  3. finalement c’est encore un colonialisme à l’oeuvre
    « je te prends tes terres ferme-la »
    je montre à la télé ces vilains casseurs punis par ces gentilles forces du maintien de l’ordre.
    Surtout restez devant votre télé là vous ne risquez rien!
    Mais le maintien de l’ordre à notre dame des landes: que les vaches broutent paisiblement, que dans les zones humides tous les batraciens soient chez eux, qui le fera respecter?

  4. Il est bizarre, le texte de Kempf. Bicéphale, pourrait-on dire. Il note avec pertinence que la violence exercée était politiquement ciblée:

    « Au demeurant, les lieux détruits ont été précisément choisis : un bureau de la société Vinci, et deux agences de voyage, l’une de la SNCF (contre le projet Lyon-Turin), et l’autre de Nouvelles frontières (qui promeut des voyages en avion). Il n’y a pas eu de destruction généralisée, de volonté de saccage, de pillage. Les destructions avaient un sens politique, comme l’ont été le tagage d’un commissariat ou de l’hôtel de ville ou la destruction de deux engins de chantier. »

    Il est conscient qu’elle pourrait bien avoir son utilité, dissuader le gouvernement de passer en force:

    « L’avertissement qu’ont voulu lancer les initiateurs de la violence, et le message qu’adressent les asssociations en commun, est clair : si le pouvoir décide de réoccuper la Zad, la défense sera extrêmement vigoureuse. »

    Il a bien compris que le but du pouvoir est de diviser les opposants, en exigeant que les « calmes » se dissocient des « violents ».

    Et il se dissocie, pourtant.

  5. Gandhi disait « qu’entre la violence et la non violence je préfère la non violence, mais entre la violence et la lâcheté, je préfère la violence ». Ainsi il y a des violences ultimes qui s’imposent d’elles même, cela s’appelle protéger sa famille contre une agression immédiate, cela s’appelle la résistance au nazisme, cela s’appelle protéger les terres et les habitats alternatifs de Notre Dame des Landes contre les destruction policière. Mais à ce moment là cette violence à un noble nom qui est la défense du plus faible, de l’innocent. Mais là, à Nantes, il n’était pas question de défense. Il n’était pas question d’urgence. Il n’était pas question de résistance. Si nous gagnons un jour contre ce projet absurde ce sera par l’union de toutes les formes de luttes, politiques, citoyennes, associatives et alternatives. Les unes ne pouvant gagner seules. Mais la violence sans noble raison, reste de la violence qui dessert toutes les causes.

  6. Tu fais bien, Fabrice, d’ouvrir ta gueule…: tu abordes une question fondamentale…
    Les premiers commentaires le soulignent déjà, surtout le premier de Preska. Très bon, malgré un passage obscur : « nous avons besoin des autres, d’être ensemble d’où que nous venions, quel que système idéologique nous avons porté ». Veut-il dire « quelque soit le système idéologique que nous portions » ? Je pense qu’il aurait dû le corriger…

    Pour en revenir à Hervé Kempf, son édito est d’autant plus bizarre que, par ailleurs, il cosigne avec une autre journaliste de Reporterre un long reportage du détail de la manif, assez différent. Il relate par exemple que dès 15h. les flics perturbent violemment la calme manif, etc.

    En fait la violence a été PROGRAMMÉE par Valls et compagnie. Limitation drastique et tardive du parcours prévu. Accumulation de forces de flics, digne d’un G8. Grilles et canon à eau, lacrymos et INFILTRATIONS de pseudo casseurs (voir fin du film paru sur You Tube), etc. Puis orchestration tapageuse de déclarations du ministre, du maire, etc., reprises en boucle par les médias ad nauseum, pire que jamais veules : sur l’air de « les gentils(=les cons) organisateurs sont otages de 1000 méchants anars-squateurs de la zad »… « heureusement que le régime vous protège bien, soyez tranquille m’am Michu ! »
    On connaît la chanson : ce qui est inquiétant c’est que la presse courageusement auto-libérée du système médias, genre Reporterre puisse parfois s’égarer, comme ici Kempf, à des « états d’âmes » assez saugrenus et contradictoires !

  7. Bruno, je doute que Gandhi aurait apprécie qu’on utilise ses paroles dans un contexte ou la violence sert aussi vocalement la cause d’une autoritarisme rampante. Citons plutôt Orwell à ce stade du délire : “And if all others accepted the lie which the Party imposed—if all records told the same tale—then the lie passed into history and became truth. ‘Who controls the past’ ran the Party slogan, ‘controls the future: who controls the present controls the past.” (Nineteen Eighty Four) (« Et si tous les autres acceptaient le mensonge imposé par le Parti – si tous les archives racontaient la même histoire – alors le mensonge faisait parti de l’histoire et devenait vérité. ‘Qui contrôle le passé’ disait le slogan du Parti, ‘contrôle le future ; qui contrôle le future contrôle le passé. »)

  8. Les manifs et la violence. Le beau marronnier que voilà ! Et bien tout ça ressemble un peu au mariage : pour le meilleur et pour le pire. Des fois on s’aime, des fois on se pougne, mais au final, on continue… Ou on arrête. C’est à mon avis ce que devrait faire sieur Ayrault : arrêter son char ! Même si le gel du projet coûte de l’argent aux caisses de l’État !
    Réduire la manif de Nantes aux seuls agissements de « groupuscules » anarchistes (c’est quand même pas du Ravachol ou du Émile Henry !), plus au moins téléguidés, plus ou moins convaincus, plus ou moins en colère, c’était prévisible et je dirais presque souhaité. C’est arrivé. La belle affaire !
    Qui, du sournois ou du sanguin, mérite l’opprobre ?…
    A quand la prochaine manif ?…

  9. Décidément…erreur. Pardon d’avoir mal traduit Orwell. Crime ! ”Et si tous les autres acceptaient le mensonge imposé par le Parti – si tous les archives racontaient la même histoire – alors le mensonge faisait parti de l’histoire et devenait vérité. ‘Qui contrôle le passé’ disait le slogan du Parti, ‘contrôle le future ; qui contrôle le présent contrôle le passé.”

  10. « De l’Amérique du Nord à l’Europe, la «Sécurité Nationale» est acheté par Big Oil pour mettre en déroute l’activisme pacifique »
    Je souhaiterais que vous regardiez de près cet article bien documenté – et extrêmement troublant – publié par le Guardian il y a quelques semaines.
    http://www.theguardian.com/environment/earth-insight/2014/jan/21/fracking-activism-protest-terrorist-oil-corporate-spies
    Je crois que la tendance est claire ici aussi : l’appareil d’Etat défend désormais les intérêts des multinationales, dont la capacité de dévastation de la planète n’est plus à prouver.
    La criminalisation des Écologistes fait partie de leur arsenal. Et ils savent comment manipuler le Droit. Face à un danger aussi grave, comment réagir de manière « juste » ? (je n’ai pas la réponse)

  11. j’étais dépitée en lisant l’edito de reporterre.Comme un malaise.. .J’etais à la manif,je n’ai plus 20 ans,je me pense comme non violente et pourtant je sens qu’elle est parfois la seule reponse(un peu désespérée)à la violence de ce monde qui m’agresse bien plus que la destruction de 2 abris bus et une agence Vinci.
    Depuis samedi j’entends les nantais se lamenter sur leurs impots ,sur leurs peurs,mais le monde n’évolue pas par la majorité sinon on aurait toujours la peine de mort
    Moi depuis Samedi je me dis que s’ils expulsent la ZAD j’irai …

  12. Si on l’élargit au-delà de Notre-Drame-d’Ayrhollande, la question est donc la suivante: comment changer radicalement mais sans violence ce monde d’une extrême et absolue violence -envers la matière, envers le vivant, la guerre de tous contre tous- en moins de deux décennies (le délai dont nous disposons pour éviter un emballement climatique -l’enfer sur Terre-, ou l’effondrement de la vie dans les océans, ou les deux…)?
    Je n’ai pas la réponse. Lui (ce lien est-il incongru ici?) non plus:
    http://www.pauljorion.com/blog/?p=62605
    Ce n’est sans doute pas la première fois qu’elle est utilisée, mais la métaphore de la grenouille évoquée ici correspond exactement à ce que je pense. Au fond (de la casserole), l’immense majorité des humains n’a aucune réelle conscience de ce qui se passe: la destruction à la fois méthodique et aveugle de sa planète. A laquelle non pas une majorité mais tous (dont moi!) participent. Lorsque la majorité suffisante mais nécessaire pour réagir démocratiquement le réalisera, il sera trop tard. J’espère me tromper. J’ai peur que non.

  13. Pour Lohiel,
    Ici une « terroriste » qui ose répondre à un ministre britannique au sujet des gaz de schiste à la télé nationale : « You are not speaking the truth, sir! …How dare you lie here …shame on you!… They’re being beaten up by the police. The police take an oath to protect life and property. They are being instructed to force through corporate ecocide. …It’s on film… ». (Vous ne dites pas la vérité, Monsieur!…Comment osez-vous mentir ici…honte à vous….Ils se font tabasser par la police. La police prête serment de protéger la vie et la propriété. On leur donne l’ordre de faire passer de force l’écocide des entreprises privées… Nous l’avons filmé.)
    http://www.channel4.com/news/fracking-barton-moss-peter-lilley-vanessa-vine-manchester
    On n’a plus le droit de se taire. Ni ici, ni ailleurs. C’est partout. Tot ou tard cela nous concernera tous personnellement. Faites passer.

  14. Quoi ? La violence ce serait cela ?
    Des devantures taguées,du mobilier brûlé,du bruit, de la peinture,de l’eau et beaucoup de fumée ????
    Dégradations, combat contre les forces de l’ordre,combat contre les manifestants,gestes de colère,mais pas violence !
    La violence, c’est autre chose, ça détruit dans la chair et dans l’esprit.
    Violence contre ce manifestant qui a perdu un œil, oui.
    Violence contre les parents de ce jeune homme et de tous ceux qui l’aiment, oui.
    Ne mélangeons pas tout.

  15. A écouter les soldats de la propagande officielle, la France serait devenue sans que nous nous en rendions compte une sorte de Syrie en miniature.
    Quelle horreur !

  16. Les ZADistes, je les ai côtoyés. Les gens de l’ACIPA, j’en connais les plus concernés. A part une dizaine de personnes au maximum, ces gens-là sont pacifiques comme le laboureur. Entendons-nous bien là. Le laboureur exerce calmement une violence contrôlée sur la Terre avec laquelle il a une vraie symbiose. Fils de paysan, je sais ce qu’il en est. Enfant, j’accompagnais mon père dans les champs, pour certains travaux, donc cela, je le « sens ».

    Les défenseurs de la ZAD sont de ce « bois »-là. Ils apportent à la Terre un contrôle à la fois vigilant et aimant, comme un papa veille à ce que son enfant n’aille pas se blesser.

    Et donc ces défenseurs sont venus en ville exprimer à un Pouvoir un peu obtus une mise en garde : « Touche pas à NOTRE Terre », car elle appartient à tous, et à personne à la fois. Peut-être quelques zigotos excités sont-ils venus aussi, avec l’intention de « s’amuser ». Le saccage de la boutique de Vinci pourrait être leur œuvre, ce serait logique, je ne sais pas.

    En revanche, et les témoignages sont nombreux, il semblait bien que la plupart des provocateurs fussent salariés et eussent des instructions (et du matériel). Il est dommage que personne n’ait pu « dés-anonymiser » l’un d’eux. Il est clair que le Pouvoir voulait sa bagarre, afin de lancer sa propagande aussitôt. Ce n’est pas la première fois.

    Dominique Fresneau a, en une phrase, résumé ce qu’est cette lutte. Cette Terre de la ZAD est devenue LA cause à défendre des prédateurs avides du capitalisme. La défense sera le plus souvent une continuation de la mise en valeur respectueuse de la nature ; en revanche, toute tentative de souiller ce qui est devenu une sorte de sanctuaire, s’exposera à la levée en masse de tout un peuple, désormais. Un peuple réveillé, debout, et responsable, n’en déplaise à des Autorités pour lesquelles cet état de fait est un danger pour leur légitimité, si elles en ont une.

    Nous étions très nombreux, s’il y a une autre fois nous le serons encore plus : mais parions que ce projet ne se fera pas, car il est de toutes les façons déraisonnable.

  17. Attention, Marieline. N’y entrez pas, même sur le point des pieds, dans le jeu de ceux qui cherchent à justifier les canons à eau financés par nous et pour nous. D’abord on salit la réputation des activistes non-violents par infiltration ou plus simplement en portant des masques et en échappant à la police, ensuite on se donne tous les droits. La violence – avec dommages matériels bien en vu pour les caméras qui roulent – est un tactique du pouvoir, connu et dénoncé dans d’autre pays. J’ai beaucoup de respect pour Fabrice mais je pense sincèrement que là il se gourre, que Hervé Kempf se gourre également. Mais la division est une tactique de guerre. Et oui, nous sommes en guerre.

  18. L’article recommandé par Lohien est en effet remarquable. On y apprend ce dont on en pouvait plus guère douter : que le pouvoir politique, partout en occident, est désormais quasi-ouvertement au service des multinationales (le Traité transatlantique en est une autre preuve), et que la priorité des gouvernements (au Canada, aux USA, en Europe) est désormais de lutter contre les « désordres et extrémismes intérieurs », essentiellement liés aux questions écologiques.
    J’en conclus deux choses : d’abord, que c’est bien là que tout se joue. Et ensuite, que le peuple de gauche, en France, encore massivement limprégné de la croyance en un gentil secteur public s’opposant au méchant secteur privé, sera sans doute le dernier à comprendre que, dans notre pays, l’Etat est devenu l’ennemi numéro un.
    Ci-dessous un extrait de l’article, et ma traduction des trois derniers paragraphes, qui me paraissent confirmer et prolonger de façon éclatante l’analyse faite par Fabrice des propos de H. Kempf.
    _________________________________________________________________

    Manufacturing « consensus »

    In the UK, Scotland Yard’s National Domestic Extremism and Disorder Intelligence Unit (which started life as the National Extremism Tactical Co-ordination Unit and later became the National Domestic Extremism Unit), has had a long record of equating the spectre of « domestic extremism » with « single-issue protests, such as animal rights, anti-war, anti-globalisation and anti-GM crops. » Apart from animal rights, these movements have been « overwhelmingly peaceful » points out George Monbiot.
    This has not prevented the police unit from monitoring almost 9,000 Britons deemed to hold « radical political views, » ranging from « anti-capitalists » to « anti-war demonstrators. » Increasingly though, according to a Guardian investigation, the unit « is known to have focused its resources on spying on environmental campaigners, particularly those engaged in direct action and civil disobedience to protest against climate change. »

    Most recently, British police have gone so far as to conduct surveillance of Cambridge University students involved in social campaigns like anti-fracking, education, anti-fascism, and opposition to austerity, despite a lack of reason to suspect criminal activity.
    This is no accident. Yesterday, senior Tory and ex-Cabinet minister Lord Deben, chairman of the UK government-sponsored Committee on Climate Change, characterised anyone suggesting that fracking is « devastatingly damaging » as a far-left « extremist, » holding « nonsensical » views associated with « Trotskyite » dogma. In contrast, he described « moderate » environmentalists as situated safely in the legitimate spectrum of a « broad range of consensus » across « all political parties. »
    In other words, if you are disillusioned with the existing party political system and its approach to environmental issues, you are an extremist.

    ————————

    « La police britannique en est désormais à un conduire un programme de surveillance des étudiants de Cambridge impliqués dans des mouvements sociaux du type anti-gaz de schiste, pro-éducation, anti-fascisme ou anti-austérité, même s’il n’y a aucune raison de les soupçonner d’activités criminelles.

    Ceci n’est pas le fait du hasard. Hier, Lord Deben, membre éminent du parti conservateur et ancien ministre, actuel président du Comité sur le Changement Climatique créé par le gouvernement, a expliqué que toute personne suggérant que la fracturation hydraulique « cause des dégâts énormes » est un-e extrémiste issue de l’extrême gauche tenant des propos « absurdes » et « trotskystes ». Alors que, selon lui, les environnementalistes « modérés » se situent dans la légitimité d’un « large consensus » qui traverse « tous les partis politiques ».

    En d’autres termes, si vous avez perdu vos illusions sur le système politique existant et sur son approche des questions écologiques, vous êtes un-e extrémiste. »

  19. Encore une chose : l’importance de l’intertitre « Manufacturing consensus », que je n’ai pas inclus dans ma traduction.

    J’ai eu tort — manque de temps –, parce qu’il dit très bien, en modifiant un peu la célèbre formule-titre de Chomsky (« manufacturing consent » = la fabrication du consentement) que la « fabrication du consensus » est devenue essentielle dans le dispositif politique aujourd’hui.
    Et que la dernière chose à faire, pour tout résistant véritable est précisément de tomber dans ce piège-là, celui d’une vision lénifiante et gentillette de la lutte.

    Si, devant la Machine à détruire qui est à l’œuvre, on n’accepte pas de se penser comme radical-e, avec tout ce que cela peut impliquer (et donc d’y réfléchir, pour commencer), et de l’assumer clairement, alors on sera désigné-e comme extrémiste par le pouvoir, et il n’y aura plus que deux solutions : rentrer dans le rang du consensus, ou effectivement devenir ce qu’ils disent qu’on est.

  20. je n’etais pas a NDDL, donc mon avis ne vaut pas grand-chose. Mais je trouve le debat entre Herve Kempf et Fabrice Nicolino, interessant. Les deux points de vue sont nuances et complexes. Mais une chose est sure: Seule la non-violence est irrecuperable. « Les jeunes encagoules », est-tu si sur Fabrice qu’aucun d’eux n’etait de la police? Sont-ils vraiment « des tiens »? En tout cas je ne suis definitivement pas des leurs. La violence, meme idealiste, se fait toujours recuperer en fin de compte, c’est le levier que l’on donne a l’ennemi sur soi-meme. Et ce n’est pas vrai que les gens ont peur de la violence. Les gens sont avides de violence. Le pouvoir se sert de cette avidite, en s’appuyant sur les media, pour conforter son emprise.

  21. « devenir ce qu’ils disent qu’on est » c’est justement ce qui n’est pas tres malin. Car « fabriquer le consentement » requiert un ennemi commode, fabrique lui aussi. La vraie resistance c’est avoir le courage de refuser la violence lorsque le pouvoir a faim de cette violence, pour justifier sa mise en scene. Refuser de devenir cet ennemi commode.

  22. On dirait, alors je la refais.

    Laurent,
    j’espère que vous m’avez assez bien lue pour comprendre que je refuse précisément de devenir cet ennemi si commode, « l’extrémiste ». Et que pour ne pas entrer dans ce rôle-là il faut commencer par s’assumer en tant que résistant-e. Or, résister, c’est quelque chose de radical, de potentiellement violent.
    Mais attention : je n’entends pas par ce mot — ça aussi c’est le piège dans lequel ne cessent de nous entraîner les discours ambiants — le fait d’exercer une violence physique à l’encontre de quelqu’un, mais le fait d’être prêt à aller jusqu’au bout de son refus, avec tout ce que ça peut comporter.
    La non-violence dans le plein sens de cette expression, celle qui permet d’agir, celle qui est une arme, est quelque chose de redoutablement « violent », c’est-à-dire extrêmement difficile à mettre en actes, et qui demande une radicalité que peu de militants « gentils » possèdent, au moins ici.
    En somme, nous sommes d’accord, il me semble (mais vous n’avez pas l’air de le souhaiter).

  23. Valerie, j’avais lu votre derniere phrase trop vite, en effet! Desole. Mais nous sommes d’accord, c’est vrai. La non-violence est une chose vraiment difficile a definir. Peut-etre qu’elle n’existe qu’ephemere, dans la mesure et pendant le temps qu’on la re-invente? C’est peut-etre un synonyme de « vie » tout simplement? Qui contient aussi la mort et les epines…

  24. Le difficile réside dans la grande différence entre la légitimité des actions (y compris la résistance « passive »), et la légalité.

    Celle-ci ne réside que dans les chaînes qu’un Pouvoir toujours illégitime dans sa façon d’être parvenu à son sommet, va façonner pour y rester. Le vote est l’un de ces moyens trouvés pour garder le pouvoir tout en paraissant le remettre en jeu, couplé à la propagande, qui ne met en avant que ceux des « votables » qui abondent dans son sens. Le légitime et le légal s’opposent donc toujours dans nos sociétés « Occidentales ».

    Concernant Notre Dame des Landes, les opposants à l’aéroport sont légitimes, dans leur choix de protéger la Nature des prédateurs capitalistes. Face à eux, ils ont la faction « légale », légale parce qu’elle vote les lois qui la favorisent. Face à cela, bien entendu la violence ne résout rien, seule reste la résistance dite « passive », qui a souvent du mal à ne pas réagir aux provocations. Pot de terre contre pot de fer, le « combat » paraît inégal, sauf si le feu intervient qui fait fondre ou se ramollir le fer. Le feu peut être le reste des citoyens, enfin convaincus de la justesse du dur combat des légitimes. Si des millions de gens avaient soudain envahi le centre de Nantes, prenant les « forces de l’ordre » à revers et se contentant de les désarmer, l’affaire était pliée. Voilà le feu. S’allumera-t-il un jour ?

  25. Laurent,

    Votre tentative de définition de la non violence est très intéressante et me fait cogiter.

    « Peut-etre qu’elle n’existe qu’ephemere, dans la mesure et pendant le temps qu’on la re-invente? »

    Peut-être bien, oui. Pendant le temps qu’on met pour inventer quelque chose à opposer à la violence d’en face ?
    On s’approche, là, non ? Car il me semble qu’on est — ou tout au moins que je suis — en plein dans ce moment-là. Le moment où on cherche désespérément d’autres formes de lutte, qu’elles passent par la négation (le refus) ou par l’affirmation et l’invention d’autres façons de faire et de vivre que celles qu’on nous impose. Autrement dit, opposer la vie, oui, comme vous dites, à leur destruction et à leur mort. La vie comme synonyme de résistance non-violente.

    Les deux formes sont indissociables, je crois. Non, je suis sûre.

  26. Je n’étais pas à Nantes, Fabrice n’était pas à Nantes (?), Hervé Kempf n’était pas à Nantes (?).
    Madame Verchère y était et pour ceux qui n’ont pas pris la peine de lire sa lettre pourtant publiée ici, voici un extrait, « Organisateurs particulièrement choqués, en tout cas, par les propos du Préfet de Loire Atlantique qui n’a pas hésité à affirmer que nous « opposants historiques » devions cesser « d’être la vitrine légale d’un mouvement armé »…. »
    Babelouest ci-dessus y était et nous révèle « En revanche, et les témoignages sont nombreux, il semblait bien que la plupart des provocateurs fussent salariés et eussent des instructions (et du matériel) »
    Mais Valérie, vous n’apprenez que maintenant que les pouvoirs, ici et ailleurs, font progressivement passer des gens normaux pour des terroristes (depuis 2001) parce que les gens au pouvoir sont très largement sous le contrôle des intérêts privés ? C’est terriblement bien documenté depuis x temps déjà, il y a eu des morts, des jeunes mis en prison pendant des années aux Etats-Unis pour des délits d’activisme anti-écocide cent pourcent non-violent. Vous n’en avez confirmation qu’aujourd’hui ? Better late than never !
    J’ajoute que l’article du Guardian n’est en rien une confirmation des analyses (erronées) faites par Fabrice et Monsieur Kempf ! Leur prémisse de base n’y est pas. Le journaliste n’écrit nulle part que les activistes sous surveillance s’étaient rendues coupables de violences – au contraire, rien à signaler, sauf la sémantique. La guerre passe aussi et même surtout par les mots. Il faut arrêter d’ajouter de l’eau au moulin de l’ennemi. Ne vous triturez plus le cerveau avec votre seuil de violence potentiel, ne les faites pas rire, parlez donc de ce dont ils sont capables, EUX, bon sang de bon sang.

  27. Alice, vous me prenez pour qui ? Pour une idiote née de la dernière pluie ? Si vous me lisez depuis deux ans passés vous avez dû vous rendre compte que je ne découvre pas la mainmise des intérêts privés sur nos vies et sur nos institutions.
    C’est la quasi officialité de la chose, et les proportions que ça prend, qui me frappent.

    En revanche, je n’ai pas compris ce que vous aviez compris, ni de l’intervention de Kempf, ni de celle de Fabrice, ni de celle de Marieline, pour les envoyer ainsi toutes dans les cordes. Et je dois dire que je ne le comprends toujours pas avec votre dernier mot.
    Et de quel « seuil de violence potentiel » parlez-vous ?
    Enfin, permettez-moi de me triturer le cerveau si ça me chante, et si ça vous fait rire à vous, c’est déjà ça.

  28. Riche débat !

    Depuis bientôt quarante ans que j’ai de temps à autre des discussions sur la violence, je peux dire que j’en suis toujours ressortie frustrée. Parce que c’est tellement complexe et contradictoire qu’à la fin la conclusion est toujours la même : “ ben, ça dépend, quoi… ”

    Peut-être l’erreur est-elle justement de vouloir trouver UNE réponse à tout cela, UNE ligne juste.

    Deux phrases de Fabrice me paraissent particulièrement importantes, à creuser : “ [La violence] est fondamentalement un pouvoir, et ceux qui ne parlent pas sa langue devront finalement s’y soumettre. Je suis contre la violence, mais je sais que nous avons un besoin essentiel de la force, de l’énergie, de la détermination qu’elle contient.”

    C’est une piste. La violence avec ses qualités mais sans ses défauts, en quelque sorte. À étudier…

    Dans le « traitement » de la violence par l’État, il y a deux poids deux mesures. Quand les agriculteurs bretons (je parle de ceux de la FNSEA, des incurables) bombent tous les cent mètres la chaussée avec leurs conneries, ils n’ont jamais d’ennuis. Pourtant, c’est quelquefois tellement énorme qu’on peut se demander comment ils ont fait pour le faire sans être vus !
    Ces gens là peuvent tout se permettre, le pire des pires, y compris incendier des moutons !

    Un détail encore mais j’y tiens : la rengaine manif familiale, festive, prise en otage et compagnie… Ça m’agace prodigieusement. Une manif n’est pas un pique-nique et les gens qui emmènent en manif des êtres qui ne peuvent pas comprendre où ils sont (gosses – parfois en poussettes ! – chiens) sont pour moi des irresponsables.

    Mais aujourd’hui, le côté festif est à la mode. Il ne faut pas paraître méchant. Les manifs deviennent des marches. Il faut être positif, n’est-ce pas ?

    Une forme de violence me révolte particulièrement : c’est la violence passive, celle des gens qui laissent faire sans mot dire. Savoir que les animaux dits d’élevage sont traités comme des objets et ne rien dire, savoir que les voisins juifs d’en face sont « partis » en train à Auschwitz et ne rien dire, savoir que le bocage de Notre-Dame-des-Landes va peut-être être saccagé et ne rien dire… c’est pas d’une terrible violence, tout ça ?

  29. Mais Valerie, l’officialité et les proportions sont en évidence depuis longtemps. Que découvrez-vous avec un tel stupeur aujourd’hui ? Si vous n’avez pas compris mes propos, je répète en anglais rien que pour vous. There is and has been for some time a very clear pattern of passing peaceful protestors off as violent, dangerous terrorists – everwhere. It’s a co-ordinated agenda which warrants considerably more serious consideration than some of the rather silly comments made here. One well-documented tactic is to infiltrate demonstrations and create havoc. The fact that Fabrice, Hervé Kempf and others here accept the premise that this violence may well be coming from the demonstrators plays directly into the hands of those orchestrating this. That is why I consider it extremely important that we don’t fall into that trap. Is that clear enough for you? This is not about you, and it’s not about me. It is an incredibly important issue and I will not disengage from my viewpoint because you consider me to be impolite. And no, I don’t find you funny in the slightest.

  30. J’ai toujours trouvé la violence de rue inutile. On tape sur des CRS, on casse des vitrines, et alors, en quoi cela fait avancer une cause ? Les CRS sont payés pour traiter ces cas. C’est une « guerre » symétrique sans surprise, les CRS seront toujours vainqueurs. Il faut choisir un « terrain » où ils ne sont pas efficaces.
    La violence des bonnets rouges m’a paru plus logique : on casse les portiques car c’est l’instrument de la taxe.
    Le problème c’est de trouver un levier, un moyen de pression et peser dessus, et qu’il ne se retourne pas contre nous.
    Délicat…

  31. Bonjour,
    Chaque jour la dérive autoritaire du pouvoir se renforce et c’est pourquoi une lutte comme celle de NDDL doit être un point d’appui pour engager un combat bien plus large, celui de la subversion complète du système techno-industriel totalisant. Les casseurs partisans – si toutefois ce n’étaient intégralement des policiers et dans ce cas il serait urgent de rééquilibrer cette population – en s’attaquant au premier symbole de ce pouvoir, initie ce combat et ils doivent être soutenus pour cela.
    les modérés de leur côté mènent leur combat localisé, NDDL, mais ils finiront épuisés par tous les combats futurs à venir, tel un poisson au bout de sa ligne. la radicalité veut que l’on détruise la source de nos maux.
    En attendant et puisque les élections approchent, il y a lieu de cesser d’y participer, chaque occurrence constituant une légitimation du régime en place. c’est d’une abstention générale dont nous avons besoin, premier pas symbolique vers une réappropriation de notre pouvoir.
    Soyons tous dissidents en 2014.

  32. Allons, allons ! Brûler un bureau de Vinci (laissé quasiment sans protection, on se demande pourquoi), casser un commissariat (sans personne dedans, on se demande pourquoi), jeter un pavé sur un robocop décérébré (certain se demande encore pourquoi ils étaient là), ce n’est pas, n’a jamais été de la violence. C’est de la LEGITIME DEFENSE !

  33. Bonsoir

    Perso, j’ai toujours un œil de l’autre côté de l’Atlantique, parce que c’est de par là qu’arrive le vent – et s’il ne fallait prendre qu’un seul exemple: la lutte contre le Pipeline XL Keystone me fait beaucoup penser à NDDL, à ceci près que nous n’avons pas l’aide des Premières Nations. Les Amérindiens savent et disent, depuis la colonisation de l’Amérique à partir de 1492 (et non sa « découverte », ils ne supportent pas cette expression, merci ^^) que notre système « économique » va mal finir… et ils savent aussi maintenant où taper juridiquement puisqu’ils ont signé des Traités qui garantissaient le petit reliquat de leurs territoires, traités que les multinationales ont eu tort d’oublier. Beaucoup de grands activistes et cyber-activistes sont issus de leurs rangs. Ainsi que des scientifiques et avocats d’une redoutable efficacité.

    Au Canada, il y a aussi les sables bitumineux, qui sont un écocide d’une ampleur invraisemblable, avec des signes d’ethnocide de plus en plus visibles (santé des communautés riveraines). Sur le terrain, ça bouge beaucoup, d’autant qu’il s’agit de s’opposer à la pétrodictature de S.Harper… Neil Young leur a trouvé (via une tournée sur place) quelques millions pour l’action juridique, récemment. Et a interpellé le gouvernement d’une manière qui a jeté un gros froid. Il a eu des mots très durs et tout à fait justes, en montrant où étaient les *vrais* voyous.

    Et de fait leurs combats sont exactement du même ordre que les nôtres : contre la dévastation de notre seul habitat, la planète Terre, au nom du profit à court terme. Via des modèles économiques aussi dépassés que dangereux : béton, énergies fossiles, débouchant sur des sur-émissions de CO2, de méthane, etc.

    Tout à l’heure, par exemple, j’ai reçu ceci :
    http://act.credoaction.com/sign/kxl_pledge
    Il s’agit de se déclarer « prêt à se faire arrêter » en s’opposant aux travaux, aux côtés des Dakotas et Lakotas qui eux vont établir des camps tout au long du tracé prévu sur leurs terres. C’est la technique Gandhi, ça.

    En tous cas, il serait sûrement fructueux d’établir le contact de manière raisonnée avec ces mouvements aux USA et en Amérique du Sud(protection de l’Amazonie, menacée par la pollution des mines, le commerce du bois, la prospection pétrolière et gazière…)
    Notre pays n’est pas une île – et nous allons tous pâtir des émissions de CO2 issues des sables de l’Alberta, par exemple, tellement elles sont massives (de l’extraction à la consommation).

    Sur le Climat et la transition energétique, il y a 350.org qui cherche à établir des connexions activistes mondiales. Il me semble que http://world.350.org/printemps-du-climat/ est quasiment leur première action sous « bannière française ». Très développés sur le nouveau continent, ils sont embryonnaires ici, où de fait le débat est presque éteint en ce moment alors qu’il fait rage dans des quantités de pays. En fait, notre presse est pathétique par rapport au traitement que fournit la presse anglo-saxonne, mais de notre côté elle a été complètement achetée par l’industrie… donc ce n’est pas étonnant.

    Et enfin, dans un autre registre, mais tout aussi important, j’ai découvert ces gens parce qu’ils se sont mis à me suivre sur Twitter (outil d’une grande efficacité quand on s’en sert pour localiser les actions en cours mondialement et prendre contact)
    http://www.energyandpolicy.org/
    Ils étudient de manière très technique et précise la manière dont les promoteurs des énergies fossiles entravent, compliquent, ralentissent l’évolution de la législation aux USA. Précieux.

  34. grand merci à Lohiel pour son message instructif; nous connaissons « Food democracy now » assso contre monsanto ils sont venus en france en février

  35. La solution démocratique à cette situation consiste à tirer au sort un échantillon de 1000 personnes dans la population constitué par exemple de 50% de bretons et de 50% de nantais. On leur donne ensuite 3 mois pour décider de la construction ou non de l’aéroport. Le préfet et le mouvement ont un droit de récuser un nombre limité de tirés au sort en fonction d’éventuels conflits d’intérêts présumés. Le G1000 a ensuite les moyens de consulter tout expert sur la question : biodiversité, mobilité, après-pétrole, urbanisme,… Les deux parties s’engagent à reconnaître comme légitime et appliquer la décision du G1000. C’est ça la démocratie.

  36. Alice

    Bien sûr que je sais tout cela (ça a même commencé bien avant, au moins en France). Seulement, emportée par votre légitime — mais maladroite, mais brutale — colère contre ce qui se passe, vous êtes passée je crois tout à fait à côté du débat d’origine, qui posait il me semble la question de la violence qui monte en NOUS (vous, moi, ou d’autres, peu importe), et de la nécessité d’affronter cette question, de ne pas l’évacuer. Et du danger qu’il aurait, justement, à laisser la question et ses réponses à ceux qui ont le pouvoir.

    Nous toutes et tous qui assistons à tout cela, et qui sentons à quel point les anciennes formes de lutte sont devenues impuissantes, que devons-nous faire de la colère, de la révolte, et donc de la violence au moins potentielle qui vient tout naturellement nous tenter — enfin, qui devrait venir — face à celle, immense, exercée en face ?

    Voilà. Je vous souhaite une bonne journée.

  37. Je ne crois absolument pas à une démocratie basée sur un tel système. 1000 personnes, nonobstant les théories des statistiques, cela me paraît ridiculement insuffisant. Il est nécessaire de multiplier au moins par 10 l’échantillon. Et encore, à condition que son choix soit sans défauts. Le meilleur étant une consultation de tout le monde.

    Je ne suis pas démocrate : je suis anarchiste. La décision de chacun et de tous a une importance. Tous égaux, tous différents (au sens strict des deux termes, en droits, en devoirs et en responsabilité).

  38. Et si on laissait le dernier mot, d’humour et de détermination à la Zad ? :
    LETTRE OUVERTE des « Black Ploucs » de la ZAD au Préfet de Loire Atlantique :
    Sur la zad, lundi 24 février 2014

    Cher Christian,
    Vous avez déclaré hier, « L’opposition institutionnelle à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes doit cesser d’être la vitrine légale d’un mouvement armé ». Il nous serait facile de vous reprocher, M. Le Préfet, de vouloir à votre tour briser des vitrines. Mais après la manifestation de samedi, autant l’avouer tout net et cesser enfin de nous cacher : nous sommes bel et bien un mouvement armé.
    Nous sommes un mouvement armé de bon sens remuant et d’idées explosives, de palettes et de vis, de pierres parfois – même s’il y a ici plus de boue et de prairies, de carottes et de poireaux, d’humour et de tracteurs, d’objets hétéroclites prêts à former spontanément des barricades et d’un peu d’essence au cas où, d’aiguilles à coudre et de pieds de biche, de courage et de tendresse, de vélos et caravanes, de fermes et cabanes, de masques à gaz ou pas, de pansements pour nos blessés, de cantines collectives et chansons endiablées, de livres, tracts et journaux, d’éoliennes et de radios pirates, de radeaux et râteaux, de binettes, marteaux, pelles et pioches, de liens indestructibles et d’amitiés féroces, de ruses et de boucliers, d’arcs et de flèches pour faire plaisir à Monsieur Auxiette, de salamandres et tritons géants, de bottes et impers, de bombes de peinture et de lances à purin, de baudriers et de cordes, de grappins et de gratins, et d’un nombre toujours plus important de personnes qui ne vous laisseront pas détruire la zad. Vous ne nous ferez pas rendre ces armes. Et vous, M. Le préfet, quand cesserez vous d’être la vitrine légale d’un mouvement armé ? Les Black Ploucs
    zad.nadir.org/spipi-php?article2225

  39. Salut Babelouest, pour moi l’anarchie est politiquement une utopie, c’est à dire qu’il n’y a pas d’exemple connu de mise en pratique à l’échelle d’un état. Je m’en méfie car, quoique idéale dans le principe, elle repose sur la négation du pouvoir. Or je crois le pouvoir utile, je crois aussi que le pouvoir est une grande tentation et que la négation officielle du pouvoir peut donner lieu à de nombreuses prises de pouvoir implicite, souterraine, non-contrôlées (charisme, népotisme,…). Je suis donc pour le contrôle du pouvoir, ce deuxième choix dans l’ordre de l’idéal libertaire consiste à être tour à tour gouvernant et gouverné par le moyen du tirage au sort. Les « partis démocratiques » perpétuent un système basé sur l’élection qui s’appelle en vrai l’oligarchie. Ils brandissent comme seul témoignage de la démocratie directe le fameux référendum. Si le vote de tous est le plus légitime, il présente la contrainte que tous ne maîtrisent pas les dossiers, ils sont donc à la merci des démagogues, tous ne peuvent pas non-plus pratiquement dialoguer, on ne dialogue pas à 60 millions. Donc le tirage au sort est un moyen formidable de constituer des assemblées représentatives, difficilement corruptibles, n’ayant aucun conflit d’intérêt, apte à dialoguer en leur sein et à étudier les dossiers. La démocratie est un mauvais système mais c’est le meilleur qu’on ai, sauf qu’on ne l’a pas. La démocratie s’est assumer que le pouvoir corrompt mais est utile. La démocratie a fonctionné 200 ans il y a 2500 ans à Athènes, ce n’est pas une utopie.

  40. Sauf, mon cher Benoît, que la pseudo-démocratie d’Athènes ne concernait qu’un nombre bien mince de personnes dans la cité. Ni les femmes, ni les métèques, ni les esclaves n’étaient concernés, et malgré un nombre relativement faible de personnes restantes, il existait une sorte de « tour de garde » qui ramenait l’Assemblée à peu près au même nombre que nos députés.

    La démocratie est donc décidément un mythe, elle aussi. Pas même une Utopie.

  41. On leur fera face ensemble, Valérie. Chacun perçoit le problème d’un angle différent, mais nous somme d’accord sur l’essentiel. C’est nous contre eux. Ceci dit, je n’ai pas encore été emportée…et j’ai parfaitement conscience et le contrôle de mes paroles que j’assume. Bien à vous

  42. Ce qu’on peut voir vers la fin du vidéo posté ici par Louloulepou c’est trois membres de la police secrète en train de casser tandis que des manifestants essayent de les raisonner. La réaction normale de gens normaux. Et on entends bien à 11:15 les « Affirmatif, affirmatif » d’un de ces fouteurs de merde professionnels. (FMP ?)

  43. Merci pour ce débat fabrice et vous tous et surtout, Fabrice, pour ça :
    « Enfin, et je me répète encore, encore et encore : quand débattrons-nous ? Quand pourra-t-on en parler, autrement que dans l’urgence ? »

  44. le fait qu’en Grèce la démocratie n’ait concerné que les citoyens (hommes libres grecs) est un argument très courant mais absolument hors sujet, car les procédures démocratiques qui nous intéressent n’auraient pas changé d’un iota avec les femmes et les esclaves en plus. Quand à cette histoire de tour de garde, il faudrait au moins la source que l’on investigue cette nouveauté.
    http://objectifdemocratie.org

    c’est vrai que dans la vidéo, les casseurs de l’abri-bus sentent les keufs a plein nez.

  45. Plaquons les discours moralisants contre les manifestants de Nantes à ceux de Kiev, et voyons comment ça ne tient plus.
    Un habitant de Kiev m’a informé des motifs des manifestations, et pourquoi ils iraient au bout en ne cédant pas. Le pouvoir, qui croyait les balayer, comme tous les pouvoirs, s’est vautré.
    Je vois un parallèle, à l’aide des arguments de Fabrice. C’est peut-être un des derniers avertissements à l’adresse des politocards, eux aussi corrompus, mais par le développement et par les BTPistes.

  46. Kempf soulève la question de l’opinion publique.

    Mais qu’est-ce que l’ « opinion publique » à part une construction médiatique et politique servant à légitimer tout et n’importe quoi à coups de sondages ?

    Et je dis ça alors que justement, un sondage dit que le projet d’aéroport est impopulaire.

  47. Oui Alice, nous sommes d’accord sur l’essentiel, nous sommes ensemble.

    Mais à qui ferons-nous face ? Et comment ?
    Ce qui est nouveau dans cette époque maudite, c’est que les anciens adversaires, à qui on pouvait (plus ou moins) faire face parce qu’ils ne faisaient qu’un avec le pouvoir politique établi, sont remplacés par un Ennemi qui comme les perturbateurs endocriniens — ses petits fantassins invisibles — est partout à l’œuvre, y compris en nous, et nulle part situable. Et qui n’a ni oreilles, ni yeux, ni encore moins de cœur ou d’âme, même mauvais. C’est pourquoi je parle si souvent de Machine et ne vois pas d’autre mot pour le désigner.
    Personne, à aucune époque avant la nôtre, n’a eu à se battre contre une si monstrueuse non-entité.
    Il me semble normal qu’on se sente au moins désemparés : plus rien de ce qu’on connaissait ne s’applique.

    Vous parliez de 2001, mais dès 1955, Armand Robin, dans La Fausse Parole, avait compris profondément qui étaient les nouveaux maîtres. Cet homme avait l’oreille extraordinairement fine.
    A la page 101 de ce livre prophétique, il y a ce passage saisissant :

    « Les gouvernements, même les gouvernements se proclamant matérialistes, connaissaient la valeur des mots sortant du cœur avec amour ou révolte ; ils les écrasaient ou les utilisaient, selon leurs intérêts du moment. Puis, eux-mêmes bavardaient sans cesse, tenaient par tout moyen à ce que tous leurs « ressortissants » bavardent en leur sens.
    Ceux devant qui les deux plus puissants gouvernements du monde se sont inclinés, ils ne bavardent pas, eux. La parole, vraie ou fausse, ils ne la méprisent même pas : ils ignorent son existence. Quant à la Vie, ils ne songent même pas à la mépriser : elle n’est pas dans leurs calculs.
    Derrière les radios actuelles des États-Unis et de la Russie, si peu qu’on ait l’esprit vigilant, on perçoit, très loin derrière les paroles des gouvernants, ces nouveaux maîtres qui attendent avec une muette assurance que les Partis, les Églises, les Forces de l’État, veuillent bien s’engager plus avant dans la voie qu’en leur inaccessible muetteté ils ont préparée, — araignées guettant au lieu de mouches les plus superbes chefs d’État, d’Église, de Partis. »

    Mo, tout à fait d’accord.

  48. Char, Bon boulot. La « violence légitimée » ne serait-il pas plutôt de la « légitime défense », acceptable socialement et dans beaucoup de cas juridiquement ? Le sémantique est vitale, vous le savez certainement. Allez, la jeune génération de journalistes en quête de vérité, demandez les noms, les méfaits, les peines des 2 pelés et 1 boiteux qui ont, soi-disant, fini en prison ferme pour donner bonne contenance aux pouvoirs en place. Est ce qu’on entends parler d’eux ? Que racontent-ils ? Demandez au chef de police pourquoi lui il raconte des histoires de « tentes volantes » et de « changement de déguisement » pour expliquer leur incapacité à arrêter ce groupe d’hommes (France 2). Je ne critique pas, Char, et je ne veux surtout pas vous vexer. Vous êtes notre espoir.

  49. Un extrait des entretiens de Char : « (…)Soit les CRS sont vraiment incompétents soit ils espéraient précisément que la manifestation prenne cette direction.
    Quand j’ai entendu a posteriori des déclarations estimant que ces fameux blacks blocs sont très organisés, et cetera, et cetera… Il faut pas exagérer. Il y avait des mecs des renseignements généraux sur tous les appartements qui surplombaient la place. L’hélicoptère de la gendarmerie est resté en survol au-dessus des heurts tout au long de la journée. (…)
    NB : Côté manifestants on n’est pas resté les bras ballants non plus, certaines personnes s’interposaient et empêchaient qu’il y ait de la casse. »

  50. Message à François de Rugy, Emmanuelle Cosse et à la direction d’EELV. (merci de faire suivre)

    Voici une vidéo qu’il convient d’analyser tant elle pose questions sur la casse : Pensez-vous réellement que des black blocs soient reliés entre eux par micros (à 11.14) et utilisent le langage policier « affirmatif, affirmatif » ?
    A 12.05 de la vidéo, les jeunes tentent d’arrêter un « casseur obstiné » qui continue a casser sans se démonter! QUI EST-IL ? bien habillé pour un black-bloc non?
    Quelques secondes plus tard, un homme vêtu de noir, fait reculer les jeunes qui tentent d’arrêter « le casseur » avec un geste quasi professionnel « reculez, reculez » Etrange aussi : s’il y a bien jets de bouteilles, elle ne prennent pas feu ! et on nous parle de cocktails molotov ? La commission d’enquête se penchera-t-elle enfin sur les violences policières? Il faudrait. face aux « contusions des forces de l’ordre » alléguées, un jeune charpentier pacifique perd un oeil, et les forces de l’ordre semblent avoir fait obstruction a l’évacuation des blessés (les témoignages existent) Certains manifestants blessés affirment que les forces de l’ordre ont fait obstruction à leur évacuation. (documents et vidéos -y compris de presse – à votre disposition) La commission d’enquête parlementaire est une nécessité citoyenne, car enfin, j’ai l’impression très nette qu’il FALLAIT que cette manifestation dégénère ! Comptant sur vous, comme des milliers d’autres citoyens, et surtout les jeunes dont on voit bien qu’ils se sont opposés à la casse Merci d’oeuvrer énergiquement pour la mise en place d’une enquête parlementaire OBJECTIVE Et comme on dit dans notre jargon « Et ce sera Justice » Ne peut-on interpeler Mme Taubira?
    la vidéo à voir et revoir :
    http://www.youtube.com/watch?v=sDZ56h-wUfQ&feature=youtu.be
    Salutations d’une citoyenne opposante et PACIFISTE

    Michèle VIGNE

  51. D’accord Valérie. Des clairvoyants (and whistleblowers) il y en a eu dont Eisenhower dans un speech devenu célèbre aux Etats-Unis – ici : https://www.youtube.com/watch?v=IUsXFf2v4j4 2001 a été le déclencheur d’une nouvelle étape terrifiante dans ce qui est reconnu aujourd’hui par beaucoup de monde – mais pas notre hôte il me semble – comme un plan globale organisé en coulisses derrière les pouvoirs connus. je m’exprime moins aisément que vous mais j’ai l’impression qu’on est d’accord sur ce point. On diverge ensuite. Je refuse de « leur » accorder mon peur comme je refuse ne se reste que la pensée d’une violence spontanée qui m’abaisserait spirituellement au niveau de ce vermine. Il faut agir certes mais ne se servir que du « self-defence » dans l’action. On les aura de façons qu’ils ne pourraient jamais même concevoir tellement ils manquent de tout ce qui nous illumine.

  52. Alice

    Merci pour le lien (pas encore regardé).
    Pour ce qui est de la position de Fabrice, je ne suis pas sûre que vous ayez raison mais je ne me hasarderai pas à répondre à sa place.

    J’aime énormément votre dernière phrase, qui pour le coup exprime admirablement ce que je ressens aussi — dans mes moments les plus follement optimistes, qui sont rares.

    Pour le reste, est-ce que je « leur » accorde ma peur ? Je ne sais pas. J’ai peur, oui, et j’ai surtout affreusement mal de voir crever tout ce que j’aime. Est-ce que la violence spontanée qui monte en moi m’abaisse à « leur niveau » ? Je ne sais pas. Est-elle si différente de l’auto-défense dont vous parlez ? Pas sûr.

    On les aura, et avec ce qui nous illumine.
    Allez, faut y croire.

    Bien à vous

  53. Je viens de regarder, ou plutôt d’écouter le discours d’Eisenhower. Il vient confirmer tout ce que dit Robin quelques années plus tôt, avec ceci d’inattendu que la confirmation vient d’un qui était encore tout récemment président des États-Unis.
    Inattendu, mais peut-être pas si étonnant : après tout, il était le mieux placé pour savoir à quoi s’en tenir (comme cet autre militaire cité par Laurent Fournier il y a quelque temps — je ne sais plus son nom — affolé devant la monstruosité atomique à laquelle il avait participé, et qui ne s’est exprimé lui aussi qu’après son départ à la retraite). D’autant plus qu’il était lui-même issu de l’armée — mais formé en un autre temps. Un temps où tout ce qui se passe en 1961 n’était pas imaginable, apparemment. Donc pas si facilement acceptable, au moins par certains.
    Bien sûr, ses avertissements et son inquiétude ne concernent jamais que « nous (les américains) ». Mais enfin il tient tout de même ce discours très très surprenant, et en pleine guerre froide. Est-ce le dégoût qui le pousse ? L’intégrité morale ? Les paradoxes complexes du rapport des américains à la vérité ?
    Toujours est-il qu’il a ce qui ressemble à du courage, et que sa parole semble vraie. On se demande comment c’est possible, même en sachant qu’il était désormais retiré du jeu. On admire. On admire, mais on se demande quels effets concrets ce discours a eus…

  54. Valérie Quilis : Je suis (à peu près) sûr que le militaire dont tu ne sais plus le nom est le général Bollardière. Celui qui ne fut qu’à peine protégé par sa gloire d’être le plus médaillé de l’armée : il fut mis « au placard », forcé à démissionner, etc. APRES s’être opposé (le seul à ce grade) fermement à la torture pendant la guerre d’Algérie… Il est devenu militant non-violent (voir MAN, Mouvement de l’Alternative Non-Violente) et à participé aux actions de Green Peace en Polynésie, contre les essais nucléaires. Sa veuve, Simone, a repris le flambeau et est présidente d’honneur de 4ACG (asso d’anciens appelés en Algérie Contre la Guerre)

  55. Rem, merci de chercher à réparer mes trous de mémoire, et du même coup de combler mes lacunes (je n’aurais pas été capable de dire qui était le général Bollardière). J’ai oublié son nom, mais je suis (à peu près) sûre que celui dont avait parlé Laurent était américain.

  56. Valerie, je crois que c’etair Hyman Rickover, le pere de la flotte des sous-marins nucleaires Etats-Uniens. Ce qu’il a dit au President Carter a ete cite par quelqu’un d’autre sur Planete sans Visa tout recemment. Je ne retrouve pas la citation. Rickover etait plus un ingenieur, un manager, qu’un soldat malgre ses titres, alors que Bollardiere un des soldats les plus decores de la seconde guerre mondiale, (et le seul a avoir recu une decoration Britannique) n’a pas attendu la retraite pour prendre position contre la torture, ce qui lui a valu d’etre mis aux arrets, puis contre la bombe atomique et finalement militant non-violent.

  57. Valérie, je crois que vous vous trompez, et surévaluez le pouvoir de la « machine ».
    Je crois qu’il n’y a pas de machine ,il n’y a que des hommes.Avec leurs faiblesses.
    Leur plus grande faiblesse est qu’en général,ils ont peur de la base, de nous tous, car ils doivent absolument nous plaire pour valider leur pouvoir.Ainsi,dés que l’on exprime notre mécontentement, on les fait vaciller, et leur pouvoir avec.Avez-vous déjà expérimenté cela dans votre vie de militante?
    Pour vous redonner du courage, je vous conseille de lire ou relire le « Discours sur la servitude volontaire » d’Etienne de la Boëtie qui malgré sa grande jeunesse avait déjà tout compris !

  58. Laurent, merci. Oui, ce doit être ça, l’histoire avec Carter me dit quelque chose. J’étais persuadée que c’était vous qui l’aviez racontée.

    Marieline, je n’ai pas l’énergie ce soir de tenter d’expliquer à quel point nous sommes en désaccord, ni encore une fois ce que j’entends par « Machine ». Et je ne pense pas que, sur ce sujet-là tout au moins, la Boëtie (que je n’ai pas lu) puisse être aujourd’hui d’aucun secours (mais je peux tout à fait me tromper).

  59. A Benoît NOEL
    TU écris : « …pour moi l’anarchie est politiquement une utopie, c’est à dire qu’il n’y a pas d’exemple connu de mise en pratique à l’échelle d’un état. »
    Tu pourrais te renseigner sur l’histoire espagnole de la fin du 19ème siècle jusqu’en 1936 , tu verrais que des provinces entières étaient organisées par des anarchistes et que ça fonctionnait très bien .

  60. Fabrice Nicolino, vous dites être non violent, vous l’écrivez plusieurs fois dans le texte …puis vous défendez sans aucune réserve, vraiment aucune, les violences exercées contre les biens et les fonctionnaires de police à Nantes.

    Une chose est de justifier la résistance résolue sur le terrain de Notre dame des landes, une autre est de considérer que la violence était nécessaire à Nantes. Car en définitive c’est ce que vous écrivez n’est-ce pas !?

    Je soutiens le texte de H. Kempf que vous critiquez et apprécie grandement le second ( « La véridique et surprenante histoire de la manifestation de Nantes » )…tout en me démarquant résolument de la qualification de « provocation » par laquelle il désigne l’interdiction du cours des Cinquante otages : cette qualification sert de justification à la violence ni plus ni moins. Que cette interdiction, de dernière minute ait été un coup de Jarnac, une arme perfide c’est évident. Au lieu d’une provocation, je la qualifierais soit de maladresse soit de calcul cynique : les autorités ne pouvaient pas ignorer que cela provoquerait frustration et colère…que les individus étaient libres ou non de traduire en violence, d’abord modérée puis, les esprits s’échauffant, plus caractérisée.

    Demandez au bar le Chat noir, pourtant favorable à l’opposition à l’aéroport, ce qu’il pense des dégâts occasionnés à son établissement…

    Yves Monteil devra-t-il se consoler des violences policières exercées contre lui en se disant que bon, c’était la tragédie de l’histoire qui voulait ça ?

    Demanderez-vous à Julien Durand de démissionner, lui qui a dit « Nous nous opposons à ce type de réactions violentes qui ne font pas partie de nos pratiques. Nous regrettons ces débordements et la sur-médiatisation qui les accompagne, car ils occultent le caractère du mouvement d’opposition tel qu’il est réellement : pacifique, familial et populaire. » ? ( http://www.goodplanet.info/actualite/2014/02/25/le-porte-parole-du-mouvement-dopposition-laeroport-de-notre-dame-des-landes-condamne-les-violences-de-la-manifestation/#comments )

  61. Louloudemer,

    Je veux bien discuter, mais de grâce, dans la clarté. Quand vous écrivez : »puis vous défendez sans aucune réserve, vraiment aucune, les violences exercées contre les biens et les fonctionnaires de police à Nantes. », de quelle manière le prouvez-vous, s’il vous plaît ?

    J’ai tout au contraire écrit : « Je n’ai pas l’air, mais je suis contre la violence. Elle a fait un mal immense à tous les projets de transformation sociale, car elle permet tôt ou tard l’éclosion de corps spécialisés qui s’arrogent peu à peu tous les pouvoirs. Elle est fondamentalement un pouvoir, et ceux qui ne parlent pas sa langue devront finalement s’y soumettre. Je suis contre la violence, mais je sais que nous avons un besoin essentiel de la force, de l’énergie, de la détermination qu’elle contient. En somme, je crois qu’il faut la chevaucher en espérant la maîtriser pour la mettre au service commun ».

    Alors, si vous souhaitez le débat, commencez par respecter la parole de l’autre.

    Fabrice Nicolino

  62. @Fabrice Nicolino : j’avais bien lu les déclarations que vous faites à la fin de votre article et que vous rappelez dans la réponse à mon commentaire. Seulement, ces déclarations semblent contredites par les développements qui précèdent ces déclarations et la critique que vous adressez à Kempf.
    J’étais à Nantes, et si, comme Fabrice à Waterloo, je n’ai vu qu’une fraction de qui s’est joué, j’ai été directement témoin d’un acte de dégradation de bien notable que ne justifiait directement aucun abus policier. Aussi je suis en accord avec ces phrases de Kempf, qui vous ont sans doute incommodé : « Mais les images de pavés lancés par des jeunes gens camouflés et de bataille de rue n’ont certainement pas fait pencher la balance du bon côté. Et d’autant moins que cette violence a un sens politique douteux : autant elle peut avoir un sens quand il s’agit de se défendre face à une invasion policière, autant elle perd de sa force quand elle se projette en provocation. »
    Ici le mot de provocation n’est pas celui que j’aurais d’abord choisi, du moins tel quel. C’est plutôt de frustration et de simple colère dont j’aurais parlé, quitte à expliquer ensuite que cette colère a pu susciter en retour l’impatience et la colère des forces de l’ordre : celles-ci ont beau être composées de fonctionnaires entrainés, censés obéir à des ordres, ces derniers n’en sont pas moins des hommes soumis eux-aussi à des passions..et ceux qui les caillassent le savent bien.

    L’usage que fait Kempf du terme de provocation, je le trouve également inapproprié lorsqu’il l’applique à la décision d’interdire le Cours des Cinquante otages à la manifestation. En attendant plus d’information sur les motivations de cette décisions et sur les modalités de sa mise en œuvre ( mais ces infos nous arriveront-elles avant longtemps ?), il est par contre certain que le pouvoir – via le Préfet – ne pouvait pas ignorer que cette mesure susciterait frustration colère et donc potentiellement violence.

    Voilà ce que je tenais à dire. ( il est possible aussi que je vos aie lu à travers le filtre d’une tribune publiée sur le site Reporterre que je trouve terrorisante : http://www.reporterre.net/spip.php?article5474 )

  63. Louloudemer,

    Je maintiens tout mon propos. Je me serais contredit ? Et que dites-vous de cela, que j’ai écrit dans le même texte que vous torpillez sans l’avoir sérieusement regardé : « Mais je reprends : la violence de samedi dernier aurait dû selon moi prendre d’autres formes, qui demeurent, je le reconnais, à imaginer. Comme elle s’est déployée, elle répète inutilement les formes passées, permettant aux pouvoirs coalisés de la présenter sous l’apparence ordinaire du désordre. Elle s’inscrit dans un schéma mental qui permet toutes les manipulations. On vient masqué, on casse, on se tire, on est des vilains, on est des vilains Allemands ».

    Je maintiens donc : respect.

    Fabrice Nicolino

  64. OK, mais alors je ne comprends pas bien votre désaccord avec Kempf. Il me semble que vous tenez les mêmes propos ou bien quelque-chose m’a échappé.

    Enfin vous écrivez : « la violence de samedi dernier aurait dû selon moi prendre d’autres formes,qui demeurent, je le reconnais, à imaginer. Comme elle s’est déployée, elle répète inutilement les formes passées ». J’ai du mal à comprendre qu’écrivant cela, vous vous présentiez comme non-violent. Vous ne disqualifiez pas la violence exercée, vous la trouvez vieillotte et appelez de vos vœux une nouvelle forme de violence que vous ne définissez pas. Auriez-vous écrit que la violence aurait dû trouver à se transformer/transfigurer/…en une autre forme d’action que je n’aurais pas réagi comme je l’ai fait : il aurait fallu trouver à dénoncer la décision d’interdire le Cours des cinquante otage d’une autre façon qu’en s’y heurtant frontalement ( du moins en l’absence d’un service d’ordre capable de le faire de façon « tranquille »); mais élaborer et mettre en place une telle action en quelques heures ( la décision a été notifiée le matin même) relève de l’impossible.

    Nota : dimanche matin, à peine ai-je entendu les comptes-rendus radiophoniques exclusivement axés sur la violence, que j’ai « couru » à Libération porter une lettre décrivant le calme – parfois excessif- du cortège et le nombre de tracteurs.

  65. Voici un exemple tout récent, Valérie,des zadistes du Testet ont voulu remettre une lettre aux élus du Conseil Général, on leur a fermé les portes de cette instance citoyenne !
    D’après vous qu’est-ce qui a motivé la fermeture des portes ?
    N’est-ce pas un signe de faiblesse des politiques ?

    Course contre la montre pour sauver la zone humide du Testet :
    http://www.reporterre.net/spip.php?article5487

  66. Marieline, je n’ai jamais dit que la faiblesse des politiques s’opposait à ce que j’appelle la Machine : au contraire, la faiblesse des politiques, telle qu’elle se présente aujourd’hui, en fait partie intégrante, elle en est même, de plus en plus, le symptôme. Il n’y a pas que des machines dans la Machine, et c’est précisément le problème. La Machine est plaine d’humains, mais c’est elle qui les absorbe et non l’inverse.
    Le mot de « Machine » sert à désigner l’énorme construction peu à peu élaborée par la civilisation industrielle et technique, qui a pris de telles proportions désormais que non seulement personne n’est en mesure de l’arrêter mais personne n’en aperçoit plus les contours, parce que cette Machine est aussi bien en nous qu’au dehors. La Machine, c’est certes les centrales nucléaires qu’on ne peut même plus arrêter et les déchets présents pour l’éternité, mais c’est aussi et d’abord notre acceptation du règne de la Technique dans nos vies et dans nos têtes, c’est notre acceptation du règne des experts et de l’Expertise, c’est aussi la prolifération monstrueuse de la Bureaucratie. Relisez l’interview de PMO, qui ne dit pas autre chose. Et lisez leurs inspirateurs : Anders, Ellul, tous ceux de L’Encyclopédie des nuisances, etc. Et Giono.
    Bonne journée à vous.

  67. Louloudemer,

    Il n’y a pas de propos caché. J’ai écrit ce que j’avais à dire. Je vous sens sincère, en effet, et j’ajouterai ceci : je suis bien certain que l’avenir est gros de terribles violences, car le monde a accumulé trop de contradictions pour échapper à des phénomènes de dislocation des sociétés. Mon goût personnel va à la non-violence, car je sais mon Histoire, mais je vois bien qu’elle existe, et qu’elle exprime une énergie qui peut certainement conduire au pire. Mon souhait, qui est un rêve, est de parvenir à la détourner de ses chemins les plus inquiétants. De la dompter, si vous voulez. Mais ceux qui prennent les vitrines cassées de Nantes pour un grave événement risquent fort de ne pas comprendre ce qui est, ce qui vient.

    Fabrice Nicolino

  68. Thanks for this, Alice.
    I do hope I am the captain of my soul. It certainly is what matters most to me. I guess you’ve guessed.

  69. Merci Fabrice Nicolino pour votre réponse et pour la sincérité que vous m’accordez. je ne vous prêtais aucun propos caché, c’est juste que la lecture n’est, du moins c’est la compréhension que j’en ai, pas un simple exercice de transcodage : on lit à travers d’autres lectures, des sentiments…et je n’étais pas sûr de bien saisir ce que vous vouliez dire. Avec ce dernier commentaire votre point de vue est plus clair pour moi. Je crains de le partager. Cordialement.

  70. Valérie,

    Vous écrivez : »mais c’est aussi et d’abord notre acceptation du règne de la Technique dans nos vies et dans nos têtes ».
    De mont point de vue, pour l’immense majorité de nos contemporains, il s’agit bien plus d’une attente, d’un besoin ou d’une demande que d’une simple acceptation.

  71. René,
    je suis d’accord — en l’occurrence, je crois que les frontières entre acceptation et demande sont poreuses. Difficile de dire laquelle est la poule et laquelle est l’œuf, mais elles s’entraînent et se nourrissent l’une l’autre, et depuis si longtemps qu’elles ne font plus qu’une. Ça aussi, c’est la Machine.

  72. A René(suite)

    Le fait qu’il y ait attente et demande de technique, c’est ça que j’appelle la Machine en nous. Elle n’y a pas toujours été. Comme PMO le rappellent dans leur interview (ou F. Jarrige dans un livre très précieux, Face au monstre mécanique), les gens ont d’abord été massivement hostiles aux machines, et il a fallu à ceux qui voulaient les imposer beaucoup de temps, d’énergie, et la force, et la propagande, pour y parvenir. Maintenant, c’est fait au-delà de leurs espérances. La Technique règne, inattaquable, car ses promoteurs-défenseurs zélés sont partout : dans chaque propriétaire de portable, chaque amateur d’informatique.

  73. Bonjour,
    Les processus visant l’acceptation de la technique sont toujours en cours, comme au début du développement industriel et l’on peut supposer que la demande serait beaucoup moins forte sans eux. la technique n’est pas inattaquable, rien ne l’est, et elle est d’ailleurs extrêmement fragile, au bord de l’effondrement même, avec la fin du pétrole et des ressources de toute sorte. Sa capacité de nuisance est très forte et hâter cet effondrement, à défaut de pouvoir organiser une transition vers un monde de faible intensité technologique, pourrait limiter les dégâts en cours. la première attaque consiste justement non pas à décrire la Machine (bof pour le terme), soyons clair disons le système technologique ou la société techno-industrielle, mais à dire que nous souhaitons la détruire, ce qui au stade ou nous sommes, est une pensée pour l’instant peu audible. il faut donc du courage pour la soutenir.
    Une proposition intermédiaire consiste à geler jusqu’à nouvel ordre la recherche scientifique.
    http://la-bibliotheque-resistante.org

  74. Hervé Kempf cause comme un de ces journalistes flicards du Monde. Il devrait travailler au Monde (oui, je sais, il en vient).
    Des militants écolos comme lui me rappellent ces salopards qui, à Gênes en 2001, crachaient sur les blacks blocks, responsables selon eux de la mort de Giuliani, exonérant ainsi les flics de leur responsabilité.
    On n’est pas obligé d’être en accord avec les modes d’action disons « un peu énergiques », mais les adeptes des ballades digestives façon CGT entre Nation et Bastille devraient au moins faire preuve d’une certaine neutralité bienveillante envers les manifestants décidés, au lieu de les dénoncer comme le fait Hervé Kempf.

  75. Valerie, vos references a « la machine en nous » me font penser a deux grands livres que j’ai lu recemment:

    « The Event in Science, History, Philosophy & Art » par Yeshayahu Ben Aharon, et:

    « Eleven Pictures of Time » par C.K. Raju.

    Ben Aharon, philosophe, fait un lien entre la pensee de Rudolf Steiner il y a un siecle, et celle des « 5 grands philosophes Francais de la seconde moitie du XX siecle » (Foucault, Deleuze, Derrida, Levinas, Badiou) pour porter son attention sur « l’evenement » en tant que realite premiere. On peut trouver une introduction a sa pensee en cherchant « colmar lecture ben aharon ».

    Raju, mathematicien et historien des sciences, a montre de maniere simple (comprehensible par le commun des mortels) que si le voyage dans le temps est possible (ce qui n’est pas interdit par la theorie en vigueur de la relativite generale) alors il ne peut pas etre mecanise. En d’autres termes, une machine a voyager dans le temps serait une contradiction (et la NASA a depense de l’argent en pure perte en cherchant la possibilite pratique de ce type de machine), et si des influences peuvent exister en direction du futur vers le present, elles ne peuvent se manifester que comme des evenements spontanes, sans explications dans le passe. Ensuite il fait un lien avec la theorie economique de Geogescu-Roengen (plusieurs fois cite sur Planete sans Visa par Marie), et comment la spontaneite, propre de la vie, et qui n’est pas interdite par la physique, peut lutter contre l’entropie (= desordre) et la transformation du monde en dechet, operee par nos machines.

    Un papier de C.K. Raju peut etre trouve ici:
    http://arxiv.org/abs/0804.0830

    et de nombreux articles et meme ses cours d’histoire des sciences sont disponibles sur son blog.

  76. Avionnette

    Décrire la Machine — je garde le mot si vous permettez — me semble non seulement un préalable à sa destruction (être au moins sûr d’identifier le mal avant de s’y attaquer), mais le début même de ce travail de destruction, au moins pour ce qui est de la Machine en NOUS. Mépriser la phase d’analyse, c’est le plus grand danger, selon moi. C’est ce qui prépare les errements futurs, ou, tout bonnement, la répétition de la même chose. Décrire, c’est analyser. C’est se demander : Qu’est-ce que je trimballe, moi, en moi, chez moi, dans ma vie, mes réflexes, ma pensée, du système techno-industriel ? Commencer à s’examiner, c’est commencer de changer, ou disons que c’est s’en donner les moyens.
    Je ne crois pas que ce soit impossible, loin de là, sinon je n’y travaillerais pas, chaque jour, pour moi-même. Mais je le fais d’abord par une sorte de nécessité interne, morale, philosophique, matérielle aussi ; pas tellement parce que je crois à un impact réel, même à très long terme, de ce changement. Quand je vois la virulence des réactions de gens devant qui on se contente simplement d’évoquer ces tentatives, quand je vois comment ils se sentent immédiatement menacés et remis en question par cet exemple même, comment leur discours devient tout de suite de justification et d’auto-défense, et même de contre-attaque en forme de surenchère (« Ha ha, mais tu as un four électrique, ben alors, hein ?!! »), quand je vois les militants écolos sortir leur portable sans état d’âme pour activer leur réseau, le discours technicien s’emparer systématiquement de la démarche écologique, politique et philosophique, et en prendre la place, non, je ne suis pas optimiste, et je me dis que la destruction de la Machine n’est pas pour demain.
    Quant à son effondrement par manque de ressources, je crois que c’est tout autre chose, et pour l’instant je ne le vois pas venir ; je ne vois qu’une accélération éperdue de la destruction (dans la course folle à de nouvelles sources d’énergie sur le même mode consommateur-destructeur, par exemple). En l’occurrence, fragile » ne s’oppose pas à « inattaquable ». Par inattaquable je voulais dire : moralement inattaquable. Demandez donc à ceux qui se battent contre les technologies dites de communication et leurs effets mortifères ce qu’ils rencontrent comme réactions.
    Geler la recherche scientifique (quelle recherche scientifique, d’ailleurs ?)? Vous y croyez vraiment ? J’ai besoin d’objectifs plus modestes, mais atteignables. A portée concrète de ma main. J’ai besoin, pour continuer d’espérer, d’expérimenter le changement dans ma propre vie.
    A chacun sa façon, n’est-ce pas ?

    Merci Laurent. Je prends toujours note, vous savez.

  77. « …je le fais d’abord par une sorte de nécessité interne, morale, philosophique, matérielle aussi ; pas tellement parce que je crois à un impact réel, même à très long terme, de ce changement… » disais-je.

    Si, tout de même, j’y crois un peu, certains jours. Et DANS LE FOND, j’y crois tous les jours.
    Ce doit être une variante de l’instinct de survie.

  78. Il serait interessant de savoir comment Davesnes distingue les « manifestants un peu energiques » qui disent « oui » de ceux qui disent « affirmatif »… (cf video postee plus haut et reportage de Kempf). Est-ce que une vitrine ou un engin de chantier casses par des flics ca serait « flicard » et, casses par des non-flics, ca serait « anti-flicard »? N’est-ce pas une totale confusion?

    Comme remarquait Afshin Rattansi (sur l’attaque de Woolwich, cas certes beaucoup plus grave mais qui a l’avantage d’etre extremement clair dans sa grotesque brutalite) dans « La machete a-t-elle ete fournie par Cameron? »: « quel est le degre de confusion dans la tete de ces gens? »

    http://rt.com/op-edge/woolwich-murder-uk-politics-662/

  79. Sur le fait que les processus visant à l’acceptation (et à la demande) de technique sont toujours en cours, tout à fait d’accord avec Avionnette, bien sûr. Ils ne cessent de progresser avec la technologie, d’ailleurs. Ils en font partie, même. Ils sont intégrés à l’objet et surtout à son usage. D’où l’identification massive, d’où l’inattaquabilité. Il y a non seulement acceptation, comme le fait remarquer René, mais demande, attente, et enfin promotion, voire prosélytisme de la part des consommateurs-usagers-techniciens. En novlangue, on doit pouvoir dire qu’il y a eu « démocratisation »…

    Je remarque que c’est exactement du même ordre que ce qui s’est d’abord passé avec les fringues de marques, en particulier dans les banlieues. Les gens ont gobé ce truc incroyable :
    1) de payer (très cher) à l’achat de l’objet
    2) de se faire eux-mêmes gratuitement le support publicitaire de la marque
    3) de voir dans ces objets et ces marques leur « identité » et leur « style »
    4) de ne pas tolérer qu’on le fasse remarquer

    Chapeau, quand même.

  80. Valérie,
    Ok pour les déchets nucléaires que les dizaines(centaines ?) de générations suivantes vont devoir gérer, mais je ne suis pas d’accord pour les centrales nucléaires, regardez au Japon, ils les ont toutes arrêtées du jour au lendemain à cause de l’ accident nucléaire.
    Regardez le bloc communiste qui a basculé du jour au lendemain dans la consommation, à la très grande surprise des personnes qui y vivaient, cela parce que Gorbatchev est arrivé un beau jour au pouvoir .
    J’ai l’impression que vous pensez que notre avenir est figé.Tout peu basculer ,dans le bon sens comme dans le mauvais, et l’opinion publique
    de la même manière.Rien n’est jamais figé.
    C’est cet espoir qui me porte.
    Quant au système techno-industriel, on peut reconnaître aussi le bien être, les facilités qu’il nous apporte.La machine à pain que l’on m’a donnée m’évite, certains jours, de faire des kilomètres en voiture, et de raviver ma tendinite.(électricité Enercoop !).
    Sans ce système nous serions tous restés des paysans et artisans, notre vie serait sûrement plus laborieuse,serait-elle plus heureuse ? Notre air, nos sols, notre eau,aussi moins pollués.Nous échangerions de vive voix sur les moutons malades, les poules qui se remettent à pondre, et les patates à semer quand le lilas fleurira.Cette possibilité de vie me va tout à fait bien aussi, je la désire même, mais il y a plein de gens à qui cela fait très très peur !

  81. Laurent, La décapitation d’un jeune soldat blanc dans une rue de Londres par deux soi-disant extrémistes noir devait permettre d’attiser toutes les haines – nationalistes, racistes, religieuses – et aboutir (entre autres sans doute) à l’acceptation par le peuple britannique de nouvelles attaques militaires non-justifiées du style d’Irak. Extrêmement clair, en effet. Mais heureusement pour l’Iran c’est raté! Au moins pour le moment. L’opinion publique n’était pas ce qu’on espérait qu’il serait. Les « false-flag » marchent de moins en moins. Et on continue de faire des « citizen’s arrest » à l’égard de Tony Blair. On n’a pas encore réussi à l’amener jusqu’au poste mais de temps en temps quelqu’un gagne la récompense. http://www.theguardian.com/politics/shortcuts/2014/jan/21/reward-attempt-citizens-arrest-tony-blair

  82. Marieline

    Je n’ai rien contre les moutons et les poules, ni contre les patates et les lilas. Mais on pourra aussi échanger sur autre chose : l’amour, la beauté, les êtres, la pensée, les mots, les livres, l’avenir, le passé, le mystère…
    Bref, la vie, non ?

    PS – Par pitié, ne confondez pas outils et objets techniques et système techno-industriel.
    PPS -(Une vie plus laborieuse ? Les vies dans la Machine ne le sont donc pas ?)

  83. Suite du film « Décapitation à Woolwich » : Cette semaine, Boris Johnson, Maire de Londres, suggère qu’il faudrait enlever les enfants de familles extrémistes avant qu’ils ne soient endoctrinés. A quoi ressemble la famille d’un terroriste potentiel de 5 ans d’age ? Et que fera-t-on de ces centaines de bambins sauvés d’eux-mêmes ? Orwellian police state? Manipulation de l’opinion ? Mais non, mais non. Circulez. Il y a rien à voir. http://www.theguardian.com/politics/2014/mar/03/boris-johnson-radicalisation-child-abuse

  84. Je crois que Valerie voulait dire qu’on « ne peut pas arreter les centrales nucleaires » dans un sens tout a fait precis: On ne peut pas se permettre d’arreter les pompes, de couper le courant, de couper l’eau, de fermer la porte, ni surtout de mettre l’armee d’ingenieurs et de travailleurs qui en permanence changent la plomberie, repeignent les cuves, tentent de limiter la propagation de la radioactivite, reparent les instruments de mesure, les moteurs, et meme les fuites de toiture… au chomage. Jusqu’a present, personne n’a encore reussi a « arreter » une grande centrale nucleaire commerciale, meme lorsque la production d’electricite est arretee depuis longtemps. Les seuls reacteurs qui furent completement demanteles furent de tout petits reacteurs experimentaux, et ca n’a surement pas ete fait en tenant en compte la sante du public (genre « tout a l’egout », comme a Saclay ou a Vaujours…) Et c’est bien pour ca que les usines de plutonium sont maintenant reconverties en « centres de recherche », parcequ’il faut bien trouver une justification acceptable par le public pour payer autant de gens hautement qualifies, pour faire autant d’efforts, simplement pour eviter que ce qui reste de ces glorieuses usines, a Marcoule, a Windscale, a Hanford, a Cheliabinsk… ne nous pete a la gueule comme a Fukushima, et faire comprendre que ces terrains ne seront jamais, jamais rendus aux vaches et aux moutons.

  85. Valérie,
    Mille excuses pour ces raccourcis, mais quand il s’agit de produire à manger ,les discussions tournent souvent autour de cela à la campagne.
    Vos conversations de salon, c’est autour d’un thé qu’on les tient,pas en travaillant le dos plié vers la terre.
    Je rigole ! c’était juste pour vous mettre dans l’ambiance de ce qui nous attend … !

    Sauf erreur, les machines à pain ne poussent pas sur les arbres, donc permettez moi de confondre. Quant à nos vies , elles ne sont pas laborieuses.
    Le pétrole nous donne un sacré coup de pouce!
    Il est inhérent au système.Pour vivre comme on le fait actuellement en France sans cette énergie, il faudrait 500 personnes à notre service ,à chacun. Démonstration de JM Jancovici :
    http://www.manicore.com/documentation/esclaves.html
    Au début du siècle, on marchait en moyenne 12 km par jour, et pas seulement pour la balade….Les journées étaient beaucoup plus remplies et actives, même si aujourd’hui vous avez peut-être l’impression d’être au maximum.

  86. Je relis l’article de Afshin Rattansi posté par Laurent Fournier. Reprenons en contexte : « (…) if indeed it is this suspect responsible for this killing (si ce suspect est effectivement responsable de cette tuerie). (…) if these two suspects are indeed the men who hacked this British soldier, if he is a British soldier, to death. (si ces deux suspects sont réellement les hommes qui ont tué ce soldat britannique, s’il est en faite un soldat britannique) » Clairement, il doute. « I have to say when I first heard about it and that it was a machete and it was involving knives, and then there was of course the inevitable – they were Islamists, or some connection to Islam, one had to think – was the machete supplied by William Hague? » (Je dois dire que quand je l’ai entendu, qu’il s’agissait d’une machette et de couteaux, et puis il y avait l’inévitable – c’était des islamistes, ou une quelconque connexion avec des islamistes, on ne pouvait que se demander – est ce que la machette était fournie par William Hague ?)

  87. Alice, le point crucial que Rattansi faisait etait ici:

    « J’ai la declaration complete de la video, et ce n’est pas seulement une question de prevenir les femmes de ne pas regarder. Par exemple, ‘pensez-vous que David Cameron vas se faire attraper dans la rue? Pensez-vous que ce sont vos politiciens qui vont mourrir? Non, ca sera les gens normaux et vos enfants, alors debarrasez-vous d’eux. Dites-leur de ramener nos soldats a la maison pour que nous puissions tous vivre en paix’.

    Quelle chose grotesque de la part de cet homme, si c’est lui l’auteur de ce meurtre. Quelle declaration grotesque, parceque, c’est William Hague et David Cameron qui promeuvent la theorie de ce type d’attaque, des gens qui en coupent d’autres en morceaux dans les rues en Syrie. Donc quelle confusion, si ces deux suspects sont effectivement les hommes qui ont massacre ce soldat Britannique, s’il est un soldat Britannique. Quel niveau de confusion dans la tete de ces gens? »

    J’ai trouve remarquable la clairvoyance de Rattansi, a peine quelques jours apres l’attaque (d’ou ses precautions sur l’identite des coupables), et la maniere dont il met l’acte en perspective dans son contexte. Et effectivement, c’est ce genre d’analyse qui coupe l’herbe sous le pied aux « false flag » etc.

    La violence a une direction politique bien determinee. En un sens, elle n’est pas « neutre », ce n’est pas un coup d’un cote, un coup de l’autre. Elle fait evoluer la situation dans une direction bien precise, dans une direction politique bien precise, et ceux qui « gerent » cette violence le savent tres bien. La confusion des deux attaquants de Woolwich est donc extreme, ils se sont faits les soldats de la politique qu’ils pretendent combattre. A ce jeu, les « gestionnaires » de la violence gagnent a tous les coups.

  88. A Marieline,

    Un des effets tardif et insoupçonné de Tchernobyl : Monsieur Poutine demande le prix Nobel de la Paix.

    Bof…cela ne mange pas de pain dirait la machine!

    😆

  89. C’est la dernière fois que je force la patience de notre hôte qui a autre chose à faire qu’à servir de filet de pingpong ici. Merci, Laurent, pour le cours de compréhension écrite…d’anglais. Il est vrai que ceux qui osent le mot « complot » ont forcément le cerveau en compote. Je maintiens que ce journaliste implique fortement la possibilité qu’il n’y a eu ni meurtriers ni soldat britannique. A ce stade des informations données au publique, ne pas révéler les noms aurait été normal, questionner l’existence du meurtre ainsi que la qualité de soldat britannique de la victime ne l’est pas. Il se pose des questions également sur l’intégrité de la vidéo ( If indeed that is a complete video. It is very interesting that the corporate broadcasters were afraid of broadcasting it, Whitehall sources already spreading the information as far as I understand, the British Broadcasting cooperation not to broadcast that video.) Il répond de façon circonspecte car il n’accepte pas encore la version officielle. L’acceptera-t-il par la suite ? Nous ne le savons pas. Par contre, il accuse le gouvernement britannique d’attiser les haines. Ca, c’est clair ! Bien à vous tous.

  90. J’ai trouvé ça …
    EXTRAIT issu du blog le 4ème singe (voir  4°mesinge.com/de-nantes-a-kiev-2/ )

    (…) « Samedi à Nantes des enfants ont lancé des pavés, des extincteurs (…) sur des pères de famille casqués, armés et affublés d’insignes nationaux. Ses enfants hurlent !!! Ils ne savent plus ce qu’est l’altruisme, l’abnégation, le don de soi. Ils sont machiavéliquement amenés à adopter les comportements qui justifieront (selon la posture idéologique médiatico-gouvernementale) l’amplification de l’autoritarisme. Ils offrent toutes les raisons du monde à leur « opposant » l’Etat ! Celui-là même qui ne peut théoriquement se définir que par eux même « le peuple ». « En face » ?! Des pères de famille. Des papas animés au début de leur carrière par l’envie et la volonté de servir la communauté. Une bienveillance gangrénée et corrompue par une organisation économique aussi virtuelle qu’asservissante. Ces hommes initialement de bonne volonté ont choisi (rappelons que le non-choix reste un choix) de sauvegarder en priorité leur aspiration de sécurité matériel au détriment du sens de leurs actions. L’état qu’ils représentent défie et ne considère pas la parole du peuple. L’état qu’il représente s’est laissé volontairement corrompre et enchaîner par les fabricants de monnaie, entraînant avec lui la condition de millions d’êtres vivants…
    Pendant ce temps en Ukraine, d’autres humains (les mêmes en tous points) pratiquent la guerre civile. Eux ont le droit de jouer avec des armes létales ! »(…)

  91. Il serait interessant d’etudier le rapport entre violence et croissance economique (au sens restreint que lui donne la theorie economique dominante). En Anglais un ingenieur du batiment est un « ingenieur civil »… ce qui implique que c’est une sous-categorie de la categorie des ingenieurs, qui sont a priori… militaires!!! Les ingenieurs de l’armement ont une blague: « les ingenieurs mecaniques detruisent ce que les ingenieurs civils construisent ». On dit souvent, aussi, que la fonction de l’ingenieur est de transformer la nature en capital. Inutile de s’etendre sur la notion bien connue de capitalisme comme « guerre a la nature ».

    Mais je connais deux manieres tres differentes de definir la technique:

    – d’un certain point de vue, la technique apparait lorsque les moyens et la fin sont dissocies. C’est donc le contraire de la non-violence selon Lanza del Vasto, (et Gandhi) pour qui la fin est dans les moyens « comme l’arbre dans la graine ».

    – selon un autre point de vue, la technique est le point de rencontre entre un travail sur la nature et une pratique sociale (par exemple, si j’arrange des pierres dans un but purement esthetique c’est de l’art, ou du jeu, mais si c’est pour construire une maison, avec ses caracteristiques dimensionelles, fonctionelles, etc. socialement acceptees, ca devient de la technique).

    Il s’agit donc de deux manieres differentes d’envisager la technique, et la question que je me pose c’est:

    Une technique non-violente est-elle possible?

    (une tentative de reunion des deux points de vue)

  92. Une technique non-violente ? Je pense qu’elle a existé, c’est elle qui a bâti les cathédrales, avec grâce et humilité, avec un sens de l’harmonie entre les formes, les contraintes et les buts.

    Mais rappelons que les cathédrales n’ont jamais eu pour but le moindre profit matériel. C’est ce but qu’il faudrait réapprendre. Sans doute recadré, il éviterait bien des constructions aberrantes et violemment anti-naturelles. Sans doute serait-il nécessaire de rassembler les banquiers dans un cellier sombre, afin de les obliger à méditer sur l’inutilité fracassante de leur vie.

  93. Alice, je ne crois pas que le mot de « complot » soit approprie en effet. Il y a trop de participants, a trop de niveaux de conscience differents, pour pouvoir organiser un « complot » de maniere formelle. En revanche, la co-optation au niveau des « grands corps de l’Etat » (en France, revelee au grand jour par Bourdieu), au niveau des « grandes familles » (aux Etats-Unis et ailleurs) permet de garantir une certaine « loyaute », non pas tant envers des gens mais envers un systeme. C’est un systeme presque « culturel », presque « religieux » au sens ou il implique l’adhesion a un systeme de valeurs, un vocabulaire, tout un ensemble de presupposes poliment laisses dans le domaine de l’implicite, du tacite. Il y a certainement une organisation methodique au plus haut niveau, mais seuls ceux qui ont donne suffisament de gages, ont fait suffisament d’efforts, ont sacrifie une part suffisante de leur vie, y ont effectivement acces. Mais cependant ce n’est pas difficile de voir ce qui se passe, il suffit en fait de lire les journaux, car tout se passe effectivement « sous nos yeux » pour reprendre une expression favorite de Thierry Meyssan.

    Je ne dis pas que vos idees sur l’attaque de Woolwich sont fausses ou inexactes, je n’en sais rien, et si vous etes Anglaise (ce que vous avez l’air de suggerer) vous en savez surement plus que moi. Mais ce que j’apprecie dans l’article de Rattansi c’est qu’il decrit exactement les faits, sans s’aventurer dans aucune hypothese, et qu’il etablit clairement le contexte dans lequel ces faits peuvent etre compris, et par rapport auquel chacun, meme avec les informations partielles dont nous disposons, peut se situer. C’est en ce sens que les choses se passent « sous nos yeux »: pour qui sait regarder, l’information disponible est toujours en quantite suffisante, quelle que soit la situation, car nous ne sommes pas des machines: Nous avons un cerveau…

  94. Je viens de lire ce passage eclairant de Walter Benjamin:

    « l’État totalitaire aboutit nécessairement à une esthétisation de la
    vie politique. Tous les efforts d’esthétisation politique culminent en un point. Ce point, c’est la guerre moderne. La guerre, et rien que la guerre permet de fixer un but aux mouvements de masses les plus vastes, en conservant les conditions de propriété. Voilà comment se présente l’état de choses du point de vue politique. Du point de vue technique, il se présenterait ainsi : seule la guerre permet de mobiliser la totalité des moyens techniques de l’époque actuelle en maintenant les conditions de propriété. »

    L’oeuvre d’art à l’époque de sa reproduction mécanisée, 1935, trad. Pierre Klossowski.

    http://www.larevuedesressources.org/l-oeuvre-d-art-a-l-epoque-de-sa-reproduction-mecanisee,1976.html

    Ce texte est a mettre en rapport avec son epoque, qui d’une part avait le Marxisme en toile de fond, et qui d’autre part n’etait peut-etre pas encore aussi sauvage, aussi crue, qu’aujourd’hui.

    Mais on voit bien que la violence n’est pas neutre, qu’elle cree les conditions d’une certaine politique, bien particuliere.

    Que la violence soit de plus en plus utilisee pour son caractere propre, et non plus seulement comme « moyen » d’atteindre un « but » qui lui serait autre, c’est ce qui est de plus en plus visible dans la politique etrangere Occidentale. On nous a longtemps dit que l’Occident favorisait les « regimes pro-occidentaux », mais il serait difficile de trouver des regimes plus serviles envers l’occident que ceux du Shah d’Iran, de Saddam Hussein, de Ben Ali, de Hosni Mubarak… Tous abandonnes dans une mise en scene de violence plus ou moins spectaculaire, et remplaces par des regimes dont il serait difficile de dire en quoi il seraient plus « pro-occidentaux » que ceux qu’ils ont remplaces. De meme en Ukraine, ou les memes snipers ont tire a la fois sur les manifestants et sur les policiers, bien malin qui pourrait dire en quoi l’espece « d’absence de regime » actuelle serait plus « pro-occidentale » que le regime precedent.

    Tout se passe donc comme si la politique actuelle n’avait pas de preference ideologique claire, nouant des relations avec a peu pres tout ce qui peut se concevoir, du nazisme au liberalisme en passant par le fanatisme religieux, a partir du moment ou la « transition politique » se fait dans la violence.

    Il n’y a donc plus de « regime ami » ni de « regime ennemi », il n’y a plus que des transitions politiques preferees, reposant sur la violence, et des transitions politiques detestees, ne reposant pas (ou moins) sur la violence.

    Cela pose evidemment beaucoup de questions, mais, pour en revenir au sujet de l’article, il faut se demander, lorsqu’on est soi-meme tente par la violence: Est-ce que cette mise en scene spectaculaire (car la violence est toujours spectaculaire) ne contribue justement pas a accelere l’avenement des conditions dont l’ennemi a besoin pour nous eliminer, nous et ce que nous pretendons vouloir defendre?

Répondre à Marieline Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *