Bill Gates roi de l’Afrique (une nouvelle révolution verte)

2008, hein ? Peut-être faudra-t-il attendre quelques jours avant que la vie ne devienne belle pour de bon. En Afrique, lecteurs de ce blog, les philanthropes sont de sortie. Au Kenya, par exemple, où la guerre civile menace d’emporter ce que les commentateurs présomptueux présentaient comme un exemple de stabilité.

Au Kenya donc, la fondation Rockefeller finance une extraordinaire structure appelée African crops (www.africancrops.net). Laquelle a réuni le 5 octobre 2007, à Nairobi, de nobles spécialistes africains encravatés – pour les messieurs – ou pomponnées – pour les dames. Objet de la rencontre ? Lever les barrières commerciales qui entravent le commerce des semences de maïs, lutter contre les bureaucraties, diffuser des « connaissances » sur l’intérêt de nouvelles variétés. Et donc, bien sûr, lutter contre la faim.

L’affaire réserve, malgré les apparences, son lot de surprises. Car une énorme offensive est en cours, qui se fixe pour objectif de changer le cours de l’histoire africaine. Je suis contraint de faire court, ce qui est un peu dommage. Bill Gates, le héros bien connu de Microsoft, a créé avec son épouse Melinda une fondation prestigieuse, qu’il a dotée à la hauteur vertigineuse de 28,8 milliards de dollars. Mais oui. En comparaison, la fondation Rockefeller, elle, lancée en 1913, fait figure de nain.

Mais les deux s’aiment, car elles ont le même but : aider l’humanité souffrante. En conséquence de quoi, elles ont décidé de lancer ensemble une Alliance pour une révolution verte en Afrique (Agra) dotée dans un tout premier temps de 150 millions de dollars (en français : www.agra-alliance.org/fr). Dès ce mois-ci, un premier contingent d’étudiants financés par l’Agra commencera une formation dans les locaux du Centre d’Afrique de l’Ouest pour l’amélioration des plantes (Wacci), qui se trouvent au coeur de l’université du Ghana, à Accra. Il s’agit en fait de créer une nouvelle génération d’agronomes africains, au service de l’agriculture industrielle mondialisée.

Le propos est simple, sinon simpliste. Dans les années 50, les fondations Ford et déja Rockefeller ont puissamment financé la Révolution verte, qui devait ensuite déferler en Inde, au Pakistan, en Amérique latine, notamment. Le vrai bilan de cette grandiose aventure inclut – pourquoi le nier ? – une augmentation des rendements, donc un recul de la faim. Mais aussi une dévastation écologique sans précédent des sols et nappes phréatiques dans le Sud, qui compromet gravement tout avenir.

N’importe. Au passage, les transnationales de l’agrochimie ont imposé leur modèle, et vendu leurs engins et produits. Les tracteurs, les engrais, les pesticides n’auront pas été perdus pour tout le monde. Hélas, hélas, l’Afrique des années 60 du siècle passé, plongée dans les affres d’une toute nouvelle indépendance, était restée à l’écart du grand mouvement. Et cela ne pouvait durer, en tout cas pas avec un Bill Gates en pleine forme, aimant à ce point les enfants et les Africains. D’où cette idée, qui sera bientôt, sauf révolte décidée, une réalité. Incluant, au passage, les OGM.

Comme il se doit, Monsanto et consorts ne sont pas loin derrière. Ainsi qu’un certain Ernesto Zedillo, d’ailleurs. Qui est ce brave garçon ? L’ancien président du Mexique, membre éminent du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) au pouvoir pendant la bagatelle de 70 ans. Inutile de se perdre : le PRI, c’est le pire. Élu à l’été 1994, en pleine insurrection zapatiste dans le Chiapas, Zedillo est surtout connu pour le massacre de 45 Indiens à Actea, en décembre 1997, perpétré par des sbires liés à son parti.

Il mériterait bien d’être oublié, mais Gates aime les hommes et croit en la rédemption. Il vient de faire entrer Zedillo dans le staff de direction de sa fondation. Il y suivra notamment le dossier de l’Agra. Croyez-le ou non – mais croyez-le -, on reparlera tantôt de cette Révolution verte en Afrique. Sur fond de guerres civiles, de désagrégation des États, de partitions, d’extrême violence ethnique, elle annonce un très grand désastre de plus. Au moins, et pour commencer, tenons-nous au courant. Et s’il devient possible de faire, faisons. Mais vite, car ces hommes courent à très vive allure.

29 réflexions sur « Bill Gates roi de l’Afrique (une nouvelle révolution verte) »

  1. De B. Gates il y a quelques années, cette phrase qui m’est restée : « Nous entrons dans l’ère de l’optimisme. » – il a dû oublier d’ajouter « forcé », avec rires enregistrés à l’appui.
    D’Imre Kertész, celle-ci : « Je ne consomme pas et je ne suis pas consommable. » A méditer au temps où le niveau de consommation sert à mesurer le « moral des ménages »… C’est là, évidemment, une arme essentielle, a priori entre les mains de chacun – si les gens de Mac Do ne comptaient que sur moi pour faire fortune, il y a longtemps qu’ils auraient déposé leur bilan !

  2. Fabrice, pour vous mettre en forme aujourd’hui… un article à lire sur le site des Echos de Hervé Plagnol, de l’agence Agra… http://www.lesechos.fr/info/analyses/4667530.htm
    « la France et peut-être demain l’Europe prennent du retard sur une technologie donnant un avantage commercial considérable en matière agricole. L’agro-business américain doit sans doute se réjouir de l’activisme efficace d’un Greenpeace en Europe »
    (ceci n’a rien à voir avec votre article mais j’ai essayé d’envoyer ce mail à partir de votre rubrique « contact », sans succès)

  3. Un fermier canadien perd son procès contre Monsanto, dans une affaire d’utilisation illégale de semences transgéniques.

    19/05/2004
    Si au départ de l’affaire, il s’est agi pour Monsanto, en traînant un agriculteur du Saskatchewan devant la justice canadienne, de défendre son brevet sur des semences de canola (1) génétiquement modifiées pour résister à l’insecticide vedette du géant phyto-sanitaire, le Round-up, les arguments utilisés par Percy Schmeiser pour sa défense ont radicalement modifié les enjeux du procès.

    Sept ans de procédure, deux jugements en faveur de Monsanto avec, enfin, un appel devant la cour suprême canadienne qui vient de juger en dernier ressort : il n’en fallait pas moins pour que le procès opposant la firme à un fermier devienne exemplaire de la lutte que livre une partie de la paysannerie mondiale contre la globalisation agricole et son corollaire, les OGM.

    A l’origine, Monsanto accusait Percy Schmeiser d’avoir utilisé sans autorisation des semences transgéniques dont elle détenait le brevet et d’avoir ainsi enfreint la législation sur les brevets. En 1997, la majorité de la récolte de Schmeiser était constituée de canola transgénique et, malgré les avertissements de Monsanto, une partie des grains de cette récolte avait été utilisée pour l’ensemencement de ses champs l’année suivante. D’après Monsanto, une expertise indépendante aurait montré que 95 à 98% des 1 030 acres de canola plantés par l’agriculteur étaient résistante au Round-up. De son côté, Percy Schmeiser, qui contestait le pourcentage de canola transgénique avancé par Monsanto, affirmait que la portion d’OGM découvert dans sa récolte etait issue de la dissémination aérienne en provenance de champs voisins ou de passages de camions.

    La cour suprême qui vient définitivement de se prononcer le 21 mai dernier n’a pas suivi les arguments de Percy Schmeiser et a donné raison à Monsanto, tout en déboutant l’industriel de sa demande de dommages et intérêts.

    (1) – Le canola est la marque commerciale désignant au Canada les graines de soja et de navette à faible teneur en acide érucique et glucosinolates (l’utilisation du terme canola pour désigner du colza français est interdite) – Source : Ecole nationale vétérinaire de Lyon

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    source : http://www.ix-info.com/library/fr/columns/A079w6J3FFi68LqAAQ2.htm

  4. Que reste-t-il des questions écologiques ds une guerre civile? Nada, ce n’est que la denière étape de ceux qui se croient en guerre économique, ou sont prêts à tout pour le pouvoir puissance ce qui revient au même; donc laissent une terre (T?) brûlée par leurs désirs-envies mal civilisés….

  5. Sérieusement, quand se rencontre-t-on, tous, pour essayer de fabriquer l’idée folle suggéreé par Fabrice ? Les énergies sont là, des fonds aussi (inférieurs à ceux-ci, c’est sûr, mais c’est un début, et tout dépend de l’utilisation de ces fonds), l’envie de restaurer la vie surtout , alors ?

  6. La prochaine fois, et je souhaite qu’il y en ait une, que le bilou se fait entarter, que ce soit avec des matières transgéniques.

    Rien que ça est une raison de boycotter kro$oft.

    Une éventuelle réunion pourrait être élargie aux publics d’autres sites ou blogs (certains fréquentent plusieurs d’entre eux, non ? 😉 )

  7. Bruno, je suis passée chez les Colibris de Caen, pour les voir, les encourager, les féliciter… il y a quelque temps, et ça m’a rempli d’espoir. Il était question qu Pierre Rabhi vienne (sous réserve) à Caen, en janvier je crois, pour la présentation d’un festival de musique du monde qui a lieu en juillet (j’oublie le nom du festival, mais ça reviendra c’est connu). C’est chouette quand les organisations s’entraident!

  8. Tout à coup, j’y pense… Ca ne vous dirait pas un petit tour chez les colibris caennais? Le 24 janvier, il y a le lancement du festival de juillet???
    evidemment, tout dépend du lieu de résidence de chacun, mais…

  9. Bonsoir à tous,

    moi je suis partante a priori. J’habite dans l’Eure, donc le train devrait pouvoir m’y conduire facilement. Reste à vérifier l’emploi du temps!

    Une fidèle lectrice du blog quoique un peu discrète

    PS: ils viennent d’annuler le Dakar!!! Je pense pas que ce soit parce qu’ils aient enfin pris conscience de l’urgence des temps (bah oui tant que ça rapporte de l’audience ces bonnes grosses bagnoles, 4×4 et autres camions ou motos qui défoncent les dunes, quand ce n’est pas les autochtones), mais enfin c’est déjà ça de pris et on ne va pas s’en plaindre.

  10. bon, je suis à la limite de l’eure, c’est faisable (nous sommes assez proche Suzanne !). Pour le dakar, non, on ne s’en plaidra pas .la date serait le 24 janvier , valérie ?

  11. Chiche!
    C’est bien le 24, je mets le lien pour les infos :
    http://www.festivalcaplatino.fr/index.php

    Ce serait une petite rencontre avec ceux qui peuvent, il peut y en avoir d’autres en attendant un plus importante; j’avoue que, habitant près de Cherbourg, je ne vais pas souvent à Caen (pour le travail parfois), trop grande ville pour moi…, mais c’est aussi dans les plus grnades villes qu’il y a le plus de gens pour prendre des initiatives intéressantes.
    On pourrait donner un rendez-vous au local de « La part du Colibri » qui se trouve quai de juillet, le long de l’Orne, pas loin de la gare.
    http://www.lapartducolibri.com/

    A suivre…

  12. Pour le Dakar, c’est une très bonne nouvelle. j’ai entendu aussi qu’ils envisage de le faire en Amérique Latine… Je compte sur les latinos pour savoir résister à ces inepties. Ca m’étonnerait que les peuples d’Amérique du Sud se laissent faire, du moins pour une bonne partie d’entre eux. Mais je sais que les lobbies existent, hélas.

    Sinon, je viens de voir que « La part du Colibri » n’est pas ouvert le jeudi, zut, mais je peux les appeler. il est possible que ce soit ouvert quand même, surtout ce soir là. J’étais passée un jour en dehors de heures d’ouverture et ce n’était pas fermé.

  13. Et bien nous pouvons nous voir au Colibri un autre jour , le 26 ou 27 Janvier par exemple . l’important, c’est surtout de se rencontrer et de pouvoir échanger, n’est-ce-pas ? le soir, c’est un peu plus compliqué quand on est à deux heures de train … ou alors, co-voiturage ?

  14. Oui, le 24 : un jeudi + grève des fonctionnaires = ça fait beaucoup !
    Par ailleurs, pourquoi se précipiter ? Il faudrait d’abord savoir si, au-delà du plaisir de se rencontrer entre « nicolinistes », nous souhaitons construire quelque chose ensemble et y réfléchir avant, non ?

  15. j’en parle sur la page concernant les agrocarburants . Pour moi, c’est une évidence, même si j’aurai, bien-sûr, grand plaisir à vous rencontrer . Nous devons avancer, il le faut .

  16. Bien sûr, la priorité des priorités c’est Restaurons la vie sur Terre, la question pour moi est de savoir comment accéder à une réalité à grande échelle, je l’ai déjà dit ici. Sans doute que Fabrice a des contacts avec des personnes pouvant faire rayonner efficacement et concrètement ces idées, mettre en branle les systèmes « mafieux » mortifères. Il nous faut continuer à oeuvrer localement, et songer chacun à donner une ampleur à tout ça, il nous faut des relais. Nous pouvons déjà faire circuler, circuler encore ce projet auprès de toutes les organisations que nous connaissons. Mais après ? Alors réfléchissons, et on se rencontrera lorsque quelqu’un aura une proposition plus facile que ce jeudi 24. On peut donc se signaler des occasions les uns les autres au fil de ce blog.

  17. Mais j’attends vous points de vue sur la question . Les propositions d’Hervé et de Valérie me vont parce qu’elles sont simples et je crois en l’efficacité de la simplicité . Dans un premier temps, rencontrons nous de façon régionale ou sur forum, échangeons nos idées, il en ressortira toujours quelque chose .

  18. Bénédicte, tout dépend si je fais le déplacement le 24 ou non. J’y réfléchis et réponds dans la journée. Mais si déjà certains d’entre vous peuvent le 26 ou 27, allez-y (on s’y joindra probablement!)

  19. ok Valérie, et en tout cas, merci pour l’idée . Oeuvrer à grande échelle, oui, c’est le but, et donc ça ne peut être un point de départ !

  20. Bon, à priori personne pour le 26 ou 27, alors on remet ça à plus tard. Au passage, salutations à Suzanne, qu’on espère moins discrète à l’avenir 😉 !

  21. je suis satisfait de vos actions.mais je vous prie d’etre plus présent au congo,pour aider les etudiants de science et de l’informatique

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