Frédéric Wolff nous parle

Je reste un peu hors-jeu, et ne peux plus réellement écrire pour Planète sans visa. Ça reviendra, à n’en pas douter, car le lien noué avec vous tous, y compris certains adversaires, m’est précieux. Ça va revenir, et peut-être plus tôt que je ne pouvais le craindre. En attendant, place à Frédéric Wolff, lecteur et ami, même si je n’ai jamais eu la chance de le rencontrer. Qui est-il ? Je dois avouer que je n’en sais à peu près rien. Mais depuis quelques années, il envoie de temps à autre de puissants commentaires, servis par une langue forte et belle, en tout cas comme je les aime.

Vous lirez pour commencer un texte de juin, publié ici, mais sans doute pas autant lu qu’il l’aurait mérité. Puis un commentaire de ces tout derniers jours, inédit. Frédéric, je vous salue avec affection.

          Lettre à mon poisson rouge

Mon cher poisson rouge,
Grâce à toi, je viens d’apprendre deux informations de la plus haute importance pour la suite de ma vie et de la tienne aussi.
Longtemps, je t’ai regardé tourner en rond dans ton bocal où il m’a semblé apercevoir d’étranges reflets entre le monde et toi, entre le monde et moi.
Je revois ce jour où tu es arrivé ici, avec Pascal, le fiston, pas peu fier d’avoir emporté le challenge de l’équipe de travail qu’il venait de rejoindre deux semaines plus tôt. Le trophée, c’était toi. Cette victoire s’ajoutait à celle d’avoir été embauché par une entreprise pleine d’avenir.
Le soir où il a débarqué avec toi et une tablette dans ses bras, je m’apprêtais à souffler en solo mes quarante-cinq printemps. Depuis plusieurs mois, mes journées étaient interminables à attendre une lettre au courrier du matin, une sonnerie de téléphone. Pour occuper mes heures désœuvrées, j’ai navigué entre mon nouvel écran et les eaux claires que tu habites. Certains jours, confusément, une impression étrange s’emparait de moi : celle de vivre dans un bocal, moi aussi, un bocal de la taille de la tablette où s’écoulaient mes heures.
Pascal était très pris par son travail, mais heureusement, il y avait les écrans. De temps en temps, on s’envoyait des nouvelles : un message, des photos pleines de sourires. Chacun se voulait rassurant sur lui-même et rassuré sur l’autre. Chacun avait envie d’y croire. On se construit des histoires qui finissent par devenir des vérités, pendant un certain temps au moins.
Et un jour, tout s’effondre. Ce jour-là, je m’en souviens, le téléphone a sonné. La voix au bout du fil était celle de Martine qui partageait ses jours avec Pascal.
– Je t’appelle parce que…
Elle n’a pas pu aller au bout de sa phrase. Tout de suite, j’ai su.
– J’arrive.
C’est tout ce que j’ai su dire.
On s’est retrouvé dans un couloir d’hôpital. Elle m’a appris ce que je savais déjà : l’épuisement des journées de plus en plus longues, la peur au ventre chaque matin, les objectifs impossibles à atteindre, le couple qui vacille, la solitude connectée avec le monde entier…
On l’avait découvert sans connaissance dans les toilettes de l’entreprise, une boite de gélules vide sur le carrelage et, dans la poche de sa veste, un mot écrit à la main : « Je ne peux plus. J’abandonne. Pardon. Pascal. »
Pourquoi je te raconte tout ça, cher poisson rouge ? Pour essayer de comprendre, peut-être, comment il est possible de ne pas basculer, dans ce monde où nous sommes, toi et moi.
Souvent, je me suis demandé par quel miracle tu pouvais vivre sans compagne, sans compagnon à tes côtés, sans autre horizon qu’une paroi de verre où s’arrête ta vie.
Ce matin, je crois tenir une explication. Ta capacité de concentration serait de neuf secondes. Neuf secondes pour passer à autre chose et ne pas devenir fou à force de tourner en rond tout seul, toujours.
Une deuxième information m’a permis d’y voir plus clair sur un autre mystère : comment nous, les humains, pouvons tenir encore debout dans une époque aussi peu digne d’humanité. Il y a bien des manières de se protéger, parmi lesquelles le déni, le travail, le jeu, l’absence à soi, la consommation, la drogue, les écrans… Mais ces parades ne durent qu’un temps. Très vite, il faut de nouvelles défenses qui nous exposent un peu plus encore, sitôt passée l’illusion d’un réconfort.
Nous en arrivons à cette seconde information que j’évoquais plus haut : Notre attention à nous, les humains, ne dépasserait pas huit secondes. Soit une seconde de moins que toi, mon poisson rouge, et quatre de moins qu’il y a quinze ans. Cet exploit, nous le devons aux écrans, à leur capacité à nous distraire, à nous pousser à être là sans y être, à faire une chose sans y penser, à griller notre cervelle, notre mélatonine réparatrice. Bref, à faire de nous des absents. Et, immanquablement, à force de s’absenter de soi et du monde où nous sommes, on finit par s’absenter de la vie, un jour ou l’autre. Le remède – provisoire – devient le poison.
Ainsi donc, cher poisson rouge, sans le vouloir expressément, nous avons pris modèle sur toi. L’écran est devenu notre bocal, notre horizon de plus en plus, notre machine à ne plus lire vraiment les livres importants, à ne plus lire en nous, à supporter l’insupportable. Comment ne plus penser ? L’écran apporte une réponse inédite. Au-delà de cette limite – huit secondes –, notre ticket n’est plus valable, nous nous mettons en danger de prendre la mesure de ce qu’est devenu notre existence, l’insignifiance et pire que ça, le désastre auquel nous participons. Vite, vite, un écran de fumée, passer à des choses plus légères, penser à sourire pour nos prochains selfies, mettre à jour notre mur Face-book, twitter, liker, nous connecter partout, toujours, à grands renforts d’énergies climaticides, de métaux rares, échapper d’urgence au temps de rêverie, d’ennui, de présence à nos profondeurs, à nos semblables de chair et de vive voix… Faire mille et une choses à la fois pour oublier le grand vide et notre grand écart au-dessus du grand vide. Se dire que, malgré tout, la toile qui nous étouffe a du bon et qu’il ne tient qu’à nous d’en faire un outil d’émancipation, comme si nous maîtrisions quoi que ce soit dans la méga-machine qui domine. Ne plus voir ce qu’il y a de sordide dans la marchandisation, la « servicisation » – pour ne pas dire la sévicisation – de chaque moment de l’existence.
Huit secondes pour ne pas devenir fou, dans nos bocaux à quatre roues, à micro-ondes, à écrans plats, à emplois inutiles et nuisibles, à perfusions chimiques. Huit secondes aujourd’hui et combien demain ? Sept, six, cinq… Le compte à rebours de notre décervelage a commencé. Et j’ai bien peur que notre mémoire, notre discernement, nos capacités cognitives, notre âme, connaissent une évolution semblable. Heureusement, plus nous sommes abrutis, plus les objets qui nous entourent deviennent intelligents ; ils se souviennent pour nous, décident et pensent à notre place. Bienvenue parmi les miradors et les garde-chiourmes électroniques. Souriez, vous êtes irradié, empoisonné, localisé, fliqué, géré, piloté à distance. Mais réjouissez-vous, tout cela est progressiste et innovant. Et on ne peut pas être contre le progrès et l’innovation, n’est-ce pas ?
Alors quoi ? Alors la vie n’est pas dans un bocal de verre ou de plasma. Tout à l’heure, je vais rejoindre Pascal, de retour du grand vide. Nous allons marcher sous les arbres. Je t’emporterai avec moi et je te déposerai dans une mare où nagent d’autres poissons de ta famille.
J’ai débranché les écrans entre moi et la vie. J’essaie d’être là où je suis, dans chaque chose, chaque pensée qui m’habite. Je réapprends, un peu comme on réapprend à marcher après une longue période immobile. Je reviens vers la vie. C’est ce que je te souhaite aussi.

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Frédéric vient de m’envoyer ceci, qui se réfère au livre que je viens de publier : « Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu’est devenue l’agriculture »
A contretemps du monde qui décidément m’échappe de plus en plus, à contre-courant mais rattrapé parfois par la vague, quelques mots volés à la grande lassitude trop souvent, quelques mots pour dire ce qui m’apparaît comme une évidence même si je manque de chiffres, mais il se trouvera peut-être un jour des experts pour accréditer mon hypothèse.

Si nous prenions en compte les terres pillées et massacrées, les vies saccagées, les forêts anéanties, les eaux empoisonnées, le climat chaviré, si nous faisions la somme des subventions, des aides et des milliards dépensées pour tenter de réparer l’irréparable, la conclusion serait sans appel : nous avons inventé l’agriculture la plus improductive du monde et, je le crains, de tous les temps. Je manque de temps pour illustrer mon propos dans le détail, mais je suis sûr que chacun, chacune, ici, comprendra de quoi je parle.

Pourtant, par des artifices comptables et rhétoriques, on nous martèle le contraire. Par un découpage factice du temps et de l’espace, on ne voit pas plus loin que le rendement à l’hectare, à l’unité de bétail animal et humain.
Ce qui vaut pour l’agriculture industrielle vaut pour la société industrielle dans son ensemble, évidemment.
Mais comment chiffrer la souffrance, comment mesurer le prix d’une vie sans congédier l’essence même de la vie, sans céder finalement à l’écologie palliative, à l’image des soins du même nom, cette écologie d’accompagnement escortant les agonisants vers la mort, les agonisants et la civilisation qui les achève. Cette escrologie là parle une langue morte, celle des technocrates à la pensée désincarnée.
Il faudrait, autant qu’il est possible, fuir cet univers morbide et rechercher le sens ailleurs, habiter chaque lieu, chaque instant de nos vies, chacun de nos liens, de nos paroles et de nos actes. Il faudrait habiter chaque pourquoi.
Merci à Fabrice pour cette nouvelle contribution que je n’ai pas encore lue mais que je devine combative. Merci et courage.

44 réflexions sur « Frédéric Wolff nous parle »

  1. Genial! Quel plaisir de lire a nouveau Frederic Wolff dont je me demandais ce qu’il devenait, ca fait plusieurs mois qu’il ne laisse plus de commentaires sur Planete sans Visa. Je me souviens de l’article brillant sur le poisson rouge, et lorsqu’on se souvient de l’article de PSV qui l’a provoque c’est encore plus interessant: Sur la reduction de notre duree moyenne d’attention soutenue, devenue inferieure a celle d’un poisson rouge… Mais bon je supppose que Frederic nage maintenant dans des eaux plus profondes que celles de son laptop, alors… Profitons de l’instant present sans rien regretter!

  2. Bonsoir, Fabrice
    j’ai lu ton livre, et j’en fait de la pub.
    Depuis ce matin j’ai envie d’envoyer un exemplaire au préfet de Haute -Savoie qui braconne a tour de bras, tout cela pour protéger un fromage de merde a basse d’azote.

  3. Beaucoup d’aliénations dans nos sociétés. ça me fait penser à un livre lu il y a longtemps : « Farenheit 451 » de Ray Bradbury. La fin comme une renaissance.
    L’époque incite au désespoir. Il faut tenir. Ce blog, comme d’autres, et les associations qui se battent, c’est l’obstination de la limace qui a décidé de traverser l’autoroute.
    Faut pas lâcher, continuer tout droit. Coups de gueule salutaires. Et se ressourcer.
    Entendu le brâme du cerf samedi dernier. La chouette effraie, dame blanche, dans le faisceau de la lampe. C’est magique. Jamais perdre la capacité de s’émerveiller.

  4. Fredéric et Fabrice, merci, on se sent moins seuls dans nos aquariums…
    J’ai dû m’arrêter de bosser quasiment une semaine pour m’occuper d’un proche malade (rien de grave et c’est déjà terminé sans encombres) mais… durant ces 6 jours au calme, comme le temps était différent ! Comme le monde a changé ! C’était autre chose que la course à la montre et aux mille et un soucis intenses de mon boulot … j’ai pu réfléchir comme je ne l’avais plus fait depuis des semaines.
    Le travail à haute dose nous abrutit et nous empêche de réagir.
    Merci pour ce rappel à travers le salutaire poisson rouge !
    Merci pour cette trouvaille tellement réelle : « l’écologie palliative » !
    Quand on aura fini de parler du salutaire et nécessaire bouquin de Fabrice, je vous dirai quelques mots sur un autre livre que j’ai traversé après avoir entendu son auteur dans une conférences où il a laissé son auditoire à terre tellement il a été percutant !
    Je sens que nous sommes en train de monter en puissance dans la radicalisation intelligente et inexorable. Ce mouvement est inexorable. Inexorable car en face, à nos trousses, il n’y a que la chaos et la mort de la violence et de la puanteur de l’extrême droite et de tous ses pendants (islamistes, fantômes staliniens, scientistes -y compris (surtout ?) de gauche- et autres intégristes de tous poils…). Non, au contraire, ou plutôt, en même temps, je sens comme un flot qui monte et qui pourrait tout balayer ! J’espère ne pas me tromper mais je sens que ça commence à frémir, à bouger dans le bon sens j’espère : la COP 21 ne parvient plus à duper personne.
    Enfin… j’espère toujours et encore jusqu’au dernier souffle ! Peut-être parce que j’ai l’impression, même confusément, que nous savons tous un peu plus chaque jour quels sont les chemins que nous devons prendre et quels sont ceux que nous devons définitivement abandonner. Planète sans Visa m’y aide, c’est certain et ce n’est pas rien !
    A bientôt 😉

  5. Par la pensée et par le coeur avec vous Fabrice
    Merci à Frédéric pour ces mots qui éclairent
    Une des pensées qui me tient vivante depuis que j’ai 7 ans (maintenant x10) c’est :
    « qui s’élève élève le monde, qui s’abaisse abaisse le monde »,
    je m’y consacre depuis mon ermitage, où je viens de planter un liquidambar ,
    cordialement

  6. Merci à Frédéric pour ce message d’amour pur et sauvage, sa sincérité et son émotion.

    clin d’œil : je comprends que Fabrice apprécie l’auteur de ces belles lignes.
    Quand on s’appelle Wolff, on ne peut que trouver grâce aux yeux de Fabrice.

  7. Courage , continuez , car comme le disent d’autres intervenants ci-dessus , les messages  » écologistes  » reçoivent de plus en plus d’audience , même s’il reste encore une majorité à faire la sourde oreille et l’autruche , les mentalités progressent … l’écologie passant aussi par le respect de l’homme .

  8. Le coeur serré, comme chaque automne, je les ai vues passer aujourd´hui au-dessus de chez nous, accompagnées des grou grou si reconnaissables : les grues cendrées partent vers des cieux plus cléments. De magnifiques formations en V, haut dans le ciel, qui s´éparpillent un moment, toujours au même endroit, pour tournoyer en un ballet apparemment incompréhensible et puis qui se reforment et reprennent immuables leur long voyage.
    Bonne chance beaux oiseaux quand vous traverserez la France si inhospitalière et cruelle pour la faune sauvage.
    Pour ceux qui habitent la région, elles sont près de 26 000 au lac du Der : http://champagne-ardenne.lpo.fr/grue-cendree/migration-et-hivernage/la-migration-des-grues-cendrees-au-jour-le-jour#prettyPhoto

  9. Avec l’oiseau en cage , le poisson en bocal est l’expression la plus flagrante de la laideur humaine : condamner à perpetuité un être innocent , sans possibilité de sortie dans la cour , pour le seul plaisir de le voir soumis à son désir d’asservissement . Face à cette réalité , les esclavagistes font ce que leur cortex leur permet : rationnaliser , à défaut d’être rationnel , c’est à dire trouver une justification après avoir accompli l’acte , et non avant . Alors , de même que le taureau ne souffre pas dans l’arène , le poisson ne s’ennuie pas dans son bocal …

    1. « Humour » ? c’est à dire… ?
      (précisez bien pour nos téléspectateurs qui pour la plupart sont issus de couches populaires et ne comprennent pas la moitié de ce qu’on dit.)
      😀

    2. Ah ça non ! Je ne peux pas laisser passer ça. Le ressort majeur de l’humour, c’est précisément l’absurde. Si vous le supprimez, que nous restera t’il pour rire ?
      Dans les mascarades mexicaines, c’est la mort qui mène le bal en riant. C’est la Vie !

  10. Azer,
    complètement d´accord avec vous. Je n´avais pas osé en faire la remarque, attendant que quelqu´un aborde le sujet pour m´engouffrer dans la brêche. Eh oui, il m´arrive parfois d´être lâche ! J´ai pris souvent de belles volées de bois vert quand je ne nageais pas avec le main stream 🙂 ! Je partage donc tout à fait votre avis, d´autant plus que les poissons, longtemps considérés comme des êtres vivants sans aucunes capacités cognitives, en sont dotés de tout à fait remarquables que les éthologues ont découvertes ces dernières années. D´ailleurs, en seraient-ils complètement dépourvus que cela ne changerait rien à la cruauté de les condamner à tourner dans un bocal.

      1. Je découvre ce site avec cette page mais déjà, j’adore ! Mon petit doigt me souffle à l’oreille que je vais m’y faire plein de nouveaux amis. 🙂

  11. Bonsoir Fabrice, Frédéric Wolff et toutes et tous,
    Merci pour ces textes d’une rare acuité et d’une rare puissance. Je suis chaque fois bouleversé à la lecture de cette pensée profonde , enracinée dans la Terre comme dans un corps humain, les mots endeuillés par la guerre faite à la vie et qui parviennent à préserver la lumière. Des mots qui guident. Bref, ça me touche beaucoup.
    D’autres mots qui guident, Fabrice: les tiens. J’ai lu d’une traite ta « Lettre à un paysan… ». Bravo. C’est très réussi dans la forme et percutant quant au fond, comme d’hab’. Je souhaite que chacun(e) qui le lira soit, comme moi, projeté dans les souvenirs de paysages de son enfance qui ne sont plus source de vie, de diversité, d’histoire, et réalise bien de quoi nous sommes contemporains, ce qui est en marche inexorablement, faute de réaction de rejet (de « sabotage », comme dirait Erri de Luca) de notre part.
    Comment se fait-il que rien ne soit possible pour arrêter juridiquement la marche conjointe de la pieuvre Sofiprotéol et de sa tache d’encre multicéphale en perpétuel conflit d’intérêts?
    Bon, initialement, je voulais juste poster ce lien fort utile:
    http://www.bastamag.net/Du-Marais-poitevin-a-la-Provence-les-forets-francaises-menacees-de-disparition
    Je m’arrête-là pour ce soir.
    Au plaisir de vous lire Fabrice, Frédéric, Laurent et les autres…
    PS: oui, Jean-Pierre J, c’est le même.

    1. En complément suivre quotidiennement les diverses pollutions. Ozone, PM 2.5, PM 10…
      « Verba volant, scripta manent »
      Tant qu’il restera quelqu’un sachant lire !
      🙂

  12. « Faire mille et une choses à la fois pour oublier le grand vide »
    (Frédéric Wolff)
    Bien avant les écrans portables :
    « Consciemment, ou inconsciemment, je tentais d’ignorer
    le vide que je ressentais en m’amusant. »
    (Anne Frank, 1942-44, Journal)
    Pour le reste, « concentration », « cervelle », etc.,
    il suffirait de lire à H. Laborit, J.P. Changeux, O. Sacks, etc…
    Et surtout :
    […] « si nous ne nous étions pas bornés à ne voir que
    le mauvais côté des autres. »
    (Anne Frank, 1942-44, Journal)
    JAIA

  13. André ROUX

    Envoyé le 12/10/2015 à 7:53

    Merci ! Je viens de terminer votre « Lettre à un paysan… ». Merci.
    Nous nous sommes croisés une fois à St Jean Jean du Gard (colloque sur le gaz de schiste). J’ai lu « les Pesticides… », « Bidoche » et je suis sur le cul de votre dernier livre que je vais recommander à tous mes élèves.
    Encore merci et restez en colère ! Je le suis aussi.
    André

  14. Les copains sont partis !

    Marche sur la COP…destination Paris!

    Nous partons de la ZAD d’Agen le 11 Octobre pour une arrivée sur Paris
    le 28 Novembre. Nous suivons jusqu’à Bordeaux le projet de tracé LGV.
    Nous serons au bord du lac de Bègles le 17 Octobre, et dans bordeaux le
    dimanche 18 Octobre. La montée vers Paris suivra la ligne LGV_Bordeaux
    -Tours en construction.
    Venez marcher, venez nous soutenir pour les premiers pas. Ou bien
    retrouvez-nous en fin d’après midi à Xaintrailles pour la première étape
    avec une auberge espagnole et/ou le bivouac.

    La COP21, ils l’a nomment la rencontre de la « dernière chance »…
    soit disant, pour trouver des solutions face au dérèglement climatique
    et son lot de désastres annoncés. Mais qu’attendre de ces gouvernements
    qui signent la destruction de la planète, s’arrogeant ouvertement les
    droits de l’homme pour que des projets inutiles et ruineux voient le
    jour ?

    Qui est dupe … ??!
    Et que faire… !??…

    Occuper illégalement des zones sauvages ou cultivées promises à la
    destruction, tenter d’en retarder l’accès aux pelles mécaniques et aux
    bétonneurs !??
    Oui, cela constitue pour nous un acte citoyen. Citoyen dans le sens de
    la réappropriation des décisions publiques. La plupart de ces projets
    sont financés avec nos impôts (directs et indirects). Nous voulons
    pouvoir défendre nos points de vue, participer à l’organisation des
    communs.
    Nous pensons que ces projets soulèvent une réelle question sur notre
    avenir commun. Nous voulons qu’il soit possible de provoquer
    l’organisation d’un vote de la population locale ou nationale, dont le
    résultat s’imposerait à tous ?
    A ce jour, c’est la force qui s’impose à nous, la force des gardes
    mobiles et des milices, une force armée, ayant l’autorisation de tuer,
    mandatée par des élus à l’abri de la République.

    Alors, si écrasés car trop peu nombreux nous ne pouvons plus occuper,
    marchons !
    Marchons pour aller à la rencontre de ceux, qui, niés dans leur
    intelligence et enchaînés par les dettes sont impuissants. Nous ne
    demandons rien de plus qu’à participer à l’organisation de notre
    collectivité, y participer réellement!
    Depuis les zones d’occupations que l’on nomme ZAD[1] partent des marches
    .
    Elles convergent vers Paris, vers le mépris des politiques
    professionnels à la solde de ceux, qui dans l’ombre, en tirent leurs
    intérêts, leurs dividendes.

    Stop à l’étranglement, au déni d’être, au travail obligatoire !
    Une infinité de solutions existe !

    D’abord, mettre un pied devant l’autre pour échanger, discuter, être
    acteur de ce monde. Apprendre à être ensemble et jouir de nos
    différences. Rencontrons-nous, partageons une tasse de thé, un café ou
    une soupe, lors de nos escales. Venez faire quelques pas avec nous, une
    heure, un jour, une semaine, ou retrouvez-nous à Paris !? Chacun
    laissant son drapeau et ses étiquettes, rencontrons-nous entre
    humains-es, pour partager nos rêves et nos espérances.
    Marcher aussi, pour connecter et collecter toutes les histoires
    d’expropriations inutiles, tous les projets soit disant créateurs
    d’emplois et de développement qui s’avèrent en fait des gouffres
    financiers augmentant toujours un peu plus la pression de la dette sur
    nos vies. Tous les témoignages que vous nous confierez seront transmis à
    des journalistes indépendants et postés au sommet de la COP21 à
    l’adresse du gouvernement invisible[2].

    Si tu veux venir à Paris voilà ce que tu dois mettre dans ton panier :

    – Une tente
    – Sac à dos
    – Sac de couchage et tapis de sol (des couvertures en plus si tu en as à
    disposition)
    – Lampe frontale
    – Des chaussettes chaudes
    – Des vêtements contre la pluie et qui te tiendront chaud (penser à des
    changes on
    risque fort d’affronter la pluie, le froid et marcher humide c’est pas
    chouette)
    – Des bonnes chaussures
    – Ta popote
    – Une gourde pour être autonome en eau la journée
    – Lentilles / pois / haricots / fruits en conserve
    – Fruits secs et noix, amande….
    -….etc
    N.B. : Cette liste est non-exhaustive et adaptable. Elle est donné à
    titre indicatif, prends tout ce qui peut te paraître utile pour toi
    ainsi que pour le collectif.

    Pour nous suivre, http://marchezadagencop.noblogs.org/
    Pour nous écrire, marchezadagencop@riseup.net

    Nous disposons d’ores et déjà de notre vie, de nos pieds, de deux
    véhicules dont un pouvant tracter une caravane gardant au sec nos
    affaires, la médic et pouvant recevoir une ou deux personnes faibles.
    Nous aurions l’utilité :
    -d’une caravane de 4 à 6 places avec carte grise,
    -d’une dizaine de duvets et de couvertures,
    -de vêtements de pluie, de chaussures, de lampes frontales, de deux
    paires talkies-walkies.
    – de deux tentes 3-4 personnes.
    -Coté cuisine :des bidons d’eau neufs ou propres, de grands bols légers,
    quelques bassines, des couverts, deux grosses gamelles inox de 15-20
    litres…
    -Coté « Médic », des huiles essentielles, de l’argile, de l’homéopathie,
    compresses & Cie…
    -Un ou deux vélos en état pour faire les coursiers pendant la marche.
    -Coté nourriture, nous comptons partir avec du riz, de la farine, des
    légumes, etc…

    Si vous voulez nous soutenir sans pour autant être en mesure de nous
    fournir quelque élément de cette liste, soyez libre de nous faire un don
    d’argent. Il sera employé dans l’achat de tout matériel manquant et/ou
    de nourriture ! Merci de votre participation à la marche!
    Vous pouvez déposer vos dons sur la ZAD, au  »Phare », chemin de
    Garrousset (tél :0984012 5892) ou bien nous appeler au 0648 07 3651 pour
    que l’on convienne d’un rendez-vous.

    [1] Zone d’aménagement différée, expropriée dans l’intérêt général !!
    Pour les occupants, c’est une zone à défendre car pour les cimentiers,
    c’est une zone à détruire.

    [2] « La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des
    habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société
    démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible
    forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. »
    Edward Bernays, Propaganda. Comment manipuler l’opinion en démocratie,
    La Découverte, 2007, 141 p., EAN : 9782355220012. Ouvrage initialement
    paru sous le titre Propaganda aux éditions H.Liveright, New York, en
    1928. Téléchargeable à l’adresse :
    http://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/uploads/2013/02/Bernays_Edward_-_Propaganda_Fr.pdf

    1. vas y, lâche pas l’affaire, et marche pour tous les mous du genou (dont je fais partie !) qui prétextent je ne sais quel job pour ne pas t’accompagner, au moins, tu fais quelque-chose, et c’est bien, comme le suggère l’article précédent, de lâcher son écran pour revenir à la vraie vie.
      NO PASARAM
      f.

  15. Hier matin, visite à un étang qui regorge de vie. Je voulais faire découvrir à un proche les aigrettes blanches vues à cet endroit quelques jours plutôt. Point d’aigrettes à notre arrivée, mais un groupe de dix cigognes qui picorent dans un champ à côté de la route.

    Dans le ciel, des buses, des milans et même deux oies cendrées. Les canards colvert règnent sur l’eau. Sur un banc de terre au milieu de l’étang, quatre cormorans, dont un qui sèche ses ailes à moitié déployées en les secouant délicatement.

    En partant, je me retourne pour une dernière surprise : les aigrettes sont arrivées en silence au bord de l’eau.

    1. Rhooooooo ! Les commentaires de cet article me ravissent. J’y trouve les plus beaux trolls que je n’ai jamais trouvé jusqu’ici sur Internet. D’un texte (magnifique) sur l’absurdité de notre rapport à la technologie (et au monde), on part sac à dos à la COP21 ou observer paisiblement la vie d’un étang.
      Je vous aime les gens ! Ca fait du bien de lire des choses comme ça. C’est tellement rafraîchissant.

    1. Bonjour Martine,

      C’est vrai, c’est une chance de pouvoir se ressourcer tout près de chez soi. Merci au passage aux hommes et aux femmes qui oeuvrent depuis de nombreuses années pour préserver ce lieu. La faune sauvage y revient désormais en nombre.

      Hier soir, une mésange charbonnière sur la rambarde de ma terrasse.

  16. Bof, pas trop d’accord, il me semble qu’on peut rester plus de 8 secondes devant un écran pour lire ce qu’il y a dessus, genre lorsqu’on parcours ce blog, puis prendre son vélo, son chien et partir balader dans la vraie vie… Et faire l’effort, car c’en est un, de tout débrancher périodiquement, vacances, ou autres, histoire de vérifier que la machine ne nous a pas encore mis le grappin dessus… Je préfère assurément la prose de Fabrice avec qui je ne suis pas toujours en accord, mais qui remue toujours les neurones dans le bon sens…

  17. La barbarie encore et encore. Lire sur le Point l’article sur l’abattoir d’Alès . Pour les images j’ai zappé très vite, n’ayant pas le coeur assez bien accroché .
    Oui bien sûr les mêmes traitements sont infligés à des humains mais comment peut-on accepter de traiter ainsi des animaux qui sont parfois nos compagnons (les chevaux ) et qui en tout cas nous nourrissent. Pour cela ils méritent au moins un vrai respect. Une vie et une mort dignes ; si tant est que les tuer peut être digne.
    Je me réjouis tous les jours d’être végétarienne.

  18. La folie comme seul échappatoire…Chance de l’obscur- entisme enfermé dans le rationnel immobile il sera une manne.Le paradis des innocents qui ont eule temps de penser.Philosophe reprend ton vol…la vérité est ailleurs..

  19. C’est un texte qui, comme on dit, « gagne a etre relu », mais pour etre un petit peu plus precis, c’est moi qui gagne a le relire, aujourd’hui encore (ca fait maintenant peut-etre 4 ou 5 fois depuis la parution originale)… Merci Frederic et Fabrice.

  20. Débrancher les écrans, oui mais pas tous : on peut continuer à lire Planète sans visa, tout de même.
    @PL Si un million de limaces se sacrifient en s’obstinant à traverser l’autoroute, de préférence dans un virage… Le système les classera comme terroristes.

    1. Cest là tout l’interêt de ce texte que j’ai lu comme vous sur un écran. C’est absurde, tout au moins paradoxal. Question de juste milieu, sans doute. La vie, quoi…

  21. Fabrice,
    Je suis juste à côté de l’Hopital Pompidou, les sirènes n’arrêtent pas ce soir, les hélicos dans tous les sens à l’héliport… Je voulais simplement vous dire mon émotion, mon affection. Forcément on pense à Charlie, aujourd’hui plus encore que les autres jours…

    En fait, j’ai la gerbe cette nuit… Je pense a toi… Je te lis depuis longtemps. Je suis incapable d’imaginer ce que tu traverses de souvenirs et de rage, mais d’humain à humain je t’envoie toute la force et l’énergie qui me meut pour que tu continue de nous ouvrir les yeux et de nous donner des raisons de croire quand même en cette foutue espèce envahissante qui ne semble savoir que détruire la vie.

    Paix et détermination,
    RK.

  22. J’en ai plus qu’assez des commentaires sur l’agriculture. Vous embarquez tous les agriculteurs, qu’ils soient bio, conventionnels, intensifs… (moi je suis en bio, et j’ai des animaux. Il y a une bonne raison à cela : étudiez les agroecosystemes et vous comprendrez pourquoi il y a un équilibre entre sol, végétaux et animaux qui ne peut être rompu.)
    Mais je n’écris pas pour faire de l’agronomie, j’écris pour vous poser une question :
    ne pensez-vous pas que vous avez une part non négligeable dans tout ce chaos ?
    On n’en serait pas là si chacun reprenait en main sa propre production de nourriture.
    Quelle espèce animale dans la nature pourrait confier son alimentation à des tiers? (A part le coucou, c’est tout dire).
    Avoir quelque chose plus important à faire que s’occuper de la nourriture de ses enfants est une vanité sans nom…
    Faire produire son alimentation par des tiers frise l’esclavagisme.
    Jouer aux petits seigneurs en rétribuant à peine les producteurs, voilà ce que sont devenus ceux qui attendent la becquée, le cul dans le transat, quand ce n’est pas dans un avion ou sur une piste de ski.. . Vous ne pensez pas que vous avez l’agriculture que vous méritez et par voie de conséquence la nourriture que vous méritez?
    Vous pourriez faire votre « part du colibri » à l’instar de Pierre Rhabi. Vous auriez alors une nourriture de qualité irréprochable et la planète s’en porterait beaucoup mieux. Mais non, votre vanité vous a éloigné de l’essentiel et vous vous persuadez que vous avez mieux à faire que de la basse besogne. Vous vous êtes déchargés de vos responsabilités, voyez le résultat.
    A vous les donneurs de leçons, je n’ai qu’une phrase : Just do it.

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