Pour réussir une bonne farce onctueuse, qui ravira vos papilles, il faut d’abord un paradoxe. Oui, pour réussir ce plat qui vous entraînera au paradis des grands chefs, il faut commencer par trouver des gens qui ont faim. Disons cent millions, ou un milliard, ne nous fâchons pas sur les doses.
La recette peut débuter comme suit : il est 20h49 hier, mardi 22 avril 2007, et une dépêche tombe, comme on dit dans le jargon. Je la ramasse, je la lis, j’exulte, puis je me reprends. Le ministre français de l’écologie Borloo fait ce qu’on appelle une annonce. Il est forcé, notez bien. Car c’est désormais de tous les côtés de la terre – si l’on excepte les écologistes français, occupés à autre chose – que montent des cris de colère contre les biocarburants. Qui affament un peu plus ceux qui mangeaient déjà fort peu et très mal.
Borloo fait donc une annonce forcée. Depuis Rome, où se tient le Forum international de l’énergie. Et où tout le monde ou presque a reconnu les liens entre les biocarburants et la crise alimentaire. Mettez-vous à la place d’un homme qui entend bien poursuivre une carrière politique nationale et peut-être européenne. Et sachez que tous, tous ces gens-là pensent au moins une fois par semaine au sort de Laurent Fabius, dont le destin a basculé après l’horrible affaire du sang contaminé, où sa responsabilité a longtemps paru engagée.
Leur flip profond, l’un de leurs flips en tout cas, c’est que leur nom soit emporté dans une tourmente qui n’aurait pas été repérée en temps voulu par leur écurie de course. Et les émeutes de la faim peuvent faire partie d’un scénario catastrophe.
Alors on parle, à défaut d’agir. Et un Borloo parle d’un dossier sur lequel il n’a pratiquement aucune prise. Le responsable public du sujet, en France, c’est Michel Barnier, ministre de l’Agriculture, qui pour le moment se tait. Borloo parle, mais c’est pour ne rien dire.
Certes, comme c’est un politicien madré, il emploie les mots que les journalistes futés que nous connaissons tous mettront à la broche, doreront à coeur, et serviront au déjeuner. Hum, comme ce sera alors délicieux ! Mais il ne dit rien. Si : que la France va faire une pause à propos des biocarburants de première génération, mais que les engagements pris seront tenus. Une pause sur quoi ? Mystère total. Portant sur quelle(s) production(s), à partir de quand, jusqu’où ? Mystère total et inévitable, puisqu’il s’agit d’un bluff d’une impudence inouïe.
La seule mesure sérieuse qui pourrait être prise serait de décréter l’arrêt immédiat des subventions publiques à l’industrie criminelle des biocarburants. À quoi l’on pourrait ajouter le lancement d’un travail pluridisciplinaire, sous contrôle d’une autorité indépendante indiscutable, pour rassembler les informations d’ores et déjà certaines sur le vrai bilan énergétique et écologique des nécrocarburants. Mais cela, on ne le fera pas. Car ce serait l’amorce d’une rupture historique entre la France des ministères et le lobby surpuissant de l’agriculture industrielle.
Borloo ? Du vent. Du vent et quelques bulles.
Nous avons l’insigne honneur, en France, d’avoir simultanément de médiatiques sceptiques du réchauffement climatique et de non moins puissants sectateurs des agrocarburants, remontant consciencieusement le courant des évidences.
Quelle chance !
Comme vous dites « les journalistes futés que nous connaissons tous mettront à la broche, doreront à coeur, et serviront au déjeuner ». Ce soir sur TF1 on commence par nous parler de la lutte acharnée entre Clinton et Obama (dont je me fous complètement meme si cela peut changer quelquechose)mais rien sur la pénurie de nourriture qui se profile à l’horizon. Les inconditionnels du marché nous expliquent que c’est méme bien que les prix montent, comme ça des entrepreneurs vont se remettre à cultiver ou cultiver davantage et l’année prochaine ça ira mieux. Il faut donc juste faire attention de ne pas mourir de faim d’ici la. Ce sont vraiment des cons…
Et ces derniers jours, c’était surtout le psychodrame du PSG qui faisait figure de drame national ! Ce n’est plus de l’information, c’est du décervelage à grande échelle !
Puisqu’il est question ici de biocarburants, je vous propose la devinette que voici :
Quel est le point commun entre Fabrice, Fidel Castro et The Economist (un des journaux les mieux pensant du libéralisme économique) ? Pas évident n’est pas ? Alors, je vous donne la solution. Tous trois sont très alarmistes à propos des biocarburants et pensent même qu’ils peuvent être la cause de famines à venir (je suis troublé par l’orthographe de : à venir ou avenir !). La cohabitation des trois protagonistes étonne, seraient-ils de mèche ? Concourent-ils à la même conspiration, celle d’agiter le spectre effrayant des biocarburants ? La réponse évidente à ces questions m’est apparue en écoutant ce matin sur France Culture la chronique d’Alexandre Adler (http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/matins/index.php?emission_id=25060143) intitulée – « Faut-il avoir peur des biocarburants ? ». Pour lui, la propagation de cette crainte totalement irraisonnée des biocarburants a pour origine « la coalition des principaux pays de l’OPEP.. ». Mais, oui, c’est bien sûr, pour eux les biocarburants représentent un produit concurrent qui, à terme, peut contribuer à stabiliser les cours du pétrole. Il s’agit donc d’une grande supercherie qui vise à discréditer les biocarburants pour assurer la pérennité des légitimes profits des grands pétroliers. Merci Alexandre de m’avoir éclairé sur cette question. Mais il me vient comme une bouffée d’angoisse et une dernière question, Nicolas, pour qui roulez-vous ?
Bernard, un lecteur fidèle de votre blog qui s’exprime pour la première fois devant l’affligeance (excusez le néologisme) de ce qu’il a entendu ce matin.
1)J’ai tapé « Biocarburants en Meuse » cela a donné: Baleycourt Verdun dans la meuse.L’usine Inéos va transformer en biodiésel 400 000 T de colza dès 2008,ce qui en fera le 2ème producteur Français.Pour plus de détails,aller sur le site.2)J’ai discuté,pendant 3h,avec un agriculteur faisant partie d’un regroupement de producteurs céréaliers.Cela a donné:a) Soleil + photosynthèse = Energie que l’on se doit de récupérer. b) Nous avons un retard considérable,dans ce domaine,qu’il nous faut remonter,mais heureusement…c’est parti !. c) La faim dans le monde ?,nous ne sommes pas responsables: on nous demande de produire de la nourriture,nous la produisons.On nous demande de produire de l’énergie,nous le faisons.d)A ma question finale:ne crains-tu pas de te retrouver « coincé » entre le prix des semences et le prix de vente de ton « énergie »,il a haussé les épaules et m’a répondu…ben je sais!.e)Et le busard cendré dans tout ça ? sa survie dépend dans 3/4 des cas du bon vouloir des céréaliers , le 1/4 restant étant la météo qui , parfois ,plaide en sa faveur .
Pour Bruno. Lorsque j’avais dix ans,j’étais Apatride , mais ,tout le monde se déplacerai en soucoupe volante en l’an 2000.
Je reposte mon commentaire, celui-ci annule le précédent. Dans la précipitation j’ai fait une erreur de prénom, j’en suis confus.
Puisqu’il est question ici de biocarburants, je vous propose la devinette que voici :
Quel est le point commun entre Fabrice, Fidel Castro et The Economist (un des journaux les mieux pensant du libéralisme économique) ? Pas évident n’est pas ? Alors, je vous donne la solution. Tous trois sont très alarmistes à propos des biocarburants et pensent même qu’ils peuvent être la cause de famines à venir (je suis troublé par l’orthographe de : à venir ou avenir !). La cohabitation des trois protagonistes étonne, seraient-ils de mèche ? Concourent-ils à la même conspiration, celle d’agiter le spectre effrayant des biocarburants ? La réponse évidente à ces questions m’est apparue en écoutant ce matin sur France Culture la chronique d’Alexandre Adler (http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/matins/index.php?emission_id=25060143) intitulée – « Faut-il avoir peur des biocarburants ? ». Pour lui, la propagation de cette crainte totalement irraisonnée des biocarburants a pour origine « la coalition des principaux pays de l’OPEP.. ». Mais, oui, c’est bien sûr, pour eux les biocarburants représentent un produit concurrent qui, à terme, peut contribuer à stabiliser les cours du pétrole. Il s’agit donc d’une grande supercherie qui vise à discréditer les biocarburants pour assurer la pérennité des légitimes profits des grands pétroliers. Merci Alexandre de m’avoir éclairé sur cette question. Mais il me vient comme une bouffée d’angoisse et une dernière question, Fabrice, pour qui roulez-vous ?
Bernard, un lecteur fidèle de votre blog qui s’exprime pour la première fois devant l’affligeance (excusez le néologisme) de ce qu’il a entendu ce matin.
Pour Stan. Entendu ce matin l’annonce d’une émission télé sur je ne sais plus quelle foutue chaîne (nom bien trouvé) : « En 2050, pourra-t-on tromper son conjoint avec un robot ? » Parce qu’au-delà de la connerie de la chose, ils croient que l’on va y arriver sans encombres – c’est beau, le progrès ! Amitiés.
Toujours pour Stan : « apatride » ? Mince, comment Hortefeux va-t-il faire pour t’expulser ?
Blague pour Bruno.Personne n’y arrivera,je suis devenu un « vieux cuir » depuis que mon instutrice m’a tapé sur les doigts avec une règle en bois lorsque j’avais six ans,parce que je ne captais pas bien le Français.Quant a l’abbé il me collait des baffes quand je ne savais pas mes leçons de cathé…Comme tu dis,il y a du progrès depuis.C’est pour cela que je continue à me « coltiner » avec pas mal de monde et ce…pour mes petits enfants qui sont un mélange d’Espagnol,de Portugais,deFrançais avec un peu d’origine polonaise.Mais c’est vrai que souvent j’ai payé et paie encore très cher mes prises de positions.Mon souhait:que tout le monde fasse pareil et obligatoirement un changement se fera.Mais attention souvent cela fait très mal.
bonjour
Jean Ziegler a la tele l’autre jour disait qu’une partie du probleme viendrait (vient ?) de la speculation. Vu que les subprimes ca eut paye, se faire 2-3 dollars sur la tonne de riz, ca l’fait mieux de nos jours. Sympa non ?
@ Stan, c’est vrai, ça fait mal , j’ai également de cuisants souvenirs enfantins . Le roseau plit mais ne rompt pas , mais je préfère rester un chêne .
ou plie .
Histoire vraie pour Bénédicte; je sortais à l’angle d’une forêt , en plein orage , lorsqu’un chêne s’est fait foudroyer à cinquante mètres de moi.Je l’ai revu souvent,car il s’en était remis.Il n’avait pas plié…et était resté debout ! .Amicalement .
heureusement que ce n’est pas le sort de tous les chênes !!!C’est bien mon arbre préféré en tout cas . j’ai également des souvenirs de violents orages en pleine forêts et nuit . je me suis même réveillée avec un tronc barrant l’entrée de ma tente . j’avoue avoir plié (bagages) jusqu’à une grange voisine les nuits suivantes, avec pour compagnie chauves souris et hérissons .
ces commentaires déchainés n’ont que peu à voir avec le sujet! sur les agrocarburants :il reste un point positif c’est la remontée du cours des matières agricoles. au moins cela permet de se rendre compte de la valeur de l’alimentation et de se poser la question du lieu de production , avec quels moyens et quels acteurs agricoles.du coup les pays pauvres complètement dépendants des importations sont obligés de revoir leur politique de soutien à leur agriculture, de même pour ces satanés organisations que sont le fmi, la banque mondiale et même la fao. ne reste plus qu’à faire tomber l’omc , donc merci aux agrocarburants pour accomplir la prophétie de fabrice et celle de Via campesina et celle de la confédération paysanne.évidemment cette situation est dramatique pour les pauvres des villes mais la situation peut elle durer ainsi avec des paysans ruinés qui arrivent dans les cités pour manger des produits d’importation de mauvaise qualité provenant des rebus de l’agro industrie ? le capitalisme a toujours préféré baisser le prix de l’alimentation plutôt que d’augmenter les salaires, (le gouvernement français ne fait rien d’autre avec ses nouvelles mesures pour libéraliser encore plus le secteur des GMS pour le « pouvoir d’achat des français « ) Nyééré président de tanzanie le disait il y a 30ans : le développement doit se construire sur ses propres forces .l’enjeu est aujourd’hui de savoir si cette crise va nous permettre de remettre le système en question ou si ce dernier va s’enfoncer encore plus dans le productivisme pour nous promettre l’abondance .
la fuite continue .