À lire calmement et avec application (sérieux)

Court prologue : si vous en avez l’occasion, faites circuler s’il vous plaît les informations développées ci-dessous. Pas nécessairement mon texte. Dans ce domaine si particulier, le moindre copyright serait encore plus insupportable qu’ailleurs. Mais ce qu’il contient non seulement nous concerne, mais nous oblige. À quoi ? Chacun répondra pour lui-même.  

Prenez votre temps, je vous en prie, nous ne sommes pas à une heure près. Prenez votre temps pour lire ce qui suit, et que je n’ai pas tiré de ma besace pour gâcher votre journée. Prenez votre temps, vous m’obligeriez, car c’est encore plus important que d’habitude. Pour commencer, je vous présente un organisme international que vous ne connaissez peut-être pas. Tel était mon cas encore hier : il s’agit du Global Carbon Project (GCP), qui rassemble des scientifiques de bonne tenue, du monde entier. Ce machin-là étudie ou tente d’étudier dans sa totalité le cycle du carbone, l’un des constituants de la vie. C’est lui qui, sous la forme de CO2, contribue le plus à aggraver l’effet de serre, lequel est la base du dérèglement climatique en cours.

Si j’étais Claude Allègre, j’aurais déjà éructé sur ces savants qui affolent le monde pour remplir les caisses de leurs laboratoires. Mais j’ai l’honneur de ne pas être Claude Allègre, et je continue donc mon petit chemin de lanceur d’alerte. Alors, voici : selon Corinne Le Quéré (université d’East Anglia et British Antarctic Survey), membre du GCP, « depuis 2000, les émissions [de gaz à effet de serre] ont crû en moyenne de 3,5% par an, soit quatre fois plus vite qu’entre 1990 et 2000, où cette augmentation annuelle n’avait été que de 0,9% environ (ici ) ».

Dans l’absolu, c’est dingue, mais relativement aux prévisions du Giec, c’est encore pire. Le Giec est cette Internationale scientifique qui, dans le cadre de l’ONU, cherche à modéliser l’évolution du climat planétaire. Le Giec est le modeste phare dont nous disposons pour éclairer les ténèbres de l’avenir. Eh bien, les pires prévisions du Giec sont actuellement fondées sur une augmentation moyenne annuelle des émissions de gaz de 2,7 %. Et nous en sommes à 3,5 %. Les pires prévisions, je me permets d’insister lourdement.

Est-ce tout ? Mais non ! Les pays développés, qui avaient pris des engagements chiffrés à Kyoto, en 1997 – à l’exception de cet excellent Bill Clinton – n’ont globalement pas diminué leurs rejets. Et les pays du Sud, dont la Chine et l’Inde, voient les leurs exploser sans aucune retenue. Je m’empresse d’ajouter que j’éprouve des doutes quant à certaines affirmations du GCP (ici). Il existe en effet une grande incertitude concernant la déforestation en zone tropicale. Des spécialistes sérieux – je dois dire que je juge leur propos crédible – signalent par exemple que le drainage de tourbières dans un pays comme l’Indonésie relâche des quantités effarantes de gaz à effet de serre, qui ne sont prises en compte par personne.

Mais je reviens au bilan du GCP. La leçon est simple : rien n’a bougé en vingt ans. Car il y a vingt ans que l’alerte mondiale a été lancée, notamment par la revue scientifique Nature. Car il y a dix ans qu’a eu lieu la funeste conférence mondiale de Kyoto, d’où sont sortis des voeux pieux, et des engagements ridicules. Or, même cela ne sera pas atteint en 2012, au moment du bilan du fameux Protocole dit de Kyoto. Pensez une seconde à toutes ces informations bidon publiées ici ou là. Pensez à ces envolées du haut des tribunes. À ces dizaines de conférences ronflantes, rutilantes et sublimes. À ces milliers de discours. À tous ces misérables Grenelle de l’Environnement, quel que soit le nom qu’on leur donne et donnera. Pensez à ces entreprises, transnationales ou non, qui font semblant d’agir, aidées par des journaux devenus sans morale, et sans objet, mais surchargés de publicité à la gloire du néant. Pensez que 90 % des « nouvelles » circulant dans un pays comme le nôtre concernent l’âge du capitaine et de Johnny Halliday. Les affres de PPDA et cette grossesse de Carla Bruni, qui se fait attendre. Le mariage de la Princesse, suivi de son divorce, puis de sa tentative de suicide. En conscience, en toute certitude, nous avons ouvert ensemble une boîte de Pandore aux dimensions sans précédent.

Il y a une manière de continuer à croire en l’avenir. Et cela concerne justement Pandore. On discute encore sur le contenu réel de cette boîte, qui était une jarre. Elle contenait tous les maux de l’humanité, pour sûr. Dont la mort. Mais aussi, selon certaines traductions – contestées, hélas -, l’Espérance. Admettons la présence de cette dernière, car sait-on jamais. Il reste que l’irresponsabilité collective dont nous faisons la preuve à propos du climat me renforce dans ma volonté de rupture personnelle, intime, définitive avec ce monde et ses représentants officiels.

Plus jamais je n’accorderai la moindre confiance à qui ne mettrait au premier plan cette question clé. Cela vaut pour tous et chacun, à commencer par les pitoyables politiques de toute tendance, ceux que nous méritons, certes. Si nous sommes capables de réunir assez de force morale collective pour rendre ce sujet obsédant, alors oui, l’Espérance sortira de la boîte de Pandore. Et sinon, Inch’Allah. Je ne nie pas, vous le savez, les autres impasses écologiques, celles qui touchent les océans, les sols, les eaux douces, les forêts. Mais la mère des batailles, qui les commande toutes, c’est le climat. D’après des estimations on ne peut plus prudentes, bien qu’affolantes, un centimètre d’élévation du niveau des mers créerait mécaniquement sur terre un million de réfugiés écologiques en plus (ici).

Pour l’heure, nous perdons pied. L’économie assassine le monde, et nous lui offrons notre flanc et notre gorge. Il faut, il faut, il faudrait. Il va falloir se lever. Je ne sais pas comment. Je sais juste qu’il faudra.

 PS qui ne rajeunira personne : Le 23 mars 1995, j’ai écrit dans le journal Politis une chronique dont le titre était Avis de tempête. Cela se passe aisément du moindre commentaire. Ci-dessous, in extenso.

On envie leur bonne humeur et leur goût de la plaisanterie. C’est à qui sera le plus joueur : monsieur Balladur assure qu’il vaincra les méchants, monsieur Chirac qu’il aime l’Europe; quant à monsieur Jospin, il propose, vingt ans après un programme socialiste qui exigeait les 35 heures, 37 heures de travail hebdomadaire dans deux ans. Quelle drôlerie !

Pendant ce temps, le climat change. Pas celui du microcosme ni même celui de la France éternelle, mais plus gravement peut-être celui de Gaïa, notre terre, notre mère. Du 28 mars au 7 avril, une conférence des Nations-Unies – sorte de nouveau Rio – doit décider à Berlin de mesures pour lutter contre l’effet de serre. Certes, on est très loin d’être sûr de tout dans ce domaine pourtant décisif. Mais les lobbies à l’oeuvre n’ont quant à eux aucun doute sur la marche à suivre : il faut et il suffit de saboter toute politique de prévention.

L’Arabie saoudite notamment, qui redoute comme la peste une diminution de la consommation de pétrole, aura tout tenté, dans les coulisses, pour que la conférence échoue. On peut imaginer les moyens utilisés, dans ce monde où tout s’achète. Caricatural, le royaume wahabite n’est pourtant pas isolé : Texaco, Shell, Amoco, BP et compagnie – c’est le cas de le dire – sont allés jusqu’à créer une organisation spéciale, Global Climate Coalition, pour défendre le intérêts de la boutique.

Le malheur, c’est que tous les gouvernements, peu ou prou, sont d’accord avec les boutiquiers. Le nôtre n’a guère besoin d’aller à Berlin, car il a déjà fait connaître sa position.Un seul exemple : le transport par poids lourds produit cinq fois plus de CO2 au km que par train. Dans la vallée d’Aspe, il y a une voie de chemin de fer, inutilisée depuis 25 ans. Il y aura demain un tunnel, pour y faire passer les 38 tonnes. Quand viendront les tempêtes climatiques, Chirac, ou Balladur, ou encore Jospin nous trouveront bien une solution. Un parapluie, peut-être ?

39 réflexions sur « À lire calmement et avec application (sérieux) »

  1. Pour compléter tes données effarantes mais Ô combien essentielles et que beaucoup devraient relayer au lieu de nous parler des boires et déboires des riches de notre planète dont nous n’avons que faire et qui ne servent qu’à faire oublier tout le reste…
    les forêts marécageuses de Bornéo contiennent plus de carbone stocké que tout le carbone émis sous forme de CO2 par les transports mondiaux en 4 années réunies.
    Et si seulement 5 cm de cette tourbe venait à brûler, cela relâcherait dans l’atmosphère plus de 100 millions de tonnes de CO2. Inutile de dire que ces sols tourbeux sont importants et dépassent de loin de très, très loin les 5 cm d’épaisseur.
    Or, justement, ces forêts brûlent. Et personne ne s’en soucie.

    Si, en 1997 et 1998, on en parlait, mais là, on avait un coupable idéal: El Nino. Or, 75% des foyers avaient été sciemment allumés par des propriétaires de plantation de palmier à huile qui souhaitaient agrandir leurs exploitation à moindre frais.

    Et aujourd’hui ? Chaque année, à la saison sèche, c’est le même scénario qui se répète. Les forêts brûlent. les tourbières brûlent. Parfois, il est impossible de respirer et de voir à 5 mètres devant soi.
    Qui en parle ?

    Les spécialistes demandent une réduction de 50% de la déforestation, surtout celle qui se pratique là-bas ou en Amazonie, ces coupes à blancs meurtrières destinées à installer des monocultures de palmier à huile, de soja et des pâtures. Ceci représenterait 12% de l’effort global de réduction des émissions de gaz à effet de serre à réaliser au cours de ce siècle.

    Alors, qu’attendent les gouvernement, les institutions internationales et qui fait entendre sa voix sur ce chapitre ? où sont les médias qui relayeraient ces chiffres, ces priorités absolues ? Ah… j’oubliais… aujourd’hui, à la tête de nombreux organes de presse et autres, il y a des industriels et certains profitent même de l’exploitation forestière. Il y en a même qui ont des yachts luxueux qu’apprécient certains de nos politiques….

  2. Je mets ton « lien » sur ma page blog du jour, en recommandant la lecture de ton texte quant à le lire calmement, facile à dire…à moins qu’il soit possible de le publier tel quel avec ton accord et ta signature.

    PS ton histoire d’aller marcher pour un journal, çà fait rêver…

  3. je ne ma lasse pas de ces chroniques que j’attends impatiemment chaque matin, même si elles sont souvent terriblement dures à encaisser! il y en a parfois une qui fait rêver…

    et je continue à faire connaître « Planète Sans Visa »

  4. Cher Fabrice,

    C’est bien ce que je disais… Il aurait fallu prendre les mesures qui s’imposaient il y a au moins 30 ans !!!
    Je me doutais bien que c’était grave, et qu’on était mal barrés, mais là, il faut bien le dire, c’est effrayant ! Quand on pense en plus que 80% de la population mondiale vit sur les côtes et que la mer monte… L’air devient irrespirable d’un côté, la mer monte de l’autre, la surpopulation s’accroît… On voudrait presque crier « STOP ! », mais, ainsi que vous le faites remarquer, il semble fort que les avertissements se perdent dans le brouhaha de la surinformation et de la désinformation ambiants… Je vais me coller ce lien dans mon propre blog et relayer l’information, car elle est capitale !

    Amicalement, Tinky, qui ne s’étonne plus de son asthme et de ses allergies multiples… Chaque année, j’en ai une autre, youpi !!!

  5. Fabrice, je suis 200 % d’accord avec ton constat sur le climat et plus generalement sur l’etat de la terre et du vivant dans son ensemble. Je suis entierement d’accord qu’on baigne dans une inconscience collective entretenue à dessein par les marchands et leurs amis les politiques. Je suis d’accord que c’est de plus en plus insupportable de vivre dans cette societe où l’egoisme et l’irresponsabilité sont erigés en valeurs morales de premier plan. Je ne peut qu’adherer au fait que les medias ne sont qu’une vaste entreprise de propagande, de décervelage et de dissimulation au service des marchands.
    Ok pour tout ça. Mais maintenant, que faire ? sachant qu’on ne peut compter sur les hommes politiques de quelque bord que ce soit, encore moins sur les marchands, que faire ? Si j’ai bien compris le fond de ta pensée, tu mises sur deux choses : faire connaitre sans relache la vérité pure et dure au plus grand nombre de gens possibles (d’où tes livres, ton blog, tes conferences…) . Et espérer que quand il y aura assez de gens devenus « conscients », ils fassent la révolution ( la prise de la bastille des industriels, hommes politiques et consorts ).
    Est ce bien cela ?…
    Mais, question qui vient immediatement apres cela : selon toi, a quoi ressemblerais une société (je n’ose dire un monde) après cette hypothetique prise de la bastille ? comment se reorganiserais-t-elle ? Car forcément toute l’organisation de la société en décrépitude dans laquelle nous vivons et toutes ses bases seraient par définitionà réinventer… y as tu pensé ?
    Et enfin, penses tu réellement qu’un tel evenement puisse jamais se produire ? ou est-ce seulement de l’ordre de l’espérance ?
    bien á toi
    Joris.

  6. à Jopo, amicalement. Faites passer l’information, en tout premier lieu. A vos amis, à vos proches. Travaillez au quotidien sur la parole donnée. Voilà le plus important. Vos questions auront une réponse sans doute mais pas ici. Pas maintenant, sous ce format imparfait de commentaires où l’on finit par se perdre en conjectures et avis contradictoires…. Il faut agir ! Par les mots, par les mains….autour de vous, avec d’autres et c’est cela le plus important…..Vous ne pouvez pas savoir de quoi sera fait demain ( personne ne le sait d’un point de vue politique, économique ) de toute façon ( révolution ? Pas révolution ? Bastille ? Pas bastille ? Et alors ?)

    Ne vous méprenez pas. Vos questions, je me les pose aussi mais, pour moi, le temps qu’on y passe est un peu du temps de perdu….

    A la rigueur autour d’un verre après une bonne action d’ensemble et d’envergure…

    Mais ne voyez pas de mal à mon commentaire de votre commentaire. C’était juste une réaction àchaud. Bien à vous.

  7. oui, Cyril est très clair , et je ne cesse derépéter cela autours de moi . Programe en trois points : faire connaitre, être solidaires, agir chacun selon ses moyens et sa portée d’action . Notre nombre ne cesse de croitre . continuons .
    @ stan , je t’embrasse très fort et te réponds prochainement.

  8. Oui, c’est proprement affolant ! L’Occidental lambda doit croire qu’il va s’en sortir malgré tout, persuadé au fond de lui-même que l’existence de l’humanité est indispensable…
    Agir, oui, bien sûr, c’est là l’essentiel et pour ma part j’essaie de le faire mais en ne pouvant pas ne pas penser qu’il s’agit là d’une goutte d’eau dans l’océan (par exemple, quand je croise en vélo les trop nombreux 4×4 qui roulent encore en centre-ville…).
    Je crains, hélas, que seule une accumulation des catastrophes pourra créer non seulement une réelle prise de conscience (car tout le monde ou presque est au courant, même la météo de TF1 en parle !) mais de véritables changements de comportement. Mais il sera peut-être trop tard.

  9. Tout cela n’est pas étonnant dans la mesure où, à Kyoto ou ailleurs, il est facile de faire des promesses…
    Suite à ces envolées lyriques, on eût pu attendre des mesures drastiques à prendre, déjà dans notre vie quotidienne. Je suis sûre que beaucoup y sont prêts. Or, tels sœur Anne, nous ne voyons toujours rien venir, à part des mesurettes…

  10. @ Valérie, je me répète, mais je suis très contente pour toi et Hervé . durant votre périple, en dehors de toutes les merveilles que peut offrir la nature, vous aurez de fortes chances de constater des modifications importantes dûes justement aux changement climatiques, à la déforestation, la désertification , ect . n’hésitez pas à nous en faire part, votre témoignage pourrait en réveiller plus d’un (du moins, je le souhaite)

  11. Fabrice,
    merci pour ton post.

    J’ai lu vendredi cette information effarante sur le site de « Dimonlé » (le canard de Fottorino). Le GCT y relevait les émissions en TEC (tonnes équivalent carbones) liées à la déforestation, en Indonésie, au Brésil, et ailleurs: 1,5GT — 1,5 milliards de tonnes. En CO2, ça donne grosso modo 5,5GT.

    Déjà conscient, alarmé, et alarmiste sur le changement climatique, la catastrophe écologique mondiale, etc., j’avais vu ma vie changer en découvrant, simultanément à ceux de Jancovici, tes écrits en août-septembre 2007.
    Mais là, si ces chiffres sont « confirmés », c’est pire que tout.

    Jancovici: il vulgarise en termes simples et en calculs faciles à comprendre les grandes données issues des travaux du GIEC. On ne ressort pas de la lecture de son site indemne.
    Or, voilà que tous les modèles du GIEC tels qu’ils sont repris par Jancovici travaillent sur la base d’émissions anthropiques de tonnes équivalent carbone à 6GT. 6GT, cela implique de diviser par deux la consommation mondiale d’ici à peine plus 30 ans, par 4 dans un pays développé ultra nucléarisé (mais pas plus sobre qu’un autre) comme la France. Que grosso modo, l’humanité devrait émettre 3GT maximum, et, partant, chaque être humain devrait « émettre », de manière directe ou indirecte, 500kg de « carbone » par an.

    D’après le GCT nous sommes à 8,5GT pour les émissions liées aux cimenteries et combustion de ressources fossiles, et 1,5GT, donc, pour la déforestation. Soit 10GT. Il faut donc diviser par plus de 3, au niveau mondial. Par plus de 6, en France. Sans doute plus, car avec la mondialisation une bonne partie des produits que nous consommons « émettent » en Chine ou ailleurs avant que nous chauffions la carte bleue.

    C’est effarant.

    Il nous reste une génération pour diviser, en France, notre consommation matérielle par 6.
    Inutile, bien sûr d’espérer que la technologie ou un quelconque Grenelle y aidera substantiellement. C’est en chaque consommateur occidental que commence le début de la solution…

    C’est un peu le djihad: on connaît le djihad mineur — la guerre sainte — mais le vrai djihad, c’est le djihad majeur, la lutte contre soi.
    Reporter la responsabilité sur les autres, sur les politiques (même s’ils n’ont aucune idée de l’ampleur du problème), sur ceux qui roulent en 4×4 (même si c’est inacceptable), c’est un peu facile, quand il faudrait commencer par soi.

    Mais c’est sans espoir. Personne ne voudra.

    Alors les conditions de la vie civilisée sur terre auront disparu d’ici un ou deux siècles, et le système géoclimatique (avec le concours accélérateur de la folie des hommes, bien sûr), aura éliminé plusieurs dizaines de % de la population humaine d’ici là.

    Certains sont inquiets pour leurs enfants. Ils font bien: leurs enfants seront sans doute mobilisés pour des guerres où il faudra décider qui a le droit d’accéder aux ressources alimentaires.
    Je n’ai pas encore d’enfant, mais c’est pour l’humanité que je m’inquiète. Les siècles à venir seront bien pires que les précédents.

    Merci de répéter que la question climatique (donc les combustibles fossiles, au coeur de l’industrialisation de l’intégralité de nos vies, de l’extension sans fin de l’emprise humaine sur la nature…) est la mère des batailles, qui commande toutes les autres.

  12. Gery, ce que tu dis est très juste . Et j’ajoute que nous devons lutter contre une féodalité grandissante : celles des multinationales . Pourquoi combattraient-elles le réchauffement ? une terre pauvre est une terre qui rapporte pour qui sait investir au bon moment , non? Achetez des terres, de l’eau, promettez la lune (du riz en plein désert par exemple, mais PRIVE) pour beaucoup de « responsables », cela fait partie de l’évolution : certains doivent disparaitre , c’est à dire les animaux qui puent, les derniers indiens, plutôt les gens au sud d’une manière générale et les derniers vogelins (lire le feu sur la montagne)! A l’heure où coca Cola travaille sur des bouteilles qui fabriquent leurs propres glaçons, nous devons nous battre sans le moindre doute quand à la motivation de chacun, mesurant les crimes perpétrés chaque jour et leurs conséquences .

  13. Les chiffres précités parlent d’eux-mêmes. Plus personne, hormis quelques iconoclastes en mal de publicité, ne conteste le processus avancé et accéléré du réchauffement climatique et des dérèglements qui s’ensuivent. Plus personne ne conteste non plus les conséquences actuelles et surtout futures de ce fait majeur pour l’entièreté de l’Humanité. Conséquences géographiques, végétales, biologiques, animalières, économiques, épidémiologiques, financières, géopolitiques, militaires, spirituelles et j’en passe.
    Une bonne partie de la population est donc consciente qu’il y a un problème. Un gros problème. Et puis ?
    Et puis c’est précisément là que viennent s’échouer toutes les décennies de consumérisme assisté et forcené : les peuples sont fatigués ! Fatigués d’avoir peur (crise économique larvée depuis le milieu des années 70; années sida; chômage structurel; menace des terrorismes de tout poil; et maintenant : le changement climatique !). Fatigués de se comporter comme des veaux, seulement bons à consommer des saloperies enrobées du vernis de la publicité. Fatigués de ne plus avoir de repères et de valeurs pour leur propre vie. Fatigués d’être déçus par des classes dirigeantes démontrant les unes après les autres leur incapacité à construire un projet de vie cohérent et harmonieux pour un peuple déboussolé.
    Les peuples sont donc fatigués. Pire, ils sont résignés ! « A quoi bon ? » « Cela ne marchera pas ! » « Tous des pourris ! » « C’est trop tard ! » « Après moi, le déluge ! » « Qu’y puis-je ? » « Je n’ai aucun pouvoir ! »
    La litanie des motifs d’inaction serait interminable. Comme l’est, paradoxalement, celle des motifs d’action !
    C’est précisément sur cette dernière qu’il nous faut travailler, communiquer, construire et apporter chacun sa propre pierre à une véritable refondation d’une société qui ne pourra plus s’asseoir sur les anciennes valeurs de sa précédente.
    L’une des clés de mobilisation des consciences puis des comportements est précisément notre capacité à définir de nouvelles valeurs humaines porteuses de cette incroyable énergie que nous possédons tous en nous, individuellement et collectivement.
    Cela passe par une réflexion. Individuelle et collective. D’abord une réflexion sur soi-même. En son for intérieur. En conscience.
    Le consommateur a été le grand fautif dans le malheur qui nous tombe dessus. Même si le grand coupable reste ce système capitaliste qui privilégie la croissance financière et économique au mépris de toutes les conséquences induites.
    Si le consommateur a été dupé, berné et maintenant châtié, il lui reste la possibilité de se racheter et de trouver le rôle de sa vie : celui du sauveur !
    Nous avons tous en nous une partie de la solution. Nous sommes tous capables de sauver une situation que nous pensons devenir carrément désespérée.
    Il nous suffit de dire, pour la première fois pour la majeure partie d’entre nous, NON !
    DIRE NON !
    Le dire, le redire, le hurler, le proclamer, l’étendardiser !
    Mais pas que dans l’expression écrite ou verbale ! DANS LES COMPORTEMENTS !
    Et principalement dans les comportements d’achats !
    Commençons par refuser le non-local et le hors-saison.
    Commençons par développer des associations et des réseaux locaux.
    Commençons par signer des pétitions suffisamment précises et mobilisatrices pour drainer ce pouvoir qu’est celui du nombre.
    Commençons par exiger de nos classes dirigeantes qu’elles montrent l’exemple et qu’elles soient réellement jugées – au sens juridique – sur leurs politiques.
    Ce défi climatique peut être une chance pour l’Humanité. Il nous met face à notre destin. L’enjeu ne souffrira pas de demi-solutions. Il n’y aura pas d’échappatoire viable en dehors d’une refonte de notre mode de vie et de notre société globale. Cela passe par de nouvelles valeurs. Tant collectives qu’individuelles.
    Ce ne sera pas une Renaissance, mais une Naissance.
    Alertons et éveillons les consciences ! Internet est un outil idoine pour transmettre rapidement des informations et des données permettant de déchirer la myopie qui nous atteint tous plus ou moins.
    Serons-nous à la hauteur de ce que nous sommes ?

  14. Je me répète mais je crois au fond que notre pouvoir, nous individus, est dans notre porte-monnaie et du choix de vie qui s’ensuit. Reste à se multiplier, ça c’est moins évident, parce qu’il faut se multiplier par beaucoup beaucoup, donc, continuer à agir et à convaincre.

    @ bénédicte : nous avons des projets autour des jardins nourriciers, de la terre au sens large et de tout ce qui va avec. Et aussi de la faune sauvage. Je n’encombre pas le site avec ça, mais je mettrais sans doute des commentaires lorsqu’ils sont en rapport avec ce blog. Je donnerais le site en message perso pour ceux que ça intéressent.
    Pas de frontières pour l’engagement.

  15. Pourquoi dites vous que nous sommes de plus en plus ? Moi je sens que nous sommes toujours et encore… seuls ! Désolé, je ne vois rien venir.
    Pas de leader (il parait qu’il en faut toujours un…), pas d’organisation solide pour taper du point sur la table… que des soumis et de l’impuissance…
    Alors je ne baisse pas les bras, mais je vois que 90% de mes contemporains préfèrent leur vie de consommateurs et guerroyer contre la vie chère plutôt que de se saisir des vrais combats. C’est leur pomme avant tout… leur essence pas cher, leur carrière, etc…
    N’oubliez pas qu’ils ont élu Sarkozy… et que son gouvernement reste populaire à plus de 50 %…
    Je ne suis pas pessimiste mais je vous jure que depuis 20 ans de militantisme écolo, à jongler du politique à l’associatif, quittant l’un pour l’autre puis revenant à l’un contre l’autre… je rame… et je ne vois toujours RIEN. Rien d’autre que le pire qui triomphe : Poutine, Haider, Sarko, Bush, Berlusconi… effet de serre, biodiversité effondrée, eau inaccessible, faim qui grandit et … 6 milliards d’hommes qui continuent à se reproduire de façon exponentielle… sur une planète évidemment finie (comme si une sphère pouvait être un espace infini !).
    Quand est-ce que ça bougera ? Je me demande s’il ne faut pas un préalable : la fin de la T.V abrutissante pour bouger les gens, faire qu’ils se réunissent, agissent… ENFIN, ENFIN , ENFIN !!!!
    Une réunion pour agir et protéger une espèce, son habitat, un espace naturel = 7 personnes, un casting pour la Star’Ac = 4000 personnes !
    J’ai un fils de 5 ans et une fille de 15 mois… je commence à me demander si ça vaut la peine de continuer à leur expliquer avec passion la nature sur cette planète où l’homme tue tout… que va-t-il leur rester ? Le choix de combattre par les armes pour se nourrir ? Honte et impuissance !

  16. Hier j’ai lu un truc sur les hydrates de méthane (20 fois plus puissant que le CO2 )qui commenceraient à s’évaporer dans l’atmosphère notamment en arctique. Puis vu une émission sur des changements climatiques ayant probablement déja existé. Glaciation totale, hyper ouragans etc. Quand on sait que seulement 5°C en moyenne on provoqué une différence de hauteur des océans de 150m et que le GIEC prévoit 1,5 à 6 °C sur le siécle. Quand on voit que rien ne change…Je pense sans etre pessimiste qu’on peut quand meme commencer à flipper 🙂

  17. P.P et Jean-Christophe, vous avez raison . C’est vrai, nous allons certainement avoir encore plus de mal à respirer dans les décennies à venir . Mais , des élans naissent un peu partout, les gens, les jeunes surtout, en ont marre de subir des infos bidon, et puis ils veulent prendre leurs destinées en main . on leur a dit à l’école que tout était très abimé, maintenant, ils savent qu’on leur a menti, un jour, ils demanderont des comptes, mais pour l’instant, ces jeunes générations bien plus pragmatiques que nous sont prêtes à bouger . Allons nous baisser les bras après avoir été si longtemps de gentils petits moutons ? je suis désolée, mais nous leur devons au moins notre espérance, et si elle n’était pas présente dans la boite de pandore, à nous de lui donner corps ! NOUS N’AVONS PAS LE DROIT D’ETRE DESESPERES APRES AVOIR ETE SI SUFFISANTS ET SI LACHES .
    Alors contre mauvaise fortune, contre la fatigue si grande soit elle, sourire et huile de coude . Allez les gangs des clés à molettes !

  18. P.P : je rajouterai un millier de citoyens, le 13 septembre dernier à Nîmes, pour une marche anti-corrida qui se voulait européenne. C’est pas énorme non plus, alors que de plus en plus de gens se disent soi-disant opposés à cette tradition cruelle. Pourtant, ce jour là, les choses auraient pu basculer si ce nombre avait été multiplié par 10.
    Je suis convaincue que descendre dans la rue (s’il reste une démarche citoyenne, non violente et non récupérée, et si le nombre est vraiment conséquent), reste un moyen de changer les choses.
    Mais où est ce que ça cloche ? Au niveau des « leaders », de l’organisation, de la communication ? Peut-être les gens n’ont pas la « foi ». Pas au sens religieux, la foi en soi, en l’autre, en notre force.
    A quand donc une grande manifestation contre les déforestations, les émissions de G.E.S. … la destruction de notre belle planète ?

  19. a ce propos , le premier commentaire laissé par Emmanuelle est intéressant , et je vous recommande vivement « ces forêts qu’on assassine » . nous pouvons consommer du bois de manière responsable, se battre pour que les écoles, les entreprises le fassent, et parrainer des forêts, des actions auprès des populations, de la faune et de la flore, et faire des expos sur ces sujets . la déforestation est directement liée à la hausse brutale des températures, et elle est le théâtre de bon nombre d’atrocités . C’est une priorité !

  20. @ chaperon rouge, descendre dans la rue, je l’ai fait et j’avoue avoir cessé . Nous devons informer, instruire, pour être plus nombreux .

  21. En réponse aux deux textes de Fabrice du 29 septembre et aux nombreux intervenants
    Chez nous, le petit renard vient regarder à la fenêtre, les chevreuils sont proches, la campanule agglomérée fleurit encore, les copains militants convaincus et honnêtes sont là…
    Ce qui me permet de tenir depuis 35 ans, depuis cette crise écologique présentie avec René Dumont et bien d’autres…
    Alerter les consciences ? en temps que prof de sciences naturelles en collège et en lycée, je n’ai pas arrêté ( les sujets ne manquent pas ) mais ma parole était de peu de poids face à la sous information des médias et des manuels scolaires! Même si j’ai convaincu certains ados, ils sont peu nombreux. Ecolos rimait et rime encore avec rigolos.
    Nous avons aussi organisé dans nos campagnes des soirées avec intervenants pour convaincre les habitants à l’action ( alerter sur les organismes génétiquement modifiés, le nucléaire, la grande distribution, l’agriculture et ses pesticides, parler de l’économie solidaire, organiser la vente directe, le covoiturage ) mais là encore ne participent que les gens déjà concernés!
    Nous nous sommes exposés dans nos refus du nucléaire, des OGM, nous aurons à le faire avec les biocarburants, les nanotechnologies et toujours la broyeuse nous réduit au silence…
    C’est dur!
    Voilà, je voulais témoigner pour dire que l’action a commencé un peu partout bien avant que la situation devienne irréversible.
    Il faut continuer, c’est tout. Nous n’avons pas d’autre choix.
    La solidarité réchauffe. Merci à Fabrice qui nous permet de nous connaître.

  22. @ annick, ravie de faire ta connaissance ! oui, il faut continuer , les ados que tu as touchés , peut-être font-ils tout pour convaincre à leurs tours . Et puis, je crois que de plus en plus, ce sont nos dirigeants qui passent pour des rigolos dans l’esprit des gens .De toutes façons, nous n’avons pas le choix .

  23. je pense tristement que la plupart des concitoyens savent,mais ce disent que c’est trop tard,et surtout je crois que beaucoup sans foute;mais pense aux fringues a la mode, a achetez ,occuper a travailler(ça prend la journée et évidemment(je vois autour de moi),a la fin on pense a regarder des futilités a la tele(star-ac,la discour de décérebrés a la télé(pas tous heureusement;la vie démentes des ultras riches qui vivent de l’agonie des gens et de la planète ,etcc),et puis vus le nombre de 4×4,de prise de voituer pour 50 metres a faire,cela reflète l’égoisme et la vue a tres court terme ;pour les profits,les achats,le sexe etcc.Les océans qui se vident(pas grave on veux pècher sans quota),les derniers ours,ou loups ;tuers, pas grave,ils m’empeche pas de vivre,et meme , gène mes activité économique a cours terme,et puis pourquoi a voir des monstre sanguinaire dans la nature?les enciens avaient (encore une fois l’homme rationalise,et lui doit tout)raisons,ils sont nuisibles,ils n’ont pas lieu d’étre).Voila ,je crois qu’ils faudra faire des éffort digne des boudhiste,de ghandie et autres lumières ;se remètre en question

  24. à S,

    Des efforts dignes des Bouddhistes, dis-tu ? Mais oui, et même au-delà. Nous disposons de grandes forces intérieures, qui ne demandent qu’à rendre visite à ce monde. Bien à toi,

    Fabrice Nicolino

  25. bon, si on récapitule: les rapports pleuvent chaque jour, tous plus effrayants, alarmants, les uns que les autres; plus personne n’ignore que quelque chose de grave est en train de se passer,meme les industriels en ont fait leur principal argument de pub, j’ai vraiment l’impression d’entendre parler d’écologie toute la journée, a la télé, au boulot, au comptoir des bars.mais de quelle écologie parle t’on? de développement durable. pour moi c’est un peu l’équivalent de la trithérapie.ca prolonge on sait que ca guérira pas ,on peut presque continuer a vivre comme avant.mais comme on l’a vu avec le sida, du coup les gens ont moins peur, recommence avec les mauvaises habitudes, et finalement ca progresse.(ou plutot ca empire)alors oui essayer de recycler, d’eteindre l’eau en se brossant les dents et la lumiere en sortant des pieces, évidemment c’est bien mais ca sauvera personne.ces gestes la ont été plutot bien integres par l’ensemble de la population meme si il reste des efforts a faire.
    mais l’effet pervers c’est que la majorité ont bien l’impression que c’est et sera suffisant.que c’est bon l’écologie ils ont déja donné.
    or les enjeux actuels nécessite des changements majeurs et rapides de notre mode de vie.le temps de l’information est passé, c’est le temps de bouger. pour l’instant je ne vois pas d’autre solution que la voie politique.légiferer pour obliger les entreprises a respecter des normes draconniennes, a reconcevoir l’ensemble des chaines de production pour qu’un produit du début a la fin de sa vie, soit le plus propre possible.
    repenser les reseaux de distribution.autoriser la construction de nouveaux batiments uniquement si ils respectent au maximum l’environnement et ne consomment presque rien voire produisent de l’énergie.
    les états sont capables de débloquer des milliards pour sauver quoi? un systeme financier
    déja moribond!laissons le crever de sa belle mort et investissons dans l’avenir! serait ce possible que cette crise mondiale qui s’annonce soit l’occasion « faire autre chose »?
    oui je sais bien qu’aucun politique ne fera une chose pareille, des mandats de cinq ans c’est bien trop court pour se préoccuper de réformes a long terme….je me suis un peu prise a réver…

  26. Bon, en résumé (si vous permettez) : la situation est quasi désespérée mais il faut tout de même agir parce que le pire n’est pas sûr à 100 % – c’est ça ? Je rajouterai ceci : tout simplement, nous ne pouvons qu’agir pour vivre… moins connement – sinon quoi ? rouler en 4 x 4, manger chez Mac Do, regarder TF1 ? Non, merci !

  27. Non, je ne suis pas désespéré, au contraire ! Mais je crois que le temps est venu d’arrêter de croire naïvement (et finalement, hypocritement) que tout est en train de changer dans le bon sens. Pourmoi, c’est faux, je ne vois rien venir, rien ! Désolé ! Ca ne veut pas dire que ça ne viendra pas demain matin, mais ça veut bien dire cela : je ne vois rien !
    Par contre, je suis instit 😉 et non, moi j’arrête de dire que ce sont les jeunes qu’on éduque qui doivent (et qui vont) changer le monde. Je crois d’une part que c’est faux (ils sont minoritaires dans nos sociétés de vieux et puis ils n’en n’ont plus envie que ça) et hypocrite : c’est à NOUS de leur changer le monde AVANT tout.
    Alors Fabrice a raison : on a des ressources intérieures (style boudhisme pour caricaturer et fairte vite) qu’il est temps de mobiliser. Oui. Mais ce sera insuffisant : il faut aussi du collectif. Il faut les deux.
    Et puis… il faut une pensée bien charpetée aussi, j’en suis persuadé. Castoriadis et l’anthropologue Gilbert DURAND apportent des analyses philosophiques et anthropologiques passionnantes et pleines d’espoirs. Personellement, ça m’aide à mieux savoir ou aller et quand foncer…
    Enfin, quelqu’un a parlé de foi. Je crois que c’est ça … et je me demande de plus en plus si ce n’est pas une question de religion(!) aussi ! Et… je suis pourtant athé jusqu’au bout des ongles… mais les écrits anthropologiques de Gilbert Durand ébranlent mes convictions : après tout, mon respect de la vie et d’un certain ordre naturel des choses (sur le plan écologique bien sûr, pas sur le plan social, sinon, c’est du fascisme !) est bien plus religieux que rationnel.
    Respecter la vie et la planète, c’est sacré, c’est comme un dogme n’est-ce pas ? Je suis prêt à le défendre tel quel en tout cas !!!

  28. A PP : bien d’accord avec vous :
    1) je suis QUASI désespéré;
    2)j’en ai marre de culpabiliser les jeunes avec ça, même s’ils ont aussi leur part à prendre (je suis instit itou);
    3)je crois qu’il y a là-dessous un problème qu’on pourrait, en effet, poser en termes de religion – à ce propos, connaissez-vous Spinoza ?

  29. @P.P , il ne s’agit pas de culpabiliser les jeunes, mais de les accompagner . D’autre part, comme tu dis: je ne vois rien venir, et bien moi, dans mas région et au niveau international (via campesina…) je vois venir, mais ce sont les nouvelles générations les plus actives . je suis désolée, mais mes contemporains sont quand même assez majoritairement amorphes, résignés et , parce que je le constate, paresseux sur la question . capables de pleurer devant le 20h avec le steack frite sur un plateau, mais tremblant à l’idée d’aller contester un projet urbain en mairie, d’aller protester contre une pollution locale (combien à Rocamadour pour la manif déjà ?), d’aller taper du poing chez Auchan au sujet de sa politique « écologique  » et « équitable » . ce que je souhaite et que je constate également, c’est que , secouer un peu par les plus jeunes, leurs parents se bougent .
    par contre je suis absolument contre les posters déprimants dans les écoles et le discours incessant « vous êtes foutus les mômes » . On ne va pas sauver grand chose, c’est clair, mais même pour cela, aidons les et proposons, et oui, des solutions .

  30. Si on attend que les nouvelles générations atteignent une « masse critique » efficace qu’elles n’atteindront mathématiquement jamais, trop de temps aura passé et il sera trop tard. C’est ici et maintenant qu’il faut agir,mailler, construire le réseau.
    Je ne veux pas démobiliser mais … nous étions 300 000 au Larzac en 2003 (c’est la bonne année ?) et tout ça pour… presque rien et presque AUCUN résultat…
    Alors non, je ne vois rien venir.
    Et il n’est aucunement question de culpabiliser les jeunes. De les accompagner, nous sommes d’accord, mais de ne pas tout leur faire porter : c’est trop lourd, vraiment.
    Je me suis vu l’an dernier la gorge nouée devant des CP-CE1 leur dire… lors d’un projet sur les énergies … en résumé : on vous a tout pris, maintenant, à votre génération de trouver des solutions. C’était un moment difficileet ma colègue en a aussi été très émue. Je refuse de revivre cela. Toi aussi, je sais bien. Mais nous devons accepter notre part, sans auto-flagellation, mais en agissant davantage encore que les jeunes.

  31. P.P d’accord à 100% . mais pour rester mobiliser et mobiliser, il me semble que nous devons être optimismes par nécessité et rejeter tout ce qui pourrait encore retarder nos actions, le désespoir en fait partie . Nous n’avons pas ce luxe à notre disposition .

  32. Bravo Annick. C’est utile. Je vous remercie vous, à défaut de quelqu’un d’autre.
    Car c’est, entre autres, un prof de bio, en 6e, qui m’a sensibilisé (nous a … ?) : il nous avait distribué et commenté un graphique de la concentration chronologique du gaz carbonique dans l’atmosphère.
    C’était en 1978 ! Et voilà, je me retrouve ici.

  33. Il ne s’agit pas de « desespérer » mais au contraire d’éviter la désespérance en fuyant les illusions qui, elles, sont extrêmement désespérantes ! Je veux simplement dire que notre manière d’agir actuellement ne change rien (ou pas assez ou pas assez vite) et que c’est donc à cela qu’il faut réfléchir : il faut changer de manière de faire pour enfin emporter toute la société avec nous… mais force est de constater qe TOUT ce que l’on fait aujourd’hui n’aboutit pas à cela. Soyons forts de ce constat pour inventer AUTRE CHOSE et cessons d’enfoncer des portes ouvertes (ou que l’on sait définitivement fermées). C’est tout et c’est éviter le désespoir que d’en prendre conscience et d’orienter notre action de cette manière. Voilà mon opinion. Et je répète : aujourd’hui, rien ne change, toujours rien…

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