Obama et cette si vieille histoire d’un si vieux continent

Je vous glisse ces trois mots avant un long article sur l’Italie. Obama. Cette étrange unanimité à laquelle je participe malgré que j’en aie. Un Noir, au pouvoir dans le pays de l’esclavage. Chez nous, tous sont évidemment d’accord, de Sarkozy à Hollande, en passant par Bayrou et tant d’autres. Il paraît que l’élection ravit jusqu’au Front national, mais je n’ai pas le cœur à vérifier.

Tout le monde sur un petit nuage, donc. Pourquoi faut-il que je pense, moi, à l’atterrissage de Neville Chamberlain  sur l’aéroport de Londres, en septembre 1938 ? Il vient alors de signer les accords de Munich, qui ont donné l’indépendance de la Tchécoslovaquie à Hitler. Une foule entoure le petit avion du Premier ministre britannique, qui redoute d’être lynché. Il est acclamé, tout au contraire, par une foule en délire. La Paix ! La Paix est sauvée ! Le 21 novembre suivant, un certain Winston Churchill déclare dans l’indifférence générale : « Le partage de la Tchécoslovaquie, sous la pression de l’Angleterre et de la France, équivaut à une capitulation totale des démocraties occidentales devant la menace des nazis (…) Un tel écroulement n’apportera ni la paix ni la sécurité (…) Au contraire, il place ces deux nations dans une situation encore plus faible et plus dangereuse. Le simple fait que la Tchécoslovaquie soit neutralisée entraîne la libération de 25 divisions allemandes qui pèseront sur le front occidental (…). Croire qu’on peut obtenir la sécurité en jetant un petit État en pâture aux loups est une illusion fatale ».

Oui, pourquoi faut-il que je pense à cela, quand tout le monde applaudit le triomphe du héros ?

10 réflexions sur « Obama et cette si vieille histoire d’un si vieux continent »

  1. je ne suis pas sure que ce soi le « heros » qui soit applaudit…mais peut être une certaine incarnation d’un espoir, d’un besoin de changement.la frénésie et la desorientation générale font que, a l’instar de celui qui plaque tout pour s’enfuir et recommence ailleurs en se disant que l’herbe y est plus verte, un tel changement, un tel evenement conduira forcement au renouveau…mais ce que l’on traine est en soi, et il n’y a que par l’effort individuel que l’on peut changer. c’est alors avec l’adjonction de ces efforts individuels que le monde changera…un evenement exterieur fût-il l’election d’un noir à la présidence des USA n’est qu’un feu de paille….

  2. Source AFP hier 05112008
    Italie : plan de soutien aux banques « la semaine prochaine »
    …..Alors que selon les dernières prévisions de la Commission européenne la croissance sera nulle en Italie en 2008 et 2009, le gouvernement prépare aussi des mesures de soutien à l’économie réelle et à l’industrie.

    Dans ce cadre, le chef du gouvernement a annoncé la mise à disposition d’une enveloppe de 13 millions (BIEN millions) d’euros pour les moyens de transport moins polluants, mais sans donner aucun détail.

    Il a également rappelé la mise à disposition de 16 milliards d’euros pour les grandes infrastructures
    Selon lui, le système bancaire italien est « très solide » et « jusqu’à présent, aucune banque n’a demandé d’aide » et « elles sont toutes bien capitalisées ».

    Si une banque bénéficie de ce plan, elle devra « augmenter le montant de ses prêts », a poursuivi M. Berlusconi, alors que le financement bancaire s’est tari depuis le début de la crise financière.

    « Nous avons besoin de donner une impulsion pour soutenir les banques et les familles afin qu’elles résistent à la crise qui ne doit pas retomber sur l’économie réelle », a-t-il souligné.

    Selon M. Berlusconi, une grande banque italienne va annoncer prochainement la mise à disposition de 5 milliards d’euros de prêts pour les PME.

    La presse italienne évoque l’imminence du plan de soutien aux banques depuis le début de la semaine dernière.

    Mise à part UniCredit, contrainte d’annoncer début octobre le lancement d’une augmentation de capital de plus de 6 milliards d’euros pour renforcer ses fonds propres, les banques italiennes ont été jusqu’à présent épargnées par la crise.

    Mais le gouvernement craint qu’elles ne souffrent à terme de ratios patrimoniaux plus faibles que certaines de leurs concurrentes européennes qui ont bénéficié d’injections de fonds publics.

    Le gouvernement de Silvio Berlusconi a déjà annoncé plusieurs mesures de soutien aux banques depuis début octobre mais à part une opération d’aide au refinancement des banques par la Banque d’Italie, aucune n’a pour le moment été utilisée.

  3. On devrait distinguer deux choses:
    – premièrement l’élection d’un noir à la présidence des E.-U.
    – deuxièmement l’élection d’un nouveau président
    Le premier événement m’arrache une tendre pensée d’abord à nigger Jim le malheureux compagnon de Tom Sawyer et de Huckleberry Finn. A Rosa Parks de Montgomery. A la malheureuse Nina Simone. A l’ancien state senator Ernie Chambers , seul noir élu pendant plus de trente ans et qui à poursuivi Dieu en justice pour le bordel qu’il laisse s’installer dans le monde. Et je pense à beaucoup d’autres mais la liste en est interminable. Je pense aussi à ma grand-mère qui disait que le noirs puent. Et puis je me demande ce que doivent penser les amérindiens.
    Et puis arrive un nouveau président qui ne changera pas le monde mais qui sera plus ou moins nocif et ici la nuance sera vitale.
    N’attendons pas des gouvernants qu’ils rendent le monde meilleur, ils ne sont pas élus pour ça.
    A nous de bouger!

  4. Non, non, tu vas trop loin là. Oui, l’unanimité autour d’Obama est suspecte, comme toujours. Mais je suis beaucoup plus positif que toi car, rien que son élection, un noir au pays de l’esclavage (comme tu dis), c’est déjà un symbole tellement immense!

    De quoi a-t-il parlé dans son discours à propos des grands défis qui l’attendent? « Two wars, a planet in peril, and the worst financial crisis since… »

    Au pays des 4×4 et de la surconsommation, il choisit de parler de la crise écologique comme l’un des trois grands défis à relever. Sans être dupe, on DOIT au moins se réjouir de cela. Sinon on tue d’avance tout espoir. On peut émettre toutes les réserves du monde sur sa capacité et sa volonté d’action, mais c’est un homme qui, pendant sa campagne, a parlé de développer le réseau ferroviaire (au pays des bagnoles et des giga-autoroutes!). Alors oui, le clean coal (sic), le nucléaire, les biocarburants, etc. Oui, il faut émettre mille réserves et rester très vigilants.

    Mais il semble vraiment plein de bonnes intentions pour développer les renouvelables, développer le train plutôt que les 4×4 (McCain a 13 bagnoles et Obama et sa femme n’en ont qu’une… ), alors merci Fabrice de ne pas tuer dans l’oeuf, immédiatement, tout espoir de changement positif. Ca pourrait être démobilisant à force.

  5. Ah, et, encore une chose, il veut la fin du secret bancaire suisse et du côté « paradis fiscal » de la taxation de mon beau pays. Et je dois dire que rien ne me réjouit plus que cela! Car personne n’arrivera à supprimer ça, sauf peut-être lui…

  6. Sandro,

    Désolé de te désoler, mais tu ne me feras pas changer d’avis. Ce qui se passe avec Obama est exactement au coeur de ce qui nous empêche d’avancer. Je ne nie pas le changement que cet homme apporte. Je dis seulement que ce changement n’a rien à voir avec celui qui serait nécessaire.
    Je sais bien que c’est décourageant, mais c’est, selon moi, la situation qui l’est. J’admets sans difficulté qu’on ait envie et besoin de laisser tomber la tunique le temps d’une fête. Mais après, mais demain ? S’il y a une chose qui réunit la classe politique américaine, c’est bien le cri de guerre de Bush père au moment du Sommet de Rio, en 1992 : « Le mode de vie américain n’est pas négociable ».

    La question qui va dominer la présidence Obama, c’est la manière la plus rapide de rétablir l’ordre financier et la consommation. Il n’y a aucun doute que les États-Unis vont très vite devenir les champions des énergies renouvelables. Ils en ont les moyens, l’intelligence, la souplesse.
    Et puis quoi ? Je maintiens, même si c’est inaudible, qu’Obama est dans le cadre d’une pensée mortifère, qui nous rapproche de la zone des tempêtes. Je redoute pour ma part qu’il ne serve d’anesthésiant général. C’est déjà la cas !

    Dernier point, Sandro. Il faut aller au bout de ta logique. Si tu soutiens l’entreprise Obama, tu dois alors soutenir – en France – le parti socialiste, le Modem, voire l’UMP, non ? Je ne dis pas cela pour me moquer, sois-en sûr. Mais enfin, qui ne voit qu’Obama, aussi sympathique et Noir qu’il soit, n’entend en AUCUNE façon sortir du cadre de la marchandise et de la dévastation ?

    Bien à toi,

    Fabrice Nicolino

  7. Concernant Barack Obama, je pense qu’il est encore trop tôt pour porter un jugement sur cet homme. W.Bush quittera ses fonctions en janvier 2009, par la suite c’est Barack Obama qui gouvernera les U.S.A !… Laissons lui au moins 6 mois de pouvoir avant de juger son action !…

    Quelle sera la politique de Barack Obama à court terme, à moyen terme et à long terme ?… Nous n’en savons encore rien !… A moins que certains d’entres vous disposent d’une boule de cristal magique ?… Moi pas en tout cas !…

    je ne dis pas qu’Obama est bon ! Je ne dis pas qu’Obama est nul ! Je dis, que pour l’instant, nous ne savons pas…

    Beaucoup de problèmes vont se poser à lui : crise écologique jamais vue ; prolifération de l’arme atomique par des pays à la politique douteuse ; puissance de la Chine, de L’Inde, et d’autres pays en mouvement croissant ; pauvreté su sud ; avenir de nos modèles de sociétés ; etc ; etc.

    Ne sous-estimons pas Barack Obama, ne surestimons pas Barack Obama !… Mais attendons un peu et voyons !…
    Barack Obama n’est pas un minable, mais ce n’est pas non plus le Messie !… C’est tout simplement un homme, un homme avec de la classe, mais juste un homme !…

  8. Entièrement d’accord avec le rapprochement « Obama »et « anesthésiant ». Obama n’est que le énième artifice pour raviver le sacrosaint rêve américain ( les milieux d’affaires ne s’y sont pas trompés) dont je me demande bien encore comment il y a des gens pour y croire ( Dans les faits : Massacre des indiens, guerre d’indépendance,guerre de sécession soit une guerre civile des plus meurtrières qui soit puis toutes les autres qui ont suivis….Etje ne parle pas des problèmes de société qui rendent indécent toutes références à un rêve !)

    Obama n’est qu’un « outil » marketing supplémentaire pour tenter d’appliquer la recette américaine à tous les autres….Donc nous….Et croyez le mais CA MARCHE ENCORE…Il n’y a qu’à voir nos réactions….Nous réussissons encore à y croire. A croire qu’un homme, qu’un président américain va changer la donne, qu’un Noir américain va changer la donne de tous les noirs américains ( si ce n’était pas si grave, on en rirais presque)….

    Que cela vous plaise ou non, l’Amérique, en plus d’un mode de consommation, c’est la Destinée Manifeste, la conquête de territoires etla poursuite de la Frontière et donc la propriété privée à tous prix, la sécurité à tous prix ( sécurité énergétique aussi bien que corporelle ou sociale)…..Et tout cela avec les meilleures attentions du monde….C’est là le pire !….Nous sommes béats devant un modèle de société qui nous assassinent avec le sourire et en nous étreignant d’un bon hug….Et nous en redemandons parce qu’il y a un nouveau président….Moi je dis bravo ! Quel sens du spectacle !

    Vous savez quoi ? Je vais vous raconter le nouvel épisode de cette formidable série américaine :

    Episode 1 : Le monde a souffert d’un mauvais président américain durant 8 ans. Damned, quel injustice ! Le réve américain est perverti. Sigh! Comment vanter le modèle américain avec un tel mauvais flic ( euh, pardon président)?….Réponse épisode suivant.

    Episode 2 : Arrivée du bon flic ( euh, pardon président)…Ah! Tout le monde se détend. Le héros est là…On peut dormir tranquille ou plutôt faire des affaires tranquille, le monde va aller mieux…..Et pendant que nous dormirons, ce que le mauvais flic ne pouvait pas imposer alors le bon….car il faut bien sûr avant tout protéger l’Amérique et les américains….Etes vous américains ?…C’est le moment de le devenir

    Mais bien sûr, je peux me tromper….Platon et son mythe de la caverne ne sont jamais très loin.

  9. « Je dis seulement que ce changement n’a rien à voir avec celui qui serait nécessaire. »
    D’accord, Fabrice, mais le changement qui serait nécessaire n’est pas pour demain (à moins de se raconter des histoires) et, en attendant, il faut bien se satisfaire de celui-ci (sans se faire trop d’illusions, on est d’accord, sur l’unanimité et certains effets pervers) et surtout ne pas oublier que c’était Obama ou… Mac Cain et Palin.

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