Maudites élections européennes

Que soient maudits tous les candidats aux élections européennes. Et tous les partis qui les soutiennent. Tous. Le monde réel qu’ils ignorent flambe, et s’enfonce dans les enfers. Commençons par le Vietnam, de si haute mémoire. Trois vagues de chaleur ont dévasté ce si beau pays en avril, et au moment où ces lignes sont écrites, il fait 44 degrés dans certaines villes. Des centaines de records de température ont été battus.

Toute l’Asie du Sud-Est est touchée par le grand malheur, du Népal aux Philippines, passant par l’Inde, la Birmanie ou la Thaïlande. En Birmanie – 48 degrés au centre du pays -, 2,6 millions d’habitants sont des déplacés, pour la plupart, comme les où Rohingyas, chassés de chez eux. Au Népal, 4500 feux de forêt ont été enregistrés depuis le début de l’année. En Inde – parfois 47 degrés, souvent autour de 30 degrés la nuit -, les morts se comptent milliers. Aux Philippines – 39 degrés à Manille, la capitale -, les évêques cathos de l’archipel organisent des prières pour la pluie, et une baisse de la température. L’Asie, selon l’Organisation mondiale de la météorologie (OMM), se réchauffe très vite, avec une augmentation de deux degrés par rapport à la moyenne de la période 1961-1990.

Et que dire de l’Afrique, éternelle sacrifiée des commentaires ? Une équipe australienne menée par Fiona Charlson a recherché la liste des travaux scientifiques publiés entre 2001 et 2020 sur les liens entre santé mentale et dérèglement climatique (1). Sur les 120 études retrouvées, une seule est consacrée à un pays africain – l’Éthiopie – et 77% concernent les pays riches. Et pourtant ! L’Afrique est en pleine déroute.

Le 3 avril, il a fait 48,5 degrés à Kayes, ville importante du Mali. Une aubaine pour les djihadistes, un peu moins pour les pauvres et les paysans. Selon le World Weather Attribution (2), « fin mars et début avril 2024, la région entre le Sahel et l’Afrique de l’Ouest a connu des chaleurs extrêmes, avec des températures maximales de plus de 45°C au Sahel et des températures minimales de 32°C au Burkina Faso ». Et cette folle envolée « n’aurait pas été possible sans le changement climatique ».

Rien ne va plus, les jeux sont (presque) faits. Le Maroc est en train de perdre une partie de son agriculture après six années de sécheresse. Le Soudan du Sud, déjà martyr pour cause de guerre civile, subit des températures dépassant 45 degrés. Idem en Afrique du Sud. Au Nigeria, l’agence météorologique nationale a réclamé sans succès l’instauration de l’état d’urgence. À Kinshasa, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) tente avec des moyens dérisoires de protéger les 12 millions d’habitants d’une chaleur devenue intolérable. Au Kenya, en Tanzanie, en Somalie, au Burundi, des pluies diluviennes, sans guère de précédent, ont arraché quantité d’infrastructures.

Cet immense désordre climatique a-t-il des conséquences sur la santé mentale ? La réponse est évidente, mais elle a été détaillée en 2022 dans une note de l’OMS. Selon la docteure María Neira, « les conséquences des changements climatiques sont de plus en plus présentes dans notre vie quotidienne, et les personnes et les communautés confrontées aux dangers liés au climat et aux risques à long terme ont accès à très peu de soutien dans le domaine de la santé mentale ».

Passons sur la dimension euphémique du propos, et poursuivons avec le Climate Cares Centre (3), qui dépend du très réputé Imperial College de Londres. Il s’agit d’une équipe regroupant des chercheurs, des experts politiques et d’éducateurs « qui s’efforcent de comprendre et de soutenir la santé mentale dans le contexte des crises climatiques et écologiques actuelles ». L’urgence est là, car le désastre rend fou.

En France, que dalle. Mélenchon est en pleine perdition morale. Glucksmann propose d’investir dans la guerre à venir, les « écologistes » blablatent et, policiers dans l’âme, chassent de leurs rangs Julien Bayou. Ne parlons pas des autres. Au fait, qui est responsable du grand dérèglement, sinon notre soif insatiable de colifichets ?

(1)en anglais : https://www.mdpi.com/1660-4601/18/9/4486

(2) en anglais : https://www.worldweatherattribution.org/extreme-sahel-heatwave-that-hit-highly-vulnerable-population-at-the-end-of-ramadan-would-not-have-occurred-without-climate-change/

(3)en anglais : https://www.imperial.ac.uk/climate-cares/

14 réflexions sur « Maudites élections européennes »

  1. https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/crise-climatique-si-les-temperatures-baissent-en-2025-cela-ne-veut-pas-dire-qu-il-ne-faut-plus-s-inquieter-plaide-le-climatologue-robert-vautard_6557687.html
    extrait: »Il n’a pas fallu attendre 2024 pour s’inquiéter. Oui, il faut continuer de s’inquiéter, car le réchauffement climatique se poursuit à une vitesse importante, quelles que soient les variations liées à l’alternance entre El Niño [qui s’accompagne traditionnellement d’une hausse globale des températures] et La Niña [qui a tendance à rafraîchir]. Les années El Niño sont plus chaudes qu’autrefois, les années La Niña sont plus chaudes qu’autrefois…  »
    merci Fabrice pour ces articles

  2. Bonjour,
    Bien sûr qu’elles sont maudites. Rien que la gabegie de matières premières et d’énergie. Des tonnes de papier, des montagnes d’euros, et des déplacements de tous et de toutes, les meetings etc…
    37 listes, dont 8 principales entend-on partout.
    Parmi ces 37, une toute petite, qui n’a pas d’argent, et même si elle en avait, elle ne les dépenserait pas, qui ne veut pas gâcher de papier, qui a fait quelques réunions virtuelles depuis 1 an, car elle ne veut pas accumuler les kilomètres, et qui secoue le cocotier (une petite pousse émergeant d’une noix de coco échouée quelque part, ou un cotylédon de châtaigner . Pas très visible, surtout qu’il y a un effort massif de dissimulation, vous comprenez, il ne faut pas remuer les consciences. Simplicité volontaire, autonomie de la populace, vélo, refus de consommer à outrance, réemploi, réparation, toilettes à litière, chauffage-cuisine-inertie au bois, téléphone fixe, un fichu ordi fixe, quand même, manger végé quasi tout le temps, pacifisme, diplomatie, praticien-nes de la décroissance, etc…On a des idées, on a de l’énergie, mais on nous cache. Même le journal local n’a pas d’articles politiques, mais pourtant il a des pages de pub.
    Les colifichets, on n’en veut pas, mais pourtant, on nous en offre encore, en tous cas, on n’en achète plus depuis « Mathusalem ».

    Et le gouvernement se perd en obligation d’adressage, pour que le livreur puisse nous trouver. Quelle excuse ! C’est bien plus important que de s’occuper de Décroissance, non ? Marcher sur la pointe d’un cheveu, c’est cet exercice que l’on est amené à faire désormais.
    Bonne journée en Paix et décroissance (10 000 électeurs en 2019)

    1. oui, merci de votre intervention; pour ma part ai imprimé la liste téléchargée mais sera sûrement la seule au dépouillement du bureau et peut-être même de la ville… un geste pour ne pas totalement désespérer avant la chute (guerre, famine, sècheresse, cataclysmes ,…au choix mais la liste n’est pas exhaustive); pas encore tout à fait folle?

      1. Désolé, je ne savais pas qu’il fallait imprimer soi-même le bulletin de vote et l’amener au bureau de vote, car ils ne les fournissent pas pour les petites listes ! Pas à Calcutta, en tout cas ! Donc je n’ai pas pu voter pour « Paix et Décroissance ».

        1. Un bon reportage photo fait par des amis… sur les travailleurs qui sont en première ligne, non seulement de la pollution de l’air, première cause de mortalité, mais aussi des vagues de chaleur dans nos villes de plus en plus inhumaines. Mais le plus souvent ce sont les agents de la circulation (les policiers) qui meurent dans la rue d’un coup de chaleur… c’est probablement pas dans « la culture de la maison » de s’assoir à l’ombre d’un arbre…

          https://restofworld.org/2024/india-heat-wave-delivery-workers/

          1. Ce petit reportage rappelle quelques faits de base, qu’il suffit d’ailleurs d’observer ! Le « changement climatique » a bon dos, quand-même ! Est-ce que c’est être « climato-sceptique » que d’avoir plus peur de nos villes tueuses que des pets de nos vaches et moutons ?

  3. Il est inutile et dangereux de s’obnubiler sur le « climat », sur lequel on ne peut rien à part déclencher de véritables catastrophes que les fanatiques de la « modification du climat » comme Bill Gates nous préparent à accepter « pour notre survie », un peu comme les vaccins covid pires que le covid, mais il est indispensable de travailler sur le « micro-climat », c’est à dire les arbres, les étangs et les rivières, la biodiversité, un urbanisme très dense où les transports en commun sont economiques et efficaces, une architecture sans plastique, des voitures et vélos non électriques, en un mot : Tout ce sur quoi les citoyens peuvent agir avec leurs propres mains et plus important encore, avec leur propre tête. La bonne nouvelle, c’est que c’est justement ce genre d’action qui donne des résultats immédiats et locaux, qui petit-à-petit s’étendent dans le temps et l’espace.

    Pour cela il suffit d’avoir confiance en la vie. De nombreux scientifiques (Joël Sternheimer, Jacques Benvéniste, Luc Montagnier, et plus récemment, Debal Deb) ont réalisé que tout dans l’univers est vivant. Nicolas Georgescu-Roegen était à deux doigts de le réaliser même s’il n’a pas tout-à-fait franchi le pas. En architecture, Hassan Fathy l’avait compris et mis en pratique même s’il ne l’a pas formulé de manière concise ni totalement explicite. Les travaux depuis 40 ans des savants Britanniques Rev. Michael Humphreys et Fergus Nicol ont prouvé scientifiquement le bien-fondé des idées de Fathy. La différence ? Un monde vivant est un monde qui n’est plus dominé par la peur de ce qu’on ne connaît pas encore, mais guidé par le désir de le connaître davantage. L’Asie et l’Asie du Sud ont compris cela (ou peut-être, ne l’ont jamais oublié). Je suis plus inquiet pour l’Europe.

    https://laurentfournier.blogspot.com/2023/04/about-appropriate-concepts.html

    1. Merci Laurent de cette ouverture spirituelle. Vous devez sans doute connaître l’oeuvre de Sri Aurobindo qui conduit à considérer la Crise comme une crise évolutive de l’univers.

      1. Je n’ai pas étudié de près l’oeuvre d’Aurobindo, mais c’est une figure historique célèbre, que j’aime beaucoup (révolutionnaire et résistant, s’orientant vers la spiritualité en sortant de prison) et très respecté au Bengale, à Pondicherry et ailleurs.

  4. Dans cette conférence en diapositives de 2014, très claire et très agréable à lire, brillament illustrée, Rev. Michael Humphreys explique comment les bases scientifiques du confort rendent possible l’architecture bioclimatique, qui est l’architecture qui a toujours existé, depuis 12000 ans jusqu’à environ 1950, lorsque le chauffage central, la climatisation, la ventilation mécanique, l’isolation thermique et les normes militaires, industrielles puis commerciales du confort (ASHRAE), ont « en définissant la bien-nommée ‘température neutre’, qui est le produit qu’ils vendent, ont promu la dégradation de l’architecture en sapant le travail des architectes qui travaillent avec, et non pas contre le climat » (Fergus Nicol, 2011)

    Je suis à Calcutta, où je travaille sur ma terrasse, avec la brise agréable de la baie du Bengale, agréablement amplifiée par la frondaison au-dessus de ma tête, de l’arbre anti-moustiques Nim, de 5h du soir à 1h du matin. C’est très « cool » dans tous les sens du terme. Tout le monde n’a pas ce luxe, d’accord, et lorsque j’étais salarié il fallait bien que je prenne les transports et arrive en sueur au bureau, mais il demeure qu’utiliser différemment différentes parties des bâtiments à différents moments de la journée et des saisons est la seule manière que l’architecture bioclimatique peut fonctionner, et fonctionne depuis toujours, du désert du Thar à la Sibérie, régions habitées, comme toutes les autres parties habitées de la planète, depuis plus de 12000 ans, alors que rien ni personne ne nous obligeait d’aller habiter là-bas !

    A lire:

    https://disk.yandex.com/i/TC_qDSCjdz-Clw

  5. Mahatma Gandhi, Dag Hammarskjöld, John Kennedy, Henri Curiel, Aldo Moro, Thomas Sankara, Olof Palme, Robert Fico…

    Robert Fico, ce vieux politicien gauchiste qui a empêché son pays de participer à la destruction de la Yougoslavie, qui a retiré les troupes Slovaques d’Iraq dès qu’il est arrivé au pouvoir, qui refuse d’envoyer autre chose que de l’aide humanitaire en Ukraine, qui a lancé une enquête sur les vaccins covid…

    Le « tireur fanatique isolé » l’a loupé (de quelques millimètres), les infirmiers ne l’ont pas achevé dans l’hélicoptère, les médecins ne l’ont pas empoisonné sur la table d’opération, mais l’ont sauvé. Et le « tireur fou » n’a pas été tué par un autre « tireur fou ».

    Vive Robert Fico, vive la Slovaquie !

  6. Fabrice, comme Laurent, j’ai été rassurée de voir vos nouveaux articles, après quelque temps de « silence » sur votre site.
    Merci d’être là et aussi de permettre des commentaires, certains très consistants il est vrai!
    Pour faire suite à celui du 17/06/2024, les choses ne s’arrangent pas en Arabie saoudite. « Les températures ont atteint jusqu’à 51,8 degrés Celsius  » (à La Mecque ces jours derniers).
    Qui peut encore de toute bonne foi douter du dérèglement climatique?
    cf https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/pelerinage-a-la-mecque-comment-le-hajj-a-vire-au-drame-en-raison-des-fortes-chaleurs_6615198.html

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