À une autre armée de connards (sur la bagnole)

Vous savez quoi ? Peut-être bien que non. « Édité par le groupe ETAI, Auto Infos est, depuis 1945, LE magazine de référence sur l’actualité de la distribution, de la réparation et des services automobiles ». C’est une citation, vous pensez bien que je n’écrirais pas des choses pareilles de moi-même (ici). En tout cas, ce magazine m’aura appris une chose si fantastique que je vous en fais profiter aussitôt. Ne suis-je pas, au fond, un homme serviable ?

Le 28 août dernier, Auto Infos a publié un article dont voici le titre : « L’industrie automobile serait à la veille d’une phase de croissance massive » (ici). Bien entendu, la tête farcie des annonces apocalyptiques – pour elle – venues de l’industrie de la bagnole, j’ai eu la tentation de poursuivre. Bien m’en a pris. L’article est génial, admirable dans sa loufoquerie, et plein d’un sens de la pédagogie certes involontaire, mais impressionnant tout de même. Que dit-il ? Par lui-même, pas grand chose. Mais il cite une étude d’un grand cabinet de conseil américain, Booz & Company.

Je mentirais en disant que j’ai lu ce travail dans sa version originale anglaise, mais vous pouvez le faire sans moi (1). Le résumé qu’en fait l’illustre Auto Infos m’aura suffi. Et voici : la crise de l’automobile est imaginaire, car les plus belles années de la bagnole individuelle sont devant nous. Pour une raison imparable : les ventes devraient augmenter de 600 % dans les pays « émergents» d’ici 2018. Il existe sur terre la bagatelle de 672 millions d’autos, mais elles seront – seraient, d’après  Booz & Company – 1,1 milliard en 2013, puis 1,5 milliard en 2018. Or donc, dans moins d’une dizaine d’années, deux fois plus de voitures sur terre qu’aujourd’hui.

Le groupe dit BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) assurerait une bonne part de ce qu’il faut bien appeler une révolution. Une révolution totale et définitive. Il est possible, bien que très peu probable, qu’un tel événement survienne. Il en adviendra d’autres. En tout cas, aucun des imbéciles qui croient en ces âneries n’imagine une seconde ce que signifierait vraiment un déferlement aussi massif. Les ponctions invraisemblables qu’il faudrait consentir dans le budget des particuliers et des États pour acheter ces merdes et fabriquer les routes et parkings à elles dédiés. Ces budgets pharamineux ne seraient évidemment pas employés pour l’agriculture vivrière, la restauration des écosystèmes naturels, l’éducation, l’assainissement de l’eau, etc.

Aucune de ces andouilles n’a entendu parler de limites physiques, de crise climatique, de thrombose des principales villes du monde, de manque in fine des matières premières indispensables à la construction d’une telle flotte et à son entretien. Pas un, pas une ne comprend qu’une semblable évolution serait de facto une guerre civile mondiale entre qui ceux roulent et ceux qui marchent. Pas un, pas une n’imagine jusqu’à quels drames sociaux, politiques, écologiques bien sûr, conduirait la fabrication de plus de 800 millions de véhicules en acier et plastique en seulement neuf années. 800 millions en admettant qu’on garde ceux qui existent, ce qui ne sera pas le cas. Disons un milliard.

Bref. Mais l’industrie, que ces gens servent de leurs petites mains ingénieuses ? Mais GM, Renault, PSA, Toyota, Volkswagen ? À votre avis, comment les  « décideurs » de l’univers mécanique de la bagnole prennent-ils ce genre de bobards ? Pensez-vous que M. Carlos Goshn, notre patron chéri de Renault-Nissan, rigole un bon coup, et part boire un verre avec des amis ? Franchement, je doute. L’industrie est par nature amorale, et ne cherche d’autre but que sa perpétuation et la satisfaction financière de ses maîtres. À coup certain, elle ne peut que saliver en face de telles perspectives.

Nos vertueux constructeurs automobiles sont donc en train di mostrare i denti – montrer les dents -, de retrousser aussi leurs manches avant de se lancer dans l’immense bagarre planétaire qui s’annonce. Oubliées, les fumeuses envolées sur la pseudo voiture verte ! Cela fait trente-cinq ans que la bagnole promet d’être plus économe en essence, en puissance, en émissions de gaz. Trente-cinq ans de foutage de gueule intégral. Je rappelle que l’usage de la clim’, imposé en France il y a quelques années sur les voitures neuves, augmente la consommation de combustible de 15 % ! Et je ne parle pas de tous les rajouts commerciaux qui ont systématiquement aggravé les choses. À quoi bon ? L’industrie ne pense pas, ce n’est pas son rôle. L’industrie mord à la gorge, et avance. La bagnole, vous l’aurez sans doute reconnue, n’est autre que le chien des Baskerville. Un monstre, certes, mais qui appartient tout de même à quelqu’un.

Concluez avec moi, ce ne sera pas difficile, que la voiture est l’ennemie du genre humain. L’ennemie directe de villes vivables, de sociétés équilibrées, d’hommes en bonne santé. L’adversaire mortelle de tout projet d’autonomie et de paix entre égaux. Je ne vois quel compromis nous pourrions passer avec une telle folie. Ou ce sera elle, et le chaos général que les fantasmatiques projets de Booz & Company annoncent. Ou ce sera autre chose. Mais les deux en même temps, je ne pense pas. Et vous ?

(1) Il s’agit d’un PDF que vous devez charger à l’adresse suivante : www.strategy-business.com/media/file/enews-07-29-09.pdf

46 réflexions sur « À une autre armée de connards (sur la bagnole) »

  1. Déprimant. De toute façon, la voiture en ville ça a ses limites. On ne peut pas continuer à engorger les villes comme ça.
    Je continue à rouler sur mon vieux biclou. J’ai failli me le faire piquer hier 🙁 ……….

  2. article du parisien :

    « Je veux créer un Grand Prix écologique »
    Nouveau président du conseil général depuis le 3 juillet, l’UMP Alain Schmitz évoque les grands sujets de la rentrée : F 1, écologie, Bédier, il n’élude aucune question.

    C’est la rentrée aussi au conseil général. Alain Schmitz (UMP), qui a succédé le 3 juillet dernier à Pierre Bédier à la tête de l’assemblée départementale, fait le point dans nos colonnes sur ses projets pour les Yvelines.

    Dès la rentrée, porterez-vous à nouveau le projet de vallée de l’Automobile ?
    Alain Schmitz . Oui.
    J’assure que notre soutien à la filière automobile est plein et entier. Nous voulons que les Yvelines deviennent le coeur d’une industrie automobile innovante, qui sera axée sur le véhicule du futur, la voiture électrique et même sur l’écodéconstruction, le moyen de recycler proprement les véhicules. Cette dernière option trouve un allié de poids aux usines Renault de Flins, qui avancent grandement sur ce sujet.

    Un circuit de Formule 1 a-t-il sa place dans une telle réflexion ?
    Nous venons de réaliser des études d’impact sur le site choisi pour le circuit automobile. Elles démontrent que les nappes phréatiques seront bien protégées. Mais en parallèle, je change mon fusil d’épaule. Je pense désormais à une option plus écologique que la Formule1 : créer un Grand Prix écologique que je veux dans notre département. Pourquoi ne pas imaginer une grande compétition de la voiture électrique ? Cela se fait déjà aux Etats-Unis. La France pourrait devenir la première nation européenne à créer un tel événement. Et cela collerait parfaitement à l’image de notre département, à la fois innovant et respectueux de l’environnement dans toutes les décisions qui seront prises désormais.

    Que ferez-vous alors des grands projets d’infrastructures routières et de transport ?
    Pour le moment, tout est bloqué. Nous ne sommes pas seuls décisionnaires. Nous devons attendre les élections régionales pour travailler et discuter sérieusement sur la voie express de la Vallée de la Mauldre, le prolongement de l’A 104, le pont d’Achères, la tangentielle ouest ainsi que le tramway qui desservira Viroflay et Vélizy. J’ai insisté auprès du ministre Christian Blanc pour que sa réflexion sur le Grand Paris intègre la ligne Eole Mantes – La Défense et Mantes – Saint-Lazare.

    Les Yvelines pourront-elles soutenir financièrement tous ces projets ?
    Je suis confronté à des difficultés budgétaires que n’ont pas connues mes prédécesseurs : les recettes se tassent, les dépenses demeurent importantes. Il faudra faire des choix d’investissements. Nous avons néanmoins une grande capacité d’emprunt. Le budget sera délicat à définir cette année, en 2011 et peut-être en 2012.

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    Et oui, il fallait y penser !!! Continuer comme avant avec des voitures roulant au nucléaire, au manioc et au chocolat (c’est pas une blague, ça se fait ) …pour tous , bien entendu ! Bienvenue dans le monde merveilleux de Mickey ! la vallée de l’automobile demeure manifestement un rêve d’enfant …

  3. De mon côté j’ai troqué ma voiture contre 5 mois de vacances par an (compte tenu que le budget moyen des français est de 5000 €)+1 mois de plus (car je change de tranche d’impôt) qui me sert à me réapproprier ma vie.

    En attendant une société de transports en commun moins chers et mieux desservis dans laquelle les gens n’auraient pas à sacrifier la moitié de leur vie au travail pour payer leur voiture qui leur sert en grande partie à aller au travail et en grandes surfaces, je n’hésite pas à faire du stop, du vélo, du TER, du train, du jardin, le marché, l’AMAP, la cuisine, du jardin collectif et personnel, de la musique, du bricolage, des jeux, m’informer…

    Il y a tout à re-créer hors économie 🙂

    Le plus marrant c’est que cette contrainte s’est transformée en véritable libération.

  4. Petit train..train..mais à très grande vitesse. Histoire de sous-mariner la « Bagnole » v’là t’y pas que le vent économique souffle en « Rafale » !!! Enfin une réponse technologique au réchauffement climatique ! Lu là…sur internet. Manque plus que le « Charles de Gaulle » pour s’y poser et faire route vers Copenhague pour décembre.

  5. On les repère bien les voitures neuves depuis la nouvelle immatriculation ! c’est incroyable toutes ces bagnoles neuves qu’ont achetées les français en 6 mois….je n’en reviens pas !Vivement la crise ,la vraie, qu’ils arrêtent !
    L’autre jour, on a eu une discussion très rude avec une copine (écologiste), qui justifiait l’achat d’une voiture neuve, par le fait qu’il était très pénible et pas concevable de tomber en panne lorsque l’on allait au travail, et que cela excluait la possession d’une vieille voiture.
    Je lui ai dit que ce raisonnement était celui d’occidentaux-enfants gâtés, coupés des réalités, et que tomber en panne faisait partie de la vie, permettait aussi de faire de belles rencontres,et surtout permettait de limiter la construction de voitures neuves.
    Et puis, il y a des voitures neuves qui tombent en panne.. !!
    Merci Fabrice pour ton texte fort qui traduit bien ce que je ressens.Je l’envoie tout de suite à ma copine !

  6. @ Marieline;

    Desolé de me vanté :))

    J’ai concsience que tous le monde ne peux pas faire ce choix; c’est parce que j’habite dans un petit pays que c’est possible; et encore il m’arrive de devoir en louer une si je dois me rendre dans une région mal désservie par les transports en commun!

    Il ne faut pas désepérer; et mutualiser sa voiture au maximum!

  7. Je ne sais pas Fabrice si tu as pu regarder le lien sur le brillant auteur américain anarcho-primitiviste Derrick Jensen, ici présentant son livre Endgame (http://video.google.com/videoplay?docid=8649250863235826256#),
    mais il me semble qu’il pose la question en filigrane de savoir qui sont les vrais connards dans cette crise écologique.
    Je la repose ici por los demas : les vrais nuls (j’entends par la, les vrais « responsables », voire, les vrais « coupables »), est-ce que ce sont :
    A – ceux qui sont aux commandes de la civilisation industrielle et qui détruisent sciemment le vivant, pour la simple raison qu’ils sont cliniquement pervers (ie: jouissant de la souffrance de l’autre). Ceux qui ont vu la dernière fable de Tarentino comprendront à quoi je fais allusion.
    B – sont-ce plutôt ceux qui savent qu’ils collaborent étroitement –ou de loin — a la destruction du vivant mais préfèrent le nier, le renier, le denier, bref se le refouler. Facon bon allemand.
    C – ou est-ce moi. Ou est-ce vous. Moi qui, malgré ma science, ma conscience, ma compréhension intégrée de la loi de la thermodynamique et du fonctionnement des écosystèmes, malgré mon éthique, mes grands discours, mes écrits, mes cours magistraux, malgré ma poétique fascination pour le vivant et ma pitoyable petite reconversion a l’agriculture bio hors réseau, malgré mes pétitions dument signées en ligne, mes compensations carbone, mes dérisoires actes de désobéissance civile très politiquement corrects au quotidien, mes recyclages, demeure pourtant impuissant, totalement inefficace; dans l’échec, et la honte, parce que carrément incapable (malgré ma colère), d’arrêter quelque destruction que ce soit, parce qu’incapable de prendre le maquis, d’agir, de résister et de mettre par terre ce système, ces voitures, ces Monsanto Cargill et autre Exxon qui annihilent la vie par en-dedans.
    Bref, je pense comme Jensen que nos enfants se foutront de savoir si on a détesté la bagnole ou pas. Qu’on ait lu Vandana Shiva ou voté pour Bové ou manifesté – ou pas. Ils se préoccuperont de savoir s’ils auront encore de l’air, de l’eau, de la terre arable. S’ils héritent d’une planète totalement contaminée, sans terre arable, eau ni air, alors ils se demanderont tout simplement pourquoi on a été dans les premiers humains dans l’histoire des humains a ne pas s’être battus (au moins, battus !) contre une totale et évidente monstruosité.

  8. A Hacène.(suite). Ben…malgré tout, si cela se sait…ce sera sûrement « Kador » (l’Intello) qui aura « cafté ». Pauvre Robert!…pauvre Raymonde!…

  9. A David Rosane. Le summum : Tu es loin d’être le seul à penser et agir comme çà pour, très, très, peu de résultat. N’empêche qu’il faut continuer, pour sa propre conscience.

  10. @Stan. Tu viens de m’apprendre les noms de ces personnages. Puisque ma citation faisait bien sûr référence au grand Charles et que Kador est l’intello, celui-ci a-t-il découvert une quelconque évolution chez Robert et Raymonde ? 😉

  11. A Stan: ouaip. je sais. On est vachement nombreux. Parait qu’on incarne meme le plus grand mouvement dans l’hsitoire des mouvements. C tt le drame.

  12. Stan, David, ne pensez-vous qu’il y a quand même un mouvement de fond qui s’est mis en place ? Certes, l’époque est à une coexistence de voies dissemblables et opposées, certes, celle de la destruction continue (encore) son oeuvre, mais n’y a-t-il pas quelque chose qui émerge, sans doute (trop) doucement, mais sûrement. Si c’est exponentiel, on commence certes doucement car de très bas, mais d’ici une dizaine d’années, on devrait avoir vu suffisamment de signes positifs et des inflexions certaines. Bon, voilà qu’en écrivant cela, j’ai des doutes, mais je parierais que quelque chose se trame…

  13. @David;

    Je crois qu’on en passe tous par là…Courage; si cela peux vous rassurer, ma gamine sais que certains adultes font des efforts et d’autres non…

  14. A Hacène.(fin) A compter du trente septembre, dans certaines librairies, possible que « Les Bidochon » côtoient « Bidoche ». Malgré cette proximité, je ne puis me prononcer sur leur évolution…seul « Kador » anticipe…ou en profite.

  15. A hacene, helene, sylviaine
    peutetre je me suis mal fait comprendre. oui le mvt existe. oui nous avons les yeux bien en face des trous, la tete bien vicee sur les epaules et le coeur au bon endroit. On a les faits avec nous, la conscience, l’ethique, voire la morale. Mais fabrice l’a tres bien dit sur ces pages; au vue de ce qui est de l’ordre de l’observable, notre mouvemenent reste un echec. ET nous sommes inefficaces.

  16. Je m’illusionne peut-être, mais il se pourrait bien que Hacène ait raison. Quelque chose est en train de changer, très lentement, qui pourrait bien s’accélérer brutalement.

    Bien sûr, c’est très difficile à évaluer, on fréquente qui on aime et cela fausse la perception…

  17. Fabrice, excuses s’il te plait le hors sujet mais « çà prule » comme disent les pompiers en Alsace:

    STRASBOURG (Reuters) – Soixante-dix pieds de vignes génétiquement modifiés qui étaient au coeur d’un programme de recherche de l’Inra de Colmar (Haut-Rhin) ont été sectionnés tôt lundi matin, selon des sources judiciaires.

    « La personne a traversé deux grillages et a coupé les porte-greffe », a déclaré le président de l’Institut national de la Recherche agronomique de Colmar, Jean Masson, selon lequel le programmé était en cours depuis quatre ans.

    L’auteur des faits, un opposant aux organismes génétiquement modifiés qui aurait agi seul, a revendiqué son acte lundi auprès de la presse locale avant de se rendre au commissariat de Colmar, a-t-il précisé. Selon le journal L’Alsace, qui a reçu sa visite, il s’agit de Pierre Azelvandre, un docteur en biologie qui mène depuis des années un combat juridique contre les OGM.

    L’homme, âgé de 46 ans, était en garde à vue lundi soir. « Il revendique son acte, a indiqué à Reuters le procureur de Colmar, Pascal Schultz.

    L’essai en cours à Colmar visait à trouver une parade au court-noué, un virus transmis à la vigne par un ver, contre lequel il n’existe aucun traitement. Seuls les porte-greffe avaient fait l’objet d’une manipulation génétique, ce qui limitait les risques de dissémination.

    L’Inra a publié un communiqué pour déplorer ces actes et a annoncé qu’il allait porter plainte.

    Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a condamné dans un communiqué cet acte qui, selon elle, « affaiblit de manière irresponsable les capacités de la recherche publique dans le domaine des biotechnologies ».

    Elle rappelle que cet essai qui a fait l’objet d’une autorisation fondée sur l’évaluation scientifique des risques sanitaires et environnementaux était aussi destiné à recueillir des données scientifiques précises en matière d’environnement.

    L’Institut souligne que l’expérimentation en cours faisait l’objet d’une démarche participative qui associait les différents syndicats viticoles et agricoles, les élus et les associations de consommateurs et de protection de la nature.

  18. Tout à fait d’accord sur le fond du billet. Un peu plus réservé quant à l’intitulé; je comprends la colère de Fabrice, mais il ne me semble pas que l’invective soit de nature à faire avancer les choses; de plus n’est-ce pas pécher par orgueil que disqualifier autrui ?
    En dépits des avertissements et des prévisions faites par René Dumont dans « L’ Utopie ou la Mort » il y a plus de trente ans, aucun, absolument aucun changement ne s’est produit dans nos sociétés occidentales; bien au contraire, la boulimie consumériste n’a cessé de s’accroître pour nous conduire dans la situation catastrophique prévue par Dumont. Il est vrai qu’aujourd’hui, vu l’étendue des dégâts, nous sommes plus nombreux (mais guère plus) qu’en 1974 à être conscients du désastre et à vouloir changer de modèle de société. Nous sommes, et nous le savons, ultra-minoritaires. Il est difficile de prévoir ce qui va se produire dans les pays émergents en ce qui concerne l’automobile. Mais alors que pendant des décennies, nous nous sommes goinfrés et qu’en outre notre style de vie a été érigé en modèle de civilisation, il va être ardu de faire admettre aux populations de ces pays qui n’aspirent qu’à notre « prospérité »: « Non, ce n’est pas possible, nous devons sauver la planète. » Elles vont certainement nous répondre avec raison : « Balayez d’abord devant votre porte. »

  19. René,

    Merci de votre commentaire, mais je crois que vous avez oublié le ton du vieux Dumont ! Il accusait les automobilistes d’être des assassins, purement et simplement. Il l’a dit, écrit et même…gueulé sur tous les tons.

    Bien à vous,

    Fabrice Nicolino

  20. Rectificatif

    Il faut lire « En dépit des avertissements donnés et prévisions … » et non « En dépits des avertissements et des prévisions… »

  21. A Fabrice,

    René Dumont ne faisait pas dans la dentelle, je l’admets bien volontiers. Mais je persiste à dire , ayant moi-même une tendance à l’agressivité, difficile à réprimer en certaines circonstances, qu’un comportement ou des propos agressifs sont presque toujours contre-productifs. Ainsi j’aurais plutôt intitulé le billet « Aux trop nombreux zélateurs de la bagnole », quitte à ce que le message perde en mordant.

    Bien à vous.

    René.

  22. La bagnole étant un mal nécessaire pour ceux qui habitent loin de tous transports en commun, il ne faut pas les culpabiliser.

    Par contre, il faut garder en mémoire que la F1 est le « sport » (le « spectacle », comme dit le ministre des sports indien :)) le plus regardé dans le monde, que les rallyes Andros attirent la foule, que la dernière invention en Belgique est le stock-car avec des caravanes en remorque, que le Paris-Dakar va se cacher en Amérique du Sud par peur des représailles, que le quad envahit les forêts, que l’enduro continue à maltraiter les dunes et plages de sable…j’en oublie sûrement, mais ce sont CES spectateurs là qu’il faut convaincre en leur disant qu’ils perpétuent indirectement les moteurs de tous calibres à polluer notre environnement, les industriels ne font que suivre la demande du consommateur !

    C’est comme pour la drogue, si il n’y avait pas de consommateurs, il n’y aurait pas de dealers…

  23. Je suis allé écouter un colloque sur les agrocarburants dans le cadre d’un forum sur la faim dans le monde (http://www.nordsud.ch/francais/forum.html). Il y avait parmi les intervenants (dont Mme Morand de Swissaid), un certain Mr Platnner, entrepeneur de jatropha. Evidemment, ça n’a pas manqué: « le jatropha est destiné aux « marginal lands », « le jatropha ne requiert presque pas d’eau », « le jatropha peut-être utilisé en culture intercalée avec des cultures vivrières, et le paysan est content », « il y a certes des problèmes dans certaines parties du monde, mais elles sont dues au mauvais usage du jatropha », « les agrocarburants de 2ème et 3ème génération sont bels et bons »,… j’en passe et des meilleures…

    Le colloque devrait être disponible prochainement sur internet, je vous tiendrai au courant. En attendant, 2 articles intéressants sur le jatropha:
    http://blogs.wsj.com/environmentalcapital/2009/07/17/bp-gives-up-on-jatropha-for-biofuel/
    http://www.technologyreview.com/energy/22766/

  24. Je répondrais au vieux Dumont (paix à son âme) que ce ne sont pas les automobilistes les assassins, mais ceux qui :

    1) font croire aux gens qu’ils ont raison d’aller s’installer en banlieue – et même en très grande banlieue, carrément à la campagne – et que les transports en commun vont être à la hauteur

    2) continuent à subventionner largement la bagnole et tout ce qui s’ensuit, mais pas assez le train. Tout le monde aime voyager en train, n’est-ce pas ? C’est confortable et on ne risque pas d’accident… mais ça coûte la peau des fesses. CQFD.

    Il y avait des choix à faire, et voilà ce qui a été fait. Tout est question de politique et de lobbies, comme toujours…

  25. A Hélène: C’est vrai qu’on ne parle pas assez du problème des logements, qui sont trop extansifs. Il y a pourtant de bonnes études et des projets architecturaux qui tiennent bien la route (sic). Il est indispensable de revenir à l’habitat groupé, mais écologique, et humain.

  26. @Hélène,

    Et si, il faut réfléchir à habiter près de zones agricoles, là où la culture vivrière nourrira en proximité locale les habitants. L’énergie sera tellement chère, que les producteurs ne pourront plus acheminer les denrées dans les villes. Donc, on sera forcément obligé de s’étaler à la campagne, avec des transports en commun dignes de ce nom…
    Les métiers de demain seront un mix entre de l’intellectuel et du manuel (paysan qui produit sa propre nourriture en proximité…).

    Coline Serreau (la belle verte, un de ses films, est film magnifique) va sortir un film qui va faire l’effet d’une bombe (j’espère) :

    http://www.ecoregionxxi.com/2008/09/dsordre-global-solution-locale-teaser.html

    Aménagement du territoire et huile de coude seront notre peine quotidienne dans l’avenir…
    Tout simplement pour survivre…

  27. Hacène,

    Hélène parle de banlieue, donc autour d’une grande ville.
    Bien sûr, à terme, il y aura plein de villages, proches de l’agriculture vivrière. Il faut absolument pousser au plus vite vers cette solution.
    En gros, il faut se manier…

  28. A phamb. Je pourrais écrire plusieurs volumes sur votre façon de voir la campagne, mais je suis fatigué. Désolé. Relisez donc ce blog depuis sa naissance.

  29. Oui, c’est beau d’habiter à la campagne ! Le problème c’est que le boulot il est en ville. Là je ne parlais pas des agriculteurs (en minorité maintenant dans les villages) mais des banlieusards qui vivent à 50 bornes et plus de Paris… parce qu’il faut bien se loger et que Paris et la proche banlieue c’est absolument hors de prix !
    Donc c’est voiture + dans le meilleur des cas RER, si on a la chance d’être sur une ligne directe. Sinon, c’est les bouchons…

    Un des projets du Grand Paris est de re-densifier les zones d’habitations déjà existantes, ce qui est une bonne chose. On ne peut pas continuer de s’étaler comme ça…

  30. Hélène,
    « On ne peut pas continuer de s’étaler comme ça.. »
    Transposée à l’échelle mondiale, cette phrase reflète l’origine de la tragédie planétaire en cours…

  31. Hélène,
    Les boulots, ils seront là où on pourra manger en proximité…
    C’est à dire près des paysans…(nous seront aussi un peu paysans…)
    Et si, on va se reétaler…Contraints et forcés car la bagnole sera hors de prix…
    Et puis il n’y a pas que Paris dans la vie…
    Il va falloir se réinventer un aménagement du territoire qui va surprendre…

  32. Phamb, je suis bien d’accord, mais je crains que tu ne te berces de douces illusions… Connais-tu beaucoup de gens qui soient d’accord pour lâcher tout ou partie de leur boulot et se lancer dans l’agriculture bio ?… Tout le monde ne s’appelle pas Pierre Rahbi, malheureusement…

  33. A Hacène. Ne t’inquiètes pas. Jivaro est d’accord que je dévie, temporairement, l’usage des fourches et de la pelle a grain à condition de ne pas réaffûter. Quant aux intellos un peu paysans, il se chargera d’eux…ça le botte…les faisant détaller, histoire de garder l’intégralité de son territoire. Territoire que nous partagerons sans concession avec les réfugiés climatiques…hors provocateurs!.

  34. D’accord avec vous pour dénoncer ce massacre généralisé, par l »industrie et les multinationales.
    Pour comprendre les dégats du système de la bagnole pour tous, tous les jours & pour tous les déplacements, je vous invite à lire ENEGIE & EQUITE de Ivan Illich, superbe texte des années 1970, que l’on trouve gratos en pdf sur internet.
    Amitiés
    Brom (utilisateur quotidien du vélo Brompton)

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