Quand la radio vous appelle

Étrange journée, commencée tôt. Il est 16h30, ce lundi 17 septembre, et coup sur coup, deux journalistes de la radio m’appellent. Le premier appartient à France-Info et souhaite un direct avec moi ce soir. Quatre minutes, pour parler du chlordécone aux Antilles, redoutable pesticide s’il en est.

Le deuxième, de RTL, souhaite une intervention dans le journal de 18 heures, en direct, mais il ne sait pas très bien pour quelle raison, et dit qu’il va rappeler. Sauf très grosse surprise, ce sera pour le chlordécone, qui fait la une du Parisien ce matin.

De quoi s’agit-il ? Demain mardi, le cancérologue Dominique Belpomme organise à l’Assemblée nattionale une sorte de conférence de presse. Le chlordécone, c’est une histoire incroyable. J’en sais quelque chose : j’ai écrit avec mon ami François Veillerette un livre appelé : « Pesticides, révélations sur un scandale français », paru chez Fayard en mars 2007.

Noius n’avons pas à nous plaindre, et je ne le ferai pas. Grâce aux réseaux – vous – et quelques journalistes, le livre est un vrai succès, et continue à se vendre. Mais franchement ! Nous avons consacré un chapitre dynamite au chlordécone dans notre bouquin. Les Antilles françaises, la Guadeloupe surtout, sont dévastées pour des centaines d’années par un pesticide en réalité illégal. Le livre a paru, et personne, je dis bien personne, n’a ouvert le dossier en France.

Or, je pèse mes mots, l’affaire du chlordécone peut devenir un scandale mondial, à l’égal de ce que fut celui de la baie de Minimata au Japon, dans les années 60. Je parle de cette pollution au mercure qui tordit le corps de milliers de martyrs. Le chlordécone, c’est notre Minimata. Et l’administration française, et l’État français, et des responsables politiques de premier plan, cités dans notre livre, ont couvert.

Il aura fallu que Belpomme, qui n’est pas en cause ici, travaille sur le sujet et alerte – un très beau rôle – pour que la société commence à se préoccuper de la chose. Indigne d’un pays qui se veut, se proclame, se croit démocratique ? J’en jurerais bien. J’attends d’autres appels, vous me pardonnerez sans doute. La presse n’attend pas, à ce qu’on dit.

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