Gagnez 18,50 euros en ma compagnie (et celle de Jospin)

 

J’avoue tout de suite, ce qui m’épargnera pour la suite : cet article est un cas flagrant de masochisme. Je ne suis pas affecté de ce mal chaque jour, ni chaque semaine, mais quelquefois, il faut bien dire que je n’y coupe pas. Exemple assuré avec le parcours (rapide, très rapide) que je viens de faire d’un livre que je vous déconseille fortement. Son titre : Lionel raconte Jospin. Son éditeur : Le Seuil. Ses auteurs, outre Jospin lui-même, sont les deux journalistes qui l’ont interrogé : Pierre Favier, ancien de l’AFP, et Patrick Rotman, documentariste. Son prix, comme indiqué dans le titre : 18,50 euros.

Ne le lisez pas, ne faites pas comme moi. Le maigre paradoxe de cette affaire, c’est que ce pauvre livre demeure intéressant. Mais à la vérité, sans doute pas pour les raisons que souhaiteraient ses auteurs. Avec votre autorisation, je découperai mon propos, avec l’arbitraire qui me caractérise, en deux parts inégales. L’une fondamentale, à mes yeux du moins. Et l’autre contingente, où vous retrouverez, pour les plus fidèles de Planète sans visa, certaines obsessions bien (trop) personnelles. Commençons par le principal. Souvenez-vous que Lionel Jospin a été le Premier ministre de la France entre 1997 et 2002, et que s’il n’avait pas été aussi sot – politiquement, s’entend -, il aurait été élu président de la République à la fin de ses cinq ans à Matignon, au lieu que de donner les clés à Chirac, qui se sera assoupi dessus, n’insistons pas. Jospin a donc été, pendant trente années, l’un des responsables les plus en vue du principal parti d’opposition au pouvoir actuel, et il fait montre, dans ces entretiens, d’une cécité totale à la seule question qui, désormais, vaille : la crise écologique.

Je vous le dis comme je le pense, ce texte insipide est un monument érigé à la gloire de la sottise. La sixième crise d’extinction, la plus grave de l’avis de la plupart des biologistes depuis la disparition des dinosaures il y a 65 millions d’années, jette à la fosse commune des milliers d’espèces animales et végétales. Le vivant est ainsi atteint dans son cœur. Mais Jospin pense et parle de la Corse et du préfet Érignac, du PCF de 1981 et des tactiques mitterrandiennes pour en réduire l’influence, de Michel Rocard, de Laurent Fabius, de Claude Allègre, de Mazarine Pingeot, de ses dérisoires campagnes électorales, de ses ridicules affrontements de congrès, de ses si vaines et si fugaces espérances présidentielles.

La faim ravage la planète, les villes ne sont plus que dépotoirs où l’on entasse les humains, le pétrole s’épuise, les biocarburants déferlent, les forêts brûlent, l’eau manque et les grands fleuves meurent les uns après les autres, la contamination chimique empoisonne la totalité des êtres, les océans sont bouleversés pour des dizaines de milliers d’années au moins par la surpêche, le nucléaire se répand comme la peste qu’il est, l’érosion et le désert engloutissent des régions entières, le dérèglement climatique, par-dessus le tout, menace la Terre du chaos et de la dislocation des sociétés humaines, mais Jospin n’a pas un mot pour ces phénomènes écosystémiques, planétaires, essentiels et même cosmiques. Jospin aura traversé sa vie en aveugle. Il ne sait rien, n’a rien lu ni rien compris, il croit visiblement que faire de la politique consiste à faire de la politique. On hésite. Faut-il le plaindre ? Faut-il le moquer ? Moi, je dois vous avouer tout net que je le trouve lamentable.

Pourquoi ce mot rude ? Je vais vous expliquer mon point de vue. Je ne reproche pas à Jospin de ne point partager ma culture et la vision du monde qu’elle impose. Je ne suis pas à ce point abruti. Non. Je lui reproche de ne pas même avoir eu la curiosité intellectuelle de lire deux ou trois livres, de rencontrer deux ou trois intellectuels qui eussent pu l’éclairer. Je lui reproche de s’être vautré pendant cinquante ans dans la sous-culture de l’univers politicien, qui exclut les grands questionnements,  et partant, tout basculement. Pauvre monsieur, pauvre vieux monsieur désormais, qui entendait diriger la France sans rien savoir, aucunement, sur la marche du monde. Voyez, finalement, je le plains. Et j’ajoute : je nous plains, nous qui avons bel et bien mérité cet homme-là.

Je vous avais promis deux parties, et j’espère que vous me pardonnerez ce que, d’emblée, j’ai présenté comme contingent. J’aurais pu ne pas en parler, mais ma pente naturelle me pousse à le faire. Vous pouvez éventuellement sauter. Le 28 juin 2001, j’ai publié dans le quotidien Le Monde une tribune qui n’avait rien à voir avec l’écologie. Elle était intitulée L’étrange monsieur Lambert, ce dernier étant encore à l’époque – il est mort depuis – le chef du mouvement appelé Organisation communiste internationaliste (OCI), auquel Jospin avait adhéré clandestinement dans les années 60. On s’en fout ? Pas moi. Je rappelle que Jospin a failli devenir notre président. Or, dans la tribune du Monde, jamais attaquée, jamais contredite, je racontais des choses extrêmement graves sur l’OCI, Lambert et donc Jospin. Notamment sur la « préhistoire » de Lambert, qui plonge ses racines dans les années de guerre. Notamment sur les liens entre Lambert et Alexandre Hébert, invraisemblable pilier du syndicat FO. Notamment sur l’attitude si baroque des « lambertistes » pendant la guerre d’Algérie, pendant mai 68, puis les années 70. Notamment sur la violence. Notamment sur le refus obstiné de participer aux mobilisations de l’extrême-gauche de ces années-là, qu’elles soient antiracistes, féministes, antinucléaires, antifascistes, antimilitaristes. En résumé, tout montre que l’OCI n’a jamais appartenu à cette nébuleuse connue sous le nom d’extrême-gauche. Mais alors, pourquoi avoir fait semblant ?

Aujourd’hui, bien des gens de ce courant funeste, de Jospin à Benjamin Stora, en passant par Pierre Arditi, Bernard Murat ou Bertrand Tavernier, veulent croire que l’OCI, à laquelle ils étaient liés à des titres divers, était en réalité l’une des composantes de mai 1968. Mais c’est simplement faux. Une structure pyramidale, ayant pour sommet Lambert, s’est absolument opposé à ce mouvement de la jeunesse, pour des raisons qui restent à éclairer, mais qui laissent entrevoir d’étranges coulisses. Et ce livre sur Jospin, alors ? C’est bête, mais j’ai été indigné de la manière dont Favier et Rotman le laissent présenter son engagement de près de trente années dans le mouvement lambertiste. Au moment où je vous écris, nul ne sait précisément quand il y a adhéré, ni quand il l’a quitté. On peut estimer qu’il est resté dans l’orbite de ce si curieux mouvement entre 1960 et 1985, voire 1987. En mai 1968, que Jospin présente en 2010 comme une aventure sympathique, les lambertistes intimaient l’ordre à ses membres, donc Jospin, de ne pas se rendre sur les barricades d’un mouvement jugé comme un complot du pouvoir gaulliste. Quand Jospin ose dire à Rotman et Favier que 68 lui « a paru passionnant par la radicalité de ses remises en question (page 41) », ou bien il ment, ou bien il se ment.

Le fait est en tout cas qu’il adhère au parti socialiste à la fin de 1971, alors qu’il est encore un militant de premier plan, mais secret, de l’OCI de Lambert. Et là, nouveau mystère sidérant, dont semblent se contreficher Rotman et Favier. En 18 mois, ce militant de base sans passé, sans grand charisme – si ? – parvient à un poste stratégique à la tête du PS de Mitterrand. Le voilà intronisé, à la stupéfaction générale, secrétaire national à la formation et membre du Bureau exécutif. Je n’ai pas d’explication, mais je sais qu’il y en a une. On ne me fera pas croire que, dans ce parti d’ambitieux et d’arrivistes, cette ascension de météore a pu être le fait du hasard. Non, vous repasserez plus tard pour les contes de fées.

Je me doute bien que certains d’entre vous se demanderont pourquoi diable je perds du temps dans ces embrouilles passées. Mais il ne s’agit pas forcément du passé. La France a failli élire président de notre République un homme qui a caché des pans essentiels de sa vie, non pas privée, mais politique, intéressant au premier chef les citoyens de ce pays. Il s’était passé exactement la même chose à propos de Mitterrand et de son amitié indéfectible pour le secrétaire général de criminelle police de Vichy, René Bousquet. Nous en faudra-t-il donc un troisième ? Une troisième ? Nous sommes tous, je dis bien tous complices de ces silences aussi révélateurs que bien des paroles. Croyez-moi ou non, tant que la société sera aussi indifférente à la question de la vérité, elle n’avancera pas d’un pas. Dans aucun domaine. Pas davantage dans celui qui m’obsède tant, et qui est la crise de la vie sur terre. Croyez-le ou non, mais cette facilité avec laquelle une société éduquée accepte sans broncher les pires bobards ne prépare pas les lendemains que je continue pourtant à espérer.

35 réflexions sur « Gagnez 18,50 euros en ma compagnie (et celle de Jospin) »

  1. Bonsoir,

    « Chaque fois qu’un homme défend un idéal,ou une action pour améliorer le sort des autres ou s’élever contre une injustice,il envoie dès lors une petite vague d’espoir ».

    R.F.Kennedy

    A plusieurs,nous allons bien pouvoir provoquer cette deferlante.

    Un tsunami d’espoir et d’Amour.

    Bien a vous.Léa.

  2. Bonjour, Avez vous lu mon livre, La dernière génération d’Octobre (Ed Stock, 2003), sévère bilan de mon passage à l’OCI ? il faut décidément n’avoir rien lu et être de mauvaise foi pour se livrer à une telle charge contre moi. Bonne journée, Benjamin Stora.

  3. Tous mentent a l’évidence,et ceux qui n’ont guère caché des choses,ne sont trop jamais mis a jour en politique.Je suis d’accord avec le fait que toute cette société est hypocrite,et que les ficelles de ce monde sont actionner par les économiste,les industriels,bref les lobby de la destruction.

  4. Pour Benjamin Stora,

    Je crois que vous n’y êtes pas du tout. Ou plutôt que vous êtes peut-être là où vous devez être. Accuser quelqu’un de mauvaise foi n’a visiblement pas d’importance dans l’univers mental et moral qui est le vôtre. Mais dans le mien, si. Et lorsque l’on doit recourir à de tels qualificatifs, le mieux est tout de même de le prouver, ou d’essayer. Or vous ne faites ni l’un ni l’autre.

    Sur l’aspect second de notre querelle, qu’ai-je dit contre vous qui ait pu susciter « une telle charge contre moi » ? Exactement ceci, que je vous conseille tout de même de relire : « Aujourd’hui, bien des gens de ce courant funeste, de Jospin à Benjamin Stora, en passant par Pierre Arditi, Bernard Murat ou Bertrand Tavernier, veulent croire que l’OCI, à laquelle ils étaient liés à des titres divers, était en réalité l’une des composantes de mai 1968. Mais c’est simplement faux ».

    Cela serait donc, à vos yeux, une insupportable attaque ? Vous me permettrez de rire. Et même, d’ailleurs, si vous ne m’y autorisez pas, je ris franchement. Faut-il que le passé, décidément, ne passe pas !

    Monsieur Stora, figurez-vous que je lis beaucoup de livres et que j’ai lu le vôtre. Il figure dans ma bibliothèque. Je ne suis pas allé le rechercher, et vais donc vous dire ce qu’il m’en reste aujourd’hui, qui n’est pas très éloigné, je le crois, de la lecture que j’en avais faite à sa sortie, il y a six ou sept ans.

    Je ne doute pas de votre sincérité, et c’est cela qui m’inquiète le plus, et de loin. Car votre livre, venant de l’historien que vous êtes, m’a non seulement déçu, mais choqué. Vous y rebâtissez l’histoire, ni plus ni moins. Vous tentez – car vous le croyez – de faire accroire que l’OCI aurait été une tendance, singulière mais réelle, du courant de la jeunesse tel qu’il s’est exprimé dans les années 60 du siècle passé.

    Ce faisant, vous qui avez été, sauf erreur, le secrétaire de Pierre Lambert pendant une dizaine d’années, vous omettez de nous raconter tout ce qui dépasse du cadre. Tout ce qui est inassumable par vous trente et quarante ans plus tard.

    Rassurez-vous, je ne serai plus long, car c’est sans utilité. Vous ne dites rien – je parle de mémoire, et peux oublier des points, me tromper sur certains, mais pas sur l’essentiel – de l’extraordinaire compagnonnage entre Lambert et Alexandre Hébert. Rien de Roger Sandri, cet étonnant personnage à la fois atlantiste et lambertiste. Rien des innombrables passerelles avec FO, la franc-maçonnerie, la droite, les droites. Rien du chef que vous avez tant servi, bien sûr, ce Lambert qui prétendait diriger un groupe révolutionnaire antistalinien, mais y faisait régner sa loi à l’instar d’un caudillo ou d’un Staline au petit pied.

    Faut-il vous rappeler comment fonctionnait réellement l’OCI ? Faut-il évoquer la manière dont les élections universitaires étaient organisées par elle, quand elle en avait les moyens ? Faut-il vous rappeler qu’à la fin des années 70, votre mouvement d’alors avait placé ses hommes à la tête des deux UNEF soi-disant concurrentes ? L’une stalinienne, l’autre « trostkiste » à votre sauce ? Faut-il rappeler le machisme institutionnalisé, l’extrême violence organisée contre qui était désigné par le maître ? Faut-il redire que vos gens ne participèrent à aucun, AUCUN des mouvements vrais et vivants issus de 68 ? Faut-il continuer ?

    Non, il ne faut pas. Comme c’est la règle dans le cas banal où un homme ne parvient pas à surmonter son passé, vous essayez, si peu que ce soit, d’en faire porter le poids sur d’autres épaules. Ma foi, nul n’en mourra. Sachez toutefois que je ne suis pas dupe. Sachez que, même si ces histoires anciennes sont pour moi bien loin derrière, je ne laisserai jamais passer un mensonge que je pourrai éventuellement redresser. Ce qui m’oblige à vous écrire à nouveau que votre mouvement d’antan a détesté mai 68, et frappé physiquement nombre de ceux qui s’en réclamaient. Vous préférez le mythe, je suggère les questions sincères et attends toujours des réponses.

    Fabrice Nicolino

    PS : Je rajoute une ligne sur votre livre, et donc votre parcours intellectuel et politique. Comme Jospin, vous serez passé à côté des événements les plus importants – et de si loin – de ce temps. Ni la crise de la vie et la destruction du monde réel, ni la faim massive, ni le sort de l’agriculture et des paysans, ni les guerres de l’eau à venir, pourtant si prévisibles, ni Tchernobyl, n’auront été au programme. Le vôtre. Je préfère le mien.

  5. Un ajout pour Benjamin Stora,

    Quelques mots de plus, une heure plus tard, et une devinette. Qui a écrit : « En fait l’OCI n’avait jamais été une organisation proche du mouvement de mai-juin 68, même si elle avait réussi à capter une partie de l’énergie dégagée en attirant des jeunes comme moi dans ses rangs. Elle fonctionnait, bien au contraire, en se défiant de ce mouvement, combattant sans relâche le « spontanéisme » et ses dérives dangereuses, en particulier la passage au terrorisme (qui a été la tentation de bien des groupes et organisations, y compris à la Ligue communiste jusqu’à sa dissolution en 1973)».

    Oui, qui a pu écrire ce texte, bien plus complet, bien plus définitif encore sur les relations entre 68 et l’OCI que ma pauvre allusion ? Allons, encore un effort : c’est vous.

    Fabrice Nicolino

  6. « Mon expérience me dit que seules se laissent appeler et aiguiser
    les consciences qui sont déjà éveillées d’elles-mêmes « (Herman Hesse

  7.  » Une société éduquée accepte sans broncher les pires bobards. » Eduquée, sans doute, mais quelle éducation ?
    Il ne faut pas se faire d’illusions non plus sur la curiosité intellectuelle, ni sur la culture des femmes et hommes politiques, même les plus en vue. Il en est même qui sont d’une incroyable ignorance. L' »honnête homme » est,lui aussi, une espèce en voie d’extinction.

  8. Eduquée, oui, mais à s’occuper avant tout de son nombril (= de ses profits). Sinon, comment expliquer toutes ces tartufferies, du « mieux disant culturel » à la « politique de civilisation », quand on voit les politiciens qui les reprenaient et les reprennent encore ?

  9. Fabrice,

    Pour le coup je vous trouve en contradiction avec vous-même, lorsqu’à la fois vous accusez Storia de rester fidèle à l’OCI et citez un passage de son livre où il confirme vos dires. Je ne connais ni l’un ni l’autre, mais dans l’échange ci-dessus la cohérence est de son côté.

  10. MarcDS,

    Je ne sais pas d’où vous viennent ces mots. Car je n’ai nullement accusé Stora d’être resté fidèle à l’OCI, qu’il a quittée en 1986. Je lui ai reproché, de manière mesurée, de faire comme si, ainsi que d’autres nommés, l’OCI avait fait partie de ce qu’on appelle le mouvement de 1968. Simplement parce que c’est faux.

    Deuxième épisode : Stora m’a accusé d’être de mauvaise foi, ce que je n’ai pas apprécié. Je lui ai donc répondu sur le fond et, cerise sur le gâteau qui clôt pour moi cet affrontement picrocolin, je trouve une citation de lui-même qui me donne entièrement raison.

    Je crois que vous m’avez mal lu. Bien à vous,

    Fabrice Nicolino

  11. Ce qui te donnerait entièrement raison, Fabrice, ce serait de trouver une citation de Stora indiquant qu’il considère que l’OCI est une composante de mai 68. Parce que pour l’instant, il semble être vexé que tu le mettes dans la clique de ceux qui veulent y croire, alors même que tu as trouvé une citation où il dit le contraire.

    Après, concernant le reproche fait à Jospin sur son manque de conscience de la crise écologique, un simple comparatif de ce qui a été fait au niveau de la chasse quand Jospin a été 1er ministre et ce qui est fait sous la présidence de Sarkozy, j’en déduis qu’un président qui prétend s’y intéresser peut ne pas valoir mieux…

  12. Yoda,

    Je dois reconnaître que j’utilise une forme parfois limite de l’ellipse, qui permet d’omettre des mots et en l’occurrence, des précisions. J’ai eu tort, en effet, d’estimer évident ce qui ne l’est pas. Ce qui est évident, c’est que les anciens de l’OCI font semblant de croire et accréditent par leurs silences et parfois leurs paroles l’idée que leur mouvement aurait fait partie de celui de 68.

    Pour ce qui concerne Benjamin Stora, contre qui je n’ai rien, malgré les apparences, je renvoie – entre autres – à ce texte publié en avril 2008, dont j’extrais ceci : « Mais quelque soient les possibilités infinies ouvertes à la récupération, il reste qu’une parole, un geste, un texte, un mouvement gardent obstinément leur charge subversive et leur radioactivité irrépressible. Les marchands qui font des affaires et les universitaires qui font carrière n’empêcheront pas, heureusement, le feu d’une révolte et l’essor d’une pensée de se transmettre et de se propager. Si les avant-gardes commercialisées servent aux malins à changer leur niveau de vie, pour d’autres elles demeurent d’abord ce qui peut les aider à changer leur vie.
    A propos de 68, la question principale, à mon avis, est celle qui voit ce passé toujours agir notre présent, et de quelle manière. D’abord, 68 apparaît comme un « chiffre » révélateur, indice et symptôme des promesses inaccomplies dans le renversement des hiérarchies sociales ».

    http://www.mediapart.fr/club/blog/benjamin-stora/180408/quelles-resonances-de-68

    Il n’y a pas, à ma connaissance, de phrase parfaite et ciselée comme celle que tu sembles attendre. Simplement, et cela je le sais pour l’avoir lu des dizaines de fois sous de multiples signatures, dans la bouche de nombre d’anciens de l’OCI, il y a un mouvement général de dénégation de faits qui ne sont pas assumés. Comptant sur l’amnésie générale, qui vaut amnistie, des anciens de cette structure laissent croire que. Eh bien moi, je ne crois pas. En espérant que cela te suffira. Bien à toi,

    Fabrice Nicolino

  13. Merci Fabrice de nous apporter ces infos sur l’OCI qui, si je ne me trompe, est devenu plus tard MPPT puis maintenant PT.

    J’ai assisté aussi à l’entrée en force dans FO.

    Je comprends mieux les racines de cette haine de l’écologie, du « spontanéisme ».

    Je les côtoie.

    MH

  14. Si d’aventure Jospin se présentait aux eléctions prochaines, votre article ferait un parfait mode d’emploi pour opposant en mal d’argument …

    Comme d’habitude, briant !

  15. Je me pose une question comment se fait-il que des personnes de « gauche » (Jospin…) ou de « droite » (sarko…) n’ont toujours pas pris la mesure de la crise écologique actuelle alors qu’elle était déjà annoncée à la fin des années 70. Au début des années 80, alors que j’avais 8-9ans, ayant lu des livres de Bombard, Dumont…je me posais déjà des questions sur notre avenir , la disparition des espèces, la raréfaction des ressources, l’augmentation de la population…
    N’étant ni surdoué ,ni le seul dans ce cas , j’opterais pour le fait qu’une grande partie de ces « élites » soit complètement à côté de la réalité et n’ont toujours pas tiré les bonnes leçons de leur échecs.

  16. Merci , Fabrice ,de me faire économiser 18,50E , dommage que tout le monde veuille publier n’importe quoi , sans penser au prix écologique du papier. Vu le succès de ce livre je pense qu’il va inonder les bibliothèques municipales ou autres , avant de finir à l’incinérateur .

  17. Je te rejoint dans l’idée philou,n’étant pas(je pense)surdoué non plus,je me posait la question aussi(au milieux des années 80),des problemes de surpopulations,et de la disparition des espèces,la polution.D’ailleur a l’époque j’imaginais 2000 -2010 comme pire encore que ce present la.

  18. Fabrice j’ai mis dans mes favoris ton blog et je lis regulierement tes articles qui m’éclairent sur l’etat de ce monde,sur l’aveuglement imbecile des hommes politiques à la botte du capitalisme qui ravage notre planète.N’ont-ils pas compris que leur système a vecu et qu’ils nous entrainent au chaos…

  19. J’ai écrit ailleurs que le Parti Socialiste et Jospin ont commis une faute historique en ne se saisissant pas de la question écologique quand ils étaient au pouvoir. Le gâchis est immense.

  20. Philou et Slider
    C’est peut-être une question de milieu. Dans le milieu des années 80, on parlait déjà de déforestation et des pluies acides, mais c’était une communication qui s’adressait beaucoup aux enfants, ce que n’étaient plus depuis longtemps Jospin et Co…

    Je m’y suis intéressée parce que j’étais à la campagne, tout le temps dehors, et que je voyais les choses se dégrader, et parce que j’ai très vite ressenti un fort intérêt pour la science s’intéressant aux animaux et au comportement animal en particulier. J’ai donc lu énormément en rapport avec le thème. Mon frère et ma soeur, quelques années de plus que moi, n’ont pas les mêmes centres d’intérêt, et n’ont pas non plus eu à l’école les images panini WWF à collectionner : ils ont donc moins ressenti ce problème, et la protection de la nature n’est pas dans leur préoccupation.

    Je suppose que dans le milieu politique, on éduque les enfants à s’intéresser à l’argent et au pouvoir, pas à la biologie… Le manque de culture scientifique est sans doute encore à mettre en cause.

  21. sans doute yoda ,et la génération qui avait dans les 10 ans au milieux des années 80 ,est sans doute plus sensible a l’evolution du drame qui se joue,mais pourtant autour de moi ,une bonne moitier des personnes du meme age(entre 25 et 35),se foutent ou presque de la tournure des choses.

  22. @ Philou
    On peut aussi remonter dès le début des années ’70.
    Je me souviens d’une prof qui en 72 avait décoré sa classe avec des photos d’animaux en voie d’extinction, et sensibilisait ses élèves aux problèmes de pollution; j’ai entendu il y a quelques mois une archive INA, sur France Inter, où un chercheur parlait de futur réchauffement climatique… en 1970!
    Nos élites auto-proclamées avaient évidemment accès à toutes ces données – à plus forte raison si l’ado de 14 ans que j’étais en était déjà conscient – mais je crois qu’ils ont choisi de ne pas voir.Aveuglement criminel, le mot n’est pas trop fort.Aveuglés par l’idéologie du progrès sans doute, mais on serait en droit d’attendre des « élites » un certain recul et même de la clairvoyance.
    Philippe

  23. @Philou

    Car ce sont des cons : rien d’autres que des cons . Bien sûr , on peut parler de manque de clairvoyance , d’aveuglement , d’absence de recul etc … Mais qu’est un homme qui manque de discernement , aveugle , sans recul etc …? Trois lettres , pas plus .
    Evidemment , la multitude voit des hommes qui s’ expriment bien , sont bien habillés , polis , maîtres de leur émotions et qui ont des diplômes ( de Science Po , le mot science ayant ici le même sens que dans  » science culinaire  » ou  » art de la guerre « , car il n’y a de scientifique en politique que les paramètres qui permettent de gagner une élection : capacité à mentir sans sourciller , taille et viscosité de la peau de banane lancée sous les pas de l’ adversaire , aptitude à jouer les durs au gros karsher quand on a une pipette de laboratoire ,ou à l’oncle intellectuel au labrador rassurant , et surtout : capacité à ne jamais montrer qu’on ne sait pas quelque chose car le peuple préfère être rassuré plutôt que de connaître la vérité – liste non exhaustive ).

    Et puis qu’attendre , concernant les questions relatives au Vivant , de la part d’ hommes qui n’ont jamais eu la chair de poule ou la larme à l’oeil face à un coucher de soleil , une violette cachée au pied d’un vieux mur , la couleur de Betelgeuse ou l’odeur d’un sous bois ?
    Rien .
    Sauf d’ agir quand la réalité mettra sous leur yeux le résultat d’ expériences que leur  » science  » est incapable de concevoir , et bien sûr de prétendre qu’ils ont agit avant tous les autres qui étaient aveugles …
    Donc , des cons .
    Le plus inquiétant est qu’ils sont élus … Et pour élire des cons , il faut être ? Trois lettres aussi .
    Après avoir eu le petit boeuf contre la belle dinde , nous aurons , qui sait , gras du bide ( au  » épaules-quy-faut  » , DSK ) contre peau jeune-petit cul (  » tromimi  » NKM ) .
    Des initiales , et rien d’ autre .

  24. Philou écrit « Je me pose une question comment se fait-il que des personnes de “gauche” (Jospin…) ou de “droite” (sarko…) n’ont toujours pas pris la mesure de la crise écologique actuelle alors qu’elle était …. »
    Il me semble avoir observé que ce type de personnes ne s’intéresse fondamentalement, basiquement et tout simplement pas à ce qui les entoure et qui ne concerne pas directement leur démarche, leur but, leur action et intérêt.Ils laissent çà aux autres. et puis après, ils n’ont tout simplement pas le temps, l’ambition çà dévore le temps; maintenant les journalistes, les intellos? n’ont peut-être pas bien joué leur rôle non plus? et en même temps chacun reste dans sa chapelle, çà ne palabre pas trop, on reste entre soi. A la base aussi, il y a un tas de gens qui fonctionne comme çà, sur le mode sectaire finalement.

  25. Je pencherais pour un aveuglement conscient ou culturel de ces politiciens minés par l’ambition et l’influence de certains de leurs soutiens.
    Dans ma vie j’ai assisté une fois à une réunion de militants en 1993 après l’échec des législatives, a cet époque certains militants cherchaient les causes de l’abstention déjà importante parmi l’électorat de gauche.
    Aussi, j’avais évoqué le problème de l’Amazonie et des échanges commerciaux internationaux.
    Ce qui a conduit à une foire d’empoigne entre un tiers des personnes qui affirmait des conneries du genre « la déforestation pour planter du mais ou élever des bovins pour les usa permettra de développer les population locales et de leur apporter le progrès »; au sujet de la disparition des espèces : « les mammouths ont disparus et on vit toujours » ; « la régulation des échanges internationaux est passéiste »; « la déforestation ne modifie pas le climat vu qu’un hectare de mais rejette autant d’eau qu’un hectare de forêt » et d’autres que j’ai oublié; et les deux tiers restant qui s’opposait à ces déclarations qui auraient pu sortir du corps de claude allegre.

  26. @Azer
    Tout le monde n’a pas les mêmes informations ni les mêmes préoccupations. Mais je n’aime pas non plus l’idée de traiter de cons tous ceux qui n’ont pas la même démarche intellectuelle que moi.

  27. « les mammouths ont disparus et on vit toujours « ,et l’histoire de raser la foret pour mettre du mais,illustre une réelle bétise,et un manque de connaissance,et de bon sens,qui ne présage pas de belle illumination dans le monde.Cette phraséologique reflète le vide conscient,et le manque de sensibilité :bref l’égoisme encore lui.

  28. Moi j’aimait bien l’histoire de Tomas O’Crohan…

    Je me demande de plus en plus s’il ne faut pas finalement que la planète arrive ce à se débarrasser de nous grâce à nous.
    Je viens de finir « La Route » de Cormac mac Carthy.
    Le problème c’est que même si quelques uns survivent
    l’Humain reprend vite le dessus et profite de la première occasion pour profiter de l’autre, et tout recommencera, aussi mal….

  29. Ce qui est étonnant, voir troublant, voir flippant, c’est le fait que quelques heures après avoir écrit le nom d’un gars dans une réflexion sur internet, sur un blog public, serte, mais il y en a des millions sur le net, la dite personne soit au courant….
    M’étonnerais que cette personne soit un fervent admirateur de la nature et grand humaniste pour passer son temps sur Planète sans Visa. Il doit avoir un sérieux réseau ou sérieusement peur de Fabrice pour le surveiller ainsi….

  30. A Arnaud. Une charmante petite fleur m’a emmené voir le film « La route », récemment. Sur grand écran c’est plus…intense ( j’allais dire; proche de la vérité ).

  31. J’arrive un peu tard, mais suite à des soucis de pc, j’ai pris du retard dans mes lectures…

    Cette tribune du Monde de 2001 est-elle accessible quelque part ? Cela fait plusieurs fois que tu parles de l’OCI (en des termes peu flatteurs) et j’en déduis que tu as de bonnes raisons de le faire.

    Au risque de passer pour un âne, j’ai fait partie de l’OCI de 1980 à 83 (devenu entre-temps PCI) sans y voir les maux que tu décris.J’étais probablement trop bas dans la structure pyramidale (tout en bas, en fait 🙂 mais j’ai participé à un congrès du syndicat lycéen et je peux confirmer au moins un point : le noyautage de l’UNEF… Pour le reste, ma foi je n’en sais rien mais j’aimerais bien : les livres autobiographiques m’intéressent généralement peu parce qu’ils occultent trop de choses (le côté subjectif de l’exercice n’y est pas pour rien) et la plupart des interviews sont bien trop complaisantes (questions convenues sur des sujets « consentuels ») pour que j’y prête grande attention. Mais voilà, mon propre passé (fut-il très fugitif – 3 ans c’est pas grand-choses finalement) m’interroge et j’aimerais en apprendre plus.

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