Brice Lalonde serviteur du faux (Rio 2012)

Ce qui suit est une reprise d’un article publié mercredi passé dans Charlie-Hebdo. J’écris dans ce journal, oui. Entre autres. Et ce n’est pas de la pub, car cela dure depuis une année environ, et vous êtes assez grands pour savoir ce que vous voulez. Si je publie de nouveau ce texte, c’est qu’il annonce, je l’espère du moins, une mobilisation exceptionnelle contre le Sommet de la terre prévu en 2012 à Rio, vingt ans après celui de 1992. Ce qui se prépare, ce qui se jouera, c’est la parole publique légitime autour de la crise écologique. Il y a  ceux comme Brice Lalonde, d’ores et déjà couchés devant le capitalisme vert, qui nous assure de nouveaux désastres. Et les autres, dont je suis. Puis-je vous demander de parler de tout cela autour de vous ? Je crois que se prépare un grand combat, une bagarre que nous ne pouvons pas perdre. Peut-on parler d’une priorité ? Il faut en faire LA priorité des prochains mois. Beaucoup ici se demandent quand et comment se lever ensemble. Voilà une occasion unique.

L’affaire semble crétine en diable, mais elle est si passionnante en vérité que l’on ne tardera pas à en reparler. Brice Lalonde, ci-devant écolo, sarkozyste de choc, vient d’être discrètement désigné par les Nations Unies pour organiser le Sommet de la terre 2012 de Rio, vingt ans après le premier. Et notre bon maître à tous n’est pas étranger à la combinazione.

Mais d’abord, un rappel rapide de la carrière d’un si gentil garçon. Écolo dans l’après-68, tendance PSU, Lalonde passe ensuite quinze ans à freiner l’émergence des Verts puis à tenter de les casser. Un beau travail d’expert. Ainsi, en 1984, il présente une liste aux Européennes contre les Verts, qui viennent de naître, en compagnie d’un ancien ministre de droite, le sublime Olivier Stirn. Comme il est élu de Normandie, ce dernier est également appelé « L’andouille de Vire ». Serait-ce une allusion ?

En 1989, Mitterrand appelle Lalonde au gouvernement pour faire semblant de s’occuper d’écologie, mais surtout pour concurrencer les Verts, qui viennent d’obtenir 10,59 % des voix aux Européennes. Commence une époque épique pour Lalonde, qui monte avec Jean-Louis Borloo – lui-même – une grande opération de diversion connue sous le nom de « Génération Écologie » ou GE. Aux régionales de 1992, GE fait à peu près jeu égal avec les Verts, ce qui arrache des sanglots de joie au vieux Mitterrand, qui déteste l’écologie.

Lalonde est déjà reparti ailleurs. La gauche ne plaît plus au monsieur, qui appelle à voter Chirac en 1995, puis s’acoquine dans la foulée avec l’ultralibéral Alain Madelin. Madelin, c’est du lourd. Le 13 mai 1986, 15 jours après Tchernobyl, il déclare, alors qu’il est ministre de l’Industrie : « Dans cette affaire du nucléaire, il faut jouer la transparence. Il n’y a eu aucun maillon faible dans la sécurité des Français ». Presque aussi beau que le coup du nuage arrêté à la frontière.

En 1995, à peine ministre des Finances, il réclame une réforme des retraites plus radicale que celle de Sarko aujourd’hui. En 1998, ayant conquis le Parti Républicain, devenu Démocratie Libérale, il refuse de condamner Million et Blanc, qui se sont allié à Le Pen pour gagner les régionales à Lyon et Montpellier. Bien entendu, il soutient avec vigueur Bush et son intervention en Irak. Un sans faute.

Et notre Lalonde ? Il ne jure plus que par l’industrie, très grosse de préférence, et se désintéresse peu à peu de la politique. Il laisse tomber Génération Écologie, petite entreprise en difficulté, et disparaît de la scène. Jusqu’à l’été 2007, quand commence la belle mise en scène du « Grenelle de l’Environnement ». Coup de fil de son vieux copain Borloo, devenu chef cuistot à l’Élysée. Le ministre de l’Écologie lui propose un poste taillé sur mesure, celui d’« ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique ». Lalonde remonte en selle et parcourt le monde en avion pour préparer le sommet climatique de Copenhague, en décembre 2009, dont Sarkozy attend beaucoup.

Mais cela foire, et en grand. Les petits bras blancs du président n’ayant pas suffi à sauver le monde, Lalonde se retrouve à la tête d’un poste inutile. Fini ? Mais non, les amis ! Les réseaux élyséens s’agitent en coulisses pour une nouvelle manœuvre auprès des Nations Unies, qui vient de réussir : Lalonde va donc préparer officiellement le grand Sommet de la terre de dans deux ans, qui occupera une bonne part de l’espace médiatique au printemps 2012.

Tout cela relève-t-il d’un heureux hasard ? Euh, non : Sarkozy entend utiliser Lalonde pour montrer au moment des présidentielles, épaulé par un Borloo aux anges, que la droite est non seulement écologiste, mais aussi planétaire. Le coup marchera-t-il ? Pour l’instant, on s’en fout. Mais il faut ajouter deux ou trois bricoles sur l’arrière-plan des festivités de Rio. L’édition 2012 devrait consacrer pour un bon bout de temps le triomphe du « capitalisme vert ».

Qu’est-ce que c’est ? De la peinture. Du ripolinage. Ce qu’on appelle en Amérique du greenwashing, c’est-à-dire l’art éternel d’entuber le beau monde. Un, on lance sur le marché l’expression « développement durable », dont la vraie traduction est business as usual. Deux, on occupe les places qui comptent. Trois, on applaudit. De 1972 à 1992, du premier sommet de la terre de Stockholm à celui de Rio première manière, le grand organisateur de ces rendez-vous « écolos » s’appelait Maurice Strong, fascinant personnage lié de tout temps à l’industrie pétrolière. Adjoint du même dès la fin des années 80 : le Suisse Stephan Schmidheiny, alors patron d’une transnationale de l’amiante, Eternit, qui a tué les prolos par milliers. Lalonde s’inscrit à la perfection dans la tradition. Rio 2012 ? Un grand moment du faux.

16 réflexions sur « Brice Lalonde serviteur du faux (Rio 2012) »

  1. un lien intéressant :
    http://www.recherches-sur-le-terrorisme.com/Documentsterrorisme/ecologistes-verts-lalonde-mondialistes.html

    LALONDE CONNEXION

    février 2010

    Le parti des Verts est né en 1982. En 1984, il fusionna avec un autre mouvement écologiste, « Les Verts-Confédération écologiste ». Quatre ans plus tard, Antoine Waechter, à la tête de la mouvance, se présentait aux élections présidentielles. Il clamait alors haut et fort : « L’écologie n’est ni de droite, ni de gauche ». Depuis, d’autres têtes ont émergé, comme celles d’Yves Cochet, de Dominique Voynet, de Noël Mamère ou de José Bové. En 1994, à l’assemblée générale de Lille, principalement sous l’impulsion de Voynet, les Verts décidaient de ne conclure des alliances qu’avec la gauche pour monter aux élections. Marginalisé, Waechter quitta le parti et créa le « Mouvement écologiste indépendant ». Voynet entra au gouvernement de Lionel Jospin en 1997. En 2001, Cochet lui succéda. A l’Assemblée nationale, ils formèrent un groupe avec le PS sous le nom de « Radical-Citoyen-Vert ». Enfin, en juin 1999, Daniel Cohn-Bendit prenait la tête des Verts aux élections européennes, emportant 9,72% des voix. Quoi qu’ils en disent, les Verts sont bien ancrés à gauche. On connaît moins les passerelles qui les relient à l’oligarchie mondialiste (1). En particulier, pour l’un d’entre eux, Brice Lalonde. Candidat aux présidentielles de 1981 pour le Mouvement d’écologie politique, il a aussi été ministre de l’écologie sous François Mitterrand, de juin 1988 à avril 1992.

    Dans son livre sur l’ordre mondial anglo-américain, William Engdahl (2) écrit pour sa part que Brice Lalonde a travaillé dans le cabinet Coudert Brothers. Ce cabinet d’avocats installé aux États-Unis représentait la famille Rockefeller, fondatrice de plusieurs organisations mondialistes (3).
    Une bonne fée s’était déjà penchée sur le berceau du petit Lalonde. Il est né des amours d’un certain Alain-Gauthier Lévy et d’une héritière de la richissime famille américaine Forbes. Se mariant, les deux époux avaient pris le nom de Lalonde.

    Sans doute son passé a-t-il aidé Lalonde dans sa nouvelle vie. En 1969, il rejoignit les Amis de la terre, une organisation écologiste, et obtint alors un important don d’un certain Robert Orville Anderson. Décédé en 2007, ce dernier était le président de la compagnie pétrolière Arco (pour « Atlantic Richfield Oil Company »), la septième du monde par son importance.
    Anderson a fait connaissance avec l’écologie d’étrange manière. A la fin des années 60, il décida de construire un pipeline pour évacuer le pétrole extrait par ses hommes en Alaska. Les écolos canadiens et états-uniens l’attaquèrent en Justice, l’accusant de menacer à la vie animale sauvage. Ils obtinrent même une suspension des travaux.
    S’il eut finalement gain de cause, Anderson n’en montra pas moins un intérêt soudain pour l’écologie. Alors en plein procès en Amérique du Nord, il fonda à Londres le très écologique « International Institute for Environmental Development ». « Notre mission est de bâtir un monde plus juste et durable… » est-il écrit dans la présentation de l’organisation. Suivent les habituelles déclarations d’intentions concernant le réchauffement climatique, la préservation de la vie animale et l’exploitation intelligente des ressources.

    Anderson se révéla un adversaire acharné de l’industrie nucléaire. Détail sans importance, sans doute, Lalonde a épousé cette cause et choisi pour première cible le nucléaire allemand.
    Autre détails, Anderson faisait partie du CFR (4) et de l’Institut Aspen. Basé aux États-Unis, ce dernier se présente comme une organisation dédiée à la « gouvernance éclairée » et au « dialogue ouvert ». En font partie Madeleine Albright, l’une des inspiratrice de la guerre contre la Serbie, et Robert Zoellick, le président de la Banque mondiale.
    Faut-il préciser, Anderson était très lié à la famille Rockefeller. Certes banquiers bien connus mais aussi fondateurs du groupe pétrolier Standard Oil devenu Exxon. Pur résultat du hasard, les Rockefeller sont eux aussi des mordus de l’écologie.

  2. « Le coup marchera-t-il ? »
    Bah, on dirait que les coups du tout petit Nicolas marchent de moins en moins bien, heureusement. Même le pape le lâche !

  3. d’après wikipédia

    « Kerry se remarie le 26 mai 1995 avec Teresa Simões-Ferreira Heinz. Présentés l’un à l’autre lors d’un meeting en 1990, Kerry et Heinz se retrouvent après la mort de John Heinz en 1992 au …

    … Sommet de la Terre à Rio de Janeiro. »

  4. comme voulez vous que l’on prenne l’écologie, et ceux qui se battent pour le respect du vivant, au sérieux quand ceux là (les Lalonde et autres) ne sont que chimères???

  5. Bonjour,

    Quel dommage de raviver ces vieilles querelles partisanes. Si l’Ecologie n’est ni de droite, ni de gauche… Lalonde n’a jamais été au service d’une autre cause, alors si c’est aussi la votre monsieur Nicolino, et avec tout le respect que je porte à votre combat, ayez la sagesse de mieux choisir vos ennemis.

    R.R

  6. Lalonde est de centre droit et il est le co pilote de Borloo pour couler l’ecologie,et cela n’est pas nouveau, il était aux Amis de la Terre avant d’être nommé par Mitmit, moi aussi,ca tombe mal,et ben Borloo en était aussi,je suis partie dés que j’ai compris ,que il était là pour saper le mouvement né en 69 en France, pour miner les verts sur ordre exprés de Mitterrand,alors Lalonde il est au service de rien et surtout pas du Vivant et de l’Ecologie,et Fabrice fait bien de le rappeler,la sauce on est tous écolos ,ni a droite ni a gauche,alors là,non,c’est faux,l’Ecologie est de gauche et c’est comme cela,le reste est fabriqué par le greenwashing mondial néo liberal,pour réduire a zéro toutes vélléités de résistance de désobeissance au grand Barnum mortifère concocté par tous ces valets qui servent cette idéologie nauseabonde du meurtre organisé de tout ce qui vit,just money,alors merci Fabrice pour cet article.

  7. Dommage de ne pas avoir le mail de Monsieur NICOLINO !

    A quoi sert ce texte ? Sert – il à la société ? Sert-il à faire progresser l’être humain ? Bon plus concrêtement, on retiendra une chose : Monsieur NICOLINO s’est payé la tête de Brice Lalonde et après …? Attendons de voir les propositions concrêtes que Monsieur NICOLINO nous apportera sur les mesures à prendre contre le capitalisme vert pour rester le plus vertueux des êtres humains.

    Alain Dubois
    HAZEBROUCK

  8. Ah, ah, attention, Brice L. a des supporters – pas comme O. Stirn avait des figurants, euh des militants, j’espère !

  9. Merci pour cet éclairage à Jlouis…bof tout ces gens sont des ambitieux, lorsqu’ils parlent, eux ils savent! alors, il faut se taire! seul un peuple, un collectif quoi, avec des liens sociaux réels, enracinés dans l’histoire pourrait faire quelque chose sur son territoire, pour le défendre le sauvegarder et en vivre harmonieusement avec ses cultures et traditions ; mais toutes ces notions (écologiques?)ont été vilipendées, presque éradiquées..pensons aussi à certaines peuplades bien menacées par l’expansion capitaliste . Aà présent le monde est un vaste terrain de jeu et un marché grand ouvert pour les transnationales de l’agrobusiness notamment! Merci l’OMC, mais rien de nouveau tout çà a été impulsé vers les années 80..plus une classe supérieure nomade déritorialisée.. Londres Syros,brasilia, NYORK Dubai, etc etc.., alors bonne chance..en attendant certains vivent leur vie d’ambitieux et leur fantasme de domination.Pas très charmant tout çà! assez déprimant et écrasant

  10. C’est l’hôpital qui se fout de la charité comme d’habitude avec « Charlie Hebdo ».
    Je n’ai aucune sympathie pour Lalonde, mais ayant bossé à Charlie pendant trois ans (sans être un pro-Siné), il y aurait long à dire sur les pratiques dégueulasses en matière de droit du travail dans votre écurie d’augias.
    Je ne parle même pas des nombreuses trahisons politiques de vos confrères…
    Moi, cela me fait marrer vos leçons d’écologie parce qu’à Charlie en dépit des quantités astronomiques de papiers utilisés, on ne connait pas la poubelle de recyclage…

  11. pour mémoire en 1991: in le monde:
    Antoine Waechter ne croyait pas à l’avenir politique de GE… »qui est une création de toutes pièces constituée de socialistes, de radicaux et de centristes..incapable d’élaborer une doctrine…d’ailleurs s’il devait y avoir un processus d’élaboration d’une pensée cohérente, je serais curieux de voir comment des personnalités aussi différentes que Lionel Stoléru, Gabriel Cohn-Bendit, Jean-louis Borloo (déjà en piste) Roger Winterhalter pourraient s’entendre sur une ligne politique commune »
    « En revanche les véritables écologistes de ce mouvement pourront un jour trouver leur place chez les verts » sic.
    « Il faut éviter d’être noyé sous un flot d’opportunistes qui ne chercheraient qu’un label pour être mieux élus… »

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