Retour de manif sur la retraite (ouille)

Bon. Les gars et les filles, je reviens à peine de la manifestation parisienne contre la réforme des retraites. Il y avait un monde fou. Juste après le cortège anarchiste de la CNT – très fourni -, qui avait réussi à se placer devant après je ne sais quelles frictions avec la CGT, les cadres de la CGC, tous en blanc, étonnamment nombreux. J’étais au milieu du faubourg Saint-Antoine, dans ce Paris fabuleux des révolutions, et je regardais passer les petits chefs de jadis, aussi rigolard qu’incrédule. Je précise à l’attention des jouvenceaux que, pour le briscard que je suis, voir défiler la Confédération générale des cadres (CGC) est une expérience rare. Je crois devoir avouer que j’ai toujours détesté la CGC. Et les cadres, d’ailleurs. Mille excuses.

Et à part cela ? Bien entendu, j’étais chez moi, d’une certaine manière. Mais avec cette certitude qui ne me quitte plus, depuis de longues années, que je ne ferai plus jamais partie de la famille. Qu’aurais-je pu crier, dites-moi, et avec qui ? Les manifestants n’avaient pas la moindre pensée pour ceux qui ne participent pas à nos immondes agapes autour de milliers d’objets inutiles. Pas un mot pour les humains qui ne mangent pas. Pas un mot pour ces humains que l’on affame pour faire des biocarburants destinés à nos bagnoles à nous. À nous. Pas un mot pour toutes ces formes vivantes, animales ou végétales, que notre rapacité mène droit à la tombe. Vous me direz que ce n’était pas le moment ? Ce n’est jamais le moment. Ce ne le sera jamais. Vous me direz que c’est la faute des transnationales ? Et qui nourrit ces monstres ? Le pape de Rome ?

J’ai longtemps été d’une gauche extrémiste, et je ne renie rien de ces années de jeunesse où je rêvais éveillé d’une vie splendide, sans chefs ni patrons, sans domestiques ni décorations. Mais je suis délibérément sorti du cadre, et personne ne parviendra à m’y faire entrer de nouveau. Au printemps 2003, alors que commençait la bagarre contre la réforme des retraites de ce bon monsieur Fillon, j’ai écrit une chronique dans l’hebdomadaire Politis, où je rédigeais chaque semaine une page consacrée à l’écologie. Je n’étais plus d’accord depuis très longtemps avec Denis Sieffert et Bernard Langlois, mais ils me consentaient un espace tranquille, où je pouvais taper sur le même clou un nombre incalculable de fois, sans jamais réveiller personne.

Et puis cette fatale chronique, qui a conduit à mon départ, après une engueulade homérique, que j’ai provoquée, et que j’assume encore, plus de sept ans plus tard. Mais voici le texte du scandale. Où est le scandale ?

Retraite ou déroute ? (chronique parue dans le numéro 750 de Politis) Cela, la gauche ? Où est passée l'idée éternelle de l'égalité entre les hommes ? Pardonnez, mais quelque chose se sera perdu en route. L'actuelle mobilisation autour des retraites donne davantage envie de fuir que défiler de Bastille à Nation. Mais où ? Cette planète est définitivement sans visa. Ainsi donc, il faudrait « sauver les retraites ». Premier constat : cette question permet, comme rarement, de réfléchir à l'horizon 2030. Ce qui pourrait et devrait être une aubaine pour qui pense encore à l'humanité devient en un clin d'oeil l'occasion d'un festival de criailleries corporatistes. Ici le monsieur qui veut continuer à partir à 50 ans à la retraite - pardi, il conduit des trains, c'est la mine, c'est Germinal ! -; là des enseignants qui hurlent parce qu'on touche à un statut qui fait d'eux, quoi qu'on dise, des privilégiés. Et ne parlons pas de ces bataillons de cadres de tout rang qui veulent pouvoir consommer jusqu'à plus soif, jusqu'à l'extrême bord de la tombe, qui du voyage à Bornéo, qui de la grosse bagnole, qui de la résidence secondaire ou tertiaire. Nous sommes - grosso modo 500 millions d'habitants du Nord - les classes moyennes du monde réel. Nous consommons infiniment trop, et précipitons la crise écologique, jusqu'à la rendre peut-être - probablement - incontrôlable. Tandis que quatre à cinq milliards de ceux du Sud tiennent vaille que vaille avec deux ou trois euros par jour - et quelquefois bien moins -, nous vivons de plus en plus vieux, et ne travaillons pour de vrai qu'à partir de vingt-trois ou vingt-cinq ans. La conclusion s'impose : ne touchons surtout à rien ! Chacun sait qu'il reste beaucoup à faire pour les vieux de ce pays : mais pas ça, mais pas comme ça. Le rôle d'un syndicat est-il de caresser son électorat dans le sens du poil, comme savent si bien faire tous les politiciens de gauche et de droite ? N'est-il pas davantage de former l'esprit public aux drames qui pointent, dont certains, comme le dérèglement climatique, sont à l'évidence sans précédent ? Il faut croire que non. Le syndicalisme, fût-il d'extrême-gauche ou prétendument tel, est devenu réactionnaire. Où trouve-t-on la moindre critique de la prolifération d'objets inutiles et de l'hyperconsommation chère à tant de retraités ? Où sont les combats intellectuels et moraux contre le règne de la marchandise, et contre cette aliénation de masse qui repousse toujours plus loin les frontières de la pauvreté ? L'avenir, le seul avenir discernable est à la sobriété, à la réduction de notre emprise matérielle sur les ressources de notre minuscule Gaïa. On cherche des alliés. Désespérément.

23 réflexions sur « Retour de manif sur la retraite (ouille) »

  1. Bon, l’autre jour, à l’entrée de la gare où je prend mon train tous les matins pour aller bosser (polluer la planète à bosser…), on distribuait des tracts. Je dis que je ne veux pas et on me répond que c’est pour les retraites. Je réponds que devant la fin des abeilles, la bagnole qui broie tout, le climat qui s’emballe, la retraite, c’est une affaire dépassée, incongrue et plus d’actualité, que bientôt on sera tellement dans la merde écologique, qu’on n’y pensera même pas. Les distributeurs de tracts ont ri!!!

    Alerté par courriel dans une liste militante écologique sur le sujet des retraites, je fais « répondre à tous » et je dis que la retrait est un débat du XX siécle mais que le XXIème, c’est la fin du pétrole, de la biodiversité et que le choix est, vu au train ou vont les choses, entre:
    gratter la terre pour manger
    avoir une puce imposée dans le cerveau pour consommer encore et encore.
    Certains ont trouvé mes propos trop pessimistes.

    La retraite? Quel gag! Qu’en pensent les abeilles, les insectes, les oiseaux, les baleines, les thons? Que diraient toutes les espèces animales ou végétales si elles pouvaient parler: elles diraient tout simplement: crève le plus vite possible, tu nous fait trop de mal à ne penser qu’à ton petit confort!

  2. bien je suis comme vous,je me sens totalement decalée avec ces revendications juste c’est la faute a l’autre,l’autre le salop,l’autre c’est pas moi,la Terre créve et ils veulent consomer more and more,,absence totale d’une energie de désobeissance civique et de sauver notre Terre mater dans ces manifs d’aujourd’hui,alors plus dans aucun cadre,mais ca cadre plus avec la réalité,mais ca je l’ai toujours été,ecolo mystico hors cadre,dire non,désobeir,servir le Vivant,le monde c’est nous ,mais là le fossé est immense,je ne connaissais pas l’article qui vous a fait quitter Politis,je l’achetais a cause de votre rubrique ecolo,pleine de conscience,et de revolte et surtout d’infos, et totalement en porte a faux avec le mode de fonctionnement archaique des gens de Politis,et sans conscience que l’ecologie c’est le seul lieu de resistance ,l’art le fut ,mais le fric a tout bouffé,Politis on a beau leur dire que c’est l’ecologie qui devrait primer dans leur canard,que les vieux refrains tralalala gaucho athé scientiste,ca fait des lustres que c’est depassé,mais ces mecs en 68 ne sont pas passés me voir a Montsegur,nous les hippies jardinniers,alors ,leur ideologie ,c’est ca le probléme c’est la croyance,l’ideologie,votre article est bien juste.

  3. Triste constat c’est vrais que chacun défend sont bout de gras dans les manifs.je suis entouré de profs,et je vois qu’éffectivement ils sont privilegiers.Leurs salaires n’est pas extraordinaire 2000euros environs,mais ils ne sont vraiment pas a plaindre,et leurs vacances sont généreuses en temps.Les cheminots sont gatée aussi.Ils ont peur de perdre leurs privilègent voila tout.Les manif sont des manifestations égoistes ,et non un souhait de voir le monde dans sa globalité;et de répondre aux urgences criantes,des autres,des vies,de nous aussi en somme.Notre vue a court terme nous comdamnes.Il est dit que l’animal ne peut voir ,et se progeter dans l’avenir.l’homme si.j’en doute,et ces manifestations ,et ces couinages,laisse penser que nous aussi sommes asser rudimentaires finalement.chacun défend sont p’tit térritoire,sans voir l’ombre de l’ouragant .

  4. Fabrice, tu as totalement raison: les syndicats ont vendu leur âme au productivisme et ont en provoqué la désespérance de nombreux salariés. Spoliés de leur vie, ceux ci cherchent désespérément la sortie. Et pourtant, une des revendications de ce jour qui était axée sur la pénibilité du travail aurait pu trouver écho à travers le côté humaniste de l’écologie de décroissance. Las, jeu de dupes et cercle vicieux, pris en tenaille, les salariés ne s’aperçoivent même pas que « PLUS DE POUVOIR D’ACHAT= PLUS DE PRODUCTIVITE ET DONC DE PENIBILITE ». Exemple dans ma boîte: en 95, revendications salariales menées avec succès par le syndicat, lequel ne sait ou ne veut pas voir qu’il a déclenché un harcèlement managérial de grande ampleur; ensuite du classique: récupération desdits syndicalistes par la Direction, éviction conjointe des rares gêneurs lucides, silence ou presque sur les conditions de travail, récente communication sur le Développement Durable avalisée par les bobos-PS-syndicalistes jusqu’à l’avènement du nouveau règlement intérieur dont la traduction « année 40 » d’un des articles, dit ceci: « tout ralentissement volontaire du rythme de travail sera considéré comme du sabotage et passible de sanction » Allez ensuite arguer que le sur-régime que vous vous imposiez vous menait tout droit à la maladie. Bien sûr, le Comité d’Entreprise n’a émis aucune objection (il faut bien soutenir la Prime d’Intéressement n’est ce pas). Les premières victimes vont apparaître, moi en premier, qui veut ralentir la cadence pour me préserver…. TOUT CA POUR CONCLURE: JETEZ LE SYSTEME, SES SERVITEURS et l’eau du bain…ça pue!

  5. Tout attendre des syndicats, mais aussi les vilipender est une perte de temps. Soyons autonomes sans pour autant rejeter ceux qui ouvreront enfin les yeux et réunissons la lutte contre la crise écologique et pour l’amélioration des conditions de travail, les deux sont indissociables. La réduction du temps de travail est nécessaire pour un meilleur partage des ressources. Elle est aussi une condition nécessaire, mais non suffisante, pour permettre à l’individu de sortir de son allienation est réfléchir sur sa façon de consommer. Financer une partie des retraites et de la protection sociale en taxant les profits boursiers et les produits (importés ou non) en fonction des conditions sociales et environnementales de fabrication permet aussi de réduire notre empreinte écologique.

  6. Je partage vos idées en opposition au consumérisme ambiant et aux revendications sur le pouvoir d’achat. Mais il faut tenir compte aussi de l’inquiétude de la multitude des travailleurs et chômeurs de plus de cinquante ans (dont je fais partie), usés, fatigués, à l’ossature et aux articulations douloureuses, qui savent très bien qu’ils n’arriveront jamais en bonne santé à 60, 62ans,.. s’ils y arrivent. Et je répète: « travailleurs ET chômeurs.. »

    Et nous savons tous très bien que le fric il y est, que ce n’est pas un problème de démographie; qu’un simple choix politique suffirait à permettre à cette génération de partir dés 55 ans!

    A dire vrai, je suis même atterré par les commentaires de ce post: Sentiment d’avoir atterri chez les Parfaits… les fachos verts! En tout cas sûrement pas chez des gens qui vivent dans la survie au quotidien.

    Il n’y a pas à mettre en opposition crise sociale et crise écologique. Les deux sont un seul et même problème: le capitalisme.

  7. Le problème est que de nombreux humains sont des moutons schizophrènes qui se croient fauves mais qui passent leur temps à chercher à ressembler au troupeau tout en rejetant ceux qui sont différents.
    Comportement aboutissant à une consommation irraisonnée et à des divisions de la société(profession, ethnique, religieuse, sexuelle, choix culturels…) , deux phénomènes nécessaires au maintien de la caste dirigeante.
    Si dénoncer l’étroitesse d’esprit de certains individus qui pensent avant tout à tirer la couverture de leur côté, se fixer sur la hièrarchie de la pénibilité du travail ne nous fera pas sortir la tête du bourbier. Chacun sera toujours le privilégié d’un autre ce qui maintiendra les divisions.
    Vous trouverez toujours quelqu’un qui refusera une amélioration de votre condition sous pretexte qu’il existe des plus mal lotis.
    Le cadre de labo par son salaire sera privilégié par rapport au conducteur de train, privilégié par rapport à l’enseignant en première ligne face aux problèmes comportementaux , privilégié par rapport au smicard travaillant à la chaine lui même privilégié par rapport à la caissière de supermarché ou au chauffeur de bus en zone urbaine, privilégié par rapport au travailleur chinois, privilégié par rapport au desosseur d’épaves au Bengladesh, privilégié par rapport à la prostituée d’un bordel asiatique, privilégiée par rapport au bagnard nord coréen.

  8. 67 ans, l´âge de la retraite pour le personnel soignant dans un pays de l´Europe du nord (les salaires ne sont pas mirifiques, les conditions de travail très éprouvantes). Souvent usés bien avant le départ en retraite, les infirmiers et infirmières se traînent d´arrêts de travail en arrêts de travail pendant les dernières années de leur carrière, quand ils n´atterrissent pas eux-mêmes en service intensif. Je connais cette réalité, elle est désespérante.

    Hors-sujet: connaissez-vous Haidar el Ali et son organisation « Océanium »? Cet homme remarquable tente de sauver une partie de la mangrove sénégalaise. Il fait un travail merveilleux, coopère avec les habitants, les informe sans relâche des dangers que représente pour l´écosystème la disparition de la mangrove.
    Cela vaut la peine d´aller sur le site d´Arte, il y a un reportage à ce sujet.

  9. Un changement positif de société implique une lutte contre la crise écologique et une amélioration des conditions de vie et de travail : santé, transports mieux adaptés, économies énergétiques et pas forcément une augmentation du pouvoir d’achat. Ce n’est pas autrement que nous provoquerons le déclic parmi la majorité de la population.
    Il est aussi plus judicieux de rechercher une décroissance de l’empreinte écologique et une amélioration de la qualité de vie que de se fixer sur la croissance des PNB et PIB. Pour être efficace, la lutte écologique, doit sortir du modèle libéral, sans pour autant se borner à une liste de privations et à sombrer dans l’intégrisme. Je ne parle pas ici de radicaux comme Paul Watson dont les actions sont justifiées par le contexte actuel mais des pisses froids et pisses froides sectaires qui veulent quasiment tout interdire (festivités, vin…). Ils feraient mieux de relire le dernier ouvrage de Pierre Rabbhi et se convertir, s’ils le peuvent, à une écologie joyeuse.

  10. Quitte à tout casser, autant commencer par la clique de Nicolas; donc cette journée n’est pas forcément perdue. Ce ne serait pas le première fois qu’un combat (combat ridicule dans le cas présent) aboutirait sur une rupture et pourrait être détourné de son impulsion de départ, amené sur un autre terrain. Ceci dit, ceux qui confisquent les révolutions sont en général parfaitement organisés au préalable; et là, je ne nous sens pas parfaitement organisés …
    D’ailleurs le pouvoir en place veille avec la dernière énergie à ce que nous ne soyons pas organisés.

  11. un coup pour la manif en juin qui tue les prolos, un coup pas contre mais bon la planète d’abord. Le retour du refrain j’ai quitté Politis a cause de ça… Il semble que l’ami Fabrice ne sache plus très bien sur quel pied manifester !

  12. Ils sont nombreux, maintenant, les retraités qui doivent, bon gré mal gré, faire dans la sobriété. Dans ma région anciennement textile d’ex ouvrières survivent avec environ 600 euros par mois, après avoir cotisé parfois plus de 50 ans, entre 12 et 65 ans (mais il arrivait que les cotisations ne soient pas reversées par les patrons…)

    La disproportion entre les retraites des hommes et celles des femmes va s’accroître, les syndicats en parlent peu ou pas. Pour les métiers les plus durs, il était facile de compenser un peu en plafonnant la DURÉE de cotisation, ce sont en général ceux qui ont commencé très tôt, 16 ans ou parfois encore 14 ans, c’était 12 ans pour les plus vieilles ouvrières du textile. Ils et elles ont leurs 40 annuités bien avant 60 ans et sur-cotisent donc au profit de ceux qui sont mieux lotis (et souvent en meilleure santé). Au lieu de ça, on leur demande de prouver un handicap!!!

    Je ne crois pas qu’on puisse donner à ces gens là des leçons de sobriété heureuse…

    Par contre, un angle d’attaque que les syndicats sont impardonnables de ne pas utiliser davantage, c’est celui des maladies professionnelles. Car les travailleurs de la chimie, du pétrole, du bâtiment, sont les premières victimes de cette gabegie qui leur « donne » du travail et empoisonne hommes et bêtes.

  13. D’accord, nombreux étaient les slogans complètement dans le système du capital et la consommation. Certains syndicalistes ne jurent que par la croissance. Dramatique erreur !

    Bien sur, même avec une retraite retardée nous serions privilégiés par rapport à quantité d’autres.
    Je suis d’accord qu’il ne faut pas imaginer niveler le niveau de vie par le haut mais est une raison pour ne pas protester contre la politique actuelle qui fait de jeunes chômeurs, des travailleurs de plus en plus pressurisés par le travail, les impôts et qui devront payer plus longtemps encore à certains retraités d’aujourd’hui une vieillesse dorée, chargée de consommation et émaillée de lointains voyages ?

    Comme d’autres l’ont dit en réaction à ce post, je pense qu’il ne faut pas dissocier crise écologique et crise sociale. Il faut donc agir et lutter contre les deux.
    Si j’étais dans la rue hier, ce n’était pas pour demander de luxueux vieux jours !
    J’y étais pour qu’un maximum de voies s’unissent pour montrer que l’on ne laissera pas faire sans rien dire, sans rien tenter… même si je pense souvent que nos concitoyens se laissent conduire par le système capitaliste sans avoir la nécessaire prise de recul et un minimum de conscience et d’action personnelle.
    J’y étais parce qu’il n’est pas question que les rapaces, l’oligarchie s’accapare tout au détriment des plus humbles et emploie cette richesse en faisant perdurer ce système qui est la cause des crises écologique, climatique et sociale.
    J’y étais parce que j’espère un jour cesser mon activité salariée et employer davantage mon temps pour agir plus utilement et concrètement en faveur de l’environnement. On peut être retraité sans être hyper consommateur !

    Enfin Fabrice, on peut être cadre sans avoir une grosse voiture, une résidence secondaire et faire des voyages au bout du monde. Je n’ai ni ne fais rien de tout cela.
    Mais c’est aussi cet extrémisme que fait partie de ton charme…

  14. Pour « le début d’un vent de révolte » ( parpalhol le 6 septembre), il faudra attendre.
    Mais les manifestations ont connu un succès tel que nous sommes invités à remettre ça le 23 septembre. Sarkozy et son gouvernement tremblent de peur à cette perspective !

  15. D’accord avec « cultive ton jardin ».
    Le concept de sobriété heureuse n’a pas être imposé par les dominants et les possédants. Trop facile.
    Trop facile aussi d’éluder la question en mettant en avant les urgences environnementales. Il n’est pas question que du consumérisme des riches retraités. Il serait inique d’occulter la très grande misère qui touche une partie des retraités, principalement les ouvriers et les femmes, ceux qui ont le plus souffert d’une vie bouffée par des travaux usant.
    Sauver les tigre, les ours blancs, d’accord, mais de grâce n’oublions pas non plus nos frêres humains.

  16. Une des solutions passe par le « vivre » ou plutôt « re-vivre ensemble »; mais pas celui imposé par les dominants qui veulent que le troupeau soit ainsi plus facile à diriger (voir culture d’entreprise et citoyenneté passe-partout); non, ralentir, désobéir subtilement, se mettre en marge progressivement, réfléchir avant chaque acte de consommation, lancer des mots dans les discussions (il y a des chances qu’ils soient attrapés par quelqu’un); attention, challenge périlleux mais exaltant: périlleux car plus on s’éloigne du modèle plus le risque est élevé de se voir sanctionné, rejeté, découragé; exaltant car énormément de personnes recherchent des alliés ou des portes de sortie dans leur compréhension de cette société aliénante; pour ce qui est des retraités très pauvres, OK, mais une des solutions , c’est bien de re-créer des liens et il y a fort à parier que le manque matériel premièrement se fera moins sentir, deuxièmement sera pris en charge par « la communauté »; et comment faisaient nos ancêtres? Vaste programme, chemins escarpés, je le concède mais cela ne donnerait-il pas un autre but à nos vies?

  17. Après des considérations intéressantes sur le consu-
    mérisme qui bouffe nos vies, je suis sidéré de lire
    que les manifs pour une retraite juste, sont la
    défense « d’un pré carré, de privilèges, ect » .
    Ancien anar converti à la décroissance,d’accord, mais là ,tu pousses le bouchon trop loin Fabrice .
    Tu n’est pas issu de « la haute »,mais tu craches sur
    le prolo . C’est sans doute une histoire entre toi
    et toi , que toi seul peut comprendre ….

  18. Simon,

    Vraiment, tu crois ? Et si c’était une position politique différente de la tienne ? Et qui te gêne, toi, dans tes vieilles croyances ? J’ajoute un point. Ancien anar ? Mais où vas-tu chercher cela ? Partisan de la décroissance ? Mais où vas-tu chercher cela ? J’écris ces derniers mots non pour me moquer, ni faire de l’humour. Je les écris parce que je ne suis ni l’un, ni l’autre. Bien à toi,

    Fabrice Nicolino

  19. Tu a tout à fait raison :
    Ce n’est jamais le moment. Ce ne le sera jamais.
    Car vois-tu, c’est 4 ou 5 milliards de gens, dont tu parle, n’existent pas ! Ce sont des moins que rien, des minables, ce sont même pas des jaunes, même pas des nègres… Ils n’existent pas pour ces 500 millions de capitaliste dont tu fait état.
    Ma retraite, du pognon, ma bagnole, ma baraque, mon ordi, ma télé…
    Au faite, tu crois qu’ils bossent combien de temps ces faignants d’inexistants !!!???
    12 heures par jours, 7 jours sur 7, à partir de 10 ans parfois plutôt et toute leur vie… Enfin presque… Faut bien leurs laisser le temps de crever !
    Vive le socialisme occidental !!! Quel joli partage…

  20. On serait tenté de reprendre ce titre étonnant d’une BD de Martin Veyron : « Ce n’est plus le peuple qui gronde, c’est le public qui réagit. »

    Toujours plus, toujours plus … mais toujours plus de quoi ? Plus d’intelligence et de sensibilité dans nos rapports sociaux ? Plus de beauté dans nos vies ? NON. LE SUPERFLU PROLIFERE ALORS QUE LE MINIMUM VITAL N’EST MEME PAS TOUJOURS LA ET QUE L’ESSENTIEL MANQUE.
    Plus de téléviseurs extra-plats, plus d’ordinateurs individuels, plus de téléphones portables. C’est avec des hochets qu’on mène les hommes. « Nulle part il n’existe d’adulte, maître de sa vie, et la jeunesse, le changement de ce qui existe, n’est aucunement la propriété de ces hommes qui sont maintenant jeunes, mais celle du système économique, le dynamisme du capitalisme. Ce sont des choses qui règnent et qui sont jeunes; qui se chassent et se remplacent elles-mêmes. », écrivait déjà Guy DEBORD en 1967 dans « La Société du spectacle ».
    Du pain et des jeux est la nouvelle religion dans tout l’empire techno-marchand, dont nous vivons peut-être bien le début de la fin.
    De belles âmes prônent ici et là l’adoption d’un développement durable, plus doux pour les humains et leur environnement ; on ralentirait les processus dévastateurs, on consommerait moins de combustibles fossiles, on ferait des économies, etc.
    C’est un peu comme si l’on conseillait au commandant du Titanic de simplement réduire la vitesse de son vaisseau pour éviter l’iceberg naufrageur, au lieu de lui faire changer de cap.
    Le dessinateur Gébé était peut-être plus réaliste quand il écrivait dans L’An 01, au début des années 1970, cette formule provocante :
    « On arrête tout. On réfléchit. Et c’est pas triste. »
    Un tel propos peut sembler dérisoire, pour ne pas dire révolutionnaire.
    Mais tout le reste, toute cette réalité qui se morcèle sous nos yeux , n’est-ce pas plus dérisoire encore ?
    Nous avons à perdre quelques chaînes.
    Et nous avons un monde plus libre à reconstruire.
    Pourquoi pas ?

    onreflechit@yahoo.fr

    (extrait de « TITANIC AMER », en ligne sur
    http://www.myspace.com/moustachedepaname)

  21. Les firmes transnationales, la spéculation financière et même les mafias au sens strict du terme mettent à sac la planète sans aucune retenue. Ici il faudrait accepter de se serrer la ceinture pour être concurrentiels. Les élites dirigeantes se goinfrent de manière décomplexée, en expliquant doctement à la population médusée qu’elle vit au-dessus de ses moyens. Aucune « flexibilité » du travail dans nos vieux pays industrialisés ne pourra résister à la concurrence de la main-d’œuvre « à bas coût » (comme ils disent) de pays qui contiennent un réservoir inépuisable de force de travail. Des centaines de millions de pauvres sont mobilisés brutalement dans un processus d’industrialisation forcenée. Et là-bas comme ici, ce sont des hommes que l’on traite comme quantité négligeable, c’est notre Terre patrie et ses habitants que l’on épuise toujours plus.

Répondre à Philou Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *