La fulgurante avancée des ours d’Espagne

Posons-nous une seconde. La nouvelle est merveilleuse, simplement merveilleuse. Les ours de la cordillère cantabrique, au nord de l’Espagne, se portent au mieux. Un journal régional, La Nueva España (lire ici) écrit : « Los osos viven un auténtico «baby boom» en Asturias. Los guardas del Principado han identificado al menos 21 madres con un total de 43 oseznos, 12 más que el año pasado ». Je traduis par acquit de conscience : les gardes de la région ont identifié au moins 21 mères et 43 oursons. Un autre journal, El Diario de León (lire ici) note qu’à la surprise générale, les ours des monts Cantabriques ne seraient pas autour de 110 – en deux noyaux -, comme on le pensait, mais environ 170 !

170 ours dans les Cantabriques ! Et moins de 20 dans la totalité de la si vaste chaîne pyrénéenne ! On connaît le mot de Pascal dans Les Pensées : « Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà ».  En France, un ministère de l’Écologie déconsidéré refuse tout renfort de population ursine chez nous, condamnant la petite vingtaine d’ours à végéter, avant de mourir tôt ou tard. Cela, l’année de la biodiversité. Cela, l’année où Borloo aura à peu près tout tenté pour devenir Premier ministre de Sarkozy. Mais ce soir, pour une fois, on s’en fout, de leur nullité. Ce soir, pensons aux ours. Là-bas, de l’autre côté, ils vivent, et pour de vrai. C’est le bonheur.

28 réflexions sur « La fulgurante avancée des ours d’Espagne »

  1. Sur c cool, les espagnols sont bien meilleurs que nous pour les projets de concervation animale, les anglais aussi pourquoi la france est-elle aussi nulle dans ce domaine ?

  2. Les espagnols se remettent peut etre plus rapidement en question que nous,au sujet de l’environnement.De plus en plus sont contre la corrida,et pour une nature la plus sauvage possible.La france rurale, c’est chasse et compagnie,et le lobby agricole est limite fanatique.de toute façon notre pays n’est pas tres porter sur la protection de l’environnement,ailleur ce n’est pas un mythe,les idées se renouvelles plus,ça bouge en somme.c’est loin d’etre parfait,mais c’est mieux,pas dur comparer a nous!!

  3. Nous les français et notre réputation internationale de donneurs de leçons, ne pourrions nous pas changer de rôle , mais plutôt être receveurs de leçons, par exemple avec l’Espagne et son explosion démographique oursine, par exemple avec l’Europe et l’accueil de ses ressortissants (les roms) etc.

  4. On peut les voir (de loin) à la lunette ou aux jumelles… Car les gardes veillent à ce qu’on ne les dérange pas. les Espagnols ont compris l’intérêt touristique de leur présence. Là-bas, celui qui en tue un ne va pas le crier sur les toits. Les actes de braconnage sont sévèrement réprimés.

  5. Mes souvenirs concernant les ours..
    1- Lorsque Barbabra est arrivée à la maison comme « jeune fille au pair », le premier dimanche de son séjour, en goutant le rôti de boeuf dominical elle s’est exclamée :
    – Mais c’est une viande très bonne qu’est-ce c’est ,
    – Mais du boeuf, pourquoi tu n’en as jamais mangé ?
    – Oh non.
    Mais alors qu’est-ce que vous mangez comme viande ? Si vous mangez de la viande ..!
    – Mes parents et toute la famille tiennent une auberge/refuge dans un parc national de Colombie Britannique, alors on mange de l’ours. Mais l’ours ce n’est pas une bonne viande.
    – Comment cela vous mangez de l’ours, ce n’est pas interdit de tuer des ours ?
    – Si c’est interdit, sauf lorsqu’ils viennent manger dans les poubelles, ils sont dangereux alors il faut les abattre. Mais un ours c’est gros, ça fait beaucoup de viande, et on la met au congélateur. Mais l’ours c’est comme le cochon c’est omnivore et il y a des vers dans la viande, alors il faut faire cuire beaucoup la viande d’ours, et ce n’est pas bon..

    2- Autre « expérience d’ours ».
    En 1991 j’étais le premier type non-appartenant à une délégation officielle venant travailler à Tomsk-7 en Sibérie pour envisager une reconversion des activités de ce lieu.
    On était début décembre, on avait bossé pendant la semaine, et mes collègues locaux vienennt me trouver le vendredi soir pour me dire :
    – Demain matin on a préparé pour toi une chasse à l’ours.
    – Vous êtes bien gentils, mais une chasse à l’ours ça se passe comment ?
    – Et bien demain matin on viendra te chercher à 4:00 et l’on fera 100km au Nord en camion. Ensuite on prend les fusils, on fera 5 km à pieds, vers un coin où on a repéré des ours. Là tu tueras un ours. Mais il ne faudra pas que tu le manques, parce que l’on est tôt en saison, et ils sont encore vifs. Si tu le manques, lui ne te manquera pas..
    – Question : dans la marche dans la neige si je me foule une cheville, comment on résout le problème?
    – Ah, dans ce cas , ce sera effectivement un problème..
    – Ecoutez, vous êtes très gentils, de vouloir me faire plaisir, mais le thermomètre indique -43°C, et je me vois mal en train de transporter un fusil gelé sur 5 km sans entrainement, et puis cet ours il ne m’a rien fait.
    – Alors si tu ne veux pas d’une chasse à l’ours, on peut te proposer une chasse aux loups.
    – Et comment ça se passe une chasse aux loups ?
    – Et bien on monte dans un hélicoptère, on te pssse une kalatchnikov et tu mitrailles une meute de loups. La kalatchnikov, tu verras c’est très bien, contrairement à une mitraillette ça ne remonte pas lorsque l’on tire.
    – Ecoutez, toutes vos attentions c’est très gentil, mais ces loups ne m’ont rien fait, je ne suis pas un « viandard », et puis monter dans un hélicoptère.. l’entretien des hélicoptères, je ne tiens pas non plus à ce que ma carcasse démembrée serve de repas aux loups. Alors demain je reste au lit et j’irai au sauna, ça sera une activité très suffisante.

    ne heure après mes collègues sont revenus.
    – Il faut absolument que tu ramènes un souvenir de la Sibérie profonde, alors nous te donnons cette peau d’ours. ce n’était pas un gros ours la peau ne fait que 2 mètres de longueur.
    J’a eu beau refuser, il a fallu que je bourre la peau d’ours dans ma valise.
    Les poils de la peau sortaient un peu de la valise.
    Rentrant à Charles De Gaulle, passant décontracté devant un douanier, le douanier me fait signe et me dit :
    – Monsieur, veuillez ouvrir votre valise.
    J’obtempère, n’importe comment je n’ai pas à discuter.
    Et à l’ouverture le douanier de s’exclamer :
    – Mais c’est une peau d’ours! Les peaux d’ours sont interdites à l’importation, l’exportation..

    J’avais complètement oublié ce petit « détail » (on était en 1991),mais commençant à avoir une bonne expérience de l’URSS, de la Russie.. et sachant que tout ce qui concerne la Russie de près ou de loin est différent de l’Occident j’ai répondu de façon assurée :
    – Non !
    – Comment ça, non ?
    Alors le douanier a pris son bouquin au chapitre des traffics d’animaux.
    Ah c’était déjà sûr que si cela avait été une peau d’ours des Pyrénées.. Même un ours de Roumanie, du Canada..
    Mais le bouquin ne disait rien sur les ours de Sibérie, omis car inconnus au bataillon (à l’époque).
    Alors le douanier, navré, m’a dit :
    – Passez.
    La peau d’ours a fini sur un fauteuil. Peau d’ours de la même couleur que notre chat à l’époque. Chat qui aimait bien profiter de l’odeur « sauvage » de la peau. Mais situation dangereuse pour la chat, car on s’est assis plusieurs fois dans le fauteuil sans voir le chat..

    C’était mes « histoires d’ours ».
    @+

  6. Ils ont plusieurs avantages sur nous:

    – Moins donneurs de leçon
    – Beaucoup moins nombreux pour une superficie à peine plus petite
    – Moins centralisés
    – Mangeurs de Tortillas!

  7. Décidément, en France on a vraiment un problème avec les animaux « sauvages ». Et pourquoi ailleurs, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, les ours ou les loups ne posent-ils aucun problème ?… Pourquoi s’échine-t-on à bousiller les animaux qui échappent peu ou prou à notre contrôle ? Quant au massacre des paysages, n’en parlons pas, on est vraiment spécialistes…

  8. on peut apprendre beaucoup de chose ici !

    acquit de conscience
    On écrit « par acquit de conscience », pas « acquis » : l’expression ne signifie pas « pour acquérir de la conscience », mais « pour être quitte avec sa conscience ».

  9. En voilà une bonne nouvelle !

    Et que cette région d’Espagne est belle ! J’ai eu la chance de randonner autour de los Picos de Europa à une petite heure à vol d’oiseau de la ville d’Oviedo. La montagne à deux pas de l’océan, avec ses troupeaux de chevaux sauvages dans des vallées d’altitude magnifiques…
    Un vrai paradis pour les ours. Pas étonnant qu’ils y prospèrent. A condition que les hommes leur accorde un peu de répit et de liberté.

    Liberté pour les ours ! C’est aussi le titre d’un excellent livre de John Irving que j’avais adoré… et dont je vous conseille la lecture même si le sujet est fort éloigné du sujet.

  10. erratum : je voulais dire dans mon dernier post : (…) même si le sujet du bouquin en question est fort éloigné de la vie des ours…

  11. En voilà une super nouvelle !
    Sur le plan de la préservation des langues régionales minoritaires, l’Espagne s’en sort bien mieux que nous également. Il n’est qu’à voir la situation du catalan en Catalogne française par rapport à ce qui se passe en Espagne. Même chose pour le Basque. Là encore on est champions du monde, toutes catégories, avec un patrimoine exceptionnel qu’on a réussi à bazarder, au nom de notre cher « idéal républicain ». « Exception culturelle » oblige…
    Pour ce qui est de l’agriculture, difficile de faire pire que nous également, avec notre contexte bien connu d’immédiate après-guerre (nourrir les Français), qui a permis de légitimer la mainmise totale du couple infernal lobbyes agrochimiques / FNSEA pour aboutir au cauchemar actuel. Il n’y a peut-être que les Pays-Bas qui soient pires que nous (90% de biodiversité perdue je crois), et encore…

  12. Avec notre expérience du démembrement du camp de Calais,des expulsions des réfugiés clandestins,du démentellement des camps de Roms, nous ne nous trouverons pas au dépouvu quand l’invasion de l’ours se précisera. Pas de quartier pour les plantigrades espingouins qui viennent bouffer nos myrtilles et nos chataîgnes. Rien, absolument rien ne doit passer tout au long des pyrénées, notre frontière autrefois passoire qui laissa jadis approcher les envahisseurs arabes et les fuyards de Salazar et de Franco. Qu’on se le dise, tant que l’espoir de grapiller quelques voix sur le dos des légions étrangères, fussent-elles poilues et dodues, notre bon ministre Hortefeux en profitera pour aligner une Maginot de fusils entrainés à la lutte anti-terroristes.

  13. @ Frédéric,

    Si on y regarde de plus près, les espagnols n’ont pas fait mieux que nous en ce qui concerne l’agriculture… Aucun pays européen n’a osé aller aussi loin avec les OGM et des produits phytosanitaires interdits en France semblent être couramment utilisés de l’autre côté des Pyrénées.
    Fabrice est sans doute plus qualifié que moi pour en parler, mais je crois que nous sommes sensiblement dans la même galère que nos amis ibériques !

  14. Sancho,

    Je crains que tu n’aies raison. L’Espagne, c’est aussi l’horrible destin du delta du Guadalquivir – Doñana -, la côte, toutes les côtes vendues au béton des promoteurs, la disparition du lynx ibérique, l’agriculture sous serre du côté d’Almería et de Huelva. Nous sommes à bord du même vaisseau fou, pas de doute.

    Fabrice Nicolino

  15. Sur les espèces menacées en France et plus généralement sur notre planète, le site de l’UICN a le mérite de faire un constat assez précis.

    Quelques chiffres édifiants concernant notre pays :

    Une espèce de mammifères sur dix, une espèce d’oiseaux nicheurs sur quatre, une espèce de reptiles et une espèce d’amphibiens sur cinq risquent de disparaître prochainement du territoire métropolitain, etc…

    http://www.uicn.fr/Liste-rouge-especes-menacees.html

  16. Je viens de retrouver un article passionnant de Sophie Chapelle (Bastamag) dans lequel elle interviewait (pardon pour l’anglicisme) Guy Kastler, un homme passionné qui se bat depuis des années pour la préservation des semences paysannes.

    OGM de deuxième génération, plantes mutées à coup de radiations, semences de synthèse dont les gènes seront numérisés et privatisés… Guy Kastler nous décrit ce que préparent les multinationales de l’industrie génétique et agroalimentaire. Des projets à faire frémir.

    Le délégué général du Réseau semences paysannes explique également comment nous, jardiniers paysans ou simples citoyens urbains, pouvons empêcher cette destruction programmée du vivant.

    la suite ici : http://www.bastamag.net/spip.php?article477

  17. Hello,

    Les ours,là bas de l’autre côté,vivent et font beaucoup de petits.

    Espérons qu’un jour ils aient la bonne idée de passer la frontière….:)

    Bien a vous,Léa.

  18. bonjour.
    (désolée de ne pouvoir venir lire ni commenter plus souvent!!!!)
    entièrement d’accord avec le commentaire de slider (tout en haut ou presque)

  19. Llea je ne sais si se serait une bonne idée que les ours passent la frontière vers la france car chez nous ils ont toutes les chances de disparaitre.

    Qu’ils restent en espagne où ils vivent correctement et où surtout ils se reproduisent en toute quiétude.
    bises

    sophie

  20. Super pour les ours ! :))))

    Concernant les Espagnols, je partage les avis de Sancho et de Fabrice.
    Lorsque j’ai vu le reportage sur Alméria « El Ejido : la loi du profit » je me suis remémoré les pages des raisins de la colère se Steinbeck ou la dépossession des peuples par l’industrialisation, le progrès, la technique (pelles mécaniques) y étaient décrites admirablement.

    Ces ilotes de la société capitaliste actuelle (les marocains du reportage) et ceux du livre se ressemblaient vraiment (dans mon imaginaire en tout cas : je n’ai pas vu et ne veux pas voir le film tellement le livre m’a marqué).

    En revanche j’admire le fait :
    -qu’ils aient encore une culture de la sieste.
    -surtout l’un des plus bas taux de productivité horaire des pays industrialisés, alors qu’en France, nous sommes parmi les champions du monde.Ce qui diminue leur pouvoir de destruction individuel et l’aliénation collective du masochisme de masse historique (ou travail).
    -qu’ils fassent le paseo, promenade collective du soir dans les rues, à Cordoue en tout cas, le soir plutôt que de regarder l’abrutissoir (télé).

  21. Grrr,
    Me fais pas mal marrer le fait que les espagnols feraient mieux que nous en terme d’ours, loups,écologie etc..
    M’enfin je rappelle la catastrophe écologique de certaines stations de ski : Formigal dans les Pyrénées, le projet d’une station dans les Picos de Europa dans une zone à ours.
    Allez donc voir dans les cantabriques et vous pourrez admirer des éoliennes en veux-tu en voilà.
    Je ne parle pas du projet d’autoroute « Mudejar » censée débouchée dans la vallée d’Aspe (en construction jusqu’à Jaca, ou « l’Autovia del Pireneo » censée relier Pamplune et Jaca qui ransperce/massacre des Sierra dont celle de Leyre. Et pour finir le projet de relier LLelida au Val d’Aran/France dans les pyrénées centrales.
    Bonjour tristesse on n’a pas de leçon à donner aux espagnols et vis et versa. Les conditions politico-economico sont différentes.
    Quand aux ours cette année 4 naissances avérées, depuis combien de temps celà n’était-il pas arrivé…
    20 ours c’est le chiffre minimum. Mais clairement l’équipe ours reconnait que les mailles de son filet pour récuperer des indices sont trop larges. Un peu comme un pêcheur de sardine qui aurait un filet pour les thons.
    Sans le travail des assos comme ADET, Ferus, etc… Il n’y aurait plus que 2 ou 3 ours.
    JL énervé et désolé pour les fautes. 😉

  22. @ Lionel :

    Ah, le paseo, ah, la sieste… Bien d’accord pour dire que ces gens là savent vivre. N’oublions pas la fiesta (la vraie, la belle) qu’il savent faire comme personne, aussi bien à Barcelona qu’à Granada…

    Quant au superbe film de John Ford d’après Steinbeck, je trouve vraiment dommage de ne pas le connaître car c’est aussi un chef d’oeuvre !

  23. Sans méjuger des spanish people, leur manifs anti corridas à Madrid sont géniales..mais il y a aussi les chèvres balancées par les clochers, les anes tapés à mort, les corridas…les ferias débridées avec vomi, les programmes immobiliers horribles destructeurs, et inachevés avec grosse escroquerie à la clef, le tourisme cubique de merde avec hordes germaniques venus roter leur bière..non per carita! arrêtez avec cette exemplarité!ah oui c’est le top de la civilisation! c’est d’ailleurs le berceau de l’humanisme, c’est connu. mais pour la sieste et la vitalité pas mal…

  24. en Espagne il reste une flamme qui brille de mille feux en faveur des grands prédateurs. un très ambitieux projet de sauvegarde du lynx ibérique porte déjà ces fruits du côté de la Sierra de Andujar. La population d’ours croit de 9% par an! Ils ont fait ce que nous n’oserons jamais. Et s’il n’était que les grands prédateurs; La loutre est en de nombreuses régions qualifiée d’abondante…

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