Ce qui se passe en Chine est tellement incroyable que personne ne le croit. Et ce n’est pas plus compliqué que cela. Tenez, des scientifiques ont pu observer depuis un avion, à 10 000 mètres d’altitude, un gigantesque nuage fait d’ozone, de poussières et de suie qui courait depuis le sud de l’Allemagne jusqu’à la mer Méditerranée. Après de savantes analyses, ils ont conclu que l’ensemble venait de Chine (ici, en anglais). Les nuages de pollution made in China sont partout, de l’Amérique du Nord au Japon, en passant par l’Europe.
Si vous voulez avoir une idée de ce que l’industrie du charbon – 69 % de l’électricité chinoise en provient – provoque là-bas, je vous invite fortement à visiter ce diaporama interactif (ici). Je ne sais pas si c’est très répandu sur le Net, mais je dois vous dire que j’ai été soufflé par cette forme, que je ne connaissais pas. On répond à des questions, alors qu’apparaissent des photos, et une voix chinoise répond. On peut visiter un temple en compagnie d’un mineur. On peut descendre avec lui dans la mine. On peut demander à une dame qui ramasse des restes de charbon sur la route si les environs sont pollués. Et elle répond.
Pour ma part, je n’avais jamais vu de bidonvilles chinois en photos. Et vous ? Ils existent pourtant, probablement par centaines et milliers autour des mines de charbon. C’est insupportable, les mots sont impuissants. La Chine détruit un peu beaucoup le climat, poussé par nos modèles, nos valeurs, nos industries. Je vous signale un remarquable reportage de Pascale Nivelle, dans Libération de ce 1er avril 2009. La correspondante du journal à Pékin lève un voile sur les « prisons noires » du régime. Des milliers, peut-être des dizaines de milliers de personnes sont enfermées dans des prisons qui, officiellement, n’existent pas. Elles sont battues tant qu’elles ne retirent pas les plaintes déposées contre la corruption et les autorités, c’est-à-dire la même chose. Nivelle a suivi le cas de Sun Yuyuan, qui tentait de protester contre la direction d’une…mine de charbon.
Et le G20 se tient à Londres aujourd’hui. Commentaire du journal Le Monde, hier : « Face à un modèle américain en pleine déconfiture, Pékin veille à se présenter comme le “bon élève” de l’économie mondiale et met en avant ses efforts en matière de relance – le plan chinois est l’un des plus élevés au monde – ou de promotion des échanges : Pékin envoie dans les pays riches des délégations d’acheteurs, et s’efforce de soutenir les pays émergents qui seraient tentés par le protectionnisme, en leur offrant des garanties en cas de crise monétaire ».
Plus fou, tu meurs. Et c’est bien ce qui se passe.