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Quand Alain Lipietz ne sait pas quoi répondre

Précision : cette passe d’armes avec Alain Lipietz ne peut intéresser qu’à la marge. En toute hypothèse, ce membre valeureux d’Europe Écologie-Les Verts appartient au passé. Je l’ai accusé (ici) d’avoir grossièrement menti en prétendant dans un clip destiné aux prolos de Hénin-Beaumont qu’il avait été mineur. Je découvre ce 3 juin qu’il a répondu sur son site, et j’ai décidé de vous en faire profiter, ajoutant ma réponse.

Pourquoi ? Pour une raison simple : la recherche des moyens de faire face à la crise écologique planétaire exige bien des changements. L’un d’entre eux s’appelle la vérité, si proche en cette occurrence de la morale. Lipietz ne compte évidemment pas, mais les principes qu’il viole d’abondance, si. Voici, dans l’ordre, le texte de Lipietz. Puis ma courte réponse. On n’est pas obligé de lire.

 

Les législatives et le journalisme à la Nicolino.


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Lundi 28 mai 2012

La campagne législative continue. Je fais un déplacement par jour en soutien aux candidatEs EELV, qu’ils ou elles soient « en autonome » ou en commun avec le PS. Je ne le raconte plus que sur mon mur ou sur ma page facebook. Et je constate que, dans la majorité des cas, un dissident PS leur est opposé, ce qui en dit long sur le sens de la parole donnée par ce parti. Mais bon, c’est pas un scoop, on le savait dès le départ.

La presse ne nous aide pas beaucoup, on dirait que la crise écologique est terminée, sans que l’on nous ait annoncé comment. Il faut, pour la suivre, consulter les pages économiques ou la presse spécialisée. La crise alimentaire continue, les prix agricoles flambent toujours sur le marché mondial, la malbouffe étend ses ravages sur dans les classes populaires de l’occident et maintenant des pays émergents. Le prix du pétrole fluctue à des niveaux qui début 2008 paraissaient déments. Les pays industrialisés renoncent un par un au nucléaire, sauf la France et la Chine. On apprend par La Recherche de Juin (entretien avec Cedric Philibert, de l’AIE) que la France a franchi le 8 février son record de consommation électrique (100 giga) et a dû acheter 9 giga à l’Allemagne, qui vient de fermer 8 réacteurs nucléaires. Ce jour-là, le photovoltaïque allemand avait produit 10 giga, rachetés au tarif garanti de 240 euros le mégawattheure par les entreprises électriques allemandes, et revendus 1700 euros sur le marché spot européen ! Mieux vaut en rire.

Un journaliste se réclamant de l’écologie offre d’autres occasions de rigoler (une fois blindé son sens de l’humour). Ce Monsieur Nicolino s’était distingué en plombant le lancement de Politis par un scoop vaseux, puis s’était rappelé à notre bon souvenir par une dénonciation calomnieuse du président de Greenpeace-France. D’habitude, il passe son temps à démolir le monde associatif, mais aujourd’hui il attaque violemment, sur son site, le site de campagne de la candidate écolo Marine Tondelier, opposée à Marine Le Pen à Hénin-Baumont, en ciblant particulièrement une interview de Dominique Voynet et… ma pomme.

On avouera qu’il n’y avait rien de plus urgent. Monsieur Nicolino a commis quelques livres de synthèses intéressants sur divers sujets de la lutte écologiste. Leur crédibilité est dorénavant entachée par la méthodologie dont se réclame ce journaliste (et dont cette affaire donne un aperçu). Mais reconnaissons qu’il sait choisir ses cibles avec précision. Aujourd’hui donc, les soutiens à la campagne de Marine Tondelier, les auteurs de son site, les militants de EELV.

Laissons Dominique répondre, si elle le souhaite. Dans cette chronique amusante, Nicolino me fait la grâce de s’intéresser à ma biographie. Ce qui est amusant, c’est la rage particulière que me voue ce journaleux, encore 10 ans après un lynchage médiatique que je pensais terminé. Deux points motivent sa fureur :

* J’occulterais, dans une notice biographique de quelques lignes, le fait que j’aie appartenu au groupuscule appelé GOP de 1974 à 1975,

* Je mentirais, en prétendant que j’ai été mineur dans les houillères du Nord-Pas de Calais.

Je le confesse : dans la très courte notice autobiographique de mon site, je ne me suis pas étendu sur mon passé lointain. J’aurais dû, dit Nicolino. D’ailleurs, chaque fois que j’en ai la place, je le fais (et gageons que le plumitif ne va pas manquer de me taxer d’auto-complaisance !) et cite avec une fierté nostalgique mon passage par la GOP. Signalons à Nicolino un moyen simple : on tape « Lipietz, GOP » sur Google. Un truc utile, pour un journaliste.

Faites–le. Si, si. Vous trouverez sans doute d’abord ma notice dans Wikipedia, puis un billet de mon blog où je raconte ma relation à André Gorz, puis les multiples articles et entrées de blog où je mentionne mon passage par la GOP etc.

L’article sur Gorz est intéressant car il évoque la filiation italienne (via Gorz ou directement via Il Manifesto et Lotta Continua) à l’origine de la GOP. Notre historien amateur a cependant la prudence de reconnaître que son information, qui fait de la GOP un groupuscule marxiste-léniniste-stalinien (caractérisation bizarroïde, pour qui connaît la GOP) et rapporte de mon passé des « témoignages » étonnants, n’est que de seconde main. Nicolino oublie de rappeler que je suis le théoricien du FLNC, un vieil ami des Farc, un soutien de Ben Laden.

Il lui aurait été facile pourtant de consulter mon site pour connaître mon rapport à Mao (et Staline). Car mes textes et mes évolutions sont publiques, même si je n’ai pas encore eu le temps (ou le narcissisme ?) de tout archiver sur mon site avant de recycler mes vieux papiers. Par exemple : l’article « D’Althusser à Mao ? ». Ou alors mes articles de l’époque, dans le journal de la GOP, L’outil des travailleurs.

Aucun intérêt, me direz vous. Sans doute, si ce n’est en l’occurrence de mesurer la conscience professionnelle des journalistes à la Nicolino. Elle éclate encore plus spectaculairement dans sa seconde critique. Je cite : « Alain Lipietz est né dans une famille bourgeoise, ce qui n’a rien d’une honte. Mais c’est un fait. Comme il est certain qu’il a intégré l’école Polytechnique, et qu’il est devenu plus tard ingénieur des Ponts et Chaussées, faisant du même coup partie de cette « noblesse d’État » décrite par Pierre Bourdieu. Il n’a donc pas été mineur. Jamais. Nulle part. Dans le cadre de son stage à Polytechnique, Lipietz a passé quelques semaines dans une houillère du Nord. Je ne sais ni ne souhaite savoir ce qu’il aura fait au cours de son séjour. Disons qu’il me paraît vraisemblable que les patrons des Charbonnages n’auront pas envoyé Lipietz au contact vivifiant des veines de houille et des coups de grisou. Disons. »

Voici le journalisme à la Nicolino : « Je n’en sais rien, et ne souhaite pas le savoir, mais disons. » C’est quasiment une thèse méthodologique. Une profession de foi déontologique. Disons. Ah, que voilà une belle maxime journalistique. Disons. Que répondre à cela ?

Il se trouve que c’est pourtant vrai, que j’ai été mineur, mineur de fond, en 3X8, habitant chez des mineurs, que j’ai connu le « contact vivifiant des veines de houille » et du perçage des galeries, que j’y ai perdu une partie de mon ouïe en maniant la foreuse, à défaut de connaître les coups de grisou (non, Monsieur Nicolino, on n’organise pas des coups de grisou pour « vivifier les mineurs », on essaie au contraire de les éviter, comme la silicose, non sans effet pervers, et d’ailleurs j’en ai tiré un texte, que j’ai perdu).

Pourquoi ce choix, alors que j’étais étudiant ingénieur ? Eh bien d’abord, c’était la mode. J’ai aussi, honte à moi, été paysan chez des paysans-travailleurs. Robert Linhart a tiré de son expérience un petit livre magnifique : L’établi. Et pourquoi mineur ? Parce que mon père, comme beaucoup de Polonais, avait été mineur. Vous voulez sa photo ? C’est raconté . D’ailleurs dans mon équipe de mineurs on ne parlait que polonais (plus rarement : chti), langue que mon père ne m’a pas transmise, et le volet propagandiste de mon « établissement » se révéla immédiatement un échec total.

Quand à mon expérience très enrichissante de la mine, c’est raconté dans mon livre L’audace ou l’enlisement (1984) et je n’ai pas souvenir qu’à l’époque cela ait été contesté. Tout simplement parce que ce n’était pas le sujet. Car figurez vous, M. Nicolino, que ce n’est pas en travaillant dans une mine (vers 1967 ou 68, je ne me souviens plus) que j’ai appris ce que je dis dans ce livre de 1984, et maintiens dans l’interview de 2012 pour le site de Marine Tondelier : que la fermeture des mines au long des années 70 s’est faite dans la plus complète indifférence de la part des technocrates qui en décidaient, à l’égard des conséquences psychologiques et sociales pour les mineurs et leurs famille du bassin houiller.

Évidemment, après mon expérience de mineur, j’ai gardé un faible militant pour le destin de ce métier, et je suis fréquemment retourné dans la région qui m’avait accueillie, comme on sait maintenant que savent accueillir les chtis. Dans L’outil, j’ai organisé la popularisation en France de la grande lutte des mineurs anglais.

Et pourtant, dans les années 80, j’ai approuvé la fermeture des mines de charbon. Seulement, moi, je suis allé « au front », discuter avec les mineurs sur les possibilités d’une reconversion dans la dignité.

Et je pense que c’est cela qui a manqué. Et qui, autant que la corruption de certains élus PS, explique le succès du Front National. Et que seule une politique écologiste, fondée sur le « sens de la mise valeur du domaine » (étymologie du mot éco-logie) peut refonder l’espérance dans les bassins industriels en déshérence. Et je souhaite le meilleur succès à Marine Tondelier.

Adresse de cette page : http://lipietz.net/?breve461

La réponse de Fabrice Nicolino

 Cher monsieur Lipietz,

N’étant pas familier de vos terres, je ne découvre votre texte que ce 3 juin. Il est possible que vous disposiez d’un fan club. Je dois dire que ce peut être rassérénant. Pour le reste, votre culot demeure intact. Est-ce que cela m’étonne ? Non.

Sur mon compte. Vous avez bien le droit de penser ce que vous voulez. Mais pourquoi diable inventer ? Je serais très surpris que vous puissiez préciser – mais préciser, j’y insiste – la nature du « scoop » qui aurait plombé Politis. Car la vérité, que vous trouverez auprès de MM.Besset, Langlois, Sieffert, est aux antipodes.

Au sujet du maoïsme, je ne vais pas m’étendre. Vous ne prenez pas même soin de nier être allé signer le livre de condoléances ouvert par l’ambassade totalitaire au moment de la mort de votre grand Timonier. Ni, pour sûr, que votre GOP a défilé ces jours de septembre 1976 avec le ban et l’arrière-ban de l’armée en déroute des maôlatres. Pour sûr, car il existe des preuves indiscutables.

Mais bien entendu, vous étiez, vous, Alain Lipietz, au-dessus de cela. Vous lisiez Gorz. Vous étiez déjà écologiste, qui sait ? La réécriture de sa propre histoire n’a jamais atteint les plus hauts sommets que chez les staliniens et autres maoïstes. Il y a tant à dissimuler ! Monsieur Lipietz, je vais droit au but : qui a soutenu l’effroyable dictateur que fut Mao, qui a célébré sa mort comme un deuil pour l’homme, a été le complice d’un crime inouï. Je comprends que vous souhaitiez à ce point camoufler vos engagements passés, mais il restera toujours quelqu’un – je l’espère – pour se souvenir.

Sur le reste, je constate avec (un faux) étonnement que vous ne donnez aucune date. Comme c’est fâcheux ! C’est d’autant plus fâcheux que la réponse figure sur votre site si prolixe, en toutes lettres. Je vous suggère donc de taper : http://lipietz.net/spip.php?article1116. Et que ne trouve-t-on pas sous la plume de Francine Comte Ségeste, que vous ne contesterez sûrement pas ? Ceci :  « Les douleurs du monde lui sont apparues [à vous], toutes noires, toutes crues, intolérables, lorsqu’en guise de stage pour Polytechnique, il a travaillé quelques semaines dans les mines, partageant la vie des mineurs du Nord ».

Quelques semaines ! Et sans témoin de vos exploits, monsieur Lipietz. Je crois avoir un autre rapport, plus décent, à la vérité.

Fabrice Nicolino

Un rajout, plus tard ce même 3 juin 2012

Je viens de lire, dans la souffrance, un texte d’Alain Lipietz qui date de 1973. C’est un texte théorique. Si. C’est tellement accablant – pour lui – que je garde mes commentaires. Une chose néanmoins : Lipietz était un admirateur de Mao. L’un des pires criminels de masse de l’histoire. On peut s’en moquer. On peut aussi garder cela dans un coin de la tête. Le texte, qui figure pour comble sur le site même d’Alain Lipietz : http://lipietz.net/spip.php?article787

Un deuxième rajout, encore plus tard, mais ce même jour

Et voilà que j’oubliais la forme. Très important, la forme. Que l’on songe au decorum des aveux et autocritiques en vogue dans le grand pays totalitaire cher à Alain Lipietz. Je vois qu’il n’a pas tout perdu en route. Je constate qu’il connaît encore la douce musique. Certes, la disqualification de l’autre, en tant que personne, pour ne pas avoir à répondre de soi et du fond, cette technique n’a pas été inventée par les staliniens et les maoïstes. Non pas. Mais elle n’a jamais été autant magnifiée que dans les paradis que furent l’URSS stalinienne et la Chine de Mao.

M.Lipietz aurait pu répondre sans insinuer avec force que je suis un mauvais professionnel. Qui aurait coulé un journal pour cause de mauvaises infos. Sans me traiter de « journaleux ». Sans affirmer – alors qu’il n’en a visiblement lu aucun – que mes livres ne seraient que synthèses. Mais faisant cela, restant sur le terrain de la critique, il eût dû expliquer pourquoi un stage de quelques semaines, en tant qu’élève de Polytechnique, peut se transformer en une profession, parmi les plus dures qui soient. Et bien entendu, c’eût été plus difficile.

Au reste, il est plaisant de voir M.Lipietz s’enferrer tout seul. Car ce stage, à l’en croire, a eu lieu en 1967 ou 1968. Or ce qu’on a appelé l’établissement – en usine -, qui n’a rien à voir, a commencé plus tard. Aussi la mention faite de Robert Linhart est-elle, mais faut-il s’en étonner ? un superbe anachronisme. Notez que j’aurais pu choisir un mot plus péjoratif.

Ultime précision : je ne connais pas Alain Lipietz. Je l’ai croisé peut-être trois fois dans ma vie. Je n’ai jamais eu aucune discussion avec lui. Je n’ai évidemment aucune vindicte contre lui. Sa personne m’est tout entière indifférente. Simplement, je crois et proclame qu’une parole publique engage celui qui la prononce. Et je continue de faire la différence entre le mensonge et la vérité, fût cette dernière relative.

Rajout du 8 juin 2012

Cela n’intéressera que quelques personnes, mais je tiens aux faits, malgré leur fragilité intrinsèque. Vous pouvez, si vous le souhaitez, vous rendre sur le site d’Alain Lipietz pour lire la suite de nos échanges stériles. Pour ma part, je tiens à publier les derniers ici, car ils me paraissent avoir un sens. Voici donc, et ce sera fini, sauf nouvelle imbécillité.

  • Les législatives et le journalisme à la Nicolino.

    je suis bien d’accord avec Nicolino qui est un homme tres engagé ne vous en deplaise et de terrain dans de multiples batailles bien reelles ,l’episode Politis est faux,quand a vos arguties habituelles,le,mensonge et la tyrannie ,on ne vous voit jamais sur le terrain ,arrachages OGM,GDS,etc ,Nicolino est radical,cad aller a la source, et dans la vérité de ce qui se passe chez les ecologistes avéres dont vous n’avez jamais été,point Ses livres sont plus efficaces pour des changements radicaux que votre prose mentale et hors sol


    Lundi 4 juin 2012 à 05h13mn28s, par Terre

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    • Les lecterus du journalisme à la Nicolino.

      Jamais sur le terrain ? Jamais arrachant des OGM ? eh bien faites comme Nicolino, allez voir sur mon site. Et changez de journaliste. Et oui , son scoop Politis était faux.


      Lundi 4 juin 2012 à 07h49mn18s, par Alain Lipietz (alain@lipietz.net)

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      • Les lecterus du journalisme à la Nicolino.

        Monsieur Lipietz,

        Je pressens – allez savoir pourquoi – que vous avez quelques difficultés avec les faits. Néanmoins, cela ne vous autorise pas à mentir grossièrement sur mon compte. Je vous ai déjà demandé de préciser l’accusation professionnelle concernant mon travail de journaliste à Politis, vous recommandant d’aller à la source, c’est-à-dire MM. Besset, député européen de chez vous, Langlois et Sieffert. Ils ne pourront que confirmer que je n’ai jamais donné le moindre scoop faux à ce journal. Tout au contraire, de très nombreuses enquêtes – la police municipale d’Hyères, la prévention du sida, la décharge de Montchanin, l’affaire Marletta, le laboratoire Speichim de Brioude, etc, etc. – ont toujours permis à cet hebdomadaire de déborder le cadre habituel de ses lecteurs.

        Monsieur Lipietz, je suis un homme patient, mais je ne goûte guère les calomniateurs, quel que soit l’étage auquel ils se trouvent. Je vous demande donc instamment ou d’apporter des preuves, ce qui sera impossible, ou de retirer ces mots, qui ne vous honorent pas.

        Fabrice Nicolino


        Lundi 4 juin 2012 à 16h18mn27s, par Fabrice Nicolino

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        • Les lecterus du journalisme à la Nicolino.

          Bon, alors, Monsieur Lipietz, vous répondez à Monsieur Nicolino ? C’est quoi, son scoop de Politis qui aurait été faux ? J’imagine que vous faisiez référence à des faits précis, sans cela vous ne vous seriez pas permis d’asséner cela sans preuve, hein. Le suspens est à son comble !!

          Une dernière remarque : si j’avais travaillé comme caissière deux semaines (ou deux mois, allez !) à l’été 73 pour payer un trip en Ardèche ou un bout de mes études, et qu’aujourd’hui, j’étais cadre supérieur chez Carrefour (par exemple), est-ce que je pourrais me permettre de proclamer à celles qui s’éreintent année après année à porter des packs de lait et à supporter un cheffaillon tyrannique et des clients irascibles : « j’ai été caissière, je sais ce que vous vivez, blablabla » ? Un peu de cohérence et d’honnêté. Votre envie de faire populaire vous fait piétiner la dignité de ceux dont la mine était le quotidien. Celle des mineurs, des vrais mineurs.

          Ingrid Martin

          PS : et n’oubliez pas les preuves du scoop bidon de Nicolino, hein ? Sinon on croira que vous disiez ça seulement pour le discréditer !


          Mercredi 6 juin 2012 à 12h46mn53s, par Ingrid Martin (ingrid.martin93@yahoo.fr)

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          • Les lecteurs du journalisme à la Nicolino.

            Aucun suspens, Madame Martin, la référence au scoop de Nicolino que je qualifie de « vaseux » est dans mon article : c’est le premier numéro (et les suivants) de Politis. Je crois meme me souvenir : en première page. C’est donc public, et vous pouvez vérifier vous même.

            Sur votre seconde remarque : j’ai du mal à comprendre. Ou vous avez été vendeuse, fût-ce pour payer un bout de vos études, ou pour y prêcher la sainte parole nicoliniste, et il n’y a aucune honte à le dire, il n’y a pas de saut métier et je dirais presque , au vu de l’ itinéraire de mes filles et petites filles, que c’est un cursus courant. Et c’est certainement une expérience enrichissante si aujourd’hui vous êtes devenue cadre, que ce soit dans la recherche universitaire ou chez Carrefour. A noter que lorsque je travaillais à la mine (plus pour des raisons politiques) je côtoyais de jeunes Marocains qui « payaient leurs études », ils n’en étaient pas moins mineurs que ceux qui faisaient ça de père en fils jusqu’à en mourir de silicose (et pas « coup de grisou », j’aurais au moins appris ça de plus que M. Nicolino sur la mortalité dans les mines).

            Ou vous n’avez « jamais nulle part  » été vendeuse, et si vous le dites , vous mentez. Point. Question de cohérence et d’honnêteté.


            Jeudi 7 juin 2012 à 10h17mn37s, par Alain Lipietz (alain@lipietz.net)

            lien direct : http://lipietz.net/?breve461#forum4351

        • La méthode « disons ».

          Cher Monsieur

          je crois avoir été clair dans mon billet : votre scoop vaseux était celui du numéro de lancement de Politis. Vous y affirmiez que les fûts de Sévéso étaient dans une décharge française, à Montchanin, je pense. J’y ai cru. Mais vous n’avez jamais pu le prouver. J’ai été éberlué qu’on lançât une telle accusation sans preuve. Politis vous a laissé poursuive quelques numéros, puis s’est discrètement désolidarisé.

          J’ai été éberlué qu’on lançât une telle accusation sans preuve. J’étais naïf sur certaines méthodes journalistiques. Depuis j’ai appris à connaitre l’origine de vos scoop vaseux : la méthode du « disons », que vous me faites l’honneur d’exercer sur ma biographie.

          Je vous imagine. « Les fûts de Séveso sont bien quelque part. A Montchanin. A jamais et nulle part ailleurs. Car je doute que les autorités italiennes les aient fourgués au soleil vivifiant de quelque carrière de la mafia napolitaine : elles débordent déjà. Or il existe une décharge de trucs degueu à Montchanin. Les fûts sont probablement là. Disons ».

          Je ne fais que paraphraser votre citation sur ma biographie. Quant aux « faits » que je rapporte , je ne peux pas les prouver, mais un bon journaliste doit pouvoir les vérifier assez rapidement, ne serait-ce qu’en recherchant sur mon site , comme pour mon appartenance à la Gop. Encore une fois Google n’est pas fait pour les chiens (mais si c’est seulement dans un de mes livres, faudra vous fatiguer à les lire) . J’ai été mineur, pendant un nombre de semaines dont je me souviens plus (mais j’ai revu avec terreur revenir plusieurs fois l’équipe de nuit, on travaillait en 4X 8 car il fallait une heure de marche au fond pour atteindre le front de taille , et je me souviens avoir râlé que j’aurais préféré qu’on se callât plusieurs semaines de suite en équipe de nuit), je ne me souviens plus si c’était en 67 ou en 68, et je crois me souvenir que c’était la Fosse 7 à Billy-Montigny. Vérifiez, c’est votre métier. Comme vous pouvez demander à voir ma signature sur les Livre de condoléances pour Mao à l’ambassade de Chine. Disons.


          Jeudi 7 juin 2012 à 19h10mn36s, par Alain Lipietz (alain@lipietz.net)

          lien direct : http://lipietz.net/?breve461#forum4352

          • La méthode « disons ».

            Cher monsieur,

            La méthode à Mimile Lipietz est une merveille. On a tous les droits, puisqu’on est chez soi, pas ? Vous un as, il n’y a pas à dire : concentrer tant d’erreurs en si peu de mots n’est pas à la portée de n’importe qui. Je vais vous répondre calmement.

            1/L’affaire de Montchanin a paru dans Politis deux ans après son lancement. Pas au moment de son numéro 1, donc.

            2/ Tantôt vous écrivez que j’ai donné un scoop vaseux, tantôt un scoop faux. Vous êtes visiblement doté d’une imagination rare, mais il me semble que vous vous surpassez. Vaseux, faux ? Est-ce bien la même chose ? Il vaudrait mieux choisir.

            3/ Vaseux, faux ? Ni l’un ni l’autre. J’ai écrit une bonne douzaine d’articles sur le sujet, dont vous n’avez à l’évidence jamais lu la moindre ligne. Au passage, quel mépris pour MM. Besset, Sieffert et Langlois – les responsables de Politis – qui m’auraient ainsi encouragé dans une voie calamiteuse. Le tout s’est étendu sur des mois, et ce dossier me rend aujourd’hui encore légitimement fier. Il contient, et il suffit pour cela de consulter la collection de Politis, un très grand nombre de documents nouveaux, qui sont accablants. Je pense, parmi tant d’autres éléments vérifiables, à la révélation et la publication d’un document portant sur la quantité exacte de « résidus chlorés » – la dioxine -, déclarée par les autorités italiennes. Ainsi que la révélation d’un programme caché de la décharge de Montchanin portant justement sur cette quantité de déchets spéciaux. Ainsi que la révélation, par un témoin direct, d’un enfouissement de nuit, à Montchanin, la nuit fatidique où, selon les premières déclarations italiennes, la dioxine de Seveso a été enterrée.

            4/Je pourrais continuer jusqu’à demain matin. Le fait que le gouvernement français – en avait-il les moyens ? – n’ait à l’époque que fait semblant de chercher ces 150 tonnes au milieu d’un million d’autres signifie donc, à vos yeux, que l’histoire ne tient pas ? Ma foi, pour un ancien maoïste, vous avez gardé le sens de la révolte.

            5/Il me semble me souvenir que, chez les maoïstes, les enquêtes auprès du peuple étaient réputées essentielles. Que n’interrogez-vous ceux qui, à Montchanin, ont mené la bagarre contre la décharge pendant quinze ans ? Tenez, je vous donne un nom, qu’il vous sera facile de retrouver : Pierre Barrellon, responsable de l’Association pour la défense de l’environnement montchaninois (ADEM). Appelez-le de ma part !

            6/Cette enquête sur Montchanin, ne vous déplaise, a fait le tour du monde, et conduit, en partie, au vote d’une loi sur les décharges en 1992. Laquelle n’a servi à rien, ou presque, mais c’est un autre sujet.

            7/Vous êtes un véritable calomniateur. Devrai-je ajouter : un véritable petit calomniateur ? Oui, je l’ajoute. Vous répandez les doux effluves du ragot, vous ne cherchez ni ne prouvez quoi que ce soit, et puis vous continuez à trôner sur votre (très modeste) Olympe. Ma foi, chacun sa vie. Je pense que vos méthodes eussent pu vous conduire à une belle promotion si la chance vous avait mieux servi.

            8/Enfin, et concernant la mine, je dois avouer que je suis soufflé ! Votre audace me confond. Vous reconnaissez donc, après vous être fait prier, que vous n’avez passé que quelques semaines, en stage de Polytechnique, dans une mine du Nord. Et vous assumez le fait insultant de déclarer dans une vidéo à destination des ouvriers de Hénin-Beaumont : « J’ai été mineur ». Soyez sûr que j’ai honte pour vous.

            Fabrice Nicolino


            Vendredi 8 juin 2012 à 03h42mn20s

            lien direct : http://lipietz.net/?breve461#forum4353

            • La méthode « disons » : pour conclure.

              J’ignore ce qui vous autorise à vous moquer de mon prénom. Il est vrai que je vous ouvre sans réserve mon site (« chez moi », comme vous dites) alors que moi je ne vais pas polluer le votre. Sur le fond, j’ai un peu l’impression qu’on tourne en rond.

              Vous persistez à affirmer l’exactitude de vos accusations : « mineur ? Jamais. Nulle part ! » tout en reconnaissant progressivement au fil des jours le caractère vaseux (dirais-je : « faux » ?) de ces accusations, devant l’évidence des témoignages figurant sur ce site, que vous auriez pu visiter dès l’origine au delà d’une biographie de quelques lignes. C’est ce que vous appelez vous-même « se faire prier pour reconnaître que… » : oui, oui , il faut lire plus que quelques lignes pour découvrir sur mon site que je me revendique de la GOP, que j’ai été mineur et dans quelles conditions. « OK, un peu (grommelez-vous), ok, au contact vivifiant des veines de houille, ok, quelque part dans le Nord-Pas de Calais, mais pas assez à mon gout : ça compte pas ». Votre gout, Monsieur, m’indiffère totalement et je ne me sens pas du tout concerné que vous ayez « honte pour moi ». Ne comptez pas sur moi pour qu’en échange j’aie honte à votre place.

              J’affirme et persiste et signe que votre scoop sur Seveso était « vaseux » et vous prie de m’excuser si dans un des commentaires de ce fil , agacé, je me suis laissé allé à écrire qu’il était faux. La méthode « disons » peut en effet tomber juste, comme le tirage au sort. « Le vrai peut quelque fois n’être pas vraisemblable » : l’inverse est vrai aussi. La décharge de Montchanin était une horreur et les fûts de Seveso aussi, mais il y en a bien d’autres (et des décharges, et des fûts) et il faut autre chose que des coïncidences pour sortir du journalisme à la Nicolino, le journalisme du « disons ».

              J’ajoute qu’elle (la décharge) reste une horreur même sans les fûts de Seveso et méritait d’être dénoncée, même sans ce douteux procédé journalistique.

              Là où je reste coi, c’est que ma mémoire associait ce scoop vaseux au lancement de Politis, qu’il avait plombé pendant des semaines. Vous affirmez qu’il ne s’agissait pas du numéro 1, dont acte. Peut-être une relance ? le passage à l’hebdo ? En revanche , j’ai gardé en mémoire tous les articles « faits troublants » que vous rappelez ici, mais qui ne constituaient et ne constituent toujours pas une base pour votre affirmation, au point que nos amis Besset, Sieffert et Langlois ont fini par se lasser.

              Je ne sais si les lecteurs et lectrices de mon site irons s’amuser à vérifier vos dire et les miens : cela me paraitrait perte de temps, et je ne vous réponds que par politesse puisque vous êtes « mon hôte ». Je recommanderais à ceux qui s’intéressent à votre querelle médiocre un seul petit test : revenir au point de départ, à votre attaque contre mon site où s’inaugure ce débat.

              Selon vous, à lire mon site, « Nul ne saura donc – notamment – que Lipietz a été un pilier du mouvement maoïste appelé Gauche ouvrière et paysanne, puis Gauche ouvrière et populaire (GOP) ». Il suffit de faire « GOP » sur le moteur de recherche (ou sur google) pour démasquer votre imposture.

              Le but n’était, il est vrai, pour vous, que d’attaquer la campagne de Marine Tondelier, adversaire écologiste de Marine Le Pen à Hénin-Baumont. Et mon modeste cas, comme celui de Dominique Voynet, n’y servait que de chiffon rouge. En ce qui me concerne, l’incident est clos, comme celui de Rue 89, autre style – économiquement différent – du journalisme du « disons ».


              Vendredi 8 juin 2012 à 06h05mn05s, par Alain Lipietz (alain@lipietz.net)

              lien direct : http://lipietz.net/?breve461#forum4354

Entartons les pompeux cornichons (le cas Geneviève Fioraso)

Je viens de rajouter (17h30, ce 25 mai) au bas de cet article un excellent portrait – vraiment d’une rare qualité – de madame Fioraso, tiré du mensuel de Grenoble Le Postillon. Dire que je ne l’avais pas vu ! Que Frédéric Boutet soit remercié.

Il y a de quoi dégueuler, purement et simplement. La nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, est une scientiste tragique, dans la veine de Claude Allègre. Certes, elle ne nie pas, comme lui, l’évidence. Mais elle est, comme lui, une détestable aventurière de l’esprit humain. En vrac, elle est pour les OGM et les biotechnologies, pour le nucléaire et les nanotechnologies. Elle a par exemple créé et dirigé une start-up du Commissariat à l’énergie atomique, le CEA, en 1989. Et elle est la présidente d’une société d’économie mixte appelée Minatec-Entreprises. Minatec est cette saloperie – 4 000 salariés – née de l’argent public et qui développe dans notre dos, à Grenoble, le cauchemar nanotechnologique.

Fioraso, qui ne s’arrête jamais, en tient aujourd’hui pour la « biologie de synthèse » (BS), nouveau champ délirant de la technoscience. Pour autant que je puisse résumer, cette BS entend développer, sans limite, une « ingénierie du vivant ». En manipulant, de manière à combiner les organismes réels et trucs et astuces de laboratoire. On peut de la sorte créer des génomes synthétiques. De nouvelles chimères, ouvrant la voie, évidemment, à la transformation commandée de l’homme. La voie est grande ouverte au transhumanisme, sans doute l’une des pires tentations de notre époque, qui n’en manque pas.

Madame Fioraso n’est pas une adversaire. C’est une ennemie de tout ce que je crois. J’assume ce mot. Il n’est pas pour autant question, je pense que c’est évident, de mener une action de force contre elle. Que ce soit juste – ce que je crois généralement -, que ce soit naïf – il m’arrive de douter -, je suis un non-violent. Ce qui n’empêche pas d’agir.  À destination de tous, et donc des gens de Pièces et Main d’œuvre (PMO), je suggère la création d’un collectif capable d’intervenir partout où cette dame interviendra ès-qualités. Il n’est pas possible, il n’est pas pensable que le mouvement de critique de la société n’intervienne pas. Ne serait-ce que sous la forme d’entartages à répétition (jets de tartes à la crème).

Vous trouverez ci-dessous une fiche du réseau Sortir du nucléaire consacrée à notre nouvelle ministre

Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, candidate PS sur la 1ère circonscription de l’Isère

Signe distinctif : Représentante du CEA

Membre de l’Office Parlementaire des Choix Scientifiques et Techniques, Geneviève Fioraso semble éprouver une grande fascination pour les technologies de toutes sortes : biotechnologies, nanotechnologies (elle est présidente de la SEM Minatec entreprises), et bien sûr le nucléaire, qu’elle considère comme une technologie « vertueuse ». Geneviève Fioraso est proche des milieux du nucléaire.

En 1988, elle participe avec Michel Destot à la création de Corys, une start-up spécialisée dans la réalisation de simulateurs industriels, notamment pour les centrales nucléaires, et résultant de la privatisation d’une activité développée au sein du Commissariat à l’Énergie Atomique autour du réacteur Siloette [1]. Avec son compagnon Stéphane Siebert (actuellement directeur délégué de la recherche technologique au CEA), elle codirigera Corys jusqu’au dépôt de bilan de la société en 1995.

Nommée directrice de cabinet de Michel Destot, elle restera très proche du CEA [2]. Ses rapports parlementaires [3] témoignent d’une confiance démesurée dans la technologie nucléaire. Dans son dernier rapport pour avis sur le budget 2012 de l’industrie et de l’énergie, elle affirme notamment que le réacteur EPR « peut supporter la fusion de son coeur sans danger pour quiconque » [4] et que « la durée de vie d’une centrale correctement entretenue est aujourd’hui de 50, voire 60 ans », alors qu’aucun réacteur dans le monde n’a encore atteint cet âge. Elle déclare également que le nucléaire est une énergie « nationale » [5], oubliant un peu légèrement que tout « notre » uranium est désormais importé… Depuis mars 2010, elle remplace Christian Bataille comme représentante des parlementaires au Conseil d’Administration de l’Agence Nationale pour la Gestion des Déchets Radioactifs [6]

> Voir sa page sur le site de l’Assemblée Nationale

[1] http://www.corys.fr

[2] http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=373

[3] http://www.genevieve-fioraso.com/documents/

[4] pourtant, dès 2003, une association allemande mettait en garde contre les risques d’explosion d’hydrogène en cas de fusion du coeur de l’EPR : www.atomenergie-und-sicherheit.de/epr_sicherheit_1.pdf

[5] http://www.assemblee-nationale.fr/13/budget/plf2012/a3807-tii.asp#P911_92457

[6] http://www.andra.fr/pages/fr/menu1/l-andra/qui-sommes-nous-r/membres-du-conseil-d-administration-6638.html

Ci-dessous, le formidable portrait tiré du Postillon, que je n’avais pas vu avant que Frédéric Boutet ne me le signale. C’est donc un rajout, ce même 25 mai, un peu plus tard.

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Geneviève Fioraso™, l’élue augmentée

Vous avez certainement déjà entendu parler de «  l’homme augmenté ». Ce vieux rêve de la science fiction, des eugénistes et des transhumanistes – augmenter les performances humaines grâce aux progrès technologiques – devient réalité dans les laboratoires du monde entier. Le jour où l’on verra des cyborgs dans la rue se rapproche. En attendant, on peut observer un prototype grenoblois : l’élue augmentée, plus connue sous le nom de « Geneviève Fioraso™ ». Actuellement au poste de députée, d’adjointe à la Ville de Grenoble (chargée de l’économie, l’emploi, l’université et la recherche), de première vice-présidente de la Métro (chargée du développement économique, universitaire, scientifique et de l’innovation), et de présidente de la SEM Minatec Entreprises, c’est une innovation développée par le Parti socialiste en partenariat avec le Commissariat à l’énergie atomique et les grandes entreprises de la région. La preuve de la réussite de ce produit ? Geneviève Fioraso™ a été chargée de l’« innovation  » dans l’équipe de campagne du candidat à la présidence de la République François Hollande.

Tous les jours, Geneviève Fioraso™ se dépense sans compter pour «  monter des projets  » et « faire aboutir des dossiers  ». Inlassablement, l’élue augmentée se dévoue avec le même élan pour la cause de l’Innovation, repoussant toujours plus loin les capacités de l’élu du peuple. La perfection du système est telle que Geneviève Fioraso™ ne s’arrête jamais, pas même pour penser : aucune réflexion ne vient retarder sa quête du Bien, c’est-à-dire du Progrès Technologique. Alors que Geneviève Fioraso™ se démène actuellement sur plusieurs fronts – de la ville intelligente à la promotion de la biologie de synthèse, de l’industrie innovante à sa réélection au poste de députée de la première circonscription de l’Isère –, partons à la découverte des fonctionnalités de cette post-élue.

«  Ils m’appelaient Miss dollar, s’amuse-t-elle. C’est vrai. Ça ne sert à rien de chercher à faire le top du top si on ne le vend pas. Il faut coller à un cahier des charges et dégager de la marge pour réinvestir dans la R&D…  »2. Ainsi parle Geneviève Fioraso™, alias Miss Dollar, surnom donné par ses collègues de la start-up Corys où elle a travaillé dans les années 1990. Chez elle, «  le style spontané est direct, rapide, efficace, sans formules de politesse  » et elle est « ‘‘à l’aise dans le monde du business, elle sait parler prix, profit…’’, note Guy Sarrey, de Grenoble Ecole de Management »3. Dans le monde d’aujourd’hui, savoir parler prix et profit plutôt que salaires et acquis sociaux est un réel atout pour les représentants du peuple.

Le langage fait partie des nombreux avantages que possède l’élue augmentée. C’est un point essentiel car il permet de multiples développements. Ainsi quand les élus 1.0 restent entre eux à cause de leur langage non-adapté au monde de l’entreprise, Geneviève Fioraso™ parle avec les patrons et «  œuvre depuis dix ans pour un rapprochement entre les milieux économiques et politiques  ». Elle proclame même fièrement : « Notre municipalité de gauche travaille étroitement avec la Chambre de Commerce et d’Industrie  »4.

Que ceux qui croient que son étiquette « socialiste  » implique un rapport avec la dépassée « lutte des classes » ou la délirante «  fin du capitalisme  » se rassurent tout de suite. L’époque où elle était, selon elle, « un peu ‘‘écolo gaucho’’ et vivait en communauté, style baba très coloré, en salopette rouge »5 est heureusement bien révolue. Aujourd’hui Geneviève Fioraso™ est plus que socialiste : elle est strauss-kahnienne. À l’occasion de l’injuste mise en cause de son mentor en mai dernier, elle déclarait : « J’aimerais que tout cela soit un cauchemar dont nous allons nous réveiller »6. Quelques mois auparavant, elle avait fait preuve de toute sa lucidité : « DSK est celui qu’il nous faut dans ce monde de zapping. DSK est stable et pas compulsif comme Sarkozy »7.

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En fidèle de DSK, Geneviève Fioraso™ a su développer des connexions solides avec les patrons grenoblois. De Frédéric Abbal (président de Schneider Electric France) à Jean Therme (directeur du CEA-Grenoble), en passant par André-Jacques Auberton-Hervé (PDG de Soitec), Bruno Cercley (PDG de Rossignol), Nicolas Samman (directeur R&D d’Eaton) et Michel Cosnard (président de l’Inria), on ne compte plus les photos côte à côte, les communiqués communs, les félicitations réciproques, les enthousiasmes partagés de la Geneviève Fioraso™ avec les patrons grenoblois. Mais cette proximité ne se contente pas des paroles et des flashs des journalistes, elle se traduit en actes. Geneviève Fioraso™ peut déclarer fièrement, à propos de Jean Therme, initiateur de Minatec (premier pôle européen pour les nanotechnologies), de GIANT (projet visant à transformer la presqu’île grenobloise en un «  campus mondial d’innovation  ») et promoteur de l’urbanisation intensive du Sillon alpin : « Le directeur du CEA nous fait courir, mais nous suivons  »8.

Les raisons de cette symbiose sont multiples. Penchons-nous sur son parcours professionnel. Titulaire d’une maîtrise d’économie et d’anglais, Geneviève Fioraso™, a été professeur d’anglais, « chargée d’information » à la Ville de Grenoble, attachée parlementaire d’Hubert Dubedout (ancien député-maire de Grenoble) puis a été incubée pendant six ans à Corys. Dans cette start-up du CEA crée par Michel Destot et spécialiste dans le domaine de la simulation nucléaire, elle a été « cadre de direction » et « directrice-adjointe en charge des projets européens et de recherche et développement  ». Cette expérience, débouchant sur un redressement judiciaire de l’entreprise (voir encart), lui a fait comprendre les énormes contraintes que doivent affronter chaque jour les cadres et les dirigeants. Après un nouveau passage à la mairie de Grenoble, à la direction du cabinet de Michel Destot, elle a été optimisée par son passage à France Télécom. Cadre marketing à temps partiel de 2001 à 2004, en plus de son poste d’adjointe à la ville de Grenoble, elle a pu intégrer là-bas, à son poste de «  chargée des marchés émergents dans le secteur social-santé  », les bienfaits du management, de la flexibilité, de la privatisation et de tout ce qui fait le bonheur des salariés de France Télécom.

Geneviève Fioraso™ est également parvenue à casser les frontières entre la vie publique et la vie privée. Les rares loisirs qu’elle se programme, elle les réalise avec des patrons : à l’Ekiden (marathon par équipe) de Grenoble en 2011, elle fait équipe avec Tristan Rousselle, qui dirige l’entreprise de biotechnologie Px’Therapeutic. En 2007, elle affirmait, pour ne pas perdre de temps, avoir «  ‘‘beaucoup de copains dans le milieu professionnel’’. Façon pragmatique de régler le problème. De même, elle travaille avec son compagnon, directeur général des services de la Ville, et affirme être ainsi épanouie dans sa vie hyperactive »9. Elle entretient en effet un partenariat conjugal avec Stéphane Siebert, qui est maintenant adjoint à la Ville de Grenoble au développement durable, en charge du projet Giant et – mais c’est un hasard – directeur délégué de la recherche technologique au CEA. Cette proximité de centres d’intérêts et de responsabilités permet d’optimiser les quelques repas et détails de la vie quotidienne qu’ils partagent dans leur luxueuse résidence de l’avenue Félix Viallet.

Car l’élue augmentée déteste perdre son temps à des choses inutiles. « Je suis incapable de lire une BD sur le canapé. Peut-être ai-je peur du vide ?  » Lire une BD ? Et pourquoi pas rêvasser ou réfléchir ? Cette strauss-kahnienne, qui se dit «  féministe depuis son entrée en politique »10, est parvenue à prouver que les femmes pouvaient faire de la politique comme les hommes. Qu’elles étaient également capables de toujours foncer et de ne jamais se poser de questions. Qu’elles pouvaient tout autant se mettre en avant et faire don de leur personne à la communication, comme le faisait perfidement remarquer Le Canard enchaîné (02/02/2011) : « Dans sa ‘‘lettre’’ distribuée à toute sa circonscription de l’Isère, Geneviève Fioraso est parvenue à faire apparaître seize fois sa photo en quatre pages. Notre concours ‘‘ma binette’’ partout continue  ».

Plutôt que penser, Geneviève Fioraso™ préfère se dépenser : «  Levée avant 7h30, elle lit les journaux, s’occupe de son blog, répond aux mails, enchaîne rendez-vous et réunions, puis finit par des dossiers… jusqu’à minuit. (…) Elle tire sur la corde jusqu’au surmenage. Parfois, ça craque. ‘‘J’ai du mal à me dire que j’ai des limites. C’est complètement infantile’’, lance-t-elle »11. Pas de limites. Pour elle, pour l’économie, pour le développement technologique, pour la ville, pour la cuvette grenobloise. Toute entière tournée vers la Croissance, Geneviève Fioraso™ est l’élue «  no limit  ». Une philosophie qui rejoint celle de l’homme augmenté, dont le but est avant tout de repousser toutes les limites (faiblesse physique, maladie, dépression, vieillesse) que doit affronter l’homme ordinaire.

Bien que l’élue augmentée concède n’avoir « jamais été très forte pour les dogmes »12, elle défend quand même avec une vaillante ardeur une valeur fondamentale : l’Innovation. Ainsi déclare-t-elle dans Le Métroscope de janvier 2012 : « nous ne vivons que de nos projets, et nos projets c’est l’innovation ». Dans une perspective augmentée, l’Innovation est en effet centrale. C’est même la valeur morale de base, sur laquelle repose tout le processus de l’augmentation. C’est elle qui permet de sans cesse regarder en avant et de comprendre que le Bien est à rechercher vers le Nouveau et jamais – non, jamais – vers le passé, le dépassé, le repassé. Impatiente car exigeante, elle est parfois un peu dure avec ceux qui ne comprennent pas ce postulat évident. Dans son numéro de février 2011, le magazine Acteurs de l’économie Rhône-Alpes déplore dans son éditorial qu’ « une députée de l’Isère ait fait interdire sine die les partenariats de la Ville de Grenoble en rétorsion à des articles qu’elle estime desservir l’image de l’agglomération  ». Mais elle travaille sur elle et selon Annie Deschamps, ancienne première adjointe à la Ville de Grenoble : «  Elle admet désormais que d’autres puissent penser différemment  »13. Son problème, c’est qu’elle a déjà tout compris. À l’excellent site Cleantech Républic (19/01/2011), elle confie : «  notre job, à nous les élus, c’est faire en sorte que ce mouvement [NDR : de l’innovation] ne s’arrête pas et faire en sorte que la dynamique s’accélère et s’enrichisse  ». Une philosophie résumée dans la maxime inscrite sur sa carte de vœux 2012 : «  la meilleure façon de créer l’avenir, c’est de l’inventer  »14.

Le rapport à l’industrie de Geneviève Fioraso™ est à ce titre exemplaire. Face à la crise que traversent de nombreux secteurs industriels en Isère, Geneviève Fioraso™ ne tombe pas dans la facilité d’accuser la mondialisation, le capitalisme ou le libéralisme. Elle ne cède jamais à la tentation du populisme, de la démondialisation et du protectionnisme. Exemple : quand Photowatt, entreprise de panneaux solaires du Nord-Isère actuellement en dépôt de bilan, doit « faire face à une concurrence par les prix venus d’Asie où les fabricants produisent dans des usines de capacités au moins dix fois supérieures et bénéficient de fortes économies d’échelle  »15, l’élue augmentée préfère accuser l’Etat et son « manque de vision industrielle à long terme  ». Surtout, elle propose de « ré-industrialiser par l’innovation  », titre d’une de ses tribunes dans le très socialiste journal Les Échos (9/12/2011). Sur ce tableau, elle ne se contente pas de phrases incantatoires mais cite également des réussites locales : «  L’exemple le plus frappant cité en exemple par Geneviève Fioraso est celui d’une petite entreprise industrielle dans le secteur de la plasturgie. Cette PMI spécialisée dans la fabrication de tuyaux en plastique et menacée par la concurrence venue pour l’essentiel des pays à faible coût de main-d’œuvre, ne doit son salut qu’au Commissariat à l’énergie atomique (CEA). (…) C’est en proposant d’équiper les tuyaux de capteurs, autrement dit de donner au produit des fonctions nouvelles que le CEA a permis à la petite entreprise en question non seulement de survivre, mais de doubler ses équipes de production et de devenir un acteur majeur dans son secteur et à l’international  »16.

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Mettre des capteurs partout, dans les tuyaux comme dans les bâtiments : voilà l’idée centrale défendue par Geneviève Fioraso™. Une idée qui est, à n’en pas douter, promise à un bel avenir et qui pourrait bien sauver la Gauche et la France. Geneviève Fioraso™ en fait en tout cas l’alpha et l’omega de sa politique. À travers les projets de développement urbain de la caserne de Bonne, de Bouchayer-Viallet ou de Grenoble Presqu’île, elle veut faire muter Grenoble en une écocité intelligente. Pour construire cette ville augmentée, elle met tout en œuvre pour développer les « smart grids  », c’est-à-dire les réseaux intelligents, construits à base de puces et de capteurs. Les premiers à avoir la chance de tester cette « révolution urbaine » sont des habitants de la caserne de Bonne : «  Gaz et électricité de Grenoble ‘’recrute’’ actuellement 500 foyers de la ZAC de Bonne et de la Presqu’île, pour tester des ‘’smart grids’’, réseaux intelligents de gestion de l’énergie. (…) Chaque foyer testeur va être équipé d’un compteur Linky, dit ‘’intelligent’’, ainsi que d’une ‘’box’’ de gestion de l’énergie »17.

Mais ce n’est qu’un début. Sur le site Cleantech Républic (19/01/2011), elle annonce que « sur la presqu’île scientifique, on va un peu se déchaîner entre guillemets sur les démonstrateurs, avec une expérimentation de smart grids, (…) une expérience grandeur nature, (…) de nouvelles pratiques, de nouveaux usages et c’est bien entendu là où on intervient, nous les collectivités. C’est pour soutenir la recherche mais aussi pour faire le lien entre l’usager, consommateur et surtout citoyen (sic) et puis les technologies. Parce que si ces technologies ne sont pas appropriées par le citoyen, ça ne marche pas. (…) On est vraiment un pôle d’expérimentation dans le domaine des smart grids. On y réfléchit beaucoup ». À la base de ces smart grids, il y a les fameux compteurs intelligents Linky. Et ce n’est pas un hasard si Atos Origin, la firme qui conçoit Linky, a choisi d’installer ses nouveaux locaux et ses 700 collaborateurs grenoblois dans le nouveau quartier Bouchayer-Viallet (voir Le Postillon n°10). Car l’aménagement de ce quartier, en phase d’achèvement, a été mené par… Geneviève Fioraso™ !

Une des entreprises que Geneviève Fioraso™ affectionne particulièrement est la société Bull. Tous les trimestres, elle se rend dans ses locaux d’Échirolles pour «  faire le point sur les dossiers à venir ». Après sa dernière visite, elle a vanté sur son blog les mérites de cette entreprise : « Fournisseur de supercalculateurs parmi les plus puissants au monde, acteur majeur des systèmes numériques, Bull est un bel exemple d’une croissance renouvelée par l’innovation  ». C’est effectivement un bel exemple : la société a fait parler d’elle récemment dans les journaux car une de ses filiales, Amesys – qui possède également des locaux à Échirolles – avait vendu à feu Khadafi un système informatique baptisé Eagle de « surveillance massive  » de l’Internet, «  à l’échelle d’une nation  », ayant beaucoup servi au régime libyen pour traquer ses opposants. Exporter le savoir-faire français à l’étranger, voilà une des solutions prônées par l’élue augmentée pour avoir «  une croissance renouvelée par l’innovation ».

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Le 6 mai, à Grenoble, l’élue augmentée laisse libre cours à son enthousiasme.

Son désir de changer la vie ne s’arrête pas à la porte des appartements, ni aux fonctionnalités des ordinateurs. En 2011, à la demande du président de l’Assemblée nationale, elle réalise un rapport parlementaire sur la biologie de synthèse (voir encart), discipline considérée comme « une nouvelle révolution industrielle », visant à développer «  la modification rationnelle et maîtrisée du vivant » grâce aux «  convergences entre nanotechnologies, sciences de la vie et de l’information, appelées convergences NBIC (Nano-Bio-Info-Cogno) »18. En clair, grâce à ces « nouveaux OGM », l’émergence d’« hommes augmentés » sera accélérée et améliorée. Geneviève Fioraso™ pourra enfin se sentir moins seule dans ce monde pour l’instant tristement peuplé de personnes imparfaites, sensibles, réactionnaires.

Dans son rapport fait au nom de l’Office parlementaire de l’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) , l’élue augmentée prend les devants et tente d’éviter pour la biologie de synthèse les scénarios obscurantistes et rétrogrades qu’ont dû subir les OGM et les nanotechnologies : « du fait de ses nombreuses applications potentielles, la biologie synthétique est considérée comme une nouvelle révolution industrielle, même si les débats sur les enjeux sont encore actuellement limités à des cercles fermés. Dans ce contexte, je me félicite que l’Office s’en soit saisi très en amont, ce qui devrait permettre un débat responsable sur les risques et les avantages de la biologie synthétique et empêcher les dérives qui ont marqué les débats sur les OGM et les nanotechnologies ». Elle s’insurge – à juste titre – contre les prises de position de ceux qui osent en parler alors qu’ils n’ont pas reçu son autorisation : « S’agissant du rôle joué par l’association VivAgora, je dois déplorer certaines de ses déclarations qui, comme celles de Craig Venter, peuvent avoir des effets dommageables, même si, j’en conviens, à la différence de Pièces & Main d’Oeuvre, elle accepte de participer au débat ». Son rapport a débouché sur la création d’un site ministériel de promotion de la biologie de synthèse.

Ce n’est pas la première fois que Geneviève Fioraso™ vient apporter tout son savoir-faire au soutien des nouvelles technologies. Déjà en 2002, dans les réunions de la Métro, elle argumentait avec une admirable rhétorique : « Je ne comprends pas qu’on s’en prenne comme ça à Biopolis [NDR : pépinière d’entreprises], alors qu’à Minatec on fera des choses bien plus dangereuses  ». Et quand elle parle de santé, c’est avant tout pour s’émerveiller devant la niche économique que ce domaine représente : « On parle déjà de bioéconomie et les chiffres sont éloquents : le seul domaine de la santé humaine représente aujourd’hui 12% du PIB américain. Et, dans un contexte économique déprimé, l’industrie du médicament (premier poste à l’export avec la chimie pour la France !) a crû de 5% en Europe. Enfin, une récente étude évalue le coût des maladies du cerveau, pour les 514 millions d’habitants de l’Union Européenne, à 798 milliards d’euros pour la seule année 2010. »19

Voilà donc comment, au quotidien, Geneviève Fioraso™ invente le socialisme de demain. Un socialisme non-idéologique, où les élus n’ont plus peur de s’afficher avec les patrons et d’accéder à toutes leurs demandes. Un socialisme pragmatique où la quête de la justice sociale et de la protection de l’environnement sont portés par la fuite en avant technologique. Un socialisme moderne, où l’on accepte la compétition mondialisée entre les peuples et la guerre économique de tous contre tous. Un socialisme efficace, où la volonté d’améliorer le sort des hommes se résume au développement de prothèses technologiques en tous genres.

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Bonus

Combien ça coûte ?

L’élue augmentée jouit du salaire qui va avec : augmenté. Entre ses indemnités de députée (7 008,65 € bruts en plus de toutes sortes d’indemnités), d’adjointe à la Ville (1346,85 € bruts), de vice-présidente de La Métro (1533 € bruts), de présidente de la Sem Minatec (plafond mensuel net de 750 € et plafond d’avantages en nature de 100 €), de professeure à Sciences-Po Paris (chiffres non communiqués), Geneviève Fioraso™ touche plus de 10 800 € bruts, soit au moins 8000 euros nets mensuels. À bientôt 58 ans, elle assure n’être « pas du tout dans des relations de pouvoir »20. Mais – et alors qu’elle vise une seconde élection en juin prochain au poste de députée de la très bourgeoise première circonscription de l’Isère – elle peut déjà estimer avoir réussi sa vie.

Corys, l’entreprise qui a pris la ville

Michel Destot, Geneviève Fioraso™ et Stéphane Siebert. Tous trois travaillent actuellement à la Ville de Grenoble, respectivement aux postes de maire, d’adjointe à l’économie, et d’adjoint au développement durable. Tous trois mènent la plupart des grands projets de la municipalité (candidature ratée – aux Jeux olympiques, réaménagement urbain de Bouchayer-Viallet et de la presqu’île scientifique, campus mondial d’innovation GIANT, pôles de compétitivité, etc.). Tous trois sont passés par l’entreprise Corys, start-up issue du CEA créée par Michel Destot en 1989, présentée sur son site comme « un des acteurs mondiaux de référence dans le domaine des simulateurs  », tant dans le domaine du nucléaire que des transports. Destot aimerait faire aujourd’hui que le développement de cette entreprise soit « une belle histoire, une success story  » (Le Daubé, 01/04/2011). Ce n’est pas exactement l’avis du tribunal qui avait mis la société en redressement judiciaire en 1997.

Mandatés en 1998, des experts judiciaires avaient alors démontré que les comptes ont commencé à être dans le rouge quand Destot et sa bande étaient encore aux manettes : « compte tenu de tous ces éléments, on constate que la société se trouve dans une impasse financière dans le courant de l’exercice 1995. On peut de ce fait penser que la société CORYS SA se serait trouvée en cessation de paiement courant 1995, si elle avait respecté les règles régissant le financement des entreprises  » (Le Rouge et le Vert, 8/04/2011). Si on en entend encore parler aujourd’hui, c’est qu’elle a été rachetée par une filiale de la Lyonnaise des Eaux en 1997, et qu’aujourd’hui le géant du nucléaire Areva est son actionnaire principal.

Sa première circonscription

Ce n’est pas un hasard si la socialiste Geneviève Fioraso™ est députée sur la première circonscription : elle a été «  taillée pour la droite » par Charles Pasqua pour son ami Carignon. Elle comprend, outre quelques quartiers de Grenoble, toutes les communes les plus riches de l’agglomération : La Tronche, Corenc, Meylan, St-Ismier, Montbonnot, Biviers. Si Geneviève Fioraso™ l’a remportée en 2007 après un duel fratricide à droite entre Carignon et Cazenave, elle a encore de fortes chances de l’emporter en juin 2012. Le candidat investi par l’UMP est le président départemental Jean-Claude Peyrin, mais il devra faire avec une candidature dissidente, celle de la maire de Meylan Marie-Christine Tardy. Un suspense terrible.

La biologie de synthèse

La biologie de synthèse est un des nouveaux champs d’application de la fuite en avant technologique. Il s’agit ici ni plus ni moins de «  recréer la vie  » grâce aux «  convergences entre nanotechnologies, sciences de la vie et de l’information, appelées convergences NBIC (Nano-Bio-Info-Cogno) ». On peut avoir quelques idées des applications possibles en lisant des articles, comme celui d’Hervé Le Crosnier, paru sur blog.mondediplo.net le 21/05/2010, « La boîte de Pandore de la biologie synthétique » : «  Car les craintes sont importantes : développement d’armements biologiques ; conséquences pour les employés des laboratoires en contact avec des virus extrêmement pathogènes ; et risques d’un relâchement accidentel dans l’environnement d’organismes de synthèse (…). Aux journalistes qui lui demandaient s’il n’avait pas le sentiment de jouer à Dieu, Hamilton O. Smith, prix Nobel, actionnaire de Synthetic Genomic Inc., répond par sa blague favorite : « Nous ne jouons pas. » (…) Car au fond, c’est bien une logique prométhéenne qui se répand dans la recherche aujourd’hui : une volonté de « réparer la machine-terre », depuis sa structure globale par le « géo-engineering » jusqu’à la nanomatière, en passant évidemment par la « maîtrise » du vivant. La nature n’est plus le modèle unique et singulier que la science doit interpréter, mais un simple objet que les ingénieurs doivent améliorer…. et si possible au nom de la « liberté du chercheur », c’est-à-dire sans que les citoyens puissent s’emparer ni des décisions d’orientation de la recherche, ni de l’évaluation des conséquences tant sur l’environnement naturel que sur les fondements sociaux… ni même des conséquences philosophiques, avec cette quête extrême du pouvoir sur le vivant. (…) Car les technologies en jeu forment une épée de Damoclès excessivement tranchante. C’est en octobre 2004 déjà qu’un éditorial de la revue scientifique Nature précisait : « Si les biologistes sont sur le point de synthétiser de nouvelles formes de vie, l’étendue des désastres qui pourraient être provoqués volontairement ou par inadvertance est potentiellement immense ». »


1 Entretien millésime 2010 à lire ICI ; les anciens numéros sont consultables en ligne ICI.

2 Journal des entreprises – Isère, 2/10/2009.

3 Acteurs de l’économie Rhône-Alpes, mai 2007.

4 Le Point, octobre 2009.

5 Acteurs de l’économie Rhône-Alpes, mai 2007.

6 Blog de Geneviève Fioraso. http://www.genevieve-fioraso.fr/

7 Le Daubé, 31/03/2011.

8 Les Échos, 21/10/2008.

9 Le Point, octobre 2009.

10 Le Daubé, 31/03/2011.

11 Acteurs de l’économie Rhône-Alpes, mai 2007.

12 Acteurs de l’économie Rhône-Alpes, mai 2007.

13 Acteurs de l’économie Rhône-Alpes, mai 2007.

14 Blog de Geneviève Fioraso.

15 L’Expansion, 04/11/2011.

16 www.lepays.fr, 03/11/2011.

17 20 minutes, 28/11/2011.

18 Sur son blog.

19 Blog de Geneviève Fioraso.

20 Journal des entreprises – Isère, 2/10/2009.

Ce beau gouvernement plein de promesses (Patrick Vieu au pouvoir)

Je serais étonné que vous connaissiez monsieur Patrick Vieu. Moi-même,  je n’ai découvert son existence que par un lecteur avisé de Planète sans visa, Salin, que je remercie évidemment. Vieu, ce type formidable, est administrateur civil hors classe. Énarque, il est employé par l’État dans le cadre d’expertises et missions de contrôle. Et sa spécialité, c’est la bagnole et le transport. Reconnaissons, car je sais être beau joueur, que M.Vieu a aussi travaillé pour avec la SNCF [merci à Domenach] et sur les transports collectifs. Mais l’un de ses actes de gloire semble bien être le viaduc de Millau, dans l’Aveyron, que tant de cuistres présentent comme la huitième merveille du monde. Moi, comme je connais bien les lieux, je trouve que ce pont suspendu entre deux Causses, au-dessus de la vallée du Tarn, est un crime. Voyez, les points de vue sont divers.

Patrick Vieu, sauf erreur que je suis prêt à rectifier, n’est pas Ingénieur des Ponts et Chaussées. Mais il est dans une telle proximité avec cette noblesse d’État qu’il siège au Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), en qualité de numéro 2. Mazette ! Je vous prie de m’excuser, mais je crains que vous ne réalisiez pas tout à fait. Ce CGEDD résulte d’une fusion bureaucratique entre le Conseil général des ponts et chaussées (CGPC) et le Service de l’inspection générale de l’environnement (SIGE). Les Ponts et Chaussées, caste qui remonte à 1716, ont une histoire liée de façon définitive à la révolution industrielle. Ses ingénieurs – un peu plus de 1500 de tous âges en 2009 – ont dévasté la France comme bien peu. On leur doit canaux et rivières « rectifiées », équipements touristiques et barrages, routes et autoroutes, ports et aéroports, châteaux d’eau et ronds-points, et même un peu de nucléaire sur les bords. Cet État dans l’État est aux antipodes de la démocratie. Ils commandent, nous subissons.

Patrick Vieu siège donc au sommet de ce bastringue. Et le viaduc de Millau lui arrache des sanglots de fierté. Pour bien saisir, je vous prie de lire des extraits d’une brochure officielle – et ministérielle – consacrée à ce puissant chef-d’œuvre de l’humanité. Il est possible que Patrick Vieu en soit au moins le co-auteur. Je ne le sais pas avec certitude – le rédacteur, en sa modestie, reste inconnu -, mais comme Vieu a écrit des choses fort voisines, je suis sûr que cet administrateur hors classe ne s’en offusquera pas.

LES EXTRAITS DE LA BROCHURE  : L’A75 et le contournement de Millau. L’expertise de l’État et l’excellence des entreprises au service de l’équipement et de l’aménagement du territoire.

L’A75 : une autoroute respectueuse des paysages, de l’environnement et du patrimoine
Désormais, un projet routier ne peut plus s’envisager sans intégrer pleinement la notion de développement durable. L’environnement et le patrimoine paysager et culturel ont été particulièrement pris en compte pour que soit respecté la variété des territoires traversés comme les monts de la Margeride dans le Cantal, les monts d’Aubrac et les gorges du Lot dans la Lozère, les causses de Séverac et du Larzac dans l’Aveyron, et après avoir franchi le Pas de l’Escalette, la plaine du Languedoc dans l’Hérault. L’objectif a été de préserver la biodiversité et les paysages. Millau et ses environs sont également riches de sites archéologiques de la préhistoire et de la Gaule romaine. A proximité de la culée nord du viaduc par exemple, des sépultures néolithiques ont été découvertes et mises en sécurité avant le lancement du chantier. La chapelle et l’ancienne ferme de Brocuéjouls ont été préservées et seront accessibles depuis l’autoroute.

Avant la fin de l’année 2004, le bouchon de Millau, bien connu des vacanciers, aura vécu. Les automobilistes pourront alors emprunter un itinéraire fluide sur quarante kilomètres reliant Engayresques à La Cavalerie.

Plus haut que la Tour Eiffel, plus long que le Brooklyn Bridge de New York, pour certains le plus beau du monde, le viaduc de Millau est l’ouvrage d’art qui marque la technique et l’esthétique du génie civil de ce début de siècle. Avant même sa mise en service, il a déjà accueilli un demi-million de visiteurs du monde entier, enthousiastes de découvrir dans le ciel ce trait d’union entre les plateaux du Causse Rouge et du Larzac.

Le viaduc de Millau un ouvrage d’exception
Un partenariat exemplaire entre ingénieurs des services de l’État et du secteur privé.

L’exigence d’une meilleure qualité environnementale des projets autoroutiers conduit les services de l’État à veiller à la préservation des espèces, à la mise
en valeur des espaces remarquables, à la protection de la ressource en eau et à la prise en compte des risques naturels et technologiques

Partenariale et contractuelle, la politique du “1 % paysage et développement” mise en place en 1989 par la direction des routes avec les collectivités territoriales et les associations, cette politique renforce l’intercommunalité. Elle vise à préserver le patrimoine paysager, à assurer sa promotion et sa mise en valeur, et aussi à améliorer l’attractivité touristique de la région.

FIN DES EXTRAITS

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Vous, je ne sais pas, mais moi j’adore cette idée qu’un viaduc et les autoroutes qui les accompagnent « mettent en valeur des espaces remarquables ». C’est vraiment grand. Ces espaces remarquables encore plus remarquables me font frissonner d’émotion. Et font remonter dans ma mémoire un souvenir vieux de vingt ans. Au printemps de 1992, j’allai visiter à La Défense, au vingtième étage de la Grande Arche, M.Christian Leyrit. Je préparais alors un livre, paru en 1993 au Seuil, Le tour de France d’un écologiste. Christian Leyrit était directeur des routes au ministère de l’Équipement. Un poste stratégique, décisif pour tout ce qui touchait – notamment – au système autoroutier. À ce programme de fragmentation, de dislocation, de destruction planifié des équilibres écologiques de notre pays. Je me cite. Plutôt, je le cite, lui : « Un industriel très performant de Castres me disait hier encore qu’il vient de recevoir la visite d’investisseurs japonais. Les voilà qui débarquent à l’aéroport de Toulouse, on les emmène dans un minibus, direction la nationale. Ils ont mis une heure trente pour arriver. Certes, me disait cet industriel, ils ont fait un excellent repas, fort bien arrosé. Mais ils sont repartis sans poser une question ».

Quelle belle histoire, hein ? Et tellement édifiante. En serions-nous là, en 2012, s’il y avait enfin une autoroute à chaque coin de rue ? Je reprends. Leyrit reprend : « Dans bien des cas, nos ouvrages mettent en valeur des points de vue. Je pense à la cité de Carcassonne. De toute façon, le paysage bouge (…) L’autoroute est un inventeur du paysage. Nos responsabilités sont immenses ». Le paysage bouge, mais il est réconfortant de voir que monsieur Leyrit reste à la même place. L’autoroute améliore donc le point de vue. Surtout à 130 km/heure, lorsqu’il faut tourner la tête sans provoquer un accident mortel, pour le vif plaisir d’entrevoir les tours de Carcassonne dans la brume de l’aube. Ou du crépuscule.

Si j’ai pensé à Christian Leyrit, c’est à cause de Patrick Vieu. Je vous ai dit que ce dernier est le numéro 2 du Conseil général de l’environnement et du développement durable, fief des ingénieurs des Ponts et Chaussées. Le numéro 1 s’appelle Christian Leyrit, ingénieur général de ces mêmes Ponts. Oui, mais pourquoi avoir commencé ce long papier en évoquant un parfait inconnu, Patrick Vieu ? Mais parce qu’il vient d’être promu d’une magnifique manière. Le 17 mai, notre bon président François Hollande a nommé une trentaine de conseillers rapprochés, parmi lesquels, bien entendu, Patrick Vieu. Il sera lesté d’une responsabilité « immense », pour reprendre le mot heureux de son excellent ami Christian Leyrit. Intitulé baroque de la charge : « Environnement et territoires ». La vie commence.

Combat au sommet pour une juste place (Duflot versus Jadot)

Ce qui suit est article du quotidien Libération. Il recoupe fort bien ce que j’entends dire. Et à quoi bon un commentaire ?

Embrouilles écolos pour un portefeuille

 Par MATTHIEU ECOIFFIER

 Tout le monde attendait le duo Cécile Duflot-Yannick Jadot au gouvernement. Surprise, c’est le jeune et relativement inconnu Pascal Canfin, élu eurodéputé lors de la vague d’Europe-Ecologie en juin 2009 mais originaire des Verts qui a été nommé ministre delégué à la coopération.

L’affaire avait été entendue lors d’une réunion entre les deux principales motions d’Europe Ecologie-Les Verts, celles de Duflot et de Cohn-Bendit: s’il y avait deux ministères, l’un irait à Cécile Duflot (numéro 1 des Verts) et l’autre à l’eurodéputé Yannick Jadot (ex-Greenpeace). Cohn-Bendit l’avait publiquement demandé tout comme Jean Dessessart, mandataire de sa motion.

C’était sans compter la puissance de feu de Duflot et de son entourage qui a toujours barré la route à Jadot considéré comme un rival trop dangereux. «Jusqu’à mardi, c’était Duflot-Jadot. Hollande a juste dit qu’il ferait valider par Cécile les représentants écolos» confie un fidèle de François Hollande. Mercredi Cécile Duflot a ainsi eu trois fois le Président de la République au téléphone et une fois le premier ministre Jean-Marc Ayrault. Lors d’un bureau exécutif le même jour , elle a expliqué que le premier ministre lui avait dit «C’est toi et Canfin. C’est à prendre ou a laisser».

Une chose est sûre: la ministre du Logement et de l’égalité des territoire , qui va aussi piloter le grand Paris, ne s’est pas fait prier pour toper ce deal au petits oignons. «On va mitrailler Jadot» avait d’ailleurs confié lundi son conseiller spécial, Jean-Vincent Placé à un de ses proches. Ce dernier dément aujourd’hui toute intervention. «Il y avait un paquet à trois: Jadot Canfin et De Rugy [député de Loire-Atlantique, ndlr] et c’est Ayrault qui a choisi. Cécile n’a pas donné d’avis. Eva Joly a aussi eu un entretien avec Ayrault. On ne s’est pas mêlé de l’histoire» indique-t-il à Libération. Rappelant que «Pascal Canfin est très consensuel et qu’il est un proche d’ Eva Joly». Tout comme Jadot à l’origine de la candidature de l’ex-juge de l’affaire Elf.

L’affaire crée de gros remous en interne. Mercredi soir Dany Cohn-Bendit s’est immédiatement étonné de la nomination de Canfin spécialiste de régulation financière à un poste proche des attributions… de Jadot. «Cécile est obsédé par une chose: qu’il n’y ait pas quelqu’un qui lui fasse de l’ombre. Que ce soit Jadot, Placé ou De Rugy, au gouvernement ils auraient pris un poids politique. Elle aurait pu se faire un allié, elle a trois ennemis», regrette un dirigeant d’EE-LV.

Je ne peux pas en dire plus (sur le gouvernement)

Ce qui suit n’est pas une action publicitaire, mais une explication. Je dois rendre à Charlie-Hebdo – à paraître, donc – un papier sur les écolos, le gouvernement, et la nouvelle ministresse de l’Écologie, madame Nicole Bricq. Je ne peux par conséquent m’étendre ici, j’espère qu’on me comprendra. Je tiens tout de même à préciser qu’à mes yeux, les vieux renards socialos ont tendu un piège à plusieurs détentes, dont j’aurai l’occasion de reparler, c’est l’évidence.

Concernant madame Bricq, aussi écologiste que ma voisine de palier – que vous ne connaissez pas, hélas pour vous -, deux ou trois mots. Elle a fait toute sa carrière au parti socialiste depuis qu’elle y est entrée en 1972. Elle avait alors 25 ans, et elle était chevènementiste. Je ne peux raconter, faute de temps, ce que le Ceres (Centre d’études, de recherches et d’éducation socialiste) – le courant d’alors de Chevènement – aura apporté à la France et au monde. On peut s’en faire une idée à distance. Ce fut grand. Madame Bricq a dirigé la fédération socialiste de Paris pour le compte de Chevènement entre 1981 et 1983. Elle n’a quitté le grand homme, après avoir été sa conseillère quand il était ministre de la Défense, qu’à l’extrême fin de 1990. Au moment où Chevènement démissionnait de son poste pour cause de guerre du Golfe.

Évidemment, il me faut rappeler que Chevènement a toujours été l’ennemi – je dis bien : l’ennemi – de l’écologie. Partisan de l’industrie lourde et du nucléaire, patriotard comme on n’en fait plus, chantre du progrès et de la technoscience, il n’a pas toujours fait rire. Madame Bricq a ensuite fait partie du courant Démocratie et Socialisme, celui de DSK, lui aussi grand partisan – et d’ailleurs lobbyiste appointé par EDF – du nucléaire. Je n’insiste pas sur le reste. Madame Bricq a quitté le courant DSK quand ce dernier est parti diriger le FMI en 2007. Y serait-elle encore si DSK était resté à Paris ? On ne le saura pas. Ensuite, elle rejoint Hollande. En 2009.

A-t-elle eu un mot pour la nature, la biodiversité, le massacre des forêts tropicales et des mers ? A-t-elle seulement évoqué la tragédie biblique du dérèglement climatique ? À ma connaissance, non. Tout indique donc que le ministère de l’Écologie et de l’Énergie est en de bonnes mains. D’ailleurs, les écologistes officiels, de France Nature Environnement (FNE) au WWF, sont ravis. Un signe qui ne trompe pas.