Noël Mamère, cocu volontaire et définitif (sur les Verts)

J’ai lu, comme certains d’entre vous, l’entretien accordé par le député-maire de Bègles, Noël Mamère, au journal Le Monde (ici). Il quitte Europe Écologie-Les Verts, mouvement auquel il a appartenu 15 ans. En dénonçant ce qu’il nomme La Firme, groupe supposément soudé par l’intérêt politicien autour de Cécile Duflot, ministre en titre du Logement. Mon premier mouvement, je dois le confesser, est de pure et simple moquerie.

Car tout de même ! Je me dois de rappeler que Mamère a commencé sa carrière politique en 1988, comme suppléant aux élections législatives du fils Mitterrand, Gilbert. Après avoir beaucoup grenouillé avec les socialistes, il fonde avec Brice Lalonde,en 1990, le mouvement Génération Écologie. Un groupe politique inventé par l’Élysée de François Mitterrand pour contrecarrer l’influence croissante des Verts de cette époque. Ce n’est nullement un secret : Mamère lui-même l’a raconté dans l’un de ses livres.

Avec Brice Lalonde, Borloo et Tapie 

Est-ce anecdotique ? Je ne crois pas. Génération Écologie a été une invention politicienne de bout en bout, qui a compté dans ses rangs cet excellent Jean-Louis Borloo. Lequel Borloo copinait de près, depuis le début des années 80 avec un certain Bernard Tapie. Le grand bonheur des deux hommes, pendant près d’une décennie, fut de racheter les entreprises faillies pour le franc symbolique, directement à la barre des tribunaux de commerce. Je m’égare ? Mais pas du tout !

Je vous parle d’un monde auquel vous n’aurez jamais accès. On s’y tape sur le ventre. On rit de la dernière pitrerie de tel ou tel, qui a baisé machin en beauté. On se moque de tel autre, qui n’a décidément rien compris au film des événements. On est entre initiés, pas ? Mitterrand, Mamère, Lalonde, Borloo, Tapie. Tiens, Tapie. En 1994, Mamère devient député européen sur la liste Énergie Radicale conduite par Tapie, téléguidé par un Mitterrand agonisant pour empêcher Michel Rocard de s’emparer du parti socialiste. Je n’y insiste pas : la manœuvre réussit à la perfection. Et dans la suite, Mamère entre chez les Verts.

Bon, je ne peux ni ne souhaite tout raconter. Mamère fait carrière, représente les Verts à l’élection présidentielle de 2002, juste après avoir annoncé son « irrévocable décision » de ne pas accepter le job. Bref. Il se comporte comme un politicien absolument ordinaire. Qu’il est. J’ajoute pour faire bon poids deux éléments. Le premier : chez les Verts, il s’est toujours entouré de porte-flingues qui, je pense, pourront se reconnaître. J’ai connu l’un dans une autre vie, et le cynisme avait emporté chez lui toutes les digues il y a déjà trois bonnes décennies. Quant au second, qui a taillé sa route, je ne saurai rapporter ici toutes les horreurs pures et simples entendues sur son compte. Et notez bien que je ne fréquente aucun de ces personnages. Aucun ! je le jure bien.

Petit-déjeuner à la brasserie de République

Le seul contact direct que j’ai eu avec Mamère doit se situer vers 2003. Pour une raison que j’ai oubliée, il avait souhaité prendre un petit-déjeuner avec moi dans une brasserie de la place de la République, à Paris. Je suis sorti de ce rendez-vous abasourdi par le bas niveau de connaissances et de réflexion de Mamère, à qui j’avais eu l’idiotie de dire que la crise écologique était une crise de la vie. Je le revois mâchouiller cette phrase, et la répéter comme s’il avait eu une quelconque révélation. Et puis plus rien. Jamais plus rien. Je n’ai plus jamais eu la moindre nouvelle, sans que cela m’ait enlevé, je crois, la moindre chose.

On croira après cela que j’en veux à ce grand garçon, et ce n’est pas vrai. Le pire que je puisse dire de son – désormais – ancien mouvement, c’est qu’à mon sens, Mamère était un de ses membres les moins dégénérés. L’un des plus sincères. L’un des plus sympathiques. Cela ressemble à un grand écart, mais c’est comme ça. Seulement, il se barre comme un nigaud, qui sera aspiré par le vide, sauf s’il se rallie à Mélenchon – peu probable – ou au parti socialiste, éventuellement après un  détour. Il est simplement lamentable que Mamère sorte de son mouvement sans seulement oser citer le nom du grand ordonnateur de toute ligne politique, à savoir Jean-Vincent Placé. Par peur ? Moi, j’ai réalisé ce printemps un long entretien avec Jean-Paul Besset (JPB) et Daniel Cohn-Bendit (DCB) , paru dans Charlie Hebdo (ici), qui n’aura intéressé personne, alors qu’il est d’une rare clarté. En voici un bout :

——-Extrait

Charlie : Vous étiez donc refaits. Mais par qui, dites-moi ?

DCB : Par  le bureau exécutif des Verts. L’appareil.

Charlie : Mais encore ? En dehors de Jean-Vincent Placé et de Cécile Duflot, on ne connaît personne.

DCB : Ce n’est pas parce que personne ne les connaît qu’ils n’existent pas. Ils ont la mainmise sur les Verts. Disons que Placé et quelques autres avaient la mainmise sur l’appareil national, mais aussi régional, par l’intermédiaire des bureaux exécutifs régionaux.

JPB : Qui ? Le bureau exécutif, avec à sa tête Cécile Duflot, dont le bras droit s’appelle aujourd’hui encore Jean-Vincent Placé. Au total, cela doit représenter moins de cinquante personnes.

Charlie : Mais qui est donc Jean-Vincent Placé ?

DCB : Je dirais volontiers qu’il est l’apparatchik qui nous a manqué. Personne, parmi nous, ne pouvait jouer ce rôle-là, car il est d’un cynisme absolu. Il se dit de gauche, mais tous ses comportements sociaux font penser qu’il est tout sauf de gauche. Par exemple, la manière dont il se comporte avec les autres. Dont il s’habille. Dont il va au restaurant. Et son cynisme est à l’œuvre jusque dans le contenu politique. Il voulait aller au gouvernement, bien sûr, mais s’il avait été ministre, il aurait tout défendu sans état d’âme, y compris le pacte budgétaire européen. Mais comme il n’a pas réussi, son message aux socialistes est aujourd’hui de dire : « Vous allez me le payer ». Placé peut vendre n’importe quel positionnement d’Europe Écologie Les Verts.

Charlie : Distribue-t-il, comme on le dit, des postes ?

JPB : Oui. Des postes de sénateurs, de députés, de conseillers régionaux. Bien sûr ! Nous avons autour de 250 conseillers régionaux, plus de 50 conseillers généraux. Mais bien au-delà de sa personne, Placé représente une face de l’engagement politique. Il ne s’agit plus pour lui et ses proches d’aider à la transformation sociale.  Il s’agit d’une affaire de gestion des élus et des postes. Ces gens-là, qui ont construit un univers clos, ne vivent plus que de la politique politicienne depuis des années. Comme ils sont toujours là, à la différence des simples militants, ils finissent par l’emporter. L’objectif final n’existe pas. Il faut conquérir toujours plus de parts de marché, ou en tout cas ne pas en perdre. Un type comme Dany n’a pas sa place là-dedans, car cela lui arrive de lire un livre, de s’occuper de son fils, d’aller au stade voir un match de foot (rires).  Placé y va aussi, au stade, mais dans la tribune des VIP. Pour s’y faire voir, pour nouer des contacts, pour activer des liens. L’écologie n’est pas davantage leur problème. La grande affaire, c’est de gérer la boutique, de négocier des places, d’avoir du pouvoir.

——-Fin de l’extrait————————–

La chute des maisons Besset, Cohn-Bendit, Durand et Mamère

Reprenons. Mamère omet de désigner le vrai chef du parti, dont chacun sait qu’il ne s’intéresse aucunement à l’écologie. Pourquoi ? Outre la peur déjà évoquée, il n’est pas impossible que quelques cadavres communs se trouvent dans les placards. En tout cas, c’est un désastre total. Les deux « inventeurs » d’Europe Écologie, Besset et Durand, sont sur la touche. Besset finit son mandat de député européen, et ne rempilera pas. Durand est viré comme un domestique de son poste de secrétaire national. Mamère est out, comme l’est Cohn-Bendit. La route est dégagée comme jamais pour Placé et sa camarilla. On ne peut nier l’évidence : c’est bien joué. Et les autres, tous les autres, se seront comportés comme les couillons qu’ils sont.

L’histoire du mouvement Vert, désolante depuis les origines, est à faire. Si je croyais davantage à cette politique-là, je l’aurais écrite. Mais n’y croyant pas même une seconde, je ne m’y collerai pas. M. Placé peut dormir sur ses deux oreilles. Je puis simplement dire, pour l’avoir observé en son temps, que le pouvoir démesuré d’un Placé et de son clan n’est jamais que répétition. Il y a vingt-cinq ans, lorsque Dominique Voynet affrontait Antoine Waechter en un combat dérisoire, la pièce était de même contour. Un groupe pour le moins étrange cornaquait Waechter et lui assurait de confortables victoires électorales au cours d’Assemblées générales du mouvement, soigneusement préparées. Des départements entiers – le Var, les Hauts-de-Seine – acquittaient rubis sur l’ongle des centaines de cartes d’adhérents fantômes, qui changeaient la donne. Et personne ne s’en souciait pourtant. Les amis d’Antoine Waechter s’appelaient entre eux La Famille, mot qui a la sympathique résonance que l’on sait, à peine mois sympathique que La Firme des proches de Duflot, évoquée par Mamère.

Au service de la bureaucratie

Certes, il y a eu de nombreux changements de personnes. Certains sont morts, d’autres ont abandonné la politique ou gagné d’autres rives. Mais fondamentalement, la pourriture morale a perduré. Une bureaucratie impayable – indifférente à la crise écologique, ô combien ! obsédée par les nombreux postes mis à disposition et la combinazione, ô combien ! – a fait son trou, profitant de statuts et règlements rendus volontairement abscons pour mieux contrôler l’appareil. Tous les chefs verts, de Bennahmias à Cochet, de Voynet à Blandin, de Hascoët à Buchmann, de Lipietz à Dessessard, et plus tard, de Contassot à De Rugy, de Coronado à Joly ont eu à connaître de ces mœurs, sans jamais oser moufter de peur de perdre pied, et de bientôt disparaître.

Je sais, pour en avoir discuté, de loin en loin, avec certains des acteurs de cette tragicomédie, combien la conscience de cette mascarade est partagée. Mais vu qu’aucun ne bouge ni ne bougera. Mais vu qu’aucun n’a fait ni ne fera l’histoire de cette longue descente aux enfers, j’en arrive à penser que M. Placé et Mme Duflot auraient grand tort de se gêner. Faut-il conclure que je n’attends rien d’un mouvement de cette sorte, dévoré de l’intérieur par des feux qui n’ont rien à voir avec l’écologie et la morale élémentaire ? C’est si évident que c’en est inutile. Planète sans visa se situe aux antipodes mêmes de cette démission de tous pour le service de quelques-uns.

30 réflexions sur « Noël Mamère, cocu volontaire et définitif (sur les Verts) »

  1. Peut-etre que l’idee de faire un parti etait mauvaise a la base, peut-etre que cela a tout corrompu. Je crois qu’il y a eu, qu’il y a surement encore, des gens sinceres parmi ceux qui sont proches des « verts », mais l’idee de faire un parti politique (venue de Lalonde, non?) a sterilise le mouvement en le dotant d’un outil inadequat par nature. Le mepris quasi-universel affiche pour « Les Verts » est quand meme a mettre en rapport avec le fait qu’il n’est plus possible de vendre quoi que ce soit, marchandise, service, projet, concept, qui ne soit « vert » d’une maniere ou d’une autre. Meme les Eoliennes et photopiles sensees financer a long-terme le retraitement des dechets nucleaires sont « verts »! Donc, au moment meme ou le concept « vert » semble triompher (de maniere fausse ou veridique, laissons de cote la question…) il est remarquable que ceux qui pretendent representer ce mouvement dans le domaine politique soient si discredites, et montre qu’ils se sont probablement plantes des le depart.

  2. A Laurent Fournier : il me semble que l’idée de créer un parti politique venait plutôt d’A. Waechter. Les Verts sont nés de la transformation de son Mouvement d’Ecologie Politique (MEP) rejoint par d’autres. Avant, B.Lalonde à l’époque de sa candidature à la présidentielle défendait (ou portait) l’idée de structures biodégradables ». Mais par la suite il est clair qu’il a changé d’avis en fonction de ses intérêts…

    Un grand gâchis que tout cela… Merci à Fabrice Nicolino pour cet article qui résume bien l’histoire de l’écologie politique de ces trente dernières années.

  3. Ben ça… Je savais pas que c’était déjà truqué du temps de Waechter, je pensais qu’il était resté intègre tandis que la ligne Voynet se ralliait aux socialos pour pouvoir se baffrer. C’est du sûr cette histoire de cartes bidons ?

  4. Naïf de toujours,

    C’est une histoire compliquée, et les preuves directes sont controversées. Selon ce que j’ai pu voir, entendre, vérifier, il n’y a aucun doute. Mais nul n’est heureusement obligé de me croire. Bien à vous,

    Fabrice Nicolino

  5. Et est-ce qu’il va revenir à Antenne 2, Noël, Mamère ?
    Non, rien suivi ? C’était l’épouse de Borloo !
    Ah, l’on me dit à l’instant que le fils d’un des dirigeants de Politis souhaite aussi la place. Marre du papier et des lecteurs en minorité.
    A la place de Placé, aussi peut-être ?

    Une superbe pièce !

    Pour se changer les idées, un peu de réflexion sur la démocratie ?

    http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2013/09/25/343-13-sept-2013-rencontre-avec-antoine-chollet-a-grenoble-autour-de-la-debpleonasme-democratie-directe-finpleonasme#co

  6. Jadis il y avait le MEI d’Antoine Waechter, ce dernier me semblait un pur, hélas je crois qu’il ne représente plus rien (sauf peut être en Alsace?)

  7. Bonjour,

    J’ai traversé tout cet univers, comme vous et je sais qu’on peut le décrire ainsi.Pourtant je ne suis pas d’accord avec cette approche d’une réalité décevante . Pourquoi ?
    je crois qu’il y a beaucoup de naïveté ,et il y en avait beaucoup chez les militants dits les plus sincères,à croire que l’univers politique ne demanderait que la pureté idéologique pour que soit modifiées ses pratiques traditionnelles. C’est sur le terreau de cette erreur que les plus cyniques, quel que soit leur trajet personnel, social, et politique ont fait du parti de l’écologie politique le simple cadre de leur ambition d’accéder à la bourgeoisie d’Etat. Mais pourquoi les militants les plus sincères sont-ils tombés dans ce panneau ? je crois que c’est parce que,beaucoup, dans leur démarche d’engagement, passaient beaucoup de temps à s’auto-satisfaire de leur idéologie écologique et à haïr ou mépriser tous ceux qui ne la partageaient pas ou la combattaient. Ils ont fait la même erreur que les militants communistes qui par haine de la bourgeoisie ont mis au pouvoir dans le PC de simples fripouilles comme Thorez ou Duclos….sans parler de Lénine installant avec Staline un simple maffieux à la tête de l’Etat bolchevick.
    Transformer les moeurs de la compétition pour le pouvoir n’est pas simple et demande un peu plus de réflexion et un peu plus d’autocritique que la seule proclamation: tous pourris !!!qui bien sur comme le  » tous des putes sauf maman » se décline en « tous pourris sauf moi et quelques élus ».Comment ? d’abord en acceptant d’inscrire l’écologie dans une trame historique du progrès des pratiques politiques, un progrès qui est récent et lent. Ensuite en se regardant dans la glace tous les matins pour une autocritique de son rapport au pouvoir, sous toutes ses formes.
    Si les Verts depuis et y compris Waechter avaient fait cet effort peut-être aurait-t-il pu y avoir une majorité pour créer dans ce parti les conditions humaines d’une nouvelle culture politique, d’abord humaine, prudente et expérimentale. Au lieu de cela ils ont certes évité de tomber dans la régression communiste au stade de la horde, mais ils n’ont rien pu faire d’autre que d’intégrer les pratiques du parti radical socialiste de la IIIème république. Jean-Vincent Placé cela n’est pas noté était quand il en est parti pour les Verts assistant parlementaire du groupe radical de gauche à l’Assemblée nationale. Plutôt que d’en faire un grand affreux il faudrait comprendre comment c’est cette culture politique là que les Verts ont adoptée et si et comment ils pourraient encore la faire évoluer.
    Quand on se focalise sur les problèmes de personnes, c’est qu’on est impuissant à identifier les problèmes de structure et de culture de la vie humaine.Et on court toujours le risque de la jouissance d’une vertueuse indignation qui présente le grand avantage de mettre en valeur, à nos propres yeux, notre si grande pureté. Mais pourquoi doutons-nous tant de notre pureté que nous éprouvions à ce point le besoin de nous en convaincre ? Quelle vieille culpabilité mal refoulée nous travaille encore….Pour pouvoir faire évoluer les moeurs politiques il faudrait d’abords opérer sur soi un grand nettoyage de printemps au jet de l’honnêteté et de la véracité. Car qui dit que nos anges de vertu exposés aux conditions d’accès à l’espace politique qui ont été celles de N. Mamère, de JV Placé ou de C. Duflot…auraient fait mieux ? Auraient -ils les mains plus propres ?

    cordialement,

    Patrice Pollet

  8. Oui, je crois que Antoine Waechter est probablement un homme honnête, sans « effets de manche ».

    Placé le bureaucrate, Mamère le journaleux, et même Joly la juge, que pourtant j’aimais bien, tous veulent « une intervention en Syrie »… crétins ou salauds, vraiment je ne sais pas. Placé gagne le pompon en réussissant le tour de force d’être à la fois « partagé en son for intérieur », « pacifiste », « en besoin d’une armée », et pour une « intervention militaire » !!!

    Je ne sais vraiment pas comment ce monsieur arrive à faire tenir ensemble dans sa tête une telle bouillie intellectuelle. Même un BHL a un semblant de cohérence, en comparaison. Ce qui n’est pas peu dire…

    Mais le fait que ces gens se prétendent «écologistes», c’est-à-dire représentatifs d’un mouvement qui prétend sauver la vie sur la planète, excusez du peu, annonce effectivement la dictature écologique, potentiellement le pire des partis politiques de l’histoire, car encore plus arrogant, plus certain encore de sa propre vérité intrinsèque, de sa conformité avec le sens de l’histoire, que le Bolchevisme.

    Pour un peu, Placé me rendrait Pascal Bruckner et Luc Ferry sympathiques !

    Par contre Antoine Waechter dit clairement qu’il ne souhaite pas d’intervention militaire. Par sa lucidité il sauve l’honneur.

  9. Patrice Pollet,

    Merci pour votre mot, qui ne me convainc pas, mais m’oblige à réfléchir encore. J’espère que vous ne tenez pas ce lieu – Planète sans visa – pour un antre destiné aux purs. Vous n’êtes surtout pas obligé de lire les 1500 articles réunis, mais si par extraordinaire vous le faisiez, vous conviendriez sans peine que je suis fort loin de ces niaiseries-là. Non, le monde n’oppose pas les mains propres et celles, noires, qui enfournent le charbon. La critique du monde, et des Verts donc, peut être politique. Moi, je mets en cause des pratiques, des choix, des inerties, des soumissions. Et si je ne devais garder qu’un mot, ce serait justement un antonyme de ce dernier : insoumission. Aux pouvoirs, aux bureaucraties, aux lâchetés. Vous ne me convaincrez pas que tous les acteurs se valent.

    Bien à vous,

    Fabrice Nicolino

  10. la stratégie du morpion y a que çà de vrai.non aux fermes à 1000 vaches; non à la destruction du bocage nantais; non à la disparition des abeilles, non à la bétonisation, non aux mers vidées de leurs poissons, non aux marées noires, non aux manipulations génétiques, non au projet Génius, non à la manipulation et aux brevets sur le vivant; non à la disparition des semences paysannes , non à la nourriture de merde, non à la disparition des paysans : oui à une alimentation bonne propre et juste pour tous etc..etc..; tout cela est très concret.

  11. Bonjour, je vis au bord de la mer, à l’étranger, et les chasseurs ici portent autant des treillis que des combinaisons de plongée. Ils tuent de la même manière que les autres et, par surcroît, la réglementation et la surveillance ne sont souvent que des mots pour ce type de chasse qui se pratique 11 mois de l’année (juste interdit en mai à cause du frai, les bons apôtres, sauf que tous les poissons ne se reproduisent pas tous aux mêmes moments, pour le mérou c’est juillet-août, le pire moment). N’importe qui, à partir de 16 ans, peut se mettre à l’eau avec un harpon et flinguer à peu près ce qu’il veut quand il veut. Avouez que, par rapport à la chasse à la bécasse ou au lièvre, c’est autrement plus scandaleux. Sauf à considérer qu’un labre vert ou un mérou n’est pas vraiment un animal sauvage. Je vous accorde que, si on laisse de côté la pêche dite au gros (espadon, requin, etc.), le poisson est moins capable de susciter la compassion des foules que, mettons, la vision d’un petit renardeau ou d’un lièvre gambadant dans la luzerne. Je serais néanmoins intéressé de connaître les chiffres de cette hécatombe-là. Ne vous méprenez pas sur mon message. Je hais la chasse en général, mais je trouve tristement singulier qu’il ne soit pour ainsi dire jamais question de celle qui se pratique sous l’eau tout au long de l’année et plus encore pendant l’été par tout un chacun.
    J’ignore comment les choses se passent en France mais je suis souvent contrarié que les protestations et les actions contre la chasse, toutes justifiées selon moi, ne visent jamais que la chasse au sec, si j’ose dire. Je vois à cette étrange complaisance trois raisons essentielles :

    1) Comme pour la corrida, une sorte de prestige de l’uniforme semble environner le plongeur moulé dans sa combinaison. Le pedzouille en bottes et treillis qui arpente les champs pour faire un sort à la moindre perdrix qui aura la mauvaise impulsion de s’envoler devant lui, est nettement moins sexy.
    2) Les poissons ne suscitent pas hélas la même compassion que les bêtes à plumes et à poils. Peu s’en faut même que le terme d’animaux peine à s’appliquer spontanément à eux, idem, par exemple, pour les insectes. Un animal, dans l’esprit du plus grand nombre, c’est d’abord un être à sang chaud. J’exagère ? Songez-y.
    3) La chasse sous-marine est une activité de loisir, elle est du reste largement associée aux vacances. Nombreux sont ceux qui s’y sont livrés au moins une fois, comme ça, comme on fait un tour en bateau ou un baptême de l’air. Elle n’est pas perçue comme étant véritablement de la chasse, elle est très populaire, peu contrôlée (j’ai vu des adolescents, et même des enfants, s’y livrer, certes maladroitement et ainsi sans grand risque pour les poissons). Je mets à part les formules plus sophistiquées (avec bouteilles, ou bien pêche au gros) demandant plus d’équipement, de technique et d’argent, et qui sont l’apanage d’une minorité.
    Pouvez-vous m’expliquer au nom de quoi il faudrait s’étrangler d’indignation à la vue d’un bonhomme marchant dans les près, l’automne venu, prêt à dégommer la moindre bestiole qui remue, et se contenter d’une petite moue de désapprobation en face d’exactement la même activité mais dans l’eau ? Il n’y a aucune différence de nature ni de degré. Se mettre en chasse, c’est se mettre en chasse, quelle que soit la créature qu’on va viser.
    Bien à vous

  12. Même si ce n’est pas en rapport avec le sujet, je souhaiterais aller dans le sens d’ANTONY.

    Il y a (très) longtemps, quand j’étais jeune et c*** (tous les jeunes ne le sont pas mais moi, c’était le cas), Il y a longtemps disais-je donc, j’ai eu l’occasion d’aller en vacances au bord d’une mer claire et chaude. Je m’y suis essayé à la chasse sous-marine.

    Ma première victime fut un poisson suffisamment petit et immangeable pour finir sa vie en pourrissant sur un rocher. Ayant été pêcheur encore plus jeune (et c***), cela ne m’a rien fait.

    La seconde victime fut un calmar. Alors que la malheureuse bête tentait de s’enfuir avec la flèche à travers le corps et en lâchant son encre, il fut rejoint et accompagné par un autre. J’ignorais à quoi correspondait ce comportement et je n’ai d’ailleurs jamais cherché à le savoir depuis. Malgré le temps passé, je revois cette scène comme si c’était hier.

    Ce jour-là, je me suis haï aussi fort que je haïssais déjà les chasseurs « terrestres », ayant compris que je ne valais pas mieux qu’eux et que, comme le dit ANTONY, il n’y avait aucune différence de nature ni de degré entre leur comportement et le mien. Le fusil sous-marin a passé le reste des vacances dans un placard et j’ai continué à plonger pour le spectacle. En sortant de l’eau, au lieu de me dégoûter, j’étais heureux de ce que j’avais vu.

  13. @ antony

    Tout à fait en accord avec votre témoignage. J’ai habité au bord de la mer et assisté au gaspillage inutile de vies d’animaux marins pratiqué par tout un chacun, pêchant dans l’espace découvert à marée basse.

    Il y aurait aussi beaucoup à dire sur la pêche en eau douce qui même « no kill » blesse inutilement, pour le plaisir de pêcheurs « pacifiques », les poissons indigènes ou introduits.

    Et dans mon département, je constate qu’il n’y a pas de voix en désaccord avec des « écoles de pêche » qui restent pour moi des organisations qui apprennent aux enfants qu’on peut facilement perturber la vie normale des poissons et les blesser sérieusementavec un hameçon. J’ai du signaler une fois qu’il ne fallait pas faire participer les jeunes enfants à la destruction obligatoire des poissons-chats capturés. Ceux ci sont maintenant détruits hors de la présence des petits « élèves ».

  14. Merci à Fabrice Nicolino pour cet article. Je suis tout de même gêné par l’impression que des individus comme Daniel Cohn-Bendit, Jean-Paul Besset, Nicolas Hulot et José Bové sont exonérés de ce qui est reproché aux carriéristes comme Placé qui font leur nid sur le dos de militants dévoués et naïfs.
    Merde, Hulot, c’est quand même et ça reste un éco-tartuffe. Il a peut-être évolué, nous dit son cornac Besset, mais il ne remet pas le moins du monde en cause le libéralisme économique (pour qui seul le profit immédiat compte, les contraintes environnementales, on s’en fout). Bové et Cohn-Bendit, on connait leur parcours. J’ai beaucoup de sympathie pour l’homme José Bové, mais je n’oublie pas qu’il m’a cocufié après que j’ai fait campagne avec lui contre le TCE et les institutions européennes. Lesquelles lui assurent aujourd’hui un complément de retraite assez douillet pour lui faire oublier ce contre quoi il s’est battu hier. Besset, comme Cohn-Bendit, se situait à la gauche de la gauche de la gauche avant de rouler pour l’éco-tartuffe. On pourrait presque dire de l’énervant Mamère qu’il a fait le parcours inverse de ces renégats.
    Suis-je plus intolérant que Fabrice Nicolino en foutant tout ce beau monde dans le même sac ?

  15. @Jean Pierre,
    il est vrai que je me posais aussi des questions sur l’utilité du no kill,(je remet également une partie de mes prises à l’eau) après quelques années d’observation, je m’aperçois que ce n’est ni blanc , ni noir, d’un côté certains poissons blessés inutilement, mais de l’autre une présence de pêcheurs permettant une meilleures détection des pollutions, une réduction du braconnage par leur présence et chez certains une prise de conscience écologique.

    Sinon, les viandards (pêche sous marine ou en eau douce), les destructeurs, qui malheureusement se limitent rarement au poisson chat : brèmes, chevesne, petites perches, y passent aussi, me révulsent.

  16. je viens d eprendre connaissance de ce propos de Fabrice.Propos sans nuance,cruel et limité dans l’espace.Fabrice semble ignorer qu’un parti , ce n’est pas seulement une tête ou plusieurs, c’est aussi des miliers de personnes à la base, mais les vois tu Fabrice qui semble ne cotoyer que les élites ? C’est faire fi de la tâche immense accomplie face à des alliés qui ne rêvent que de nous liquider : les socialistes bien sur, le PC et sans doute quelqu’uns au PG ! Il y a bien une raison de cette haine quotidienne contre les écologistes encartés?

    Le ton est sentencieux , donneur de leçons…Il n’est pas sain puisqu’il faut jeter le bébé et l’eau du bain.

    Je milite depuis 15 ans aux Verts..je suis souvent allé de déception en déception, à voir les grands de mon parti s’étriper d’ailleurs pas plus pas moins que les autres.

    Militant naturaliste, inquiet comme toi Fabrice de cette course fatale vers un monde inquiètant, je n’en pas pense pas moins que si les écologistes EELV parlent de moins en moins de nature….il nous faut un parti écologiste sans doute à refonder…La société de l’argent est contre nous, les purs et durs nous donnent des leçons comme toi;retroussez donc les manches , investissez ce parti, ayez de l’audace et du courage!

  17. Berrod,

    Je suis désolé, mais je maintiens intégralement. Et sache que je reste très en-deçà de ce que des dirigeants de premier plan de ton parti ont pu me raconter, en me priant de ne jamais les citer. Je crois que tu serais surpris.

    Par ailleurs, sois sûr que je n’ai pas la naïveté qui consisterait à opposer quelques purs aux mains blanches – moi et quelques autres – au reste de l’humanité. Il y a sur Planète sans visa plusieurs dizaines d’articles qui montrent avec clarté ce que je pense de l’état du monde et des forces politiques en présence. Et ce n’est pas cela. Du tout. Tu n’es pas obligé de lire, mais maintenant, tu sais au moins que cela existe.

    Enfin, et j’en suis navré pour toi, l’histoire des formes et partis politiques est remplie jusqu’à la gueule de gens sincères qui, croyant faire ce qu’il faut, servent de piétaille à d’autres, dont les buts n’ont rien à voir.

    Un dernier mot : je crois ne pas avoir cessé de retrousser mes manches dès que j’ai su le faire, et ça commence à dater. Mais il y a la manière.

    Avec toute ma sincère sympathie,

    Fabrice Nicolino

  18. horripilant d’avoir choisi Joly plutot que Hulot! à croire que voulu pour avoir les 2.p100!! horripilant d’entendre cette dame avec son accent norvégien mettre en cause, comme une priorité !!!dans le contexte electoral!le symbole français 14 juillet! horripilant d’entendre ensuite cette meme dame proner l’intervention armée en Syrie! horripilant de ne jamais les entendre fort, eux les écolos? et via les medias s’indigner sur la pollution par les pesticides ou autres sujets liés aux semences, à l’alimentation etc..(crois me souvenir que waechter était taxé de « mec de droite, voire extrème »…vieille stratégie toujours en cours..madame ex la sénatrice Voynet (2004-2011)qui a signé le décret MOX dans les années 1990 était plus vertueuse puisqu’à gauche sans aucun doute.
    il faudrait que tout ce monde là mette le bémol vers plus de simplicité et moins de ? sais meme pas quoi? vanité, bétise? ; me demande dans le fond si tout cela n’est pas lié à l’effondrement de la valeur nation; la carte et le territoire; concrètement et à SA portée, on oeuvre à quoi? on défend quoi? on aime surtout, on aime, quoi? charnellement?

  19. Suite à un lien sur Médiapart d’hier

    Mamère : excellent rappel utile et tristement vrai
    Waechter « face aux efforts incohérent de gauchisation par Voynet et cie, j’ai des doutes.

    L’écologisme ne doit être ni à droite, ni à gauche, ni au centre mais légèrement en avant pour montrer l’exemple

    Deux oublis : les pionniers généralement désintéressés, car sans espoir de gagner, des législatives du printemps 1978. Le « tourniquet », i-e à mi mandat je passe le siège au suivant ou à mon suppléant, selon un vote du parlement des Verts ; quelques puristes ont respecté l’engagement.

    La notabilisation et la fascination pour les ors des Palais parisiens ou des conseils régionaux « tuent » . Il faut recréer un parti vert qui interdise de demander le renouvellement et a fortiori le « trivellement » de son mandat ou la sollicitation de tout autre ; nul n’est, indispensable et irremplaçable.

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