Chávez et l’oeil qui voit tout

Je viens de rentrer d’une semaine passée ailleurs. Et c’était beau, je vous le dis en confidence électronique. J’ai vu le soleil, la pluie, une rivière en furie, quelques circaètes en vol, et des herbes folles, car la saison est folle, elle aussi. Le vent semblait une brise marine.

Comme il est ce soir, dimanche, je n’ai que quelques minutes. Pourquoi parler du président vénézuélien Hugo Rafael Chávez Frías, ce Chávez adoré en France par une part notable du mouvement dit altermondialiste ? Parce que ce militaire obsédé par l’autorité et le narcissisme me dégoûte. Et que certains altermondialistes, qui seraient tant utiles dans la bagarre pour la vie sur terre, préfèrent se vautrer dans un soutien qui rappelle celui apporté jadis à Cuba, puis au Nicaragua.

Chávez a été formé – en partie – à la politique par un militant négationniste, et donc antisémite, nommé Norberto Ceresole. Je ne crois pas que vous trouverez cela dans Le Monde Diplomatique. Il a un projet terrifiant pour l’écologiste que je suis : un gazoduc qui permettrait l’exportation du gaz vénézuelien à travers l’Amazonie, jusqu’en Argentine et au Brésil. Longueur : entre 7700 et 9000 km. N’importe quel potentat de droite qui oserait une telle idée serait cloué au pilori par les amis de Chávez. Là, silence.

Mais ce n’est pas de cela que je voulais vous parler en deux mots. Non. Chávez vient d’imposer une loi totalitaire, grâce au parlement à ses bottes galonnées. Tout Vénézuélien a désormais l’obligation de collaborer avec les services secrets chavistes, sous peine d’aller en taule pour une durée pouvant aller jusqu’à quatre ans.

Des services secrets au service d’un caudillo, un peuple tenu de dénoncer et de se dénoncer. Quand donc cette atroce bouffonnerie, qui est aussi une tragédie, cessera-t-elle ?

9 réflexions sur « Chávez et l’oeil qui voit tout »

  1. la délation …
    c’est aussi ce que pratiquaient les nazis, les collabos sous vichy …
    pourvu que nous, en France ne le fassions plus jamais, et dans le monde, qu’on arrête le plus tôt possible …

  2. Fabrice,pourquoi es-tu le seul à mettre en lumière et dénoncer ce genre d’ignominies?
    J’ai peur de ta réponse…

  3. Juste un exemple : en France, un responsable syndical doit aller répondre de ses mails privés dans le bureau du préfet.
    Il y a aussi les mesures disciplinaires à l’encontre des fonctionnaires qui refusent la délation. Transformer le citoyen en paria ou en SDF est plus subtil que quatre ans de prison.

  4. D’accord avec Kes. La France est plus sympa. Elle ne pratique que le goulag social pour ceux qui n’obtempèrent pas.

  5. Le régime du président Hugo Chavez prend décidément des allures de tyrannie policière. C’est « Le Monde » qui le dit et ça doit (forcément) être vrai, parce que « Le Monde » est, comme on sait, un journal de référence – où chaque mot, par conséquent, est (longuement) pesé. « Le Monde » affirme ainsi, dans son édition d’aujourd’hui, que le président « Hugo Chavez impose une loi obligeant les Vénézuéliens à collaborer avec les services secrets ».

    On lit ça, on est pris d’effroi, et on se rassure en se disant que c’est pas en France qu’on verrait ça, Dieu merci.

    Que dit cette loi qui « tente d’imposer » au Venezuela « des pratiques policières ordinairement en vigueur dans les Etats autoritaires » ? Que dit cette « loi Gestapo » qui vise à « transformer tout citoyen en un délateur potentiel » ? Cette loi « contraint toute personne, entreprise ou organisation, quels que soient sa nationalité ou son statut, à collaborer, si besoin, avec les services de renseignement » – et « les récalcitrants risquent jusqu’à quatre ans de prison ».

    Fichtre.

    C’est pas en France qu’on verrait ça – n’en déplaise au journaliste Guillaume Dasquié, placé en garde à vue en décembre 2007 pour avoir publié des morceaux de pièces confidentielles de la DGSE, et que des barbouzes ont pressuré pour lui faire dire qui lui avait transmis ces documents, et qui, pour n’avoir pas collaboré avec les services de renseignement, a finalement écopé d’une mise en examen pour « détention de documents ayant le caractère d’un secret de la défense nationale ».

    Autre exemple – autre preuve, d’après « Le Monde » – que le président Hugo Chavez est un natural born caudillo : désormais, « la publication d’informations considérées comme confidentielles ou secrètes entraîne », au Venezuela, « des responsabilités civiles, pénales ou administratives ».

    Et là encore : c’est pas en France qu’on verrait ça.

    N’en déplaise au camarade Guillaume Dasquié, mis en examen, aussi, pour « divulgation de documents ayant le caractère d’un secret de la défense nationale » : une infraction passible, au pays de Sarkozy, non de quatre ans de prison, comme dans la triste « loi Gestapo » du président Hugo Chavez, mais bien plutôt de cinq ans d’incarcération.

    Enfin, et c’est pour « Le Monde » la mère de toutes les preuves de la brutalité mussolinienne du président Hugo Chavez : la même loi autorise « les services à agir sans ordre judiciaire, notamment en matière d’écoute téléphonique et à utiliser des « preuves secrètes », « dans l’intérêt stratégique national ».

    Encore un fois : c’est pas en France qu’on verrait ça – n’est-ce pas ?

    Sauf, bien sûr, dans les cas, nombreux, où des écoutes téléphoniques « administratives » sont faites sans ordre judiciaire. Et dans le cas, évidemment, où de vaillants juges antiterroristes assomment des « Français de Guantanamo » de « preuves secrètes » issues des fichiers de la DST…

    On l’aura compris : dans la vraie vie, le Venezuela du président Chavez vient de se doter d’une loi qui le met, pour ces matières, (presque) au niveau de la France du président Sarkozy – et qui, naturellement, est une plaisanterie pour cour de récré de maternelle, au regard de la (très) liberticide scélératesse du « PATRIOT Act » étatsunien.

    Mais du point de vue du « Monde », ce n’est manifestement pas la même chose, et en effet il y a une différence de poids : c’est que jamais ce respectable journal de référence n’a dénoncé, en France, « des pratiques policières ordinairement en vigueur dans les Etats autoritaires », ou des « lois Gestapo » destinées à « transformer tout citoyen en un délateur potentiel. »

    Et que, bien sûr, jamais Le Monde n’aurait osé un titre aussi impertinent que : « Nicolas Sarkozy maintient des lois obligeant les Français à collaborer avec les services secrets ».

    Nicolas est sympa, Hugo est un salaud : le monde, vu par Le Monde, est d’une simplicité qui émeut…

    http://www.bakchich.info/article4046.html

  6. Il y a une grosse différence avec Nicolas Sarkozy et la France, que vous semblez ignorer (????), Mr Nicolino.
    Hugo Chavez a été victime en 2002 d’une tentative de coup d’Etat. Il a été enfermé plusieurs heures, a craint pour sa vie et n’a été libéré que par la mobolisation du Peuple QUI L’AVAIT ELU.

    Ca ne change pas votre point de vue?

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