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Comment parler aux smicards ?

Puisque c’est comme cela, parlons des législatives. Je me dois de préciser un point pour éviter des lettres pénibles de lecteurs. Je suis pour la distribution radicale des richesses, et il m’arrive de rêver encore d’un monde sans Dieu, ni César, ni tribun. Je me souviens très bien de ma mère, gagnant seule, pour elle et ses cinq enfants, quelque chose comme 800 francs par mois au début de 1968. Si donc quelqu’un a envie de me (mal)traiter, qu’il tienne compte de ces mots.

Et maintenant, voyons ensemble cette revendication de la gauche désormais unie : 1400 euros nets pour le smic mensuel. Qui pourrait être assez salaud pour écrire que c’est trop ? Hélas, le problème n’est pas celui-là. Du tout. D’abord, la question de la justice est universelle. Elle concerne aussi bien le sous-prolétariat français que les milliards de gueux de la planète, dont cette gauche ne parle jamais. Jamais. D’un point de vue planisphérique, les pauvres de chez nous sont les riches du monde. Ça embête, mais c’est un fait qui n’est pas près de disparaître. Que quantité d’immondes aient beaucoup, beaucoup plus, n’y change rien.

Donc, dès le premier pas, considérer le monde réel, et pas notre France picrocholine. Ensuite, réfléchir à cette notion largement utilisée dans les années 70, et malheureusement disparue : l’aliénation. Par les objets. Par la possession frénétique d’objets matériels qui déstructure l’esprit, rompt les liens de coopération, enchaîne dans une recherche jamais comblée de choses. Lorsque je tente de voir les êtres et leurs biens avec mes yeux d’enfant, je me dis fatalement que « nos » pauvres disposent de béquilles dont nous n’aurions jamais osé rêver : des bagnoles, des ordinateurs, des téléphones portables. Moins que d’autres ? Certes. Mais cette route n’en finira jamais.

À quoi sert de distribuer de l’argent dans une société comme la nôtre ? Même si cela heurte de le voir écrit, une bonne part de ce fric irait à des objets ou consommations détestables, qui renforcent le camp de la destruction et du commerce mondial. Qui aggravent si peu que ce soit le dérèglement climatique. Je crois qu’on devrait proposer tout autre chose. Un gouvernement écologiste, pour l’heure chimérique, s’engagerait bien sûr auprès des smicards.

Il s’engagerait aussitôt, mais en lançant un vaste plan vertueux. On créerait un fonds abondé sur le coût pour tous des émissions de gaz à effet de serre. L’industrie paierait, mais aussi le reste de la société, à hauteur des moyens financiers, bien sûr. Ce fonds garantirait à tous les smicards – et donc à leurs enfants – l’accès permanent à une alimentation de qualité, bio, locale autant que c’est possible. À un prix décent, c’est-à-dire bas.

Ce serait un merveilleux changement. La santé publique en serait sans l’ombre d’un doute améliorée. L’obésité, cette épidémie si grave, régresserait fatalement, ainsi que le diabète et tant d’allergies. Quant à l’industrie agroalimentaire, elle prendrait enfin un coup sérieux. Au passage, une telle volonté finirait par créer des filières économiques solides et durables. Car à l’autre bout se trouveraient des paysans. De vrais paysans enfin fiers de leur si beau métier. À eux aussi, on garantirait un avenir.

Parmi les questions les plus graves de l’heure, s’impose celle de la production alimentaire. Tout indique que les sols épuisés de la terre ne suffiront pas longtemps à (mal) nourrir le monde. La France, qui fut un très grand pays agricole, se doit d’installer de nouveaux paysans dans nos campagnes dévastées par la chimie de synthèse et les gros engins. Combien ? Disons 1 million. Ou plus. Le temps d’un quinquennat. C’est ainsi, et pas autrement qu’on aidera à faire face à ce qui vient et qui est déjà là. Le dérèglement climatique est une révolution totale.

Pour en revenir aux smicards, qui souffrent je le sais bien, sortons ensemble des vieux schémas. Inventons ! Faisons-les rentrer en fanfare dans cette société qu’ils n’auraient jamais dû quitter. Mais pas au son de la frustration et des sonneries de portables.

Mélenchon est-il vraiment écologiste ?

Il n’est pas inutile de se poser quelques questions sur M.Mélenchon. L’amoureux de Mitterrand qu’il est resté a-t-il basculé du côté des écosystèmes, comme il le prétend à chaque phrase ? Les quarante années de soutien au productivisme – 6 ans au moins à l’OCI, 31 ans au PS – se sont-elles évaporées ? Est-il sincère ? Est-il crédible ? Attention, on n’est pas obligé de lire.

Jean-Luc Mélenchon est-il écologiste ? Commençons par un exemple lointain, mais crucial : la Chine. Quiconque suit l’affaire sait que le capitalisme fou de cet État totalitaire a détruit un grand nombre de ses écosystèmes. Des milliers de cours d’eau surexploités ont simplement disparu de la carte (1). La déforestation provoque de tels nuages de poussière poussés par le vent qu’une ville comme Pékin est menacée d’en être proprement submergée. Les « villages du cancer », comme les appellent les écologistes chinois – ils existent – sont des centaines, peut-être des milliers aux abords des usines pétrochimiques.

Mais la Chine est aussi devenue sans que quiconque le dise, un pays impérialiste. Près de 20 % de la population mondiale, mais seulement 7% des terres arables, et 300 millions de nouveaux riches qui veulent de la viande, plus que chez nous encore. Il faut donc coloniser, et s’emparer de nouvelles ressources. Des pays comme le Cambodge et le Laos sont devenus des États fantoches, aux mains des financiers chinois. En Afrique, leur fric est partout, construisant routes, ponts, ports, chemins de fer, et corrompant partout où il passe. Et détruisant. Les forêts. Et aspirant le gaz et le pétrole. Et accaparant des millions d’hectares de terres. La Chineafrique a depuis longtemps dépassé la sinistre Françafrique de papa Foccart. Même la France est touchée, qui exporte massivement ses chênes là-bas, comme Madagascar le fait avec son Bois de rose (2).

Mélenchon, qui ne s’intéresse pas à de tels détails, défend la Chine. Le million d’Ouïghours enfermés dans des camps, les tortures, les assassinats ? Pour lui, ce n’est jamais qu’une « une répression que fait le gouvernement chinois contre les organisations islamistes ouïghoures ». Quant au Tibet, envahi par l’armée chinoise en 1950, colonisé, et dont la culture est écrasée, il aurait en fait été « libéré » de la théocratie.  Et il va plus loin encore en vantant le modèle. Dans une interview éclairante (4), il déclare sans état d’âme : « Je considère que [le développement chinois] est une chance pour l’humanité » (…) Je trouve stimulant et intéressant de voir comment la planification a été un outil de développement ». Heu, qui le prévient que la Chine est devenu l’agent majeur de la destruction accélérée du monde ?

Heureusement, il y a le reste. Mélenchon est un visionnaire. Depuis dix ans déjà, il va répétant sa foi dans l’avenir technologique des sociétés humaines. Il n’a pas lu Ellul et Charbonneau, les merveilleux analystes du « Système technicien » (2) . Mais qu’a-t-il lu ? Dans un entretien affriolant avec le journaliste Hervé Kempf (3), il livre le nom du grand penseur de l’écologie. De son grand penseur à lui : le pauvre Alain Lipietz, ci-devant petit chef des Verts, dont on cherchera en vain la moindre contribution dans ce domaine.

Mais il y a de grandes pistes, toutes prometteuses. Et d’abord, l’espace. Mélenchon en est resté aux illustrés de son enfance. À Paris-Match : « Quand j’étais gamin, je découpais et je collectionnais les articles sur la conquête de l’espace. Je crois que j’ai encore dans ma cave un cahier où j’avais collé fiévreusement les exploits de la chienne Laïka et de Youri Gagarine ». Sur son blog, en 2019 : « L’exploration spatiale a d’ores et déjà amené sur terre beaucoup de bienfaits. Elle a contribué à des avancées majeures (…), Elle a également permis le développement des ordinateurs modernes et de nouveaux services comme la téléphonie mobile ». Au cours du meeting « immersif », ultratechnologique, de janvier à Nantes, l’amoureux des satellites vante au milieu d’images de synthèse ces « milliers d’applications dans nos poches qui dépendent de l’espace : météo, GPS, cartographie et surveillance écologique des traités internationaux ! ».

C’est donc très bien. Qu’importe la réalité. Qu’importe que l’espace soit devenu une décharge industrielle pleine de millions de déchets tournant autour de la Terre. Que Musk lance des milliers de satellites qui empêcheront beaucoup d’observations astronomiques. Pas grave. C’est le rêve qui compte. Et de même pour la mer, que Mélenchon présente si gentiment comme le territoire à occuper d’urgence. Dès 2012, dans un discours scientiste digne d’un Science et Vie des années 50 du siècle écoulé, il désigne l’océan mondial comme « la dernière “terra incognita” de la planète ». Une terre de conquête. Lui : « Je compare cette ambition que je propose à celle qui nous a permis de devenir une puissance spatiale ». Lui toujours : « Rien n’est hors de portée pour nous (…) La mer est notre nouvel espace de réussite et d’exploits scientifiques et techniques ! ».

Sortons maintenant de France et regardons plutôt ce qui se passe au Venezuela, patrie de l’immortel Hugo Rafael Chávez Frías, grand ami de Mélenchon s’il en est. En 2009, au cours de la funeste conférence de Copenhague sur le climat, Chávez entend devenir el comandante de la lutte contre le dérèglement climatique. Il clame et tonne, comme le défunt Nikita Khrouchtchev brandissant sa chaussure, en 1960, à la face de l’ONU. Extrait : « L’activité humaine actuelle (…) met en danger la vie sur la planète ». À peine rentré à Caracas, il relance les fructueux contrats pétroliers à destination de cet Empire américain si constamment décrié, permettant que l’on vende dans les rues de l’essence à 0,017 euro le litre. Et rien ne sera fait. Si : avant de mourir, Chávez envisageait sereinement d’exploiter les centaines de milliards de barils de pétrole cachés dans les sables du bassin de l’Orénoque. Faisons confiance à Maduro son successeur pour passer à l’action. S’il ne s’est pas avant enfui à Miami. La boliburguesia – cette bourgeoisie bolivarienne qui a tant volé d’argent pétrolier à son peuple – ne sera jamais rassasiée.

Pas un seul mot sur l’état réel des mers. Pas un mot sur leur acidification. Pas un mot sur la pêche industrielle, et donc les risques d’extinction pesant sur tant d’espèces. Pas un mot sur le Great Pacific Garbage Patch et ses semblables, ces incroyables amas de déchets en plein océan, de la taille d’un continent. Pas un mot sur ces dead zones – des zones mortes – touchées par l’anoxie, c’est-à-dire la quasi-disparition de l’oxygène. Pas un mot sur les colossales diminutions de plancton constatées partout. Non, car il s’agit d’industrialiser encore, à coup d’éoliennes en mer, à coup d’hydroliennes – machines qui produisent de l’énergie grâce aux courants marins -, à coup de centrales « houlomotrices ». La mer sera conquise, de gré ou de force.

Idem en Équateur, lorsque Rafael Correa, encensé par Mélenchon et chantre de la « révolution citoyenne », régnait encore. En 2013, cet écologiste lui aussi autoproclamé obtient d’un parlement à la botte le droit d’exploiter une nappe de pétrole sousle parc national Yasuni, réserve de biosphère de l’Unesco, où vivent 696 espèces d’oiseaux, 2 274 d’arbres, 382 de poissons, 169 de mammifères. Tête de ces arriérés d’Indiens Huaorani, qui se considèrent comme des fils du jaguar, et qui avaient arraché des droits sur cette forêt unique.

Mélenchon est-il si différent de Correa ? D’évidence, il est resté un productiviste. Il est bien possible qu’il se voie comme un écologiste, et pourquoi pas, puisque des Jean-Vincent Placé, des Pascal Canfin, des Barbara Pompili le sont ? Mais la pensée écologiste vraie existe tout de même. Et elle repose sur une rupture mentale qui suppose l’acceptation des limites. L’homme doit accepter de reculer avant que tout ne soit totalement consumé. Il doit accepter le grand partage avec ce qui n’est pas lui. Les mers appartiennent aux écosystèmes, pas aux rêveries de pacotille. L’espace appartient au grand mystère des origines et ne doit pas souillé, mais au contraire nettoyé des vomissures humaines. L’homme doit apprendre la leçon qui commande toutes les autres : il est un élément. Puissant, parfois formidable, mais un élément seulement d’un ensemble qu’il s’acharne à ruiner.

Écologiste, Mélenchon ? Dans ses envolées si peu lyriques, il ajoute aux terres de conquistador que sont pour lui l’espace et la mer, le numérique. Faut-il l’avertir que la numérisation du monde détruit les chances de la démocratie ? Que la vitesse extrême – et binaire – d’internet est un problème politique majeur ? Que la lenteur est une nécessité vitale pour la discussion, l’élaboration, la décision commune ? Que ce système annonce la surveillance simultanée totale de toutes les activités humaines ? Que les data centers qui stockent des milliards de milliards de milliards de données pourraient bouffer jusqu’à 13% de l’électricité mondiale en 2030, dans huit ans ?

Mais c’est avec les jeux vidéo, sous-ensemble lilliputien du numérique, que Mélenchon atteint au sublime. Pour lui, « c’est un instrument magique de formation et de culture ». Mais il faut se battre, et dit Mélenchon en 2017, « moi, je propose qu’il y ait un centre national du jeu vidéo, comme il y a un centre national du cinéma. Et je vous garantis que si je suis élu, je mettrais le paquet pour que cette filière existe en France, pour qu’elle se développe ». Pardi ! Le jeu vidéo, « ce n’est pas puéril, le comportement du jeu, c’est structurant de l’imagination humaine. On commence tous par jouer pour se construire en tant que personne ». Quant aux grincheux, il s’agit de « clouer le bec à ceux qui ont du mépris pour le jeu (…) On croirait que jouer c’est perdre son temps, et bien pas du tout. Jouer, c’est même gagner du temps puisque l’on peut s’enrichir humainement. »

Bon. En 2019, le docteur en neurosciences et directeur de recherche à l’Inserm Michel Desmurget publie au Seuil La fabrique du crétin digital. S’appuyant sur 1500 études de haut niveau – 1500 -, il montre avec clarté que les écrans, à commencer par les jeux vidéo, dégradent en profondeur le cerveau des enfants. Au programme ce soir, troubles du sommeil et de la concentration, obésité, agressivité, chute de la créativité et des résultats scolaires, dépressions, conduites à risque, etc, etc. Desmurget : « Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l’histoire de l’humanité, une telle expérience de décérébration n’avait été conduite à aussi grande échelle ». Un dernier avis gracieux à Mélenchon : ce sont les enfants du peuple qui morflent le plus. Toutes les études montrent que moins on a de fric, plus on passe de temps à se cramer le cerveau devant Grand Theft Auto, Mortal Kombat ou Super Mario, jeux qui se vendent par millions.

La Chine qu’aime tant Mélenchon comptait en 2021 14 000 entreprises de jeux vidéo. Mais elle a décidé d’imposer à ses jeunes trois heures de ces jeux au maximum par semaine. Pourquoi ? Comptons sur Jean-Luc Mélenchon pour nous l’expliquer. Des armées de zombies et de crétins pour faire face à la crise écologique ? Ça va être difficile.

(1) https://archive.internationalrivers.org/resources/almost-28-000-rivers-disappear-in-china-8009

(2) Un livre formidable de Jacques Ellul (Calmann-Levy)

(3) https://reporterre.net/Jean-Luc-Melenchon-L-ecologie-doit-etre-un-stimulant-d-enthousiasme

(4) http://french.peopledaily.com.cn/Chine/7986663.html

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Avis précautionneux au lecteur

A-t-on bien le droit de séparer le candidat Mélenchon des millions de gens qui s’apprêtent à voter pour lui ? C’est ce qu’on souhaite vivement, car d’évidence, beaucoup de ceux-là sont proches des valeurs que je défends depuis un demi-siècle : les droits des femmes, le combat antinucléaire et au-delà l’écologie, la défense des animaux, de tous les animaux, fussent-ils des hommes, l’oriflamme de la raison et de la liberté, la détestation des despotes, des César et des tribuns, le refus des corsets religieux.

Non, ce portrait de Mélenchon n’est pas une charge contre ses électeurs. En aucun cas. Mais un peuple adulte a le droit de savoir. Le peuple qu’on appelle de gauche a placé ses espoirs, il y a quarante ans, dans l’élection d’un certain François Mitterrand. Quand celui-ci s’empare du PS au congrès d’Épinay, en juin 1971, il s’écrie depuis la tribune : « Celui qui n’accepte pas la rupture avec l’ordre établi, avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, ne peut être adhérent au Parti socialiste. » Mignon. C’est par la grâce de Chevènement, devenu aujourd’hui patriotard en diable, que Mitterrand réussit son OPA sur le PS. L’année suivante, les partis communiste et socialiste signent le programme commun de gouvernement, dont chaque phrase mériterait d’être citée. Extrayons ceci : « La pollution de l’eau et de l’air, les dégradations de la nature et des villes, les embouteillages pèsent de plus en plus sur les conditions de vie de la population. ces phénomènes ne sont pas des fatalités liées au progrès technique, au développement industriel ou à l’urbanisation. Le système capitaliste en porte la responsabilité. ».

À ce stade, tout va bien. En attaquant de front ce que les deux larrons appellent « le grand capital », on ne peut donc que venir à bout de ces « nuisances », ainsi qu’on appelle alors l’écologie, chez eux du moins. Après leur rupture en 1977, Chevènement est chargé de rédiger le « Programme socialiste pour les années 80 ». En 1980 précisément. Le NPA de Besancenot n’oserait plus écrire comme cela. C’est assez simple : Chevènement, donc le PS, puisque c’est son programme, veut « rompre avec le capitalisme en 100 jours ».

Mitterrand se contente, pour la campagne de 1981, de 110 propositions. Parmi lesquelles cette drolatique 101ème : « Une charte de l’environnement garantissant la protection des sites naturels, espaces verts, rivages marins, forêts, cours d’eau, zones de vacances et de loisirs sera élaborée et soumise au Parlement (…) avant la fin de l’année 1981 ». Il promet aussi le droit de vote des immigrés aux élections locales, qu’on attend toujours. Et qu’on attendra encore un moment.

En juin 1981, Mitterrand a tous les pouvoirs. Il oublie tout, et va bientôt propulser sur la scène publique Bernard Tapie, le bateleur de foire et tricheur patenté, qui va l’aider, via des émissions comme l’inoubliable « Vive la crise » -1984 – à réhabiliter l’entreprise, le capitalisme et les plumes dans le cul. Avant de refiler au grand truand Berlusconi, en 1985, une nouvelle de télé privée, La Cinq.

La messe est dite, et quarante ans plus tard, la France est belle, non ? Si l’on rappelle ces bons souvenirs, ce n’est pas par seul masochisme. Ni Mitterrand, ni ses hommes, ni ses femmes n’auront respecté des engagements qu’ils juraient sincères. Et Mélenchon ne fait pas exception. À l’automne 1987, il prend la tête d’un mouvement courtisan pour demander respectueusement au roi de daigner se représenter à l’élection présidentielle de 1988. Épargnons les citations : Mélenchon est en adoration, et le restera. Il a raconté mille fois qu’il ne tolérait pas, dans les cénacles socialos de l’époque, qu’on ose mette en cause « le Vieux », comme il l’a toujours nommé.

En ce début 2022, Mitterrand est toujours l’idole politique de Mélenchon. L’homme si proche de la Cagoule – mouvement terroriste de droite des années Trente -, celui de la Francisque remise par Pétain, celui de René Bousquet – flic en chef des déportations de juifs -, celui des dizaines de décapités du FLN algérien, auxquels il refusa la grâce entre 1956 et 1957, celui des cadeaux d’État à son ami Pelat après 1981, celui de la pleine défense du monde dans lequel nous vivons.

Question peut-être légitime : faut-il faire confiance aux bonimenteurs ?

600 000 caméras sur le visage

Pour Laurent Fournier

Hyderabad, au sud de l’Inde. Une ville d’environ 10 millions d’habitants, que les autorités sont en train de transformer en un laboratoire de l’horreur. En effet, autour de 600 000 caméras auraient été installées partout, de manière à surveiller le moindre mouvement bien sûr. Mais aussi pour servir d’étalon à un plan cohérent de reconnaissance faciale de la population générale.

Oui, il s’agit de créer hors de tout contrôle une base de données gigantesque où, à terme, la police disposerait du visage numérisé de tous les habitants. D’ores et déjà, des policiers demandent à des passants qui n’ont strictement rien fait d’abaisser leur masque s’ils en portent un, pour qu’ils puissent prendre un cliché de leurs yeux, de leur bouche, de leur nez. Ça servira plus tard. En théorie, on n’a pas le droit. En réalité, on le fait.

Ainsi donc, la Chine n’est pas le seul pays à se lancer dans l’aventure totalitaire du contrôle facial. Il est à craindre que les politiciens de là-bas, et bientôt d’ailleurs, ont parfaitement compris que la situation échappe aux méthodes habituelles. Le dérèglement climatique notamment, si lourd de menaces de dislocation sociale, place les États dans une situation très difficile. Comme ils n’entendent rien faire dans ce domaine, il leur faut préparer des moyens de coercition susceptibles de maintenir le pouvoir de leurs élites dans un monde qui basculerait.

Cela n’épuise pas le sujet. Cela n’est pas la seule explication. Mais c’en est une. Et maintenant, ci-dessous, l’extraordinaire communiqué d’Amnesty International.


COMMUNIQUÉ DE PRESSE
 
Mercredi 10 novembre 2021
 
Inde. Hyderabad est « sur le point de devenir une ville sous surveillance totale » – Nouvelle phase de la campagne Ban The Scan
La surveillance généralisée dans la ville d’Hyderabad, en Inde, est une menace pour les droits humains, a déclaré Amnesty International mercredi 10 novembre 2021 dans le cadre d’une nouvelle phase de sa campagne Ban The Scan, qui vise à faire interdire les technologies intrusives de reconnaissance faciale.
La capitale de l’État du Télangana – l’une des villes les plus surveillées au monde – a commencé la construction d’un « centre de commande et de contrôle » qui ne présage rien de bon, dans l’objectif de connecter en temps réel l’immense réseau de caméras de surveillance à reconnaissance faciale de l’État. Par ailleurs, selon une étude menée par l’Internet Freedom Foundation, l’État du Télangana est l’État indien qui compte le plus grand nombre de projets liés aux technologies de reconnaissance faciale.
« Hyderabad est sur le point de devenir une ville sous surveillance totale. Il est presque impossible d’y marcher dans la rue sans risquer de s’exposer à la reconnaissance faciale », a déclaré Matt Mahmoudi, chercheur sur l’intelligence artificielle et les mégadonnées à Amnesty International.
« Outre les caméras de surveillance, nous craignons que la pratique des forces de l’ordre consistant à utiliser des tablettes numériques pour arrêter, rechercher et photographier des personnes civiles sans aucune inculpation ne serve à des fins de reconnaissance faciale. »
« Les technologies de reconnaissance faciale peuvent déterminer qui vous êtes, où vous allez, ce que vous faites et qui vous connaissez. Elles menacent les droits humains, notamment le droit au respect de la vie privée, et mettent en danger certaines personnes parmi les plus vulnérables de la société. La construction du centre de commande et de contrôle est particulièrement préoccupante pour les droits à la liberté d’expression et de réunion », a déclaré Quinn McKew, directrice d’ARTICLE 19.
« Il n’existe actuellement aucune législation pour protéger la vie privée des citoyens et des citoyennes – la reconnaissance faciale est une technologie préjudiciable et invasive, et il est impératif que les autorités indiennes mettent immédiatement un terme à son utilisation », a déclaré Anushka Jain, avocate-conseil spécialisée dans la surveillance et la transparence au sein de l’Internet Freedom Foundation.
En Inde, les autorités utilisent depuis longtemps des technologie de reconnaissance faciale dans des contextes où les droits humains sont en jeu, notamment, parmi les exemples récents, pour faire appliquer les mesures de confinement liées au COVID-19, pour identifier les électeurs et électrices lors des élections municipales, et pour maintenir l’ordre pendant des manifestations. Les droits des musulmans, des dalits (opprimés), des adivasis (aborigènes), des personnes transgenres et de toutes les catégories de la société historiquement défavorisées sont particulièrement menacés par la surveillance de masse.
Ces recherches sur l’Inde marquent une nouvelle phase de la campagne Ban The Scan d’Amnesty International, après des recherches sur la surveillance dans la ville de New York parues début 2021. Les recherches sur Hyderabad sont menées en partenariat avec l’Internet Freedom Foundation et ARTICLE 19.
Amnesty International demande une interdiction totale de l’utilisation, du développement, de la production, de la vente et de l’exportation, tant par le secteur public que privé, des technologies de reconnaissance faciale à des fins de surveillance de masse.
Le harcèlement automatique à Hyderabad
Depuis quelques années, l’État du Télangana expérimente le renforcement de l’usage des technologies dangereuses de reconnaissance faciale contre la population civile.
Situé dans les collines de Banjara, à Hyderabad, le centre de commande et de contrôle devrait permettre le traitement simultané des données issues de jusqu’à 600 000 caméras, avec la possibilité d’élargir encore sa portée dans la région. Ces caméras peuvent être utilisées en combinaison avec le logiciel actuel de reconnaissance faciale de la police d’Hyderabad afin de localiser des personnes.
Avec l’aide de bénévoles locaux, Amnesty International, l’Internet Freedom Foundation et ARTICLE 19 ont cartographié les emplacements des caméras de surveillance extérieures visibles dans deux quartiers d’Hyderabad – Kala Pathar et Kishan Bagh. À partir d’analyses géospatiales, il a été estimé que, dans ces quartiers, au moins 530 864 et 513 683 mètres carrés, respectivement, étaient couverts par des caméras de surveillance – soit un total respectif impressionnant de 53,7 % et de 62,7 % de la superficie totale.
Amnesty International a découvert, sur des images vidéo partagées sur les réseaux sociaux entre novembre 2019 et juillet 2021, des dizaines de situations dans lesquelles des policiers d’Hyderabad ont demandé à des passant·e·s d’enlever leur masque pour les photographier, sans leur fournir aucune explication. Sur d’autres images, on voit des policiers prendre de façon aléatoire les empreintes digitales et une photo du visage de personnes civiles.
En vertu de la Loi indienne de 1920 sur l’identification des prisonniers, la police n’a le droit de photographier que des personnes arrêtées ou inculpées, et n’est pas autorisée à partager ces photos avec d’autres organes chargés de l’application des lois.
Le contrôle des technologies de reconnaissance faciale en Inde
En juillet 2021, Amnesty International a contacté cinq entreprises (IDEMIA, NEC India, Staqu, Vision-Box et INNEFU Labs) pour leur demander des informations complémentaires sur leurs activités liées à la reconnaissance faciale en Inde et sur leurs éventuelles lignes de conduite relatives aux droits humains.
Elle n’a reçu qu’une réponse d’INNEFU Labs, affirmant que « l’utilisateur n’a aucune obligation de respecter de quelconques conditions d’emploi imposées par le vendeur ». L’entreprise n’a en revanche pas répondu aux 14 autres questions posées par Amnesty International. Dans une autre lettre en réponse à une précédente enquête d’Amnesty International, INNEFU Labs avait déclaré ne pas avoir « de ligne de conduite officielle sur les droits humains », mais « respecte[r] le droit indien et les lignes directrices du pays ».
En vertu des Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, toute entreprise doit disposer d’une ligne de conduite relative aux droits humains et prendre des mesures pour identifier, prévenir et atténuer toutes les menaces que ses activités peuvent faire peser sur les droits humains et tous les risques auxquels elle est liée du fait de ses relations commerciales, de ses produits ou de ses services, et rendre des comptes à ce sujet.
Les technologies de reconnaissance faciale constituent par nature une menace pour les droits humains, or ces cinq vendeurs n’ont pas démontré qu’ils prenaient les mesures nécessaires pour traiter ou atténuer les risques liés à la fourniture de telles technologies à des agences gouvernementales.

Une réponse à Greg sur la bagnole électrique

Ce qui suit est une réponse à un lecteur de Planète sans visa, dont on trouvera le texte dans les commentaires. Deux autres lecteurs lui ont déjà adressé des remarques fort intéressantes, mais j’y joins les miennes, car le sujet, Dieu sait, importe.

Cher Greg,

J’étais occupé ailleurs, sinon j’aurais répondu plus tôt. D’abord et avant tout, ton « progressisme » me laisse un peu pantois. J’y vois la marque, et ce n’est pas péjoratif, d’une pensée magique qui s’insinue tôt ou tard dans tous les esprits. La science a toujours trouvé des alternatives, dis-tu ? Quelle science ? Celle qui s’est mise au service des intérêts industriels et militaires, dont il serait douteux de dire qu’elle sert des intérêts humains ? Des alternatives à quoi ? Chaque « avancée » technologique enchaîne davantage les hommes et repousse à plus loin les solutions. Pensons ensemble au transhumanisme et à la promesse de l’intelligence artificielle

Nous vivons l’heure de la numérisation du monde, révolution s’il en est, qu’il est visiblement interdit de critiquer sur le fond, et déjà on veut nous entraîner plus loin. N’est-il pourtant pas évident que c’est ce chemin technologique-là, fait de nouveautés incessantes, qui nous a plongés dans cette gigantesque impasse ? Greg, tu te contenterais donc de faire de nouveau confiance à ces gens-là ?

Autre question fort importante : la bagnole électrique. Enfin, voyons. Ne vois-tu pas qu’il s’agit d’un gigantesque plan de relance planétaire d’une industrie en panne historique ? Les marchés du Nord sont saturés – on imagine mal cinq bagnoles par foyer – et ceux du Sud, de loin, bien moins rentables. Toute industrie est programmée pour avancer vaille que vaille, sans autre considération. Il fallait trouver quelque chose pour sauver ce qui est, dans un pays comme la France, le centre de l’économie réelle. Bien sûr, on affirme que cela sera bon pour le climat. Comme les biocarburants, qui affament un peu plus les gueux. Comme le nucléaire qui menace de grands espaces de vitrification et diffuse des techniques qui seront tôt ou tard militarisées. Les communicants de ce monde en faillite on trouvé dans la crise climatique un argument en or massif pour pouvoir continuer leur route mortifère.

Je ne veux pas même discuter en détail du cycle de vie de la bagnole électrique. Peut-être est-il (un peu) meilleur que celui de la bagnole thermique, bien que je ne le croie pas. Mais ce n’est pas exactement le problème. Le problème est qu’on va émettre des quantités formidables de gaz à effet de serre pour leur construction – l’acier, par exemple -, au moment même où il faudrait réduire de 80% nos émissions. La bagnole électrique est le symbole évident que rien ne sera fait. Et c’est pourquoi il faut l’attaquer frontalement.

Puis, Greg, pardonne-moi, mais tu acceptes de devoir le confort d’une bagnole électrique à des esclaves et à la dévastation écologique loin de nos yeux ? Dis-moi que je me trompe.

Dernière chose enfin. Par quoi remplacer la bagnole ? En préambule, je tiens à redire pour la centième fois que certaines situations sont sans issue. On appelle cela le tragique, que tant, surtout s’ils sont « progressistes », ont du mal à considérer. Mais en l’occurrence, ce n’est pas le cas. On peut parfaitement imaginer un plan de rénovation massive des bagnoles thermiques, en IMPOSANT aux constructeurs l’installation de moteurs ne dépassant as 1 à 2 litres pour 100 kilomètres, en libérant ces derniers de l’électronique qui ne sert que les marchands, de manière à rendre leur liberté d’auto-réparation à ces centaines de milliers de bricoleurs émérites que compte ce pays. Une voiture est susceptible de durer une vie entière dès lors que ses pièces peuvent facilement être changées ou réparées. Et bien sûr, parallèlement, il faut prévoir des plans de circulation incluant au maximum les transports publics, qui limitent sans bien sûr les interdire, les déplacements. En somme, on économise tout, drastiquement, en attendant de trouver mieux. Ce qu’on appelle une économie de guerre. Ne sommes-nous pas en guerre ?

Dernier, dernier point. Un choix décisif a été fait dans les années vingt du siècle passé. La bagnole individuelle aura joué un rôle très sous-estimé dans le développement accéléré de l’individualisme, cette maladie mentale qui nous tue. La prolifération des objets matériels, seul fondement véritable du capitalisme vieillissant, modifie inéluctablement la psyché des humains, en repoussant toujours plus loin des solutions collectives qui sont les seules efficaces. Je te conseille, Greg, et à tous d’ailleurs, d’aller regarder la carte du réseau ferré en 1921 en France, ce qu’on appelle le Grand Chaix (c’est ici et c’est spectaculaire). N’est-ce pas admirable ? Il y avait des bouts de ligne dans la moindre vallée, jusqu’en moyenne montagne. Je dis, j’écris, j’affirme que sur cette base, on pouvait bâtir une autre civilisation des transports. Avec l’intelligence technique des humains, que je juge grande, on eût pu trouver un système souple, mixte, mêlant train et engins collectifs, répondant parfaitement aux besoins. C’est la politique, et le génie des communicants de Michelin qui en auront décidé autrement.

Alors non, cher Greg, non et cent fois non.

Fabrice Nicolino

La Cop26 comme si j’y étais

Je ne lis pas une ligne, ou alors par hasard, sur cette maudite vingt-sixième édition de la COP, ou Conférence des Parties à la CCNUCC, qui signifie Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Le seul vocabulaire employé est d’une langue inconnue, qui ne parle qu’à quelques centaines de gens embedded, comme on dit des journalistes embarqués par quelque institution, militaire au départ, pour raconter le terrain. Je défie quiconque ne fait pas partie de cette si vilaine tribu d’y comprendre quoi que ce soit.

Bien sûr, cela ne servira à rien. Je l’ai écrit tant de fois depuis trente ans – trente ans ! – que les doigts en tremblent un peu. Je ne vais pas tout reprendre, soyez rassurés. Contentons d’un point, évident et crucial : l’aliénation par la possession d’objets matériels. Elle est flagrante et peut se résumer ainsi : vers 1965 – j’avais dix ans -, une famille (très) pauvre comme la mienne n’avait à peu près rien. Une machine à laver Zanussi, qui bien que brave, tombait en panne sans que nous eussions de quoi la faire réparer. Une table branlante, quelques chaises dépareillées, des sommiers qui rendaient l’âme. Dans notre immeuble HLM de Seine-Saint-Denis, nous étions certainement au bas de l’échelle sociale, qui pourtant ne menait pas très haut.

Et alors ? Nous ne connaissions pas la faim, juste la gêne d’acheter sa bouffe à crédit, ni le froid, et la Sécu était là pour les coups durs. Loyer, dont j’ai retrouvé un bordereau : 11 000 anciens francs par mois. 110 francs, donc, car les nouveaux francs avaient fait disparaître les vieux. Soit le pouvoir d’achat, d’après les tableaux de conversion de l’INSEE de 150 euros en 2020. Nous vivions. Comme des pauvres.

55 ans plus tard, la mégamachine – appelons cela par commodité le capitalisme – a transformé chacun d’entre nous en machine secondaire, dans laquelle il faut enfourner en permanence, faute de quoi tout s’arrête, tout. Ce système fou, qui repose sur l’usage de plus en plus hystérique d’objets jetables, n’a certes pas créé l’individualisme ambiant, qui est l’une des sources principales du désastre en cours. Le phénomène est ancien, et fort complexe. Mais d’un autre côté, la prolifération d’objets matériels individualisés – pensons à la bagnole – a profondément accéléré la dislocation des vieilles relations, des anciens manières de coopérer, de s’entraider. L’objet finit par modifier la psyché.

Le téléphone portable est pour le moment l’acmé de cette transe collective. J’ai toujours pensé et maintiendrai que c’est une merde, qui a ajouté à notre incapacité à affronter le réel ensemble. Et je vous en prie, épargnez-vous les commentaires sur son utilité, car je connais. Et je maintiens mon propos. Or aucune force politique, même “écologiste”, même mélenchoniste, ne s’est seulement posé la question de ce déferlement perpétuel. Je vous le dis : quand va-t-on poser les bonnes questions ? Sans mise en cause radicale de ce qui fonctionne comme le réacteur nucléaire du dérèglement climatique, nous resterons dans l’incantation.

Vous savez tous, dans les grandes lignes, le cauchemar écologique qu’est la numérisation totale du monde. Mais osez donc cette question : pourquoi aucune force politique ne pose la question des objets ? Et pendant que j’y suis, notez avec moi qu’aucun mouvement français ne remet en question l’arrivée de la bagnole électrique. Aucun, j’ai vérifié. Pourquoi ? Probablement parce que nos représentants ont trop peur d’affronter une opinion qu’ils jugent impossible à convaincre. Et sûrement parce qu’au fond d’eux-mêmes, ils pensent que c’est un “progrès”. Progressisme quand tu nous tiens.

Malgré les surpuissantes campagne de désinformation commerciale, plusieurs faits certains demeurent. D’abord, si l’on considère la cycle de vie global de la bagnole électrique, il n’y a pas de différence significative avec la bagnole thermique. En termes d’émissions de gaz à effet de serre. Lisez donc le formidable Guillaume Pitron (La guerre des métaux rares, L’Enfer numérique, LLL), qui nous prédit un electricgate d’ici quelques années. L’industrie automobile, qui était dans une panne historique, liée notamment à la saturation des marchés, repart pour 50 ans. Sur fonds publics alléluia !

Ensuite, et chacun le sait tout en s’en moquant éperdument, les éléments qui composent les bagnoles électriques imposent l’existence de mines en Chine, en Afrique, en Bolivie, au Mexique, où des milliers d’esclaves, dont des gosses, cracheront leurs poumons pour que nous puissions consommer leur extrême malheur. Et je ne parle pas des désastres écologiques que sont ces dizaines, ces centaines de mines dans les pays du Sud, à côté desquelles nos histoires de pollution sont des bluettes.

Bref. Je commencerai à croire que quelque chose change lorsqu’une vaste coalition aura prononcé les mots décisifs : À BAS LA BAGNOLE ÉLECTRIQUE ! Tout le reste n’est que propos de branlotin.