Archives mensuelles : juillet 2013

La guerre aux bêtes (ad libitum)

Tout spécialement destiné à notre nouveau ministre de l’Écologie, Philippe Martin

Ce qui suit n’est qu’une alarme lancée par l’un de nos vrais grands naturalistes, Roger Mathieu. Peut-être se trompe-t-il. J’aimerais sincèrement qu’il ait tort, mais j’ai un malheureux pressentiment. On a vu qu’un Plan National prévoit de pouvoir buter 24 loups en toute quiétude. Depuis, des (petites) armées de chasseurs sont sur le sentier de la guerre, en 4×4 avec GPS, avec fusil à longue portée et viseur nocturne. Or le Loup est un animal qui, même s’il fait peur, réjouit secrètement la plupart d’entre nous. Tel n’est pas le cas du Vautour, dont la réputation a jadis favorisé l’éradication en France. Aussi bien, la crainte exprimée ci-dessous par Roger est on ne peut plus réelle. L’appareil d’État, qui a tant contribué à détruire ce pays, se passerait aisément de vautours dans nos ciels.

Si d’aventure on transformait ces oiseaux de rêve en dépliants publicitaires pour régions touristiques, on assisterait à une régression telle qu’elle appellerait bien des remises en cause, et peut-être quelques ruptures dans les liens malfaisants existant parfois entre les protecteurs de la nature et les services officiels.

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L’APPEL DE ROGER MATHIEU

A toutes et tous,

“On” nous informe que le plan “Vautours et pastoralisme”, qui était totalement en sommeil, vient de se réveiller et, toujours “On”, nous annonce que ce plan serait bouclé en urgence pour fin Juillet 2013.

Ce plan introduirait l’effarouchement et demanderait de supprimer tout équarrissage hors placette.

En clair, on commence à préparer les esprits au tir des vautours (voir ce qui s’est passé avec le loup…) et on refuserait que les vautours fassent ce qu’ils ont toujours fait et qui est autorisé explicitement par l’Europe ; on refuserait que les vautours interviennent sur les estives… Et qu’ils ne se nourrissent QUE sur les placettes (éleveurs et placettes d’équarrissage centralisées).

Si ce plan prenait cette direction NOUS DEVRIONS LE REFUSER VIGOUREUSEMENT ; accepter ce plan serait une très mauvaise nouvelle pour l’avenir des vautours fauves et moines.

L’effarouchement et la suppression de l’autorisation de l’équarrissage en pleine nature, autorisée par l’Europe (Estives et accès difficile) doit marquer la ligne rouge à ne pas franchir…

Si nous cédons la dessus, je ne donne pas cher de l’avenir des vautours fauves ET DE TOUTE LA NATURE SAUVAGE (Blaireaux, renards, phoques, bouquetins, busards, lynx, ours, loups, castors…). Tout ce qui ne se chasse pas et/ou ne se mange pas devra disparaître….

Cordialement,

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Roger MATHIEU

Une réponse à Yves Bonnardel (sur les défenseurs du Loup)

Comme je manque toujours – péniblement – de temps, je m’étais dit que je ne devais pas répondre au commentaire d’Yves Bonnardel (voir l’original au bas de ce texte), publié ici à la suite de mon article titré La guerre aux bêtes (un été pourri). Bien m’en a pris, car cela a permis à nombre d’entre vous d’échanger, dans une clarté somme toute convenable. Mais en même temps, je ne souhaite pas laisser passer ce texte sans y ajouter quelques remarques. À l’avance, que l’on m’excuse pour le peu de temps que j’y consacre. Ce n’est certes pas par manque d’intérêt, ou de respect pour qui que ce soit. Chacun a ses obligations.

Yves Bonnardel, je ne vous connais pas, et je vois bien comme vos propos sont sincères. Mais comme vous n’y allez pas avec le dos de la cuiller pour pourfendre vos supposés adversaires – l’obscénité prêtée aux « écologistes » n’a rien d’une gentillesse -, je me permettrai moi aussi d’utiliser un ton plutôt dur. Il ne vous vise pas vous, Yves, mais les idées que vous défendez.

Je déteste la souffrance, la violence et la mort. J’ai fait souffrir, j’ai utilisé la violence, et parfois l’extrême violence, je me sens capable d’infliger la mort. Hum. Je suis peut-être bien un salopard accompli. C’est possible. On ne se connaît pas soi même.

La vie reste un mystère total, malgré les apparences d’explication imaginées par les hommes depuis des dizaines, peut-être des centaines de milliers d’années. Je reconnais que nos cerveaux sont fertiles, inventifs, ingénieux, parfois même – dans les limites imposées – géniaux. Mais enfin, soyons honnêtes au moins cette fois : à chaque fois que l’on prétend faire reculer la question en inventant une réponse, une autre interrogation surgit sans prévenir. C’était vrai au temps de Socrate, et cela le demeure sous le ciel des astrophysiciens.

Ce monde est régi par des règles qui, même si elles nous échappent au fond, marquent nos faibles esprits. Il n’est pas drôle pour une âme noble – et je suis certain, sans nul jeu, que vous êtes, Yves Bonnardel, une âme noble – de constater l’évidence que la mort nourrit la vie. Pour ce que l’on sait, le temps géologique – appelons cela, faute de mieux, l’Évolution – a créé, éliminé, sélectionné des millions  d’espèces de formes vivantes. Nous ne considérons guère que les animaux, très vraisemblablement parce qu’ils évoquent, fût-de de loin, ce que nous sommes. Les végétaux, avouez-le sans honte, tout le monde s’en moque.

Demain ou dans 10 000 ans – c’est la même chose, non ? -, d’autres humains que nous auront peut-être une vision élargie de ce qu’est réellement le vivant. La perception des arbres, pour ne prendre qu’un exemple, a considérablement changé en une cinquantaine d’années. On sait, bien que cela nous dépasse, qu’ils se parlent. Par exemple. Que ne saura-t-on demain à leur sujet ? Ou à propos des herbes de la prairie, que dévorent vos chèvres avec appétit ? Ou des champignons et lichens ? Ou des pierres elles-mêmes,  qui nous semblent mortes ?

Je note, et nul ne peut raisonnablement s’écarter du constat, que des animaux sont des carnivores. Ils consomment de la chair. Ils ont appris ainsi, sans qu’apparemment on leur ait demandé, et la totalité de leur organisation interne est liée à ces besoins. Car ce sont des besoins, et non des désirs. Ou si ? Renonceraient-ils à la viande, sur quelque étrange impulsion, qu’ils mourraient fatalement, après – qui sait ? – d’horribles souffrances. Leurs éventuels petits également.

D’innombrables chaînes alimentaires – peut-être toutes, à bien réfléchir – sont nouées en fonction de l’existence d’espèces carnivores. Je n’hésiterai pas à écrire que si, par un douteux coup de baguette magique, les espèces carnivores disparaissaient, l’ensemble si extraordinaire que l’on a coutume d’appeler la Vie courrait des risques d’extinction. Je note en passant que les activités humaines aboutissent d’ailleurs à ce résultat.

Et je reprends. La Vie – et l’existence d’espèces carnivores – est-elle plaisante ? Pas seulement, il s’en faut de beaucoup. Pour en rester au sujet évoqué par Yves Bonnardel, je déteste penser aux escargots qui finissent dans la gueule du hérisson. Attention ! je ne dis pas cela par ironie. Je déteste. La pensée d’une brebis égorgée par un loup est une souffrance. Et je maudis aussi, au passage, les imbéciles qui s’en sont pris, dans ce coin du Sud que j’aime tant, à ce bout de forêt qui descend vers Saint-Jean. Et pas seulement, je le jure bien, par dépit esthétique. Mais parce que l’idée d’une tronçonneuse attaquant la chair vive d’un être plein de sève me dégoûte.

Le reste me sépare totalement d’Yves Bonnardel. Les positions qu’il défend me paraissent relever de ce que j’appellerai un délire culturaliste. Ou si l’on préfère anthropocentrique. L’Homme est à ce point tout-puissant qu’on attend de lui qu’il rebatte les cartes de la Création, qu’il redessine les contours d’un monde qu’il ne comprend pas, qu’il distribue les bons points à quelques Élus, et une malédiction éternelle à ces masses profuses qui ne suivent pas l’Enseignement. En résumé, ces conceptions donnent à la culture humaine – pour laquelle j’ai pour ma part beaucoup d’admiration et beaucoup de détestation – le droit et le devoir de se substituer à la Nature, qui aurait si gravement failli.

Nous ne sommes pas loin – je crois que la porte est grande ouverte  – du transhumanisme. Autrement dit, cette idéologie nauséabonde pour laquelle il faut « améliorer » l’Homme par une adjonction continuelle de colifichets technologiques.  Je ne dis pas qu’Yves Bonnardel est un transhumaniste (ici); j’affirme qu’il leur ouvre des voies d’accès. Et je me permets de dire que cet esprit de toute-puissance est au fondement de l’infamie industrielle, qui détruit sous nos yeux, un à un, tous les équilibres écosystémiques. Si l’on pense que la culture et la morale sont capables de refaire le monde en arrachant de la sorte ses racines – dont l’âge se chiffre en centaines de millions d’années -, c’est donc que tout est possible. Tout.

Je n’entends pas renoncer pour autant à me battre contre la cruauté, contre le mal fait aux animaux, contre la souffrance autant qu’il est possible. Car tel me paraît être le rôle d’un homme accompli sur cette Terre martyrisée :  utiliser sa morale, si petite et fragile qu’elle soit, de manière à faire reculer le Mal. Et si cela n’est que d’un millimètre, tant pis. Cette aune est la nôtre, celle de nos êtres passagers. Le millimètre est bien notre mesure réelle.

Un ultime point, et je m’adresse cette fois à Yves Bonnardel. À lui seul. Pourquoi ce désastreux besoin de disqualifier par avance, et avec des arguments qu’ils ne défendent pas, ceux que vous critiquez ? Vous avez bien le droit de ne pas aimer les loups, mais au nom de quel étrange dérèglement pouvez-vous juger que ceux qui les défendent défendraient de même « l’admiration des forts, l’oubli des faibles » ? Ce n’est pas seulement ridicule, c’est obscène, pour reprendre un mot de votre vocabulaire.

Et pourquoi diable renvoyer les mêmes défenseurs du Loup, comme un vulgaire Luc Ferry dans son affreux pamphlet (Le Nouvel Ordre Écologique), à la soumission au fascisme ? Les heures noires ? C’est simplement désolant.

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yves bonnardel | Bonjour,

Je me permets de vous faire entendre un autre son de cloche concernant la présence des loups. Un son de cloche non spéciste. Il y a huit mois, j’ai pris en charge 64 chèvres cachemire, justement pour les sauver : l’éleveur qui les avait auparavant en avait perdu 85 sur 170 en deux ans, massacrées par ces prédateurs tant admirés. Malheureusement, ces chèvres que j’ai reprises en urgence alors qu’elles se faisaient décimer tous les jours, étaient « pleines » et je me retrouve maintenant avec 93 chèvres et chevreaux à protéger (il va de soi qu’elles n’iront pas à l’abattoir, ni ne seront exploitées). Or, un couple de loups en provenance du Vercors vient de s’installer dans la région (je suis dans le Haut-Diois, limite Drôme provençale). J’ai beau passer un temps fou à essayer de faire des parcs électrifiés tout autour (des parcs qui font parfois plus de 5 km de long !), je sais que ça ne les découragera pas de venir attaquer les chèvres (et les autres : il y a aussi des cerfs, des chevreuils, etc.), de les pourchasser en les terrorisant, de les égorger et finalement de les massacrer les unes après les autres : les brebis de l’éleveur voisin se font ainsi décimer depuis un mois et demi à à peine un km de chez moi : plus d’une vingtaine ont déjà été tuées en si peu de temps (une fois, une dizaine d’un coup), les autres sont complètement traumatisées… La présence de chiens de défense de troupeaux hélas n’y change pas grand chose…

Bref, je me retrouve confronté au « problème du loup » de la même façon que les éleveurs, si ce n’est que, évidemment bien plus que eux, je me soucie du sort des victimes elles-mêmes : elles ne sont pas pour moi des sources de profit, mais sont des êtres sensibles (sentients) comme vous et moi et qui, comme vous et moi, souhaitent de toutes leurs forces jouir de leur vie le mieux possible et le plus longtemps possible. Je ne fais pas de différence spéciste à ce niveau-là entre elles et moi : nous tous voulons vivre, voulons éviter de vivre dans la peur constante, voulons éviter de perdre nos proches (nos petits, par exemple, ou notre mère), voulons éviter d’avoir à courir désespérément devant des animaux affamés dont les machoires ne pardonnent pas…
Oscar Horta a publié récemment un texte qui en dit long sur la peur qu’inspirent les loups à leurs proies, là où ceux-ci peuvent agir à leur guise : dans le parc de Yellowstone, aux USA, on a réintroduit des loups pour tenter de diminuer les populations de Wapitis (des sortes de chevreuils) qui, trop nombreux, mettaient en danger la reproduction d’une plante. Ça a très bien marché : la population de wapitis a diminué de moitié, non pas tant parce qu’ils se font manger (ce qui est aussi le cas) que parce qu’ils sont terrorisés et n’osent plus s’aventurer en espace découvert, s’alimentent de ce fait insuffisamment, et meurent en conséquence de maladies ou de malnutrition… On imagine la réalité qu’ils vivent au quotidien, pour « préférer » se laisser mourir de faim !!!
(cf. Oscar Horta, « Éthique de l’écologie de la peur versus paradigme antispéciste. Changer les objectifs des interventions dans la nature » : http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article422)

Je trouve que la façon dont les éleveurs se rapportent au problème de la présence des loups est obscène : l’élevage est un rackett sanguinaire qui s’exerce à l’encontre des bêtes élevées, et les éleveurs sont des assassins différés qui n’aiment évidemment pas la concurrence. En fin de compte, il ne s’agit rien moins que de rivalité entre prédateurs, les uns mangeant les proies que les autres comptaient sans scrupule amener à l’abattoir (encore que la plupart des éleveurs que je connais n’aient tout de même pas si bonne conscience que cela).

Mais, et c’est pour cela que je réagis à cet article, je trouve la réaction des écologistes, quoique fort différente, absolument aussi obscène.
Jamais la moindre empathie pour les victimes des ours, ou pour celles des loups. Ce qui compte pour les écolos, c’est l’ordre naturel, la beauté de la biodiversité quelle qu’elle soit, l’harmonie résultant de l’interdépendance (un mot dégoûtant pour signifier que certains massacrent les autres), bref, c’est une sorte de rapport esthétique au monde qui se moque de la triviale réalité vécue par les êtres terre à terre qui sont assimilés à « la nature » et qui vivent dans la crainte perpétuelle, dans la douleur de perdre leurs proches, dans la souffrance de la vie qui s’écoule par la gorge ouverte…
Ce qui compte aux yeux de tant de naturalistes, c’est que continue à s’exercer la prédation, ce symbole si fort de la « nature » (cf. « La prédation, symbole de la nature » : http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article104).
Ce qui compte, c’est de pouvoir continuer à admirer les prédateurs, c’est continuer à se projeter en eux, et non en leurs proies.

C’est vraiment un sale rapport au monde qui s’exprime là : l’admiration des forts, l’oubli des faibles, la vénération pour la totalité (« la nature ») sans considération pour ce qu’elle signifie « en vrai » (dans la réalité vécue) pour les êtres qui sont censés lui « appartenir »…

Ce rapport-là me rappelle les heures les plus sombres de notre histoire occidentale, quand c’est non pas « la nature », mais « la société » qui en était l’objet. C’est fondamentalement le même rapport qui continue de s’exprimer, et dont certains restent condamnés à faire les frais.

La guerre aux bêtes (suite sans fin)

Pour Raymond Faure,

Il y a quelques jours, j’ai écrit ici un article sur le sort fait aux animaux, qu’ils soient loups, vautours, busards ou blaireaux. Je serai moins long cette fois, mais la série, comme vous le savez, est interminable. D’abord l’incroyable affaire du Silure. Ce poisson d’eau douce, carnivore, peut atteindre en France plus de 2,50 mètres et peser alors une centaine de kilos. En France ? Oui, en France, car ailleurs, autour de la mer Caspienne, on parle d’animaux encore bien plus grands, et gros. Car ils viennent de là.

Bon. Les pêcheurs dits sportifs en ont introduit chez nous au milieu du 19 ème siècle – encore bravo, les gars -, et puis sont morts. Les pêcheurs. Les silures se sont reproduits, ils ont gagné d’autres bassins hydrographiques, et maintenant, ils sont ici chez eux. En prendre un à la ligne est un combat qui étourdit de fierté le vainqueur. Sauf quand un silure « attaque une adolescente dans le Doubs ». Lisez-donc ceci. Grave question de l’été : le Silure est-il une menace pour nos enfants, après le Vautour et le Loup ? À quand un Plan National d’Action et d’Éradication ? En attendant, vite, une cellule de soutien – et de soutènement – psychologique.

Je vous joins deux cadeaux. Commencez par cet invraisemblable couillon appelé Michel de Poncins (ici, sa bio), qui a écrit de somptueuses inepties sur les espèces protégées. Pas de panique, vous trouverez le texte intégral plus bas. De Poncins a fait Sciences Po, il a un doctorat en économie, il est (très) libéral, il est catholique, de cette tendance insupportable du catholicisme. Et le voilà donc qui parle d’animaux avec une suffisance et une sottise qui sont réellement, toutes deux, confondantes. Voilà bien le pire : utiliser la place que l’on a acquise ailleurs à déblatérer sur ce que l’on ignore. C’est le syndrome Claude Allègre. Le malheur, c’est l’influence de ces gens-là sur le cerveau déjà ramollo des «  décideurs », qui ne demandent qu’une chose. Que l’on leur donne une bouillie prédigérée, de manière à sembler penser quelque chose, alors que l’on ne pense rien.

Deuxième cadeau, mais celui-ci est vrai : un film de 8 minutes réalisé par un Catalan, et qui nous montre des vautours au travail. Des vautours fauves, suivis de gypaètes récupérant des os, et même d’un renard guettant sa pitance. Très beau : http://www.youtube.com/watch?v=FXGbRVDd0aE. Vous m’en direz des nouvelles.

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Tiré du site Contrepoints.org

Environnement

La chimère des espèces protégées

Publié le 24/07/2013

Qui détermine la liste des espèces à protéger ? Quels sont les effets de cette chimère ?

Par Michel de Poncins.

Cette reine des chimères surgit régulièrement dans l’actualité tel un serpent de mer. Les événements tragiques de La Réunion conduisent certains à demander l’inscription des requins dans la fameuse liste, ce qui serait une calamité pour les Japonais très friands de leurs ailes ! Une récente émission de M6 la fait resurgir d’une façon inattendue par le problème du logement. Le logement ne va pas. Les économistes savent que c’est le gouvernement qui est responsable de cette crise insupportable.

Un promoteur est venu sur la chaîne. Il a raconté tout tranquillement qu’un immense terrain qu’il avait acheté pour bâtir avait été gelé pendant trois ans à cause d’un crapaud unique qui en avait fait sa terre de prédilection. Il avait donc été nécessaire de trouver un autre terrain. Personne évidemment ne calculera jamais l’immensité des coûts correspondants avec les conséquences sur le logement et sur le PIB. Cela rappelle un aigle de Bonelli qui avait bloqué une autoroute pendant longtemps.

Quelles espèces protéger ?

Une réflexion sur la nature des espèces à protéger se heurte à des difficultés diverses. Veut-on protéger les espèces telles qu’elles étaient en 1800 ou en 1900 ? Ce serait intéressant, mais impossible pour les historiens. La date la plus raisonnable serait l’an 2000 dont le caractère est symbolique. La difficulté sera moindre. Un autre problème surviendra. Le catalogue vieillira, au risque de devoir s’ajuster tous les dix ans, de nouvelles espèces étant apparues entre temps.

Vient alors la question majeure : qui décidera de la liste des espèces à protéger ? Qui tiendra la télécommande ? À présent, c’est le plus grand désordre ; chaque pays a sa législation propre avec l’interférence des organisations internationales du type UE. Ce point est de grande importance car il existe un peu partout des sanctions soit civiles soit pénales en cas d’atteinte à une espèce protégée.

Au sommet, l’ONU avance à grands pas avec plusieurs agences plus ou moins dédiées.

Quels sont les effets de cette chimère ?

Le premier effet est, sans conteste, la ruine pour tous y compris pour les acteurs qui souvent ne s’en aperçoivent pas.

La ruine peut être illustrée par un seul exemple : le comptage des oiseaux est organisé depuis longtemps au nom du faux concept de réserve naturelle. La République du Centre nous apprend qu’il existe 300 réserves ; évidemment, il n’y en a jamais assez. Une réserve naturelle, ce sont plusieurs hectares où les activités sont réglementées avec, en particulier, le comptage des oiseaux. Ce comptage des oiseaux servirait à jauger l’état de l’environnement. Un oiseau étant par définition mobile la tâche est impossible. Elle ne devient réaliste que pour un ornithologue qui fait le travail à nos frais et qui, pour ce qui le concerne, est une espèce dûment protégée !

Il existe une deuxième conséquence qui, pour être moins évidente, est encore plus perverse : c’est le renforcement des pouvoirs du mondialisme incarné par l’ONU, le Mammouth des Mammouths. Nous l’avons déjà citée plus haut. Nous observons une fois de plus comment un pouvoir totalitaire mondial s’installe sous divers prétextes avec de multiples tentacules.

Un constat

L’actualité nous a conduit à analyser cette chimère de la protection des espèces. La sagesse voudrait que dans le cadre du droit de propriété les gens gèrent les espèces en respectant le droit des autres. Celui qui aime les loups peut les élever sans qu’ils dévorent les brebis. Nul besoin de réglementation pour cela.

Au surplus la nature renouvelle sans cesse les espèces dont personne ne connaîtra jamais la liste. Contentons nous d’admirer cette richesse.

Il existe, hélas, des personnes à qui cela ne suffit pas. Le jeu des idéologies et des intérêts se glisse dans toute chimère ce qui prolonge et consolide la chimère.

Lien raccourci: http://www.contrepoints.org/?p=131989

La Mafia, c’est vraiment pas du vent

Cet article a paru dans Charlie Hebdo le 17 juillet 2013

Les flics font tomber un à un les « rois de l’éolien », des chefs de la mafia qui se font des couilles en or grâce aux parcs éoliens financés par l’Europe. Pendant ce temps, en France, des boîtes propres sur elles lancent des projets délirants, comme sur les crêtes des Vosges.
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La mafia, les petits gars, se moque bien de l’idéologie. Avec le fric pour totem, qu’il vienne du corps des femmes, de l’héro des junkies ou du trafic d’AK-47 – un beau fusil d’assaut -, on va toujours plus loin qu’avec des jérémiades. Le dernier exemple en date n’étonnera personne : les flics européens d’Europol expliquent dans un rapport tout chaud tout frais:  « Les mafias italiennes (…) investissent désormais dans le secteur des énergies renouvelables pour blanchir leurs revenus illégaux et bénéficier des aides européennes ». En tête de gondole, les éoliennes. Disons sans vouloir vexer les cognes que ce n’est pas réellement un scoop.

L’an passé, la police italienne a saisi 350 millions d’euros de biens divers, appartenant à la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise. Et dans le lot, le plus grand parc éolien d’Europe, situé à Crotone. Une bien belle réalisation de 48 aérogénérateurs construits grâce à une cascade de prête-noms et sociétés-écrans basés en Allemagne et en Suisse.

Rebelote il y a quelques semaines. Des unités spécialisées de Palerme ont découvert au Luxembourg une charmante boîte appelée Lunix, enchevêtrement de sociétés de Malte, du Panama et d’ailleurs, dont le point commun est la construction d’éoliennes en Sicile et bien au-delà. Prix de l’ensemble, à la louche : 1,3 milliard d’euros.

Derrière la vitrine, celui qu’on appelle le « roi des éoliennes », Vito Nicastri. Un proche, très proche du boss de Cosa Nostra, Matteo Messina Denaro, en fuite depuis 1993. En 2009, il existait déjà 900 éoliennes en Sicile, dont certaines dépassant les 100 mètres de haut, et des milliers en construction. Aucun chiffre plus récent n’est disponible, mais on peut faire confiance à Vito Nicastri pour avoir pulvérisé ses records précédents. La province sicilienne de Trapani, à elle seule, compte des centaines d’éoliennes, et un projet soulève une vraie grosse colère dans la ville de Mazàra del Vallo, où 48 éoliennes géantes de 190 mètres de haut pourraient être bâties à moins de trois kilomètres des côtes.

Pourquoi tant d’efforts de la part des mafias ? Un, l’Europe, cette brave fille aveugle, refile d’énormes subventions à qui veut construire des éoliennes, ce qui tombe à pic. Deux, l’Italie accorde un prix de rachat de l’électricité produite par les éoliennes trois fois supérieur à celui de pays européens comme la France. Le résultat est qu’une installation est rentable dès la deuxième année. Ensuite, bingo.

La mafia exerce-t-elle ses talents éoliens en France ? Nul ne sait, nulle enquête ne le prouve. Mais il se passe chaque jour de nouveaux événements. D’innombrables comités bagarrent contre l’installation massive d’éoliennes, qui se surajoutent aux centrales nucléaires. Pour l’heure, EDF est contraint de racheter au prix fort l’électricité d’origine éolienne à ses producteurs, mais cela risque de changer.

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), saisie par des associations, devrait annuler en septembre le tarif d’achat imposé à EDF, estimant qu’il constitue une aide d’État non déclarée. Le 11 juillet, l’avocat général de la Cour s’est en effet prononcé dans ce sens, et il est presque toujours suivi par elle.

Dans ce cas, la crise du secteur serait immédiate. Faut-il pleurer ? Faut-il en rire ? Le débat est complexe, et on ne l’ouvrira pas aujourd’hui, non par peur de se faire écharper, mais par manque de place. Ce qui est sûr, c’est que le vent a rapporté beaucoup de fric à de vraies boîtes industrielles, comme par exemple Ostwind, filiale française d’un groupe allemand lancé en 1992. Sur le papier (http://www.ostwind.fr), « la conviction écologique est le moteur d’Ostwind depuis ses débuts ».

Dans la réalité, faut voir. Il y a deux semaines, une vraie manif à l’ancienne a eu lieu au col du Bonhomme, sur les fabuleuses crêtes des Vosges. Ostwind vient d’obtenir du préfet du Haut-Rhin l’autorisation de défricher le terrain, prélude à la construction d’éoliennes au milieu d’un des plus beaux paysages de France, abri derniers grands tétras du coin. Ouais, faut voir.

Mélenchon et le Pérou (une triste histoire si ordinaire)

Je ne sers que de relais à une information parue ailleurs, en l’occurrence Mediapart. Et je précise que je ne partage pas les illusions de son auteur. Ce dernier semble appartenir à cette gauche altermondialiste qui estime que, même quand il se trompe aussi gravement, Mélenchon fait partie du même espace politique et moral. Ce n’est évidemment pas mon cas, ainsi qu’en attestent plusieurs articles consacrés à ce monsieur. Pour être sincère, je ne me donne pas même le droit d’écrire sans détour ce que je pense de lui, car alors, on m’accuserait sans nul doute d’aller trop loin. Il est vrai que je vais fort loin, mais il vaut mieux que cela reste dans ma tête.

En tout cas, voici. C’est un texte militant, pour sûr. Mais il contient des faits qu’il est loisible à chacun d’explorer. Pour ce qui me concerne, j’en sais assez sur la famille Humala pour être bien certain que M.Mélenchon, adorateur de l’Amérique latine, plutôt d’une Amérique latine frelatée, fantasmée, reconfigurée pour les besoins de ses exhibitions françaises, continue sa route en direction du Grand Rien, son vrai destin.

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Mélenchon en Amérique Latine, Mélenchon citoyennement à côté de la plaque !

|  Par Antoine (Montpellier)

COMMUNIQUÉ : Mr Mélenchon et le Pérou

COMITÉ DE SOLIDARITÉ AVEC CAJAMARCA : LES DÉCLARATIONS DE JEAN-LUC MÉLENCHON SUR LE GOUVERNEMENT D’OLLANTA HUMALA

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Photo. Pérou : répression des opposants à la mine de Conga. 5 morts, Jean-Luc Mélenchon !

Le dimanche 14 juillet 2013, Jean-Luc Mélenchon, un des leaders du Parti de Gauche, était au Pérou où il s’est entretenu avec le président de la République péruvienne, Ollanta Humala. Cette visite cordiale d’une des figures de la gauche française a été relatée par Mr Mélenchon lui-même sur son blog et sur le site du Parti de Gauche. S’il fallait n’en retenir que quelques mots, elle se résumerait ainsi : « Ollanta Humala, le président du Pérou, fait vite et bien ce que le président d’un pays riche comme le nôtre se montre incapable de commencer ». [le texte de JL Mélenchon sur son blog]

Eloge du gouvernement péruvien d’un côté et critique au gouvernement français de l’autre, la manœuvre est simple et efficace. Problème : il semble que Mr Mélenchon ait été mal renseigné sur la politique menée par le président péruvien. Rappelons que « la création d’une retraite » évoquée par Mr Mélenchon est en fait un programme social « Pension 65 » – et non un système de retraite – qui, jusqu’à présent, n’est opérationnel que sur 5% du territoire et se trouve déjà entaché d’un scandale de corruption. La croissance n’est pas de six points mais de sept pour l’année 2012, largement soutenue par les exportations du secteur minier (60% des exportations nationales en 2012). Or, les principales régions d’extraction des matières premières coïncident encore et toujours avec les régions les plus pauvres du pays (Cajamarca en est l’exemple).
Ceci ne nous semble pas « être le chemin du développement humain ». L’est encore moins la violente répression s’exerçant dans le cadre des nombreux conflits sociaux agitant le pays. Selon un rapport de la CIDH : depuis 2011, année de l’arrivée d’Ollanta Humala au pouvoir, 24 manifestants ont été assassinés et 649 personnes ont été blessées par la police et l’armée, qui ont utilisé même des armes de guerre contre eux. Au Pérou, on ne se réjouit peut-être pas de l’existence des riches mais on en subit autant qu’ailleurs l’emprise, le peuple de Cajamarca dans sa lutte contre la multinationale Newmont-Buenaventura-Yanacocha en sait quelque chose : il y est le spectateur quotidien de l’acoquinement du gouvernement d’Humala avec le grand capital.
Le président Ollanta Humala perpétue la même politique et suit le même chemin que ses prédécesseurs Alberto Fujimori ou Alan Garcia, par ailleurs critiqués par Jean Luc Mélenchon, c’est-à-dire l’octroi sans limites de concessions et de droits à des sociétés multinationales dans l’extraction des ressources du pays et ce au détriment des industries et des populations locales. Actuellement plus de 50% du territoire péruvien est sous concession d’entreprises minières ou pétrolières, essentiellement des multinationales et dans leur majorité Nord-Américaines, c’est une étrange manière d’être indépendant quand on sait que la loi permet aux multinationales de louer les services de la police nationale.
Qu’un homme de gauche comme Mr Mélenchon se retrouve soudainement à soutenir un gouvernement de droite est suffisamment grave pour être dénoncé par les acteurs qui, depuis la France, travaillent activement pour dénoncer les dérives de la politique néolibérale de Mr Humala. Le Comité de Solidarité avec Cajamarca, formé il y a presque deux ans, en soutien à un des mouvements sociaux les plus importants en Amérique Latine actuellement (le mouvement du « No à Conga » né de l’opposition au mégaprojet minier Conga), se déclare préoccupé par cette utilisation politicienne que Mr Mélenchon fait de la politique péruvienne.
Cette manœuvre de désinformation des citoyens français et des militants du Parti de Gauche nous paraît d’autant plus scandaleuse que Mr Mélenchon peut difficilement nier que plusieurs tentatives de sensibilisation sur la situation péruvienne ont été menées par le Comité de Solidarité avec Cajamarca auprès du Parti de Gauche. D’ailleurs, des représentants parisiens du PG avaient participé à une mobilisation devant l’ambassade du Pérou l’an dernier pour dénoncer la répression du gouvernement ayant tout de même coûté la vie à cinq manifestants. Cependant et depuis lors, le Parti de Gauche s’est abstenu – à la différence des 23 organisations politiques, syndicales et sociales signataires du communiqué du premier juin 2013 adressé au président Humala  –  de toute participation aux actions ou communications publiques réalisées par le Comité. Ce silence, puis les dernières déclarations de Mr Mélenchon, laissent penser que l’intérêt de ce dernier pour le Pérou est des plus superficiels et ne vise qu’à une chose : multiplier les déclarations d’opposition envers le gouvernement français. Pire, Mr Mélenchon, loin de méconnaître le cas péruvien, le balaie d’un revers de main en faisant le jeu de la droite péruvienne et en délégitimant la lutte des peuples originaires qui défendent sans relâche leurs terres et une autre vision du développement humain depuis déjà presque deux ans. C’est le cas, entre autres, des Gardiens des lacs de la région de Cajamarca.
Le Comité de Solidarité avec Cajamarca invite Mr Mélenchon, mais aussi tous les militants du Parti de Gauche, à reconsidérer cette prise de position qui va à l’encontre du travail réalisé par le Comité et les organisations signataires et qui alimente des pratiques aussi condamnables que celle de la désinformation. Notre Comité et ses alliés redoubleront d’efforts pour surmonter tous les  obstacles  à cette tâche indispensable, à cet engagement solennel avec le peuple de Cajamarca dans sa lutte légitime que nous avons pris ensemble, au compte des intérêts finalement de l’ensemble des peuples du Pérou.
Non à l’imposition du projet minier Conga par l’État péruvien et la multinationale minière Newmont-Buenaventura-Yanacocha !

Non à la répression violente exercée par le gouvernement Humala !

Vive les Gardiens des lacs et le peuple de Cajamarca !

Conga No Va, ni ahora ni nunca !

Publié par CS Cajamarca

Le texte sur le site Solidarité Cajamarca

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 Nous écrivions sur ce blog, il y a peu, les lignes ci-dessous à propos du soutien du PG à la politique de Rafael Correa en Equateur. Ces remarques s’appliquent au cas du Pérou et, de manière générale, interrogent l’absence de recul critique dont font preuve le PG et Jean-Luc Mélenchon vis-à-vis des « révolutions citoyennes » d’Amérique Latine. Le dérapage sur le Pérou illustre caricaturalement un travers qui « oublie » que des populations, loin du paradis démocratique évoqué, subissent parfois des répressions bien peu …citoyennes au coût parfois dramatique !

Un exemple d’unilatéralisme analytique : le PG et l’ Equateur 

Le Parti de Gauche développe un soutien sans faille à la politique de Rafael Correa. On pourra lire dans le « kit militant » équatorien qu’il a édité, à l’occasion de cette présidentielle, comment ce parti fait l’impasse, dans son analyse du processus politique de ce pays, sur les limites, voire les graves carences, que pointe Alberto Acosta. […]

En Equateur, comme d’ailleurs au Venezuela, le rôle des mouvements sociaux est borné par les structures politiques (assemblées mais aussi parti du pouvoir) qui cherchent à garder toujours l’ascendant sur ceux-ci dans une dialectique de mobilisation « avec les élus », « par les élus », dérivant en mobilisation « pour les élus », « pour le président » lesquels, bien entendu, incarnent univoquement l’intérêt du peuple. Circularité argumentative dont on n’est pas obligés de penser qu’elle est la quintessence d’une politique pour la rupture écosocialiste et d’une démocratie par et pour le peuple (pardon pour la redondance) !