Archives mensuelles : janvier 2011

Le WWF avec l’industrie du gaz de schiste (une honte totale)

Demain mardi 1er février et après-demain, les maîtres du monde se réunissent à l’hôtel 5 étoiles Marriott, 70 Avenue des Champs-Elysées, Paris, France. Pour discuter de leur nouvel Eldorado, qui est notre nouvel Enfer : les gaz de schistes. Ne croyez jamais les autorités, jamais ! Sarkozy et madame Kosciusko-Morizet peuvent bien prétendre ce qu’ils veulent, le coup est parti, avec leur accord. Les transnationales du pétrole et du gaz veulent mettre la France et l’Europe en coupe réglée, et tuer ce qui reste encore à peu près vivant. Attention ! Ce n’est pas une plaisanterie. C’est une agression directe contre nos vies et nos pays. Et il va donc falloir se lever d’une manière spectaculaire, inattendue, imprévisible.

Voici la liste des participants officiels :US Department of State, Ministry of Economy Poland, Polish Geological Institute, Institute of Eco-Development Poland, Ministry of Environment Poland, Ministry for Economy and Energy of North Rhine-Westphalia, Danish Energy Agency, Energy Resources Conservation Board, Alberta Canada, Ministry of Foreign Affairs Ukraine, Department of Economic Policy Poland, Ministry of National Development Hungary, Hungarian Energy Office.

Toute l’industrie sera là, bien sûr. Mais aussi, comme vous le verrez par vous même, un certain Stephan Singer. Qui est le responsable de la politique de l’énergie au WWF, cette association internationale qui n’a plus d’écologiste que le nom. Honte ! Shame on it ! Je crois très sincèrement que les masques sont en train de tomber. Il y a eux. Il y a nous. Comme l’a écrit jadis quelqu’un : « Aux barricades ! Aux barricades des cœurs et des âmes ! ».

Speakers

David L. Goldwyn
David L. Goldwyn
Special Envoy and Coordinator for International Energy Affairs
U.S Department of State
Guy Lewis
Managing Director Unconventional Gas
Gas Technology Institute (GTI)
Tony Atherton
Tony Atherton
Director Business Development Europe, Africa & Middle East
Talisman Energy
Kamlesh Parmar
Kamlesh Parmar
Country Manager Poland
Lane Energy
Maciej Kaliski
Maciej Kaliski
Director of Oil and Gas Department
Ministry of Economy Poland
Chris Hopkins
Chris Hopkins
Vice President Shale Gas
Schlumberger
Mark Reid
Mark Reid
Chief Financial Officer
Aurelian Oil and Gas
Isabelle Moretti
Isabelle Moretti
Non Conventional Gas Project Leader
Institut Francais du Petrole
Peter Cockcroft
Peter Cockcroft
CEO and Managing Director
European Gas Limited
Simon Blakey
Simon Blakey
Special Envoy
Eurogas
Alan Murray
Alan Murray
Head of New Ventures Research
Wood MacKenzie
Brian Horsfield
Brian Horsfield
Research Director
GFZ German Research Centre for Geosciences
Anne Højer Simonsen
Anne Højer Simonsen
Deputy Director General
Danish Energy Agency
Pawel Poprawa
Pawel Poprawa
Chief Specialist & Head of Petroleum Geology
Polish Geological Institute
Grzegorz Pytel
Grzegorz Pytel
European Commission Advisor and Senior Expert
Sobieski Institute
Yurdal Öztas
Yurdal Öztas
Vice President
TPAO
Attila Aydemir
Attila Aydemir
Coordinator for Unconventional Resources Project
TPAO
Alan Riley
Alan Riley
Professor City Law School
City University London
Andrzej Kassenberg
Andrzej Kassenberg
Chairman
Institute of Eco-Development Poland
Bruno Courme
Bruno Courme
Managing Director Gas Shales Europe
Total
Michael Gessner
Michael Gessner
Director of the Energy, Climate Protection and Mining Department
Ministry for Economy and Energy of North Rhine-Westphalia
Nick Grealy
Nick Grealy
Publisher
No Hot Air
Andrzej Jasinski
Andrzej Jasinski
Advisor to the Chief Inspector for Environmental Protection
Ministry of Environment Poland
Adrian Topham
Reservoir Development Services
Baker Hughes
Ambassador And?e Mernier
Ambassador And?e Mernier
Secretary General
Energy Charter
Andrew Ross
Andrew Ross
Managing Director
Elixir Petroleum
Brian Horn
Director of Geology
ION ISS
Craig McKenzie
Craig McKenzie
President and CEO
Toreador Resources
George Eynon
George Eynon
Board Member
Energy Resources Conservation Board, Alberta Canada
John Corben
John Corben
Senior Technical Advisor
International Energy Agency
Michal Zielinski
Michal Zielinski
Journalist, RFM FM Poland & formerly journalist
BBC
Nathan Meehan
Sr. Executive Advisor
Baker Hughes
Nina Bowyer
Partner – Global Energy Practice
Herbert Smith LLP
Stephan Singer
Director Global Energy Policy
WWF
 
Tomasz Maj
Tomasz Maj
Country Manager and VP
Talisman Energy Poland

Faut-il renoncer à la viande ? (un chat paru dans Le Monde)

Cela tombe excellemment bien, car j’ai de moins en moins de temps. Je vous mets ci-dessous le texte d’un chat – une discussion avec les internautes – organisé par le journal Le Monde, vendredi passé. Voilà comment ça se passe. Un journaliste vous appelle à l’heure prévue, au téléphone, et vous lit des questions d’internautes. Vous, vous causez dans l’appareil, en essayant de ne pas parler trop vite, car il y a quelqu’un, qui est d’ailleurs quelqu’une, qui tape à la vitesse du son vos réponses. Au bout d’une heure, c’est fini, et tant mieux, car vous avez envie de boire une bière. Le journaliste prépare pendant deux ou trois heures la discussion, qui est ensuite mise en ligne. Comme dans la version qui suit.

L’intégralité du débat avec Fabrice Nicolino, auteur de Bidoche, vendredi 28 janvier 2011

Auteur de « Bidoche », Fabrice Nicolino prépare actuellement un livre sur l’état du mouvement écologiste en France, à paraître en mars 2011 (éditions LLL).

François François : Qu’est-ce qui a changé depuis la sortie de votre livre « Bidoche », il y a un an ?
Fabrice Nicolino : Depuis, j’ai été frappé par le fait que les questions que je me posais dans le livre arrivaient au bon moment. Juste après, en décembre 2009, il y a eu le sommet sur le climat à Copenhague et on a vu à ce moment-là apparaitre un début d’opposition organisée à la surconsommation de viande, notamment au travers des déclarations de l’ancien Beatle Paul Mc Cartney et aussi au travers d’une déclaration symbolique de grève de la consommation de viande, lancée par une dizaine de personnalités françaises, dont les écologistes Jean-Paul Besset et Yves Cochet.

L’industrie de la viande a pris très au sérieux cette affaire. Il y a des documents internes que j’ai pu lire des industriels de la viande qui mettent en garde la profession. Ils semblent inquiets et certains estiment que ça pourrait être une menace plus grande que la crise de la vache folle il y a 20 ans.

DDE : Que pensez-vous du livre de Jonathan Safran Foer – Faut-il manger des animaux ? – N’est-il pas un peu extrême et trop « américain » dans sa pensée, ce qui rend ses arguments faciles à contrer par le lobby de la viande français ?

J’ai juste commencé à le lire, il est donc difficile d’en parler. La seule chose évidente c’est que c’est en effet un livre américain qui parle de l’Amérique, où les conditions de l’élevage sont un peu différentes de celles qu’on connait en Europe.

Lyly : La situation européenne diffère beaucoup de la situation américaine, donc ne devrait-on pas parler de ce qui cloche chez nous ? Agriculture intensive, utilisation de pesticides, etc

La différence entre les systèmes américains et européen est un différence de degré et non pas de nature. Je crois que le système industriel de la viande est largement un système planétaire. Même s’il n’existe pas en France des porcheries aussi géantes que dans certains Etats américains où peuvent être réunis plusieurs dizaines de milliers de porcs.

Ce qu’il faut retenir c’est que c’est un seule et même système. La région Bretagne en France est un lieu de très haute concentration de l’élevage industriel avec des centaines de « fermes » où sont traités – et mal traités – des millions d’animaux d’élevage, notamment les poulets et les porcs mais aussi à un degré moindre les bovins.

Jack : Concernant le bien-être animal, la France fait-elle figure de frein, notamment contre les réformes au niveau européen ?

Oui. La France freine des quatre fers. Pour résumer il y a une alliance historique en France qui date de l’après-guerre entre l’Etat, le ministère de l’agriculture, l’INRA, la grande industrie, des laboratoires et des scientifiques qui appartiennent, ou pas, à l’INRA. Il existe en France un modèle industriel de l’agriculture qui pour des raisons de rentabilités évidentes refuse de prendre en compte la question essentielle du bien-être animal, qu’on peut aussi formuler par la souffrance animale.

Il y a des scientifiques en France réputés qui travaillent directement avec l’industrie de la viande et qui par leurs travaux, souvent financés par l’industrie elle-même tentent de nier tous les problèmes liés à la souffrance des animaux.

Par exemple, la question symbolique du foie gras. C’est une institution dite gastronomique en France. On a pas le droit d’y toucher et il faut savoir que la France représente à elle plus de 90 % des exportations de foie gras. L’Union Européenne et ses experts, qui travaillent sur la question du bien-être animal ont établi à de nombreuses reprises l’extrême souffrance des canards et des oies chez lesquels on fabrique un foie malade qu’on appelle donc le foie gras.

Guest : On entend souvent qu’il est possible de se passer de viande. Pourtant, les alternatives semblent plutôt contraignantes au quotidien. Cela implique notamment d’avoir un régime alimentaire différent des autres et donc souvent très limité. Qu’en pensez-vous ?

Je ne suis pas végétarien. Je mange très peu de viande néanmoins. Ce que je sais c’est que manger nettement moins de viande est meilleur pour la santé humaine et ce que j’ai constaté au cours de mon travail c’est que les végétariens se portent très bien. Tous ceux avec qui j’ai pu parler disent qu’il est relativement facile de se passer de viande et de maintenir une excellente santé physique.

Don Diègue : Pour un homme ayant une activité sédentaire (bureau), y a-t-il une quantité de viande hebdomadaire recommandée par les nutritionnistes ?

Non. C’est un sujet très polémique car les industriels de la viande ont intérêt – et ont des moyens pour ça – à nous faire consommer beaucoup de viande. Dans le même temps il existe un très grand nombre d’études, parues dans les plus grandes revues scientifiques sur la planète, qui démontrent qu’en Occident, l’Europe en tête mais également dans un nombre croissant de pays émergents, le niveau de consommation de viande entraîne des problèmes de santé publique très graves. Il y a des peuves scientifiques qui montrent des liens entre une forte consommation de viande rouge et des maladies lourdes telles que les maladies cardio-vasculaires, certaines formes de cancers, l’obésité, le diabète…

Il y a l’étude du professeur Colin Campbell, considéré comme l’un des plus grands nutritionnistes vivants. Il a mené un étude sur un quart de siècle appelée l’étude chinoise, en relation donc avec les autorités chinoises. Il a comparé l’alimentation dans un canton chinois et aux Etats-Unis. Son résultat, c’est que les Chinois mangent essentiellement une nourriture végétale avec très peu de viande et les Américains au contraire beaucoup de produits carnés. Chez les chinois on trouve un certain nombre de maladies associées à la pauvreté (la tuberculose, des maladies respiratoires…) mais ils sont très largement à l’abri des maladies qu’on trouve chez les Américains. L’explication centrale serait le taux de cholestérol qui serait relié directement à la consommation de viande.

Ebene : N’y a t-il pas « quelque chose » de symbolique dans la viande ? Dès que l’on commence à en parler (même sans parler de végétarisme), le débat se ferme… C’est le mot réduction (qui passe pas mal pour le Co2) ou le mot viande ?

C’est vrai mais c’est parce que c’est aussi un débat anthropologique. Il plonge ses racines au plus profond de l’histoire humaine. Il faut comprendre qu’il y a un conpagnonnage entre l’homme et les animaux domestiques qui date de 10 000 ans. L’animal domestique a longtemps été divinisé. Des animaux comme la vache ont été considérés comme des dieux. C’est très profond.

L’animal avait un rôle éminent et puis il y a eu une rupture mentale et historique très importante au 17e siècle. C’est une date arbitraire mais à cette époque en France il y a eu un phénomène très important : le fameux discours de la méthode de Descartes. Descartes y parle des animaux et, pour la première fois à ma connaissance, un intellectuel écrit que les animaux sont des machines. Des machines très complexes mais des machines quand même. Descartes n’est évidemment pas responsable de tout ce qui a suivi mais c’est vrai que la vision mécanique des animaux les prive d’une âme. Il est fondateur d’une nouvelle vision des animaux qui elle va nous conduire à l’élevage industriel et d’une certaine façon, à la barbarie dans nos relations avec les animaux.

Henry delf : Les défenseurs des animaux français ne sont-ils pas condamnés à entendre des écolos et politiques français qu’ils ne sont pas des bons défenseurs des humains ? Que pensez-vous de leurs arguments selon lesquels on devrait renoncer à l’exploitation des animaux, comme on a mis fin à l’esclavagisme, au sexisme…

Je pense que l’élevage industriel et cette barbarie organisée contre les animaux ont des effets sur la psyché des humains. C’est faire sauter des digues dans les esprits des hommes. Exercer de la barbarie sur des animaux, c’est préparer le terrain à la barbarie contre les humains. Le parallèle avec l’esclavagisme ou le sexisme me paraît raisonnable. Au fond, quand on connait l’Histoire, on voit la façon dont les hommes ont nié le caratère d’homme aux esclaves. On se souvient des polémiques, lors de la conquête par les Espagnols de l’Amérique centrale, sur le fait de savoir si les Indiens avaient une âme. Cette polémique a éclatée car, si les Indiens étaient dotés d’une âme, alors on ne pouvait pas les surexploiter jusqu’à la mort comme ça a été le cas dans l’actuel Pérou avec les mines d’argent et les Incas. La même question a été posée aux hommes, en tant que genre, dans leur relation avec les femmes. En France, on a contesté le droit des femmes à voter jusqu’en 1946. C’est la même chose sous des formes différentes. Changer les animaux en machine c’est permettre de les traiter comme de la marchandise.

2514 : Si on suite votre raisonnement sur la barbarie, peut-on en conclure que les urbains sont définitivement plus évolués que les agriculteurs, tortionnaires d’animaux ?

Pour suivre ce raisonnement je dirais l’inverse. Nous déléguons l’élevage industriel et l’abattage des animaux à des gens dont nous ne voulons rien savoir. C’est vraiment « cachez ces abattoirs que nous ne saurions voir ». J’y vois la marque d’une hypocrisie sans nom qui m’indigne. Je pense qu’il faudrait au moins que tous les consommateurs de viande sachent la vérité sur l’élevage et l’abattage des animaux.

Robin : Pour vous, est-ce le fait de tuer et de manger les animaux qui est barbare, ou bien seulement l’élevage industriel ?

C’est une question ouverte qui est très importante mais sans réponse définitive. Je dirais que l’élevage industriel est globalement une barbarie et je suis pour sa disparition pure et simple. Maintenant la question de savoir si le fait de manger de la viande s’apparente à la barbarie, c’est devenu pour moi une question dont j’ignore la réponse.

G Said : La critique de la viande a-t-elle le moindre relais parmi les politiques français ? Droite et gauche sont-ils différents ? Trouvez vous aussi que les écolos continuent de ne pas aller sur ce terrain, pourtant intéressant, et snobent les défenseurs des animaux ?

Oui, la classe politique française en général récuse toute interrogation sur le sort des animaux. Droite et gauche confondus. Même dans les milieux de l’écologie politique tels qu’Europe Ecologie, à quelques exceptions près, personne ne s’intéresse à ces questions. D’abord par indifférence mais aussi par peur qu’on accuse ceux qui prendraient la défense des animaux de se désintéresser du sort des humains. Alors que les deux questions sont intimement liées.

Il y a quelques personnalités au Parlement, à droite comme à gauche, Yves Cochet par exemple, mais c’est rarissime. Il y a surtout des lobbies, tels que l’ « association des amis du cochon ». Qui cachent en fait une défense de l’élevage industriel. Ce qui domine c’est le soutien à l’élevage industriel sous toutes ses formes.

Sébastien : Le SNIV, le syndicat de l’industrie de la viande, a diffusé une lettre ouverte suite à la couverture des Inrocks sur le livre de Jonathan Safran Foer. Le SNIV en appelle au président Sarkozy pour venir défendre le modèle alimentaire français. Est-ce vraiment un modèle à suivre ?

C’est du pipeau. C’est une blague. C’est une pure propagande commerciale et industrielle. Il faut faire croire qu’il existe un modèle français raisonnable, gastronomique, pour maintenir les parts de marché de l’industrie française de la viande. C’est de la publicité.

En cuisine, il y a de plus en plus de chefs qui se tournent vers la viande biologique, qui certe coûte cher mais dont le cahier des charges impose un certain nombre de règles meilleures pour les animaux : des considérations de durée de la vie, l’espace accordé à l’animal, son alimentation, la possibilité d’être en extérieur et non pas enfermé dans des lieux sans lumière.

Tuer des animaux pour les manger c’est une choses, les maltraiter pendant la durée de leur vie sur terre c’en est une autre. De plus en plus de chefs donc se tournent vers ça mais aussi vers les plantes et l’alimentation végétale. C ‘est un phénomène de fond et non pas conjoncturel à mon avis.

Robin : Avec l’augmentation de pouvoir d’achat des Chinois et autres, le problème de l’élevage industriel risque de s’aggraver, non ? Ils veulent manger plus de viande. Mais pourquoi ?

C’est aussi une question très importante car le modèle alimentaire occidental et donc français basé sur une forte consommation de viande n’est pas un modèle généralisable. C’est impossible pour des raisons physiques et objectives.

Produire de la viande, sur le plan énergétique, c’est une folie. Pourquoi ? Parce que pour obtenir une calorie animale, il faut utiliser entre 7 et 9 calories végétales (le boeuf est celui qui nécessite le plus de calories – avec 9, le porc 7, le poulet descendant à 3 calories, selon un scientifique de l’Inra, ndlr) . L’animal est un très mauvais transformateur d’énergie. Il faut des quantité phénoménales de végétaux pour nourrir les animaux qui vont ensuite nous nourrir. En Europe et en France donc, 60 % des surfaces agricoles sont déjà utilisées pour les animaux. Soit sous la forme de paturage soit sous la forme de céréales pour les alimenter.

Les terres agricoles dans le monde sont limitées. On ne peut pas espérer augmenter massivement leur surface. Or dans un pays comme la Chine, sur fond d’hyper-croissance, il existe entre 150 et 200 millions de personnes qui disposent d’un pouvoir d’achat leur permettant de consommer de la viande. Quand on va aujourd’hui en Chine, et qu’on est invité à déjeuner par exemple dans une famille de la classe moyenne urbaine, il y asur la table, fatalement, entre 5 et 10 plats de viande car c’est un signe extérieur de richesse. Un signe de distinction sociale et c’est un mouvement qui semble irrépressible.

Seulement cela pose un problème insoluble. Personne ne sait où on pourra trouver les céréales qui permettraient de nourrir le bétail, chinois notamment. Pour cela, il faut importer des millions et des millions de tonnes de céréales qui font défaut au marché mondial actuel pour nourrir les humains.

Il y a de fait et de plus en plus une concurrence tragique entre l’obligation de nourrir les humains et l’envie de nourrir les animaux pour permettre à la fraction riche de l’humanité de consommer de la viande. On devra peut-être choisir entre nourrir les hommes ou les animaux.

Sur l’anarchie (Pour Laurent et tous autres [éventuellement] intéressés)

Je réponds ici en vrac, et en bien peu de lignes, à des interrogations qui ne cessent de renaître sur Planète sans visa. Souvent gentiment, parfois de manière comminatoire, on me demande mon avis. On m’interpelle, on me soumet des arguments, des questions, on souhaiterait que je réponde à tout et au reste. Je laisse de côté ceux qui pensent ainsi me coincer, et démontrer je ne sais quoi à mon encontre. Je ne peux rien pour eux, ils ne peuvent rien contre moi. Si j’étais à leur place, ce qu’à Dieu ne plaise, je passerais mon chemin. Il y a tant de belles choses à faire !

Quant aux autres, que je considère comme des lecteurs, et avec qui j’entretiens, fût-ce à distance, des relations de compagnonnage et de fidélité, je leur dirai simplement la vérité. En premier lieu, je n’ai pas le temps. Matériellement parlant, ce rendez-vous me prend du temps et de l’énergie. Bien moins qu’à une autre époque, mais encore beaucoup. J’en suis ravi, évidemment, mais c’est un fait. Or le temps nous est à tous compté. Et je réalise bien des choses dont je n’ai aucune raison de parler ici. En somme, je fais rigoureusement ce que je peux. Et si je ne réponds pas à vos attentes, j’en suis désolé, mais c’est inévitable. Chacun à sa place, comme il peut, et pas au-delà.

Il est un autre point que j’ai déjà abordé et qui reste central. Je n’ai réellement rien d’un gourou, et j’ai toujours détesté l’autorité, la hiérarchie, les chefs. À un point qui devrait faire peur à M. Mélenchon et à ses amis, qui me bassinent ici jusqu’à plus soif. Je ne crois pas à l’anarchie en tant que système politique, à mon grand regret. Mais j’aime follement, et depuis ma jeunesse – malgré mes contradictions, nombreuses – cette admirable philosophie de la liberté. Même si l’écologie est et restera la seule grande affaire politique de ma vie. Disons que je suis un écologiste fervent, et que je combats comme je peux, chemin faisant, toute soumission à l’autorité. Je vois que ce trait si pesant, fort bien décrit jadis par Stanley Milgram, est l’un des ressorts les plus puissants des catastrophes provoquées par l’homme. Chacun doit donc penser, aidé de ses lectures, encouragé par ses rencontres, mais en restant ce qu’il est. Pour ma part, j’ai la claire conscience et le vif contentement de n’être qu’un atome de la vie, tourneboulé comme nous tous par des forces incommensurables. Je suis un écologiste habité, éclairé de l’intérieur, par ce grand rêve humain qui signifie la vraie liberté. L’anarchie, oui.

Quand les gaziers américains flippent (sur Gasland)

J’ai piqué cette information piquante à Owni et à Sylvain Lapoix, en les remerciant.

Les gaziers US s’inquiètent de la nomination de Gasland aux Oscars !

 par Sylvain Lapoix Le janvier 25, 2011

Après avoir opposé les acteurs Tommy Lee Jones et Marc Ruffalo, le nouvel Eldorado des gaz de schiste voit désormais s’affronter les géants américains des hydracarbures… et l’académie des Oscars !

Suite à la nomination du film de Josh Fox, Gasland, pour le prix du meilleur documentaire de la 83è cérémonie, America’s Natural Gas Alliance (le lobby de l’industrie gazière américaine) a fait part de sa préoccupation :

Cette nomination est particulièrement perturbante car le gaz naturel est extrait quotidiennement et en toute sécurité à travers le pays et représente un potentiel fantastique pour le développement du secteur des énergies propres dans notre pays.

Les propos du vice-président exécutif de l’ANGA, Tom Amontree, masquent mal la panique des industriels face à l’engouement rencontré par le film qui mobilise à travers les Etats-Unis et au Canada un mouvement de protestation s’appuyant grandement sur l’enquête de son réalisateur. Au moment de la sortie du documentaire aux Etats-Unis, les industriels avaient même tenté de lancer une contre-campagne sous la forme d’un contre documentaire reprenant le style « film indépendant caméra à l’épaule » de l’original.

Une tentative parmi d’autres de contrer l’argumentaire développé par le film, comme le réalisateur Josh Fox l’avait confié à OWNIpolitics à l’occasion d’une interview exclusive.

Retrouvez tous nos articles sur les gaz de schiste sur OWNI.fr et OWNIpolitics.com ainsi que nos brèves sur le sujet en suivant OWNIlive.com.

À propos de l’auteur

Journaliste politique engagé et un brin utopiste, j’ai intégré 22mars le 1er septembre où je contribue à OWNI.fr et édite le site OWNIpolitics.com. Au compteur, 3 ans sur le web politique et éco chez Marianne, des piges pour Capital, La vie du rail ou encore Electron libre, je traite de tous les sujets qui me semblent dignes d’être portés sur la place publique, des transports aux retraites en passant par l’écologie. Je débats d’actu et d’idées sur Twitter et pars régulièrement explorer des bouts d’Europe en train et en autostop, un Blaise Cendrars en poche, et en évitant les conversations sur le foot.

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Et pourquoi pas Jean-Louis Borloo (Arrest him) ?

Et si on faisait un concours doté d’un prix véritable ? Et s’il s’agissait de tenter d’arrêter l’un de nos politiciens favoris ? Allez, je vous raconte : il existe en Grande-Bretagne un jeu qui fait fureur – au moins sur le Net – et qui s’appelle Arrest Blair (ici). Les règles en sont strictes. Évidemment, toute violence est proscrite. Pour gagner le quart du pot existant au moment où quelqu’un estime avoir réussi, il faut avoir essayé, symboliquement, une interpellation de Tony Blair, ancien Premier ministre, pour crimes contre la paix. Ce charmant homme a lancé son pays dans l’invasion de l’Irak en mentant, tel un arracheur de dents, sur l’existence d’armes de destruction massive dans l’arsenal de Saddam Hussein. Il faut également des témoignages et des traces écrites ou filmées dans la presse. Ce qui me semble assez juste. L’émulation est saine.

Moi, je crois que l’on s’amuserait bien en France si l’on savait faire de même avec quelques-uns de nos préférés. Je pense immédiatement à Jean-Louis Borloo, que les écologistes officiels et de salon ont propulsé sur la scène médiatique depuis le si funeste Grenelle de l’Environnement. Il en est bien d’autres, y compris des dames, mais Borloo me plaît décidément. Ministre de l’Écologie, officiellement en première ligne dans la lutte contre la crise climatique, il a signé le 1er mars 2010 des autorisations d’exploration en vue d’exploiter en France des gaz de schistes. Des dizaines de milliers de km2 sont concernés, et si les marchands, en cheville avec nos damnés politiques, parviennent à leurs fins, c’en sera fini, bien sûr de la loi de 2005 sur l’énergie. Laquelle prévoit de diviser par quatre au moins nos émissions de gaz à effet de serre.

Le triomphe des gaz de schistes, voulu et contresigné par Borloo, signifierait évidemment la fin de ces promesses qui n’engagent que ceux qui les croient. Et même la fin de toute négociation internationale, car si un pays riche comme la France augmente massivement ses émissions, tout autre pays se sentira autorisé à le faire. Je crois pouvoir écrire que la signature de Borloo qualifie un crime écologique. Et je suggère donc respectueusement à qui en aurait le temps et l’envie de se pencher sur la création d’un site Internet sur le modèle de nos amis british. Tiré du Blues parlé du syndicat, adapté de Woody Guthrie par Béranger : « Enfin ce que je vous en dis…Prenez-le comme vous voulez ! Mais faites-le ».