Archives mensuelles : décembre 2017

Mais que faire de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ?

Je suis allé faire un tour dans la ZAD, et vous trouverez plus bas le long papier que j’en ai tiré pour Charlie. Mais avant cela, lisez donc cet article de Télérama (ici), qui raconte à quel degré de bêtise sont tombés les éditorialistes français. On croirait un gag, et merci au passage au journaliste Samuel Gontier, dont les commentaires m’ont bien fait rire. Si le mot de journaliste avait encore un sens digne d’être défendu, ces gens – Christophe Barbier, Ghislaine Ottenheimer, Yves Calvi, Gilles Bouleau, Anne-Sophie Lapix – seraient obligés de chercher un travail socialement utile, et ce serait sans moi.

Ils expriment une telle ignorance de ce dont ils parlent, une telle suffisance idéologique, un tel mépris de faits pourtant documentés, qu’ils en deviennent effrayants. Effrayants, car ils sont aux manettes. Mais qui est derrière cette fantasmagorie ? Assurément, pour moi en tout cas, is fecit cui prodest. Celui qui a fait est celui à qui ça profite. Je sens, narine à l’arrêt, l’action d’officines dont certains policiers ne doivent pas être éloignés. Il est clair qu’un continuum existe entre des intérêts politiques, des factions flicardes et certains organes de presse pleinement dégénérés. Lesquels ? Est-il besoin ? Je gage que nos livres d’histoire, s’il est demain une histoire encore, raconteront ce qu’ils décrivent aujourd’hui de l’extrême pourriture de la presse d’avant la guerre, quand les rédacteurs-en-chefs faisaient antichambre dans les ambassades pour vendre leurs éditoriaux en échange de valises de billets.

La ZAD n’est pas un paradis. C’est un lieu d’exception où des humains se posent les questions essentielles de toute vie. Et c’est bien cela que les tenants de l’ordre à tout prix ne supportent pas, et préfèrent voir étouffé sous les coups, et pire encore. Mais oui, les journalistes au petit pied savent encore reconnaître le souffle de la vraie liberté quand elle leur chatouille l’épiderme. Rien n’est pire à ces terrifiants Assis. Ils disent sans peine aimer Rimbaud, mais ils vomissent sa poésie, car elle les condamne au néant. Vous souvenez-vous ? Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales,/Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever/Et, de l’aurore au soir, des grappes d’amygdales/Sous leurs mentons chétifs s’agitent à crever.

Je suis donc allé sur la ZAD et ce que j’en ai écrit n’est pas irréprochable. Mais la distance entre mes mots et leur logorrhée est tout de même celle qui sépare le véridique du faux grossier. Mais peut-être me direz-vous votre sentiment ?

Mon reportage est  ici. Bonne lecture

Comment diable être un Ayrault ?

D’abord deux citations d’une dépêche. La première :

« L’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault a affirmé que “passer outre le référendum” favorable à la construction de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes serait “un déni de démocratie”. »

La seconde : « si c’était un argument juridique pertinent [la préservation d’une zone humide], les recours auraient été gagnés. Ils ne l’ont pas été. Le projet a respecté un certain nombre d’impératifs en matière d’environnement. À mes yeux, les problèmes environnementaux sont beaucoup plus importants là où se trouve l’aéroport actuel, au bord d’une grande réserve ornithologique classée Natura 2000. L’argument écologique ne tient pas ».

Je me dois de rappeler à ceux qui l’ont déjà oublié : le monsieur qui cause a été Premier ministre de la France à partir de 2012. Si. Ce que je pense de lui, je l’ai écrit ici dès 2009, et vous pouvez toujours jeter un œil, car je n’ai pas grand-chose à ajouter (ici et ici). Si, tout de même : quelle insolence dans l’ignorance ! Ces gens se croient tout permis car ils sont habitués à ce qu’on les laisse faire. Passons sur cette ineptie qui prétend tirer d’une décision juridique – en toute hypothèse, forgée dans le cadre de lois qui ignorent absolument jusqu’à l’idée d’écosystème – un point de vue argumenté sur le sauvetage d’un territoire biologiquement riche. Passons.

Le plus grotesque est sa façon de retenir, s’appuyant sur des racontars de troisième main, la question du lac de Grand-Lieu, qu’il ne nomme d’ailleurs pas. Outre qu’on sent la naphtaline exsuder de chaque parole – hé, pépé, on n’est plus en 1970, on n’est pas dans l’émission « Chef-d’œuvres en péril » – Ayrault n’est pas même foutu de présenter son propre argument. Car le problème, inventé pour les besoins de sa cause misérable, ce n’est pas que l’aéroport actuel soit « au bord » du fabuleux lac. Le problème inventé, c’est que les avions survolent ce lac, et gêneraient les oiseaux.

Je constate avec surprise que ce grand amoureux de la démocratie et de la justice oublie de prendre en compte ce que dit le meilleur connaisseur et du lac et de ses oiseaux – le biologiste Loïc Marion. Celui-ci a fait litière de ces stupides et désespérées tentatives de faire avaler un nouvel aéroport pour sauvegarder les oreilles des spatules blanches et des ibis sacrés (ici). Comment peut-on être un Ayrault ? C’est la question que j’emporterai au tombeau, en me marrant à coup sûr.

J’oubliais la réponse à Edwy Plenel

Chers tous,

Désolé de vous encombrer avec des histoires qui ne concernent pas ce qui compte vraiment. Mais comme je vous ai embêtés avec les mauvaises actions de Daniel Schneidermann, j’ai pensé nécessaire de vous donner à lire l’origine de tout cela. C’est-à-dire l’article que j’ai publié dans Charlie à destination de cet excellent Edwy Plenel, l’homme qui se prenait pour Manouchian, assassiné par les barbares nazis. Ensuite, retour au fondamental, bien sûr.

Or donc, mon papier : il faut cliquer ici.