Hurrah ! Long live Great Britain ! Je vous le dis, et je le clame : longue vie aux héros du Parlement britannique. Mercredi, des activistes sont parvenus à monter sur le toit de ce bâtiment très surveillé sans se faire tirer comme des lapins par les flics du Yard. Premier exploit. Un deuxième aussitôt après : ils ont réussi à déployer deux banderoles majestueuses le long de la façade. Voyez plutôt la tronche des bobbies !
Le plus drôle, c’est que Gordon Brown, Premier ministre remplaçant de Blair, était en train de parler à ce moment précis dans le bâtiment, devant les députés. Pas content, le monsieur, pas content du tout ! Cette citation en langue originale, qui le prouve : « Decisions in this country should be made in the chamber of this house and not on the roof of this house ». Ce qui signifie que les décisions doivent être prises dans la Chambre, et pas sur le toit (reuters.com). Ah, comme il est rigolo.
Mais le temps passe, et je ne vous ai toujours pas dit de quoi il retourne. Eh bien, le petit groupe du Parlement se fait appeler Plane stupid. Un jeu de mots. En anglais, That’s plain stupid veut dire : c’est complètement idiot. Et plane, bien sûr, c’est l’avion. Or donc, l’avion c’est stupide.
Et j’en suis bien d’accord. C’est stupide et cela devient, sur fond de dérèglement climatique, criminel. Savez-vous que les 16 000 avions commerciaux qui transportent le néant d’un bout à l’autre de la terre émettent autant de gaz carbonique en un an que toutes les activités humaines en Afrique dans le même temps ?
Plane stupid en a autant marre que moi. Un mouvement étonnant et prometteur est en train de naître autour de Londres. Car ceux qui tiennent le manche – c’est de circonstance – là-bas veulent ajouter une troisième piste et un sixième terminal à l’aéroport d’Heathrow. Lequel compte déjà 67 millions de passagers et 471 000 mouvements d’avions par an.
Ce n’est pas assez. Les travaillistes au pouvoir redoutent que la concurrence féroce des autres – Vas-y, Roissy ! – n’empêche Heathrow de profiter du fabuleux essor des échanges avec l’Inde et la Chine. Il faut donc, dans leur esprit entreprenant, une troisième piste. Qui nécessiterait au passage de détruire un village entier et de rendre infernale la vie des habitants de l’ouest londonien, déjà matraqués par le bruit des engins.
Quant au blabla officiel sur « la lutte résolue contre le réchauffement de la planère », à quoi bon se montrer cruel ? Ces gens-là se foutent de tout. Pas seulement de nous. D’eux aussi bien. N’importe. Je pressens qu’il se dessine outre-Manche une mobilisation qui nous concerne tous. Et qui nous réserve des surprises. Voyez plutôt ces photos de refusants. Ne nous annoncent-ils pas le printemps ? Je vous ai parlé ici en décembre de l’aéroport nantais de Notre-Dame-des-Landes (Nantes, cinq minutes d’arrêt). Le maire socialiste de la ville, Jean-Marc Ayrault soutient de toutes ses (petites) forces, bien entendu, de même que la totalité des élites locales. Ah ! que naisse là-bas un mouvement radicalement contre !
Et que se développent ailleurs, à Roissy, à Orly, partout, de vrais mouvements de révolte sans lesquels nous serons complices de ce qui vient, de ce qui est déjà. À l’assaut des parlements ! À l’assaut des Bastille de la consommation et de la croissance ! En avant comme avant !
Je vous confie un projet : le 31 mai, une grande manifestation a lieu à Heathrow, et je compte bien y être (le site de la campagne). No Third Runway ! No Heathrow Expansion ! Pas de troisième piste à Heathrow ! Faites passer, et que la fête commence !
PS : une première version indiquait le 10 mai. Merci à Christine de m’avoir aidé à rectifier. Ce sera donc le 31, et j’ai toujours l’intention d’en être.