Archives mensuelles : janvier 2015

Et si vous cherchiez avec moi ?

Mes si chers amis, je traverse des jours sombres. La deuxième opération, le temps qui passe, les douleurs qui ne lâchent pas prise, l’esprit qui bat la campagne. Ça ira mieux demain. J’espère.

Je n’arrive pas à écrire, au point que je me demande comment j’ai fait, les deux fois précédentes, pour vous envoyer des textes depuis mon lit d’hôpital. Mais il me faut réagir. J’ai pensé à un truc qui me permettrait de maintenir un lien – ce lien si précieux – avec vous. Je viens de créer une adresse mail : planetesansvisa@yahoo.fr

J’aimerais beaucoup que le plus grand nombre possible de vous, lecteurs, se plonge dans le fatras de 1600 articles publiés ici depuis 2007. Il s’agirait de choisir deux ou trois textes préférés et de me dire pour quelle(s) raison(s) ils ont été retenus. Appelons cela un jeu. Appelons cela un dialogue entre un souffrant et des vivants. Je suis convaincu que cela m’aidera, grandement.

Voilà pour l’heure, mes si chers amis. Je tâcherai, je vous le jure, de répondre à chacun, mais dans l’état réel où je suis, c’est simplement impossible. Je vous salue, je vous embrasse.

Inondations à tous les étages

(Vos mots, si chers amis, sont un aliment, comme le pain. Le vin, je n’y ai pas droit. Hélas. Je viens de passer des jours difficiles, à la suite d’une deuxième opération. Et j’ai faim, de ce formidable aliment que vous servez si bien)

Cet article a été publié par Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, jour de la Grande Tuerie.

En avant, vers les débordements de rivières et la submersion marine ! Ceux qui s’en foutent font leurs habituels plans sur la Comète, à coup de SDAGE et de PGRI. Les autres font les comptes : les flots flambent, ce qui s’appelle un oxymoron.

Ne pas se fier à l’hiver, c’est un truand de taille. Il fait le mort pour mieux surgir, armé de son gourdin, mais il peut aussi disparaître sans prévenir. Bientôt les coulées de boue et les inondations ? En tout cas, une vaste consultation vient de commencer, qui s’achèvera le 18 juin 2015. Il s’agit, amis plongeurs, de réviser les « schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage) ainsi que des plans de gestion des risques d’inondation (PGRI) ». Eh ben, on va se marrer.

D’abord la mer, cette grande saleté. Le jugement de décembre condamnant l’ancien maire de la Faute-sur-mer (Vendée) à quatre ans de cabane fait flipper des milliers d’élus du littoral. Car nombre ont accepté des permis de construire  dans des zones inondables en cas de fortes tempêtes, or justement, ces dernières se multiplient sur fond de dérèglement climatique. Trop bête. Ensuite, les rivières. On a conchié le savoir ancien – par exemple ne pas bâtir dans le lit majeur d’un cours d’eau – et l’on commence à en payer le prix. Parmi les causes dont on ne parle jamais, les pesticides.

Dans la vaste plaine qui s’étend au nord de Montpellier, là où nos amis ont infesté leurs vignes de produits chimiques, tout meurt dans le même temps que les villes sont dévastées par les flots. Les vers de terre pourtant, dont le beau monde se tape, creusent gratuitement jusqu’à 5 000 kilomètres de galeries par hectare de sous-sol. Ce qui, affirme le spécialiste mondial des vers de terre Marcel Bouché, « permet une percolation de l’eau dans le sol très rapide. Autour de Montpellier, 160 mm d’eau de pluie peuvent s’écouler en seulement une heure de temps grâce à ces galeries (1) ».

Le drôle est que les assureurs disent vrai depuis longtemps. Dès les années 90, le grand réassureur mondial Munich Re – 45,5 milliards d’euros de primes encaissées en 2010 – alertait sur les risques financiers du changement climatique. Avant que de répéter d’année en année la même litanie. En 2012, Munich Re publiait un rapport portant sur la période 1980-2011. Selon ses chiffres, les catastrophes climatiques ont été multipliées par cinq en Amérique du Nord pendant la période considérée, coûtant au total 1 000 milliards de dollars.

En France, idem. Des centaines de villes et villages ont connu une, deux, parfois trois inondations – surtout dans le Var, le Gard, l’Hérault, l’Aude et les Pyrénées-Orientales – , ce qui commence à faire beaucoup. Juste avant Noël, l’Association française de l’assurance (AFA) a tenté d’estimer la note globale pour les 11 premiers mois de l’année 2014. Tempêtes, grêle et surtout inondations ont entraîné le remboursement de 1,8 milliard d’euros de dégâts matériels, largement au-dessus de la moyenne annuelle pour la période 1988-2007. Commentaire avisé des assureurs : « Ce coût moyen pourrait être amené à progresser fortement si aucune mesure de prévention n’était prise ».

Mais comment faire, ô braves gens qui voulez tant continuer comme avant ? La planète entière est secouée en ce début d’année par des inondations délirantes, du Sri Lanka à la Californie, de la Malaisie au Maroc, et il faudrait donc continuer à s’apitoyer sur qui voit partir à l’eau démontée son écran plasma ? Ben non.

Le Bangladesh, pour ne prendre qu’un exemple, est un pays de 152 millions d’habitants, surtout des pedzouilles, installés à la hauteur de la mer, dans un delta plat comme la main. Ils ont si peu contribué au dérèglement climatique qu’on peut les tenir pour innocents. Mais les eaux montent quand même, bouffant inexorablement des terres agricoles ancestrales.

On peut, pour chialer un coup, se rapporter à un cliché du photographe hollandais Kadir van Lohuizen (2). On y voit le vrai drame : des pégreleux installés sur une digue attaquée par l’eau, couverts de paille et de mauvaises couvertures. Pour quelque temps, la véritable inondation est encore pour les autres.

(1) Terre Sauvage, octobre 2004.
(2) l’article du New York Times, cité par Stéphane Foucart dans Le Monde.

Le président de la République au bout du fil

(Les suites de la Grande Tuerie de Charlie Hebdo, au cours de laquelle j’ai été blessé)

Mes amis, quelques nouvelles. Déjà presque quinze jours d’hôpital, et ce n’est pas fini, car une autre opération s’impose. Dire que j’en ai assez est bien en-deçà de ce que je ressens, mais il me faut aussitôt tempérer. En effet, les soignants – toutes catégories confondues -, se montrent avec moi d’une gentillesse exquise. Quelle chance dans ce malheur !

Quoi de neuf ? Eh bien, j’ai parlé au téléphone avec le président de notre République, François Hollande. Ceux qui me lisent régulièrement savent de quelle manière – et avec quelle fréquence – j’ai étrillé le chef de l’État ici même, sur Planète sans visa. Le comble est que je ne regrette rien. Vers 15h45, ce 19 janvier donc, le téléphone sonne dans ma chambre. Je précise que j’avais été prévenu. Une dame inconnue me dit que je vais avoir le Président en ligne et cinq secondes plus tard, François Hollande.

« Vous avez encore une minute ? »

Comment a-t-il été ? Parfait, en vérité. Je n’ai pas de raison de douter de sa sincérité, ni de l’empathie manifestée pour nous autres, les victimes. Mais comment dire ? J’avais la tête ailleurs, car vous savez, vous les fidèles en tout cas, mon obsession : la tragédie écologique planétaire, qui menace tant de formes de vie, dont la nôtre. Avais-je le droit de passer mon tour ? Bien sûr que non.

Je lui ai dit : « Vous avez encore une minute ? ». Et j’ai ajouté : « Je crois que vous-même, votre gouvernement, les hauts responsables de l’État et des administrations centrales êtes dramatiquement sous-informés de l’état réel, planétaire, des écosystèmes. Avec tout le respect que je vous dois. » J’ai un petit peu développé, insistant sur les inévitables conséquences de cette crise multiforme sur cette France qu’il préside. Et comme il me fallait être « positif », j’ai indiqué qu’il fallait à mon sens créer un instrument adapté.

Modeste, ô combien ! Sous la forme d’un digest – on peut l’appeler abrégé, résumé – qui permettrait, chaque mois par exemple, de hiérarchiser les grandes nouvelles planétaires de cette si stupéfiante destruction de la vie. Ainsi nos gouvernants et leurs proches pourraient-ils savoir sans détour ce qui se passe réellement.

« Vous n’êtes pas obligé, monsieur le Président »

François Hollande n’a pas hésité, et il m’a répondu : « Venez donc me voir quand vous serez sur pied ». Et moi, qui n’avais pas envie de jouer la comédie : « Attendez, monsieur le Président, vous n’êtes pas obligé ! On peut se quitter en se serrant la main par-dessus le combiné, et en rester là ». Lui : « Non, venez me voir, et passez pour cela par mon conseiller Olivier L-C ». Alors j’ai conclu en l’assurant qu’il aurait des nouvelles et que j’irais le voir à l’Élysée.

Pour le reste, j’ai besoin de votre point de vue. Je ne crois pas qu’il s’agisse, en cette occurrence, de sous-information. Chacun sait que les choses vont fort mal, et nul n’ignore par exemple la réalité du terrible dérèglement climatique. Pourquoi diable rien n’est seulement tenté ? Parmi d’autres causes sur lesquelles je ne reviens pas, je souhaite insister aujourd’hui sur le déni, au sens psychologique, et même psychiatrique. Dans sa longue histoire, l’Homme a utilisé quantité de stratégies d’évitement qui lui ont permis d’avancer encore, et toujours.

Le besoin vital du déni

Le déni – la négation d’un réel trop angoissant, trop désespérant – a été d’une utilité vitale face aux épidémies, aux guerres, à la famine, in fine à la mort. Sans ce recours, aurions-nous pu tenir ? Je ne suis pas sûr. Mais ce qui a servi pendant des millénaires se retourne contre nous. Il faudrait un sursaut de tous, et c’est au contraire la désertion et la fuite qui règnent en maîtresses.

Autrement exprimé, je ne sais pas si l’idée que j’ai soufflée à François Hollande puisse servir notre cause commune, si même elle devait devenir réalité. Mais enfin, ne faut-il pas tout tenter ? Je vous le dis sans hésitation : je suis prêt à la manœuvre. Si par extraordinaire notre Président entrouvrait la porte, j’entrerais. Et j’aiderais à réaliser ce travail d’information pour nos Hautes Sphères. Sans illusion, mais non sans un minuscule espoir.

La morphine est une très étrange compagne. Vivement que je la quitte ! J’espère que ce qui précède tient à peu près debout.  Avec mon affection, chers amis d’ici et d’ailleurs.

Mes si chers amis d’ici et d’ailleurs

(à propos de la tuerie du 7 janvier dans les locaux de Charlie Hebdo)

Je vais aussi bien que possible dans une telle situation. Après une grosse perte de sang, deux transfusions et une opération longue, retour au calme. J’ai reçu des balles dans chacune de mes jambes, j’ai une plaie à la hanche et une autre à l’épaule. Et pas mal d’éclats dans le corps, qui n’en repartiront pas. Ils rejoignent ainsi l’éclat d’une bombe fichée dans mon pied gauche depuis le 29 mars 1985. Ce jour-là – fatalitas ! -, j’ai été victime d’un attentat au cinéma parisien le Rivoli-Beaubourg.

Retour au présent : à la vérité, je n’ai vraiment recommencé à écrire un peu que ce 15 janvier 2015. Et je n’ai pu parcourir mes mails que ce même jeudi, huit jours après la Grande Tuerie. J’ai reçu pour l’heure près d’un millier de messages par toutes les sources possibles, et le bien que m’ont fait  ceux que j’ai pu lire – une cinquantaine – défie déjà tout commentaire. Je vous le demande sans fausse honte : continuez ! Oh oui, continuez ! La quasi-totalité expriment une chaleur et une amitié dont j’ai désormais un besoin quotidien.

Je n’ose penser

Coupé de l’extérieur – sans journaux, longtemps sans télé ni téléphone -, je ne sais que les très grandes lignes de ce qui s’est passé. Ce qui suit pourrait donc tomber à plat, mais dans ce cas, vous me pardonnerez. Première évidence : la réaction si spectaculaire de la société française est évidemment un puissant baume pour les blessures du corps et de l’âme. Je n’ose penser à mon état si les manifestations de solidarité n’avaient rassemblé que quelques milliers de personnes.

Bien entendu, à cette hauteur de mobilisation, le malentendu est partout. Des gauchistes antisionistes ont défilé avec des Juifs à Kippa, des pieux musulmans avec des cathos anti-mariage gay, des sarkozystes et des zemmouristes avec des mélenchonistes. Et c’est vraiment ce qui pouvait arriver de mieux. Un tel déferlement crée nécessairement un substrat, au sens agricole, un compost sur lequel pousseront les réponses que nous saurons formuler ensemble.

Nul ne peut connaître le résultat de tels ébranlements, qui touchent à l’intime des cœurs. Mais on peut du moins dire que sans ces fondations, sans cette fondation, rien n’aurait pu germer demain sur la terre dévastée de ce si petit pays de France. Nous sommes désormais face à une possibilité. Ce qui fait peu, mais surtout beaucoup.

Les contours du Grand Partage

Vous le savez, je tiens la crise écologique, si dramatique, comme le cadre neuf dans lequel penser notre avenir commun, aussi compromis qu’il puisse paraître. Sous ma plume, il ne s’agit pas d’une formule, mais d’une conviction définitive. Elle implique, et je ne vais pas plus avant sur ce terrain instable, une politique révolutionnaire.

Et démocratique, cela va de soi. Il faut définir les contours du Grand Partage. Partage de l’espace et des ressources, évidemment. Mais à condition d’y inclure nos frères les animaux, dont le sort maudit ne cesse d’aggraver celui de la psyché humaine. Hors ce cadre-là, selon moi, il ne peut y avoir que ravage, destruction du monde, mortels affrontements.

Depuis que je suis hospitalisé, et dès que j’ai pu m’adresser à mes soignants, je me suis mis à parler. Ceux qui me connaissent savent qu’il s’agit chez moi d’une maladie chronique, qui ne disparaîtra qu’à ma mort. La plupart, depuis les aides-soignants jusqu’aux chirurgiens, passant par les infirmières – et infirmiers – m’ont paru admirables. Écrivant cela, je ne veux pas les désigner comme des êtres hors du commun. Ils ne le sont pas.

Le bonheur des nuits d’insomnie

Mais leur comportement réel, dans le quotidien sinistre des services de réanimation, montre qu’il est possible de vivre comme des hommes, dans le respect de ces valeurs essentielles sans lesquelles la vie perd à jamais ses repères. J’ai été heureux, au milieu des nuits de l’insomnie, de parler de la campagne d’avant du côté de Monpazier (Périgord), du sort des cités oubliées dans tant de villes détruites, de mes copains d’enfance et d’adolescence – Arabes, Juifs, Portugais ou Blacks – de Villemomble, Montfermeil, Noisy-le-Sec, Gagny, Bondy. La Seine-Saint-Denis de jadis annonçait la suite, sans que nous en ayons la moindre conscience.

Mais j’ai aussi suivi comme un cours accéléré d’écologie, au sens que je donne à ce mot transformateur. À propos du crime global qu’est l’agriculture industrielle, des folies de l’agroalimentaire, des délires de la chimie de synthèse, de ces maladies créés par l’exposition à tant de toxiques, du terrifiant problème posé par le stress hydrique – une raréfaction des ressources en eau -, du climat.

Le monde inquiet des questions angoissées

Je vous le jure : j’ai davantage écouté que parlé. Car ce sont eux qui racontaient, montrant à quel point la société française sait être loin des misérables clichés déversés chaque jour par ses « élites » politiques et médiatiques. Il existe un espace inexploré, considérable, où de  nouvelles questions, centrales, pourraient enfin être débattues. En somme, ces quelques urgentistes rencontrés ici m’ont paru comme les représentants d’un monde inquiet, qui cherche des réponses à des angoisses désormais évidentes.

Et c’est bien pourquoi je vomis notre classe politique. Aucun de ses membres ne saura se mettre au service de notre peuple et de l’humanité. Chacun joue sa partition attendue. Hollande prend la voix grave, espérant regagner quelques points de popularité, ce qui est d’ores et déjà acquis. Sarkozy, fidèle d’entre les fidèles à lui-même, essaie de se placer sur la photo. Valls peaufine son personnage bien connu de Clemenceau.

La plus merveilleuse des nouvelles

Et pourtant, l’espace existe. Il n’y a aucun doute qu’un politicien qui romprait avec l’ancien crèverait le plafond, et l’écran. Je vous parlais à l’instant de compost. Le soulèvement moral de notre peuple – pas tout le peuple, ne délirons pas – est la plus merveilleuse des nouvelles. Ce mouvement des profondeurs ne saurait disparaître tout à fait, et il ne pourra, en toute hypothèse, conserver des formes aussi belles. Considérons que s’est ouverte une fenêtre, que des forces hostiles tenteront de refermer au plus vite. Ce serait donc l’heure idéale du tournant, mais je redoute que l’occasion historique d’avancer dans la seule direction possible – la fin de la tragédie écologique – ne soit encore gâchée par la petitesse des idées et des caractères.

Malgré cela, avançons, mes si chers amis. Premier impératif catégorique : luttons contre toutes les formes de régression, au premier rang desquelles le racisme, qui trouvera là de primordiales raisons de flamber. Sur ce terrain si difficile, parlons à tout le monde, sans exclusive, car le feu est aux portes. Cela signifie pour moi rechercher l’unité la plus large, y compris – par définition – avec des groupes et personnes éloignés du combat pour la vie.

Et nous fûmes 100 000 en arrivant aux portes

Parallèlement – et en même temps –, considérons avec ceux qui le souhaitent la stupéfiante gravité de la crise écologique mondiale. Dans ce cadre très général, il faudra tout à la fois ouvrir en grand nos yeux, nos oreilles et notre cœur. Jamais la situation n’a été aussi favorable à notre cause, et il me semble possible de réunir à terme, dans un réseau dense, 100 000 d’entre nous. Ce serait un véritable tsunami. Une telle masse critique pourrait entraîner dans une autre direction la société tout entière. Vous n’y croyez pas ? Moi, si.

Franchement, qui aurait pu imaginer cette « insurrection des consciences » réclamée depuis si longtemps par mon cher grand ami Pierre Rabhi ? Qui ? Personne. Nul ne savait qu’il existe encore dans ce pays une société vivante et fraternelle. Amorphe en apparence, gorgée de pub et de télé, se battant à l’occasion pour un téléphone portable, obsédée par les écrans plats et les bagnoles dernier cri, la France vient de montrer le visage du bonheur commun. À la stupéfaction générale. La tragédie qui nous a frappés a réussi l’impossible : créer de l’harmonie avec les gestes et les mots de millions de personnes anonymes. Le grand fleuve rentrera dans son lit, mais on se souviendra que la crue régénératrice n’est jamais loin de l’étiage.

La meilleure part de nous vient de montrer ce qu’était la beauté. Ce qu’était la Beauté.

PS :  Comme vous l’imaginez, j’enterre mes morts. Cela me prendra bien des mois. J’aimais personnellement certains des assassinés. Je clame à toutes les familles de tous les disparus que je les serre contre ce qui me reste de cœur.