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Jacques Attali, grand déconneur à pleins tubes

Je le sais, ce sera un moment pénible. Mais croyez-moi sur parole, la lecture d’un récent texte de Jacques Attali dans L’Express mérite notre intérêt à tous. Vous pourrez le lire après mon billet, ou mieux encore, avant. Mais dès maintenant, et malgré la profuse réputation du Sieur, quelques mots de présentation. Jacques Attali est sûrement l’un des meilleurs résumés vivants – et agissants – de notre monde. Mais encore ?

Attali, avant de devenir le héros planétaire que l’on sait, aura tout réussi. Polytechnique, dont il sort major – il devient dans la foulée Ingénieur des Mines -, l’ENA bien sûr en 1970, quantité de lourds diplômes universitaires et j’en oublie probablement. Il tombe sous la coupe de Mitterrand en 1973 et ne le quittera qu’en 1991, un peu plus de quatre ans avant la mort du Grand Homme de poche, devenu président de la République.

Combien de livres a-t-il écrit ? Je n’ai pas le courage de lire sa page Wikipédia. Quarante ? Cinquante ? On l’a accusé plusieurs fois de plagiat, sans que, autant que je me souvienne, il sot condamné. En vérité plate, je m’en fous. N’aurait-il pas été, chemin faisant, un auteur de théâtre et un romancier ? Je le crains. Et musicien, et parolier de chanteurs ? De même. Il a aussi dirigé dès sa création en 1990 la Banque européenne pour la reconstruction et le développement ou BERD, chargée de développer l’économie capitaliste dans les pays d’Europe précédemment staliniens. Il a dû quitter la banque sous les huées, car celle-ci dépensait plus pour elle que pour les pays de son périmètre. Et avait refait pour des raisons que j’ai oubliées le marbre de son siège londonien.

Personnellement, je déteste Attali depuis une longue enquête que j’ai menée sur un projet français d’endiguement des fleuves du Bangladesh (en cinq parties ici). Vous lirez ou non, comme vous le voudrez. Il s’était alors hissé à la hauteur des plus hautes infamies. Je le déteste, mais guère plus que quantité d’intellectuels de cour et de salon qui ne font jamais que distraire de l’essentiel. Il n’est  évidemment pas lu, mais ses livres encore intacts figurent dans nombre de bibliothèques mortes, ainsi que j’ai pu le constater moi-même plus d’une fois. Il n’est pas lu, ce qui est au fond normal, car qu’a-t-il à apporter, qui n’ait déjà été réalisé, vendu et plusieurs fois échangé ? Attali est presque synonyme de marchandise. Il n’est pas lu, nul ne se souvient de bonne foi d’une seule de ses si fortes sentences, mais il trône partout où le pouvoir se donne à voir.

Socialiste en peau de lapin – quelle sombre injure aux ancêtres ! -, lèche-bottines de Mitterrand, il est aussi « ami » de Sarkozy et a présidé pour le compte des puissants quantité de commissions Tartempion, dont une désopilante Commission destinée à « libérer la croissance » – par la grâce de Sarkozy, en 2007 – et rédigé pour ce malheureux Hollande un puissant rapport sur « l’économie positive », en 2012.

Histrion ? Assurément, mais pas seulement. Car Attali, grand « intellectuel » s’il en est, sert d’alibi à toutes les pratiques de destruction de la nature et de ses écosystèmes. On chercherait, peut-être en vain, un domicile d’Ingénieur des Mines, d’Ingénieur des Ponts et du Génie Rural, d’énarque de plus de 55 ans, de sous-préfet et de préfet, de haut-fonctionnaire même, où il n’y aurait pas un opus du grand Attali. Et n’oublions jamais que ces excellentes personnes, celles qui décident du malheur de chacun de nos jours, se parlent entre eux, s’invitent à dîner, voire s’offrent des livres. D’Attali. En bref, ce personnage insignifiant joue un rôle, et quel !

J’ai été long, mais ma foi, tel est mon bon plaisir. Venons-en au texte ci-dessous. Je vais tâcher de ne pas faire de paraphrases, car vous savez lire tout comme moi. Mais je dois écrire quelques commentaires, qui seront exceptionnellement numérotés.

1/ Attali présente comme autant d’évidences ce qui n’est que pur branlotage destiné à préparer la suite. Lisez avec moi le début : « De tout temps, l’humanité a oscillé entre des visions du monde et de l’histoire négatives (…) et des visions positives ». Cela ne veut rien dire, ou cela veut dire tellement peu de choses que cela revient au même. De tout temps ? Depuis le Paléolithique ? Chez les Carolingiens ? Dans l’empire en formation des Inca ? À l’époque de la dynastie Han ?

2/ Une telle introduction rigolote était nécessaire, car danger il y a. Massif.  En effet,  « deux dangers construisent deux nouvelles idéologies négatives et enfantent des projets portant les germes d’un totalitarisme ». Le mot totalitarisme renvoie, comme on sait, à deux formes extrêmes de la dictature : les fascismes, les stalinismes. Peut-être verra-t-on pire dans l’avenir, mais pour l’heure, il n’est rien de plus abominable.

3/ Ces deux idéologies négatives mortellement menaçantes sont ce qui tourne autour du Front National d’une part – ou leurs équivalents ailleurs – et ce que notre puissant penseur voit grouiller du côté de l’écologie. Quelle écologie ? Ma foi, Attali ne s’embarrasse pas de le préciser. À l’instar de cet autre géant connu sous le nom de Luc Ferry (Le Nouvel Ordre Écologique, 1992), il reste prudemment caché dans les fumerolles de son esprit si distingué. Il n’a pas lu et méprise à l’avance George Perkins Marsh,  Vladimir Vernadsky, Fairfield Osborn, Rachel Carson, Murray Bookchin, Barry Commoner, Paul Crutzen, Jared Diamond, Hans Jonas, Nicholas Georgescu-Roegen, Edward Goldsmith, Ivan Illich, Aldo Leopold, Arne Næss, John Muir, Anil Agarwal, Peter Singer, etc, etc. Et chez nous, de la même manière, Élisée Reclus, Bertrand de Jouvenel, Jacques Ellul, Simon Charbonneau, André Gorz/Michel Bosquet, Jean-Pierre Dupuy – lui aussi Ingénieur des Mines, ballot d’Attali ! -, Claude Levi-Strauss, René Dumont, etc, etc. Il n’a rien lu de cela, car il savait l’essentiel au berceau. Que ce monde était fait au premier chef pour rendre hommage à l’extraordinaire Jacques Attali.

4/ D’où vient cette affreuse pulsion écologique ? Attali, qu’on découvre aussi comique, désigne la crise climatique comme la maman du monstre. Le mouvement écologiste, y compris ses branches les moins anthtropocentriques, date d’au moins cinquante ans, bien avant qu’on ne parle du dérèglement climatique. Mais qu’importe, puisqu’il s’agit d’une pétition préalablement enregistrée, qu’il s’agit d’illustrer par des exemples simples et simplistes.

5/ Ce mouvement soi-disant né de la crise climatique conduirait, les amis, « à penser une idéologie de fermeture, faite d’interdiction de produire ou de consommer, ou de prendre quelque risque que ce soit ». J’hésite. Attali ne saurait être aussi con que cela. Même si l’écologie était un totalitarisme, il faudrait se lever de très bonne heure pour établir qu’elle vise à l’interdiction de la production ou de la consommation. Il ne s’agit que de critiquer, parfois de manière radicale – j’en sais quelque chose – les formes dominantes de la production – quels objets pour quelle utilité ? – et de consommation, qui impliquent et glorifient les pollutions les plus générales qui soient. Ce n’est déjà pas si mal.

7/ La pensée unique n’est nullement celle d’Attali et de ses nombreux clones. Elle n’est pas celle qui occupe tous les fenestrons. Elle n’est pas celle des radios, des télés, des journaux, de FaceBook. Non pas. Elle « est dans une juxtaposition, dans tous les projets de tous les partis, des idées des écologistes les plus radicaux et des xénophobes les plus virulents ». On notera avec circonspection qu’aucun nom de ces écologistes « les plus radicaux » n’est avancé. Ils existent parce qu’Attali a grand besoin qu’ils existent, car que deviendrait autrement sa chronique de L’Express ?

8/ Fort logiquement, « En France, l’idéologie dominante est donc écolo-frontiste ». Et « si l’on n’y prend garde, on verra se mettre en place une sorte de dictature vert-brune ». Pardi ! Ce que c’est de penser, hein ?

J’arrête là, car la bile me monte le long de la trachée. Bien entendu, Attali ne sait strictement rien de la crise écologique. On ne peut pas s’intéresser à ce point à sa personne et considérer le sort des humains et de tous les êtres vivants. On ne peut pas, et Attali n’essaie même pas. Comme dans un vieux sketch mille fois vu, il accuse les autres de qu’il commet lui-même sans aucune gêne : un festival d’idéologie concentrée. Et je ne parle pas de ses erreurs factuelles, dont celle sur le Principe de précaution vaut le détour. Que dit Attali ? Que ce principe de précaution serait d’abord celui des « écologistes les plus virulents », qui aurait contaminé la gauche, puis la droite. Pauvre lecteur malvoyant ! Le principe de précaution a été défini par des scientifiques, adopté par l’ONU en 1992, puis adapté chez nous par…Jacques Chirac.

Un dernier point, qui montre comme les tensions réelles montent. Un Attali considère l’écologie comme un ennemi, au sens militaire. Et comment finit-on par traiter un ennemi ? Je vous le demande. Est-il une brêle ? Eh non, en tout cas pas seulement. Il exprime un moment vrai dans une Histoire qui redécouvre le tragique. Et à ce titre, oui, je devais longuement parler de lui.

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LE SI BEAU TEXTE DE JACQUES ATTALI

Sortir des idéologies négatives !

Paru dans L’Express | Publié dans Géopolitique – 8 février 2016

De tout temps, l’humanité a oscillé entre des visions du monde et de l’histoire négatives, dans lesquelles le projet humain se résume à organiser une parade face à une menace, réelle ou imaginaire, et des visions positives fondées sur des utopies, qu’il s’agit ensuite de concrétiser par des projets. Les idéologies négatives finissent toujours par prendre prétexte des menaces pour bafouer les libertés. Parfois, des visions positives deviennent négatives quand des adversaires les mettent en péril.

Dans le passé récent, on peut citer comme idéologie négative le national-socialisme, construit sur la menace imaginaire des Juifs ; comme idéologie positive dévoyée dans le négatif, le communisme dans un seul pays, devenu totalitaire, en réaction à des ennemis de classe, plus ou moins imaginaires. Et comme idéologies positives, qu’on peut approuver ou refuser, le libéralisme et la social-démocratie.

Aujourd’hui, deux dangers construisent deux nouvelles idéologies négatives et enfantent des projets portant les germes d’un totalitarisme. La menace du fondamentalisme, mêlée à celle d’un afflux incontrôlé de réfugiés, conduit à une idéologie refusant l’un et l’autre, et proposant de dresser des barrières institutionnelles et physiques. On voit cela partout, par exemple dans les discours de Donald Trump aux Etats-Unis et dans ceux des partis extrémistes en Europe. La menace climatique conduit aussi à penser une idéologie de fermeture, faite d’interdiction de produire ou de consommer, ou de prendre quelque risque que ce soit. On voit cela aussi partout, dans les discours des plus radicaux des écologistes, aux Etats-Unis, en Europe ou au Japon. La dynamique en est tout aussi totalitaire, comme le montrent les comportements de ceux qui s’opposent violemment à certains projets d’infrastructures, au mépris des procédures démocratiques qui les ont autorisés.

En l’absence d’idéologies positives, ces deux idéologies négatives déteignent sur les partis politiques dominants : les propositions d’extrême droite en matière d’immigration se retrouvent dans les programmes de la droite, puis de la social-démocratie quand elle est au pouvoir ; celles des écologistes les plus virulents, tel le principe de précaution, sont aussi reprises dans les plateformes de la gauche, puis dans celles de la droite dite de gouvernement.

Au total, contrairement à ce qu’on prétend trop aisément, la pensée unique n’est pas celle qui rassemblerait libéraux et sociaux-démocrates. Elle est dans une juxtaposition, dans tous les projets de tous les partis, des idées des écologistes les plus radicaux et des xénophobes les plus virulents. En France, l’idéologie dominante est donc écolo-frontiste ; et partout, si l’on n’y prend garde, on verra se mettre en place une sorte de dictature vert-brune.

Rien ne serait pire, aux Etats-Unis et en Europe, en particulier en France, que de laisser les partis de gouvernement se contenter de devenir ainsi les chevaux de Troie des dogmes les plus totalitaires. La démocratie n’y survivrait pas. Ce n’est pas un discours théorique : à voir ce qui se passe aux Etats-Unis, on n’a jamais été aussi proche d’y voir réunies les conditions d’un coup d’Etat. Après tout, ce pays est la dernière des démocraties nées du siècle des Lumières à ne pas en avoir subi un.

La réponse, pour les partis de gouvernement, n’est pas dans une surenchère extrémiste : les électeurs préféreront toujours les originaux aux copies, même s’il faut en passer par l’abandon des libertés. Elle est dans la construction d’une ou plusieurs idéologies positives nouvelles. Pour ma part, elle est claire : être au service des générations suivantes ; c’est la condition de notre propre bonheur, et c’est dans cet altruisme rationnel qu’il faut penser un projet de société fondé sur l’empathie, la collaboration, le plaisir de rendre service. Une telle idéologie positive donne une réponse bien plus séduisante que les idéologies négatives aux menaces du climat et du terrorisme : c’est en agissant dans l’intérêt des générations suivantes qu’on fera les mutations énergétiques nécessaires, sans avoir besoin pour cela d’interdits totalitaires. Et c’est en aidant chez eux ceux qui déferlent et déferleront bientôt plus encore chez nous, et en recevant dignement ceux que nous devons accueillir, qu’on évitera les frustrations créatrices, chez les uns, d’un sentiment d’humiliation et, chez les autres, d’une impression d’envahissement. Et c’est ainsi qu’on créera les conditions d’un développement équilibré, durable et démocratique du monde, respectueux de la vie, sous toutes ses formes.

Frédéric Wolff n’aime pas non plus les aéroports

 

On le croyait différé sine die, emporté par le flot – devenu le flop – de la COP21… Il n’était qu’en dormance. L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes fait un retour de haut vol dans l’actualité. Ses bons soldats changent d’armes et de visages. La nouvelle pilule à gogos ? Le référendum !
Quelle sera la question ? Voulez-vous des « djizhadistes » qui sèment la terreur près de chez vous ? Tenez-vous vraiment à l’enclavement du Grand Ouest et à son effondrement économique ? Souhaitez-vous revenir au temps des flèches, des arcs et des cabanes ? Etes-vous pour le réchauffement climatique ? Pour le saccage des zones humides ? Pour la qualité de l’eau ? Pour la mise en pièces de la biodiversité ? Pour le bétonnage des terres agricoles ? Pour la pollution de l’air ?
Qui sera consulté ? Les habitants des communes limitrophes ? Du département ? De la région ? De la nation ? Du monde ?
Quels seront les arguments des casseurs de bocage ? J’imagine…

Cher peuple,
L’heure est grave. La France manque cruellement d’aéroports : 475. Une misère. Seulement 3 fois plus que le Royaume-Uni, 6 fois plus que l’Italie et 12 fois plus que l’Allemagne. Quant à la planète, elle commence à être en manque de CO2. Et quoi ? Des zadistes voudraient s’opposer au réchauffement climatique, alors que des sans-abris meurent tous les ans à cause du froid ? Ils prétendraient protéger un bocage qui nuit gravement à la laideur des paysages ? Ils contesteraient le carnage des terres agricoles, à l’heure où le bêton est gravement menacé de disparaître de nos contrées ? Ils appelleraient à une utilisation économe des deniers publics, alors que notre pays est paralysé par les excédents budgétaires… Ces individus sont irresponsables.
Croyez-nous sur parole : cet aéroport sera une avancée majeure pour la grande cause de l’écologie si chère à notre cœur. Il sera labellisé Haute Qualité Environnementale, il proposera des paniers bios du terroir et des galeries marchandes éclairées par des panneaux photovoltaïques…

Bref, au stade où nous en sommes, nous pouvons tout imaginer.
Après avoir envoyé l’armée pour déloger les défenseurs de la terre et des espèces protégées, après avoir manipulé les chiffres, après avoir créé une commission du dialogue à coups de grenades, les saboteurs de zones humides ont trouvé une arme plus présentable et plus redoutable encore, à quelques mois des élections présidentielles : la consultation populaire.
« Ce coup de poignard dans le dos des opposants à l’aéroport » valait bien trois cadeaux offerts à des ténors ou des anciens d’EELV. Une place dans un gouvernement qui œuvre tant pour l’écologie, ça ne se refuse pas. Trois petits tours et puis s’en vont les misérables convictions ; trois promotions et garde-à-vous, génuflexions, le petit doigt sur la couture du pantalon. Petites carrières, petites personnes et grands désastres.
On nous avait servi l’argument légaliste : l’attente des procédures judiciaires en cours et, pour les pires, comme de Rugy, – « le cocu magnifique » (sic) – le vomissement des zadistes. Voici venu le temps des manœuvres électoralistes, en toute innocence, n’est-ce pas. Qu’un sondage secret, réalisé en novembre dernier, révèle que 59% des personnes interrogées seraient favorables à l’aéroport, n’est que pure coïncidence.
Coup de grâce, coup de maître ? Sacrée trouvaille, en vérité, et avec la caution du parti écologiste autoproclamé. Chapeau l’artiste. Il n’y a pas que les aéroports qui soient nuisibles. Ça, nous le savions. Une nouvelle fois, nous en avons la confirmation magistrale.

Vous allez voir, la suite. Vous allez l’entendre, le chœur des bien-pensants : Mais enfin, comment peut-on être contre la voix du peuple ? Comment est-il possible de réfuter la démocratie ? Nous y voilà. Deux mots à ce propos. De quoi parlons-nous précisément ? De démocratie ou de manipulation grossière ? Et quand bien même. Le suffrage des masses peut-il tout justifier ? Si le oui devait l’emporter en faveur d’un projet nuisible, celui-ci deviendrait-il vertueux par la grâce de la majorité ? Y-a-t-il, oui ou non, des limites à poser à nos actes ?
C’est à cette question que nous confronte l’écologie, à titre individuel et collectif. Cette question, trop souvent, nous la fuyons, aussi bien dans nos vies que dans nos sociétés. Nous préférons les droits aux devoirs, le présent au futur, la technique à la sagesse, la démesure à la sobriété. Les démagogues le savent bien et ce n’est pas pour rien que le dogme de la croissance est à ce point enraciné.
Cette logique est suicidaire, pire que ça : criminelle. Penser les conséquences de ses actes, vivre en conscience, c’est aussi de cela qu’il est question, à Notre-Dame-des-Landes. C’est en cela que ce combat est crucial, universel.
Car ce n’est pas seulement le bocage nantais qui est à défendre. Ce ne sont pas que des cabanes, des maisons et des habitats naturels qui risquent d’être anéantis. C’est notre maison commune. Ce sont des expériences d’autonomie, des tentatives de vivre en harmonie avec le monde vivant. C’est un avenir possible pour notre humanité enfin réconciliée avec les sources de la vie et de la joie, avec ses propres limites.
Mais ça, ils n’en veulent pas, les psychopathes de la croissance. Ce qu’ils honorent ? La mise sous tutelle, les existences low-cost qui tiennent à coups d’antalgiques de l’âme, les parkings, les rocades, l’agitation permanente, tout ce qui fait écran avec le monde sensible. Aux nuages d’oiseaux, ils préfèrent les vapeurs de kérosène. Les Zones A Défendre leur donnent la nausée. Ils ne jurent que par les Zones A Détruire, mais pas d’inquiétude. Ils compenseront par une mare et quelques arbres convertibles en euros, ils spéculeront sur le prix du vivant si ce mot a encore un sens. Raser, exterminer, gérer, marchander, ils ne comprennent que ça. La beauté du monde, ils la méprisent, tout comme la valeur inestimable de chaque vie. Ce qu’ils bâtissent ? Des prisons et des miradors. Des unités de soins palliatifs et des cimetières.

D’un côté, la terre de nos jardins, encore imprégnée de pluie et d’hiver. Par instants, se dessine le visage d’un potager, d’un champ de blés anciens, d’un arbre qui va se couvrir de feuilles. Les sachets de graines sont là, sur la table. On imagine les planches de légumes et de fleurs, on guette les premières éclaircies.
D’un autre côté, prosternés devant leurs colonnes de chiffres, les bétonneurs, occupés à dresser leur plan de bataille. Leur horizon ? Une terre brûlée tout juste bonne au bitume, aux fermes verticales hors sol, à la suffocation marchande. Un monde où nous sommes étrangers à nous-mêmes.
D’un côté la vie, de l’autre la mort. Jamais, sans doute, le choix n’a été aussi clair.

Frédéric Wolff n’aime pas l’intelligence des compteurs électriques

Ci-dessous, un message de Frédéric Wolff, que je salue au passage

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Les collectifs contre les compteurs « communicants » s’organisent. Des communes rejettent cette technologie nuisible, coûteuse et déshumanisante, des individus refusent d’être pollués et fliqués. La propagande d’Etat n’endort plus grand monde, à part peut-être les techno-fanatiques.

Y aurait-il de l’eau dans le Gazpar et le Linky ? Le vent serait-il en train de tourner ?

Pour que le vent tourne effectivement, il conviendrait de ne pas en rester là.

Parce qu’enfin, les raisons invoquées pour décliner ces mouchards à domicile sont, à peu de choses près, les mêmes qui devraient nous conduire à bazarder nos smartphones, nos objets connectés et, plus largement, nos mille et une collaborations à la grande machine à détruire.

Alors Linky, smartphone, objets connectés et mode de vie, même combat ?

Toxiques, les compteurs « intelligents » ? Ils le sont, oui, 24 heures sur 24. Ils émettent des radiofréquences dans le circuit électrique des habitations dont les câbles – non blindés dans la grande majorité des cas – ne sont pas prévus pour cet usage. Les compteurs seront également une source de pollution électromagnétique, ainsi que les antennes qui seront installées pour transmettre les index au fournisseur d’électricité via le réseau de téléphonie mobile. Pour mémoire, ces ondes sont déclarées cancérigènes possibles par l’OMS et des centaines d’études ont prouvé leur nocivité (lire ou relire les rapports Bio-Initiative et l’appel de Fribourg, entre autres).

Nos chers portables seraient-ils toxiques, eux aussi ? A plus d’un titre, oui. Les ondes, inhérentes – faut-il le rappeler ? –  à leur fonctionnement, polluent leurs utilisateurs et pas seulement. Tout le vivant est affecté. Les électro-hypersensibles – partie émergée de l’iceberg – subissent une torture quotidienne qui, parait-il, est abolie dans les pays modernes. Pas pour tout le monde, assurément. Il en va de même pour le wifi et les téléphones fixes sans fil. Grâce à eux, on peut irradier tout un quartier et rendre le monde inhabitable, particulièrement pour les personnes, de plus en plus nombreuses, rendues malades à en mourir, parfois.

Mais la pollution de nos smartphones adorés ne s’arrête pas là. Les mines de coltan et autres métaux rares, qui servent à leur fabrication, polluent les terres, les nappes et les rivières ; les déchets de toutes nos quincailleries électroniques empoisonnent aux métaux lourds les sacrifié(e)s de nos petites commodités. Comment peut-on justifier ça ?

Intrusifs, les compteurs connectés ? Et pas qu’un peu. Même la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) s’en émeut : « Une analyse approfondie des courbes de consommation pourrait permettre de déduire un grand nombre d’informations sur les habitudes de vie des occupants d’une habitation : heures de lever et de coucher, heures ou périodes d’absence, la présence d’invités dans le logement, les prises de douche, etc. » Les voleurs se frottent les mains. Merci qui ? Merci l’Etat et les industriels !

Et nos smartphones idolâtrés, nos réseaux sociaux adulés ? Pire que des indics : des mouchards renseignés par nous-mêmes ! Même la Stasi n’aurait pas osé imaginer ça dans ses rêves les plus fous. Y aurait-il une forme de flicage plus supportable qu’une autre ? Apparemment oui, pour les exaltés de la connexion numérique.

Déshumanisants, les compteurs électroniques ? Aussi ahurissant que cela puisse paraître, c’est l’objectif principal : se passer des releveurs pour récupérer les index en temps réel, pour couper l’électricité à distance en cas d’impayé, pour éteindre certains appareils et lisser les pics de consommation…

Et l’invasion des écrans dans nos vies, le remplacement des humains par les machines ? Un grand progrès pour l’humanité ? Et l’école numérique – en wifi ou en filaire -, une avancée vers la construction de l’humain sans humains, vers des classes sans professeur et des enfants rivés à leurs tablettes pendant les cours et à leurs smarphones durant la récréation ? Et les esclaves de Foxconn où se fabriquent nos cellulaires plébiscités ? Et les puces RFID, la planète intelligente nous réduisant à des données, des flux qu’il faut optimiser, contrôler, piloter. Qui, mieux qu’une machine peut assurer l’efficacité optimale du bétail que nous sommes ? Dans ce monde, l’erreur est humaine ou plutôt, l’erreur est l’humain.

Fragiles, les compteurs innovants ? Incendies, pannes, les préjudices de ce type s’accumulent, les câbles, fils et appareils électriques n’étant pas conçus pour transporter des radiofréquences. Comme ERDF dégage toute responsabilité, comme les assurances excluent des garanties les dommages causés par les champs électromagnétiques, la facture sera payée par les victimes elles-mêmes. C’est nouveau, c’est moderne : la double peine pour les sinistrés, l’impunité pour les coupables ! Quant au risque de piratage, sans doute que nos gouvernants comptent sur la déchéance de nationalité et les assignations à résidence pour dissuader les terroristes de procéder à des black-out – un jeu d’enfant, apparemment – sur notre territoire.

Et la numérisation du monde, l’internet des objets ? Quid en cas de panne électrique, de tempête solaire, de dysfonctionnement technique, de cyber-terrorisme… ? Jamais nos sociétés n’ont été aussi fragiles. Mais qu’importe. Droit devant, telle est la devise de nos capitaines de Titanic, pardon, du numérique.

Favorables aux économies d’énergie, les compteurs branchés ? A ce stade, l’imposture est à son comble. Il ne s’agit en aucun cas de réduire notre consommation électrique, mais de rationaliser la distribution d’électricité pour répondre à la croissance des gadgets connectés, des data centers, des voitures électriques, de la maison et de la ville « intelligentes »… Bienvenue dans « l’enfer vert », cher aux technocrates de l‘« écologie » rebelles et tais-toi.

Concernant les smartphones et particulièrement internet dont la consommation d’énergie explose et dépasse celle de l’aviation au niveau mondial, même logique de dilapidation, mêmes mensonges éhontés. Le numérique dématérialise tout : l’humain, le réel et l’énergie qu’il gaspille pour une finalité unique : accélérer la marchandisation, la « servicisation » et la croissance sans limite.

Le numérique, dont les smartphones et internet font partie, est un accélérateur de nuisances. Le « bon usage », la neutralité de la technologie relèvent de l’enfumage. Le bon et le mauvais côté sont indissociables et comment prétendre séparer le bon grain de l’ivraie dans un « système technicien » (Jacques Ellul) qui dicte sa loi ? D’ailleurs, de quoi parle-t-on quand on évoque le « bon » côté ? La logique de ces machines est de se substituer, à plus ou moins long terme, au monde réel et vivant, à l’imprévu, et in fine, aux humains.

En résumé : Pourquoi faut-il refuser Linky ? Pourquoi faut-il rejeter les smartphones et les objets connectés ? Pour les mêmes raisons. Alors, on va jusqu’au bout de la logique ? Chiche !

Retour sur la terre. La contestation s’étendra-t-elle ? Les contempteurs de Linky iront-ils plus loin que la signature d’une cyber-pétition et, pour les plus acharnés, qu’une lettre à leur maire ou qu’un refus du compteur chez eux ? Questionneront-ils leur mode de vie et ses conséquences ? Renonceront-ils à leur quincaille électronique « de destruction massive » ?

Personnellement, j’en doute, au risque de froisser quelques susceptibilités militantes. Pourquoi cela ?

Parce qu’il est plus facile de défiler contre une antenne près de chez soi ou du Linky dans sa maison que de renoncer à son mobile et à son hyper-connexion. Plus largement, parce que, et c’est bien pratique, le capitaliste, c’est l’autre : le banquier, le trader, « la classe de Davos », « les maîtres du monde », « les responsables de la crise », – « leur crise » -, pour reprendre la phraséologie de Susan George, présidente d’honneur d’Attac. Ainsi, il suffirait de mettre hors d’état de nuire ces « maîtres de l’univers » ; ainsi, nous pourrions concilier expansion industrielle, croissance verte et lutte contre le saccage du climat et de la vie sur terre ; ainsi, « nous continuerons à fabriquer des produits résolument complexes, non locaux et de grande dimension, des avions par exemple qu’il faut espérer propulsés à l’hydrogène et respectueux de l’environnement » (Susan George, toujours, cité par Pierre Thiesset). On croirait presque du Mélenchon dans le texte ou, au choix, des suppôts de l’écologie industrielle !

On se sent tout de suite beaucoup mieux, non ? Nous, les 99% de victimes, extérieures au monde industriel et technicien, nous aurions trouvé les boucs émissaires et la solution ultime, entre les mains des ingénieurs et des économistes. On dégage les 1% d’« affreux » et ça roule ! Décroissants, adeptes de la simplicité et de l’autonomie, passez votre chemin, notre mode de vie n’est pas négociable.

Parce que, de tous ces gadgets connectés en tous lieux et à toute heure, nous n’avons pas vraiment envie de nous priver. Dans notre cœur, la balance penche du côté des bénéfices, jamais de celui des coûts ou très rarement. Les nuisances occasionnées, plus ou moins, nous les connaissons, nous y collaborons. Mais surtout, ne pas se prendre la tête. Ne pas interroger notre conscience. Ne jamais poser la question en termes moraux. La morale, c’est réactionnaire, c’est accusatoire. Coûte que coûte, il faut être progressiste. Revendiquer toujours plus de droits, jamais de devoirs ni de limites. Tant pis pour les torturés des ondes, tant pis pour les empoisonnés de nos déchets électroniques, pour les esclaves de nos gadgets, pour les morts des guerres menées afin de contrôler les ressources rares, tant pis pour les derniers gorilles, pour les eaux et les terres saccagées par les ravages miniers, tant pis pour nos vies soumises à la tyrannie des machines…

Parce que, dans nos existences hors sol, déconnectées des saisons, des arbres, du monde réel, des autres de chair et parole, de nos besoins profonds, nous cherchons des ersatz de connexions via les écrans qui nous déconnectent toujours plus de la vie.

Tout cela pour dire quoi ? Que le combat est à mener dans nos vies, avant tout. Que nous n’aurons rien réglé si nous nous contentons de faire dans l’incantation – « Stop Linky » et, dans le genre pathétique s’il en est, « Pour une école numérique sans wifi », « Pas d’antenne près de chez nous, mais nous ne sommes pas contre les portables, hein ! » -, tout en continuant à collaborer ardemment à la machine à dévaster le monde par notre travail, notre consommation, notre style de vie et les technologies que nous chérissons.

Nous avons à reconsidérer nos besoins et à cesser de nous mentir. Nous sommes partie prenante du système capitaliste et technicien. Notre premier devoir devrait être de nous en extraire le plus possible. Il nous faut mener un effort sans précédent de lucidité. Il nous faut prendre conscience de nos dissonances et en tirer des conséquences, essayer au moins, ne pas nous tenir quittes. C’est une épreuve, sans doute. Elle peut donner lieu à bien des tempêtes à surmonter. Enfin, pas de quoi mettre non plus notre vie en péril, comme ont pu le faire les résistants en d’autres temps.

Je ne prétends pas avoir accompli les changements que j’appelle de mes vœux. Qui, d’ailleurs, pourrait revendiquer une telle prouesse ? J’en suis loin. Mais je ne me considère pas libéré de ce devoir : nommer et tenter l’épreuve du réel.

Sinon quoi ? Qu’y a-t-il à espérer sans cette étape, sans changements radicaux dans nos modes de vie ? De quel partage, de quelles solidarités pouvons-nous nous réclamer, quelles valeurs morales peuvent nourrir nos pensées et nos actes, si nous en restons à l’écume des choses ?

Le blues de Notre-Dame-des-Landes

Il y a moins drôle que la nomination de paltoquets à des postes sous-ministériels. Cosse, en avalisant la grotesque proposition d’un référendum local autour de Notre-Dame-des-Landes, plante un coup de poignard dans le dos des opposants à l’aéroport. Pour deux raisons au moins. La première, c’est qu’un référendum local, laissé à l’appréciation de messieurs Ayrault et Retailleau, peut faire surgir le résultat que l’on souhaite. Il suffit de découper proprement, tous les truands de la politicaillerie connaissent le procédé. La deuxième, qui est liée, est qu’une consultation locale est la négation même du vaste mouvement né en 2008. Enfin ! Pourquoi ne pas soumettre à référendum local la crise climatique ? La stupéfiante érosion de la biodiversité ? Pourquoi ne pas demander aux populations – strictement – riveraines ce qu’il faut penser de la démentielle pollution des océans ? La question de l’aéroport est une question politique fondamentale. Nationale. Planétaire. Évidemment.

En n’écoutant que sa pathétique ambition, Cosse montre qui elle est réellement, et qu’elle était hier : une adversaire décidée du mouvement écologiste réel. No Return pour elle. Du moins, on peut l’espérer.

Placé, Cosse et Pompili sont magnifiques

C’est tellement fendard que je ne résiste pas à l’envie de vous donner à lire ci-dessous un article du Figaro. Ça vient de tomber, comme on ne dit plus. Eh bien, pluie d’étoiles pour les amoureux transis du pouvoir socialiste. Ou plutôt, pluie de météores. Commençons par le plus drôle. Placé, qui avait tant rampé, tant tenu de fils dans ses mains, tant invité au restaurant, tant intrigué, tant caressé de rottweiler pour la cause – la sienne -, reçoit un tout petit sac de verroterie. Secrétaire d’État ! Secrétaire d’État en charge de la simplification du même État. J’imagine le fou rire rentré de ses nouveaux maîtres ! Dans un an, tout aura disparu, façon bulle de champagne, et l’État n’aura évidemment pas bougé d’un nanomillimètre. Mais Placé sera heureux. Je l’espère en tout cas, car autrement, une telle facétie ne vaudrait pas la peine.

Pompili. Je ne connais pas la dame, mais je l’aperçois de temps à autre au fenestron, via le net. Comment ne pas rire de bon cœur ? Madame Pompili n’a strictement rien fait de sa vie – j’ai lu son impressionnant CV -, et elle continue avec allégresse. Secrétaire d’État à la biodiversité, face au délire « développementiste » des Valls et des Macron ! Ce qu’on appelle, quand on veut rester poli, une caution. Ou peut-être entend-elle faire dans la  « compensation », comme à Notre-Dame-des-Landes ? Tu me détruis un lieu unique de 2000 hectares, et je m’occupe de creuser trois mares à canards au bord de l’autoroute ? En tout état de cause, Pompili ne parlera jamais du vrai, vu qu’elle est assignée au faux. Depuis cinquante ans, la moitié des oiseaux qui nous faisaient l’insigne honneur de vivre ou d’enfanter en France ont disparu. Tel est le fond. Et telle est Pompili, qui s’éteindra doucement quand la bande au pouvoir sera passée à autre chose. En toute certitude, pas après le printemps 2017.

Cosse. Je la soupçonne sans preuve d’avoir compris l’essentiel. Pas l’essentiel sur la crise de la vie sur Terre – car de cela, elle se moque en totalité -, mais sur le fonctionnement népotique, clientéliste, courtisan et néanmoins ténébreux du sinistre parti EELV. Je vous résume : elle a organisé sa jeune vie sans jamais s’intéresser à l’écologie. Ma foi, elle n’est pas la seule. Mais brusquement, sans nul signe annonciateur, la voilà au sommet. En deux temps et trois mouvements, elle est propulsée après 2009 à la tête d’un parti de gouvernement. Qui l’a faite reine-potiche ? Cécile Duflot, évidemment, qui n’aurait jamais toléré à cette place une personnalité susceptible de révéler qu’elle-même, créature en son temps de Jean-Vincent Placé, n’est qu’une autre bulle de savon.

Cosse avait le choix : tirer sur sa laisse sans l’espoir de la casser un jour, ou s’évader à la première occasion. C’est ce qu’elle vient de faire, aidée en cela par son mari Denis Baupin, que j’ai connu, aussi baroque que cela semble, intéressé par la bagarre contre le tunnel du Somport. Bien sûr, Cosse n’est nullement devenue écologiste, mais le lui demande-t-on ? Elle vient d’envoyer se faire voir Cécile Duflot, en reprenant le ministère du Logement que cette dernière avait quitté au prétexte que « les conditions n’étaient plus réunies ».

Encore quelques motifs de grande rigolade. Duflot, déjà citée, se retrouve avec un jouet en miettes, EELV. Je lui annonce bien des rebuffades et de mauvaises surprises dans le cas où elle se présenterait malgré tout à la présidentielle de 2017. Duflot ? Un personnage secondaire, lisant son pauvre texte  au milieu de l’indifférence générale.

François de Rugy, ou le cocu magnifique. Les socialos ne lui ont rien offert. Rien, pas même une miette de pain. Il a pourtant tout fait, il aurait sûrement donné son corps si on le lui avait demandé. Il a dégueulé sur les zadistes de Notre-Dame-des-Landes, approuvé la déchéance de nationalité, et si j’arrête là, c’est parce que je me marre, et que je n’ai pas envie d’arrêter de rire. Rugy, député de Loire-Atlantique, n’est déjà plus qu’un souvenir. Et il ne peut même pas se refaire à Nantes, ville dirigée par une très jeune femme socialo – Johanna Rolland -, qui ne fait que commencer sa carrière d’apparatchik. Rugy, pas de panique : les Restaus du Cœur ne t’oublieront pas.

Sur un mode encore plus badin, signalons la disparition corps et bien de ce pauvre Jean-Luc Bennahmias, jadis secrétaire national des Verts, comme Cosse aujourd’hui. Depuis bien vingt ans, il ne rêve que d’une chose étrange : devenir ministre des Sports. Cela l’aura conduit bien loin, car après les Verts, il s’est embarqué jusqu’à Marseille avec Bayrou, avant de réaliser – il était temps, il est plus vieux que moi ! – qu’il est indiscutablement de gauche. D’où des discussions répétées à l’Élysée avec Hollande – il en est si fier -, d’où création d’un grandiose Front démocrate d’environ vingt personnes, qui se fond dans une improbable Union des démocrates et des écologistes (UDE), avec Placé et Rugy, sortis entre-temps d’EELV. Et même pas une sucette.

Un dernier mot : il existe parmi les lecteurs de Planète sans visa des électeurs et des soutiens d’EELV. Je forme le souhait qu’ils trouvent une explication générale à ce qui vient de se passer. Je veux dire : une explication qui fasse de la direction de ce parti – et de tous ceux, à la base, qui l’ont soutenue – autre chose qu’un ramassis d’arrivistes et de couillons de troisième zone. Et s’ils n’y parviennent pas, je serais très heureux qu’ils pensent à ces écologistes qui souhaitent la disparition totale et définitive d’une structure parfaitement nuisible. Nous sommes quand même quelques-uns à vouloir combattre l’infernale crise écologique qui déferle. Oserai-je l’écrire ? Nous valons mieux que ces pantins.

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L’ARTICLE DU FIGARO

Remaniement : un nouveau gouvernement reverdi pour Valls

François Hollande et Manuel Valls, à l'Élysée

LE SCAN POLITIQUE – Annoncé, contrairement à l’usage, par un communiqué de l’Élysée, ce qui promet d’être le dernier remaniement du quinquennat fait la part belle aux écologistes de tous bords, et signe le retour aux affaires de Jean-Marc Ayrault. Le gouvernement compte 38 postes au lieu de 32 précédemment.

Le feuilleton du remaniement est désormais clos. L’exécutif, via un communiqué diffusé par la présidence de la République sur Twitter, a révélé ses choix de composition du troisième gouvernement Valls. Parmi les sortants, hormis Laurent Fabius, on dénombre Fleur Pellerin et Marylise Lebranchu, qui quittent respectivement les ministères de la Culture et de la Fonction publique. Le prédécesseur de Manuel Valls à Matignon, Jean-Marc Ayrault, remplace Laurent Fabius au Quai d’Orsay. Quant aux écologistes, ils sont trois à faire leur entrée, notamment la patronne d’EELV Emmanuelle Cosse, qui remplace Sylvia Pinel au ministère du Logement… et qui occupera le même poste que Cécile Duflot avant qu’elle ne claque la porte du gouvernement.

» Le retour de Jean-Marc Ayrault par la grande porte du Quai d’Orsay

Jean-Marc Ayrault (PS)

La promotion la plus significative de ce remaniement est sans nul doute celle de l’ancien premier ministre de François Hollande, Jean-Marc Ayrault. Remplacé par Manuel Valls en mars 2014 suite à la débâcle socialiste des élections municipales, le député de Loire-Atlantique opère son retour en grâce. Il est nommé à un poste qu’ont lorgné plusieurs prétendants depuis qu’il s’est avéré que Laurent Fabius allait le quitter pour prendre la tête du Conseil constitutionnel.

Seule ombre au tableau: l’élection législative partielle en Loire-Atlantique que déclenchera selon toute vraisemblance cette nomination. Le suppléant de Jean-Marc Ayrault, Jean-Pierre Fougerat, est décédé il y a un an, et ne pourra donc pas assurer son remplacement dans cette circonscription conservée par le PS depuis 1978. Mais le danger n’est jamais loin, la gauche ayant perdu 5 sièges sur 7 élections partielles depuis le début du quinquennat, et la polémique autour de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes rendant ce bastion socialiste désormais vulnérable.

» Les écologistes reviennent en force

Emmanuelle Cosse (EELV)

Envisagé par l’exécutif depuis le divorce de mars 2014, le retour des écologistes dans le gouvernement est enfin devenu réalité. Mais plutôt que de se limiter au choix d’Emmanuel Cosse, patronne d’Europe Écologie-Les Verts, François Hollande a préféré piocher dans toute la nébuleuse écologiste. Ainsi le sénateur de l’Essonne Jean-Vincent Placé et la députée de la Somme Barbara Pompili, démissionnaires d’EELV, font leur entrée au gouvernement. Ils siégeront aux côtés de leur ancienne secrétaire nationale. Un choix qui risque malgré tout d’incommoder une partie de l’aile gauche de la majorité. «Prendre Emmanuelle Cosse, c’est envoyer un message fort: on relance l’alliance PS-EELV. Ça aurait du poids. Plus que de prendre trois ou quatre écolo-centristes en rupture de ban avec le parti», jugeait par exemple un député très influent à Solférino.

» Jean-Michel Baylet, le premier confirmé

Jean-Michel Baylet (PRG)

D’abord pressenti pour remplacer Sylvia Pinel au ministère du Logement, le baron du Tarn-et-Garonne, battu aux élections sénatoriales de 2014 puis aux départementales de 2015, reprend finalement le portefeuille de l’aménagement du territoire.

Sylvia Pinel va se consacrer à la région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, dont elle a été nommée première vice-présidente le 4 janvier dernier. Pour le patron du Parti radical de gauche, c’est un retour aux affaires longuement souhaité, puisque dès l’arrivée de Manuel Valls à Matignon en mars 2014, Jean-Michel Baylet avait fait savoir sa volonté de rejoindre le gouvernement. L’ancien ministre de François Mitterrand avait également exigé le portefeuille de la Défense en septembre dernier.

» Plus d’informations à venir dans quelques minutes…

» La liste complète du gouvernement Valls III

Ministre des Affaires étrangères et du Développement international: Jean-Marc Ayrault
Ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer: Ségolène Royal
Ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche: Najat Vallaud-Belkacem
Ministre des Finances et des Comptes publics: Michel Sapin
Ministre des Affaires sociales et de la Santé: Marisol Touraine
Ministre de la Défense: Jean-Yves Le Drian
Garde des sceaux, ministre de la Justice: Jean-Jacques Urvoas
Ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social: Myriam El Khomri
Ministre de l’Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales: Jean-Michel Baylet
Ministre de l’Intérieur: Bernard Cazeneuve
Ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Fôret, porte-parole du gouvernement: Stéphane Le Foll
Ministre du Logement et de l’Habitat durable: Emmanuelle Cosse
Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique: Emmanuel Macron
Ministre de la Culture et de la Communication: Audrey Azoulay
Ministre de la Famille, de l’Enfance et des Droits des femmes: Laurence Rossignol
Ministre de la Fonction publique: Annick Girardin
Ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports: Patrick Kanner
Ministre des Outre-mer: George Pau-Langevin

Secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement: Jean-Marie Le Guen
Secrétaire d’État chargée de l’Égalité réelle: Ericka Bareigts
Secrétaire d’État chargé de la Réforme de l’État et de la Simplification: Jean-Vincent Placé
Secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes: Juliette Méadel
Secrétaire d’État chargé des Affaires européennes: Harlem Désir
Secrétaire d’État chargé Commerce extérieur, de la Promotion du tourisme et des Français de l’étranger: Matthias Fekl
Secrétaire d’État chargé du Développement et de la Francophonie: André Vallini
Secrétaire d’État chargé Transports, de la Mer et de la Pêche: Alain Vidalies
Secrétaire d’État chargée de la Biodiversité: Barbara Pompili
Secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche: Thierry Mandon
Secrétaire d’État chargé du Budget: Christian Eckert
Secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion: Ségolène Neuville
Secrétaire d’État chargée des Personnes âgées et de l’Autonomie: Pascale Boistard
Secrétaire d’État chargé des Anciens combattants et de la Mémoire: Jean-Marc Todeschini
Secrétaire d’État chargée de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage: Clotilde Valter
Secrétaire d’État chargée des Collectivités Territoriales: Estelle Grelier
Secrétaire d’État chargée du Commerce, de l’Artisanat, de la Consommation et de l’Économie sociale et solidaire: Martine Pinville
Secrétaire d’État chargée du Numérique: Axelle Lemaire
Secrétaire d’État chargée de la Ville: Hélène Geoffroy
Secrétaire d’État chargé des Sports: Thierry Braillard