Archives mensuelles : mai 2009

Le Premier mai peut-il être écologiste ?

J’ai beaucoup manifesté le 1er mai. Lorsque j’étais jeune, pardon, rien ne m’aurait détourné de ce chemin-là. Mais rien. Je voyais ce rendez-vous comme celui des travailleurs du monde, et de mémoire, j’ai défilé la première fois le 1er mai 1971, alors que j’avais 15 ans. Une fois le matin, une fois l’après-midi. Mais je ne vais pas raconter mes vieux souvenirs. À l’heure qu’il est ce vendredi – 9 heures -, je ne sais pas si je m’inviterai ou non au défilé parisien. La raison en est très simple : je ne me sens plus concerné par ce qui se dit dans les cortèges.

Les emplois ? Mais quels emplois ? Construire des bagnoles qui sont une insulte à l’état réel du monde ? Le pouvoir d’achat ? Pour le téléphone portable et cette si magnifique télé à écran plasma ? Les retraites ? Pour encombrer avec les cars de (vieux) touristes les rues portugaises ou pétaouchnokaises ? Merci bien. Non. Et pourtant, je suis délégué du personnel depuis une douzaine d’années. Et j’aurais fait dans ma vie beaucoup, beaucoup de syndicalisme. Car je crois à cette grande idée de rassembler les humains au travail.

Mais de la sorte ? Non, franchement non. Pour vous démontrer que je ne suis pas que dans la faribole, et que des idées neuves commencent à circuler, je vous joins ci-dessous un tract de l’entreprise qui m’emploie. Un tract de la CFDT, dans la rédaction duquel j’ai tenu mon rôle. Vous me direz peut-être ce que vous en pensez. Le syndicalisme d’avant la crise écologique bouge encore, mais il est déjà mort. Reste à inventer celui de l’avenir, et ce ne sera pas facile. Voici le tract :

(UN AUTRE SYNDICAT EST POSSIBLE)

Vous nous avez surpris. Franchement. L’enque?te interne sur le de?me?nagement, mene?e aupre?s des salarie?s, a donne? des re?sultats  exceptionnels. 655 personnes y ont re?pondu, alors que moins de 1 000 avaient e?te? sollicite?es. Sachez que la CFDT avait insiste? pour y glisser des questions que nous jugeons de?cisives : celles qui portent sur la possibilite? de de?jeuner sur place, les e?conomies  d’e?nergie, la re?duction des pollutions et le confort thermique et acoustique.

Et nous avons eu raison, car ces sujets, et seulement eux, ont e?te? ple?biscite?s au travers de vos re?ponses. Ainsi, 99 % des votants jugent tre?s important ou assez important le confort thermique et acoustique. 92 %, de me?me, la ne?cessite? de re?duire les pollutions et 89 % celle de re?aliser des e?conomies d’e?nergie. En bref, vous souhaitez vivement que l’environnement dans les nouveaux locaux soit enfin conside?re? comme une priorite?.

La CFDT pense la me?me chose, et se bat depuis des anne?es ici autour de ces questions, que nous rassemblons dans cette expression de plus en plus utilise?e : le de?veloppement durable. Pour nous, ce n’est pas un gadget. C’est une exigence moderne, fondamentale, et qui finira d’ailleurs par s’imposer a? tous. Mais quand ? Le monde de demain sera tre?s diffe?rent de celui que nous connaissons. Au moins pour une raison : le de?re?glement climatique change toutes les re?gles connues. La France est engage?e depuis 2002 dans un plan audacieux qui vise a? diviser par quatre nos e?missions  de gaz a? effet de serre d’ici 2050. Cela peut sembler abstrait, et surtout lointain. Mais ce plan, s’il est mis en œuvre, va bouleverser notre vie quotidienne.

Nos moyens de transport, nos modes de chauffage, notre manie?re de voyager, de ba?tir, de vivre en somme, doivent changer de?s maintenant. De?s aujourd’hui si nous voulons parvenir a? limiter les effets de la crise climatique. Certes, il n’y a aucun doute qu’un
mouvement est ne? dans l’entreprise ces dernie?res anne?es, autour de ces nouvelles interrogations. Mais nous avons le devoir de vous avertir qu’il se heurte a? de formidables pesanteurs internes. C’est ine?vitable, mais cela nous conduit aujourd’hui a? e?lever la voix. Le de?me?nagement est une aventure collective, qui engage l’entreprise et ses salarie?s pour des de?cennies. Il s’agit donc d’une occasion unique, historique me?me, pour prendre en compte de nouvelles re?alite?s, et si possible les anticiper. Or tout semble indiquer que l’entreprise se pre?pare a? des choix de?ja? de?passe?s.

Selon la CFDT, il est crucial au contraire de profiter de ce mouvement pour changer l’image du  groupe, vieillie, et de nous propulser directement dans le monde de demain, et me?me d’apre?s-demain. La condition essentielle d’un de?me?nagement re?ussi  tient en un mot : e?nergie. Tous postes confondus – transports, chauffage, industrie, agriculture – la consommation d’e?nergie repre?sente 80 % des e?missions de gaz a? effet de serre dans un pays comme la France. Certes, rien n’oblige le?galement a? choisir aujourd’hui des normes plus strictes que celles qui existent, mais c’est ne?anmoins notre inte?re?t. Il ne fait aucun doute que le prix du pe?trole et des carburants fossiles va continuer a? augmenter tout au long des anne?es qui  viennent. En outre, les normes thermiques et plus ge?ne?ralement e?cologiques seront fatalement de plus en plus contraignantes. Et cou?teuses.

Autrement dit, le de?me?nagement doit e?tre une de?cision strate?gique, qui inte?gre l’avenir pre?visible a? 20 ou 30 ans. Le ba?timent choisi doit impe?rativement obe?ir aux conside?rations e?nerge?tiques et climatiques de l’avenir. Tout en prenant en compte, pour le bien-e?tre et la sante? des salarie?s, les connaissances nouvelles dans le domaine des pollutions de l’air inte?rieur et de la toxicologie industrielle. Notre nouveau sie?ge doit e?tre une vitrine claire et cohe?rente des engagements a? long terme en faveur de l’avenir e?cologique et climatique. Il doit avant toute chose e?tre capable de mesurer son bilan carbone global. C’est-a?-dire sa contribution nette, par anne?e, a? l’e?mission de gaz a? effet de serre.

Il doit e?galement e?tre e?volutif. C’est-a?-dire disposer d’une vraie souplesse, d’une capacite? d’adaptation a? une e?ventuelle de?gradation de la situation. Il est e?vident qu’un tel projet ne?cessite le concours de prestataires experts dans ces problématiques, ce qui n’est pas le cas actuellement. Les informations dont nous disposons en cette fin mai 2007 nous font craindre une de?cision de?cevante. Sans doute, le nouveau ba?timent permettra des e?conomies d’e?nergie par rapport aux locaux actuels. Mais en l’absence d’une forte volonte?, impliquant un investissement rentable a? terme, nous risquons fort de nous tromper d’e?poque, et de nous contenter de mesures cosme?tiques. ?

Suivaient 6 propositions détaillées (elles ne le sont pas ici).

1 – D’abord, veiller a? la qualite? de l’air dans les locaux de travail.

2 – Un immeuble moderne, bioclimatique, e?conome.

3 – Un mode de chauffage durable et solidaire (une chaudière centrale à bois).

4 – Une production autonome d’e?nergies renouvelables.

5 – Des moyens de transport indispensables et adapte?s.

6 – Un restaurant d’entreprise au service de la vraie qualite?, avec des produits biologiques ou du moins issus de l’agriculture durable.