Le café, le cacao et le blé.

Cet article a été publié dans Politis en 2002

La Côte d’Ivoire, ruinée par le marché mondial et les brigandages de ses dirigeants, est désormais menacée de partition. Rappel d’une histoire qui nous concerne

François Mitterrand, vous vous souvenez ? En 1957, jeune ministre d’une IVème République finissante, il déclare au journaliste britannique Russel Warren Howe ces phrases qu’on ne trouve pas dans ses oeuvres complètes : “ J’aimerais vous faire rencontrer Houphouët. Vous verrez comme ils nous aiment. L’Afrique française ne veut pas l’indépendance ”. Prophétique ! Félix Houphouët deviendra trois ans plus tard – en 1960 – le premier président d’une Côte d’Ivoire théoriquement indépendante. Pendant près de vingt ans, c’est le “ miracle ”.

La Côte d’Ivoire devient la vitrine africaine de la France postcoloniale, la preuve parfaite que le développement est l’avenir du continent. Jusqu’en 1978, il est vrai, les principales matières agricoles du pays – le cacao, le café, à un degré moindre le bois tropical, l’huile de palme, l’hévéa, la banane – se vendent à des prix relativement élevés. Certes, il s’agit d’un pillage, d’une économie de prédation écologique, mais qui s’en soucie alors ? L’argent coule à flots. Dans la poche des privilégiés du régime et celles, plus profondes encore, d’Houphouët, le “ grand sage ”, dont la fortune personnelle aurait fini par atteindre plusieurs milliards – dix, disent certains – d’euros. Dans celles aussi de ces milliers de Français éparpillés aux quatre coins de ce nouvel Eldorado. A Abidjan, nos braves “ coopérants ” batifolent sur la patinoire de l’hôtel Ivoire comme s’ils étaient à Albertville.A Paris, Jacques Foccart, l’homme de De Gaulle et des réseaux, veille au grain. Au blé, veut-on dire.
Et puis tout s’effondre, comme un château de cartes. “ On va peut-être faire la guerre en Irak, estime l’économiste Serge Latouche, pour maintenir un pétrole à bas prix. Eh bien, on a fait la même chose en Afrique en organisant la dévaluation incroyable du cours du café et du cacao. Et on a ensuite réalisé que les sols étaients épuisés et les forêts dévastées. Les quelques entreprises qui s’étaient installées en profitant du relatif enrichissement des paysans ont fermé leurs portes. On en est arrivé à l’heure de vérité ”
L’heure de vérité : il ne resterait plus que 1,9 million d’hectares de forêt tropicale sur les 16 que comptait la Côte d’Ivoire en 1963. Il ne restera bientôt plus rien, car 450 000 hectares sont détruits chaque année selon le ministère local des Eaux et Forêts. Saluons au passage l’un des principaux responsables de ce triomphe : André Lévy, patron-fondateur de la Becob en 1946, Officier de l’ordre national ivoirien, et papa de BHL, le spécialiste bien connu des droits de l’homme.
Grâce à l’argent du café et du cacao en tout cas, Houphouët était parvenu à se constituer une vaste clientèle, stable et surtout nationale. Le Nord musulman et les ethnies minoritaires n’étaient pas oubliés dans le partage du gâteau. Mais tout a une fin : les banques occidentales, qui avaient tant prêté au bon élève ivoirien, réclament leur dû. En 1981, la Côte d’Ivoire est obligée d’accepter un plan d’ajustement structurel qui taille immédiatement dans les dépenses publiques, notamment d’éducation et de santé. Entre 1980 et 1990, les chiffres du chômage, de l’exclusion, de la misère et de la délinquance explosent.
Le 5 juin 1989, le prix du cacao payé au paysan passe de 400 FCFA le kilo à 250 FCFA (puis à 200 l’année suivante). Houphouët, de son côté, pense à son âme, et fait construire à Yamoussoukro, son village natal, la basilique Notre Dame de la Paix, largement inspirée de Saint-Pierre de Rome. Coût : environ 1,5 milliard de francs, qui ne seront pas perdus pour tout le monde. Bouygues, qui est omniprésent en Côte d’Ivoire, a bâti la moitié de Yamoussoukro, devenue par le fait du prince une ville de 150 000 habitants. Les routes qui y mènent, l’eau et l’électricité du pays, c’est lui. Bolloré, pour sa part monopolise les activités portuaires d’Abidjan, secteur stratégique entre tous.
A la mort d’Houphouët en 1993, rien ne va plus. Son successeur Henri Konan Bédié, qui a parfaitement compris qu’il n’avait plus les moyens d’arroser tout le monde, se concentre sur son fief du sud, animiste et chrétien. Encore faut-il justifier l’opération : en 1995, Bédié invente l’ennemi intérieur, et promulgue le code scélérat de “ l’ivoirité ”. Il y aurait les bons et vrais nationaux d’un côté, et de l’autre les étrangers : environ 35 % des habitants du pays, venus des pays sahéliens proches, n’ont jamais pu obtenir la nationalité ivoirienne. Alassane Ouattara, en qui le Nord musulman se reconnaît, est accusé au passage d’être un Burkinabé, et empêché à deux reprises de se présenter aux élections présidentielles. La boîte de Pandore des 67 ethnies ivoiriennes est désormais ouverte.
Laurent Gbagbo, qui succède à Konan Bédié en octobre 2000, aurait pu tenter de la refermer. N’est-il pas “ socialiste ” ? N’a-t-il pas fréquenté assidûment nos socialistes parisiens au cours de son douillet exil en France ? Tout au contraire, il fait de la xénophobie l’arme principale de son pouvoir. Comment pourrait-il en être autrement, alors que les caisses sont vides et l’endettement colossal ? Pour comble, Gbagbo est un Bété, une ethnie du sud qui a souffert pendant quarante ans de la domination des Baoulés, auxquel appartenaient Houphouët et Konan Bédié. Les Bétés veulent leur revanche, y compris financière, et Gbagbo voit s’ouvrir un nouveau front au sud, jusque là relativement uni contre le nord musulman.
C’est tragique ? Tragique. Quelle que soit l’issue de la crise actuelle, la Côte d’Ivoire est menacée d’implosion, de partition et de massacres. Sans aucun doute, les chefs politiques locaux ont leur vraie part de responsabilité dans cette catastrophe annoncée. Mais la Françafrique ? Mais Foccart et Chirac ? Mais Mitterrand l’africain, le bon ami d’Houphouët ? Mais nous, tellement impuissants ?

2 réflexions sur « Le café, le cacao et le blé. »

  1. Ci-dessous, quelques pensées de gens qui partagent ton système :

    « En politique, rien n’arrive par hasard. Chaque fois qu’un évènement survient, on peut être certain qu’il avait été prévu pour se dérouler ainsi. »
    Franklin D. Roosevelt
    Président des Etats Unis de 1932 à 1945
      
    « Le monde se divise en trois catégories de gens: un très petit nombre qui fait se produire les événements, un groupe un peu plus important qui veille à leur exécution et les regarde s’accomplir, et enfin une vaste majorité qui ne sait jamais ce qui s’est produit en réalité. »
    Nicholas Murray Butler
    Président de la Pilgrim Society, membre de la Carnegie, membre du CFR (Council on Foreign Relations)
      
    « Le monde est gouverné par des personnages très différents de ce qui est imaginé par ceux qui ne sont pas derrière le rideau. »
    Benjamin Disraeli
    Premier Ministre Britannique de 1874 à 1880
     
    « Nous sommes reconnaissants au Washington Post, au New York Times, Time Magazine et d’autres grandes publications dont les directeurs ont assisté à nos réunions et respecté leurs promesses de discrétion depuis presque 40 ans. Il nous aurait été impossible de développer nos plans pour le monde si nous avions été assujettis à l’exposition publique durant toutes ces années. Mais le monde est maintenant plus sophistiqué et préparé à entrer dans un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est assurément préférable à l’autodétermination nationale pratiquée dans les siècles passés. »
    David Rockefeller
    Président et fondateur du Groupe de Bilderberg et de la Commission Trilatérale. Président du CFR (, Council on Foreign Relations).
    Propos tenus à la rénion du Groupe de Bilderberg à Baden Baden en 1991
     
    « Quelque chose doit remplacer les gouvernements, et le pouvoir privé me semble l’entité adéquate pour le faire. »
    David Rockefeller
    Interview dans Newseek en février 1999
     
    « Aujourd’hui, l’Amérique serait outrée si les troupes des Nations Unies entraient dans Los Angeles pour restaurer l’ordre. Demain ils en seront reconnaissants! Ceci est particulièrement vrai s’il leur était dit qu’un danger extérieur, qu’il soit réel ou promulgué, menace leur existence. C’est alors que les peuples du monde demanderont à être délivrés de ce mal. L’unique chose que tous les hommes craignent est l’inconnu. Confrontés à ce scénario, les droits individuels seront volontairement abandonnés au profit de la garantie de leur bien-être assuré par le gouvernement mondial. »
    Henry Kissinger
    Membre du Groupe de Bilderberg, de la Commission Trilatérale et du CFR
     
    « Nous aurons un gouvernement mondial, que cela plaise ou non. La seule question sera de savoir si il sera créé par conquête ou par consentement. »
    Paul Warburg
    Grand banqier, premier président du CFR en 1920. Plus d’infos sur ce site)
     
    « Nous sommes à la veille d’une transformation globale. Tout ce dont nous avons besoin est la bonne crise majeure, et les nations vont accepter le Nouvel Ordre Mondial. »
    David Rockefeller
     
    « Je suis inquiet pour la sécurité de notre belle nation; pas tant à cause d’une quelconque menace de l’extérieur, mais d’avantage à cause des forces incidieuses qui y opèrent de l’intérieur. »
    Général Douglas MacArthur
    Commandant suprême des forces alliées dans le Pacifique durant la Seconde Guerre mondiale
     
    « La direction du Bureau du Président a été utilisée pour fomenter un complot pour anéantir la liberté des Américains, et avant que je ne quitte le Bureau, je dois informer les citoyens de ces conditions. »
    John Fitzgerald Kennedy
    dans un discours fait à l’Université Columbia le 12 novembre 1963, dix jours avant son assassinat
     
    « Le but des Rockefeller et de leurs alliés est de créer un gouvernement mondial unique combinant le Supercapitalisme et le Communisme sous la même bannière, et sous leur contrôle. (…) Est-ce que j’entends par là qu’il s’agit d’une conspiration? Oui, en effet. Je suis convaincu qu’il y a un tel complot, d’envergure internationale, en planification depuis plusieurs générations, et de nature incroyablement maléfique. »
    Lawrence Patton McDonald
    Congressiste américain tué dans l’attaque d’un vol de la Korean Airlines. Message public diffusé en 1976
     
    « Seuls les plus petits secrets ont besoin d’être protégés. Les plus gros sont gardés par l’incrédulité publique. »
    Marshall McLuhan
    Auteur et chercheur canadien (1911-1980)
     
    « Tous les êtres humains trébuchent un jour sur la vérité. La plupart se relèvent rapidement, secouent leurs vêtements et retournent à leurs préoccupations, comme si de rien n’était. »
    Winston Churchill
    Premier Ministre de la Grande-Bretagne de 1940 à 1945 et de 1951 à 1955
     
    « L’ennemi numéro 1 de tout État est l’homme qui est capable de penser par lui-même sans considération de la pensée unique. Presque inévitablement il parviendra alors à la conclusion que l’État sous lequel il vit est malhonnête, insensé et insupportable, ainsi, si cet homme est idéaliste il voudra le changer. S’il ne l’est pas, il témoignera suffisamment de sa découverte pour générer la révolte des idéalistes contre l’État. »
    Henry Louis Mencken
    Journaliste, écrivain et libre penseur, l’un des écrivains américains les plus influents du 20e siècle (1880-1956)

    Ci-dessous, le vrai fonctionnement de ton sysème :

    http://www.syti.net/Organisations.html

    Bonne fêtes de fin d’années…
    Bonne chance pour changer ton système et les âmes…

    Obi-Wan Kenobi.

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