Juste un mot sur l’homme

Je me garderai bien d’affirmer quoi que ce soit au sujet des derniers commentaires concernant le Manifeste de Dark Mountain Project. Parce que je ne sais pas ce qu’ils signifient, et tous ne signifient d’ailleurs pas la même chose, à l’évidence. Ce n’est pas de l’hypocrisie : réellement, je m’interroge. Et voilà où ça me mène : une pensée profondément différente peut-elle surgir des catacombes où sont enterrées nos mythologies ? Je pense, en tout cas, que ce sera long, pénible, incertain.

Il (m’)est facile d’écrire la nécessité d’un changement de paradigme. C’est devenu un lieu commun, ou presque. Mais changer de cadre de la pensée veut fatalement dire, à certain moment, se jeter dans le vide. Ceux qui veulent réellement changer les bases de ce monde sont des acrobates de la mort. Ils se balancent au-dessus du vide, se rattrapent une fois, dix fois, cent fois, et risquent à tout instant de se fracasser au sol. Simplement parce que la rupture que suppose une humanité réintroduite dans la nature, cette rupture est totale. Je pense à l’instant à l’expression brûler ses vaisseaux. Il paraît qu’elle fait référence à Agathocle de Syracuse, débarquant en Afrique du Nord aux alentours du IVe siècle avant Jésus-Christ. Pour empêcher ses troupes de reculer, il aurait détruit par le feu sa flottille. Moi, je pense plutôt au geste extravagant d’un certain Hernán Cortés, brûlant les quelques navires qui venaient de déposer sa troupe de spadassins et de crapules sur les côtes amérindiennes, en 1519.

Mais cela n’a guère d’importance. Je crois que quiconque s’aventure hors du cadre admis prend ses risques. La quasi-totalité des opposants à ce monde ne l’ont pas fait, et ne le feront peut-être pas. Les plus vifs, parmi eux, demeurent à la marge de ce qu’ils contestent. Veulent-ils vraiment détruire l’édifice ? J’ai comme un doute. Pour en revenir au texte en huit points de Dark Mountain Project, au-delà de ses évidentes limites, et de ses grandes maladresses, je maintiens qu’il nous dit quelque chose de décisif. Et c’est qu’il faut décentrer notre regard. Et c’est qu’il faut assumer un point de vue qui peut faire peur : l’homme doit changer de place. Je ne propose pas de le réduire à une feuille de châtaignier – quelle beauté, au printemps, soit dit en passant -, non. Je défendrai toujours les hommes, et parmi eux, ceux qui ne mangent pas. Ceux qui ont le pain quotidien relativement hebdomadaire.

Je défendrai toujours les hommes, mais je pense avec force qu’ils doivent reculer en de nombreux endroits de la Terre, et laisser vivre ce qui n’est pas humain. Les bêtes comme les plantes. Cette idée ridiculement simple reste, à mes yeux, la plus renversante de celles qu’on peut avoir en cette pauvre année 2012. La culture peut-elle mener à un tel bouleversement de notre psyché ? Tel est le but en tout cas. Je n’en vois aucun autre.

37 réflexions sur « Juste un mot sur l’homme »

  1. « L’homme doit changer de place »

    C’est plus court, plus clair, et au moins aussi beau que le manifeste, mais c’est venu grâce à lui et aux réactions des blogueurs. De la dialectique, de la vraie. De première qualité.

    Eva a raison : c’est quand même un super-blog.
    Bonne nuit Fabrice, bonne nuit tout le monde.

  2. D’où l’importance des cultures et paradigmes du monde, qu’il faut défendre des génocides culturels engendrés par les politiques de modernisations en tout genre, en Afrique, en Amérique du sud, en Asie, en Océanie…

  3. “L’homme doit changer de place”

    C’est exactement ça. Et, fichtre, c’est une sacrée bonne réponse !

    Allez, moi, les jours d’élections ça me file la patata, je vous remets une franche poignée poésie que tout le monde dans ce blog aura déjà vécue au moins une fois, non ?

    « Et pourtant, il continuait à marcher, sans autre liberté que le désir instinctif de se mouvoir sous le soleil, ce besoin que les hommes ont mis en pénitence. Cet instinct devait être plus précieux qu’il ne le comprendrait jamais. Car on ne pourrait jamais expliquer vraiment ce qu’est la liberté. »

    H. Martinson, La société des vagabonds, Agone, 2004, pp. 44-45.

  4. L’homme?

    Mais ne trouve-ton pas dans catacombes où sont enterrées nos mythologies les plus beaux manifestes jamais écrit? l’humilité humaine face a la nature ne se trouve-t-elle pas dans un totem Haïda? L’âme humaine ne se trouve-t-elle simplement posée à fleur de roche dans une sombre grotte ardéchoise partagée avec les ours, nommée il y a peu « Chauvet »? Le génie de l’humanité ne réside-il pas dans la capacité à nous transmettre un message, 30 000 ans plus tard, dans cette subtile finesse d’esprit et de trait? Une oeuvre féminine, peut-être?
    Ce sont des édifices que je ne souhaite pas détruire, en effet.
    Il me semble que tout à déjà été pensé et fait par nos prédécesseurs. Et il me semble que le trait principal de notre misérable ignorance tient dans notre incapacité à nous souvenir.

    Je ne vois vraiment pas ce que Dark Mountain Project apporte de nouveau. Mais libre à chacun d’y voir une révélation, une révolution.
    Reste à espérer, alors, que les fichiers informatiques tiendront 30 000 ans…

  5. Petite Bergère,

    Décidément, le malentendu est tenace. Où as-tu pris que je voulais TOUT détruire, jusqu’au souvenir de nos pères ? J’aime puissamment – comme toi – la beauté, l’harmonie, et donc la grotte Chauvet, certaines maisons et monuments des temps passés. D’une manière générale, j’aime tout ce que l’homme a fait, qui n’ait été de destruction. Ce qui limite la liste, de manière drastique.

    Je crois, mais je peux certes me tromper, que quelque chose te gêne en profondeur dans ce manifeste, dont je répète qu’il n’est pas le mien, dont je répète qu’il ne me convient sûrement pas en bloc. Je crois donc que tu ne goûtes guère ce projet fou qui consiste à remettre un ordre radical dans la vie sur Terre. Avec une humanité respectée, certes oui, défendue, évidemment, mais n’occupant plus qu’une partie des espaces et des ressources nécessaires.

    Il va de soi qu’une telle perspective, pour le coup révolutionnaire, doit être pensée, donc critiquée, changée autant de fois que nécessaire. Il s’agit d’un renversement de la pensée, que je rapprocherais du si fameux noeud gordien. Je pense qu’on ne peut pas faire dans le cadre où nos esprits se débattent. Il faut de l’audace, de la décision, et accepter par-dessus le marché la solitude. Mais bon, as-tu bien une autre idée, tout bien considéré ?

    Passe un bon dimanche.

    Fabrice Nicolino

  6. « …, mais je pense avec force qu’ils (les hommes) doivent reculer en de nombreux endroits de la Terre, et laisser vivre ce qui n’est pas humain »
    Oui, c’est tellement vrai mais ce fameux changement de paradigme tant galvaudé ne me parait pas possible de manière consciente et volontaire.
    Je crois que seule quelque chose d’extérieur à l’Homme le contraindra à cette prise de conscience.
    J’aime bien le commentaire de Petite Bergère parce qu’il évoque une ère où l’Homme a pu exprimer son génie tout en vivant à égalité avec le reste du vivant.

  7. Nous ne faisons que passer. Laisser la plus petite empreinte. Et ne plus être seulement des super-prédateurs.
    un livre de « haute nécessité »
    « l’empreinte à Crusoé » de Chamoiseau
    bon dimanche

  8. Tiens c’est pas un des principe de la permaculture? La zone zéro pour l’homme et son « moi », jusqu’à la zone cinq où l’homme ne met pas les pieds! Je sais pas, mais c’est un principe que j’aime bien!

    Moi je pense aussi que l’humain a oublié sa place(comme petite bergère), que nous faisons partie de la bio-diversité et qu’au même titre notre diversité doit être protégée, comme nous devons protégée la bio-diversité qui nous entoure!

    Je ne sais pas si l’idée est la même, mais c’est profondément ancré en moi! C’est pas du a un parcours, petite déjà je cassais les pompes à ma soeur pour qu’on ne joue pas trop dans le fonds du jardin parce que les abeilles devaient être tranquille!Bon les abeilles m’avaient bien fait comprendre aussi, qu’elle avait besoin de tranquillité :))
    J’ai aimé vivre à côté d’une friche et voir la vie y revenir… J’aimerais que tout enfant voit ça, ça aide à savoir où on se situe!

    Bon on est vachement nombreux pour que tous le monde grandissent à côté d’une friche; mais respecter le vie c’est respecter l’humain aussi, non? Et puis si il y a des friches dans un pays aussi surpeuplé que le mien, c’est que c’est possible dans pleins d’autres endroits aussi!

  9. @ Fabrice, @ la petite bergère et @ tous,
    A propos de ce débat concernant la place de l’homme, je voudrais suggérer la lecture d’un ouvrage signé par deux écologistes américains (le premier est désormais décédé, dans l’indifférence générale en France). Il s’agit de Ecologie sociale et écologie profonde en débat, Murray Bookchin et Dave Foreman, publié à l’Atelier de création libertaire / Silence, Lyon 1994.
    L’édition originale de l’ouvrage s’intitule Defending the Earth : Debate between Murray Bookchin and Dave Foreman (Black Rose Books, Montreal/New York, 1991). Un compte-rendu existe sur le net, sur un site que j’ai déjà eu ici l’occasion de vous inviter à consulter. Cela se trouve ici :
    http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article223

    Voici un extrait de l’ouvrage, plus précisément des propos de Bookchin :
    « (…) à ceux qui me rejettent comme « anthropocentriste », je demande pourquoi je dois être forcé de choisir entre le « biocentrisme » et « l’anthropocentrisme » ? (…) Je crois que les natures humaine et non humaine sont aussi inextricablement liées l’une à l’autre que les ventricules du cœur le sont aux auricules, et que nature humaine et non humaine méritent toutes deux une considération morale. Un « anthropocentrisme » basé sur le principe religieux que la terre a été « fabriquée » pour être dominée par « l’humanité » est aussi éloigné de ma pensée qu’un biocentrisme » qui considère la société humaine simplement comme une communauté d’animaux de plus. » (p. 124)
    « Je refuse de mystifier, soit la « nature », soit « l’humanité » au dépend l’une de l’autre, au nom d’alternatives morales unilatérales et simplistes que l’on appelle « biocentrisme » et « anthropocentrisme ». Je rejette le besoin de faire un choix entre de telles abstractions ayant si peu de validité ». (p. 128)

    J’aimerais bien savoir ce que Fabrice et ses lecteurs et lectrices pensent de cela …

    En tout cas, il me semble que l’articulation entre héritage et rupture de civilisation est cruciale, que la réponse de Fabrice à la petite bergère est sur ce point assez claire. Mais, malgré l’attachement de notre hôte à l’égard de l’héritage d’un Victor Serge, d’un Orwell ou des anarchistes espagnols, il me semble parfois que Fabrice fait preuve d’un trop grand silence concernant la rupture politique qui est requise aujourd’hui, comme si, pour lui, au-delà de ses si justes critiques à l’égard du spectacle « politique » actuelle (que trop de « croyants » sincères ne veulent surtout pas entendre …), l’affaire était d’abord et avant tout individuelle et morale, alors que l’opposition n’est sans doute pas pertinente. La transformation politique n’appelle-t-elle pas une transformation intérieure et réciproquement ?

  10. Pour nourrir ce débat sur la transformation qui est aujourd’hui requise, je voudrais citer, après Bookchin, un autre penseur et acteur « révolutionnaire » du 20ème s., à savoir Castoriadis, qui dans un texte datant de 1989, (Fait et à faire, Seuil 1997, p. 76-77), disait ceci :

    « Une société autonome ne peut être instaurée que par l’activité autonome de la collectivité. Une telle activité présuppose que les hommes investissent fortement autre chose que la possibilité d’acheter un nouveau téléviseur en couleurs. Plus profondément, elle présuppose que la passion pour la démocratie et pour la liberté, pour les affaires communes, prend la place de la distraction, du cynisme, du conformisme, de la course à la consommation. Bref, elle présuppose, entre autres, que l’ « économique » cesse d’être la valeur dominante ou exclusive. (…) le prix à payer pour la liberté, c’est la destruction de l’économique comme valeur centrale et, en fait, unique. Est-ce un prix tellement élevé ? Pour moi, certes, non : je préfère infiniment avoir un nouvel ami qu’une nouvelle voiture. Préférence subjective, sans doute. Mais « objectivement » ? (…) Si les choses continuent leur course présente, ce prix à payer devra être payé de toute façon. Qui peut croire que la destruction de la Terre pourra continuer un siècle au rythme actuel ? Qui ne voit pas qu’elle s’accélérerait encore si les pays pauvres s’industrialisaient ? Et que fera le régime, lorsqu’il ne pourra plus tenir les populations en leur fournissant constamment de nouveaux gadgets ? » Et Castoriadis d’appeler ensuite « à une vie frugale », en précisant : « Cela peut être imposé par un régime néofasciste ; mais cela peut être librement fait par la collectivité humaine, organisée démocratiquement, investissant d’autres significations, abolissant le rôle monstrueux de l’économie comme fin et la remettant à sa juste place, de simple moyen de la vie humaine. »

    Pour terminer, en ce dimanche d’élections, je vous invite à nouveau à vous rendre vers le site évoqué dans mon précédent message, ici : http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article603 (« Donner sa voix ou prendre la parole ?).

    Mais peut-être trouverez mieux encore, laissant là les écrans, cheminant dans les sentiers et les bois, goûtant à une pluie bienfaitrice d’avril qu’on ne croyait ne plus jamais voir revenir …

  11. En tout cas ce texte est bien supérieur à n’importe quel programme des prétendants à la fuite en avant présidentielle.

  12. le « changement de paradigme  » c’est peut être justement considérer qu’il n’y a pas que le paradigme; que la pensée linéaire n’est pas efficiente , la conscience des interactions au sein des systèmes vitaux, la conscience de la multiplicité des systèmes et de la grande ignorance justement en laquelle sont les humains de ces systèmes, commencent seulement.
    (voir l’épigénétique, les évaluations des coktails de molécules, les études sur les regénérations forestières sans intervention humaine après des incendies…)
    Il est urgent de regarder (re-spectare ) en s’arrêtant de penser que l’humain a déjà tout vu , tout appris, tout compris ;
    « primum non nocere » me paraît d’une grande nécessité.

  13. Quel blog, décidément.
    Peu de mélenchonistes aujourd’hui, hein ?
    Faut dire que les sujets traités sont franchement accessoires. Y a des priorités dans la vie.

  14. Cher Leyla,

    À l’avance, pardonne-moi, car je ne peux répondre ici, avec l’ampleur qu’elle nécessiterait, aux nombreuses questions que tu poses. Je n’ai simplement pas le temps.

    Voici ce que je peux dire, dans le désordre. J’aime Castoriadis, qui est à mes yeux un penseur admirable. Et je l’admire, sans détour. Voilà un homme venu du marxisme révolutionnaire, et qui est parvenu, par extraordinaire, par vaillance personnelle, à penser autrement. Je ne peux que clamer aussi fort que possible : Vive Casto !

    Maintenant, il est manifeste qu’il n’est pas allé au bout. Nul n’y est allé, et ce n’est donc pas un reproche, ou bien il nous est destiné, à tous. Penser la rupture avec ce monde est une chose pour l’heure impossible. C’est en tout cas ce que je crois. Pour la raison évidente qu’elle est impensable. Qui peut prétendre COMPRENDRE les raisons qui poussent l’homme à détruire tout ce qui vit ? Nous sommes confrontés à un défi mental à côté duquel un Marx découvrant la société capitaliste paraîtrait tel un enfonceur de portes ouvertes. Il faut donc être patient. Ne louper aucune occasion, mais surtout accepter cette partie du temps qui n’est pas compressible.

    Je ne comprends pas ce que tu veux dire à propos de Bookchin. Amusante coïncidence : j’ai rendu compte, en 1994, de ce livre, mais je ne sais plus ce que j’en disais ! Il m’avait plus, en tout cas, et vivement. Bookchin, que je sache, était un homme magnifique, mais d’un passé définitif. C’était un libertaire, ayant accompli plusieurs ruptures dans le cadre de sa vie, et qui ne pouvait aller plus loin. Il était né en 1921, dans un autre monde !

    Je crois me souvenir – mais les souvenirs sont traîtres – que j’étais davantage du côté de Foreman, cofondateur du mouvement Earth First ! Mais dans ce domaine si singulier, tout est à inventer. Moi, je rêve les yeux ouverts d’un mouvement capable de reprendre le drapeau de l’humanisme à tous ceux qui l’ont si mal défendu. Je pense, je crois de toutes mes forces que l’heure sonne d’une Déclaration universelle des devoirs de l’homme. Ainsi, 220 ans après 1789, serions-nous capables, en tant qu’espèce archidominante, de défendre les droits élémentaires, si évidents, de tous les êtres vivants sur Terre.
    Y aurait-il un risque ? Mais lequel ? L’humanisme de pacotille né de 1789 a conduit droit aux grands massacres stalinien, maoïste et nazi. Ce que je propose avec d’autres, c’est d’élever la discussion à la hauteur qui le mérite. Il faut sauver l’homme, oui, oui, oui. Mais tous les autres, oui, oui, oui. Impossible ? Je mourrai en tout cas avec cette vision en moi. Seulement, pour espérer y parvenir un jour, il faut se battre. Drapeau déployé.

    Enfin, concernant Serge et les anarchistes espagnols. Oui, j’aime profondément ces gens, car ils ont cru avec sincérité à l’idéal d’émancipation né dans le mouvement ouvrier, qui fut une merveille avant d’être assassiné par les staliniens. Mon être le plus profond est avec eux. Mais ce n’est pas mon être, qui est en jeu. C’est la vie. Et c’est pourquoi, je le répète, je suis prêt à toutes les alliances sincères, qui accepteraient de considérer la crise écologique tout en maintenant un point de vue humain.

    Leyla, je ne crois pas avoir répondu à tes commentaires, mais j’ai fait ce que je pouvais. Bien à toi,

    Fabrice Nicolino

  15. Cher Fabrice, je ne suis pas du tout d’accord.

    Il y a un non-dit dans l’idée que nous devons limiter notre expansion : Ce non-dit est que notre action est foncièrement nuisible. Il y la une idée Darwinienne ou la compétition (concept d’origine psychologique, projeté sur le vivant de manière très peu scientifique) est la force explicative la plus fondamentale, a l’oppose de la collaboration.

    Expliquez un phénomène par la collaboration, et vous vous voyez taxé d’idéaliste. Employez la compétition, et on ne vous fera même pas remarquer que vous usez d’un axiome sans le déclarer.

    Les bactéries sont sans doute le genre de vie le plus répandu sur la terre (et dans les autres organismes). L’homme, lui aussi, vit a peu près partout, mais vient après les batteries. (Je ne suis pas un scientifique, corrigez-moi si ce n’est pas exact !)

    Mais tout le monde s’accorde a reconnaître que la vie s’éteindrait sur terre si les bactéries arrêtaient leur travail.

    (Attention la je deviens moins rationnel):

    Si les bactéries, comme les autres formes de vie, sont indispensables a l’évolution de la vie sur terre, pourquoi l’être humain, qui est aussi une forme de vie, le serait moins ?

    Bien sur, il n’y a que nous-mêmes pour répondre a la question. Sans aucunement chercher a minimiser le caractère massif des destructions que nous avons causées, que nous nous apprêtons a amplifier encore plus… Pourquoi remettre en cause « l’Humain » et pas plutôt l’orientation du travail humain ?

    Si l’on pense que l’humain et la nature ne sont qu’un, pourquoi ne pas prendre cette idée au pied de la lettre ? Tout simplement ?

    Cela implique un élargissement (ou un approfondissement) de la compréhension de l’humain, en aucun cas sa limitation.

    Arne Naess a écrit de beaux textes sur la communion avec la nature, des textes très précis philosophiquement, ce qui les rend précieux. Mais je ne le suis plus du tout lorsqu’il met cela sous forme de « principes ». Il est d’ailleurs facile de voir que ses « principes » se contredisent eux-mêmes. Comme nos amis Anglais.

  16. « Je pense, je crois de toutes mes forces que l’heure sonne d’une Déclaration universelle des devoirs de l’homme. »

    Oui ! Mais c’est surement plus difficile que de « définir » des droits. Peut-être aussi que ça ne peut pas prendre la forme d’une « déclaration », a caractère « juridique ». D’abord parcequ’il n’y a de devoirs réels que ceux que l’on s’impose a soi-même.

  17. Cher Laurent Fournier,

    Je sais votre sérieux et votre engagement, et vous serez toujours le bienvenu ici. Néanmoins, laissez-moi vous dire que vous dérapez. Et vous dérapez d’une manière que je juge passionnante. Car où, quand, de quelle manière aurai-je pu écrire ou même sous-entendre que je remettais en cause l’homme ? Dites-le moi, cela me sera(it) d’une aide précieuse.

    Non, plus sérieusement. De deux choses l’une. Ou vous m’aurez mal lu, ce qui arrive à tout le monde, je suis excellemment placé pour le savoir. Ou, et je vous avoue que je le crois davantage, vous ne supportez pas qu’on mette en question la place de l’homme sur cette Terre.

    Attention ! cela n’a rien d’une attaque. Il est en effet redoutable, redoutablement casse-gueule, d’aborder cette question. Mais elle me semble en tout point essentielle. En résumé, comment revoir la place de l’homme ici-bas sans tuerie ni dictature ? Car tel est bien l’un de mes objectifs : ni tuerie ni dictature. Bien à vous, qui vivez si loin d’ici.

    Fabrice Nicolino

  18. Bonjour Fabrice,

    Comme à vous, il m’apparaît clair que l’unique problématique, celle qui regroupe toutes les autres, qui apporterait les solutions est celle que vous donnez : « remettre en question la place de l’homme sur terre ».

    Et aussi remettre en question sa pullulation…

    Mais qui s’y risquera ?
    A part vous bien entendu…

  19. @ Laurent,
    On parle d’un changement de pensée, pas d’un changement d’état!
    L’humain fait bien partie du vivant scientifiquement et n’est pas l’espèce la plus répandue…
    Mais de fait cette idée de projection d’une espèce plus évoluée que les autres, qu’on nous apprend depuis toujours, n’est pas rationnelle. C’est un concept qui suis notre histoire humaine et qui nous aurait donné « l’autorisation »de disposer de ce qui nous entoure!

    Historiquement aussi nous étions le centre de l’univers 😉

    Les espèces mutent et les mieux adaptées à leur milieux survivent…Qu’est-ce que c’est « la plus évoluée », cela ne peut-être qu’une idée développée par rapport au mode de pensée humaine liée historiquement à l’anthropocentrisme!

    L’histoire marque notre mode de pensée, aujourd’hui nous savons que nous sommes intimement
    liés à tous ce qui vit; même à ce qui ne vit pas, nous ne sommes jamais qu’une sommes d’élément biochimique!
    La révolution ce serrait d’enfin accepter notre position dans un monde contemporain… Nous ne pouvons survivre sans ce qui nous entoure… Ce qui nous entoure à un côté « miraculeux », en tous cas rare dans cet univers; c’est dû à la position de la terre sur un bras éloigné de la galaxie. Une position éloigné de turbulences qui permet à la vie de s’épanouir!

    Aujourd’hui scientifiquement nous savons que nous sommes un tout avec la vie de ce monde, nous savons que ce monde est rare… Mais philosophiquement ça ne passe pas encore!
    Nous devons faire évoluer notre histoire, nous avons la connaissance; mais on nous a dis que nous n’étions plus animal… Pourtant notre comportement de domination est bien animal…
    Nous devons faire évoluer notre comportement avec notre connaissance; mais l’histoire nous indique aussi que ce cheminement est long! Et nous avons peu de temps… Tellement d’espèces déjà disparue; et pourtant toutes exceptionnelles, et ce à cause de notre comportement de domination! (je ne parle bien sûr pas de catastrophe naturelles!)

    Nous sommes à la fois différent du monde animal par notre histoire et pourtant nous en faisons toujours partie… Cette dualité qui nous habite est destructrice. Mais pourtant on ne peut pas dire aussi librement que l’ont veux que nous sommes un animal parmi d’autres: notre histoire nous apprend aussi qu’alors l’humanité se domine elle-même!

    La seule solution c’est d’élever la vie au rang qu’elle devrait avoir, l’homme n’aurait plus d’excuses pour la dominer aussi facilement… De plus il n’aurait plus d’excuses non plus pour malmener d’autres humains; enfin nous serrions vraiment égaux car en vie: et la vie est exception! Et là on est dans un débat purement philosophique!

    Nos « philosophes officielles » sont tellement éloigner de ce débat; ils en sont toujours à l’ère des lumières! L’ère des lumières c’est quoi d’autre à part la domination sur le vivant et tous humain n’ayant pas le même mode de pensée (quand on veux développer des pays on en est tjs à vouloir que tous suivent l’ère des lumière!) … En fait pour que notre philosophie rejoigne notre connaissance il y a vraiment du boulot!

    Première chose à faire c’est proscrire la rentabilité; seulement là nous pourrions élever la vie au rang qu’elle mérite, et enfin nous serrions égaux au sein de notre propre espèce!
    Ce qui est rentable c’est la vie! Je ne sait plus qui dis ça; Pierre Rabhi peut-être… Une graine de tournesol en donnent des centaines!

  20. Cher Fabrice, vous remettez en cause « la place de l’Homme sur cette terre ». On peut être d’accord ou pas d’accord, selon ce que cela signifie exactement… Le problème c’est que je n’en suis pas sur moi-même !

    Disons que je préfère clarifier le rebat selon ces deux catégories, d’une part « l’Humain » (comme projet en cours, dont nous sommes responsables), et d’autre part « l’action humaine » (dont nous sommes responsables également).

    Je ne supporte absolument pas certains cotés Malthusiens du discours sur « l’épuisement des ressources », sur la soi-disant « empreinte écologique », et surtout certains mots qu’emploient certains (surtout les Anglais) comme « de-humanise » , « un-civilise »… dont je ne vois pas quel sens cela peut possiblement avoir… même en se restreignant au niveau de la logique la plus élémentaire !

    C’est étrange comment ces concepts qui sont purement économiques, comme « ressource naturelle », « empreinte écologique », etc. ont graduellement acquis un statut scientifique, comme s’ils représentaient des réalités objectives.

    Il est important, essentiel, de comprendre que ce qui est une « ressource » dans un certain contexte peut être une nuisance dans un autre, et vice-versa.

    Vous êtes bien d’accord que, par exemple, l’agriculture biologique (quel que soit son niveau de perfection ou d’imperfection actuel, il s’agit la aussi d’un mouvement en cours, d’un effort, ou la connaissance et l’action s’allient) est une activité humaine, pleinement humaine, qui amplifie la vie sur terre. C’est un travail de transformation des nuisances en ressources, qui n’a pas « d’empreinte écologique » ! C’est une activité créatrice de « ressources » (pour l’économie), qui re-définit la manière dont on peut éventuellement mesurer l’empreinte des activités prédatrices ou destructrices.

    L’écologie nous pose la question, « qu’est-ce qu’être humain », en des termes nouveaux. Il faut redoubler d’efforts pour le devenir (humains). Nous devons essayer d’être plus humains, pas moins.

  21. Une anecdote sur l’influence indue de l’économie sur les concepts écologiques : Mon ami Debal Deb a écrit un livre de plusieurs centaines de pages sur l’écologie, d’une érudition éblouissante, sans employer ou citer une seule fois l’expression « empreinte écologique » (environmental footprint).

    Cet « oubli » lui a été reproché, et il a répondu qu’en essayant de ne rien oublier d’essentiel, son livre était déjà devenu bien trop volumineux pour le surcharger encore davantage avec des concepts sans intérêt… même si c’était pour expliquer en quoi ils sont sans intérêt !

    C’était donc une décision consciente. Il a bien sur pris la peine d’expliquer en détail, a ceux qui le lui demandaient, pourquoi ce concept est pour lui une distraction inutile.

    (Note: Debal Deb a fait un doctorat sur « l’économie environmentale », et son livre traite énormément d’économie. Mais ça ne veut pas dire qu’il mêle les concepts indistinctement !)

    http://www.daanishbooks.com/products/Beyond-Developmentality%3A-Constructing-Inclusive-Freedom-and-Sustainability.html

    http://www.cintdis.org

  22. Bonjour Luc Capony, j’ai (enfin !) écouté l’interview de Francois Flahault dans votre commentaire de l’article « Sur le Cancer Made in France »…

    Elle est magnifique, formidable cette interview ! Voila le genre de travail qui permet de repenser les choses en démontant les mythes inavoués de notre époque. Merci.

    (je me suis dit qu’il valait mieux mettre le commentaire ici non seulement parce que plus de gens le liront mais aussi parce qu’il y a vraiment un rapport avec « la place de l’humain »)

    http://j-ai-du-louper-un-episode.hautetfort.com/archive/2012/04/09/francois-flahault-c-est-la-societe-qui-fait-l-homme-et-non-l.html

  23. @ Laurent,
    Je sais que je suis une bas de plaf et que ce que je dis n’a pas grand intérêt… Je sais pour que pour dire bcp de conneries, certaines choses sont à dire avec des pincettes aussi! Je sais que je parle dans le vide mais je m’en fout je parle quand même!

    Ce que dis François Flahaut sur la place de l’homme dans une société de consommation est très juste!

    Mais définir l’homme c’est pas un peu aussi le même piège à con que le malthusianisme?

    On peut sans doute définir l’humanité par rapport à la société, nous sommes un animal social; mais des animaux sociaux il y en a d’autre! Bien sûr ces sociétés ne sont pas comparable à la notre… Pourtant les bébés chats que j’ai recueilli et qui sont dans mon salon ne se développeraient pas non plus sans l’amour de leur mère… Il n’apprendraient pas sans les autres chats autour; et même sans les câlins de ma filles… Et pourtant ne sont que des chats!

    Bcp de primatologues remettent en cause des études sur les grands singes, parce qu’elles sont faites autour de projection de nous même… Ils sont devenu intéressant parce que nous leur avons donner de l’intérêt, mais leur intérêt évolue en même temps que notre histoire évolue! J’ajoute que se sont souvent des primatologues femmes qui explique déjà que ces études sont décalée à cause de la place qu’on a donner aux femmes scientifiques!

    Je suis désolée en philosophie, la question qu’est-ce que l’humain; a fait plus de dégâts que qu’est-ce que la place de l’homme!

    Nous sommes bien sûr un animal d’exception, mais je pense qu’il est temps aussi d’écouter ce que ces primatologue femmes ont a dire… Ce ne sont pas des malthusiennes, se sont des scientifiques mise au rencart pour des années, simplement parce qu’elles sont des femmes! Les philosophes femmes où sont elles d’ailleurs! La preuve que notre société fonctionne encore sur la domination!
    C’est si dure à remettre en cause?

    Le jour où on donnera sa vrai place à la vie, l’humanité serra enfin une société plus « juste »; parce que les question de qu’est-ce que l’homme, et qu’elle est sa place n’auront plus grand intérêts! Et pas mal d’humains dominants n’enfonceront plus de portes ouvertes pour déverser leur haine!

    Enfin je crois; et c’est vrai je me trompe bcp!

    Mais je suis sûre qu’on en est toujours à l’ère des lumières et que nous n’arrivons pas a dépasser ce stade! Peut-être bien parce que l’ère des lumières nous à floué historiquement en gommant simplement la diversité des sociétés humaines! Nous sommes tous humains et sociaux, mais nos sociétés sont diverse! C’est notre richesse à nous humains…Chaque fois qu’on se défini on se met dans des carcans qui attise la haines! Pourquoi vouloir définir ce qui est impossible à définir? Sa m’échappera toujours!

  24. Cher Fabrice,

    Pendant pas mal d’années, j’ai accueilli chez moi des gens merveilleux qui venaient essayer de se faire entendre à l’ONU, dans une commission dite « des droits de l’homme ». Des gens comme toi et moi, mais issus des nations amérindiennes. Comme les voyages coûtent chers, les villageois se cotisaient pour pouvoir envoyer un de leur représentant, que je me faisais un plaisir et un devoir d’héberger gratuitement, il va de soit!
    Chaque conversation avec ces personnes, était un manifeste en soi, un manifeste sur la place de l’animal, du végétal, du minéral et fatalement de l’humain sur cette pauvre terre dépouillée et polluée. Si dans l’intimité, ces messages étaient fraternels et tendres, il n’en étaient pas moins de véritables cris à l’adresse du Monde entier, sourd, désespérément sourd et aveugle. Les minorités ethniques et ce qu’ils ont à nous dire n’existent pas pour les élites politiques et les médias de masse, et donc, encore moins pour la masse tout court.
    Ce qui veut dire que les mieux placés pour dispenser un enseignement philosophique radicalement différent de la stupide pensée prométhéenne que l’on nous impose depuis des siècles, sont les moins écoutés et les plus malmenés! Certains ont fait des années et des années de tôle, dans des conditions effroyables. Certains, même, ce sont fait flingués.
    C’est à mon humble avis, la première des injustices et des ignominies à vaincre…et c’est mon idée! Ma meilleure idée parmi d’autres.

    http://www.recherche.uottawa.ca/perspectives/10012

    Je pense que les gens de Dark mountain projet ont surement des idées et des bouquins à vendre. Très bien, c’est normal.Mais ils n’ont pas besoin de ce cotiser pour faire un voyage, eux.Et le Dark mountain manifeste est manifestement un bon coup de pub!
    Mais je le redis, libre à chacun d’y voir une révélation, une révolution. Ca ne me dérange pas.
    Bise!

    ps: merci à Leyla et tous ici pour les commentaires et références diverses.

  25. l’homme doit laisser place a la nature,car sa nature est encore destructrice ,(sauf es indiens),et doit gagner de la sagesse et de la sensibilité pour vivre plus en harmonie avec la nature.nous somme pour l’instant trop brutal,avec nos machines a couper les arbres,a tondre la pelouse tous les 8 jours dans les parcs.(par peut cacher),et doit se résoudre pour l’instant a laisser des lieux,des sanctuaires tranquilles,je pense.

  26. Fabrice, l’essentiel à mon avis est dans ce que tu dis ici :
    « Et voilà où ça me mène : une pensée profondément différente peut-elle surgir des catacombes où sont enterrées nos mythologies ? »
    Ma réponse est plutôt négative bien entendu. Notre civilisation est assise sur plus de 20 siècles de mythes et de philosophie, qu’on ne s’y trompe pas : si on n’a pas un minimum d’idée de ce que l’on veut, on n’ira nulle part qu’à la case départ…
    Nous avons pour notre part commencé à défricher une autre voie, c’est ici :
    http://www.bifurc.fr
    Bonnes réflexions, a mille lieues des urnes mais eminemment politique !

  27. http://www.institut-jean-gagnepain.fr/huit-leçons-d-introduction-à-la-théorie-de-la-médiation/

    Voilà une fois de plus le lien vers une anthropologie radicalement différente de tout ce que vous connaissez … ou croyez connaitre.

    C’est assez révolutionnaire pour, au niveau structural,permettre à terme de prédire les « fautes » que font les personnes atteintes des troubles culturels dans, le langage, l’art de s’y prendre pour faire (vérifications expérimentales très avancées relativement à ces deux facltés humaines spécifiques), les relations, leur faculté d’autolimitation.

  28. Par manque de temps (je dois partir loin, notamment des écrans), aussi n’ai-je pas le temps, dans l’immédiat (temps du net …), de poursuivre la discussion avec Fabrice, la petite bergère, Valérie, Laurent et quelques autres … Il est probable que lorsque je reviendrai, cette page sera déjà perdue dans les tréfonds du net. Deux autres billets de Fabrice, chargés de moults commentaires plus nombreux et enfiévrés l’ont déjà reléguée loin.
    Deux ou trois choses pour aller vite.
    @ Fabrice. Oui oh que oui Bookchin et Castoriadis sont des hommes d’un autre siècle. Et pourtant, il me semble qu’ils ont oeuvré, comme tu le laisses entendre, à une rupture majeure et bien antérieurement à de nombreux autres, au sein même du mouvement d’émancipation, alors qu’il était profondément contaminé et empêtré par et dans ce que Castoriadis appelait l’imaginaire de la « maîtrise rationnelle » (pseudo maîtrise, pseudo rationnelle), le mythe du progrès, etc. Or, de cette position courageuse et nouvelle, contre les totalitarismes « communiste » et nazi mais aussi contre les barbaries capitalistes, souhaitant conjuguer le meilleur du projet d’autonomie à celui d’une nouvelle civilisation bâtie sur l’autolimitation et l’amour de la beauté, celle de la nature comme celle des créations humaines (de celles qui émerveillent et émancipent), il me semble que quelque chose ne s’est pas complètement transmis, n’a toujours pas fait corps (au-delà des révérences livresques et historiques, au-delà des admirations …). Libre à toi de préférer Foreman à Bookchin dans le dialogue évoqué. Pour ma part, j’ai beaucoup appris du dialogue lui-même, à travers et au-delà des positions respectives de l’un et de l’autre. Et si je le citais en écho à ton billet et à l’interpellation de petite bergère (et après de Laurent), c’est qu’il y a dans ces échanges de quoi clarifier certaines choses.
    Pour le dire trop vite, est-il question de remettre en question la place de l’Homme ou bien la place d’une certaine civilisation ? Certes les racines de la crise écologique plongent loin dans les soubassements anthropologiques de l’humanité. Mais que peut-on en dire qui ne nous ramènent pas aux « banalités nihilistes » dont Arendt disait qu’elle n’éclaire rien et peuvent amener au pire. Bookchin voulait clarifier avec Foreman les conséquences possibles d’une mise en cause de l’espèce humaine elle-même en lieu et place d’un système social, économique, industriel. Alors certes aussi de ce système nous sommes tous responsables (grande et forte idée chez Castoriadis, par exemple dans son dialogue avec Cohn-Bendit en 1980 en Belgique … : « le système tient parce qu’il réussit à créer l’adhésion des gens à ce qui est. Il réussit à créer, tant bien que mal, pour la majorité des gens et pendant la grande majorité des gens et pendant la grande majorité des moments de leur vie, leur adhésion au mode de vie effectif, institué, concret de cette société. »).
    Tu vois et tu sais l’affaire est complexe. Nous n’arriverons pas à démêler tout cela en quelques posts, surtout que je dois partir comme je le disais.
    Je partage les réticences de Valérie sur le manifeste et voulais en dire quelques mots, sachant pourtant que la rupture est en effet cruciale.
    Décidément, à une autre fois, trop de choses …

  29. Bonjour Sylviane, il y a beaucoup de choses dans vos observations. Je suis incapable d’y répondre. La seule chose que je connais des « anthropologues femmes », c’est une amie anthropologue ! Et je ne comprends toujours rien a sa discipline ! Ah si, sur l’homme comme l’espèce la plus « évoluée » je me souviens quand j’étais adolescent un prof nous avait montré des photos d’embryons de vache, de poulet, d’homme, et comment ces embryons presque semblables développent des formes adultes extraordinairement diversifiées, spécialisées… et justement, l’homme, parmi toutes ces espèces, est celui dont la forme adulte s’éloigne le moins de celle de l’embryon commun. Donc, si l’on s’en tient a l’observation, plutôt le « moins » développé, pas le « plus » développé !

    Ce que j’apprécie profondément dans l’interview de Flahault, ce n’est pas le titre. J’ai failli ne pas l’écouter a cause du titre, justement ! Parce que on peut débattre a l’infini, sans avancer d’un pouce, sur ce qui a commencé, l’individu ou la société, l’oeuf ou la poule, etc. On peut avancer un chouilla si on différencie l’origine historique et l’origine logique… Mais ça devient casse-gueule !

    Non, ce que je trouve passionnant, ce sont tous les exemples précis, féconds, vivants, qu’il donne. Je suis personnellement attaché a l’idée de l’individu comme facteur premier. Disons que c’est ma croyance. Et Flahault ne m’a pas fait changer d’idée. Mais ses explications m’ont convaincu que la pensée EXACTEMENT INVERSE peut être extraordinairement féconde, et parfaitement exacte. Je trouve que dans ces moments-la on touche du doigt, on effleure, la réalité, la vraie, et que la vie est belle !

  30. Quand on parle de la place de l’homme, je pense toujours à ce bouquin de Daniel Quinn:Ishmael. Voici quelques extraits (désolé je fais phi des droits d’auteurs).

    « — Je veux dire par là que si je nomme un groupe Ceux-qui-prennent et l’autre Ceux-qui-laissent, la connotation de l’une ou l’autre de ces dénominations peut-elle laisser croire que j’ai décidé que l’un des groupes était composé de « bons  » et l’autre de  » méchants  » ?

    — Non, ces termes me semblent neutres.

    — Bien. Aussi vais-je appeler les gens de votre culture Ceux-qui-prennent, et ceux des autres cultures Ceux-qui-laissent.

    — Cela me pose un problème, murmurai-je.

    — Lequel ?

    — Je ne vois pas comment vous pourriez regrouper toute une catégorie d’individus dans le monde et les classer ainsi.

    — C’est pourtant précisément ce que fait votre culture. Cependant, vous utilisez des termes beaucoup plus tendancieux — au contraire des miens, qui sont relativement neutres. Vous vous désignez comme civilisés et appelez tous les autres primitifs.

    — De sorte que, sans l’homme, le monde n’était pas fini, ce n’était que nature  » à la dent et à la griffe sauvages « . C’était le chaos, l’anarchie des premiers âges.

    — Exactement.

    — Alors de quoi avait-il besoin ?

    — De quelqu’un qui vienne et qui… redresse les choses. De quelqu’un qui remette de l’ordre.

    — Et quel genre d’individu est capable de redresser les choses ? Quel genre d’individu peut prendre en main l’anarchie de la situation et y remettre de l’ordre ?

    — Eh bien !… un maître. Un roi.

    — Naturellement. Le monde avait besoin d’un maître. Il avait besoin de l’homme.

    — Oui.

    — Ainsi, nous avons une idée plus claire de ce que dit l’histoire : Le monde a été fait pour l’homme et l’homme a été fait pour le gouverner.

    — En effet, cela paraît évident de nos jours. N’importe qui peut le comprendre.

    — Et de quoi s’agit-il ?

    — Quoi ?

    — Est-ce un fait ?

    — Non!

    — Alors, qu’est-ce que c’est ? » Je lui répondis : « De la mythologie.

    — Dont on ne peut trouver aucune trace dans votre culture !
    — C’est exact. »

    Cette mythologie résonne à vos oreilles de façon si constante que plus personne ne lui prête la moindre attention. Il est évident que l’homme conquiert l’espace et l’atome, les déserts et les océans, et tous les éléments, puisque, selon votre mythologie, il est né pour cela.

    — Ainsi, quand les gens de votre culture en sont arrivés à la conclusion qu’il y avait quelque chose de fondamentalement mauvais chez l’homme, sur quel témoignage s’appuyaient-ils ?

    — Celui de leur propre histoire.

    — Exactement. Et cela ne représentait qu’un demi pour cent de preuve, emprunté à une seule culture. Ce n’est pas un échantillon suffisant pour que l’on puisse en tirer une conclusion générale.

    — Non.

    — Il n’y a rien de fondamentalement mauvais chez les hommes. Donnez-leur à jouer une histoire qui les mette en accord avec le monde, ils vivront en accord avec le monde. Mais donnez-leur une histoire qui les confronte au monde, comme vous l’avez fait, ils vivront en désaccord avec lui. Donnez-leur une histoire qui en fasse les seigneurs du monde, ils la joueront comme des seigneurs. Mais donnez-leur une histoire dans laquelle le monde représente un ennemi à vaincre, ils le soumettront comme on le fait d’un ennemi, et un jour, inévitablement, leur ennemi succombera, exsangue, à leurs pieds — comme il en va actuellement du monde. »
    (…)
    même si l’homme travaille dur pour transformer le monde en paradis, sans doute continuera-t-il à le détruire.

    — Oui, cela en prend le chemin.

    — C’est une histoire bien triste une histoire désespérante, une histoire dans laquelle littéralement on ne peut rien faire. L’homme est imparfait, aussi continue-t-il à détruire ce qui devrait être un paradis et vous n’y pouvez rien. Alors vous êtes là, vous précipitant droit vers la catastrophe, et tout ce que vous pouvez faire est d’attendre qu’elle arrive.

    — Oui, c’est probable.

    — Si vous n’avez rien d’autre à jouer que cette histoire désespérante, il n’est pas étonnant que tant de gens parmi vous s’adonnent aux drogues,à l’alcool ou à la télévision. Ni qu’un si grand nombre d’entre vous deviennent fous ou se suicident.

    — C’est vrai, mais est-ce qu’il en existe une autre ?

    — Une autre quoi ?

    — Une autre histoire.

    — Oui, il y en a une autre, mais Ceux-qui-prennent se sont acharnés à la briser, comme ils
    l’ont fait avec tout le reste depuis toujours. » »

  31. Bonsoir Laurent;

    Je me souviens d’une primatologue anglaise, mais j’ai zappé son nom… Elle explique que simplement le fait d’observer les grand primates les rendent intéressant à nos yeux… Elle dit aussi que si on trouve bcp de femmes chez les primatologues, c’est simplement parce que des études qui donnent de la notoriété et des articles très vite sont prisent par des hommes.
    Observer les primates prend par contre des années. Ce n’est donc pas du au fait que les femmes aurait une « sensibilité » particulière qui les aide à approcher les primates comme on l’a longtemps raconté!

    Elle a fait une observation des moutons chez elle pour démontrer que même si cet animal est moins proche de nous, il peut aussi être intéressant!

    Cela remet en cause pas mal de choses, simplement que fatalement nos observations des animaux sont aussi anthropocentrées.

    Le mot évolution même l’est anthropocentré… Qui peut dire que des bactéries super adaptées à leur milieu sont moins évoluées que nous? Alors qu’elles pourrait nous survivre…
    L’étude des embryons montre simplement un historique des mutations qui nous ont engendrées.

    C’est un mode de pensée difficile, moi aussi j’ai tendance à penser en termes d’évolution, parce que j’entend ça depuis toujours! Mais nous sommes le fruits d’adaptations successive à notre milieu, c’est plus tard que nous avons transformé notre milieu.

    Je ne minimise pas l’humanité bien sûr, nous sommes une société avec une structure exceptionnelle! Quand nous nous servons de notre cerveau nous sommes capable de grandes choses… Mais nous ne devons plus minimiser ce qui nous entoure non plus!

    Moi je pense personnellement que l’homme ne serrait pas humain sans société, et que l’humanité et la société vont de paire! Je pense qu’il existe d’autres animaux sociaux, mais que leurs société et leur culture nous échappe, parce que fatalement nous pensons comme des hommes!

    Les éléphants honorent leur morts, les fourmis sont capable de grandes choses ensemble, les oiseaux ont des accents régionaux; les bactéries se font la guerre bio-chimique… Je pense que des « société » existent en dehors de l’humanité et donc existaient avant nous (l’homme étant là depuis relativement peu de temps!).

    Tous ce qui nous entoure est digne d’intérêt, au même titre que l’humanité, qui possède j’insiste des société plurielles, faites d’individus. Nous n’avons pas a apporter de « développement »à d’autre sociétés humaines sous prétexte que nous sommes les « mieux »… Ma fille est allée à une chasse aux oeufs pour pâques, on avait du chocolat « équitable »… Sur la brochure publicitaire du truc, il il avait la photo d’un gamin noir en chocolat… J’ai trouvé ça intolérable. C’est le retour de « yabonbanania » hein, je m’excuse mais ça m’a choqué!

    Bien sûr qu’il dit des choses fraîches monsieur Flahaut, bien sûr que notre société a nous doit s’auto-critiquée!

    Mais nous ne devons jamais oublier que nos observations sont faites à travers un prisme de pensée humain, et que cette pensée à son historique.

    Pour moi l’homme doit s’élever au rand d’humanité, et c’est une chose que nous devons travailler sans cesse, car toujours à recommencer. Notre humanité n’est pas la même que celle du passée, ni celle du futur. Nous sommes individus et nos actes sociétaux font notre humanité à nous; qui suis une histoire et qui s’ajoutera à la suivante…

    Merci de m’avoir lue, je sais que je ne suis pas toujours très claire 😉

  32. Quelques autres éléments « sur l’homme ».

    M. Shyamal Chaudhary, fermier du Jharkhand (Inde), 55 ans, a consacré 14 ans de sa vie a creuser un étang. Le résultat, un réservoir de 100m x 100m x 7m de profondeur. En plus d’être courageux il est certainement astucieux pour avoir su utiliser au mieux le relief pré-existant a son travail, parce que un travailleur en bonne santé est supposé être capable de creuser et de déplacer sur 50m un maximum d’environ 1m3 par jour, et en 14 ans en bossant 6 jours par semaine son étang de 100m x 100m bordé de digues surélevées n’aurait guère plus d’un ou deux mètres de profondeur s’il était parti d’un terrain plat !

    C’est après avoir perdu trop de temps avec d’innombrables visites aux bureaux du développement rural, de l’irrigation, etc. et avoir écrit un grand nombre de lettres pour demander au gouvernement de venir en aide a son village, que Shyamal Chaudhary, ayant quitté l’école a 14 ans, a décidé de creuser l’étang lui-même, sur ses propres terres, sans se soucier des commentaires moqueurs de ses voisins.

    Aujourd’hui, Shyamal Chaudhary peut non seulement irriguer ses terres et mieux faire vivre sa famille, mais il a même fait don de son étang a son village, Kurua. Et au delà de son village, les habitants des autres villages, Petsar, Margadi, Beltikari, Vishnupur et Baiganthara, viennent aussi y tirer de l’eau !

    http://www.thehindu.com/news/states/other-states/article3356021.ece

    Si vous regardez une photo satellite de l’Inde (comme ici:)

    http://wikimapia.org/#lat=23.1053784&lon=87.8579774&z=12&l=2&m=b

    Que voyez-vous ? En premier lieu, des étangs. Des petits, des grands, des centaines, des milliers, des millions d’étangs. C’est a cela que l’on reconnait un village vu d’en haut: a ses étangs. Zoomez, et vous apercevrez les maisons. A de très rares exceptions, ces étangs sont toujours rectangulaires et alignés nord-sud. Toujours faits a la main.

    Sans ces étangs, l’immense plaine inondable du Gange, qui fait vivre l’une des plus fortes densités de population au monde, serait inhabitable non seulement pour l’homme mais pour un très grand nombre d’animaux, domestiques ou sauvages. Dans cette plaine inondée chaque année pendant plusieurs mois, seules les aires surélevées de la main de l’homme sont au-dessus des eaux. Et sans étangs, plus d’eau pendant les 9 mois de saison sèche.

    L’ignorance de la sagesse et de l’intelligence de ce paysage crée par l’homme a plongé l’Inde rurale dans une pauvreté croissante, de l’ère coloniale a nos jours. Les Anglais n’avaient qu’un but, endiguer l’inondation annuelle (pour accéder partout, tout le temps, et pour mettre en place un système de propriété formel et permanent, ou l’impôt en espèces remplace l’impôt en nature) et creuser des canaux pour une irrigation payante. Résultat, plus de limon pour fertiliser les champs, prolifération de la malaria, appauvrissement, et régulièrement les grandes famines de l’ère coloniales. Plus tard, le gouvernement indépendant des « Anglais bruns » ne rêve que de technologie Occidentale. Digues, Canaux, Barrages, Adductions d’eaux. L’Inde est aujourd’hui parsemée des ces ouvrages en béton, trous a fric, digues qui cèdent régulièrement, en créant des inondations catastrophiques faisant des centaines de milliers de sans-abri, ou bien canaux asséchés, ou encore barrages remplis aux 3/4 du limon qui aurait du aller dans les champs, et dont les habitants des terres englouties ont été spoliés sans compensation.

    Mais les étangs ne font pas que procurer de l’eau. On savait qu’il existe des morceaux de foret sacrés, sanctuaires de biodiversité protégés tant bien que mal par la communauté contre la connivence destructrice des entrepreneurs et du département des forets. Debal Deb a aussi recensé des étangs sacrés, ou vivent encore des plantes et animaux aquatiques extrêmement rares, disparu presque partout ailleurs.

    http://www.barcelona.degrowth.org/Plenaries-slides.117.0.html#c363

    Ces étangs sacrés, tout comme la quasi-totalité des étangs de Inde, ont été faits de la main de l’homme.

    De quand remonte le geste de Shyamal Chaudhary ? Aussi loin qu’on remonte, Peux-t-on jamais voir autre chose qu’une nature co-crée par l’homme ?

  33. Que les Lumières ont cru devoir apporter un peu de raison à ce XVIII°s, alors très féodal, on ne peut leur reprocher et l’oubli de la Figure de l’homme et son corollaire, la séparation avec la nature qui en est résultée ne peut être une excuse pour en rester aux bonheurs d’exprimer des grands sentiments.
    Plus que nécessaire est de se donner un paysage intellectuel (pardon pour le gros mot) n’ayant peu de rapport avec ceux qu’encensent toutes les rationalités de gauche comme de droite, laïque ou confessionnelle.
    A cette visée civilisationnelle, le Manifeste pour une nouvelle civilisation ayant pour titre: Il suffit de passer le pont
    lequel a la prétention d’apporter des éléments essentiels de fondation qu’on trouvera nulle part ailleurs. Les auteurs sont seulement porteurs d’une pensée cyniquement occultée par ceux-là, de tous bords et de toujours, qui ont eu et ont le pouvoir.

  34. Je vais me procurer votre livre.

    Pour moi l’homme a toujours été et doit rester au centre de la civilisation. La modernité a une tendance inhumaine et misanthrope, elle ne place pas assez l’homme au centre (et cette tendance misanthrope infiltre tout, même parfois ce qui essaye de prendre le visage de l’écologie).

    Bien sur cela dépend entièrement de ce qu’on entend par l’homme.

    En ce qui concerne la rationalité, la encore il ne faut pas l’abandonner. Pas une seule parcelle ! Au contraire de certains, nombreux, qui posent : « Ici il y a la rationalité, et la le non-rationnel, et les deux peuvent cohabiter ». Pour moi le non-rationnel ne peut être que temporaire, en aucun cas une méthode ou un mode de vie.

    Le gros problème de la rationalité est de postuler, de croire, que plus d’intelligence est organiquement, intrinsèquement synonyme de plus de vie.

    On voit bien que ce n’est pas le cas. Ce sont les gens les plus diplômés, cultivés et instruits qui répandent la mort et la destruction avec le plus d’ampleur. Mais il est impossible de se « de-éduquer ». On peut seulement faire semblant… et c’est encore pire !

    Donc, « bifurcation », pourquoi pas ?

  35. Laurent, il n’est pas question avec BIFURCAtion de renoncer à la rationnalité mais simplement de comprendre que respecter l’Homme, c’est respecter ses deux faces, la rationnelle… et l’autre.
    Ceux qui se disent les plus rationnels nous montrent bien souvent combien c’est leur imaginaire qui parle et combien il fonctionne sur des mythes, comme c’est le cas pour chacun et comme ce le sera toujours. c’est un peu comme ceux qui fuient les idéologies sans s’apercevoir que c’est une idéoligie, voire qu’ils en ont eux même tacitement une très profondément inscrite en eux. Il faut lire Castoriadis et l’extraordinaire « L’institution imaginaire de la Société » pour comprendre cela définitivement, de même, on peut lire une autre livre (que celui sur lequel se base BIFURCation) de Gilbert DURAND : « Les structures anthropologiques de l’imaginaire » (réédité plus de 20 fois depuis sa parution !).
    Un résumé ici (je n’ai pas le temps de le lire pour te dire ce qu’il vaut à mon avis) :
    http://www.systemique.be/spip/article.php3?id_article=473

    Non, tenir compte de l’irrationnel chez l’Homme ne peut pas être « temporaire », respecter cette part PERMANENTE de chaque être humain, c’est tout simplement arrêter de le mutiler.
    Bref, arrêtons de nous raconter des blagues : chez l’Homme, tout est mythe, tout est imaginaire. Le reste (la rationnalité par exemple) ce sont uniquement des moyens pour s’y conformer.

  36. P.P., L’Homme n’a en aucun cas « deux faces », surtout si tu le divises entre le « rationnel » et le « non-rationnel ». C’est la division classique entre « la foi et la science » que tu sembles reproduire, qui n’a aucun sens. La rationalité n’est pas une option a choisir ou pas, c’est le moyen inévitable a ce jour de comprendre ses propres mythes et de devenir libre.

    D’ailleurs tu sembles l’admettre en écrivant, « Arrêtons de nous raconter des blagues ». Mais sur quelle base pourrait-on « arrêter de nous raconter des blagues », si comme tu l’écris, « chez l’Homme tout est mythe, tout est imaginaire »?

    Et la destruction de l’écologie, c’est aussi un mythe ? Tu veux remplacer le mythe de la rationalité par d’autres mythes ? Mais si l’idée que tout est mythe est vraie, alors elle est elle-même un mythe, et donc pas vraie…

    Ne croie surtout pas que j’essaie de faire le malin ! Cette contradiction logique est une des plus répandues aujourd’hui. Il y a tellement d’intellectuels qui passent des années a analyser le monde avec une grande intelligence, et qui brossent un tableau complet, exhaustif, implacable, ou rien ne manque… sauf leur propre pensée, angle mort de leur système !

    C’est la en général que l’on peut évaluer rapidement si une pensée est substantielle, a un vrai poids : Sa capacité a se saisir elle-même dans son propre système. Quelle que soit sa tendance, sa couleur, il y a toujours beaucoup a apprendre d’une telle pensée. Et elle n’est jamais en contradiction avec la rationalité.

    Mais je vais lire ton livre.

    Amicalement,
    Laurent

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *