Parler de Sarkozy ici, encore une fois ? Sans hésitation, oui. Et de ses affaires personnelles, et de ses aventures amoureuses, et de ses drames familiaux ? Oui, sans l’ombre d’un doute.
Reprenons dans l’ordre tout relatif de ce qui nous est concédé. Notre président aime. Cécilia. Une histoire ancienne, qui aurait commencé le jour des noces de la dame avec Jacques Martin, présentateur télé. Quand ? Je ne cherche pas, disons plus de vingt ans. Ce jour-là, c’est Sarkozy lui-même – il est le maire de Neuilly – qui les marie. Il a de son côté une femme, et deux enfants. Il regarde Cécilia, embrassant Jacques Martin sous les applaudissements, et il se dit qu’il l’aura, tôt ou tard. Je précise que je n’invente pas, que je m’appuie sur des confidences publiques de Sarkozy soi-même.
Oui, longtemps après, et devant des millions de gens, notre président a reconnu qu’il souhaitait conquérir Cécilia dès l’instant où il l’avait vue au bras d’un autre. Ma foi. Ce qui me trouble un peu, ce n’est pas ce désir, mais son expression publique. Car d’autres que lui-même sont tout de même un peu concernés. Je pense par exemple aux deux fils qu’il a eus avec sa première épouse. Aux deux filles que Cécilia a eues avec l’homme de l’École des fans. Et à cette première épouse, précisément, qui apprend ainsi à la télé que même du temps où Nicolas rentrait dormir au domicile commun, il avait la tête ailleurs. Pour commencer.
Poursuivons. Cécilia est la femme irremplaçable de sa vie, à lui. De nouveau, je ne fais que répéter ce que Sarkozy nous a seriné au cours d’innombrables entretiens. Au reste, on comprendrait assez mal les diverses pantomimes de ces dernières années sans cet attachement si profond. Elle part, elle se montre avec un autre, elle revient. Il commence une autre vie avec une journaliste du Figaro, il se laisse photographier avec elle en train de faire des courses, continue d’inonder de textos Cécilia, qui file le parfait amour avec Richard, à New York, puis la fait revenir in extremis. In extremis, car quelques jours plus tard, il eut dû déménager, car il était sur le point de s’installer avec l’autre, la journaliste. Vous suivez, j’espère ?
Cécila revient donc, oblige Sarkozy à se débarrasser de certains collaborateurs politiques jugés trop peu tendres avec elle, mais le coeur n’y est plus tout à fait. Elle ne vote pas pour son mari aux présidentielles, semble absente des réjouissances accompagnant le triomphe. Sarkozy, lui, en rajoute. Il l’aime, il l’adore, elle est la femme, la muse, l’éternel pilier sans lequel tout s’écroule. (Tête, soit dit en passant, de la journaliste du Figaro, jetée en trois secondes, à qui il avait promis le monde).
Là-dessus, divorce. Si l’on a bien suivi – et cru -, il ne peut s’agir que d’un deuil, qui vous cloue l’âme pour un moment. Mais à coup certain, on n’est pas Sarkozy. Lui part manger chez Jacques Séguéla, un soir de fin novembre 2007 – il y a moins de trois mois, plus de dix siècles – et rencontre Carla Bruni, qui a apporté sa guitare. Bon, le reste est largement connu.
Cécilia ? Morte. Enfin, pas tout à fait, puisque Sarkozy continue à lui adresser des messages. Parmi lesquels ce délicat passage à Petra, en Jordanie, il y a quelques jours. Petra ! Alors qu’il existe des dizaines de milliers de lieux de villégiature, Sarkozy choisit, pour y montrer sa nouvelle inoubliable, l’endroit exact où Cécilia la traitresse avait rejoint son amant Richard voici près de deux ans.
Je me suis laissé entraîner, comme chaque fois, et mon texte est déjà bien trop long. Je vais accélérer. Cécilia est furieuse, et confie à une journaliste du Point, qui le publie dans un livre, à quel point Sarkozy est décevant. Il serait pingre, il n’aimerait pas ses enfants, elle ne l’aurait jamais aimé, elle n’aurait jamais aimé que le beau Richard, etc.
Encore un tout petit mot sur Louis, leur fils de dix ans, qui avait été grossièrement utilisé il y a deux ou trois ans du haut d’une tribune de l’UMP. Cécilia et Nicolas lui avaient fait dire à l’époque, je pense que vous vous en souvenez : « Bonne chance, mon papa ! ». Je crois que c’est lui, désormais, qui va avoir besoin de beaucoup de chance pour ne pas sombrer. Imaginez le poids des mots et le choc des photos sur l’équilibre d’un enfant comme lui, soumis par force à la dictature du commun.
Tout cela garde-t-il un rapport avec l’objet de ce blog, c’est-à-dire la crise écologique planétaire ? Je le pense. Mais d’abord, cette évidence : notre président est profondément instable sur le plan psychologique. Il manque cruellement, en outre, d’au moins deux des sept formes d’intelligences décrites par Howard Gardner dans un livre qui m’a beaucoup marqué : Les intelligences multiples (Retz). C’est simple : il est mal doté en intelligence intrapersonnelle – la vraie connaissance de soi – et en intelligence interpersonnelle, celle qui permet de bien comprendre les autres.
Instable donc, rusé certainement, mais peu capable de bien se comprendre et de bien sentir les autres, il dispose d’un pouvoir rarement accordé à un humain. Je veux parler, bien évidemment, du feu nucléaire. Écartons de suite la science-fiction : décider une attaque nucléaire ne consiste pas à appuyer sur un bouton dans le dos des chefs militaires. Non. Il y faut des raisons, un contexte, un climat de crise extrême.
Mais est-ce si rassurant ? Car une tension majeure peut advenir en quelques heures. Et in fine, dans l’organisation du pouvoir telle qu’elle existe, la décision est bien celle du président. Une décision qui doit pouvoir être prise – en cas de représailles, par exemple – en une très courte poignée de minutes. Le feu nucléaire peut donc être déclenché par un homme dont chaque jour révèle un peu plus les faiblesses psychiques. Parmi lesquelles une relative mais réelle indifférence aux autres que lui-même, ainsi qu’une propension à casser puis oublier en un éclair ce qu’il a tant adoré.
Je ne crois pas que cela soit indifférent pour notre sécurité collective. Mais oublions un instant cette personnalité-là. Je pense également que la politique ancienne – donc la responsabilité des personnes, l’organisation concrète des pouvoirs – n’a pas intégré la révolution absolue de l’arme nucléaire. C’est une question de rythme et de temps. Hiroshima et Nagasaki n’ont qu’un peu plus de 60 ans d’existence, et nos capacités réelles étant ce qu’elles sont, nous n’avons pas réussi à imaginer des formes de contrôle nouvelles et adaptées.
Si, si nous étions plus sages, nous ne nous serions pas dotés d’une telle puissance sans avoir au préalable organisé les moyens de la soumettre. Mais faut-il, pour la raison que nous sommes si faibles d’esprit, tout admettre ? Les citoyens d’un pays adulte ne sont-ils pas en droit de contester, au nom de l’avenir commun, au nom de la vie, au nom de l’espèce peut-être, le droit d’un homme fragile et changeant à tout détruire si le coeur lui en dit ?
Sarkozy est un symptôme, mais très grave en vérité. Chacun sait que nous serions englués dans le sang de l’Irak s’il avait commandé aux armées françaises au printemps 2003. Au-delà même de la bombe, c’est sur lui que reposent, pour quatre ans et demi, les décisions françaises en matière d’agriculture, de gestion de l’eau, de lutte contre les pollutions, d’enseignement des bases de l’écologie. La liste n’est pas limitative. Celle de mes inquiétudes non plus.