Archives mensuelles : avril 2012

Grève de la faim pour notre avenir à tous

Ce qui suit n’est pas une publicité pour le NPA (Nouveau parti anticapitaliste), mais un emprunt à son hebdomadaire. N’ayant pas le temps de rédiger quoi que ce soit sur l’un des événements réels en cours – une grève de la faim contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes -, je vais au plus court. L’essentiel étant, tout de même, de savoir ce qui se passe là-bas. On donne toujours Jean-Marc Ayrault comme possible Premier ministre d’un François Hollande victorieux. Ayrault, c’est Notre-Dame-des- Landes, jusqu’au fond de la lie. Voici l’article du NPA :

Notre-Dame-des-Landes Grève de la faim contre les expulsions

Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 146 (26/04/12)

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Depuis le mardi 11 avril, un agriculteur exploitant et un agriculteur retraité menacés d’expulsion par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes en Loire-Atlantique ont entamé une grève de la faim. Le 17 avril, ils ont été rejoints par Françoise Verchère, conseillère générale PG du département. Ils demandent l’annulation de la déclaration d’utilité publique «?promulguée à partir d’une étude économique faite en 2006, et dont les éléments sont erronés, voire falsifiés?».1

Devant le mur de mépris et d’entêtement des éluEs PS, soutenuEs par le PCF et l’UMP (dont la solidité a néanmoins été récemment ébranlée par la prise de position de la commission agricole du PS 44), la population de Notre-Dame-des-Landes fait encore une fois entendre sa voix, et cette fois-ci au cœur même de la ville de Nantes.

Un barnum, un tracteur, un enclos peuplé de moutons d’Ouessant conscients de leur responsabilité d’ambassadeurs, des caravanes, et bien entendu, les banderoles anti-aéroport, se sont installés en plein centre-ville. Un mouvement incessant de sympathisantEs d’ici ou d’ailleurs, d’habitantEs de la région et de personnalités politiques, souvent accompagnéEs de journalistes, soutiennent les grévistes sur le site.

Le mouvement des opposants à l’aéroport est entré depuis un an dans une phase populaire, renforcée par la manifestation du 24 mars (qui avait rassemblé 10?000 personnes à Nantes) et par cette grève de la faim.
«?Vous pourrez vous exprimer pendant l’enquête publique?», leur avait-on dit au moment du débat public?! Mais depuis ce semblant de débat, «?on?» leur dit qu’«?il est trop tard?»?!

Un argumentaire, très bien construit, prouve l’inutilité de l’aéroport, sa face cachée destructrice de fonds publics, et son côté antisocial et anti-écologique. Malgré les grandes mobilisations populaires contre le projet et les soutiens de toutes parts, y compris de la plupart des candidats à l’élection présidentielle, le débat semble impossible.

Les recours en justice des opposants n’ont pas encore été jugés. Qu’à cela ne tienne, la violence continue?: après le gazage forcené des vaches et des militantEs de Notre-Dame-des-Landes à l’automne, les bulldozers sont sur les starting-blocks pour raser les fermes de Michel et Marcel.

Ce projet, confié à la pieuvre multinationale Vinci, destructeur d’emplois agricoles, destructeur de l’environnement, est le symbole de la société productiviste et capitaliste contre laquelle nous nous battons. Le NPA est résolument engagé aux côtés des opposants.

Philippe Poutou a réaffirmé à Notre-Dame-des-Landes au cours du rassemblement de juillet 2011 (14?000 personnes), et à Paris à l’arrivée de la tracto-vélo, la ferme opposition des anticapitalistes au projet d’aéroport.

Commission écologie NPA 44

1. Voir la contre-étude réalisée par le cabinet CE Delft sur site du collectif d’éluEs?: http//aeroportnddl.fr

Je cède la place (bienvenue à Patrick Pappola et Michel Eliard)

08 avril 2012

BIFURCation publie son manifeste…

CouvertureMichel Eliard & Patrick Pappola, animateurs de BIFURCation, dédicaceront le 14 avril 2012 au Grand Portique – 18 rue Vignols à La Ciotat – à partir de 18 heure l’ouvrage :

 « Il suffit de passer le pont »

 

Sous-titré : « Manifeste pour une nouvelle civilisation » qu’ils viennent de faire paraître aux éditions Edilivre.

Nous trinquerons ensemble le pot de l’amitié.

« L’ouvrage « Il suffit de passer le pont… » se donne pour but de suppléer à l’absence totale d’alternative touchant l’éthique et l’alternative à notre civilisation.

Les deux auteurs s’indignent ici à propos de l’état du social, de l’écologie, de la communication, de la finance, de la transmission du patrimoine; ils se positionnent sur ces sujets importants et donnent leut point de vue sur l’oubli de l’homme ainsi que sur un soi-disant progrès qui cache des volontés de puissance et d’appropriation.

Aucun changement valable ne se fera sans une profonde reconversion des imaginaires à laquelle les auteurs ont un point de vue original qui s’alimente à l’ oeuvre du Professeur Gibert Durand « Science de l’Homme et Tradition ».

L’essentiel d’ « Il suffit de passer le pont… » est donné par le sous-titre: « Manifeste pour une nouvelle civilisation ». On y lira les bases pour une nouvelle fondation. »

Qui sommes nous ?

MEMichel Eliard a 76 ans, il est retraité de la fonction publique, il adhère à différentes associations comme Mountains wilderness, Sortir du nucléaire, Espéranto, etc. Il signe, avec Patrick Pappola, son premier ouvrage aux Éditions Edilivre.

 

DSCN3543Patrick Pappola, lui, a 40 ans, il est instituteur à Aubenas et membre du réseau des enseignants en résistance pédagogique (les « désobéisseurs »). La relation entre l’Homme et la Nature est au cœur de sa réflexion et de ses actions pour la « naturalité » et le «sauvage» : il participe à la sauvegarde des « forêts anciennes » en Archèche et, dans les Pyrénées, à la cohabitation entre l’ours et les activités humaines – il est à l’initiative, réussie, d’intégrer le territoire allant de Cassis à La Ciotat au projet de Parc National de Calanques.

 

DSCN4261         BIFURCation propose une révolution civilisationnelle qui avec ses fondements originaux rompt avec le mythe du progrès et redonne à l’espérance humaine son sol fertile.

BIFURCation promeut-t-il une philosophie nouvelle ? Certes NON ! Il remet simplement en perspective celle, éternelle, de la tradition hermétique, d’un temps apaisé qui redonne le bonheur de vivre..

        Un monde dont l’homme ne serait plus « maître et possesseur de la nature » mais avec qui il serait en sympathie et humble participant d’un univers symboliquement UN.

          Pour cela,  c’est toute la pensée, la  »rationalité réduite » propre au monde moderne qu’il nous faut revisiter et transfigurer. Au  »progrès » qui nous fait vieux dans un futur après lequel on court toujours pour être présent, nous choisissons « la récurrence » qui nous met dans un temps « synchronique », le temps de vivre et d’aimer.

         BIFURCation n’invente rien. Il bifurque sur une voie délaissée par nos prophètes faustiens.

         BIFURCation s’inspire des raisons apportées par le livre de Gilbert Durand, « Science de l’homme et tradition », sous-titré  »La nouvelle anthropologie », raisons qui resituent notre actuelle civilisation comme un temps local de l’humanité et qui actualise une autre civilisation.

Voilà de quoi mieux situer BIFURCation dans le paysage internet et aussi par rapport aux contestataires qui aspirent à une vraie république (res-publique = chose publique), qui défendent l’écologie, les droits de l’homme, la laïcité, une citoyenneté européenne avec la langue neutre espéranto pour communiquer, par rapport aux mouvements comme  »la décroissance » ou  »attac » pour l’économie, par rapport  à tous les acteurs sociaux de l’antiracisme, des droits des femmes, des homosexuels et à bien d’autres encore qui souhaitent des changements…

 

POUR PARTICIPER : BIFURCation a besoin de tous ses sympathisants et des compétences thématiques des uns et des autres. Pour chaque note publiée, cliquez sur « commentaire »  (au-dessous des notes) pour réagir, donner votre avis, enrichir la réflexion engagée etc…

Pour ajouter un texte, proposer une idée, un article, utilisez l’adresse suivante : bifurc@orange.fr

Arnaud Gossement joue la carte Hollande (et celle de Diane Szynkier )

Une merveilleuse poilade. M. Arnaud Gossement fait partie de la longue liste de ceux qui me font rire de bon cœur, et si tel n’était pas le cas, je dois bien reconnaître qu’il me laisserait indifférent. Mais qui est-il ? C’est un avocat, spécialisé dans le droit à l’environnement, âgé de 35 ans. Pendant l’extraordinaire comédie du Grenelle de l’Environnement, au cours de laquelle tant d’« écologistes » officiels se sont déshonorés, M. Gossement était le porte-parole de l’un des principaux acteurs, France Nature Environnement (FNE).

M.Gossement en pleine luxuriance tropicale

FNE regroupe, selon ses chiffres en tout cas, 3 000 associations locales de protection de la nature, fédérées au plan régional dans des structures comme Alsace Nature, Frapna ou encore Bretagne Vivante, dont je suis adhérent. Beaucoup de membres valeureux de ces structures ont mené, depuis quarante ans, de vraies bagarres de terrain. Mais le temps a tout chamboulé, et FNE est aujourd’hui menée par une petite bureaucratie endogame, qui mange dans les mains du pouvoir, sauf ces derniers temps, allez savoir pourquoi. Environ 70 % des budgets de FNE sont d’origine publique, peut-être davantage. La gentillesse des hiérarques de FNE avec le ministère de l’Écologie, grand pourvoyeur d’argent, est disons intéressante.

Au temps du Grenelle, entre l’été 2007 et la fin de 2010, M.Gossement était un aficionado du pouvoir. Rien n’était trop beau, rien ne paraissait trop grand. Citations de M. Gossement, tirées de mon livre Qui a tué l’écologie (LLL), certifiées authentiques. Et d’une : « Le 8 mai 2010, alors que la dernière ligne droite législative du Grenelle 2 est en vue, notre Ravachol tout en retenue déclare à l’AFP : « [La trame verte et bleue] est la plus grande avancée de cette loi. C’est la partie dont on se souviendra quand on parlera du Grenelle dans cinq ans ». Et de deux : « Mercredi 16 juin 2010, juste avant le vote et loin des caméras, la Commission mixte paritaire (CMP) a réuni sept députés et sept sénateurs pour « finaliser » le projet [de loi du Grenelle de l’Environnement ]. Et l’on a sagement décidé de faire disparaître toute obligation au profit d’une simple « prise en compte ». Valeur concrète du dispositif retenu ? Proche de zéro. Arnaud Gossement, déjà aperçu, ne retient pourtant plus son vaste lyrisme. Il jure à l’AFP qu’une « dynamique irréversible » est créée, et que « par rapport à la manière dont l’homme conçoit la nature c’est un changement complet de paradigme ».

Donc, nous sommes face à une révolution. Encore faut-il qu’elle rapporte à l’un de ses artisans principaux. Troisième citation tirée de mon bouquin, un peu longue, mais ô combien éclairante. « De 2006 à janvier 2010, l’avocat a été, comme dit plus haut, le porte-parole de FNE, invité dans tous les débats. Ce qu’on peut appeler une belle promotion publique, à n’en pas douter. Mais pourquoi avoir abandonné un poste plutôt prestigieux ? Je peux au moins fournir une explication possible, car je la tiens, comme on dit, d’une source sûre. Le printemps 2010 a vu se dérouler en France des élections régionales, une année après les Européennes, qui avaient marqué une sorte de triomphe des listes Europe Écologie, avec 16,3 % des voix. Les régionales de mars 2010 seraient-elles d’un cru comparable ? Force est de constater que quantité de personnages jusque-là bien loin de l’écologie ont pour l’occasion trouvé d’excellents arguments pour figurer sur les listes d’Europe Écologie. Conseiller régional n’est pas le poste le plus prestigieux qui soit, mais il permet quand même de voir venir.

» Arnaud Gossement a voulu lui aussi embarquer. Ce n’est ni une honte, ni même une faute. Après tout, il n’était pas plus mal qualifié qu’un autre. Cette négociation discrète, étendue sur des mois, expliquerait son départ du porte-parolat de France Nature Environnement. Mais ensuite ? Mais ensuite, Gossement s’est rapproché, sans jamais le reconnaître publiquement, du pouvoir d’État représenté par Jean-Louis Borloo. Ce n’est pas infamant, juste significatif. Le 27 juin 2009 [ texte de M. Gossement ]: « Mercredi après-midi, de passage à l’hôtel de Roquelaure – siège du ministère de l’Écologie –, je croise un Jean-Louis Borloo particulièrement heureux et monté sur ressorts. Il venait de présenter aux photographes la nouvelle équipe du ministère dont le titre vient de s’allonger : ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat. »

» Je passe volontairement sur quantité d’autres citations à la gloire du ministre, ou de madame Kosciusko-Morizet, ou de Chantal Jouanno, qui n’intéresseraient qu’une poignée de lecteurs. Le 7 mai 2010, alors que se bricolent entre amis des amendements à la loi Grenelle 2, pour la rendre plus suave encore à l’industrie, Chantal Jouanno et notre héros Jean-Louis Borloo refusent, devant l’Assemblée, que l’on touche à l’article 36 bis A. Lequel prévoit une gâterie pour l’industrie des pesticides, en assujettissant la restriction ou le retrait d’un de ces poisons à « une évaluation des effets socioéconomiques » d’une éventuelle mesure. Commentaire de François Veillerette, président du Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF), meilleur connaisseur en France, chez les écologistes, du lourd dossier des pesticides : « Le gouvernement se couvre de honte en défendant des positions dictées par les lobbies des pesticides ». Clair et net. Mais on voit alors monter en ligne Arnaud Gossement. Il déclare sans état d’âme : « Il n’y a pas de recul. On ne pourra pas refuser un retrait au motif que ça coûterait trop cher. La jurisprudence européenne montre qu’on ne peut mettre en balance les intérêts économiques et la santé ».

» N’est-ce qu’une affreuse boulette ? Pas du tout. On le verra après l’été 2010. Le 11 novembre 2010, alors que l’on attend le remaniement du gouvernement Fillon, Gossement écrit : « Si un bilan doit être déjà fait, je pense que Jean-Louis Borloo a, dans l’ensemble, “fait le job” ». Et après une autre brassée de compliments destinés bien sûr à Borloo : « D’autre part, héritier de la pensée radicale valoisienne, il a ce souci du consensus et du dialogue qui a réussi au Grenelle en 2007 de l’avis de tous les acteurs présents à cette occasion. En cette époque de tensions et de montée des populismes, où l’on monte les citoyens les uns contre les autres, j’ai moi aussi l’idée que le dialogue et la recherche du consensus sont choses importantes ». Cela se précise. Le 14 novembre, alors que Borloo quitte le gouvernement dans les conditions qu’on verra plus loin [ M. Gossement, de nouveau ] : « Jean-Louis Borloo en effet a annoncé avoir “choisi de ne pas appartenir” au futur gouvernement, ajoutant : “Je préfère retrouver ma liberté de proposition et de parole au service de mes valeurs, au premier rang desquelles je place la cohésion sociale.” Déclaration particulièrement forte et qui laisse supposer que Jean-Louis avait perdu sa liberté de parole ces derniers temps ».

» Si Arnaud en est au stade d’appeler Borloo Jean-Louis, c’est que des relations très privilégiées se sont nouées. Sans que personne ne le sache, ce qui est une bien mauvaise manière. Rappelons que Gossement est, quoi qu’on en ait dit, l’une des figures principales du Grenelle, officiellement sur le banc écologiste. Je ne trahis aucun secret en écrivant ici qu’il a plusieurs fois déjeuné avec Borloo, à la mode « radicale » qu’affectionne l’ancien ministre. Ce dernier a même invité Gossement à Lyon, le 4 septembre 2010, pour l’université d’été du Parti radical, au cours de laquelle notre deep ecologist
a planché sur “une nouvelle société plus écologique” ».

Ici se clôt la citation venue de Qui a tué l’écologie ? Je reprends mon propos de ce samedi 28 avril 2012.

Il me semble nécessaire de résumer. (Tout) petit Rastignac de l’écologie, M. Gossement a failli être élu sur une liste Europe-Écologie, puis s’est rapproché de près de Jean-Louis Borloo à un moment où cet homme pouvait prétendre à de hautes fonctions politiques. M. Gossement a-t-il rêvé d’un maroquin dans un gouvernement de droite ? Je crois cela plausible. Seulement, la roue a tourné dans le mauvais sens. Nicolas Sarkozy est plongé dans le pastis que l’on sait, et paraît plus proche de la porte de l’Élysée que d’un nouveau bail de cinq ans. Alors, alors [on entend un soudain roulement de tambour, car l’événement est majeur], M. Gossement se souvient brutalement qu’il est écologiste. Et un écologiste ne saurait ajouter sa voix à celle, tonitruante, du président en titre. On assiste sur le blog de M. Gossement à un saisissant sursaut républicain (ici).

Tout ce texte est merveilleux, mais je vais droit au passage clé. De quoi sera fait l’avenir après le 6 mai ? Eh bien, après avoir salué son ancienne idole, madame Kosciusko-Morizet – sait-on jamais ? – et une responsable d’Europe-Écologie – idem -, voici venir les choses sérieuses : « Retenez également ce nom : Diane Szynkier. Dans les prochains mois et années, malgré sa modestie et sa discrétion, vous entendrez immanquablement parler, et de plus en plus, de cette personne – aussi douée qu’intelligente et compétente – animatrice du pôle écologique de l’équipe de campagne de François Hollande aux côtés de Marie-Hélène Aubert. Rares sont les personnes qui m’impressionnent autant par leur capacité à penser l’écologie dans ses multiples problématiques, parfois trés techniques, tout en faisant toujours le lien avec l’humain. A n’en pas douter, l’avenir de Diane Szynkier sera brillantissime et je m’en réjouis par avance, dans l’intérêt général ».

Ah ! une telle sincérité fait chaud au cœur. Je ne sais pas si cela suffira pour replacer M. Gossement dans le jeu politique autour de l’écologie, mais au moins, c’est bien tenté. Au fait, qui est cette madame Szynkier ? D’abord, une photo :

Madame Szynkier ne sera peut-être pas ministre cette fois, mais elle anime dans la campagne de François Hollande le pôle Environnement, développement durable, énergie. Elle me fait penser à Nathalie Kosciusko-Morizet. Non ? Si elle va aussi loin que le lui souhaite M. Gossement, je ne doute pas qu’on lira dans les gazettes des dizaines de lettres enamourées, vantant sa joliesse, sa jeunesse, et bien entendu ses extraordinaires compétences. D’ailleurs, cette polytechnicienne est ingénieure des ponts, des eaux et des forêts. Un corps de la noblesse d’État qui résulte de la fusion de celui des Ponts et Chaussées et celui des Eaux et Forêts, dont est précisément issue madame Kosciusko-Morizet.

Que penser de ce dernier point ? Évidemment que François Hollande fait confiance, comme toujours chez les politiciens professionnels, à la technostructure. Celle qui a mené à la hussarde la destruction de la France de l’après-guerre. Je veux dire : l’enrésinement par monocultures industrielles, l’assassinat de la civilisation rurale – dont le remembrement, l’assèchement des zones humides, l’explosion des pesticides -, les routes, autoroutes, aéoports et ronds-points, le nucléaire, demain les forages de gaz de schiste. C’est dans un gouvernement de cette sorte que les écologistes officiels s’apprêtent à siéger si le parti socialiste l’emporte le 6 mai prochain. C’est de ce gouvernement que M. Gossement souhaiterait tant se rapprocher, et il a bien raison de miser sur la capacité illimitée d’oubli et de recyclage de l’univers politique.

En somme comme en résumé, M. Gossement est un authentique comique-troupier. Aussi bon que le défunt – et regretté – Gaston Ouvrard. Mais, la justice ne régnant pas sur le monde, contrairement à ce qu’on tente de faire croire, je redoute pour lui qu’on ne le voie qu’en bouffon. C’est aussi drôle, c’est plus cruel.

Pour se faire encore mieux voir (élections 3)

Il ne faut pas être bien curieux pour regarder les anciens résultats électoraux de la France. Et qui le fait sera sans doute aussi frappé que moi par les chiffres venus droit de l’élection présidentielle de 2002.

Commençons par ce formidable M. Mélenchon, qui a pu déclarer que le Front de Gauche était en train de devenir le Front du Peuple tout entier. Il a obtenu en avril 2012, voici quelques jours, 11,1 % des voix. Ce n’est pas rien, et il serait inepte de le contester. Mais en 2002, si l’on additionne les voix de l’extrême-gauche et celles du parti communiste, on obtient – vous pouvez me faire confiance – exactement 13,81 %. En 2012, si l’on fait le même calcul, ajoutant au résultat de M.Mélenchon ceux de Philippe Poutou et de Nathalie Arthaud, on arrive à 12,81 %. Soit un point de moins. J’ajoute qu’en 1981, le candidat communiste Georges Marchais était à 15,35 % au premier tour, ce qui avait catastrophé les apparatchiks du Parti. Lesquels se souvenaient qu’en 1969, leur candidat Jacques Duclos caracolait à 21,27 %. Plus ça avance, plus ça recule.

Poursuivons par les chiffres de Marine Le Pen. Elle vient d’obtenir 17,90 % des voix, ce qui est colossal, lamentable et même déshonorant pour nous tous. Mais il n’est pas interdit de rappeler que son père Jean-Marie Le Pen avait atteint en 2002 16,86 % des suffrages. Et il n’est sûrement pas abusif d’y adjoindre le score de son ancien lieutenant, Bruno Mégret,  qui avait fait alors 2,34 %. Ce qui donne un total de 19,2 %. Et donc 1,3 point de plus que sa fille cette année.

Où veux-je en venir ? Je crois pouvoir écrire que j’aime la mémoire. Les mémoires. L’extrême-droite est chez nous un problème grave, ancien, compliqué. Son éventuelle solution passe, selon moi, par une mobilisation nationale sans précédent au sujet des banlieues. Ce que n’a pas même esquissé M.Mitterrand lorsqu’il a été président – pendant quatorze ans tout de même – de notre pays. Mitterrand, le grand héros de M.Mélenchon, a toujours préféré la manipulation et le jeu avec le Front National pour demeurer au pouvoir. Lionel Jospin, quand il a été Premier ministre entre 1997 et 2002, n’a rien fait non plus. Encore bravo. Bien que ne jouant pas dans la même division que Mitterrand dans l’esprit de M.Mélenchon, Jospin est pour lui comme un repère, et un repère très positif. Ce qui est bien normal, car M.Mélenchon a été ministre de son gouvernement jusqu’en 2002. Et il le serait peut-être encore si Le Pen n’avait éliminé Jospin, dans les conditions que l’on sait, certain 21 avril 2002.

Pour le reste, je crois que tout a déjà été dit. M.Mélenchon a mené une campagne politique réussie, mais dans le droit fil de l’Ostalgie. Ce mot allemand est formé par Ost – l’Est – et nostalgie. Le tout désigne le regret du passé, dans une partie de la population allemande ayant vécu au sein de la défunte Deutsche Demokratische Republik, c’est-à-dire en français la République démocratique allemande ou RDA. Pourquoi évoquer l’Ostalgie ? Pour au moins les deux raisons suivantes, mais il y en a d’autres. La première, c’est que les rassemblements de M.Mélenchon étaient tournés vers le passé. Celui du Programme commun de la gauche de 1972, celui des grands meetings à drapeaux rouges, celui du parti communiste puissant.

A-t-il mis en avant une seule fois la destruction du monde, pourtant en cours ? Ou le dérèglement climatique, qui renverra sous peu l’ensemble de ces vieilleries au cimetière des idées mortes ? Non. La deuxième raison, c’est que M.Mélenchon considère le parti allemand appelé Die Linke – la Gauche – comme un modèle. Je me dois de rappeler que ce mouvement est né en 2007 d’une fusion de divers groupes, dont le Partei des demokratischen Sozialismus (PDS), autrement dit, en français, le Parti du socialisme démocratique. Mais qu’était donc ce PDS ? Tout simplement la suite du Sozialistische Einheitspartei Deutschlands (SED). Ce Parti socialiste unifié d’Allemagne est en fait le parti communiste qui a régné sur la partie orientale de l’Allemagne jusqu’à la chute du Mur de Berlin en 1989.

Est-ce bien grave ? Vous pensez bien que non. Ce pays fantoche, créé par Staline et sa police politique, comptait un peu plus de 16 millions d’habitants au moment de sa disparition. Et selon des sources fiables, 266 000 agents de la Stasi, police intérieure et succursale du NKVD soviétique. Or donc, il y avait des flics partout. Je n’insiste pas sur la quasi-perfection de ce totalitarisme-là. Comme on le sait – comme on devrait le savoir -, des hommes et des femmes mariés depuis vingt ans et plus, ayant des enfants avec leurs conjoints, surveillaient pourtant ces derniers pour le compte du parti, ne loupant que rarement une occasion de les dénoncer. C’est ce monde enchanteur qu’ont bâti les gens du PDS (voir supra), et c’est ce PDS qui a servi d’ossature, à l’Est, au parti Die Linke, si cher au cœur de M.Mélenchon. Notez que l’on ne parle pas de l’époque de Mathusalem. La RDA a cessé d’espionner et de punir ses citoyens – tirs dans le dos pour qui tentait le passage du Mur sans autorisation – en 1989. Il y 22 ans et quelques mois.

Je me résume. On ne saurait faire face à ce qui vient, à ce qui est déjà là – la crise écologique, évidemment – avec des idées en décomposition. Encore moins lorsque ces idées ont produit très concrètement de la dictature pour tous. Et pour ce qui concerne le Front national, cette monstruosité, idem. Il faut repenser la société humaine dans sa totalité. Cela permet moins d’effets de manche, mais il n’y a pas vraiment le choix.

Un ange passe (celui de la mort)

Tchernobyl, 26 avril 1986-26 avril 2012. Une pensée pour les liquidateurs, au nombre de peut-être 500 000, qui offrirent leur santé et souvent leur vie pour que ce cataclysme ne devienne pas une apocalypse. Une autre pensée pour les mioches de l’époque, et leur glande thyroïde. Une pensée enfin pour les animaux et les plantes contraints de vivre sur place, au milieu des radionucléides. Que les petits bras blancs qui s’agitent depuis des mois sur la misérable scène électorale française aillent au diable.