Archives mensuelles : mai 2011

L’Allemagne et la Suisse forever (sur le nucléaire)

Vous savez quoi ? Oui, je suis sûr que vous savez quoi. La France est un pays malade. En général comme en particulier. Dans le domaine du nucléaire, la cause est entendue, hélas. Une caste d’ingénieurs d’État – en la circonstance, ceux des Mines, qui tentent aujourd’hui de nous fourguer les gaz de schistes – a imposé sans l’ombre d’un débat la forme d’énergie la plus dangereuse de tous les temps humains. Les défenseurs et thuriféraires de l’industrie nucléaire peuvent continuer leur baratin habituel. La vérité est là : cette industrie impose la terreur à l’humanité entière.

Ce coup de force des ingénieurs – la « noblesse d’État » décrite par Pierre Bourdieu – date de mars 1974. Il y avait là comme une fenêtre de tir, ce qui correspond fort bien à ce corps dont tant de membres ont partie liée au complexe militaro-industriel. La Guerre du Kippour d’octobre 1973 a provoqué un quadruplement du prix du pétrole. Les politiques ne pensent qu’à cela, secoués par leurs amis industriels, qui exigent le retour aux fabuleux profits des Trente Glorieuses. Le président de la République d’alors, Georges Pompidou, est mourant, et disparaît au reste le 2 avril 1974.

Mais en mars, il est encore officiellement en poste. C’est dans ce climat funèbre que quelques ingénieurs des Mines viennent faire le siège de ce pauvre Pierre Messmer, Premier ministre. Tous ces hommes se connaissent, et se comprennent à demi-mot. Messmer a été ministre de la Défense, comme l’a été Pierre Guillaumat, patron du corps des Mines, comme le sera André Giraud, futur patron des Mines. Et Messmer, de sa seule et misérable autorité, conférée par un homme mourant, accepte de lancer le programme électronucléaire français. Ainsi. En deux coups de cuiller à pot [Léa, merci…]. Contre nous tous. Voilà pourquoi nous avons 58 réacteurs nucléaires, ce qui fait de notre pays, rapporté à notre population, le plus nucléarisé dans le monde.

Où veux-je en venir ? Les fous du nucléaire français sont pleinement ridiculisés par la décision de la Suisse de sortir du nucléaire d’ici 2034 et, bien sûr, par l’annonce allemande historique de renoncer sous dix ans à l’atome. J’entends en ce moment un crétin, à la radio, qui insiste sur l’électricité nucléaire que l’Allemagne sera obligée d’importer, faute d’en disposer sur son sol à l’avenir. Bah ! qu’ils criaillent donc.

Nous sommes aveuglés, en France, par la puissance monopolistique de monstres comme EDF et Areva. La vérité est que le nucléaire est sur le déclin, enfin. À cause – ô misère ! – des épouvantables catastrophes de Tchernobyl et Fukushima. Et les moulinets de madame Anne Lauvergeon [Flore, merci], ex-employée de ce cher François Mitterrand, aujourd’hui patronne d’Areva, n’y peuvent rien changer. Un dernier mot : mettez-vous à la place des Allemands. Ils assument avec courage une grande décision politique, morale, écologique. Et malgré les trémolos sur l’Union européenne, le voisin français refuse toute discussion sur une énergie qui menace pourtant le continent européen du pire. Notre centrale nucléaire de Cattenom – Lorraine – est à 35 kilomètres de la ville de Luxembourg et à 80 kilomètres de la ville allemande de Trèves.

L’Europe, et le monde ? Ils s’en contrefoutent. Mais ce n’est pas une nouvelle digne de ce nom.

Un article à garder (sur le nucléaire)

Jean-Paul Brodier, de Metz – ma dette augmente d’heure en heure – m’envoie la traduction d’un article paru dans l’un des grands quotidiens allemands, Frankfurter Allgemeine Zeitung. Ma foi, il ne reste plus qu’à lire.

Rhétorique et réalité
Les neuf lieux communs du partisan du nucléaire

Par Frank Schirrmacher, Frankfurter Allgemeine Zeitung, 28 mars 2011

Des décennies de débat sur le nucléaire ont perverti la langue. Les phrases que nous entendons pendant le moratoire [de fonctionnement des centrales nucléaires en Allemagne, décidé après les accidents de Fukushima] sont des manœuvres de diversion. Elles formulent des thèses qui n’en sont pas et sont des insultes à l’intelligence. Voici une analyse des éléments de langage les plus importants.

1. Les centrales atomiques allemandes sont les plus sûres du monde.

Cela ressemble à une affirmation technique, mais ce n’est en vérité qu’une comparaison morale. Elle dit seulement que, par comparaison avec ce que font les autres, ce que nous faisons est le meilleur. Elle ne compare rien de technique. Le message devrait donc être : même dans le pire des cas, notre uranium ne rayonne que quelques heures et non des centaines d’années. Naturellement, c’est absurde. Cette comparaison est un leurre : elle n’a rien à voir avec ce qui se passerait dans le pire des cas, mais seulement avec ce que les hommes peuvent prévoir dans le meilleur des cas.
Par définition, l’accident atomique majeur, le pire des cas, est caractérisé par le fait qu’il ne peut se comparer qu’à lui-même. Comme on ne peut pas exclure le risque résiduel, la formule simple pour un moratoire est : même les centrales atomiques les plus sûres du monde ne sont pas sûres ; ou bien : même les centrales atomiques les plus sûres ne sont sûres que dans la mesure où elles sont sûres.

2. La sécurité absolue n’existe pas

Une inversion classique, une tromperie. Car le fait est justement qu’ une certitude absolue existe : nous savons en fait exactement ce qui arrive quand le cœur nucléaire entre en fusion, combien de temps dure la radioactivité, quels sont les effets du césium et de l’iode sur les gens et l’environnement, combien de générations futures auront à en souffrir dans le pire des cas. C’est la certitude absolue d’un processus physique qu’on peut mettre en rapport avec l’insécurité relative des centrales, reconnue par les opérateurs eux-mêmes.

3. Le risque fait partie de la vie

Cette phrase est une tautologie. La vie est toujours un risque. Si les risques font effectivement partie de la vie, la vie procède de l’évaluation des risques. La perfidie de la phrase tient dans ce qu’elle insinue qu’il faut rappeler aux gens l’existence de risques. En vérité, la vie toute entière n’est qu’une gestion des risques, qui commence le matin quand on ouvre la porte de sa maison, mais ne finit pas le soir quand on regarde le journal télévisé. Les hommes du vingt-et-unième siècle vivent dans une évaluation permanente des risques, non pas parce qu’ils sont des fanatiques du risque, mais parce que le risque est devenu la norme. C’est ainsi, par exemple, que personne ne traverse une rue passante sans avoir regardé à droite et à gauche. Pourtant les gens traversent les rues, mais pas les autoroutes en général.

De même, courir un risque signifie toujours calculer ses chances. Gerd Gigerenzer a défini dans un autre contexte l’heuristique appliquée par les gens pour évaluer de tels risques : « éviter les situations dans lesquelles de nombreuses personnes perdent la vie à un moment donné. » La phrase « le risque fait partie de la vie » signifie en fait, dans le cas de l’accident atomique majeur : tu dois envisager que toi, ta famille et des descendants éventuels serez un jour écrasés d’un coup. Cela n’a plus rien à voir avec le risque, mais avec le destin, auquel il ne nous reste qu’à nous abandonner. De ce point de vue, la chance de l’énergie atomique ne tient pas à une énergie moins chère, mais à la chance que l’accident maximal ne s’est pas encore produit jusqu’ici. C’est peu de chance, en regard du risque.

Hartmut Gründler, malheureusement oublié aujourd’hui, dénonçait il y a des décennies, dans le magazine littéraire des Éditions Rowohlt, Die Sprache des großen Bruders (La langue de Big Brother), la manipulation par le langage dans l’ère atomique. Il proposait déjà à l’époque de remplacer la tournure euphémique « Chances et risques de l’énergie nucléaire » par la tournure appropriée : « Chances et dégâts par l’énergie nucléaire ».

4. Un cas comme celui de Fukushima ne pourrait pas se produire en Allemagne

Le tour de passe-passe consiste à comparer des choses que personne ne compare l’une à l’autre et à laisser de côté les choses comparables. Naturellement, un cas pareil à celui de Fukushima ne pourrait pas se produire en Allemagne. Mais ce n’est vrai que pour les faits déclencheurs. La nature même de l’accident atomique majeur comporte son caractère invraisemblable. Il ne peut être comparé qu’avec lui-même. D’autres risques potentiels s’ajoutent dans d’autres pays, c’est pourquoi personne ne plaide pour des digues anti-tsunami [en Allemagne].

Mais il ne s’agit pas de cela. Bien sûr, un cas comme celui de Fukushima pourrait se produire, comme chacun le ressent. Il faut faire la distinction entre la survenue de l’accident atomique majeur, qui peut se produire partout, et l’incapacité des hommes à en venir à bout. L’un est l’exception, alors que l’autre, comme nous le voyons pour la troisième fois [après Harrisburg en 1979 et Tchernobyl en 1986], est la règle. Fukushima montre que les hommes ne peuvent pas interrompre les processus atomiques qu’ils ont déclenchés lors d’un accident majeur. Or, c’est une compréhension de nature normative : ce que nous voyons à Fukushima peut se produire partout dans le monde.

5. Même si nous [en Allemagne] sortons du nucléaire, nous restons entourés de centrales atomiques

C’est peut-être l’argument le plus minable, car il dénote le suicide de la politique. On peut transférer l’argumentation à titre expérimental à la prolifération des armes atomiques ou au traité de non-profilération nucléaire. Même si nous n’avons pas d’arme atomique, les autres en auront. Dans le passé, ce n’était pas une raison de s’en procurer mais au contraire d’empêcher d’autres d’en fabriquer.

6. Le courant ne sort pas de la prise

Cette affirmation appartient, comme celle du point 2, aux arguments d’infantilisation qui présentent les critiques comme des naïfs, des utopistes ou des nantis. Variante de la phrase : « les légumes ne poussent pas chez Aldi, mais dans les champs ». Les opposants à l’énergie atomique parlent de l’ensemencement, du fumage et des conditions de formation des légumes. Ils veulent décider de la culture.

7. La chance / le risque d’arriver à un accident atomique majeur est extrêmement invraisemblable

La chance d’avoir six numéros et le complémentaire au loto est de 1 sur 139 millions. Pourtant il tombe à intervalles réguliers. Évidemment, c’est lié au grand nombre de joueurs. De même la chance d’un accident majeur devient d’autant plus vraisemblable qu’il y a davantage de centrales atomiques. Malgré la probabilité infinitésimale de gagner au loto, les chances sont réelles de devoir partager le jackpot. La probabilité est absolument certaine de faire partager par tous et leurs descendants les conséquences de l’accident majeur. Nous ne parions pas qu’il ne se produira pas, mais seulement qu’il ne se produit pas maintenant. Il se produira pour un nombre assez élevé de parieurs.

8. Fukushima n’a absolument rien changé pour nous

Toute une civilisation technique, des semaines après l’événement, ne sait ni ce qui s’est réellement passé, ni ce qu’elle peut faire. C’est une nouveauté historique. Que nous n’ayons pas été atteints physiquement ne change rien à la généralisation [de cette leçon] à l’ensemble de la culture technico-scientifique. Jochen Hörich l’explique depuis des années avec l’exemple de Tchernobyl : l’explosion étonne l’expert, mais pas l’étudiant qui distribue des tracts devant le restaurant universitaire. Il s’y est attendu. Fukushima a changé quelque chose pour nous, parce qu’il est arrivé ce qu’aucun expert n’a prévu, mais que tout le monde a envisagé.

9. Prophètes de malheur! L’humanité a survécu à bien d’autres choses, elle survivra à ça aussi

Le gouvernement américain a instauré il y a des années une commission qui devait réfléchir à la façon de munir d’avertissements les décharges de déchets atomiques ultimes. Le problème est que le danger mortel persistera des millions d’années. Les hommes sauront-ils encore au moins lire ? Comprendront-ils nos signes ? Que signifiera une tête de mort ? Faut-il construire des pyramides ? La commission, composée d’anthropologues, d’ethnologues et d’écrivains a échoué en fait. Conclusion : que nous survivions à quelque chose ne signifie pas que nos enfants y survivront.
Il n’existe aucune technologie, autre que l’atomique, avec laquelle nous pouvons nous projeter aussi loin dans l’avenir. Les décharges ultimes du temps de la naissance du Christ, s’il y en avait déjà eu, n’auraient perdu aujourd’hui qu’une petite fraction de leur dangerosité. Peut-être ce danger se serait-il confirmé au dix-neuvième siècle qui a remué le sol comme aucun autre… Goethe en tant que directeur des mines [à Ilmenau en Thuringe] aurait apprécié. Nous n’aurions alors pas à nous poser la question de la survie, puisque nous n’existerions pas, au moins sans déformation.

Une halte à propos de Victor Serge (en défense)

Attention, et je suis sérieux : ce qui suit risque de ne pas intéresser une bonne part des lecteurs habituels de Planète sans visa. J’insiste : rien à voir avec la crise écologique, sujet presque unique de ce rendez-vous. Et pour une fois, je ne vais pas m’emberlificoter dans d’improbables excuses. J’assume : ce qui vient nécessite de connaître un peu l’histoire d’un des hommes les plus estimables que je connaisse : Victor Serge. Né le 30 décembre 1890 à Ixelles, Belgique. Mort Viktor Lvovitch Kibaltchitch à Mexico (Mexique), le 17 novembre 1947. Ou l’inverse, peut-être.

J’aime profondément cet homme et tout ce que j’écrirai sur son compte pourra et devra être retenu contre moi. Voici une quinzaine de jours, j’ai reçu un livre adressé par son auteur, Jean-Luc Sahagian, dont le titre est : Victor Serge, l’homme double (Libertalia, 13 euros). Sahagian s’occupe dans les Cévennes d’une bibliothèque libertaire – gloire ! – et la personne de Serge lui est à ce point présente qu’il lui a donc consacré un ouvrage de 230 pages.

Comment expliquer ? Le mieux est de dire tout d’abord le bien. Même pour un supposé connaisseur de la vie de Serge et de ses nombreux arrières-plans  – l’anarchisme individualiste et la bande à Bonnot, la CNT barcelonaise de 1917, la Russie bolchevique de 1919 et ses épouvantables suites, l’Espagne en guerre civile de 1936, la guerre au fascisme -, ce que je crois être, le livre de Sahagian apporte des informations nouvelles. Pas fracassantes, mais nouvelles.

J’ai pris du plaisir à lire ce livre, et ma foi, ce serait déjà bien suffisant pour en conseiller la lecture à qui s’intéresse à ces passionnantes vieilleries. Mais à la vérité, mon éloge s’arrête à peu près à ce point. Au-delà commence, à mes yeux en tout cas, une très étrange mise en cause de Serge. Étrange, car me paraissant procéder d’un point de vue a priori bien arrêté. Serge, « anarchiste individualiste » à Paris entre 1909 et 1912, aurait abandonné cette cause au profit du bolchevisme – il rejoint la Russie d’Octobre en 1919 – avant que de passer le restant de sa vie à tenter, sans succès, de justifier son reniement.

Qu’étaient donc les « anarchistes individualistes » de cette lointaine époque ? Des « en-dehors » de la société, des révoltés parfois flamboyants qui, découragés de voir les « masses » de leur temps soutenir l’Autorité et la règle sociale, voulaient créer leur propre espace, pour ne pas dire leur propre (contre-)société. Où l’on voit que cette tension politique n’est ni d’aujourd’hui, ni d’hier. La tentation du repli et de l’immédiat – il n’y a là rien de honteux – sont de toute éternité.

En tout cas, ces individualistes-là, parmi lesquels certains deviendraient des membres de la bande à Bonnot – braquages en automobile, tirs sur les caissiers et les flics, arrestations, mort par abattage ou guillotine -, étaient également de formidables inventeurs. On leur doit, même si l’origine est évidemment bien plus ancienne, la pratique de « l’amour libre », de la vie communautaire, du végétarisme, du naturisme, de l’amour des animaux, de l’art consommé du vol en tant que  « récupération ». La plupart des idées neuves d’une partie de l’après-68 viennent de là, en ligne directe.

Bon. Encore bravo, sincèrement. Et puis après ? Le malheur de Sahagian est qu’il veut prouver dès le départ sans bien savoir quoi. Que Serge a trahi ? Qu’il a rejoint l’armée de la hiérarchie et de l’écrasement de l’homme ? Mais cela, tout le monde le sait. Il est indiscutable que Victor Serge s’est fourvoyé, pendant près de quinze ans – disons avec arbitraire de 1919 à 1933 – dans l’accompagnement d’un bolchevisme sans excuse, passant sans solution de continuité d’un fantasme de complète révolution à une réalité de total asservissement.

Il a eu tort ? Ô combien. Encore aurait-il fallu suivre autrement, avec la sympathie qu’il mérite, l’homme. Je sais dès l’avance que Sahagian se récriera, clamant qu’il déborde de compréhension pour Victor Serge. Et peut-être est-ce vrai, après tout. Mais tel n’est pas mon sentiment. Je ne peux bien sûr passer en revue tout ce qui m’a spontanément arrêté, mais il est bien rare que je laisse tant de cornes aux pages d’un livre.

Concentrons-nous. Je n’aime guère, et c’est un euphémisme, les incursions que s’autorise l’auteur dans la supposée vie privée de Serge. Car elles commencent par une phrase bien connue de certaine génération politique :  « Je me demande parfois si Victor Serge n’a pas dans la bouche un cadavre ». Qui commence ainsi un chapitre doit aller au bout. Or l’auteur en reste à de plates banalités sur les trois amours féminines qu’il répertorie dans la vie de Serge. L’étonnante Rirette Maitrejean, de l’époque Bande à Bonnot. L’envoûtante Liouba Roussakov, mère de ses deux fils, qui deviendra folle. La spectrale Laurette Séjourné, au moment du grand exil.

Mais que diable veut donc nous dire Sahagian, s’appuyant sur des sources qui feraient se détourner le moindre historien ? Que Serge est, sinon dépourvu de sentiments, du moins incapable de les vivre. Eh bien, ce n’est tout simplement pas juste. L’auteur a-t-il seulement entendu parler de l’extrême pudeur présente chez tant d’auteurs et même d’individus contemporains de Serge ? Je crains que non.

Concernant la terrible période soviétique de Serge – il devient en effet un militant important de l’Internationale communiste, après avoir rompu avec son anarchisme de jeunesse – Sahagian s’appuie là encore sur des bribes. Et sur des témoignages de seconde main auxquels il accorde une bien curieuse bienveillance – tout paraît faire ventre, pourvu que cela soit contre Serge -, sans s’attarder sur deux éléments clés. Qui éclairent sans excuser les choix de Serge. Le premier, c’est l’effroyable, l’inconcevable boucherie de 1914, au cours de laquelle l’Europe se noie, corps et âme.

Il est tout de même splendide, dans cette ruine qui envahit alors les cœurs les plus purs, que Victor Serge ne se rallie pas à l’affreuse et patriotarde Union sacrée. Il est tout de même admirable que Serge refuse, au procès des rescapés de la bande à Bonnot, en 1912, d’accabler des hommes qu’il connaît bien, certes, mais dont il a publiquement critiqué la dérive sanglante. C’est admirable, car Serge fera cinq ans de dure forteresse en France, alors qu’il n’a pas joué le moindre rôle dans les attaques des fameux « bandits en auto ».

Pourquoi Sahagian ose-t-il écrire ces mots : « Victor Serge (…) paiera assez cher (cinq années d’emprisonnement et une interdiction du territoire) son soutien public, en tout cas son non-désaveu des « hommes perdus » de la bande à Bonnot ». Cinq ans pour rien, est-ce seulement assez cher ? Je préfère penser que Sahagian ne se sera pas bien relu. La messe est déjà pleinement dite lorsque ce dernier entend rendre compte du ralliement de Serge à la cause bolchevique. Je le cite : « Il faut dire qu’il travaillera, quasiment dès son arrivée, au service de la propagande de l’IC, se transformant ainsi, et à quelle vitesse, en menteur professionnel ».

Même pour vous qui m’aurez suivi jusqu’ici, je dois une courte explication. Expulsé vers la Russie révolutionnaire en janvier 1919 – après avoir fait ses cinq années de prison en France, il est allé s’insurger dans la Barcelone du printemps 1917, avant de revenir clandestinement chez nous -, il adhère, lui l’ancien anarchiste, au parti communiste dès mai. Et commence une carrière de journaliste militant à l’IC, citée plus haut, c’est-à-dire à l’Internationale communiste. Et à ce point, j’enrage, oui.

J’enrage, car Sahagian se moque d’une histoire qu’il reconstitue pour les seuls besoins de sa démonstration. En ce début 1919, dans cette Russie assiégée par les Blancs et les armées européennes – dont la nôtre -, rien n’est encore dit, rien n’est réellement joué. Accuser Serge de s’être mis au service du mensonge est un pur anachronisme. Bien entendu, pour nous qui connaissons la suite, dont le stalinisme, il est aisé de condamner en se bouchant le nez. Mais nous sommes alors à la fin d’une guerre folle qui a éventré l’idée européenne et celle de liberté. À ce point de l’histoire, il est d’autant plus facile de croire dans la griserie bolchevique – à laquelle succombent tant de libertaires russes – que nul ne peut alors comprendre le mécanisme totalitaire qui va tout emporter.

Malgré l’écrasement des armées paysannes de Makhno en Ukraine ? Malgré l’immonde massacre des révoltés de Kronstadt par l’Armée rouge de Trotski ? Évidemment, et pour une raison qui tombe sous le sens : ces événements n’ont pas encore eu lieu ! L’histoire demeure ouverte, disons entrouverte. Mais cela, Sahagian ne veut le voir, car cela ruinerait sa thèse. Il faut donc que Serge soit devenu, dès la mi-1919, lui le combattant intrépide de la liberté, un « menteur professionnel ». Eh bien, désolé, mais cela ne passe pas.

De même, et fort logiquement, l’auteur renvoie à l’extrême fin de son livre, loin du nœud gordien de l’affrontement intime entre le libertaire et l’autoritaire, l’épisode de la Commune de Lagoda. C’est pourtant la preuve certaine que Serge – il tente une expérience communautaire à la campagne, loin des bureaucraties urbaines, à la fin de 1921 – souffre les mille morts de la répression de Cronstadt, qui vient de déshonorer l’armée bolchevique.

J’arrête ici, car je n’en finirais plus. Si je prends la défense de Serge, c’est bien entendu qu’il n’est plus là pour se défendre. Et parce qu’il le mérite bien. Sahagian, par une série de procédés que je déplore, entend reconstruire l’image simpliste d’un homme qui aurait renié sa vaillance et son amour de la vérité. Or tout au contraire, la vie entière de Victor Serge est celle d’un combattant qui ne peut renoncer à ses principes essentiels, fût-ce au prix de sa liberté et de celle des siens. En quoi il est, sous mon regard, définitivement grand. En quoi le livre de Sahagian, qu’il faut lire pourtant, attaque sans rien démontrer de convaincant l’honneur d’un homme qui resta debout au-delà des limites communes.

Pour ceux qui souhaiteraient encore lire Serge, je signale, outres ses romans, publiés ici ou là – certains sont de vrais grands romans -, son fabuleux Mémoires d’un révolutionnaire (Bouquins, chez Laffont). Il s’agit à mon avis d’un des plus beaux ouvrages politiques jamais écrits.

Hubert Reeves, patron du café du Commerce (sur l’ours)

Bon, voilà que j’en suis réduit à m’autociter. Je vous rassure, c’est pour la bonne cause. L’excellent site La buvette des alpages (ici) m’a demandé mon opinion sur des propos de l’astrophysicien Hubert Reeves. Et je l’ai donc donnée, sans hésitation. Face à une cause aussi majeure que la défense de l’ours sauvage, il n’est à mes yeux aucun Intouchable. Ni Reeves ni aucun autre. Fatalement, ça saigne un peu. Je plaide innocent.

Fabrice Nicolino a accepté de répondre pour la Buvette aux propos que Hubert Reeves a tenus sur l’ours à l’AFP et qui ont été publiés par Romandie News.

Par Fabrice Nicolino.

La position d’Hubert Reeves est à pleurer. Elle n’est ni plus ni moins qu’un coup de poignard dans le dos de ceux qui se battent réellement pour la biodiversité, dans les Pyrénées ou ailleurs.

Fabrice Nicolino: La position d’Hubert Reeves est à pleurer. Elle n’est ni plus ni moins qu’un coup de poignard dans le dos de ceux qui se battent réellement pour la biodiversité, dans les Pyrénées ou ailleurs.Et si j’écris le mot réellement en italique, c’est bien pour signaler que monsieur Reeves n’est plus que dans le faux-semblant, après avoir pris le contrôle d’une association jadis vigoureuse, le défunt Rassemblement des opposants à la chasse (ROC).

Car Hubert Reeves n’est pas que le sympathique astrophysicien qui montre les étoiles aux enfants que nous sommes. En 2000, sollicité il est vrai, il a pris la tête du ROC, qu’avait si magnifiquement incarné Théodore Monod. Et avec l’aide de Nelly Boutinot et Christophe Aubel, il l’a transformé en une invraisemblable Ligue pour la préservation de la faune sauvage et la défense des non-chasseurs.

La mort du ROC

Le ROC était mort, et bientôt enterré. J’ai écrit ailleurs la façon scandaleuse dont cette prise de pouvoir a eu lieu. Dans une lettre ouverte cinglante, cinq administrateurs de l’association en démissionnent avec fracas en novembre 2009. Il s’agit de :

  • Michèle Barberousse, adhérente depuis 1977;
  • Francis de Frescheville, adhérent depuis 1988;
  • Pierre Jouventin, démissionnaire depuis février 2009;
  • Viviane Laurier, adhérente depuis la création en 1976;
  • Jean-Paul Péronnet, adhérent depuis 2000.

Que disent-ils ? De véritables horreurs dont je n’extrais que quelques morceaux :

Le premier : « À la demande d’Hubert Reeves, la Ligue Roc ne s’oppose plus. Elle sert de caution aux ministères. Malgré les revers et les affronts subis, elle persiste à rencontrer autour d’une table ronde les représentants des chasseurs, de plus en plus favorisés par les pouvoirs publics. Il a été impossible aux administrateurs signataires d’obtenir qu’apparaissent sur son site toutes sortes d’informations sur les réalités de la chasse, indispensables à la formation objective de l’opinion publique ».

Le second : « L’opacité des pratiques, le non-respect des statuts, la dissimulation et le mensonge, obligent à des vérifications constantes. Lors de la dernière Assemblée Générale, le jeu des pouvoirs a permis à dix personnes, dont les deux salariés, d’exprimer plus des deux tiers des votes, et cela pour des candidats dont les noms n’ont été révélés qu’en séance ».

Inutile de poursuivre, car nous avons tous compris. J’ajoute que le pseudo-ROC fait réaliser des documents d’importance à un nouvel adhérent appelé Gilles Pipien. Chef de cabinet de Roselyne Bachelot en 2003, quand celle-ci, ministre de l’Écologie, vantait les mérites du nucléaire, cet homme est devenu un pilier du ROC-Reeves. Ma foi, tout le monde a bien le droit de changer, n’est-il pas ?

Sauf que Gilles Pipien n’a pas changé. Citation du bulletin Action Nature de juillet 2005, rédigé lui par de vrais défenseurs de la nature : « Bien sûr, on peut croire aux miracles, ou aux conversions tardives. Mais un tel retournement de veste n‘est tout de même pas près de passer pour crédible ! Ainsi, en région Rhône-Alpes, Gilles Pipien est l‘objet depuis le 7 mars 2003 d‘une tendresse toute particulière. C‘est lui en effet qui s‘est rendu sur le col de l‘Escrinet, haut lieu du braconnage de masse, pour y soutenir et y encourager cette pratique totalement illégale ! Les braconniers ardéchois en rient encore… ». Pipien, pilier du soi-disant ROC ? Oui, hélas.

Reeves au secours des ennemis de l’ours

Telle est bien la situation d’un ROC devenu poussière de sable, et que tout le monde piétine désormais. Il est à croire que cela ne suffit pas, que cela ne suffira jamais. Voici qu’Hubert Reeves entend donner des leçons à ceux qui se battent pour la sauvegarde de l’ours dans ces Pyrénées où il est chez lui, n’en déplaise à l’astrophysicien.

De quel droit un homme qui ne sait rien de la situation ose-t-il mettre en cause ce magnifique combat de civilisation ? De quel droit, vraiment ? Ne vous y trompez pas : Reeves n’a pas la moindre idée du climat de haine et de violence que font régner les ennemis de l’ours et de la vie sauvage. Et il se moque visiblement du coup de main inespéré que les quelques paroles accordées à l’AFP donneront aux extrémistes locaux. On appelle cela, lorsqu’on veut rester aimable, de l’irresponsabilité.

Bien entendu, il faut aller au-delà. L’absurdité des propos de Reeves ne saurait échapper aux défenseurs authentiques de la biodiversité. Car s’il est une chose évidente à qui est allé sur le terrain, ici ou ailleurs, c’est que la biodiversité est globalement une gêne pour les activités humaines. L’humanité continue son expansion et pénètre chaque jour un peu plus dans les derniers réservoirs de richesse biologique encore intacte. L’affaire est terriblement complexe, puisqu’elle nous condamne à respecter les droits humains tout en sauvant les formes de vie que ces derniers menacent fatalement.

Et c’est bien parce que la situation commande intelligence, détermination et acceptation du conflit que les mots de Reeves me sont insupportables. Car ils sont d’abandon, car ils sont de désertion, car ils mènent droit au désastre le plus complet. Reprenons en deux mots. Il existe dans les Pyrénées un magnifique espace largement vide d’hommes. La déprise agricole a en effet conduit les paysans à descendre de plusieurs centaines de mètres dans les vallées. Certes, les pasteurs et les troupeaux doivent être défendus, mais ils peuvent l’être, par miracle, en laissant une part à l’autre, à ce grand sauvage qui est l’âme profonde des lieux.

Notre responsabilité dans les Pyrénées

Les Pyrénées sont justement une place extraordinaire pour démontrer notre engagement sincère en faveur du vivant. Notre responsabilité est précisément de montrer qu’un pays riche, croulant même sous les richesses matérielles, peut consentir de menus sacrifices au service d’une cause supérieure et sacrée. De cela, Hubert Reeves ne veut pas même entendre parler. Pharisien, il renvoie dos à dos les deux points de vue, et récuse la perspective d’une opposition qui est pourtant au cœur de toute entreprise humaine. On se croirait, comme je l’ai dit plus haut, au café du Commerce. Ou chez les Normands de caricature : « P’t’être ben qu’oui, p’t’être ben qu’non ».

Ajoutons qu’avec les arguments – leur absence, en vérité – avancés par Reeves, nous n’avons plus qu’à rentrer tous nous coucher. Tous, c’est-à-dire tous les humains encore debout. Car franchement, comment espérer sauver l’éléphant d’Afrique, le tigre de l’Inde, le lynx ibérique, les hippopotames du Niger et les requins de toutes les mers dans ces conditions ? Les éléphants, pour ne prendre que cet exemple, entrent en conflit croissant avec les activités de paysans pauvres, qui ont bien entendu droit à la vie. Mais est-ce une raison pour accepter la disparition à terme de ces racines du ciel ? Il est vrai que Reeves n’a désormais d’yeux que pour les vaches et brebis de « races locales ». Grandeur et décadence.

Propuestas de los indignados (España en marcha)

PRÉAMBULE  : je souhaite ajouter mon grain de sel au débat naissant sur Planète sans visa. Certains semblent penser – déjà – du mal du mouvement de Los indignados. Mon Dieu ! Tout de même ! Certes, et je l’ai dit, je déplore la place ridicule laissée à la crise écologique – la seule qui vaille, in  fine – par les révoltés espagnols. Mais ce serait commettre une erreur de taille que de juger une entreprise de cette nature à ses toutes premières apparences. À ce compte-là, disons franchement que le mouvement naissant du printemps 1968 était ridicule.

À Nanterre, en mars de cette année magnifique, on réclamait la mixité des résidences universitaires. On, c’est-à-dire les futurs barricadiers. Bonjour la folle audace, hein ? Et comment oublier que la jeunesse de ce temps se leva – pour partie – au nom d’épouvantables despotes comme Mao ou Joseph Staline ? Comment oublier que les gazettes de ce temps englouti étaient emplis d’articles à la gloire d’une jeunesse sans autre idéal que de voir Johnny Halliday casser sa guitare au Golf Drouot ?

Si l’on ose le rapprochement, il ne fait aucun doute à mes yeux que el movimiento español de los indignados est d’ores et déjà mille fois plus intéressant. Mon sentiment est donc limpide : faisons confiance. Attendons, comme disent les Castillans, c’est-à-dire espérons. L’immobilité d’une société est sa mort. Le mouvement est sa chance. Esperamos, y también eso, de Rafael Gabriel Juan Múgica Celaya Leceta Cendoya : « ¡ A la calle ! que ya es hora ?de pasearnos a cuerpo ?y mostrar que, pues vivimos, anunciamos algo nuevo ».

Et maintenant, la suite. Élise m’envoie ce petit mot – merci ! – pour proposer une traduction du texte espagnol que j’ai mis en ligne l’autre jour. Je n’ai hélas pas le temps de vérifier l’exactitude du travail, mais je fais confiance à Élise. Voici donc :

Bonjour,
voici une proposition de traduction des propositions
POUR UNE DÉMOCRATIE RÉELLE, mise en ligne sur le site rebebellyon.

 PROPOSITIONS (texte revu par Renaud, merci à lui)

Voici quelques-unes des mesures, qu’en tant que citoyens, nous considérons essentielles à la régénération de notre système politique et économique. Donnez votre avis et proposez vos mesures dans le forum !

1. Suppression des privilèges de la classe politique :

* Un contrôle strict de l’absentéisme des élus. Sanctions spécifiques pour manquement à leurs devoirs.

* Suppression des privilèges dans le paiement des impôts, les années de cotisation et le montant des pensions. Égalisation des salaires et des avantages des élus avec le salaire moyen espagnol.
* Suppression de l’immunité des élus. Imprescriptibilité des crimes de corruption.

* Publication obligatoire du patrimoine des élus.

* Diminution des postes acquis par nomination.

2. Contre le chômage :

* Réductions du temps de travail et meilleure conciliation entre travail et vie familiale pour éliminer le chômage structurel (c’est à dire jusqu’à ce que le chômage tombe en dessous de 5%).

* La retraite à 65 ans et aucune augmentation de l’âge de la retraite supplémentaire afin d’éliminer le chômage des jeunes.

* Des bonus pour les entreprises de moins de 10% des contrats temporaires.

* La sécurité de l’emploi: interdiction des licenciements collectifs pour les grandes entreprises qui font des bénéfices, taxer les grandes entreprises qui embauchent des travailleurs temporaires sur des emplois qui pourraient être en CDI.

* Rétablissement de l’allocation chômage de 426 € pour tous les chômeurs de longue durée.

3. DROIT AU LOGEMENT :

* Expropriation par l’État des logements construits et qui ne trouvent pas preneurs pour les proposer en HLM.

* Aide financière au logement des jeunes et à toutes les personnes ayant de bas revenus.

* Permettre de rendre son logement à la banque pour payer les hypothèques (actuellement le bien est vendu aux enchères ce qui ne couvre pas la valeur de l’hypothèque).

4. SERVICES PUBLICS DE QUALITE :

* La suppression des dépenses inutiles dans l’administration publique et l’établissement d’un contrôle indépendant des budgets et des dépenses.

* Recrutement du personnel de santé afin d’éliminer les listes d’attente.

* Recrutement d’enseignants pour assurer un nombre d’élèves par classe décent, le travail en petits groupes et les classes de soutien.

* Réduction des frais de scolarité dans tout l’enseignement universitaire, diminuer les frais de scolarité des troisièmes cycles jusqu’au niveau des 1ers cycles.

* Financement public de la recherche pour assurer son indépendance.

* Des transports publics bon marché, de qualité et respectueux de l’environnement, rétablissement des lignes de train classiques qui ont été remplacées par des TGV, rétablissement de leur prix d’origine, les abonnements d’autobus moins cher, restreindre la circulation des voitures privées dans les centres urbains, construction de pistes cyclables .

* Ressources sociales locales : mise en œuvre effective de la loi sur la Dépendance (des personnes âgées, des handicapés…), des réseaux municipaux de soins, des services locaux de médiation et de tutorat.

5. Contrôle des banques :

* Interdiction de tout sauvetage ou injection de capital pour les banques : les institutions en difficulté doivent faire faillite ou être nationalisées pour former une banque publique sous contrôle social.

* Augmenter les impôts des banques à proportion des dépenses sociales causées par la crise provoquée par leur mauvaise gestion.

* Remboursement au Trésor public des aides publiques reçues par les banques.

* Interdiction de l’investissement des banques espagnoles dans des paradis fiscaux.

* Sanctions sur la spéculation et les mauvaises pratiques bancaires.

6. FISCALITE :

* Augmenter le taux d’imposition sur les grandes fortunes et les banques.

* Suppression des SICAV.

* Récupération de l’impôt sur le patrimoine.

* Le contrôle réel et efficace de la fraude fiscale et la fuite des capitaux vers les paradis fiscaux.

* Promouvoir l’adoption internationale d’une taxe sur les transactions internationales (taxe Tobin).

7. Démocratie participative et libertés citoyennes :

* Pas de contrôle de l’Internet. Abolition de la Loi Sinde (Hadopi espagnole).

* Protection de la liberté de l’information et du journalisme d’investigation.

* Référendums obligatoires et contraignants sur les grandes questions qui changent la vie des citoyens.

* Référendums obligatoires pour toute introduction de mesures dictées par l’Union européenne.

* Amendement de la loi électorale afin d’assurer un véritable système représentatif et proportionnel qui ne discrimine aucune force politique ou sociale, les bulletins blancs et nuls sont également représentés à l’Assemblée législative.

* Indépendance de la magistrature : réforme du ministère public afin d’assurer son indépendance, suppression de la nomination des membres de la Cour constitutionnelle et du Conseil judiciaire par l’exécutif.

* Mise en place de mécanismes efficaces pour assurer la démocratie interne dans les partis politiques.

8. Réduction des dépenses militaires