Archives mensuelles : mai 2022

Comment parler aux smicards ?

Puisque c’est comme cela, parlons des législatives. Je me dois de préciser un point pour éviter des lettres pénibles de lecteurs. Je suis pour la distribution radicale des richesses, et il m’arrive de rêver encore d’un monde sans Dieu, ni César, ni tribun. Je me souviens très bien de ma mère, gagnant seule, pour elle et ses cinq enfants, quelque chose comme 800 francs par mois au début de 1968. Si donc quelqu’un a envie de me (mal)traiter, qu’il tienne compte de ces mots.

Et maintenant, voyons ensemble cette revendication de la gauche désormais unie : 1400 euros nets pour le smic mensuel. Qui pourrait être assez salaud pour écrire que c’est trop ? Hélas, le problème n’est pas celui-là. Du tout. D’abord, la question de la justice est universelle. Elle concerne aussi bien le sous-prolétariat français que les milliards de gueux de la planète, dont cette gauche ne parle jamais. Jamais. D’un point de vue planisphérique, les pauvres de chez nous sont les riches du monde. Ça embête, mais c’est un fait qui n’est pas près de disparaître. Que quantité d’immondes aient beaucoup, beaucoup plus, n’y change rien.

Donc, dès le premier pas, considérer le monde réel, et pas notre France picrocholine. Ensuite, réfléchir à cette notion largement utilisée dans les années 70, et malheureusement disparue : l’aliénation. Par les objets. Par la possession frénétique d’objets matériels qui déstructure l’esprit, rompt les liens de coopération, enchaîne dans une recherche jamais comblée de choses. Lorsque je tente de voir les êtres et leurs biens avec mes yeux d’enfant, je me dis fatalement que « nos » pauvres disposent de béquilles dont nous n’aurions jamais osé rêver : des bagnoles, des ordinateurs, des téléphones portables. Moins que d’autres ? Certes. Mais cette route n’en finira jamais.

À quoi sert de distribuer de l’argent dans une société comme la nôtre ? Même si cela heurte de le voir écrit, une bonne part de ce fric irait à des objets ou consommations détestables, qui renforcent le camp de la destruction et du commerce mondial. Qui aggravent si peu que ce soit le dérèglement climatique. Je crois qu’on devrait proposer tout autre chose. Un gouvernement écologiste, pour l’heure chimérique, s’engagerait bien sûr auprès des smicards.

Il s’engagerait aussitôt, mais en lançant un vaste plan vertueux. On créerait un fonds abondé sur le coût pour tous des émissions de gaz à effet de serre. L’industrie paierait, mais aussi le reste de la société, à hauteur des moyens financiers, bien sûr. Ce fonds garantirait à tous les smicards – et donc à leurs enfants – l’accès permanent à une alimentation de qualité, bio, locale autant que c’est possible. À un prix décent, c’est-à-dire bas.

Ce serait un merveilleux changement. La santé publique en serait sans l’ombre d’un doute améliorée. L’obésité, cette épidémie si grave, régresserait fatalement, ainsi que le diabète et tant d’allergies. Quant à l’industrie agroalimentaire, elle prendrait enfin un coup sérieux. Au passage, une telle volonté finirait par créer des filières économiques solides et durables. Car à l’autre bout se trouveraient des paysans. De vrais paysans enfin fiers de leur si beau métier. À eux aussi, on garantirait un avenir.

Parmi les questions les plus graves de l’heure, s’impose celle de la production alimentaire. Tout indique que les sols épuisés de la terre ne suffiront pas longtemps à (mal) nourrir le monde. La France, qui fut un très grand pays agricole, se doit d’installer de nouveaux paysans dans nos campagnes dévastées par la chimie de synthèse et les gros engins. Combien ? Disons 1 million. Ou plus. Le temps d’un quinquennat. C’est ainsi, et pas autrement qu’on aidera à faire face à ce qui vient et qui est déjà là. Le dérèglement climatique est une révolution totale.

Pour en revenir aux smicards, qui souffrent je le sais bien, sortons ensemble des vieux schémas. Inventons ! Faisons-les rentrer en fanfare dans cette société qu’ils n’auraient jamais dû quitter. Mais pas au son de la frustration et des sonneries de portables.

Mélenchon est-il vraiment écologiste ?

Il n’est pas inutile de se poser quelques questions sur M.Mélenchon. L’amoureux de Mitterrand qu’il est resté a-t-il basculé du côté des écosystèmes, comme il le prétend à chaque phrase ? Les quarante années de soutien au productivisme – 6 ans au moins à l’OCI, 31 ans au PS – se sont-elles évaporées ? Est-il sincère ? Est-il crédible ? Attention, on n’est pas obligé de lire.

Jean-Luc Mélenchon est-il écologiste ? Commençons par un exemple lointain, mais crucial : la Chine. Quiconque suit l’affaire sait que le capitalisme fou de cet État totalitaire a détruit un grand nombre de ses écosystèmes. Des milliers de cours d’eau surexploités ont simplement disparu de la carte (1). La déforestation provoque de tels nuages de poussière poussés par le vent qu’une ville comme Pékin est menacée d’en être proprement submergée. Les « villages du cancer », comme les appellent les écologistes chinois – ils existent – sont des centaines, peut-être des milliers aux abords des usines pétrochimiques.

Mais la Chine est aussi devenue sans que quiconque le dise, un pays impérialiste. Près de 20 % de la population mondiale, mais seulement 7% des terres arables, et 300 millions de nouveaux riches qui veulent de la viande, plus que chez nous encore. Il faut donc coloniser, et s’emparer de nouvelles ressources. Des pays comme le Cambodge et le Laos sont devenus des États fantoches, aux mains des financiers chinois. En Afrique, leur fric est partout, construisant routes, ponts, ports, chemins de fer, et corrompant partout où il passe. Et détruisant. Les forêts. Et aspirant le gaz et le pétrole. Et accaparant des millions d’hectares de terres. La Chineafrique a depuis longtemps dépassé la sinistre Françafrique de papa Foccart. Même la France est touchée, qui exporte massivement ses chênes là-bas, comme Madagascar le fait avec son Bois de rose (2).

Mélenchon, qui ne s’intéresse pas à de tels détails, défend la Chine. Le million d’Ouïghours enfermés dans des camps, les tortures, les assassinats ? Pour lui, ce n’est jamais qu’une « une répression que fait le gouvernement chinois contre les organisations islamistes ouïghoures ». Quant au Tibet, envahi par l’armée chinoise en 1950, colonisé, et dont la culture est écrasée, il aurait en fait été « libéré » de la théocratie.  Et il va plus loin encore en vantant le modèle. Dans une interview éclairante (4), il déclare sans état d’âme : « Je considère que [le développement chinois] est une chance pour l’humanité » (…) Je trouve stimulant et intéressant de voir comment la planification a été un outil de développement ». Heu, qui le prévient que la Chine est devenu l’agent majeur de la destruction accélérée du monde ?

Heureusement, il y a le reste. Mélenchon est un visionnaire. Depuis dix ans déjà, il va répétant sa foi dans l’avenir technologique des sociétés humaines. Il n’a pas lu Ellul et Charbonneau, les merveilleux analystes du « Système technicien » (2) . Mais qu’a-t-il lu ? Dans un entretien affriolant avec le journaliste Hervé Kempf (3), il livre le nom du grand penseur de l’écologie. De son grand penseur à lui : le pauvre Alain Lipietz, ci-devant petit chef des Verts, dont on cherchera en vain la moindre contribution dans ce domaine.

Mais il y a de grandes pistes, toutes prometteuses. Et d’abord, l’espace. Mélenchon en est resté aux illustrés de son enfance. À Paris-Match : « Quand j’étais gamin, je découpais et je collectionnais les articles sur la conquête de l’espace. Je crois que j’ai encore dans ma cave un cahier où j’avais collé fiévreusement les exploits de la chienne Laïka et de Youri Gagarine ». Sur son blog, en 2019 : « L’exploration spatiale a d’ores et déjà amené sur terre beaucoup de bienfaits. Elle a contribué à des avancées majeures (…), Elle a également permis le développement des ordinateurs modernes et de nouveaux services comme la téléphonie mobile ». Au cours du meeting « immersif », ultratechnologique, de janvier à Nantes, l’amoureux des satellites vante au milieu d’images de synthèse ces « milliers d’applications dans nos poches qui dépendent de l’espace : météo, GPS, cartographie et surveillance écologique des traités internationaux ! ».

C’est donc très bien. Qu’importe la réalité. Qu’importe que l’espace soit devenu une décharge industrielle pleine de millions de déchets tournant autour de la Terre. Que Musk lance des milliers de satellites qui empêcheront beaucoup d’observations astronomiques. Pas grave. C’est le rêve qui compte. Et de même pour la mer, que Mélenchon présente si gentiment comme le territoire à occuper d’urgence. Dès 2012, dans un discours scientiste digne d’un Science et Vie des années 50 du siècle écoulé, il désigne l’océan mondial comme « la dernière “terra incognita” de la planète ». Une terre de conquête. Lui : « Je compare cette ambition que je propose à celle qui nous a permis de devenir une puissance spatiale ». Lui toujours : « Rien n’est hors de portée pour nous (…) La mer est notre nouvel espace de réussite et d’exploits scientifiques et techniques ! ».

Sortons maintenant de France et regardons plutôt ce qui se passe au Venezuela, patrie de l’immortel Hugo Rafael Chávez Frías, grand ami de Mélenchon s’il en est. En 2009, au cours de la funeste conférence de Copenhague sur le climat, Chávez entend devenir el comandante de la lutte contre le dérèglement climatique. Il clame et tonne, comme le défunt Nikita Khrouchtchev brandissant sa chaussure, en 1960, à la face de l’ONU. Extrait : « L’activité humaine actuelle (…) met en danger la vie sur la planète ». À peine rentré à Caracas, il relance les fructueux contrats pétroliers à destination de cet Empire américain si constamment décrié, permettant que l’on vende dans les rues de l’essence à 0,017 euro le litre. Et rien ne sera fait. Si : avant de mourir, Chávez envisageait sereinement d’exploiter les centaines de milliards de barils de pétrole cachés dans les sables du bassin de l’Orénoque. Faisons confiance à Maduro son successeur pour passer à l’action. S’il ne s’est pas avant enfui à Miami. La boliburguesia – cette bourgeoisie bolivarienne qui a tant volé d’argent pétrolier à son peuple – ne sera jamais rassasiée.

Pas un seul mot sur l’état réel des mers. Pas un mot sur leur acidification. Pas un mot sur la pêche industrielle, et donc les risques d’extinction pesant sur tant d’espèces. Pas un mot sur le Great Pacific Garbage Patch et ses semblables, ces incroyables amas de déchets en plein océan, de la taille d’un continent. Pas un mot sur ces dead zones – des zones mortes – touchées par l’anoxie, c’est-à-dire la quasi-disparition de l’oxygène. Pas un mot sur les colossales diminutions de plancton constatées partout. Non, car il s’agit d’industrialiser encore, à coup d’éoliennes en mer, à coup d’hydroliennes – machines qui produisent de l’énergie grâce aux courants marins -, à coup de centrales « houlomotrices ». La mer sera conquise, de gré ou de force.

Idem en Équateur, lorsque Rafael Correa, encensé par Mélenchon et chantre de la « révolution citoyenne », régnait encore. En 2013, cet écologiste lui aussi autoproclamé obtient d’un parlement à la botte le droit d’exploiter une nappe de pétrole sousle parc national Yasuni, réserve de biosphère de l’Unesco, où vivent 696 espèces d’oiseaux, 2 274 d’arbres, 382 de poissons, 169 de mammifères. Tête de ces arriérés d’Indiens Huaorani, qui se considèrent comme des fils du jaguar, et qui avaient arraché des droits sur cette forêt unique.

Mélenchon est-il si différent de Correa ? D’évidence, il est resté un productiviste. Il est bien possible qu’il se voie comme un écologiste, et pourquoi pas, puisque des Jean-Vincent Placé, des Pascal Canfin, des Barbara Pompili le sont ? Mais la pensée écologiste vraie existe tout de même. Et elle repose sur une rupture mentale qui suppose l’acceptation des limites. L’homme doit accepter de reculer avant que tout ne soit totalement consumé. Il doit accepter le grand partage avec ce qui n’est pas lui. Les mers appartiennent aux écosystèmes, pas aux rêveries de pacotille. L’espace appartient au grand mystère des origines et ne doit pas souillé, mais au contraire nettoyé des vomissures humaines. L’homme doit apprendre la leçon qui commande toutes les autres : il est un élément. Puissant, parfois formidable, mais un élément seulement d’un ensemble qu’il s’acharne à ruiner.

Écologiste, Mélenchon ? Dans ses envolées si peu lyriques, il ajoute aux terres de conquistador que sont pour lui l’espace et la mer, le numérique. Faut-il l’avertir que la numérisation du monde détruit les chances de la démocratie ? Que la vitesse extrême – et binaire – d’internet est un problème politique majeur ? Que la lenteur est une nécessité vitale pour la discussion, l’élaboration, la décision commune ? Que ce système annonce la surveillance simultanée totale de toutes les activités humaines ? Que les data centers qui stockent des milliards de milliards de milliards de données pourraient bouffer jusqu’à 13% de l’électricité mondiale en 2030, dans huit ans ?

Mais c’est avec les jeux vidéo, sous-ensemble lilliputien du numérique, que Mélenchon atteint au sublime. Pour lui, « c’est un instrument magique de formation et de culture ». Mais il faut se battre, et dit Mélenchon en 2017, « moi, je propose qu’il y ait un centre national du jeu vidéo, comme il y a un centre national du cinéma. Et je vous garantis que si je suis élu, je mettrais le paquet pour que cette filière existe en France, pour qu’elle se développe ». Pardi ! Le jeu vidéo, « ce n’est pas puéril, le comportement du jeu, c’est structurant de l’imagination humaine. On commence tous par jouer pour se construire en tant que personne ». Quant aux grincheux, il s’agit de « clouer le bec à ceux qui ont du mépris pour le jeu (…) On croirait que jouer c’est perdre son temps, et bien pas du tout. Jouer, c’est même gagner du temps puisque l’on peut s’enrichir humainement. »

Bon. En 2019, le docteur en neurosciences et directeur de recherche à l’Inserm Michel Desmurget publie au Seuil La fabrique du crétin digital. S’appuyant sur 1500 études de haut niveau – 1500 -, il montre avec clarté que les écrans, à commencer par les jeux vidéo, dégradent en profondeur le cerveau des enfants. Au programme ce soir, troubles du sommeil et de la concentration, obésité, agressivité, chute de la créativité et des résultats scolaires, dépressions, conduites à risque, etc, etc. Desmurget : « Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l’histoire de l’humanité, une telle expérience de décérébration n’avait été conduite à aussi grande échelle ». Un dernier avis gracieux à Mélenchon : ce sont les enfants du peuple qui morflent le plus. Toutes les études montrent que moins on a de fric, plus on passe de temps à se cramer le cerveau devant Grand Theft Auto, Mortal Kombat ou Super Mario, jeux qui se vendent par millions.

La Chine qu’aime tant Mélenchon comptait en 2021 14 000 entreprises de jeux vidéo. Mais elle a décidé d’imposer à ses jeunes trois heures de ces jeux au maximum par semaine. Pourquoi ? Comptons sur Jean-Luc Mélenchon pour nous l’expliquer. Des armées de zombies et de crétins pour faire face à la crise écologique ? Ça va être difficile.

(1) https://archive.internationalrivers.org/resources/almost-28-000-rivers-disappear-in-china-8009

(2) Un livre formidable de Jacques Ellul (Calmann-Levy)

(3) https://reporterre.net/Jean-Luc-Melenchon-L-ecologie-doit-etre-un-stimulant-d-enthousiasme

(4) http://french.peopledaily.com.cn/Chine/7986663.html

—————————————————————–

Avis précautionneux au lecteur

A-t-on bien le droit de séparer le candidat Mélenchon des millions de gens qui s’apprêtent à voter pour lui ? C’est ce qu’on souhaite vivement, car d’évidence, beaucoup de ceux-là sont proches des valeurs que je défends depuis un demi-siècle : les droits des femmes, le combat antinucléaire et au-delà l’écologie, la défense des animaux, de tous les animaux, fussent-ils des hommes, l’oriflamme de la raison et de la liberté, la détestation des despotes, des César et des tribuns, le refus des corsets religieux.

Non, ce portrait de Mélenchon n’est pas une charge contre ses électeurs. En aucun cas. Mais un peuple adulte a le droit de savoir. Le peuple qu’on appelle de gauche a placé ses espoirs, il y a quarante ans, dans l’élection d’un certain François Mitterrand. Quand celui-ci s’empare du PS au congrès d’Épinay, en juin 1971, il s’écrie depuis la tribune : « Celui qui n’accepte pas la rupture avec l’ordre établi, avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, ne peut être adhérent au Parti socialiste. » Mignon. C’est par la grâce de Chevènement, devenu aujourd’hui patriotard en diable, que Mitterrand réussit son OPA sur le PS. L’année suivante, les partis communiste et socialiste signent le programme commun de gouvernement, dont chaque phrase mériterait d’être citée. Extrayons ceci : « La pollution de l’eau et de l’air, les dégradations de la nature et des villes, les embouteillages pèsent de plus en plus sur les conditions de vie de la population. ces phénomènes ne sont pas des fatalités liées au progrès technique, au développement industriel ou à l’urbanisation. Le système capitaliste en porte la responsabilité. ».

À ce stade, tout va bien. En attaquant de front ce que les deux larrons appellent « le grand capital », on ne peut donc que venir à bout de ces « nuisances », ainsi qu’on appelle alors l’écologie, chez eux du moins. Après leur rupture en 1977, Chevènement est chargé de rédiger le « Programme socialiste pour les années 80 ». En 1980 précisément. Le NPA de Besancenot n’oserait plus écrire comme cela. C’est assez simple : Chevènement, donc le PS, puisque c’est son programme, veut « rompre avec le capitalisme en 100 jours ».

Mitterrand se contente, pour la campagne de 1981, de 110 propositions. Parmi lesquelles cette drolatique 101ème : « Une charte de l’environnement garantissant la protection des sites naturels, espaces verts, rivages marins, forêts, cours d’eau, zones de vacances et de loisirs sera élaborée et soumise au Parlement (…) avant la fin de l’année 1981 ». Il promet aussi le droit de vote des immigrés aux élections locales, qu’on attend toujours. Et qu’on attendra encore un moment.

En juin 1981, Mitterrand a tous les pouvoirs. Il oublie tout, et va bientôt propulser sur la scène publique Bernard Tapie, le bateleur de foire et tricheur patenté, qui va l’aider, via des émissions comme l’inoubliable « Vive la crise » -1984 – à réhabiliter l’entreprise, le capitalisme et les plumes dans le cul. Avant de refiler au grand truand Berlusconi, en 1985, une nouvelle de télé privée, La Cinq.

La messe est dite, et quarante ans plus tard, la France est belle, non ? Si l’on rappelle ces bons souvenirs, ce n’est pas par seul masochisme. Ni Mitterrand, ni ses hommes, ni ses femmes n’auront respecté des engagements qu’ils juraient sincères. Et Mélenchon ne fait pas exception. À l’automne 1987, il prend la tête d’un mouvement courtisan pour demander respectueusement au roi de daigner se représenter à l’élection présidentielle de 1988. Épargnons les citations : Mélenchon est en adoration, et le restera. Il a raconté mille fois qu’il ne tolérait pas, dans les cénacles socialos de l’époque, qu’on ose mette en cause « le Vieux », comme il l’a toujours nommé.

En ce début 2022, Mitterrand est toujours l’idole politique de Mélenchon. L’homme si proche de la Cagoule – mouvement terroriste de droite des années Trente -, celui de la Francisque remise par Pétain, celui de René Bousquet – flic en chef des déportations de juifs -, celui des dizaines de décapités du FLN algérien, auxquels il refusa la grâce entre 1956 et 1957, celui des cadeaux d’État à son ami Pelat après 1981, celui de la pleine défense du monde dans lequel nous vivons.

Question peut-être légitime : faut-il faire confiance aux bonimenteurs ?