Archives mensuelles : juillet 2011

Quand Borloo adorait le Front National

J’ai attaqué au bazooka Jean-Louis Borloo dans mon livre Qui a tué l’écologie (LLL). Pour quantité de raisons que ceux qui me liront connaîtront. Mais j’avoue que je ne m’attendais pas à une telle saloperie. Nous sommes en 1993, et Borloo vient de rater de peu la présidence de la région Nord/Pas-de-Calais, qu’il guignait depuis qu’il était devenu maire de Valenciennes en 1989.

Vous lirez, je l’espère, l’article ci-dessous de L’Express, ainsi que l’interview que Borloo accorde alors au torchon hebdomadaire Minute. C’est à ce politicien – Borloo – que les associations écologistes ont offert un tremplin électoral qui lui permet, en cet été 2011, de se prétendre écologiste. Nul doute pour moi qu’il sert en toute lucidité la cause de son ami Sarkozy. Je ne fais pas partie de ces journalistes qui pensent, avec une terrible naïveté selon moi, qu’il aurait une stratégie personnelle pour l’élection présidentielle de 2012.

Mais qu’importe ! Borloo, dans tous les cas, est minable. Qui a prétendu, comme vous verrez, refuser le poste de président de la région Nord/Pas-de-Calais pour des raisons morales alors qu’il avait déjà accepté le principe d’un soutien du Front National. Ce dernier, en 1993, était certes le même que celui dirigé aujourd’hui pas Fifille. Mais le contexte était autre. Je rappelle qu’en ces temps déjà enfuis, Le Pen parlait de sidaïques pour désigner les sidéens, rapprochant ainsi le sida des judaïques chers au vocabulaire du régime fasciste de Vichy. Je rappelle, de même, que Le Pen, en ces temps, faisait d’agréables jeux de mots tels que : « Durafour-crématoire », Durafour étant le nom d’un homme politique d’une droite qui irritait El Jefe. En somme, Borloo l’écolo était prêt à tout pour conquérir un peu de pouvoir. A-t-il changé ? Ceux des écologistes de salon qui le tutoient et trinquent avec lui n’ont-ils vraiment aucune explication à nous fournir ?

Ci-contre, l’adresse de l’article de L’Express : ici. Et ci-dessous, l’article lui-même.

Quand Borloo et Estrosi étaient prêts à s’allier au FN

Par , publié le 28/07/2011 à 09:45

Quand Borloo et Estrosi étaient prêts à s'allier au FN

Borloo dans une interview au journal Minute, en février 1993.

Minute

Jean-Louis Borloo et Christian Estrosi se présentent aujourd’hui comme des opposants résolus au FN. Mais, comme s’en amuse Jean-Marie Le Pen, ils n’ont pas toujours été aussi fermes.

« Nous sommes la force anti-Front national. » A Epinay-sur-Seine, ce dimanche 26 juin 2011, Jean-Louis Borloo lance devant 3000 partisans son nouveau mouvement, l’Alliance républicaine, écologiste et sociale (Ares). Le président du Parti radical légitime une candidature centriste indépendante en 2012. « Si on laissait s’affronter le vainqueur de la primaire socialiste et l’UMP actuelle (…) je vous garantis que le Front national serait en tête du premier tour », menace l’ancien ministre de l’Environnement.

Borloo, l’anti-Le Pen? Il n’en a pas toujours été ainsi. Dans une interview parue le 10 février 1993 dans l’hebdomadaire Minute, « Jean-Louis Borloo avec Le Pen, pourquoi pas? », celui qui est alors maire de Valenciennes est interrogé sur ses alliances. « Personnellement, j’ai des rapports corrects avec les gens du FN de ma région, et je ne serais pas contre, répond Jean-Louis Borloo. Mais s’il devait y avoir des alliances, il faudrait que toute la droite suive. Celui qui prendrait cette initiative tout seul se ferait descendre politiquement. »

Tout à sa volonté de se démarquer de  »l’ambiguïté de l’UMP vis-à-vis du Front national« , Jean-Louis Borloo aime rappeler ces temps-ci qu’il « avait refusé de devenir président de la Région Nord-Pas-de-Calais grâce à l’appui d’une voix FN en 1992 ». Le conseiller régional du Nord, Jean-Pierre Gendron, conteste cette version. « Nous avions passé un accord avec Jean-Louis Borloo, alors sans étiquette, pour lui donner nos voix afin que la présidence de la région ne bascule pas à gauche, explique l’élu FN. L’accord a achoppé à cause d’un maire RPR de la région, mais Borloo était d’accord sur le principe. » Après avoir quitté Génération Ecologie, Jean-Louis Borloo cherchait à se repositionner au sein du jeu politique afin de préparer les élections législatives de 1993.

Contacté par LEXPRESS.fr, le président du Parti radical n’a pas souhaité répondre à nos questions. Il n’est pas le seul dans ce cas.

Estrosi, un autre chevalier anti-frontiste

Autre figure de la majorité à critiquer la droitisation de l’UMP, Christian Estrosi se présente lui aussi comme un chevalier anti-frontiste. Le maire de Nice vient de décider d’organiser un contre-meeting lors des journées d’été du FN, qui se tiendront dans sa ville les 10 et 11 septembre prochains.

En mars 1998, le futur ministre de l’Industrie de Nicolas Sarkozy plaidait pourtant pour une alliance entre le RPR et le FN en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). L’ancien maire frontiste de Toulon, Jean-Marie Le Chevallier, raconte: « Christian Estrosi avait participé aux négociations et aurait été mon vice-président en cas d’entente. » Mais Jean-Marie Le Pen a finalement rejeté les conditions de la droite et l’accord a capoté.

La droite a toujours été très divisée sur l’attitude à tenir à l’égard du Front national. Malgré la stratégie du cordon sanitaire édictée dès les années 1980 par Jacques Chirac, de nombreux accords locaux ont été signés. Selon le politologue Erwan Lecoeur, les régionales de 1998 sont un moment particulier dans la relation entre la droite et l’extrême droite. « Lors des législatives de 1997, le FN avait réussi à se maintenir dans 133 circonscriptions et avait provoqué de nombreuses triangulaires. En 1998, l’idée d’une alliance avec le Front apparaissait comme l’unique alternative pour que les régions ne basculent pas toutes à gauche ». Dans cinq d’entre elles, défiant la consigne nationale, la droite pactise alors avec les élus frontistes.

« Une perméabilité idéologique nouvelle »

Le départ du FN de Bruno Mégret, le plus ardent défenseur de ces alliances, met fin à la discussion en 1999. « Le FN a réussi à introduire ses thèmes dans la société (immigration, insécurité), mais n’est pas parvenu à faire bouger les clivages politiques traditionnels pour réorganiser la droite autour de ses idées », analyse Erwan Lecoeur. « Alors que le PS a réussi à réaliser une union de la gauche, le FN a toujours été ostracisé au sein de la droite. Ceux qui ont accepté une alliance avec le Front ont toujours été châtiés par leurs formations », regrette, de son côté, Jean-Marie Le Pen, interrogé par LEXPRESS.fr.

En 2007, le siphonage des électeurs frontistes par Nicolas Sarkozy laisse croire à la réussite de la stratégie d’endiguement. Quatre ans plus tard, les difficultés de la majorité et la poussée de Marine Le Pen amènent certains UMP à se reposer cette question brûlante. En octobre 2010, le député Christian Vanneste et le maire de Montfermeil Xavier Lemoine plaident sans succès pour une union de toutes les droites.

Avec l’essor de la Droite populaire au sein de l’UMP, c’est la fin d’une certaine imperméabilité idéologique, selon l’historien Stéphane François. « Au nom d’un combat contre le politiquement correct, un grand classique de l’extrême droite, la frange réactionnaire de l’UMP fait tomber certains tabous, rendant floues les frontières entre la droite de gouvernement et l’extrême droite. » Autant de revirements qui font sourire Jean-Marie Le Pen. Le président d’honneur du FN se fait un plaisir de citer Edgar Faure: « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. »

Fin du dialogue avec Skept (sceptique professionnel autocentré)

Une partie des lecteurs de Planète sans visa aura suivi les échanges menés avec un certain Skept. J’ai souhaité placer ci-dessous son dernier commentaire, suite au petit texte précédent sur le nucléaire. Et ma réponse, qui sera mon dernier mot sur ses propos. On peut passer son tour. Ou lire. Comme on veut.

SKEPT : Fabrice : merci de votre précision. Vous êtes mal placé pour parler du contrôle des mots, Fabrice. Je n’ai pas encore lu votre livre, mais pour ce blog, il ne m’a pas fallu longtemps pour identifier vos stratégies rhétoriques. A savoir une outrance verbale – je maintiens – à forte connotation émotive et morale, s’appuyant préférentiellement sur du storytelling ou des analyses partielles. Vous n’êtes pas le seul – tous les militants le font, tous les marchands aussi quelle que soit la camelote vendue. La sémantique de l’excès est présente partout ici, regardez encore votre réponse : “fascisme”, “révolte”, “grand désastre”, “crime contre l’humanité”, “abyssale”, etc. Je n’appelle pas cela de la manipulation, car je vous accorde le bénéfice du doute et je considère que vous êtes de bonne foi. Mais je n’aime pas cette posture où l’on excite le désespoir, la peur et la rage de ses lecteurs par un portrait en noir en blanc de l’époque, où l’on désigne si facilement les autres comme des salauds, des compromis ou des impurs.

Vous connaissez le commentaire de Peguy sur Kant : “il a les mains pures, mais il n’a pas de main”. Donc quand vous m’expliquerez comment on nourrit, loge, chauffe, transporte, éduque, divertit et paye 7 puis 9 milliards d’humains mieux qu’on ne le fait aujourd’hui tout en respectant parfaitement les équilibres naturels, eh bien je verrai ce que la pureté de vos idées est susceptible de produire pour le bonheur de mes congénères.

 Et voici donc ma réponse :

Skept,

J’arrête ici définitivement les échanges avec vous, qui m’ont distrait, je le confesse. Je vois que vous sortez de vos gonds. Peut-être n’êtes-vous pas aussi sûr que vous le prétendez.

Sachez – on apprend tous les jours – que parmi le millier d’articles réunis ici, nombre abordent précisément ce que vous me reprochez de ne pas savoir évoquer. Vous comprendrez donc que votre émotion, aussi sincère qu’elle soit peut-être, ne peut que me faire sourire. Il se trouve que Planète sans visa cherche constamment des voies de sortie pour l’humanité entière. Pas la vôtre, qui me paraît singulièrement réduite. Toute. Et j’ajouterai, car c’est vrai, que Planète sans visa ne se contente pas de chercher, mais indique quand c’est possible des directions concrètes. Il en est de nombreuses, à commencer par une agro-écologie étendue partout où c’est possible. Vous ne le savez pas, vous ne voulez d’ailleurs par le savoir, mais quantité d’éminents agronomes et spécialistes des sols et des hommes jugent que seule l’agriculture biologique est en mesure de nourrir neuf milliards d’humains. Cela, sans ruiner les équilibres écosystémiques qui ont résisté au progrès technique cher à votre cœur.

Je ne vous reprocherai jamais de ne pas me lire, mais en tout cas, il est irrecevable de m’accuser par pure et simple ignorance de quelque chose qui n’est pas vrai. Et vous le faites pourtant. La colère est une bien mauvaise conseillère, monsieur le sceptique. Reste Péguy. Je crains que vos connaissances de cet immense écrivain ne soient, une nouvelle fois, parcellaires, pour ne pas écrire davantage. Tenez, deux citations du maître, pour la route. Et je crois qu’elles vous concernent. Et je suis sûr qu’elles nous éclairent tous.

La première : « Une seule injustice, un seul crime, une seule illégalité, surtout si elle est officiellement enregistrée, confirmée, une seule injure à l’humanité, une seule injure à la justice, et au droit surtout si elle est universellement, légalement, nationalement, commodément acceptée, un seul crime rompt et suffit à rompre tout le pacte social, tout le contrat social, une seule forfaiture, un seul déshonneur suffit à perdre, d’honneur, à déshonorer tout un peuple ».

Et la seconde : « Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise pensée. C’est d’avoir une pensée toute faite. Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise âme et même de se faire une mauvaise âme. C’est d’avoir une âme toute faite. Il y a quelque chose de pire que d’avoir une âme même perverse. C’est d’avoir une âme habituée ».

PS : Quand on cite, je crois nécessaire de bien citer. Péguy a écrit : « Le kantisme a les mains pures ; par malheur, il n’a pas de mains ».

PS 2 : je le répète, je n’irai pas plus loin dans le dialogue avec vous. Il me semble que cela suffit. J’en suis même sûr.

Fabrice Nicolino

Un film inouï sur le nucléaire

Je ne peux garantir à 100 % ce film sorti sur Youtube, mais vous verrez tout comme moi qu’il est (presque) certainement authentique. Nous sommes le 19 juillet 2011 et des bureaucrates du gouvernement japonais affrontent une salle qui réclame des informations fiables sur la contamination nucléaire qui a suivi l’horreur de Fukushima.  C’est à hurler, cela donne envie de sortir de la paille les fusils et la mitraille. Et ce serait la même chose chez nous, évidemment. Le nucléaire est un vaste crime contre l’humanité. Une arme de guerre contre la vie. Les nucléocrates sont nos ennemis.

Mais regardez : c’est ici.

Sarkozy et moi, sans oublier le WWF et la forêt

Franchement, il y a quelque chose de pourri dans ce royaume délabré de l’écologie. J’ai écrit, certains de vous le savent, le livre Qui a tué l’écologie (éditions LLL), paru le 16 mars 2011. J’y ai révélé quantité de choses, parfois très graves, sur les collusions entre les associations écologistes principales et l’État, ou les transnationales. J’ai donné pour la première fois des informations précises sur les modes de financement de telle ou telle, sur l’histoire à mes yeux abominable du WWF. Et ? Rien. Silence de mort. Aucun procès – pardi ! tout est vrai -, seulement un silence organisé.

Car ce silence a été organisé entre cheffaillons de la « Bande des Quatre », comme j’ai appelé le WWF, Greenpeace, la fondation qu’on appelait Hulot et France Nature Environnement (FNE). Jacques Thomas, qui organise chaque année à Paris le festival du livre et de la presse d’écologie, a tenté d’organiser un débat entre eux et moi. Cela devait se passer en juin. Puis en septembre. J’avais prévenu Jacques qu’il aurait le plus grand mal à réussir. Et cela n’a pas manqué : ils se sont défilés. Et ils se sont défilés parce qu’ils ont peur du débat et de la liberté. Lesquels peuvent se rapprocher dangereusement de la vérité.

Une anecdote pour rire. Je tiens d’un témoin on ne peut plus fiable le récit d’une saynète qui m’a beaucoup réjoui. Nous sommes à l’Élysée, en mai dernier, et Nicolas Sarkozy reçoit des associations écologistes officielles pour continuer son habituel travail de manipulation. Tous les preux que je dénonce sont là. L’un d’eux, soudainement, comme un pauvre gamin pleurnichard, se tourne vers notre président, et lui lâche à peu près :  « Monsieur le président, c’est insupportable. Nous sommes pris à partie dans un livre qui vient de paraître sous le nom de Fabrice Nicolino…». Sarkozy, à ce moment-là, et sursautant : « Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire …? ». Selon mon témoin, Serge Orru, directeur du WWF-France, aurait alors couru à mon secours, en deux temps. D’abord en tançant celui qui venait de me « dénoncer ». Ensuite, en vantant ma personne et mon travail. Si tel est le cas, et je le crois vrai, je dois à mon tour remercier Orru, car j’ai proprement assassiné dans mon livre l’association qu’il dirige.

La suite. Vous trouverez ci-dessous deux articles. Le premier vient de Courrier International. Le second, signé Laurence Caramel, a été publié dans Le Monde. Vous apprécierez comme je l’ai fait l’état des lieux. Voilà où en est le WWF. Mais valons-nous – collectivement – bien mieux, nous qui ne faisons rien pour déclencher enfin le scandale planétaire que cette situation exige pourtant ?

D’abord Courrier International

WWF accorde trop facilement son label
25.07.2011?|?The Guardian

Il y a du laisser-aller au WWF… C’est du moins ce qu’affirme un rapport publié par Global Witness, une ONG qui lutte contre le pillage des ressources naturelles dans les pays en développement. Selon ce document, cité par The Guardian, plus de 70 grandes entreprises spécialisées dans l’exploitation forestière battent aujourd’hui pavillon écolo : elles ont obtenu le label « exploitation équitable » accordé par WWF, pour leur bonne gestion des ressources forestières et leur lutte contre l’exploitation illégale. Mais ce réseau d’entreprises n’est pas aussi respectueux des bonnes pratiques qu’elles veulent bien le laisser croire, assène le rapport.

Elles suppriment des pans entiers de forêt primaire afin de récupérer le bois et d’y planter leurs propres essences. C’est le cas notamment en Malaisie, dans la forêt de Bornéo, l’une des plus riches du monde en terme de biodiversité, qui est par ailleurs inscrite dans les programmes de conservation du WWF. Dans cette forêt sévit l’entreprise Ta Ann Holdings Berhard, qui supprime l’équivalent de 20 stades de foot par jour en tailladant dans la forêt vierge, et détruit l’habitat naturel des léopards et des orangs-outangs. Une entreprise pourtant labellisée WWF.

Le WWF, qui fête cette année ses cinquante ans, est très critiqué par d’autres ONG pour ses liens avec les entreprises minières, forestières… Et les industries d’exploitation et de transformation des matières premières en général, rappelle l’article. « Nous ne faisons que poursuivre le dialogue », rétorque quant à elle l’ONG au panda.

Et maintenant Le Monde

WWF est accusé de servir de couverture à des sociétés peu scrupuleuses

édition du 28 juillet 2011

Le réseau  » forêts et commerce  » de l’ONG entretient la déforestation, selon Global Witness
L’organisation non gouvernementale (ONG) Fonds mondial pour la nature (WWF), connue dans le monde entier pour sa défense du panda, sert-elle de caution à des entreprises qui participent à la destruction des dernières forêts primaires ?

C’est l’accusation portée par Global Witness contre le WWF, avec la publication, lundi 25 juillet, du rapport  » Encourager les bûcherons « . Il est rare de voir des ONG se critiquer entre elles. A fortiori quand les deux protagonistes jouissent d’une notoriété aussi établie.

Or la charge menée par Global Witness n’est pas légère. Elle met en cause le Réseau international forêt et commerce (RIFC), l’un des programmes phare du WWF, initié il y a vingt ans et destiné à garantir une production durable du bois en encourageant les exploitants forestiers ou les traders du secteur à entrer dans des démarches de certification.

Ce réseau associe aujourd’hui près de 300 entreprises à l’origine d’environ 20 % du commerce international du bois et de la moitié du bois certifié FSC (Forest Stewardship Council). Il bénéficie du soutien financier du gouvernement américain et de la Commission européenne notamment.

Or, dénoncent les auteurs du rapport, ce programme dont l’objectif est d’éliminer les mauvaises pratiques du secteur forestier manque de transparence. Il fournit peu d’informations sur les performances de chaque membre ou sur l’impact du programme entier.

Les règles d’adhésion au RIFC sont insuffisantes et permettent à certaines entreprises d’en abuser systématiquement. « Alors qu’une grande partie du budget annuel de ce projet est payée par les contribuables, ceux-ci ont le droit d’avoir la garantie que leur argent ne sert pas à financer du « greenwashing » « , affirme Tom Picken, directeur de la campagne Forêts de Global Witness, et réclame une évaluation indépendante.

 » Vingt terrains de football « 

Le rapport pointe en particulier trois entreprises. La société forestière malaisienne Tan Ann, qui détruit  » de la forêt pluviale à un taux équivalent à vingt terrains de football par jour, y compris dans les zones d’habitats d’orangs-outans « . Le fournisseur de matériel de construction britannique Jewson, qui continue, selon Global Witness, à s’approvisionner en bois illégal. Enfin, en République démocratique du Congo, la société Danzer, qui  » possède une filiale impliquée dans des conflits avec les communautés locales, causant des violations des droits de l’homme « , alors que  » le groupe Danzer continue de profiter de son adhésion au réseau « .

Sollicité par Le Monde, George White, responsable du programme au WWF, réfute catégoriquement les allégations de Global Witness.  » Les entreprises partenaires sont évaluées chaque année. Si elles ne font pas de progrès ou si elles ne respectent pas les règles, nous suspendons ou mettons un terme à nos contrats, justifie-t-il, en regrettant que Global Witness ait choisi de se concentrer sur des détails au lieu de regarder le chemin parcouru depuis vingt ans pour améliorer la transparence du projet. « M. White précise que WWF a lui même engagé une enquête sur les agissements de la filiale de Danzer et qu’aucun nouvel engagement ne sera pris avant que les conclusions soient remises.

Laurence Caramel

Flagrant délit de manipulation (sur Escherichia coli)

Il y en a tellement marre, certains jours. Les lecteurs réguliers et fanatiques de Planète sans visa se souviennent sans doute de celui qui signait ses articles verbeux, haineux, parfois insupportables du pseudonyme Pilet14. Je ne sais qui il est, mais je sais qu’il exultait d’apprendre que le concombre bio d’Espagne ou les graines germées de Hambourg, cultivées dans une ferme bio, étaient responsables de l’épidémie d’E.coli. Il ne vous sera pas indifférent d’apprendre une partie de la vérité ci-dessous.

Le texte qui suit est signé par Générations Futures (ex-MDRGF) de mon ami François Veillerette, et la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB). Parallèlement – ou peut-être bien avant -, mon cher Claude Aubert, créateur des Quatre saisons du jardinage et vaillant pionnier de la bio en France  – il est également ingénieur agronome – avait découvert le pot aux roses. Ne croyez pas que je triomphe, non ! L’agriculture et les techniques bio peuvent sans aucun doute provoquer des maladies, voire tuer. Et ALORS ? Qui est – quel serait – le crétin qui pense que la bio pourrait représenter une garantie absolue ? Il me suffit qu’elle nourrisse des hommes et respecte les sols et les eaux. Pas vous ?

E Coli : Les attaques récentes contre les produits biologiques reposaient sur…une étude qui n’existe pas !

Suite à l’affaire des graines germées contaminées par des souches virulentes d’E.Coli, les produits bio ont été injustement montrés du doigt comme étant prétendument dangereux. Ces accusations reposent en fait sur des études qui n’existent pas !

Rappels des faits. Le 27 juin dernier deux directeurs de recherche du CNRS n’ont pas hésité à publier une tribune dans le journal Libération prétendant que le Centre de contrôle des maladies infectieuses d’Atlanta (Center for Disease Control d’Atlanta -CDC ) aurait réalisé une étude en 1996 liant un tiers des 250 décès dus à une souche pathogène d’E.Coli à la consommation de produits biologiques ( alors qu’ils ne représentaient que 1% des aliments consommés aux Etats-Unis). Et nos deux scientifiques français de conclure : « Il est donc indéniable que les mérites de l’agriculture biologique s’accompagnent inévitablement de risques alimentaires spécifiques ». Les conséquences sur l’image des produits bio ne se sont pas fait attendre comme devait le confirmer un sondage réalisé par le WWF(1).

Générations Futures (GF) et la Fédérations Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) révèlent aujourd’hui que cette assertion repose sur …une étude qui n’existe pas !

D’où vient cette soit disant étude ? Contacté, un des scientifiques du CNRS ne donne pas de référence pour cette supposée étude américaine mais se contente de dire qu’elle serait tirée d’un livre de Alan McHughen, un scientifique canadien. Le problème, c’est que ce McHughen n’a fait dans ses livres (2) que reprendre les dires d’un certain Dennis T. Avery qui colporte depuis des années une rumeur selon laquelle le Center for Disease Control d’Atlanta aurait réalisé en 1996 une étude comparative bio / conventionnel montrant que les personnes mangeant des aliments bio ont beaucoup plus de risque d’être infectés par E.coli.

Pas plus de risque d’infection en bio. Cette affirmation a été vigoureusement démentie dès 1999, y compris par des cadres dirigeants du CDC niant vigoureusement avoir conduit de tels travaux comparant le risque d’infection par E.Coli en fonction du mode de production, bio ou non bio (3).

Précisions : Dennis T. Avery (4)  travaille pour le Hudson Institute (5), un think tank conservateur. Avery travaille sur l’agriculture et les biotechnologies et consacre une énergie considérable à dénigrer l’agriculture biologique. A noter que le Hudson Institute a reçu des fonds de firmes comme Monsanto, Syngenta, Dow Agroscience, Dupont…sans commentaire.

« Alors que les consommateurs plébiscitent les produits bio, les adversaires de l’écologie et de l’agriculture biologique essayent par tous les moyens de décrédibiliser la bio depuis de longs mois. Les accusations de chercheurs publics reposant sur des rumeurs sont inacceptables. Elles doivent être démenties immédiatement et publiquement.» déclare François Veillerette, Porte parole de Générations Futures.

« La FNAB estime que les propos tenus par les deux scientifiques du CNRS sur les aliments bio sans référence scientifique portent atteinte à la fois à la filière agriculture biologique et à la crédibilité du CNRS. Elle se réserve le droit d’agir en conséquence. » ajoute Dominique Marion, Président de la FNAB.

1 : http://www.enviro2b.com/2011/07/08/e-coli-la-filiere-bio-victime-indirecte-de-la-bacterie/
2 :  http://www.lobbywatch.org/profile1.asp?PrId=88
3 : http://www.sourcewatch.org/index.php?title=Trashing_organic_foods
4 : http://en.wikipedia.org/wiki/Dennis_Avery
5 : http://en.wikipedia.org/wiki/Hudson_Institute