Archives de catégorie : Développement

Cinquante ans et plus une seule dent

Le ministère de l’Environnement [ ou de l’Écologie, selon ] a cinquante ans et fait semblant depuis cinquante ans. C’est même pas la faute des ministres, ectoplasmes si contents d’être sur la photo. Le mal est plus profond : ceux qui décident sont ceux qui salopent tout depuis deux siècles.

Presque trop facile. Quand le père Pompidou décide la création d’un ministère de l’Environnement en 1971, il confie la tâche à ce bon monsieur Poujade, maire de Dijon, qui se demanderait pourquoi on l’a choisi s’il n’était pas mort. Sans soute parce qu’il avait été le conseiller d’un ministre de la construction oublié, puis en charge d’une « commission du développement » régionale. Lui-même devait écrire ensuite un livre disant l’évidence dès le titre : « Le ministère de l’impossible ». L’époque était à ce qu’on appela le « gaullisme immobilier » : les combines avec les promoteurs, les lourdes valises de liquide, la traversée de Paris en 13 minutes « grâce » à la voie express qui porte d’ailleurs le nom de son créateur, Pompidou. Ce dernier lâcha : « La ville soit s’adapter à la voiture ». Paris fut à nouveau éventrée.

On ne dressera pas la liste de tous les autres, mais regardons tout de même quelques noms. En 1974, Peyrefitte, l’inénarrable Alain Peyrefitte, qui fut ministre de l’information – flic de la télé – sous de Gaulle. De 1978 à 1981, Michel d’Ornano, dont le cabinet ouvre et couvre en automatique les décharges les plus criminelles, comme celle de Montchanin. De 1984 à 1986, Huguette Bouchardeau – fière PSU -, qui se fait enfler par les ingénieurs de son propre ministère dans l’affaire des déchets de Seveso passés en France. De 1986 à 1988, Alain Carignon, qui finit en taule pour avoir vendu l’eau de Grenoble à la Lyonnaise des Eaux.

De 1989 à 1991, Brice Lalonde, qui fait des bulles avant de copiner avec l’ultralibéral Alain Madelin. De 1995 à 1997, Corinne Lepage, qui en tire le livre « On ne peut rien faire, madame le ministre », qui démontre parfaitement qu’un tel ministère ne sert à rien. De 1997 à 2001, Dominique Voynet, qui accepte de siéger au conseil des ministres où trône un certain Claude Allègre, négateur en chef du dérèglement climatique. Et ne fait rien. De 2001 à 2002, Yves Cochet, inaugurateur de chrysanthèmes. De 2007 à 2009, Jean-Louis Borloo, grand ordonnateur de du grandiose enfumage du Grenelle de l’Environnement avec en guest star Nathalie Kosciusko-Morizet, jouant de la harpe dans son jardin pour Paris-Match. Un dernier pour la route : de Rugy en amoureux transi du homard mayonnaise.

Tout ça ne pèse en réalité de rien. Les ministres passent, qu’on oublie la seconde suivante – qui se souvient de Jarrot, Lepeltier, Olin, Bricq, Borne ? qui se souviendra de Pompili ? – et demeurent les structures. Or sans entrer dans le détail, passionnant, retenons que deux grands corps d’ingénieurs d’État se partagent la direction réelle du ministère : les ingénieurs des Mines et ceux des Ponts, des eaux et forêts. Le pouvoir, c’est eux.

Prenons l’exemple de la Direction générale général de l’aménagement, du logement et de la nature (DGALN), qui a dans sa besace la biodiversité, la mer, le littoral, l’eau. En août 2019, son dirlo, Paul Delduc, quitte sa fonction, où il est remplacé par Stéphanie Dupuy-Lyon. Le premier est ingénieur général des Ponts, des eaux et des forêts. La seconde est ingénieure des Ponts, des eaux et des forêts. Idem à la Direction générale de la prévention des risques (DGPR), qui gère le si vaste domaine des pollutions. Son boss, Cédric Bourillet, est ingénieur des Mines et son adjoint, Patrick Soulé, ingénieur des Ponts, des eaux et forêts. Ces grands personnages savent partager.

Troisième exemple : la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), qui s’occupe comme il n’est pas difficile de le deviner, du dérèglement climatique. Patron inamovible : Laurent Michel, ingénieur général des Mines.

Tous ces braves gens font partie de ce que Bourdieu appelait la « noblesse d’État », et ce n’est pas un vain mot, puis le corps des Mines existe depuis 1794. Pour l’autre, résultat d’une fusion, il faut distinguer les Ponts et Chaussées, corps né en 1716 et celui du Génie rural, des eaux et des forêts, que certains font remonter à…1291. La France que nous connaissons, c’est eux.

Les ingénieurs des Mines auront mené au cours des deux siècles passés l’industrialisation de la France. Et dans l’après-guerre, créé ou dirigé ELF – le pétrole, les coups d’État en Afrique -, Renault et la bagnole, le nucléaire bien sûr avec EDF, la Cogema, le CEA. Les Ponts, c’est le programme autoroutier, les barrages sur les rivières, les châteaux d’eau et les ronds-points, le béton armé et les cités pourraves de toutes les banlieues. Les Eaux et Forêts, enfin, ont massacré la campagne en remembrant, en arasant des centaines de milliers de km de talus boisés, en aidant à la diffusion massive des pesticides via les directions départementales de l’agriculture dont ils furent les maîtres.

Joyeux, pas vrai ? On crée un ministère en 1971 et on refile les clés à ceux qui ont tout salopé en leur demandant de faire exactement le contraire de ce que leurs chers ancêtres ont fait. En oubliant en plus leur magnifique formation, qui laisse de côté tout ce que l’écologie scientifique a maintes fois établi. Le ministère de l’Environnement de 1971 ? Le ministère de l’Écologie de 2021 ? On sait se marrer, dans les hautes sphères.

Cadeau de Noël (européen) pour la Tunisie

La Tunisie. Sidi Bou Saïd et Djerba pour les ploucs d’ici, qui paient l’illusion et le décor. Derrière, il y a tout de même 12 millions d’habitants, dont tous ne sont pas des djihadistes prêts à fondre sur le touriste traité au thé à la menthe.

Or ils sont au Sud. Or nous sommes du Nord, ce qui nous donne le droit de vomir dans leur encolure et de leur adresser par cargos entiers ce qu’on ne veut plus enterrer ou brûler chez nous. L’association Robin des Bois exhume une histoire qui ne trouvera jamais sa place entre les nouvelles de Laeticia et la mort de l’ami – des éléphants – Giscard.

Que raconte Robin (1)? Qu’en avril 2020, en pleine panique coronavirale, les affaires continuaient. Un grand cargo quitte le port de Naples avec 282 conteneurs à bord, emplis jusqu’à la gueule de déchets ménagers et surtout hospitaliers. Le surtout est de moi, car enfin, faire voyager ainsi des boîtes de conserve et des restes d’ananas, est-ce bien raisonnable ? En revanche, n’est-il pas plus rentable, après avoir fait payer les hostos, d’expédier lancettes, perfuseurs, cathéters, aiguilles et poches de sang, éventuellement infecté chez les pauvres, de l’autre côté de la Méditerranée ? Si.

Après examen de la presse tunisienne, voici ce qu’on peut reconstituer de cette belle coopération Nord-Sud. Soit un journaliste courageux, Hamza Belloumi, qui présente sur la chaîne de télé privée El Hiwar Ettounsi une émission très regardée, « Les quatre vérités ». En 2019, après un reportage sur une école coranique où les enfants sont maltraités, il obtient une protection policière.

Début novembre 2020, il révèle l’existence d’un contrat qu’on devine juteux entre une société italienne basée à Naples, et une autre, Tunisienne, installée dans le port de Sousse. Cette dernière, Soriplast, prétend être spécialisée dans le recyclage des plastiques, mais reçoit sans broncher, selon le contrat signé avec les Italiens, 121 000 tonnes de rebuts ensanglantés par an, au prix de 48 euros la tonne. Le reportage révèle que 70 conteneurs sont déjà sous scellés et 212 en attente – de quoi ? – sur le port de Sousse.

Bien entendu, la Tunisie a signé, comme l’Italie d’ailleurs, toutes sortes de jolis textes qui prohibent totalement ce genre de trafics. Dans son cas, la convention de Bamako interdit l’importation en Afrique de tous les déchets dangereux, mais où est le mal, puisque cela fait marcher le commerce, et augmente d’autant le PIB d’un pays si tristement pauvre ?

Alors, dans une scène mille fois vue, on décide de faire péter le fusible de service, le directeur général de l’Agence nationale de gestion des déchets (ANGED). Bechir Yahya est relevé de ses fonctions, et les ministères, dont celui de l’Environnement, font les gros yeux, feignant de s’étonner qu’une telle horreur puisse se passer dans un pays si bien administré. Quant à la Direction générale de la douane, sans doute la mieux placée pour s’interroger sur 121 000 tonnes et des centaines de conteneurs, elle se montre, la charmante, « réservée ».

Oui et en effet, faut voir. Haythem Zaned, son porte-parole : « Nous ne sommes pas en mesure de nous prononcer sur cette affaire, car elle fait l’objet de litige avec la société en question ». Ainsi va le monde réel, dont ne parle jamais personne. À quand une inspection générale des docks de tous les ports français ? En France, le trafic de déchets à destination de l’Afrique se fait au grand jour. On sait depuis une enquête de Coraline Salvoch et d’Alain Pirot (2) que 60% de nos déchets électroniques finissent là-bas. En plaçant un GPS sur un vieil ordinateur déposé au coin d’une rue parisienne, ou une télé, ils ont pu suivre, et nous avec, leur grand voyage jusqu’à Lagos ou Accra. Que ne ferait-on sans ces décharges à ciel ouvert, où des gosses de dix ans, pieds nus, font des feux de camp avec notre filasse électronique et nos chers vieux disques durs ?

Notons qu’il n’y a pas que des mioches : regardons ensemble les belles aventures (3) d’Awal Mohamed, brûleur sur la décharge d’Agbogbloshie, dans la banlieue d’Accra (Ghana).

(1)robindesbois.org/les-cargos-de-dechets-voyagent-malgre-la-pandemie-covid-19/

(2)film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/55455_1

(3) youtube.com/watch?v=mIlNGjKJK-M

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Macron, l’homme qui parlait plus vite que sa parole

« J’irai au bout de ce contrat moral qui nous lie ». Ces mots fantaisistes sont de notre Macron préféré, le 29 juin 2020, face à 150 citoyens de la Convention Climat. Les 150 sont porteurs de 149 propositions que le président s’engage à défendre à l’exception de trois d’entre elles, pour lesquelles il abat, dit-il, « un joker ». Les autres seront transmises « sans filtre » soit aux députés, soit par référendum à tous les Français.

Et puis on part en vacances, les lobbies frappent à la porte grande ouverte de l’Élysée, et finalement tout devient à la fois brumeux et orageux. Alors parle le réalisateur Cyril Dion, l’un des animateurs de la Convention. Il a compris sans peine qu’un bel enfumage se préparait, et lance mi-novembre une pétition qui dit l’essentiel : « La parole présidentielle n’est pas respectée ».

Là-dessus, Macron pique sa crise, façon trépignements et coups de talon dans la moquette. Le 4 décembre, dans une interview à Brut destinée pourtant à amadouer la jeunesse, il compare l’attitude de Dion à celles des « fainéants » qui veulent tout sans seulement discuter. Il précise : « Je suis vraiment très en colère contre des activistes qui m’ont aidé au début et qui disent maintenant ‘il faudrait tout prendre’». Il a les boules, le pépère, faut le comprendre.

Dion est en effet tenu pour être « constructif ». Ne pas trop compter sur lui pour plastiquer le siège de Bouygues ou enlever Barbara Pompili. Il paraissait donc être le bon personnage pour le scénario élyséen, qui consiste à tout faire pour affronter au deuxième tout de 2022 miss Le Pen. Et gagner.

Mais les temps ont peut-être changé depuis le funeste Grenelle de l’Environnement de 2007, manipulé par Sarkozy. Dion, visiblement piqué au vif par les attaques de Macron, lui a aussi sec répliqué « Tenir parole, pour un président de la République, c’est le socle de nos démocraties ». Ajoutant plus tard : « Soit il est frappé d’amnésie, soit il est de très mauvaise foi et je penche pour la deuxième hypothèse ». Oui, les choses changent (un peu).

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 La ferme des 1000 vaches jetée dans la bouse

Difficile à distance d’imaginer la joie de tant d’amis. Eh ! Philippe Pallu, Philippe Salle, Michel Guillochon, et tous les autres, vous atterrissez ? La ferme des 1000 vaches, en tout cas, c’est terminé. L’association qui s’est tant battue contre cette monstruosité, Novissen (novissen.com) a réussi à tenir le coup plus longtemps qu’elle. Au 1er janvier 2021, la ferme de Drucat, près d’Amiens (Somme) ne livrera plus un seul litre de lait industriel.

Le 17 novembre 2011, 200 personnes portaient sur les fonts baptismaux une association merveilleuse, Novissen. Elle aurait pu connaître le sort de tant de comités NIMBY (1), mais elle devint un acteur important de la critique efficace du monde. En se liant à la Confédération paysanne, Novissen parvint à forger un argumentaire de haute qualité contre la surindustrialisation de l’agriculture. Les fêtes annuelles étaient l’occasion de débattre et de repartir à l’assaut.

Depuis des années, la ferme était mal en point. Par la grâce des opposants, la filière française du lait refusait de commercialiser la production des 1000 vaches – qui ne furent jamais que 880 -, obligeant une entreprise belge à s’en occuper. Au plan judiciaire, Novissen avait obtenu il y a un an une victoire en faisant condamner une ferme qui refusait de s’en tenir aux 500 bovins prévus. Elle reste aujourd’hui, annonce-t-elle, « plus que jamais aux côtés de toutes celles et ceux engagés au quotidien pour que naisse un autre monde, plus humain, plus fraternel et soucieux du sort animal ». Chapeau !

(1) NIMBY veut dire Not in My BackYard, et désigne ceux qui se battent pour leur jardin, mais pas pour les autres.

Retiens la nuit jusqu’à la fin du monde

Définition : une méta-analyse, c’est une étude qui recense et ordonne une vaste série de travaux scientifiques portant sur une question donnée. Des chercheurs de l’université d’Exeter (Grande-Bretagne) viennent d’en publier une belle dans la revue Nature, ecology and evolution (1). Elle porte sur 126 études publiées, et ce n’est pas aujourd’hui que je ferai rire aux éclats.

En effet, elle révèle que la pollution lumineuse a des effets à peu près insoupçonnés. Son auteur principal, Kevin Gaston : « The effects were found everywhere – microbes, invertebrates, animals and plants ». Or donc, microbes, animaux, plantes seraient touchés. Et le même d’ajouter qu’il serait temps de considérer la pollution lumineuse comme le grand désordre systémique qu’il est. À côté, tout à côté mais oui, du dérèglement climatique.

Mais de quoi parle-t-on ? De la fin de la nuit, très simplement. L’éclairage des villes, des ports, des rues, des autoroutes, des fermes même fait reculer partout le vital repos nocturne. De nuit, les êtres vivants fabriquent une hormone, la mélatonine, qui régule les cycles du sommeil. Eh bien, toutes les espèces animales étudiées en ont un taux de production diminué à cause de la lumière, ce qui bouleverse tous leurs rythmes.

Des exemples ? Les insectes pollinisent moins. Les arbres sont en feuilles plus tôt au printemps. Les oiseaux de mer se tuent en heurtant les phares. Les oiseaux de terre chantent plus tôt, confondant l’aube et la gabegie lumineuse. Les rongeurs, qui se nourrissent la nuit, mangent moins à cause des illuminations. Les tortues de mer, attirées par les halos fous des hôtels, se perdent à terre, croyant avoir trouvé le jour.

Sommes-nous concernés ? Ce n’est pas impossible. Nous avons ainsi laissé déferler les lampes LED, ce douteux miracle qui nous a été vendu comme un « progrès ». Elles durent plus longtemps, mais profitant de cette « économie », les autorités de tout niveau en ont augmenté le nombre et la puissance. Or leur luminescence a un spectre plus large, comme le soleil.

Les images satellite montrent sans surprise une planète qui repousse sans cesse plus loin la nuit : l’augmentation des lumières extérieures serait d’au moins 2% par an. Mais il serait injuste d’accuser d’inaction nos gouvernants. Un pompeux Arrêté (3) « relatif à la prévention, à la réduction et à la limitation des nuisances lumineuses » a bien paru au Journal officiel du 27 décembre 2018. Grotesque et impuissant, il affirme que « les émissions de lumière artificielle des installations d’éclairage extérieur et des éclairages intérieurs émis vers l’extérieur sont conçues de manière à prévenir, limiter et réduire les nuisances lumineuses ». Je dirais même plus : il faut « prévenir, limiter et réduire ».

Pendant ce temps d’inaction radicale, les astronomes gueulent dans le vide. Ceux de l’Union astronomique internationale ont publié il y a quelque temps un document qui raconte la folie des satellites, cette autre menace (3), hélas en anglais. J’en extrais cette phrase : « Outre leur visibilité à l’œil nu, on estime que les traînées des satellites seront suffisamment lumineuses pour saturer les détecteurs des grands télescopes. Les observations astronomiques scientifiques à large champ seront donc gravement affectées ».

Rappelons que le crétin intersidéral Elon Musk, qui tient le président américain – après Trump, Biden ? – by the balls, programme d’envoyer au total 42 000 nouveaux satellites dans l’espace. Il vient de proposer de les équiper de pare-soleils. Authentique.

Il y aurait bien une solution, qui consisterait à éteindre la lumière dans des millions de points terrestres où elle n’est qu’un gaspillage évident. Et de la limiter ailleurs. Mais ainsi que le note Kevin Gaston, « notre aptitude à changer la nuit en quelque chose qui ressemble au jour va bien au-delà de la nécessité de le faire ». Mehr Licht – plus de lumière -, aurait murmuré Goethe sur son lit de mort. Sommes-nous assez cons pour ne plus supporter le noir, en plus du reste ?

(1) Le plus simple, désolé, est de taper sur un moteur de recherche : A meta-analysis of biological impacts of artificial light at night

(2) theguardian.com/environment/2020/nov/02/treat-artificial-light-form-pollution-environment

(3) legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000037864346/

(4) iau.org/news/pressreleases/detail/iau2001/

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Mélenchon et Montebourg s’embrassent sur la bouche

Mélenchon, poil au menton. Lectrice énamourée, toi qui aimes le Grand Jean-Luc, lecteur envapé par le chef de la France insoumise, épargne-toi ce qui suit. Donc, le voilà candidat. Et l’un de ses amis, le député Adrien Quatennens, souhaite gentiment que Mélenchon fasse « équipe » avec Arnaud Montebourg. On voit l’intérêt : rassembler plus largement au premier tour, de façon à atteindre le second. Comme ces gens sont malins.

On le sait, la France Insoumise ne veut plus des accords politiciens d’antan, qui provoquent abstention ou, pire encore, le vote Le Pen. La clarté passe avant l’unité. Avec elle, on ne reverra pas de sitôt les accords pourraves qui décourageaient les meilleures volontés. Sauf que.

Sauf que Mélenchon se veut plus écologiste que René Dumont, Ivan Illich et André Gorz réunis. Montebourg colle-t-il avec le programme ? Ce petit monsieur, à peine nommé par Hollande ministre du Redressement productif – on ne rit pas -, s’empresse de déclarer en août 2012 que « le nucléaire est une énergie d’avenir », précisant pour les sourds que « la France a un atout extraordinaire entre ses mains [avec le nucléaire] qui lui a permis de bâtir son industrie ». L’année d’avant, il avait eu cette pensée visionnaire : le nucléaire « est le moyen d’avancer sur le chemin de la réindustrialisation ».

Six mois plus tard, il donne à la société Rexma un permis d’exploitation d’une mine d’or en Guyane. Dans un secteur du Parc National interdit à l’activité minière. Mais c’est cohérent, car Montebourg veut aussi rouvrir la criminelle mine de Salsigne, dans l’Aude. Tout pour la production !

Ajoutons enfin que Montebourg était jusqu’en 2016 un chaud partisan de l’exploitation des gaz de schiste en France, rêvassant de créer une industrie prospère, et bien entendu « propre ». Il s’appuyait sur un rapport secret, finalement publié par Le Figaro, qui vantait des « bonnes pratiques et des réglementations contraignantes, sous le contrôle de l’administration ». Ah ! charmant garçon. 1981, le retour.

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Les SDHI en veulent aussi au poisson zèbre

Résumons ce qui ne peut pas l’être. L’agrochimie – Bayer-Monsanto, BASF, Syngenta – a ouvert un nouveau marché avec les fongicides SDHI, l’un des chevaux de bataille du mouvement des Coquelicots. Une procédure judiciaire lancée par les Coquelicots – soutenue par Générations Futures et FNE – réclame l’interdiction de trois de ces molécules. Pour commencer.

Pourquoi ? J’ai longuement raconté dans un livre (Le crime est presque parfait, LLL) comment une équipe scientifique a été violentée par l’administration française, en l’occurrence l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES). Pierre Rustin et Paule Bénit, de l’INSERM, et quelques autres chercheurs avaient dès avril 2018 alerté sur le danger de ces nouveautés. Rustin, spécialiste mondial des maladies mitochondriales, et Bénit avaient pu montrer avec clarté que les SDHI s’attaquent au cœur de la respiration des cellules humaines et de quantité d’autres êtres vivants.

L’ANSES les a ridiculisés avant de faire (un tout petit peu) machine arrière devant l’accumulation des preuves. Et voilà que deux études récentes renforcent les pires inquiétudes. La première (1) montre que le bixafen, l’un des SDHI, provoque de graves anomalies in vivo du système nerveux chez le poisson zèbre, modèle de nombreuses études de toxicologie. Et la seconde (2) décrit la toxicité du fluxapyroxad, un autre SDHI, sur le développement de ce même poisson. L’ANSES, grande amie des hommes et des écosystèmes.

(1) https://insb.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/le-bixafen-un-sdhi-fongicide-provoque-des-anomalies-du-systeme-nerveux-chez-le-poisson

(2) sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0045653520312303

Un bon Français contre les Aborigènes

Je vais te parler d’un bon gars français qui s’appelle Jean-Sébastien Jacques, né en 1971. Connais pas la famille, mais je devine que papa ne bossait pas chez Renault à assembler des 4L. Fiston a fait Louis-Le-Grand, puis l’École Centrale Paris, créée en 1829, où les anciens élèves – André Michelin, Robert Peugeot, Bouygues – s’appellent entre eux « pistons », on se demande pourquoi. L’ancien Premier ministre et comique Raymond Barre y a enseigné, on voit donc le genre.

Jean-Sébastien a fait une carrière de toute beauté avant de devenir en 2016 le CEO – acronyme anglais qui veut dire grand chef – de Rio Tinto. Ce groupe minier multinational emploie 50 000 personnes dans le monde et troue la terre partout à la recherche de cuivre, d’or, de bauxite, de diamants, d’uranium, de charbon, etc.

Attention, ce n’est pas facile, car comme le dit l’entreprise elle-même, « Nous travaillons fort pour laisser un héritage positif et durable là où nous exerçons nos activités » (1). Fort de ce fier engagement, Rio Tinto, est installée depuis des décennies dans la région de Pilbara, dans l’Ouest de l’Australie, où le sous-sol est farci de fer. La boîte a un rang à tenir : elle en est le premier producteur privé au monde. Pilbara, que personne ne connaît, est presque aussi grande que la France, mais avec 40 000 habitants seulement, la plupart rassemblés sur la côte.

Et le fer est au centre, là où vivent les Abos, habitants premiers de l’île-continent. Comme Rio Tinto aime la culture et les peuples autochtones, elle envoie ses missionnaires parler, puis passer des accords dès 1995 avec des représentants aborigènes. Quels accords, quelles contreparties ? On ne peut qu’imaginer. En tout cas, tout cela est « légal ».

De toute façon, Rio Tinto le jure (1), « We recognise the cultural, spiritual and physical connections that Traditional Owners have with the land, water, plants and animals across the Pilbara region of Western Australia ». Rio Tinto reconnaît les liens culturels, spirituels et physiques que les Abos entretiennent avec l’eau, la terre, les plantes, les animaux.

Un jour de mai dernier, Rio Tinto décide qu’elle a marre, des salamalecs de ces tordus. Ça va un peu, le respect. Des grottes très anciennes et des abris sous roche, tenus pour sacrés empêchent qu’on aille chercher le fer planqué au-dessous. Certains de ces vestiges ont 46 000 ans d’âge, il y a un os de kangourou taillé en forme de lame voici 28 000 ans. Et une tresse de cheveux qui pourrait avoir 4000 ans. On a beau savoir depuis le début, on fait sauter le tout.

En Australie, la chose est (presque) courante, et les autorités, qui sont à la botte, l’acceptent. Mais cette fois, ça ne passe pas. Les Aborigènes du coin ont appris par des analyses ADN qu’ils sont les descendants directs de ceux qui habitaient ces cavernes. Et ils hurlent. Et on les entend enfin.

Du coup, on pique dans un premier temps une prime de trois millions d’euros à cette petite frappe distingués appelée Jean-Sébastien Jacques. Mais comme l’incendie se propage, on décide de le lourder. Est-il le seul responsable (humour) ? Convolons, si tu le veux bien, vers l’île de Bougainville, à 3000 km de l’Australie. Ce territoire fait partie de la Papouasie-Nouvelle Guinée, et son sous-sol est rempli de ces bonnes choses à manger qu’on trouve en Australie.

Rio Tinto y a exploité une mine géante de 1972 à 1989. Prétextant des troubles – réels -, la transnationale a tout fermé, mais en laissant des cadeaux derrière elle. Le plus beau est ce milliard – milliard – de tonnes de déchets miniers souvent toxiques. Placés à la va-vite derrière des digues qui ont cédé, ces résidus ont fini par tout contaminer.

Or habitent là-bas 12 000 Papous que leurs voisins appellent en toute simplicité « les maudits ». Theonila Roka Matbob, ministre de l’éducation de Bougainville (2) : « Nos terres sont détruites et nos rivières empoisonnées. Les enfants boivent et se baignent dans une eau polluée et tombent malades. Des terres nouvelles sont encore inondées par les déchets de la mine ». Mais il faut creuser, non ?

(1) riotinto.com/can/sustainability.

(2) rnz.co.nz/international/pacific-news/413260/rio-tinto-remains-responsible-for-panguna-mine-damage-says-report

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Daddy, foutage de gueule sucrée

Je découvre une campagne de pub qui devrait bientôt tout recouvrir. Signée Daddy, elle vante le sucre de betterave. Nul doute qu’elle aurait eu lieu de toute façon, mais évidemment, le contexte joue son rôle. Je rappelle que l’Assemblée nationale a validé une dérogation pour que les betteraviers industriels puissent épandre des néonicotinoïdes sur leurs saines monocultures. Des néonicotinoïdes massacreurs d’abeilles dont une loi interdisait l’usage depuis septembre 2018.

Daddy, donc. Les premières affiches montrent toutes des feuilles de betteraves, agrémentées de phrases comme « Au commencement, Daddy est végétal », ou bien « Daddy vous rappelle que le sucre est une plante ». Daddy. Le nom sent déjà l’arnaque. Il s’agit d’une filiale du groupe industriel Cristal Union, lui-même né de l’univers glauque de grosses coopératives agricoles, qui ont versé depuis longtemps dans l’intensif et le pesticide.

Or Cristal Union va très mal, et additionne de lourdes pertes qui peuvent atteindre 10% du chiffre d’affaires. Une seule solution : la fuite en avant, et la promotion d’un sucre blanc addictif dont on sait tout le bien qu’il procure à la santé des humains.

En attendant, la pub. Ce que Cristal Union ne dira jamais, c’est que le groupe crame dans ses distilleries des milliers de tonnes de ses si bonnes betteraves pour les transformer en un bio nécrocarburants. Ces gens, qui prétendaient nourrir le monde, ne se gênent pas pour détourner du marché de la faim des plantes alimentaires.

Globalement – les chiffres ne les distinguent pas – le blé et la betterave permettent de produire 12 millions d’hectolitres de bioéthanol, que l’on retrouve à la pompe sous le nom SP95-E10 et E85. Soit des centaines de milliers de tonnes de carburant, dont le tiers est exporté.

Cristal Union a commencé la chose en 2007 dans sa distillerie de Bazancourt, près de Reims et ne peut plus s’arrêter. Vous ai-je dit qu’en 2007, j’ai écrit La faim, la bagnole, le blé et nous ? Ce petit livre racontait la constitution du lobby des bio nécrocarburants, et son infamie. Personne n’a moufté, y compris chez les zécologistes officiels. C’est trop tard.

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Bertrand Piccard pour tout plein d’aéroports

Bertrand Piccard, vous voyez ? Ce sympathique Géo Trouvetou a réalisé des exploits avec son avion solaire et préside la Fondation Solar Impulse. Le 4 octobre, il signe une tribune dans le Journal du Dimanche (1) avec une championne de voltige aérienne, Catherine Maunoury. Et ils sont pas contents.

En résumé, ils en ont marre de ce qu’ils appellent l’« avion-bashing ». Extrait : « L’aviation subit des attaques sans commune mesure avec son impact réel sur le climat. Elle est devenue l’otage d’une idéologie qui prône la décroissance ».
La réponse est venue d’un mouvement dont j’ignorais l’existence, Notre Choix, et me paraît à moi digne d’intérêt (2). Piccard et Maunoury insistent sur la diminution de la pollution par km parcouru en avion, et c’est vrai. C’est même spectaculaire. Mais ils oublient audacieusement que l’augmentation du trafic aérien est telle – il devrait encore doubler d’’ici quinze ans – que la pollution globale du secteur explose. D’après des chiffres sérieux, elle aurait été multipliée par deux au moins en 20 ans.

Le reste du texte me paraît moins convaincant, empreint qu’il est d’excuses et d’embarras. Je suis très étonné que ne soit pas évoqué l’exemple magnifique de Notre-Dame-des-Landes. Car derrières les avions, il y a bien entendu une vision du monde. Une façon de vitre, de se déplacer, de ruiner par le tourisme de masse la plupart des pays du monde. Et des centaines, et des milliers d’aéroports nouveaux que cette folie oblige à concevoir. Piccard, n’importe quoi.

(1) lejdd.fr/Societe/tribune-cesser-lavion-bashing-et-la-tentation-du-bouc-emissaire-pour-construire-laviation-de-demain-3995946

(2) lareleveetlapeste.fr/non-lutter-pour-la-reduction-du-transport-aerien-ne-releve-pas-du-fanatisme/

Ce téléphone est (insup)portable

Publié sur Charlie

Essayons de prendre cela avec bonne humeur, mais ça va chier. Vraiment navré. Des petits salopiauds allemands viennent de réaliser une méta-analyse – analyse d’analyses – portant sur 190 études publiées. Sur le total, 83 ont été jugées scientifiquement relevant – pertinentes – et 72 de ces dernières montrent que les ondes des téléphones portables ont des effets négatifs sur les abeilles, les guêpes, les mouches.

Les effets décrits sont nombreux : désorientation des bestioles, ce qui peut conduire au drame, atteintes au « matériel » génétique et à la santé des larves, dégradation des champs magnétiques, vitaux pourtant. Est-ce possible ? Apparemment, ça l’est. Le rayonnement des portables et des réseaux sans fil, type WIFI, pourrait provoquer, chez les insectes exposés, une ouverture de leurs canaux calciques. Qu’est-ce donc, ami de la science ? D’abord un canal ionique, présent dans la membrane de toute cellule, qui permet le passage au travers d’un ou plusieurs ions à très grande vitesse. Des ions de sodium, de potassium, de calcium dans le cas qui nous intéresse. Leur rôle, dont tu n’as jamais entendu parler, mon ami lecteur de Mickey Parade, est essentiel.

Si une petite main anonyme – le portable, simple exemple – entrouvre les canaux calciques d’une abeille, celle-ci laisse passer dans un grand désordre des ions calciques qui sèmeront leur merde dans le maintien des insectes et leur reproduction. Car la prolifération d’ions calcium provoque ce qu’on nomme un stress cellulaire. Bien entendu, il ne s’agit que d’un facteur aggravant. La cause centrale de la mort accélérée des insectes – probablement, et en moyenne, la biomasse des arthropodes des prairies a diminué des deux tiers en dix ans -, c’est bien sûr les pesticides. Et la perte des habitats favorables qui lui est associée.

Il n’empêche, mon bel ami. Le portable, dont on savait déjà qu’il est une bouse, renforçant l’individualisme délirant de l’époque, menace donc les insectes de ses ondes. Ne surtout pas croire que cette étude est unique en son genre. En vérité, d’autres travaux scientifiques, depuis au moins dix ans, rapportent les mêmes conclusions que personne ne veut voir.

J’extrais pour ta complète information cet extrait du journal Daily Telegraph du13 mai 2011 : « Signals from mobile phones could be partly to blame for the mysterious deaths of honeybees, new research shows ». De Nouvelles études montrent que le portable pourrait être en partie responsable de la « mystérieuse mort des abeilles ». Et il y en a plein de la sorte, tout au long de chaque année, comme cette conférence en anglais, que je recommande, et qui date, elle, de 2013 (2).

Nous ne sommes pas, j’en conviens, dans le champ si restreint de la preuve scientifique parfaite et définitive. Les démonstrations de cette sorte sont rarissimes, même pour des poisons aussi évidents que l’amiante. Le tabac n’a-t-il pas fait l’objet de polémiques télécommandées par l’industrie pour mieux tromper les sociétés humaines ?

À ce stade, un peuple adulte aurait l’obligation de mettre le sujet des portables sur la table, et de ne plus lâcher. Mais ce n’est pas du tout ce qui se passe. Ayant interrogé quelques écologistes estampillés, je constate que l’affaire n’a pas pénétré leur esprit. Ah ! si l’on pouvait incriminer une transnationale, il en irait tout autrement. Mais en la circonstance, il suffit d’un examen de conscience, et c’est déjà trop.

Ce que révèle après bien d’autres prises de tête l’affaire des portables, c’est que la guerre en cours est d’une nature inédite. Oui, assurément, il s’agit d’une guerre d’extermination de tant de merveilleuses formes vivantes. Mais à la différence des conflits passés, il n’y a pas eux et nous. Il n’y a pas cette ligne capable de désigner les bons et les méchants. Le front passe à l’intérieur de nous-mêmes, qui ne cessons d’envoyer nos obus personnels, dessinés, décorés et contresignés de nos propres mains. Tant que nous n’aurons pas reconnu l’aliénation par les objets, nous ne ferons plus un pas en avant.

(1) baden-wuerttemberg.nabu.de/imperia/md/nabu/images/regional/bw/einmaligeverwendung/thill_2020_review_insekten_komplette_studie_mit_zusammenfassung.pdf

(2)researchgate.net/publication/246044829_The_Effect_of_Cell_Phone_Radiations_on_the_Life_Cycle_of_Honeybees

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Regain zadiste sur les rives de la Loire

Pas de cris, pas de désespoir : on y reviendra. Et même, on ira sur place. Mais en attendant mieux, et vous savez le peut-être, une nouvelle Zone à défendre (ZAD pour les heureux intimes) s’est installée tout contre notre Loire. C’est à 35 km en aval de Nantes. Le Carnet, c’est un territoire naturel de près de 400 hectares, que les aménageurs, qui aménageraient aussi sur Mars, avaient placé en réserve foncière, pour le cas où.

Et le cas est. Le Grand port maritime de Nantes Saint-Nazaire (autrefois appelé le port autonome) est un tout-puissant Établissement public, qui a salopé depuis des décennies notre plus bel estuaire, celui de la Loire. À coups de terminaux pétroliers ou à soja, et d’installations pétrochimiques. Mais le géant n’a jamais assez d’espace et veut maintenant choper 110 des 400 hectares évoqués, dont 51 sont une zone humide, officiellement intouchable. On parle là de 116 espèces animales et végétales protégées.

Côté zadistes, l’ambiance est combative. Extrait de leur site (https://stopcarnet.fr) : « La Zad du Carnet s’est implantée le 31 août aux entrées du site du Carnet que le gouvernement et les industriels veulent convertir en zone industrielle. Nous ne quitterons pas les lieux tant que le projet ne sera pas abandonné».

Côté massacreurs, il y a de la drôlerie et de la novlangue dans l’air. Ils avancent que les 110 hectares serviront à un « parc technologique » plus vert tu meurs. La distrayante présidente – Les Républicains – de la région pays de la Loire, Christelle Morançais : «Le site du Carnet, qui à terme pourrait générer 1200 emplois directs, portera l’écologie de demain. C’est ici que va s’inventer un avenir plus vert et plus écoresponsable ».

Ce qui commence ne sera pas simple, car les écolos endimanchés ont déjà accepté le projet, avec réserves, au moment de l’enquête d’utilité publique de 2017. La LPO – amie de Charlie -, France Nature Environnement (FNE), Bretagne Vivante – dont je suis membre – sont salement coincées. Mais changer d’avis n’a jamais fait de mal à personne.

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Les blaireaux ne sont pas ceux qu’on croit

Parlons-nous tous la même langue ? Partageons-nous assez d’idées et d’émotions pour habiter la même terre ? Lectrice et lecteur, envoyez-moi vos réponses, car la question m’angoisse.

Un ami lointain mais vrai, Pierre Rigaux, m’adresse une vidéo de trois minutes sur un massacre coutumier de ces blaireaux qui ressemblent tant, parfois, à des petits ours. J’en ai vu bien des fois sur le chemin d’un hameau où je suis allé vingt années, entre Causses et Cévennes.

Que voit-on ? Des humains qui d’abord élargissent la piste d’entrée d’un terrier de blaireau. À la pelle. L’un d’eux fourre ensuite à coups de pompes un chien – un jack russel, je crois – au fond du trou. Le chien et ses dents horribles sont là pour choper l’animal au museau. Quand il a harponné la bête, il tente de sortir du trou en reculant. Dans une variante qui n’est pas dans la vidéo, un mec à casquette et combinaison verte de travail tire les pattes arrière du chien.

Quand le blaireau apparaît, les rires des tueurs fusent. Deux armes différentes servent au massacre. De longues pinces en acier, qui permettent de le saisir par le nez en l’écrasant. Et des bêches, avec lesquelles on lui détruit le cerveau. On entend : « Vas-y ! Prends ça ! Il faut un bon coup ! ». Et en effet, ça cogne.

Si on veut en savoir plus, on peut se renseigner auprès de One Voice (2) ou de l’ASPAS. Commentaire des premiers : « Combien de milliers de cadavres et d’images ignobles faudra-t-il pour rallier le public et les politiques à la cause de ces animaux martyrs ? ». Pas mieux à dire.

(1) https://vimeo.com/454047065

(2) https://one-voice.fr/fr/blog/chasse-des-blaireaux-lenfer-sous-terre.html