Archives mensuelles : août 2009

Ajout (triste) sur le parc national des Pyrénées

D’abord merci à l’un de mes lecteurs, Maraudeur, qui me signale une nouvelle qui m’avait échappé. Je signalais l’autre jour une grande farce en cours au parc national des Pyrénées (ici). L’État – qui, dans l’État ? – avait décidé de nommer au conseil d’administration de ce parc une ennemie jurée de l’ours. En lieu et place de l’association régionale de protection de la nature, qui détenait depuis des lustres ce strapontin.

Bon, quelles sont les nouvelles ? Il y a recul, et la madame qui déteste tant les ours n’aura finalement pas son siège au conseil d’administration (ici). Ce pourrait être un moment de joie partagée pour tous ceux qui disent – j’en suis – que l’ours a sa place, toute sa place, dans ce grand paradis que sont les Pyrénées. Mais la fête, si elle a lieu, se fera sans moi.

J’ai sous les yeux le texte de l’Uminate, l’association régionale fédérée à France Nature Environnement. La vie reprend. Celle d’avant. Celle des réunions calmes et sages. Celle des compromis qui se changent peu à peu en compromissions. Je n’accuse pas des personnes, je désigne un processus par lequel ceux qui devraient défendre la vie sauvage ne cessent de reculer et de s’excuser d’être encore là. Je le rappelle, l’ours est dans ce pays que nous occupons depuis environ 250 000 ans, une époque où les humains ne se bousculaient pas au portillon.

En quelques petits siècles, le déclin de cette espèce fabuleuse n’a cessé de la rapprocher du néant, en France du moins. Ne remontons pas à ce bon vieux Mathusalem. L’ours était présent en Franche-Comté il y a 150 ans seulement. Dans les Alpes, jusqu’en 1937, date à laquelle les Pyrénées « françaises » en abritaient encore entre 150 et 200. En 1954, il en restait sans doute 70, et 36 en 1970. Et 18 en 1981. En 1988, le 6 octobre précisément, notre Mitterrand proclamait sans rire : « En 1982, j’avais lancé un appel pour la sauvegarde de l’Ours ; et bien ! Je recommence ! », ajoutant ce mot admirable : « À quoi servirait-il de protéger les ours si dans un même moment on détruit leur habitat ? ».

Et en effet, vieux renard, à quoi bon ? Il n’y a pratiquement plus d’ours autochtones dans les Pyrénées. Deux, peut-être trois entre Ossau et Aspe, auxquels il faut ajouter ceux qu’on a fait venir de Slovénie, et qui ont été relâchés dans les Pyrénées centrales. Une génération humaine aura suffi pour achever 250 000 années de présence ursine. Un tel désastre mériterait peut-être qu’on s’y arrête. Qu’on réfléchisse. Qu’on parle avant que d’agir d ‘une manière enfin déterminée contre tous ceux qui empêchent la cohabitation.

Je constate que bien des acteurs, y compris du côté naturaliste, sont incapables du courage nécessaire au sursaut. Il faut, il faudrait une assemblée constituante, seule capable de définir une vraie stratégie, et de s’y tenir. Une stratégie enfin offensive, unifiant toutes les forces disparates qui défendent encore l’animal. Cela ne serait peut-être pas suffisant, certes. Mais c’est devenu nécessaire. Obligé. Jouer le jeu de la concertation avec des gens et des structures qui ont tué ce rêve sans égal ne peut mener nulle part. Ne mène nulle part. N’aura mené qu’à la destruction définitive du pacte immémorial passé sans un mot entre nous et eux.

Croyez-le ou non, mais j’ai honte.

Le développement durable vu par une turbine (Alstom)

Je ne vais pas vous embêter longtemps avec le barrage des Trois-Gorges, en Chine. Beaucoup d’entre vous doivent savoir l’essentiel. C’est le plus grand jamais réalisé, avec 2335 mètres de long. Il a permis de couler 27 millions de mètres cubes de béton, et emmagasine, lorsqu’il est plein, 39 milliards de mètres cubes d’eau. Qu’il faut bien mettre quelque part : à l’amont du barrage sur le Fleuve bleu, ce Yangtsé qui est un fleuve sacré de la tradition chinoise, le lac de retenue approchera les 600 km de long !

Et j’arrête là. Je ne parlerai donc pas des millions de paysans expulsés, des risques trop réels de tremblement de terre, de la destruction désormais accomplie d’un des plus grands écosystèmes naturels de la Chine. Une consolation au milieu de ce deuil général : nous en avons bien profité. Nous, ne finassons pas. À commencer par l’entreprise Alstom, qui compte 80 000 salariés, leader mondial et néanmoins français dans les infrastructures de production d’électricité et le transport ferroviaire, surtout à grande vitesse.

Par hasard ou presque, je suis tombé sur une page de propagande publiée sur le site internet d’Alstom (ici). On y lit par exemple : « Propre, renouvelable, et puissante, l’hydroélectricité est une des sources d’énergie majeures à travers le monde, du barrage des Trois-Gorges en Chine, à celui d’Itaipu, au Brésil. Avec une expertise inégalée dans ce domaine, Alstom a fourni les équipements de plus d’un quart des centrales en opération ». Alstom a fourni 12 des 26 turbines géantes des Trois-Gorges, offrant ainsi une formidable contribution française à la destruction du Fleuve bleu. Bien entendu, je suis fier.

Et ce n’est pas tout. Mais cela se passe de commentaire, je crois  :

« Respect de la faune et de la flore

Fidèle à sa stratégie « Clean Power », Alstom travaille à réduire encore l’impact environnemental des installations hydroélectriques. Des solutions avancées ont été développée par les ingénieurs du groupe pour éviter les rejets d’huiles ou de lubrifiants dans l’eau conçues spécialement pour ne pas porter atteinte aux poissons en facilitant leur passage à travers l’ouvrage. »

Je n’ajouterai qu’une chose : le capitalisme vert, façon Sarkozy et tant d’autres, est en marche depuis de longues années déjà. Il compte quantité d’alliés dans le mouvement écologiste « officiel », celui qui mange dans la main des maîtres. Retenez ceci : il se prépare une opération de publicité géante à l’occasion de la réunion mondiale sur le climat, qui se tient à Copenhague en décembre. Le funeste Grenelle de l’environnement a permis à Sarkozy d’apparaître – lui ! – comme un champion de l’écologie. Le mal est fait. La même bande s’apprête à introniser notre président leader mondial de la lutte contre l’effet de serre. Grâce au nucléaire made in France, opportunément laissé à la porte du Grenelle.

Le lien avec Alstom est (presque) évident. Les hommes du président, ceux d’Alstom et les quelques vedettes autoproclamées du mouvement écologiste font ce qu’on appelle aux Amériques du storytelling (1). Cette technique permet aux entreprises de créer et raconter des histoires auxquelles le groupe finit par croire. Cela ne date pas d’hier, non. Mais cela se développe et se développera, durablement à n’en pas douter. L’étau se resserre.

(1) Christian Salmon, Storytelling. La Machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits (La Découverte)

Sarkozy et Rocard font du pédalo (fin provisoire de la série)

Notre président, en vacances avec son épouse au Cap Nègre, alors que la BNP décide d’accorder un milliard d’euros supplémentaires à ses traders en 2009. Tête de ses petites mains de l’Élysée, qui assurent la permanence. Tête de ses petites mains, qui se refilent un à un tous les articles – ceux de la presse régionale sont étudiés à la loupe binoculaire – parus dans les journaux.

Conclusion des petites mains industrieuses : ça craint. Un ou deux sondages confirment l’affreux pressentiment. La France du mois d’août se demande si l’on ne se foutrait pas un peu trop ouvertement de sa gueule. Les petites mains palabrent, se concertent, et tirent à la courte paille celui – celle – qui appellera le premier le président en vacances. Une variante de la même histoire – mais cela, non, ce n’est pas crédible – ajoute une touche aéroportée. Une petite main prend un avion de la flotte élyséenne, toujours disponible, et se fait déposer à l’aéroport de Toulon. Là, un hélicoptère l’emmène, bravant le ciel bleu, jusqu’au-dessus de la propriété des Bruni, au bord de la mer. Un minuscule héliport, caché sous les pins, permet enfin à l’envoyé(e) parisien(ne) de se poser à moins de cent mètres de monsieur Sarkozy, qui en arrête de manger sa tablette de chocolat.

Et le lendemain matin, tôt, l’Agence France Presse diffuse dans le monde entier une dépêche qui commence comme cela : « Nicolas Sarkozy a demandé au gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, d’appliquer « avec fermeté » les règles en matière de rémunération dans les banques et réunira le 25 août les acteurs du secteur bancaire et financier, a annoncé vendredi l’Elysée ».

Le texte de l’AFP est évidemment authentique. Le reste peut l’être, je ne sais pas tous les détails. Dernière question, obsédante pour moi – voir les épisodes précédents – : Michel Rocard viendra-t-il faire du pédalo avec Nicolas Sarkozy ? Deux grands hommes sur un frêle esquif, devisant sur l’avenir du monde et des traites impayées, cela serait beau. Cela serait grand. Je propose que madame Bruni, sous nos applaudissements préenregistrés, offre au dernier moment sa place au bon vieux Rocky. Car, rappelons-le, il n’y a que deux places sur les pédalos ordinaires.

Sur le fond, je retiens le mot fermeté. Je sens que la réunion du 25 août va être horrible pour les banquiers. Je les imagine déjà privés de rafraîchissements, sous le dur soleil estival, tandis que notre président lèverait un index jupitérien dans leur direction. C’est bien simple : j’imagine le pire.

Madame Schapiro est-elle copine avec Michel Rocard ? (quater)

Oh, cette blague-là, je l’adore. Les voyages (électroniques) forment-ils réellement la jeunesse ? Comme je n’ai plus grand chose à perdre dans l’affaire, je dirais oui. Oui. Grâce à une amie, que j’embrasse au passage, je viens de lire un deuxième article du New York Times en deux jours. Et je dois bien constater qu’il est génial (ici).

Il est la suite presque évidente du premier qui, je le dis pour ceux qui viennent d’arriver, alertait sur l’apparition du high-frequency trading. Il s’agit d’une pratique de ruffians qui consiste, chez les grands banquiers de la planète, à utiliser des ordinateurs bien plus puissants que ceux des petits joueurs de la Bourse. Grâce à quoi ils gagnent beaucoup, beaucoup d’argent en anticipant de quelques millisecondes les opérations financières banales.

Et voilà donc que le New York Times remet le couvert. Quoi de neuf ? Vous n’allez pas le croire : la SEC prévient les méchants de l’histoire qu’elle ne va pas tarder à se fâcher. Attention, les gars ! Planquez-vous, la SEC arrive ! La SEC, ou Securities and Exchange Commission, est en quelque sorte le gendarme de la Bourse. Un gendarme qui boirait des coups avec les malandrins, tandis que les honnêtes gens se trouveraient saucissonnés au bas de leurs lits. La SEC n’a ainsi jamais soupçonné que Bernard Madoff avait truandé des dizaines de milliards de dollars en quarante ans d’activités qui se déroulaient juste sous son nez.

Mais aujourd’hui, la crise ayant frappé, tout a changé, et la SEC fait les gros yeux. Elle entend s’attaquer aux techniques de  high-frequency trading, qu’on appelle aussi flash orders, c’est-à-dire probablement des ordres flash. Un sénateur, qui mériterait pour cela d’entrer dans l’Histoire, Charles E. Schumer, a déclaré sans reprendre même sa respiration : « Nous voulons savoir si des gens utilisent ces technologies dans des buts illicites, comme par exemple tromper les marchés ou prendre de l’avance dans la connaissance des achats et des ventes ». Et il a aussitôt ajouté que la patronne de la SEC, Mary L. Schapiro, « va essayer de séparer les innovations, qui sont bonnes, de ces manières de prendre le dessus sur les gens, qui doivent, elles, être interdites ».

Schumer, si tu me lis, sache que ta vraie place est à la droite de notre Seigneur à tous. Tu mérites mieux que le Sénat. Tout comme madame Schapiro, d’ailleurs, qui parle de supprimer les flash orders, qui font tant de mal aux pauvres gens. Il est aussi question de dark pools, qui sont des plate-formes anonymes d’échanges, lesquelles, ces vaches, veulent également du mal au bon peuple.

Mais je me vois hélas contraint de me démentir, seulement quelques lignes après avoir félicité madame Schapiro. Non, elle n’entend pas supprimer les flash orders, comme le dit pourtant le quotidien, mais seulement demander à la SEC de définir au plus vite « une approche qui permette de supprimer l’injustice résultant des flash orders ». Ah, c’est tout de même mieux ainsi. On va commissionner. On va calmement en reparler.

Mais avec qui ? Probablement avec les profiteurs du système, dont l’un, anonyme, s’exprime gentiment dans le New York Times avec des mots qui ressemblent, j’en tremble pour Michel Rocard, à un doigt d’honneur. Citation : « Nous bougeons plus vite et d’une manière plus intelligente. Et nous prenons davantage de risques que les autres investisseurs (…) Le profit a toujours appartenu à qui domine le marché et nous avons un avantage technologique qui coûte des millions pour être opérationnel ».

Questions en vrac, pour finir. Madame Schapiro serait-elle l’un des clones de Michel Rocard ? L’objectif de « moralisation » du  capitalisme, central dans la stratégie de notre président Sarkozy, est-il en route ? Et en de bonnes mains ? Une « économie » reposant sur des opérations réalisées en millisecondes peut-elle se préoccuper du sort d’espèces – dont la nôtre – vieilles de millions d’années ? Cette même « économie » saura-t-elle intégrer, à la vitesse du son, le sort des forêts tropicales, des écosystèmes sous-marins, la crise climatique, la pollution chimique généralisée, la fin des haricots ?

Ma foi, je ne sais pas trop. Mais si Michel Rocard a des idées, qu’il sache au moins que je suis prêt à publier. Le bonjour.

Michel Rocard est un zozo, mais vive la banque ! (ter)

On va finir par croire que je n’aime pas Michel Rocard, et c’est tout à fait vrai : je ne l’aime pas. Et pourtant ! N’a-t-il pas cet œil de lynx qui le distingue de tous les aveugles de la place ? Mais si. Témoin cet entretien accordé au Nouvel Observateur en décembre 2007 (ici). Attention les yeux, fussent-ils eux aussi de lynx, car cela fuse.

Que dit Rocard dans ce texte qui lui permet, aujourd’hui, de prétendre qu’il fut l’un des rares vaillants à prévoir la crise économique ? Eh bien, en résumé imparfait, que cela ne peut durer, car trop, c’est trop. Que le capital se goinfre, que la dette américaine n’est plus remboursable, que la financiarisation de l’économie mène au gouffre. Je cite le plus présentable : « Nous sommes dans une situation étrange : les signes avant-coureurs d’une crise mettant en cause l’équilibre général de l’économie s’amoncellent et pourtant les “opérateurs” restent silencieux ».

Je ne sais pas si vous êtes familier de ce genre de prose, mais laissez-moi vous dire que le père Rocard, ce jour-là, enfile des perles. Toute une école critique du monde réel répétait alors tout cela depuis des années, sinon des décennies. Et cette critique, Rocard s’est constamment assis dessus quand il était au pouvoir ou pas trop loin de lui. Cela sentait le soufre. Libéré du carcan, il reprend donc ce qu’il dédaignait la veille, mais alors, parce que c’est lui, il ne s’agit plus d’une billevesée, mais d’une prophétie. Rocard et ses assez nombreux affidés, sont convaincus – ou feignent de l’être – que Michou a eu raison avant tout le monde. C’est désopilant.

Poursuivons avec le même. Dans le journal Le Monde daté des 2 et 3 novembre 2008, Rocky déclare sans barguigner : « La vérité, c’est que planquer des créances pourries parmi d’autres, grâce à la titrisation, comme l’on fait les banques, c’est du vol. Les précautions de vocabulaire sont malséantes. Nommer correctement les choses permet de bien appliquer la sanction. On reste trop révérencieux à l’égard de l’industrie de la finance et de l’industrie intellectuelle de la science financière. Des professeurs de maths enseignent à leurs étudiants comment faire des coups boursiers. Ce qu’ils font relève, sans qu’ils le sachent du crime contre l’humanité ».

Ouah ! la vache. Crime contre l’humanité ! Après une telle attaque, on attend une suite. Des barricades, des assauts à la kalachnikov contre la Bourse ou le Parlement. Mais non, notre penseur doit avoir eu une triste panne moteur. Il accepte – voir l’article précédent de ce blog – quatre missions des mains de Sarkozy, qui représente plus qu’aucun autre politicien ce monde de coups boursiers et donc, à suivre Rocky, de crimes contre l’humanité.

Inutile de nier que ce personnage me fait marrer. Pas vous ? Vous avez sans doute lu que la BNP avait décidé d’attribuer 1 milliard d’euros supplémentaires à ses courageux traders, car ces derniers font gagner de l’argent, plein d’argent à cette banque jadis publique et qui, sauf vilaine erreur, doit beaucoup à l’argent du peuple. 1 milliard d’euros, précise la BNP, mais dans le cadre strict et légal défini au cours de la dernière réunion des riches du monde, le fameux G-20.

Tout est en règle, qu’on se le dise. Mais au fait, d’où proviennent ces profits étonnants annoncés par tant de banques de notre petite planète ? On les croyait ruinées, les voilà qui affichent des chiffres record. Que se passe-t-il, amis de la finance ? Eh bien, je me permets de vous renvoyer à un article retentissant du quotidien américain The New York Times (ici). Oui, il faut lire l’anglais. Je vous donnerais bien une traduction, mais je n’ai pas le temps. Si quelqu’un le peut, je crois que cela servira à tous.

En deux mots, ce que j’ai retenu. À New York, on  se demande d’où viennent les énormes gains en cours de Goldman Sachs, l’une des grandes banques mondiales de l’investissement. Jadis, avant 1998, les ordres de Bourse étaient donnés par des gens de chair et d’os, à la vitesse qu’ils pouvaient. Puis l’on a autorisé les opérations électroniques, tellement pratiques, tellement rapides. Et voilà que des malins utilisent désormais un système commercial dit de haute fréquence, disposant d’ordinateurs bien plus puissants que ceux du marché officiel.

Grâce à cette nouvelle technologie, la Goldman Sachs – et la BNP ? – peut griller tous les investisseurs et traders traditionnels. Car elle peut envoyer des millions d’ordres en une milliseconde, surveiller des douzaines de marchés internationaux, et renifler la moindre tendance avant que les petits hommes, façon Jérôme Kerviel – le danseur de la Société Générale – ne puissent s’aviser de quoi que ce soit.

Arrivé à ce point, il me faut revenir une ultime fois à cet excellent monsieur Rocard. Et comme c’est un homme vaillant, qui eût pu – on ne refait pas l’histoire, certes – devenir président de la République, je me permets de l’interpeller sans détour. Que penser d’un homme qui dénonce un crime contre l’humanité, puis le laisse se poursuivre, s’étendre et tout dévaster ? Que penser d’un homme qui dénonce un crime contre l’humanité avant d’accepter de mener des croisières de luxe à destination de l’Antarctique (1) pour le compte de l’ami de Bolloré, Pinault, Bouygues et tous autres ? Oui, comment faudrait-il appeler quelqu’un d’assez odieux, d’assez irresponsable, d’assez inqualifiable pour en arriver là ?

Si vous ne voyez pas, moi si. Mais je ne peux l’écrire, pour des raisons qui me sont évidentes, et qui ont trait au juste et noble droit sur l’injure publique.

(1) Rocard a accepté une mission bouffonne qui en a fait un bouffon présidentiel de l’Antarctique. Et lui donne droit à des billets gratuits sur de beaux bateaux qui vont sur l’eau.