Archives de catégorie : Gaz de schistes

Sur mon livre, sur la télé, sur les gaz de schistes

Pause, et nouvelles de mon livre Qui a tué l’écologie ? Il se vend. Il a été réimprimé. J’ai enregistré une heure de l’émission Ligne Jaune, produite par le site de Daniel Schneiderman, Arrêt sur image. Étaient présentes, côté invités, deux personnes que j’apprécie, la sénatrice d’Europe-Écologie Marie-Christine Blandin, et la porte-parole du réseau Sortir du Nucléaire, Charlotte Mijeon. Ceux que j’attaque durement dans mon livre – le WWF, Greenpeace, la fondation Nicolas Hulot et France Nature Environnement (FNE) – ont tous refusé de débattre avec moi. C’est étrange, mais c’est logique. Ils espèrent que tout rentrera bientôt dans l’ordre, et que mon livre sera oublié. Peut-être ont-ils raison, peut-être tort. On verra bien. Un mot sur Guy Birenbaum, maître de séance. Comme pour mon livre précédent, Bidoche, il a été un hôte parfait.

Ensuite, j’ai filé au Fouquet’s. Oui. Moi. Là où Sarkozy a fêté son élection. Je devais participer à un débat sur des télés du Net – Terre tv et Néoplanète -, en face de Teddy Follenfant, défenseur de ce que je pourfends le plus : le « développement durable ». Ce qui est fâcheux en la circonstance : Teddy Follenfant m’est très sympathique. Je ne partage absolument pas son point de vue, mais il m’est sacrément sympathique. Où étions-nous ? Salon James Joyce. Je le jure. James Joyce.

Demain, je suis auditionné par l’Assemblée nationale au sujet des gaz de schistes. Je dirai ce que je sais. La mainmise des ingénieurs des Mines sur ce dossier clé, et la proximité de Nicolas Sarkozy, à travers ses grands amis Paul Desmarais et Albert Frère. Le soir, vers 23 heures, je dois passer en direct dans l’émission de Frédéric Taddéi, Ce soir ou jamais, sur France 3. Chaque jour suffit sa peine. Je me couche.

 PS : on trouvera ci-dessous une recension de mon livre signée Bernard Langlois. Je me suis énormément engueulé avec lui lorsque je travaillais pour Politis, dont il est le principal fondateur. Le temps a passé. Et je suis très heureux des mots qui suivent. Qu’il sache – et il le sait – que je l’en remercie vivement.

mardi 29 mars 2011 à 11:53

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Il y a écolos …

par Bernard Langlois

… et écolos !

Dans un récent billet, le talentueux Yéti en appelle à l’union du Front de gauche et d’Europe-Ecologie-Les-Verts (dont on note au passage, concernant ces derniers, qu’ils n’ont pas même été capables de se mettre d’accord sur une raison sociale, ce qui donne cet alliage patronymique ridicule …), union qui en ferait, selon lui et l’analyse qu’il fait des résultats des dernières cantonales, la deuxième force politique juste derrière le PS et avant le FN et l’UMP.

Ce qui n’est pour le moment qu’un vœu pieux (et probablement destiné à le rester) suppose plus d’accointances qu’il n’en existe entre les deux formations (qui sont aussi déjà deux alliances) et le Yéti a l’œcuménisme généreux. Je ne lui en veut pas : j’ai cru aussi assez longtemps que ce genre de choses était possible, on appelait ça « la belle alliance » : rouge-rose-verte.

Je n’y crois plus. Car entre un PCF resté très largement productiviste (et nucléariste), le très républicain et anti-européen [1] Parti de Gauche, et le magma écologiste cornaqué par Cohn-Bendit, où les européistes les plus ardents côtoient des alter-mondialistes convaincus, et qui se rallierait volontiers à une candidature de Nicolas Hulot, lequel accommode sans vergogne ses opinions écologistes à une sauce capitaliste et libérale au sein de sa fondation, — entre tous ces gens-là, cher Yéti, il y a tout de même un peu trop de différences pour que le plat soit goûteux.

Du reste, comme tu sais, les militants verts vraiment de gauche ont déjà rallié Mélenchon, derrière Martine Billard, devenu la vice-présidente du PG.

Il y a en effet écolos et écolos.

Deux livres récents en témoignent :

D’abord (par ordre de parution),

— le dernier essai d’Hervé Kempf, l’excellent et radical spécialiste du Monde. Après Comment les Riches détruisent la planète, et Sortez du capitalisme, Kempf creuse son sillon et dénonce cet entre-deux où nous sommes (dans le monde occidental et en France notamment) qui n’est plus la démocratie, si pas encore tout à fait la dictature, et qu’il nomme l’oligarchie (on pourrait aussi bien dire la ploutocratie). Et il décrit trois choix politiques possibles, trois scénarios du futur : « Oligarchique, de gauche productiviste, écologiste. Les deux premiers scénarios sont croissancistes, c’est à dire adhérent à l’idéologie selon laquelle la croissance économique améliore la situation générale. » Cette idéologie-là est une impasse, qu’elle soit de gauche ou de droite et conduit le monde à sa perte. Pour imaginer une troisième voie, Lisez L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie [2] .

Ensuite (il vient juste de sortir) et pour être vraiment déniaisé (et tant pis pour les optimistes, même si l’auteur se croit tenu de conclure par « un cri d’espoir » …) !), il faut lire le petit dernier de Fabrice Nicolino (après Pesticides et Bidoche) où il tire sur tout ce qui bouge et dézingue à peu près tout ce qui a pignon sur la rue Ecologie : Boorlo et affidés bien sûr, et son Grenelle, Hulot et son pacte attrape-tout, les politiques de EELV, évidemment, à qui il ne consacre que quelques lignes cinglantes (« Queue de comète du mouvement de 68, hédonistes petits-bourgeois, indifférent en fait aux peuples du Sud, ce parti n’a aucune chance de nous aider à affronter la crise écologique planétaire. ») , mais, de façon plus surprenante, les grandes associations comme WWF, Greenpeace et France Nature Environnement (FNE), qui comptent certes des militants sincères, mais dont les dirigeants, notabilisés, compromis, parfois même coupables de liens très douteux, lui semblent perdus pour la cause … La marque de fabrique de Nicolino : une enquête fouillée et une plume trempée dans le vitriol. Lisez Qui a tué l’écologie ? [3]

Tout ça étant écrit avant Fukushima …

A votre bonne santé, et vive le printemps qui perce !

Notes

[1] Je sais : le terme est impropre, car on peut être pour une forme d’Europe différente de celle qui nous est imposée par le Marché.

[2] Seuil, 160 p., 14 euros.

[3] LLL, Les Liens qui Libèrent, 297 p. 20, 50 euros.

Un article sur les gaz de schistes (dans Charlie-Hebdo)

Pour signer :  http://www.petitions24.net/signatures/gaz_de_schiste__non_merci

Il va de soi que ma pensée est du côté des martyrs japonais. Je vous signale néanmoins un article que j’ai écrit cette semaine dans Charlie-Hebdo, consacré aux gaz de schistes. J’y parle des liens ébouriffants entre Nicolas Sarkozy et deux acteurs industriels majeurs du dossier : Paul Desmarais (senior) et Albert Frère. Je sais que beaucoup d’entre vous ont juré et craché qu’on ne leur ferait plus acheter ce journal. Ma foi. En tout cas, que l’on sache toute au moins que M.Philippe Val n’a plus aucun rapport d’aucune sorte avec l’hebdomadaire

Pendant ce temps, EDF (sur le nucléaire)

Je fais comme tout le monde, j’essaie en ce samedi matin d’en savoir plus sur le tremblement de terre au Japon, qui semble réserver de très mauvaises surprises nucléaires. Je clique, je vais regarder la presse, étrangère ou française. Tout à l’heure, parcourant un article du Point sur le sujet, une publicité s’est surimposée à l’écran. Cela arrive de plus en plus souvent, car cette industrie du mensonge est partout. Mais cette fois, j’ai eu un sursaut, car la pub était en faveur d’EDF. EDF !

On ne peut faire revivre l’esprit qui a présidé à la naissance de ce monstre, en février 1946. On appliquait alors le programme de nationalisations du Conseil national de la résistance (CNR), et l’heure était à l’illusion lyrique. La nation enfin rassemblée autour de nobles objectifs avait un vital besoin d’énergie, et cette dernière ne pouvait plus être soumise à l’intérêt privé. 64 ans plus tard, la boîte est entre les mains de Proglio, proche de Sarkozy comme tant d’autres, et des grands ingénieurs d’État. Une gigantesque alliance entre les staliniens – car le PCF et la CGT sont indissociables de l’histoire d’EDF -, l’État et les ingénieurs a conduit à la confiscation généralisée. Quel bilan !

Oui, le débat sur l’énergie a été confisqué par ces gens, et nous n’avons pas eu notre mot à dire. Nous sommes face à une industrie électronucléaire surpuissante, et bien entendu irresponsable. Qui paierait les dégâts si demain un tiers de notre pays devenait inhabitable ? La catastrophe est impossible tant qu’elle ne s’est pas produite, pour reprendre la forte pensée de Jean-Pierre Dupuy. Mais si elle advient, elle le devient rétrospectivement. Elle était possible, puisqu’elle s’est produite, et nous sommes tous morts vitrifiés.

Amis lecteurs de Planète sans visa, je ne voudrais pas me montrer trop solennel, mais dans le même temps, nous avons besoin de sérieux, et d’engagement. Je crois que nous devons faire le serment, alors que s’effondre au Japon une centrale nucléaire, de ne plus jamais lâcher ceux qui ont décidé à notre place. Que ce soit sur le nucléaire ou les gaz de schistes, une oligarchie entend trancher, et imposer. Ce sont nos adversaires. Il faut les combattre sans plus hésiter. Et il faut vaincre, je n’ai pas peur de ce mot guerrier. La priorité des priorités est d’arracher un vaste débat public, étendu sur des mois, qui nous permette de répondre à une question clé. La voici : quels sont nos vrais besoins énergétiques ? Comment diviser par trois ou quatre la consommation par habitant ? Je me répète : faisons serment.

Fillon l’enfumeur (sur les gaz de schistes)

Pour signer :  http://www.petitions24.net/signatures/gaz_de_schiste__non_merci

C’est de l’enfumage en direct live. La dépêche AFP qui suit est destinée à nous démobiliser. François Fillon fait semblant d’avoir compris. Un peu comme le général De Gaulle déclarant à Alger, le 4 juin 1958, cette phrase éminemment mensongère : « Je vous ai compris ». Je ne suis pas en train de prendre la défense, rétrospectivement, de l’Algérie française. Je rappelle que les politiciens mentent, voilà tout. Or deux forces géantes se coalisent pour lancer en France l’insupportable aventure des gaz et du pétrole de schistes. D’une part, le corps multiséculaire des Ingénieurs des Mines, pour des raisons que j’ai eu l’occasion d’aborder, et que je ne peux développer ici. Et d’autre part, la proximité presque obscène entre des acteurs majeurs du dossier – entre autres Paul Desmarais (senior) et Albert Frère – et Nicolas Sarkozy.

En somme, tout commence. C’est maintenant, et plus que jamais, qu’il faut faire monter les enchères. Il faut faire entendre au pouvoir que le prix politique à payer pour l’extraction des gaz est trop élevé pour le candidat Sarkozy. L’élection présidentielle de 2012, c’est demain. Il faut donc maintenir et même augmenter massivement la pression. Tous les actes, tous les engagements, toutes le signatures sont les bienvenus dans les trois mois qui nous séparent de ce rapport confié aux INSPIRATEURS de ce crime de masse contre la nature et le climat. Ce n’est pas le moment de s’arrêter, c’est le moment d’accélérer. EN AVANT ! ET TOUS !

La dépêche de l’AFP
Gaz de schiste: Fillon demande de veiller à l’absence d’opérations de forage

(AFP) – Le 11 mars 2011

PARIS — François Fillon a demandé vendredi à son gouvernement de veiller à ce qu’il ne soit procédé à aucune opération de forage de gaz et huiles de schiste à l’aide de méthodes non conventionnelles d’ici la remise de rapports début juin sur leur impact environnemental.
Dans un courrier adressé à trois ministres -Nathalie Kosciusko-Morizet (Ecologie), Claude Guéant (Intérieur) et Christine Lagarde (Economie)-, le chef du gouvernement signale que « des permis de recherche et des autorisations de travaux d’exploration ont pu être délivrés » pour de telles opérations de forage, vivement contestées par des écologistes et élus locaux.
Pour s’y opposer dans l’immédiat, il invoque le « principe de précaution ».

« La Charte de l’environnement, à valeur constitutionnelle, précise que +lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent (…) à la mise en oeuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage+ », relève-t-il.

En conséquence, François Fillon demande à ses ministres « de mettre en oeuvre (…) les procédures administratives nécessaires pour qu’aucune opération de forage non conventionnelle ne soit engagée avant que les rapports n’aient été rendus publics et sans que les mesures d’information et de consultation du public prévues par la Charte de l’environnement n’aient été respectées ».
« A ce jour aucune opération de ce type n’a débuté », note-t-il.

Le gouvernement a suspendu en février les travaux de prospection de gaz de schiste, et deux études sont en cours sur l’impact de la méthode non conventionnelle. Les rapports « sont attendus pour la première quinzaine de juin », note le Premier ministre, qui juge « l’interrogation » des populations « légitime ». A l’origine -avec Pascal Terrasse (PS)- d’une motion parlementaire « contre l’exploitation du gaz de schiste », co-signée par 80 parlementaires de tous bords, Pierre Morel-à-L’Huissier (UMP) s’est dit dans un communiqué « très satisfait » de cette démarche du Premier ministre.

Le gaz de schiste est présenté par les uns comme une manne énergétique sur laquelle il faudra compter et par les autres comme une catastrophe écologique. Contrairement au gaz naturel classique, il ne se situe pas dans une poche mais se trouve pris au piège dans des roches très peu perméables. Pour l’exploiter, il faut injecter d’énormes quantités d’eau, de sable et de produits chimiques. Selon l’Institut français du pétrole, les réserves mondiales représenteraient plus de quatre fois les ressources de gaz conventionnel. Les Etats-Unis sont, de loin, les premiers à utiliser cette ressource qui représente désormais de 15 à 20% de leur production totale de gaz. En mars 2010, le gouvernement avait octroyé des permis de prospection dans trois zones concernant les départements de l’Hérault, de l’Aveyron, de la Lozère, de l’Ardèche et de la Drôme.

Attention aux rumeurs (sur les gaz de schistes)

Pour signer :  http://www.petitions24.net/signatures/gaz_de_schiste__non_merci

La rumeur est un phénomène passionnant. Complexe et passionnant. Je renvoie ceux qui le souhaitent au désormais classique signé Edgar Morin, La rumeur d’Orléans. Bien que l’ayant lu il y a plus de vingt ans, je vous signale aussi Rumeurs, le plus vieux média en ligne, de Jean-Noël Kapferer. Pour le reste, je serai bref : des rumeurs circulent d’un bout à l’autre de la blogosphère au sujet de camions, parfois venus du Portugal, parfois d’ailleurs, mais dans tous les cas chargés de tubes d’acier. Ils seraient passés par ici ou par là, comme le furet de la comptine, et en toute hypothèse repasseraient sous peu. On les signalerait sur la route de l’Ardèche, où bien entendu ils serviraient à des forages, suivis de fracturation hydraulique. À la recherche de gaz de schistes.

Je ne suis pas en train de me moquer de quiconque. Je souhaite juste mettre en garde. En l’absence d’informations fiables, vérifiables, recoupées, nous ne sommes que dans l’ordre psychologique de la rumeur. Ce n’est pas si grave, sauf si cela contribue, comme dans l’histoire bien connue de Pierre et le loup, à décourager peu à peu ceux qu’on alerterait sans une bonne raison. En se gardant de toute paranoïa, il convient de faire attention, et à mon sens, de ne pas faire circuler des bruits inutilement décourageants. Si quelqu’un dispose de lieux, de dates, d’entreprises, de photos, il n’y a rien de plus simple que de rendre tout cela public. Et sinon, je crois que le silence, prélude aux plus vives bagarres, est de loin préférable. Il me semble.