Archives de catégorie : Gaz de schistes

À quoi reconnaît-on un chef d’oeuvre ? (sur les gaz de schistes)

Pour signer :  http://www.petitions24.net/signatures/gaz_de_schiste__non_merci

Mes aïeux, c’est triomphal ! Le texte que j’ai le vif plaisir de vous offrir ci-dessous a été écrit par une structure de lobbying appelée Amicale des Foreurs et des Métiers du pétrole. Je ne souhaite pas vous gâcher le plaisir de la découverte, mais dans le même temps, je vous invite à noter (au moins) deux points. Le premier, c’est que ces braves pious-pious  – la guerre de 14 est éternelle – ne savent pas quoi répondre à la société. Par exemple, sans seulement avancer une information, ils notent, espérant peut-être nous convaincre : « Les chiffres avancés parlant de millions de litres injectés sont fantaisistes ». Amis foreurs, vous êtes follement rassurants. Et le deuxième point, étrangement ressemblant, est qu’ils ne savent pas quoi répondre à la société. Nous savons que des centaines de produits chimiques différents, dont nombre cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques, perturbateurs endocriniens, sont utilisés.

Ce n’est pas une élucubration, c’est simplement un fait. Mais regardez plutôt la fulgurance des Foreurs associés : « L’eau injectée est effectivement traitée pour avoir un PH basique et viscosifiée par un biopolymère, parfois de l’amidon, ou de l’argile ; on rajoute parfois un inhibiteur d’argile pour empêcher cette argile de gonfler. Le secret sur la composition exacte relève plus des pourcentages que de la composition elle-même ». Pas une vérité, pas le moindre début de liste. Vous voulez mon avis ? Mais c’est un aveu. Un gigantesque aveu de ce qu’ils nous préparent.

Je me rends compte qu’il me faut ajouter un troisième point, beaucoup trop sous-estimé selon moi dans notre combat commun. Ces gens ne disent pas un mot de la crise climatique. Pour une raison très simple : leurs amis américains ont lancé leur énième aventure sans se doter – pour cause – d’une étude sérieuse sur les fatales conséquences des gaz et du pétrole de schistes dans ce domaine clé. Je ne cesse de répéter qu’une victoire des foreurs en tout genre signifierait, en réalité, la fin de toute négociation internationale sur les émissions de gaz à effet de serre. DEBOUT !

 Amicale des Foreurs et des Métiers du pétrole
14, Rue Henri IV 64510 BORDES
Tél : 05 59 53 22 89 – Email : foreurs@orange.fr – Web : www.foreurs.net

FORAGE POUR LE GAZ DE SCHISTE

Bordes (64) le 6 mars 2011 – L’énorme,  puissant  et dévastateur  cyclone médiatique environnemental    dont l’œil central est toujours  « le forage pétrolier » et plus particulièrement « le gaz de schiste » s’est formé  et circule dans notre pays depuis près  de deux mois. Il perturbe  les esprits et poursuit  ses ravages  de désinformation  et de peurs  dans  toutes les provinces françaises où des permis miniers  ont été attribués  et des forages programmés. Parfaitement  orchestré pour la nuisance, il   détruit  tout sur son passage  et laisse  totalement désarmées  et déstabilisées des  populations mal informées  devant  les annonces alarmistes  des conséquences annoncées.

L’industrie du forage  pétrolier, géothermique  et minier  œuvre  dans le sous-sol  de notre pays depuis plus d’un siècle  et elle a démontré son professionnalisme, son savoir faire  et ses réussites avec  pour preuve les milliers de puits forés  dans les règles de l’art, productifs en gaz, pétrole et eau pour la géothermie. Tous  les forages classiques  ont été  et sont toujours exécutés selon les dernières techniques connues et reconnues  européennes et internationales,   dans le strict respect de la règlementation française, qui est  d’ailleurs très contraignante, des normes de sécurité  et  du respect de l’environnement : protection  du sous-sol,  réduction du bruit, traitement des rejets divers , de la boue  et  remise en l’état  des terrains après les travaux.

Depuis toujours la délivrance des permis puis les travaux de forage d’exploration ou de production   sont   suivis par les services de l’état, la DGEC, les DREAL, ainsi que l’Inspection du Travail. Toutes les phases sont donc l’objet d’un contrôle règlementaire strict.

Doit on rappeler que des forages d’eau , d’hydrocarbure ou de géothermie  ont été réalisés  il y a quelques années  en plein Paris,  à Versailles et en très  proche banlieue  par des sociétés françaises  avec du matériel spécialement adapté aux milieux sensibles. Les maires  des villes ou villages où ont été effectués des travaux  de prospection et de forage peuvent être consultés et témoigner que les forages se sont déroulés  dans les règles de l’art  pour la commune et l’environnement   et qu’ils ont été créateur d’emploi  et de revenus. La seule réserve  de taille  qu’ils émettent, qui est légitime, est  que la commune ne reçoit aucune redevance sur la production lorsqu’une découverte est faite, les seuls  bénéficiaires désignés par la loi étant  le Département et la Région.  Il y a là une injustice  que notre Association dénonce depuis de très nombreuses  années. Pour informer et répondre aux  interrogations légitimes que peut se poser la population reprenons les principaux arguments avancés par les opposants à l’exploitation des gaz de schiste.

L’impact sur l’environnement

Il n’est bien évidemment pas question de forer des puits tous les 500 mètres comme cela a pu être dit et écrit : cela ne se fait que dans des zones désertiques. En France et ailleurs en Europe, les puits sont regroupés en « cluster », c’est-à-dire qu’à partir d’une même plateforme on va forer   un grand nombre de puits. C’est ainsi que sont développés la plupart des champs de pétrole actuels de la région parisienne ou de l’Aquitaine. Les techniques actuelles de forage dévié sont parfaitement maîtrisées : c’est d’ailleurs ainsi que sont développés tous les champs offshore.  L’impact sur l’environnement est donc limité, les plateformes de forage occupant un espace restreint, de l’ordre de 100m par 100m.

Les ressources en eau

 Les quantités

Les chiffres avancés parlant de millions de litres injectés sont fantaisistes. Il faut aussi savoir que cette eau ne disparait pas dans les formations sinon cela voudrait dire que le gaz pourrait lui aussi s’échapper. Cette eau injectée pour la fracturation est quasi intégralement récupérée lors des premiers temps de la production. Elle est ensuite traitée en surface pour être recyclée : des techniques très poussées ont été développées pour cela. Il en va d’ailleurs de même pour l’eau produite par les gisements de pétrole : il faut savoir que la plupart des champs de pétrole exploités en France produisent beaucoup plus d’eau que de pétrole et que l’on sait depuis longtemps traiter cette eau.

Les additifs  de fracturation

L’eau injectée est effectivement traitée pour avoir un PH basique et viscosifiée par un biopolymère, parfois de l’amidon, ou de l’argile ; on rajoute parfois un inhibiteur d’argile pour empêcher cette argile de gonfler. Le secret sur la composition exacte relève plus des pourcentages que de la composition elle-même. Cette technique de fracturation est employée dans les forages pétroliers depuis très longtemps  et
aucun effet nocif sur l’environnement n’a été observé.

La pollution des nappes phréatiques

Il y a eu effectivement des problèmes aux Etats-Unis : un procès vient d’avoir lieu au cours duquel un opérateur a été condamné pour des manquements techniques. C’est le B.A. BA du forage que de faire un programme qui isole parfaitement les aquifères : une série de cuvelages est mise en place, ils sont cimentés et les cimentations sont contrôlées pour s’assurer qu’il n’y aura pas de communication entre un niveau producteur de pétrole ou de gaz et ces aquifères. La règlementation  est très stricte sur ce point. Tous les puits forés dans le Bassin Parisien traversent l’Albien et l’on sait parfaitement comment s’y prendre pour l’isoler.

Une autre erreur concerne les premiers puits qui vont être forés sur les permis nouvellement attribués. Ces puits sont des puits verticaux classiques qui permettront de prélever des échantillons  dans les horizons recherchés : ces échantillons seront analysés pour savoir s’il y a
possibilité d’une production économiquement viable. Dans l’affirmative, un permis d’exploitation sera alors demandé avec un dossier technique très documenté dans lequel l’impact environnemental est un élément important. Il n’y aura pas de fracturation à ce stade.

Autre confusion qui est faite, c’est d’assimiler les gaz ou huile de schiste aux schistes bitumineux : il s’agit de deux choses totalement différentes. Au passage notons que les schistes bitumineux seront probablement les ultimes ressources de pétrole de la planète : espérons que
l’on trouvera rapidement des moyens de les exploiter plus respectueux de l’environnement< ou que l’on pourra développer des ressources d’une autre origine, ce qui est encore un vœu pieux dans certains domaines comme la chimie ou le transport.
Jacques Sallibartant, président. Jean-Claude Rémondet, vice-président

Créée en 1986 par Jacques Sallibartant, l’Amicale des anciens Forex est devenue en 1993 Amicale des Foreurs de France, puis en 2006 Amicale des Foreurs et des Métiers du Pétrole (AFMP). Association loi 1901, indépendante financièrement et gérée par des bénévoles, elle comporte environ 1700 membres, personnel actif ou retraité de l’industrie pétrolière et sociétés de l’amont pétrolier au nombre d’une centaine. Elle a pour objectif d’aider ses membres en recherche d’emploi à travers un relais emploi qui reçoit et diffuse les offres et demandes. Elle s’emploie également à promouvoir les métiers en suscitant des formations destinées à permettre à des jeunes d’entrer dans la profession. Elle s’investit auprès des administrations compétentes pour faire évoluer les règlementations applicables aux activités de recherche (procédures d’attribution des permis, règlementations techniques, réglementation du travail, fiscalité, etc.) afin de rendre notre pays plus attractif aux investisseurs pétroliers. Elle publie une revue trimestrielle « Foreurs Contact » et gère un site internet « www.foreurs.net ».

Un article d’Arrêt sur images (sur les gaz de schistes)

Pour signer :  http://www.petitions24.net/signatures/gaz_de_schiste__non_merci

Après accord du site Arrêts sur images (ici) – merci -, je publie ci-dessous l’enquête signée Sébastien Rochat. Elle rebondit sur le papier de Planète sans visa dont le titre était : « La bande des Quatre se fout des gaz de schistes ».

Gaz de schiste : pourquoi les écolos officiels ont réagi avec retard
WWF, FNE, Greenpeace et la fondation Hulot répondent

« La bande des Quatre se fout des gaz de schiste ». L’accusation de Fabrice Nicolino, journaliste et auteur de nombreux ouvrages sur l’écologie, est directe : WWF, France Nature environnement, Greenpeace et la Fondation Nicolas Hulot ne seraient pas suffisamment mobilisés contre les gaz de schiste, dont la technique d’extraction est particulièrement polluante. ??On avait déjà constaté qu’une bonne partie de la presse était passée à côté de ces gaz de schiste alors que l’exploration avait été autorisée en France par le ministère de l’Ecologie en mars 2010.

Mais comment expliquer que les grandes associations écologistes ne se mobilisent que mollement ? A la tête de la contestation, on trouve en effet des groupes locaux, le député européen José Bové, mais pas ces associations écologistes, plutôt en retrait. Pour Nicolino, qui a été le premier à sonner l’alerte en octobre dernier, ce silence coupable est lié aux structures mêmes de ces associations : trop proches du pouvoir, des industriels ou simplement paralysées par leur bureaucratie. Face à ces accusations, les associations avancent plutôt leur spécificité pour justifier leur temps de réaction.

C’est par lui que l’affaire des gaz de schiste a éclaté en France. Comme nous vous l’avions expliqué, dès le mois d’octobre 2010, le journaliste Fabrice Nicolino avait publié un article dans Charlie Hebdo pour dénoncer les permis d’exploration de gaz de schiste octroyés en catimini par Jean-Louis Borloo en mars 2010. C’est Nicolino qui avait alerté José Bové, devenu par la suite le porte-voix de cette mobilisation jusqu’alors locale.

Après la période d’alerte et le moratoire décrété par le gouvernement, l’heure est visiblement aux règlements de compte. Sur son blog, Nicolino, qui doit publier un livre sur les associations écologistes, accuse ces dernières de ne pas être engagées dans ce combat contre le gaz de schiste. Ou du moins de le faire avec un retard suspect et un impact limité. Se disant « écœuré » par l’inertie de WWF, France Nature environnement, Greenpeace et la Fondation Nicolas Hulot, Nicolino attaque fort.

Un membre de WWF était censé participer à une réunion des industriels du gaz de schiste

Première association sur le banc des accusées : WWF France. Le 31 janvier, Nicolino annonce que des politiques et des industriels du gaz de schiste doivent se réunir à l’hôtel Marriott à Paris. « Les transnationales du pétrole et du gaz veulent mettre la France et l’Europe en coupe réglée, et tuer ce qui reste encore à peu près vivant » accuse Nicolino qui révèle au passage la participation d’un certain Stephan Singer à cette réunion, « le responsable de la politique de l’énergie au WWF, cette association internationale qui n’a plus d’écologiste que le nom ». Que venait faire le WWF à une réunion d’industriels du gaz de schiste ? Mystère. Mais Nicolino assure que « le WWF des États-Unis, lié de fort près à l’industrie, n’a rien tenté pour contrarier la réalisation des 500 000 puits de forages existant là-bas ».

Trois jours après les révélations de Nicolino, hasard ou coïncidence, Serge Orru, le directeur général du WWF France consacre sa chronique dans Terra Eco au gaz de schiste pour s’y opposer fermement et encourager la signature de la pétition « Gaz de schiste : non merci ! » lancée le 11 janvier. Mais pour Nicolino, c’est un peu court : « La bagarre est en route depuis au moins deux mois en France, et le WWF, qui dispose de moyens financiers très importants, ne fait strictement rien ».

WWF n’intervient sur le gaz de schiste qu’en février

Contacté par @si, Orru répond point par point. D’abord sur la présence d’un responsable de WWF à une réunion d’industriels du gaz de schiste : « Ce n’est pas vrai, Singer n’a jamais été à cette réunion. Il a refusé cette invitation, il n’y est pas allé. Il était bien dans le programme, mais en petit ». Selon lui, les organisateurs ont mis son nom alors qu’il n’avait pas donné suite à cette invitation sentant le piège.

A propos du retard à l’allumage du WWF dans la mobilisation, Orru explique : « On ne peut pas être sur tout. C’est clair et net, nous sommes contre. Peu importe que Nicolino ait avancé le thème avant nous, l’important, c’est qu’on se coalise. En France, les industriels se régalent des divisions des écologistes ». En l’occurrence, le WWF n’est pas la structure forcément la mieux adaptée pour lancer des alertes de ce type : « Lorsque vous faites un budget, il est clos six mois à l’avance, vous définissez vos actions à ce moment-là. On ne réagit pas en fonction de ce que fait la presse, explique-t-il. Il faut une stratégie, ce n’est pas simplement de l’incantation. Il y a l’alerte mais surtout la proposition d’alternative, et pour ça, il faut une expertise scientifique. Tous les jours, je reçois 5 à 6 coups de téléphone pour des combats locaux, des demandes de soutiens financiers pour telle ou telle cause. Mon boulot, c’est d’éviter la dispersion. Aujourd’hui, il n’y a pas une équipe qui travaille sur les gaz de schiste. Par contre, nous sommes engagés contre les extractions de pétrole. Toute extraction est dangereuse pour l’environnement, notamment l’extraction en mer, ce qui est le cas au large de Marseille ».

S’agissant du WWF Etats-Unis, Serge Orru assure qu’ils « sont opposés au gaz de schiste, il y a suffisamment de dégâts pour l’être ». Etant donné la puissance de feu du WWF outre-Atlantique, on peut tout de même s’étonner de la facilité avec laquelle 500 000 puits ont été creusés. Mais Orru assure que le WWF France est mobilisé : l’association demandera « que les candidats à la présidentielle interdisent la fracturation hydraulique », technique d’extraction du gaz de schiste.

????Pourquoi Greenpeace n’a pas organise de campagne nationale??

Greenpeace est la deuxième association écologiste pointée du doigt par Nicolino : « Dans cette association verticaliste, nul ne bouge tant que la bureaucratie internationale qui dirige tout depuis Amsterdam ne le décide, s’agace-t-il. Et, donc, Greenpeace France ne fait rien. Encore bravo, les vaillants défenseurs de la planète ! »??Greenpeace a pris position contre les gaz de schiste, dans un article publié sur son site le 13 janvier 2011, c’est-à-dire au moment où l’affaire avait déjà éclaté médiatiquement. Pourquoi pas avant ?

« On ne peut pas ouvrir des fronts sur tout, on est sollicité tous les jours par nos adhérents, nos associations, on a beau être une grosse association, on ne travaille pas sur tout, se défend Sylvain Trottier, chargé de communication de Greenpeace sur le pétrole. On a une expertise sur le pétrole, à l’international et en France, mais pas sur le gaz ». Trottier avance aussi une autre raison, plutôt curieuse. Ce serait une question de stratégie : « On ne va pas se mobiliser uniquement sur des problèmes locaux ». Et Trottier de donner un exemple bien connu des @sinautes : « sur les algues vertes, on n’a pas développé de campagne car c’est très localisé, ça ne s’inscrit pas dans une campagne plus large. Or, pour nous, les enjeux doivent être locaux et globaux. On essaye de faire campagne avec plusieurs pays en même temps, car avec cette logique globale, on a plus d’influence ». Et ce ne serait pas le cas du gaz de schiste ? Alors que les Etats-Unis ont développé cette technique depuis près de dix ans, que les dégâts écologiques sont connus et que les industriels se ruent maintenant vers l’Europe ?

« A propos du gaz de schiste, on s’est demandé si c’était aussi grave que le pétrole, tente de se justifier ce responsable de Greenpeace France. Mais les choses ne se font pas en deux jours. Et en général, en France, les associations locales n’aiment pas que ce soit récupéré par des grosses associations ». Pour autant, il soutient que Greenpeace n’est pas absent du débat : « on a une campagne internationale sur le pétrole non conventionnel [dont fait partie l’huile de schiste]. Pour nous, c’est notre priorité parce qu’on construit nos campagnes de manière globale ». Greenpeace centre plutôt sa campagne sur la dépendance au pétrole

A France Nature Environnement : « avant de sortir un truc, on vérifie

« ??Dans « la bande des Quatre » dénoncée par Fabrice Nicolino, il y a également France Nature Environnement, qui rassemble près de 3000 associations réparties sur l’ensemble du territoire. Cette structure délocalisée apparaissait comme la plus à même de faire remonter les contestations au niveau local. Et pourtant, Nicolino accuse le FNE de n’avoir rien fait, pour des raisons politiques : FNE « qui tire sans doute plus de 65 % de ses ressources de fonds publics, joue son rôle traditionnel de tranquillisant social, si utile en ces temps troublés. Elle ne conteste pas les gaz de schiste pour ce qu’ils représentent d’évidence, elle réclame que les formes soient mises (…) Le message de FNE au pouvoir est clair : servez-nous une sauce acceptable ». France Nature Environnement, qui a participé au Grenelle de l’environnement, est-elle dans la main du gouvernement ?

« C’est un procès d’intention, la théorie du complot fait vendre du papier », dénonce Benoît Hartmann, porte-parole de France nature environnement. Et d’expliquer : « On a commencé par faire remonter les informations de nos associations locales. Dans les arrêtés, il n’était pas écrit gaz de schiste mais simplement hydrocarbures. Il a fallu faire le tri de toutes les autorisations. Ca a commencé à monter il y a un an, en Ile de France en particulier. Mais on pensait que ces associations locales nous alertaient à propos d’hydrocarbures classiques ».

FNE se prononce contre les gaz le 17 janvier

Jointe par @si, la responsable du réseau énergie, Maryse Arditi, nous explique pourquoi tout ce travail prend du temps : « Il faut être honnête, on n’était pas branché sur les hydrocarbures. Il n’y a pas d’hydrocarbures, plus de mines en France. On a tellement de sujets sur le feu ». Et l’association ne peut pas se lancer sans être certain de ce qu’il avance : « Si je suis José Bové, si je me trompe, ce n’est pas grave. Nous, avec toutes nos associations partenaires, avant de sortir un truc, on vérifie si on est tous sur la même ligne. La démocratie, ça prend du temps. Tout seul, c’est plus facile ».

En outre, comme WWF et Greenpeace, FNE explique qu’il ne peut pas être partout : « ce n’est pas de la mauvaise volonté, il y avait plus d’urgence. De mars à juin, j’ai par exemple travaillé exclusivement sur la question de l’EPR. Actuellement, je travaille sur les plans de prévention des risques technologiques. Certains particuliers vont être expropriés », explique Maryse Arditi.

Du côté de la Fondation Nicolas Hulot, qui a pris position contre les gaz de schiste sur son site avec deux articles les 3 et 22 février, on justifie la réaction tardive par le manque d’information : « On n’était pas au courant des autorisations Borloo. Comme les populations locales », nous explique-t-on. Aujourd’hui, la Fondation veut resituer l’affaire dans un contexte plus large : « Nous, notre entrée, c’est plutôt sur l’énergie. Mais c’est plus en terme de réflexion sur le long terme, le manque d’investissement dans les énergies renouvelables ».

Comme une grande partie de la presse, les gaz de schiste ont donc échappé aux radars des grandes associations écologistes. Toutes les quatre assurent aujourd’hui qu’elles suivront le dossier de près, même si elles ne sont pas à la pointe de la contestation. En attendant, au moment où le New York Times vient de révéler que l’eau rejetée par les puits de gaz de schiste était radioactive, la ministre de l’Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a confié ce matin à Jean-Jacques Bourdin qu’elle a demandé l’abrogation des permis d’exploration de gaz de schiste à François Fillon.

Par Sébastien Rochat le 02/03/2011

Greenpeace joue et gagne (sur les gaz de schistes)

Pour signer :  http://www.petitions24.net/signatures/gaz_de_schiste__non_merci

Je n’ai pu me rendre à la manifestation de Doue (Seine-et-Marne) hier, à mon très grand regret. Ce rassemblement contre l’extraction de pétrole de schistes a été, me semble-t-il à distance, un beau succès. Et j’en suis bien entendu ravi. Un bémol, un vrai bémol : le jeu politicien de Greenpeace. Ceux qui ont lu mes précédents papiers sur cette association jadis écologiste comprendront mieux ce qui suit. Greenpeace, qui traîne des pieds depuis plus de deux mois, pour la raison que l’ordre d’agir n’est toujours pas venu de la bureaucratie dirigeante d’Amsterdam, a décidé en France de se faufiler dans l’immense mobilisation en cours. Grâce à des contorsions que je n’ai pas le temps de détailler.

D’un côté, nous ne serons jamais trop nombreux. Et donc, fort bien. Mais de l’autre, quelle misère ! J’ai lu des compte-rendus des journaux Le Monde, Le Figaro et Le Parisien, et à chaque fois, Greenpeace apparaît au centre de l’action, comme si, pratiquement, elle était l’organisatrice de l’événement. Cette captation ne doit rien au hasard, mais tout à une stratégie de com’ que, pour ma part, je juge déshonorante. Pour Greenpeace, cela va sans dire.

Nouvelles révélations (sur les gaz de schistes)

Pour signer :  http://www.petitions24.net/signatures/gaz_de_schiste__non_merci

Amis lecteurs, voici quelques nouvelles, dans le désordre. Certaines, placées à la fin, sont pourtant les plus importantes, et de loin. Ne lâchez donc pas trop vite.

1/J’ai reçu hier après-midi un long appel téléphonique de Nicolas Hulot depuis la Colombie, où il est en tournage. Pourquoi appelait-il ? À cause d’un papier de Planète sans visa (ici), lequel a entraîné un long article de Sébastien Rochat sur le site d’Arrêts sur images (ici). Je redis pour la millième fois l’estime que j’ai pour Hulot. Je redis pour la millième fois mon désaccord fondamental avec lui-même et sa Fondation. Comme on dit chez les diplomates, nous avons eu une discussion franche et cordiale. Je lui ai redit tout ce que j’écris ici. Et que je pense. La « Bande des Quatre » – WWF, Greenpeace, France Nature Environnement, la Fondation Nicolas Hulot – n’a rien foutu contre la criminelle industrie des biocarburants et ne s’est pas lancée, jusqu’à maintenant, dans l’immense bataille contre les gaz de schistes.

2/Les choses sont-elles en train de changer ? J’entends des fourmillements du côté du WWF et de France Nature Environnement. Tant mieux, du moins s’ils sont suivis d’effets. Et nul doute que j’aurai joué mon rôle, que je sais modeste et que je revendique comme tel, dans cette évolution. Greenpeace bouge également, mais d’une très étrange façon. En lançant une autre pétition que celle que j’ai eu l’honneur de parrainer avec Patrick Herman, Jean-Marie Juanaberria et José Bové (ici). En outre, Greenpeace France se contente pour l’heure d’un simple communiqué aux limites de l’acrobatie. Car il n’est toujours pas question d’une vraie campagne sur le sujet, faute d’une autorisation de la petite bureaucratie internationale basée à Amsterdam. (Rajout plus tard : Greenpeace a décidé, après réflexion, et j’en suis content, de renvoyer à la seule vraie pétition. Dont acte).

3/Madame Kosciusko-Morizet, comme j’ai eu l’occasion de le dire et de le répéter – ce n’est pas fini – est une politicienne professionnelle dont l’ambition assumée est de devenir présidente de la République. Vers 2022 ou 2027. Elle a l’âge. En attendant, elle est depuis des années secrétaire nationale adjointe de l’UMP, au service étroit de qui vous savez. Avant le dernier remaniement, elle a à peu près tout tenté pour devenir ministre de la Défense, poste régalien important pour sa grande ambition. L’écologie ? Franchement, vous êtes naïfs à ce point ? Dans l’affaire des gaz de schistes, elle a tout à perdre, et rien à gagner. Une faute, et elle court le risque de se voir reprocher ce dossier de trop pendant quinze ans. C’est à cette aune qu’il faut juger les fausses indiscrétions dont elle organise la diffusion. Elle aurait, confie-t-elle à de nombreux interlocuteurs, demandé l’abrogation des permis d’exploration des gaz de schistes à François Fillon, Premier ministre. Bien joué ! je dois le reconnaître. Si Fillon cède – je ne le crois pas -, elle triomphe. S’il donne raison à Besson, ministre en charge de l’Énergie, elle apparaît comme une victime d’une politique qu’elle réprouve. Je note au passage que la question du pétrole de schiste en région parisienne semble beaucoup moins mobiliser madame KM. C’est intéressant.

4/Une des sociétés dont on parle le moins s’appelle Realm, en négociations pour de vastes permis concernant le pétrole de schistes en France. Canadienne et bien entendu transnationale, elle mène remarquablement sa barque auprès de nos autorités. Avec des arguments qui valent leur pesant de calamités, dont la grande proximité entre Realm et la société américaine Halliburton, présidée de 1995 à 2000 par celui qui deviendrait vice-président des États-Unis, Dick Cheney. Realm ne cesse de « vendre » les liens entre elle et cette compagnie qui a tant gagné dans la destruction de l’Irak. Le directeur des exploitations chez Realm s’appelle Mike Mullen. Il a travaillé pendant vingt-cinq années chez Halliburton (ici). Question : va-t-on vendre le sous-sol de régions entières à Halliburton ?

5/European Gas Limited (ici) est une adorable société australienne spécialisée dans l’extraction de gaz de charbon et de gaz de schistes, en France notamment. Elle a d’ores et déjà obtenu de vastes permis dans le Nord, le Pas-de-Calais, la Lorraine, le Jura (Lons-le-Saunier), du côté de Saint-Étienne et même de Marseille (Gardanne). Albert Frère, probablement la plus grosse fortune de Belgique, est associé au grand ami de Sarkozy, Paul Desmarais (père), dans le contrôle de la société chimique Arkema. Laquelle fournira, si le grand massacre a lieu, une grande part des produits chimiques utilisés dans l’extraction des gaz de schistes en France. Cela, je vous l’ai déjà conté l’autre jour. En revanche, je ne savais pas qu’Albert Frère a également créé une joint-venture avec European Gas Limited par l’intermédiaire d’une autre structure, Transcor Astra Group, vouée à l’extraction de gaz. Et ce n’est pas tout. Frère est aussi le maître de la Compagnie Nationale à Portefeuille (CNP), qui est une société d’investissements majeure. Or la CNP est tout SIMPLEMENT l’actionnaire le plus important de Total et de GDF-Suez, les deux grandes sociétés « françaises » qui poussent à l’extraction de gaz de schistes. Est-ce tout ? Pas encore. Le poids de la CNP dans Total et Suez est direct, mais aussi indirect, au travers de deux filiales, Pargesa et GBL, que Frère a lancées en compagnie du milliardaire canadien précité, Paul Desmarais (père), à qui Sarkozy n’a réellement rien à refuser. Tous les liens croisés ramènent donc à Frère et à Desmarais. Sarkozy ne saurait être loin.

Je vous le dis calmement : cette histoire de gaz de schistes ne fait que commencer.

C’est la guerre (sur les gaz de schistes)

Pour signer :  http://www.petitions24.net/signatures/gaz_de_schiste__non_merci

La journaliste de Rue89 Sophie Verney-Caillat revient longuement, dans un article de ce matin, sur les révélations parues dans The New York Times, que j’ai évoquées ici même il y a plusieurs jours. Il faut y aller, se précipiter, faire circuler. Nous sommes face à une guerre non déclarée, mais certaine : http://www.rue89.com/planete89/2011/03/02/le-wikileaks-des-gaz-de-schiste-la-radioactivite-192960.

Par ailleurs, le quotidien britannique The Guardian publie un article totalement dingue, que je n’ai pas le temps de traduire. Mais Seb, du Lot, le fera peut-être pour nous ? Je l’espère. Son titre : « Results of controversial ‘fracking’ for shale gas in UK will be kept secret ». Avec la complicité d’un groupe parlementaire formant un Comité restreint, la compagnie américaine Cuadrilla Resources, qui lance le premier forage en Grande-Bretagne, sera dispensée de fournir quelque information que ce soit avant 2015. D’où le titre, qui, en français, signifie : « Les résultats de la technique controversée de la fracturation hydraulique seront gardés secrets au Royaume-Uni ». L’article : http://www.guardian.co.uk/business/2011/mar/01/fracking-shale-gas-energy-mps

Si vous doutez encore, c’est le moment de vous interroger. Avez-vous envie, une fois de plus, de subir ?