C’est tellement beau que c’est trop con (l’amiante au Québec)

Publié le 30 juin 2012 à 11h02 | Mis à jour le 30 juin 2012 à 17h23

Mine Jeffrey: le Québec va «financer le cancer»

Le Québec va «financer le cancer» et il prépare un «scénario à la Gaspésia»...

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Charles Côté
La Presse

Le Québec va «financer le cancer» et il prépare un «scénario à la Gaspésia» avec son prêt de 58 millions à la société Balcorp en vue de la réouverture de la mine d’amiante Jeffrey, a affirmé la Société pour vaincre la pollution (SVP) suite à l’annonce de Québec vendredi.

«Cette industrie est morte, c’est un fait reconnu, dit Anne-Marie Saint-Cerny, de la SVP. C’est un scénario à la Gaspésia qui se prépare. On ne reverra pas cet argent.»

La Gaspésia est une usine de papier dont la relance avortée a englouti des centaines de millions de fonds publics.

«Ceux qui vont faire les frais de cette décision sont les travailleurs de cette région qui ont besoin de se replacer dans une industrie plus viable, et les malades et les morts de l’amiante au Québec, en Inde et ailleurs», affirme Mme Saint-Cerny.

Balcorp est une société appartenant à Baljit Chadha, qui compte approvisionner des usines d’amiante-ciment en Inde avec la mine Jeffrey.

Lors d’un cocktail de financement organisé en août 2009 à sa résidence de Westmount, M. Chadha a pu compter sur la présence du premier ministre Jean Charest, qu’il connaît depuis plusieurs années, a révélé l’an dernier La Presse Canadienne. Cet événement, dont les billets se détaillaient entre 250$ et 500$, a permis de recueillir un total de 19 000$.

Selon Daniel Green, également de la SVP, le fait que la relance de la mine Jeffrey passe par une exploitation souterraine d’un nouveau filon fait augmenter les risques.

«On parle d’une opération minière souterraine où le risque d’exposition sera plus élevé que dans une mine à ciel ouvert, dit-il. Est-ce que le gouvernement est fier de son geste? Alors pourquoi l’annoncer un vendredi à 16h avant un long week-end? Il va subventionner des cancers.»

Le Parti québécois (PQ) a refusé de commenter l’annonce vendredi. Un porte-parole du parti, Réjean Hébert, candidat dans Saint-François, se limitait à des entrevues aux médias locaux, a affirmé Shirley Bishop, directrice des relations médias au PQ.

Greenpeace a également critiqué l’annonce de vendredi.

«L’amiante tue plus de 100 000 personnes par année dans le monde, a affirmé Catherine Vézina, de Greenpeace. Il est scandaleux et honteux que Québec encourage cette industrie. Le reste du monde attend mieux des Québécois.

«Ces 58 millions devraient être investis dans un développement qui est soutenable à long terme pour les communautés et qui ne menace pas la santé mondiale», dit-elle.

Le Centre international de recherche sur le cancer a réaffirmé récemment que l’amiante est cancérigène sous toutes ses formes. L’Organisation mondiale de la santé estime que la meilleure solution est de cesser de l’utiliser.

6 réflexions sur « C’est tellement beau que c’est trop con (l’amiante au Québec) »

  1. Hors sujet, si ce n’est par l’analyse de la marchandise (comme l’amiante) dans la société capitaliste comme cellule germinale et fétiche social, une vidéo d’une conférence avec deux penseurs majeurs pour nous éclairer sur notre condition, l’eau dans laquelle on nage et que l’on croit exister depuis la nuit des temps que l’on ne voit même plus, notre forme de socialisation structurée par le travail et la marchandise.

    Ces penseurs ,que j’admire pour leur clairvoyance et leur pertinence, sont Serge Latouche et Anselm Jappe, l’un pour son ouvrage majeur « L’invention de l’économie, Albin Michel 2005 » et l’autre pour son travail autour de la critique de la valeur et son livre « Les aventures de la marchandise, Denoël 2003 »

    Bon visionnage !

    http://palim-psao.over-blog.fr/article-hh-107357851.html

  2. Pour rester aussi complètement hors sujet, je vous conseille l’écoute de la chanson de Dominique A « Rendez nous la lumière »

    Le mouvement révolutionnaire ou résistant a toujours besoin de poètes.

  3. Des nouvelles du combat contre les gaz de schiste

    Communiqué de presse des collectifs réunis en coordination nationale à
    Lyon, les 30 Juin et 1er Juillet 2012
    Gaz, huile et pétrole de schiste : peut-on donner sa confiance au gouvernement ?

    Ce week-end, samedi 30 juin et dimanche 1
    er
    juillet, les délégués représentant
    les 260 collectifs contre les pétroles, gaz et huiles de schiste ont tenu leur
    réunion de coordination nationale à Lyon.
    Les collectifs réunis en coordination nationale :
     S’inquiètent des signaux négatifs envoyés par le gouvernement :
    o éviction de Mme Nicole Bricq du ministère de l’écologie du
    développement durable et de l’énergie après l’annonce faite de la
    « remise à plat » de l’ensemble des permis de recherche
    o volte-face dans le traitement des autorisations données au consortium
    Shell Tullow Total , titulaire du permis Guyane maritime,
     Dénoncent le revirement de M. Jean-Marc Ayrault : le premier ministre a tôt
    fait d’oublier les propositions de loi du président du groupe parlementaire PS
    qu’il était.
     S’alarment du dépôt le 25 mai 2012 de 6 déclarations de travaux de forage en
    Seine et Marne, date permettant à 5 jours près au titulaire du permis de
    recherche d’hydrocarbure (Hess Toréador) de s’affranchir d’une enquête
    publique. Selon les dossiers de déclaration de travaux, les forages ciblent des
    roches situées jusqu’à 3 500 mètres de profondeur.
     Tout l’été les collectifs seront en alerte sur les territoires. A l’automne les
    collectifs français s’associeront à la journée de mobilisation internationale
    contre l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures de schiste du 22
    septembre 2012.
    Les collectifs luttent pour préserver notre environnement, notre santé et
    prioritairement l’eau et l’air, sources de vie.
    Chacun sait qu’il n’y a plus, aujourd’hui, en France, de gisements d’hydrocarbures
    accessibles sans stimulation ou techniques néfastes pour l’environnement à court,
    moyen et très long terme.
    Il est urgent de transférer les financements, notamment publics, consacrés aux
    hydrocarbures, vers la recherche et le développement d’énergies renouvelables.
    C’est pourquoi, les collectifs s’opposent à toutes les explorations et exploitations
    d’hydrocarbures sur l’ensemble du territoire français car elles utilisent des techniques destructrices pour l’environnement et entrainent des conséquences désastreuses
    pour l’économie des territoires, la santé des populations et le climat mondial.
    Nous dénonçons une politique énergétique irresponsable ainsi que les artifices qui
    nous sont imposés pour la maintenir à flot :
    Code minier obsolète, commission (1) illégitime, loi ambiguë (2).
    Plus largement, nous étendons les mêmes revendications au niveau européen et
    international.
    Gaz, huile et pétrole de schiste, Ni ici Ni ailleurs, ni aujourd’hui, ni demain !
    (1) Commission nationale d’orientation, de suivi et d’évaluation des techniques
    d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures liquides et gazeux.
    (2) Loi n° 2011-835 du 13 juillet 2011 visant à interdire l’exploration et l’exploitation
    des mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux par fracturation hydraulique et à
    abroger les permis exclusifs de recherches comportant des projets ayant recours
    à cette technique

  4. « Il s’agit d’une excellente nouvelle pour la ville d’Asbestos, ainsi que pour la région de l’Estrie. Le redémarrage des activités à Mine Jeffrey était attendu depuis longtemps dans notre communauté. La relance de la mine permettra non seulement la création de 425 emplois, mais elle contribuera également au développement d’Asbestos », s’est félicité le député et ministre Yvon Vallières.
    Francisez les noms de villes et de régions, de député et de ministre, remplacez amiante par nucléaire, nano-industrie, technologies sans fil, gaz de schistes bientôt… et nous y sommes.
    Il faut bien admettre qu’avec cette relance de l’amiante, le cynisme est à son comble.
    Parfois, je me pose la question : l’homo sapiens est-il viable ? Sans doute devrais-je préciser : l’homo sapiens dans le monde capitaliste et techniciste. Plus le temps passe, plus je me dis que non, vraiment, son avenir est sans espoir.
    Je vous jure que c’est un déchirement de penser ça. On ne peut plus voir le monde dans la légèreté des premiers âges, on ne peut plus écouter les propos lénifiants sans faire des bonds en son âme et conscience, on ne peut plus revenir dans la société des compromis, des petits arrangements.
    Au moins, je me dis que j’ai bien fait, de rompre avec tout ça. La vie n’est pas dans les usines, dans les mines ou dans les centres commerciaux, elle est dans l’horizon des arbres, dans les graines de plantes et de mots que l’on sème, dans les liens que l’on tisse avec ses frères et ses sœurs d’âmes.
    Que ça change ou non le monde, je ne sais pas. Je n’ai pas la prétention d’imaginer peser sur le cours de l’époque, même si je me bats, avec mes moyens dérisoires. Qu’au moins, le monde ne nous change pas, comme le demande le conteur…
    Frédéric

    « Il était une fois un homme nommé Yacoub. Comment, se disait-il, faire en sorte que le monde soit meilleur ? A force de ruminer cette question, l’idée lui vint, un beau matin : Et si je leur racontais des histoires ?
    C’est ainsi que, sur la place ensoleillée du village, il se mit à dire des contes illuminants. Les passants firent halte un court instant puis se détournèrent, indifférents.
    Yacoub, estimant qu’il ne pouvait changer le monde en un jour, ne se découragea pas. Le lendemain et les jours qui suivirent, il revint sur la place ensoleillée. Quelques personnes s’arrêtèrent, moins nombreuses que la veille, avant de passer leur chemin. « Les paroles que je sème germeront un jour, répétait-il les yeux fermés. Un jour, elles entreront dans les esprits et les éveilleront. »
    Il s’obstina, jour après jour. Bientôt, il ne parla plus que pour les nuages et le vent. Ainsi passèrent les années. Or, un soir d’hiver, un enfant s’adressa à lui :
    – Ne vois-tu pas que personne t’écoute et ne t’écoutera jamais ? Pourquoi continuer ainsi ?
    – J’étais fou d’amour pour mes semblables, répondit Yacoub. Je les voulais heureux, dans un monde harmonieux. Alors j’ai raconté des histoires, de belles histoires pour changer le monde.
    Yacoub se tut, puis son regard s’illumina. Il ajouta :
    – Aujourd’hui, je continue. C’est pour que le monde, lui, ne me change pas. »
    D’après Henri Gougaud, L’arbre aux trésors (extrait)

  5. Pour compléter mon propos et l’élargir un peu, une pétition qui dénonce les subventions aux activités polluantes :
    http://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/appel_final.pdf
    On pourrait un jour la rebaptiser « Non au cancer subventionné », « Non à l’Alzheimer financé par l’Etat »… en listant toutes les nuisances des temps où nous sommes.
    Dans un précédent article, Fabrice dénonçait le silence de la CGT et de la CFDT qui ont participé, dans les années 80 et 90, au Comité permanent amiante, le lobby des empoisonneurs.
    Aujourd’hui, les syndicats de salariés siègent dans des instances paritaires sur le financement de la Sécurité Sociale. Qui va payer ? Salariés, employeurs ? Va-t-on vers davantage de désengagement de la Sécu ? Ce sont les questions essentielles qui agitent les partenaires sociaux. Je ne dis pas qu’elles sont sans importance, je pense simplement que la question centrale, prioritaire, urgente, devrait être : Pourquoi les gens sont-ils malades ? Comment prendre le problème à la source ?
    Sans doute que je lis trop Planète sans Visa, Pièces et main d’œuvre…
    Frédéric

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