Archives mensuelles : juin 2012

La Stampa sauve l’honneur de la presse française (le cas Schmidheiny)

Grand merci à Marie, fidélissime lectrice de Planète sans visa. Elle envoie le lien suivant, vers le quotidien italien La Stampa. L’article ci-dessous évoque la personne détestable de Stephan Schmidheiny, dont j’ai eu l’occasion de parler plus d’une fois ici, et notamment et . En deux mots, ce copieux salaud, héritier de l’empire Eternit – l’amiante – a été condamné en février 2012 à 16 ans de taule par le tribunal italien de Turin. Il a été jugé coupable de la mort de plusieurs milliers de prolos travaillant dans ses usines et alentour. Mais bien avant cela,  Schmidheiny avait refait sa vie en Amérique latine, devenant, par la grâce de chirurgiens esthétiques d’aujourd’hui – les agences de com’ – un « philanthrope écolo». Cet invraisemblable Janus a été l’un des principaux organisateurs du Sommet de la terre de Rio, en 1992. Il sera présent à coup sûr dans les coulisses – au moins- de celui de 2012, qui s’ouvre dans quelques jours. N’est-il pas président d’honneur du World Business Council for Sustainable Development, ou WBCSD ?

L’article de La Stampa rappelle qu’une pétition, que j’ai relayée, réclame que Schmidheiny soit déclaré persona non grata à Rio. Rêvons. Et il précise : « Compare al fianco di Clinton nel ruolo di consigliere, va all’Onu e in Vaticano (…) In Europa stringe la mano a tutti i potenti, fra cui non manca l’allora commissario europeo Romano Prodi ». Ce qui veut dire que celui que le magazine Forbes présente comme le Bill Gates suisse « apparaît aux côtés de Clinton dans le rôle de conseiller, va à l’Onu comme au Vatican, serre la main de tous les puissants, parmi lesquels celui qui était encore Commissaire européen, Romano Prodi ».

Quand vous verrez – bientôt – les images de Rio 2012, pensez à ce type et au système qui le protège. Pensez aux morts. Pensez à Brice Lalonde, organisateur officiel de la conférence, qui laisse une place de choix à Schmidheiny. Ainsi va le monde réel, et pas autrement. À ma connaissance, aucune association écologiste officielle française n’a seulement évoqué le nom de Schmidheiny. Certaines, il est vrai, lèchent directement le cul de gens comme lui. Et les autres ont opportunément la mémoire qui flanche.

Cronache

04/06/2012 – il caso

Ambiente, appello contro Mr. Eternit « Non deve partecipare al vertice »

ALBERTO GAINO

«Ci rivolgiamo alle Nazioni Unite, alle autorità internazionali, ai capi di stato e di governo, alla presidente del Brasile Dilma Rousseff, affinché dichiarino Stephan Schmidheiny “persona non gradita” alla Conferenza di “Rio + 20”, organizzata dall’Onu sullo sviluppo sostenibile in programma a Rio dal 20 al 22 giugno».

Rimbalza nella Rete l’appello di Abrea, l’associazione brasiliana degli esposti all’amianto, vittime anche dell’Eternit locale, sino al 1998 controllata da Schmidheiny. In Italia la petizione è stata sottoscritta dall’Associazione dei familiari delle vittime di Casale Monferrato, da numerose altre, da sindacati e scienziati come l’epidemiologo Benedetto Terracini. Stupisce che si debba ricordare niente meno che alle Nazioni Unite: «Schmidheiny è stato condannato per aver causato un disastro ambientale, e per questo dovrebbe essergli vietata la partecipazione a questa importante riunione che preparerà un piano e discuterà di come proteggere il futuro della Terra».

La singolarità della situazione corrisponde alla singolarità della figura del sessantacinquenne Stephan Schmidheiny, perfetto per il ruolo di Giano bifronte del nostro tempo. Così lo descrivono gli autori dell’appello al segretario Onu Ban Ki-moon: «Schmidheiny è uno dei fondatori del World Business Council for Sustainable Development. E’ pure un benefattore, il filantropo che ha creato la Fondazione Avina per sostenere progetti ambientali e sociali in America Latina».

«Ma è anche l’ex proprietario dell’Eternit, la multinazionale produttrice di amianto-cemento e il 13 febbraio scorso il Tribunale di Torino (Italia) l’ha condannato a 16 anni di carcere per aver provocato – ripetono quelli dell’Abrea per mettere bene in chiaro l’informazione apparsa approssimativa nella Rete, vedi Wikipedia – un disastro ambientale doloso permanente e per omissione volontaria di cautele antinfortunistiche. Se fossero state attuate, tali misure avrebbero potuto proteggere le vite dei lavoratori e della popolazione locale dai ben noti rischi di morte derivanti dall’esposizione all’amianto. Minerale cancerogeno e, secondo l’Organizzazione mondiale della sanità, responsabile della morte di oltre 107 mila persone l’anno».

Apparentemente quest’uomo, che la rivista americana Forbes ha definito il Bill Gates svizzero, ha vissuto due esistenze. A 25 anni eredita una delle due galline dalle uova d’oro che hanno immensamente arricchito la sua famiglia: l’Eternit. Al fratello Thomas, invece, va il colosso del cemento, l’Holcim. Stephan fa sostenere ad agiografi e avvocati di aver cercato di innovare con forti investimenti e nuove tecnologie la tradizionale produzione di manufatti Eternit contenendone la pericolosità. Ma nel 1972, quando il controllo azionario della multinazionale passa dai belgi a lui, non mette assolutamente al bando la crocidolite (l’amianto blu, il più pericoloso) che negli stabilimenti italiani di Casale Monferrato e Bagnoli continuerà ad essere utilizzata sino alla chiusura, quasi quindici anni dopo. Il 1992 è l’anno della svolta: in Italia si mette finalmente al bando l’amianto, e a Rio, per il primo «Vertice della Terra» sull’ambiente da salvare, Stephan Schmidheiny si presenta come l’«eroe» dello sviluppo sostenibile.

Ha raccolto decine di grandi industriali dietro le sue convinzioni, lo si conosce come il produttore degli Swatch e uno dei grandi soci del colosso bancario Ubs. L’Eternit è un mondo a parte, «svaporato» o quasi nei progetti di riforestazione, di sostegno alle culture, di filantropia terzomondista. Gli assegnano grappoli di lauree ad honorem come guru dell’ambiente, compare al fianco di Clinton nel ruolo di consigliere, va all’Onu e in Vaticano a sostenere le ottime ragioni della green economy. In Europa stringe la mano a tutti i potenti, fra cui non manca l’allora commissario europeo Romano Prodi.

Finché non gli piomba in testa la tegola del processo torinese, attesa e temuta a tal punto che da un decennio aveva fatto spiare il magistrato Raffaele Guariniello e speso milioni nella strategia della greenwashing. Fernanda Giannesi, piccolo eppure irriducibile ispettore del lavoro brasiliano, gliel’ha rovesciata addosso per attribuirgli una particolare abilità nella disinformazione e nell’ambiguità. Tuttora Schmidheiny preferisce versare «liberalità» alle vittime Eternit (in cambio però del ritiro delle querele) anziché i risarcimenti decisi dai giudici.

Ci-dessous, une traduction proposée par Flore. Merci à elle.

Schmidheiny, condamné à 16 années de prison pour les milliers de victimes, sera présent à Rio.
ALBERTO GAINO

«Nous nous adressons aux Nations Unies, aux autorités internationales, aux chefs d’état et de gouvernement, à la présidente du Brésil Dilma Rousseff, pour que Stephan Schmidheiny soit déclaré “persona non grata” à la Conférence de “Rio + 20”, organisée par l’Onu, sur le thème développement durable, programmée à Rio du 20 au 22 Juin».

L’appel de l’ABREA, l’association brésilienne des personnes exposées à l’amiante, également victimes de l’Eternit local, administrée par Schmidheiny jusqu’en 1998, se propage sur le Net. En Italie la pétition a été signée par l’Association des familles de victimes de Casale Monferrato, et par beaucoup d’autres, par des syndicats, par des scientifiques comme l’épidémiologiste Benedetto Terracini. Étonnant qu’il faille rappeler à rien moins que les Nations Unies ceci : «Schmidheiny a été condamné pour avoir causé un désastre environnemental, et pour ça il devrait lui être interdit de participer à cette importante réunion où il s’agit de discuter et de préparer un plan sur comment protéger le futur de la Terre».

La singularité de la situation correspond à la singularité du personnage même de Stephan Schmidheiny , âgé de 65 ans, parfait dans le rôle d’une personne ambiguë typique de notre époque. Les auteurs de l’appel lancé au secrétaire de l’Onu Ban Ki-moon le décrivent ainsi : «Schmidheiny est l’un des fondateurs du World Business Council for Sustainable Development. Également un bienfaiteur, le philanthrope qui a crée la Fondation Avina pour soutenir des projets environnementalistes et sociaux en Amérique Latine».

«Mais il est aussi l’ex propriétaire d’Eternit, la multinationale productrice d’amiante-ciment et le 13 février dernier le Tribunal de Turin (Italie) l’a condamné à 16 ans de prison pour avoir provoqué – ceux de l’ABREA le répètent pour que les choses soient bien claires car l’information apparaît approximative sur le Net, voyez Wikipedia – un désastre environnemental criminel et permanent par omission volontaire de mesures de précaution contre les accidents. Si elles avaient été prises, de telles mesures auraient pu protéger la vie des travailleurs et des populations locales des risques de mort, bien connus, liés à l’exposition à l’amiante. Minéral cancérogène, selon l’Oms, responsable de la mort de plus de 107 000 personnes par an ».

Apparemment, cet homme, que la revue américaine Forbes définit comme le Bill Gates suisse, a vécu deux existences. A 25 ans, il a hérité de l’une des deux poules aux oeufs d’or qui ont immensément enrichi sa famille : l’Eternit. Tandis que son frère Thomas a reçu le colosse du ciment, l’Holcim. Stephan fait plaider à ses biographes et à ses avocats d’avoir cherché à innover avec de gros investissements et de nouvelles technologies la production traditionnelle de l’usine Eternit pour en limiter la dangerosité.

Mais en 1972, quand le contrôle des actions de la multinationale passe des belges à lui, il ne mets pas au ban la crocidolite (l’amiante bleu, le plus dangereux) qui dans les établissements italiens de Casale Monferrato et de Bagnoli continueront à être utilisés jusqu’à la fermeture, quasiment 15 ans après. 1992 est l’année du virage : en Italie c’est le bannissement de l’amiante, et à Rio pour le premier « Sommet de la Terre» sur la sauvegarde de l’environnement, Stephan Schmidheiny se présente comme le «héros» du développement durable.

Il a rassemblé des dizaines de grands industriels derrière ses convictions, là il se distingue comme le producteur des Swatch et l’un des plus grands actionnaires du géant bancaire Ubs. L’Eternit est un monde à part, «évaporé» ou quasi, dans des projets de reforestation, de soutien à la culture, de philanthropie tiers-mondiste. On lui attribue tout un tas de diplômes ad honorem comme gourou de l’environnement, il brille aux cotés de Clinton dans le rôle de conseiller, va à l’Onu et au Vatican défendre les excellentes raisons d’une économie verte. En Europe, il serre la main de tous les puissants, parmi les quels ne manque pas le président de la commission européenne de l’époque Romano Prodi.

Tant que la tuile du procès de Turin ne lui plombe pas la tête, il attend et il a peur à tel point qu’il avait fait espionner le magistrat Raffaele Guariniello et qu’il a dépensé des millions pour sa stratégie de greenwashing. Fernanda Giannesi, petite mais irréductible inspectrice du travail brésilienne lui a attribué une particulière habileté dans la désinformation et aussi dans l’ambiguïté.

Schmidheiny préfère toujours verser des «libéralités» (dons) aux victimes d’Eternit ( en échange toutefois du retrait des plaintes) au lieu des réparations décidées par la justice.

Quand Alain Lipietz ne sait pas quoi répondre

Précision : cette passe d’armes avec Alain Lipietz ne peut intéresser qu’à la marge. En toute hypothèse, ce membre valeureux d’Europe Écologie-Les Verts appartient au passé. Je l’ai accusé (ici) d’avoir grossièrement menti en prétendant dans un clip destiné aux prolos de Hénin-Beaumont qu’il avait été mineur. Je découvre ce 3 juin qu’il a répondu sur son site, et j’ai décidé de vous en faire profiter, ajoutant ma réponse.

Pourquoi ? Pour une raison simple : la recherche des moyens de faire face à la crise écologique planétaire exige bien des changements. L’un d’entre eux s’appelle la vérité, si proche en cette occurrence de la morale. Lipietz ne compte évidemment pas, mais les principes qu’il viole d’abondance, si. Voici, dans l’ordre, le texte de Lipietz. Puis ma courte réponse. On n’est pas obligé de lire.

 

Les législatives et le journalisme à la Nicolino.


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Lundi 28 mai 2012

La campagne législative continue. Je fais un déplacement par jour en soutien aux candidatEs EELV, qu’ils ou elles soient « en autonome » ou en commun avec le PS. Je ne le raconte plus que sur mon mur ou sur ma page facebook. Et je constate que, dans la majorité des cas, un dissident PS leur est opposé, ce qui en dit long sur le sens de la parole donnée par ce parti. Mais bon, c’est pas un scoop, on le savait dès le départ.

La presse ne nous aide pas beaucoup, on dirait que la crise écologique est terminée, sans que l’on nous ait annoncé comment. Il faut, pour la suivre, consulter les pages économiques ou la presse spécialisée. La crise alimentaire continue, les prix agricoles flambent toujours sur le marché mondial, la malbouffe étend ses ravages sur dans les classes populaires de l’occident et maintenant des pays émergents. Le prix du pétrole fluctue à des niveaux qui début 2008 paraissaient déments. Les pays industrialisés renoncent un par un au nucléaire, sauf la France et la Chine. On apprend par La Recherche de Juin (entretien avec Cedric Philibert, de l’AIE) que la France a franchi le 8 février son record de consommation électrique (100 giga) et a dû acheter 9 giga à l’Allemagne, qui vient de fermer 8 réacteurs nucléaires. Ce jour-là, le photovoltaïque allemand avait produit 10 giga, rachetés au tarif garanti de 240 euros le mégawattheure par les entreprises électriques allemandes, et revendus 1700 euros sur le marché spot européen ! Mieux vaut en rire.

Un journaliste se réclamant de l’écologie offre d’autres occasions de rigoler (une fois blindé son sens de l’humour). Ce Monsieur Nicolino s’était distingué en plombant le lancement de Politis par un scoop vaseux, puis s’était rappelé à notre bon souvenir par une dénonciation calomnieuse du président de Greenpeace-France. D’habitude, il passe son temps à démolir le monde associatif, mais aujourd’hui il attaque violemment, sur son site, le site de campagne de la candidate écolo Marine Tondelier, opposée à Marine Le Pen à Hénin-Baumont, en ciblant particulièrement une interview de Dominique Voynet et… ma pomme.

On avouera qu’il n’y avait rien de plus urgent. Monsieur Nicolino a commis quelques livres de synthèses intéressants sur divers sujets de la lutte écologiste. Leur crédibilité est dorénavant entachée par la méthodologie dont se réclame ce journaliste (et dont cette affaire donne un aperçu). Mais reconnaissons qu’il sait choisir ses cibles avec précision. Aujourd’hui donc, les soutiens à la campagne de Marine Tondelier, les auteurs de son site, les militants de EELV.

Laissons Dominique répondre, si elle le souhaite. Dans cette chronique amusante, Nicolino me fait la grâce de s’intéresser à ma biographie. Ce qui est amusant, c’est la rage particulière que me voue ce journaleux, encore 10 ans après un lynchage médiatique que je pensais terminé. Deux points motivent sa fureur :

* J’occulterais, dans une notice biographique de quelques lignes, le fait que j’aie appartenu au groupuscule appelé GOP de 1974 à 1975,

* Je mentirais, en prétendant que j’ai été mineur dans les houillères du Nord-Pas de Calais.

Je le confesse : dans la très courte notice autobiographique de mon site, je ne me suis pas étendu sur mon passé lointain. J’aurais dû, dit Nicolino. D’ailleurs, chaque fois que j’en ai la place, je le fais (et gageons que le plumitif ne va pas manquer de me taxer d’auto-complaisance !) et cite avec une fierté nostalgique mon passage par la GOP. Signalons à Nicolino un moyen simple : on tape « Lipietz, GOP » sur Google. Un truc utile, pour un journaliste.

Faites–le. Si, si. Vous trouverez sans doute d’abord ma notice dans Wikipedia, puis un billet de mon blog où je raconte ma relation à André Gorz, puis les multiples articles et entrées de blog où je mentionne mon passage par la GOP etc.

L’article sur Gorz est intéressant car il évoque la filiation italienne (via Gorz ou directement via Il Manifesto et Lotta Continua) à l’origine de la GOP. Notre historien amateur a cependant la prudence de reconnaître que son information, qui fait de la GOP un groupuscule marxiste-léniniste-stalinien (caractérisation bizarroïde, pour qui connaît la GOP) et rapporte de mon passé des « témoignages » étonnants, n’est que de seconde main. Nicolino oublie de rappeler que je suis le théoricien du FLNC, un vieil ami des Farc, un soutien de Ben Laden.

Il lui aurait été facile pourtant de consulter mon site pour connaître mon rapport à Mao (et Staline). Car mes textes et mes évolutions sont publiques, même si je n’ai pas encore eu le temps (ou le narcissisme ?) de tout archiver sur mon site avant de recycler mes vieux papiers. Par exemple : l’article « D’Althusser à Mao ? ». Ou alors mes articles de l’époque, dans le journal de la GOP, L’outil des travailleurs.

Aucun intérêt, me direz vous. Sans doute, si ce n’est en l’occurrence de mesurer la conscience professionnelle des journalistes à la Nicolino. Elle éclate encore plus spectaculairement dans sa seconde critique. Je cite : « Alain Lipietz est né dans une famille bourgeoise, ce qui n’a rien d’une honte. Mais c’est un fait. Comme il est certain qu’il a intégré l’école Polytechnique, et qu’il est devenu plus tard ingénieur des Ponts et Chaussées, faisant du même coup partie de cette « noblesse d’État » décrite par Pierre Bourdieu. Il n’a donc pas été mineur. Jamais. Nulle part. Dans le cadre de son stage à Polytechnique, Lipietz a passé quelques semaines dans une houillère du Nord. Je ne sais ni ne souhaite savoir ce qu’il aura fait au cours de son séjour. Disons qu’il me paraît vraisemblable que les patrons des Charbonnages n’auront pas envoyé Lipietz au contact vivifiant des veines de houille et des coups de grisou. Disons. »

Voici le journalisme à la Nicolino : « Je n’en sais rien, et ne souhaite pas le savoir, mais disons. » C’est quasiment une thèse méthodologique. Une profession de foi déontologique. Disons. Ah, que voilà une belle maxime journalistique. Disons. Que répondre à cela ?

Il se trouve que c’est pourtant vrai, que j’ai été mineur, mineur de fond, en 3X8, habitant chez des mineurs, que j’ai connu le « contact vivifiant des veines de houille » et du perçage des galeries, que j’y ai perdu une partie de mon ouïe en maniant la foreuse, à défaut de connaître les coups de grisou (non, Monsieur Nicolino, on n’organise pas des coups de grisou pour « vivifier les mineurs », on essaie au contraire de les éviter, comme la silicose, non sans effet pervers, et d’ailleurs j’en ai tiré un texte, que j’ai perdu).

Pourquoi ce choix, alors que j’étais étudiant ingénieur ? Eh bien d’abord, c’était la mode. J’ai aussi, honte à moi, été paysan chez des paysans-travailleurs. Robert Linhart a tiré de son expérience un petit livre magnifique : L’établi. Et pourquoi mineur ? Parce que mon père, comme beaucoup de Polonais, avait été mineur. Vous voulez sa photo ? C’est raconté . D’ailleurs dans mon équipe de mineurs on ne parlait que polonais (plus rarement : chti), langue que mon père ne m’a pas transmise, et le volet propagandiste de mon « établissement » se révéla immédiatement un échec total.

Quand à mon expérience très enrichissante de la mine, c’est raconté dans mon livre L’audace ou l’enlisement (1984) et je n’ai pas souvenir qu’à l’époque cela ait été contesté. Tout simplement parce que ce n’était pas le sujet. Car figurez vous, M. Nicolino, que ce n’est pas en travaillant dans une mine (vers 1967 ou 68, je ne me souviens plus) que j’ai appris ce que je dis dans ce livre de 1984, et maintiens dans l’interview de 2012 pour le site de Marine Tondelier : que la fermeture des mines au long des années 70 s’est faite dans la plus complète indifférence de la part des technocrates qui en décidaient, à l’égard des conséquences psychologiques et sociales pour les mineurs et leurs famille du bassin houiller.

Évidemment, après mon expérience de mineur, j’ai gardé un faible militant pour le destin de ce métier, et je suis fréquemment retourné dans la région qui m’avait accueillie, comme on sait maintenant que savent accueillir les chtis. Dans L’outil, j’ai organisé la popularisation en France de la grande lutte des mineurs anglais.

Et pourtant, dans les années 80, j’ai approuvé la fermeture des mines de charbon. Seulement, moi, je suis allé « au front », discuter avec les mineurs sur les possibilités d’une reconversion dans la dignité.

Et je pense que c’est cela qui a manqué. Et qui, autant que la corruption de certains élus PS, explique le succès du Front National. Et que seule une politique écologiste, fondée sur le « sens de la mise valeur du domaine » (étymologie du mot éco-logie) peut refonder l’espérance dans les bassins industriels en déshérence. Et je souhaite le meilleur succès à Marine Tondelier.

Adresse de cette page : http://lipietz.net/?breve461

La réponse de Fabrice Nicolino

 Cher monsieur Lipietz,

N’étant pas familier de vos terres, je ne découvre votre texte que ce 3 juin. Il est possible que vous disposiez d’un fan club. Je dois dire que ce peut être rassérénant. Pour le reste, votre culot demeure intact. Est-ce que cela m’étonne ? Non.

Sur mon compte. Vous avez bien le droit de penser ce que vous voulez. Mais pourquoi diable inventer ? Je serais très surpris que vous puissiez préciser – mais préciser, j’y insiste – la nature du « scoop » qui aurait plombé Politis. Car la vérité, que vous trouverez auprès de MM.Besset, Langlois, Sieffert, est aux antipodes.

Au sujet du maoïsme, je ne vais pas m’étendre. Vous ne prenez pas même soin de nier être allé signer le livre de condoléances ouvert par l’ambassade totalitaire au moment de la mort de votre grand Timonier. Ni, pour sûr, que votre GOP a défilé ces jours de septembre 1976 avec le ban et l’arrière-ban de l’armée en déroute des maôlatres. Pour sûr, car il existe des preuves indiscutables.

Mais bien entendu, vous étiez, vous, Alain Lipietz, au-dessus de cela. Vous lisiez Gorz. Vous étiez déjà écologiste, qui sait ? La réécriture de sa propre histoire n’a jamais atteint les plus hauts sommets que chez les staliniens et autres maoïstes. Il y a tant à dissimuler ! Monsieur Lipietz, je vais droit au but : qui a soutenu l’effroyable dictateur que fut Mao, qui a célébré sa mort comme un deuil pour l’homme, a été le complice d’un crime inouï. Je comprends que vous souhaitiez à ce point camoufler vos engagements passés, mais il restera toujours quelqu’un – je l’espère – pour se souvenir.

Sur le reste, je constate avec (un faux) étonnement que vous ne donnez aucune date. Comme c’est fâcheux ! C’est d’autant plus fâcheux que la réponse figure sur votre site si prolixe, en toutes lettres. Je vous suggère donc de taper : http://lipietz.net/spip.php?article1116. Et que ne trouve-t-on pas sous la plume de Francine Comte Ségeste, que vous ne contesterez sûrement pas ? Ceci :  « Les douleurs du monde lui sont apparues [à vous], toutes noires, toutes crues, intolérables, lorsqu’en guise de stage pour Polytechnique, il a travaillé quelques semaines dans les mines, partageant la vie des mineurs du Nord ».

Quelques semaines ! Et sans témoin de vos exploits, monsieur Lipietz. Je crois avoir un autre rapport, plus décent, à la vérité.

Fabrice Nicolino

Un rajout, plus tard ce même 3 juin 2012

Je viens de lire, dans la souffrance, un texte d’Alain Lipietz qui date de 1973. C’est un texte théorique. Si. C’est tellement accablant – pour lui – que je garde mes commentaires. Une chose néanmoins : Lipietz était un admirateur de Mao. L’un des pires criminels de masse de l’histoire. On peut s’en moquer. On peut aussi garder cela dans un coin de la tête. Le texte, qui figure pour comble sur le site même d’Alain Lipietz : http://lipietz.net/spip.php?article787

Un deuxième rajout, encore plus tard, mais ce même jour

Et voilà que j’oubliais la forme. Très important, la forme. Que l’on songe au decorum des aveux et autocritiques en vogue dans le grand pays totalitaire cher à Alain Lipietz. Je vois qu’il n’a pas tout perdu en route. Je constate qu’il connaît encore la douce musique. Certes, la disqualification de l’autre, en tant que personne, pour ne pas avoir à répondre de soi et du fond, cette technique n’a pas été inventée par les staliniens et les maoïstes. Non pas. Mais elle n’a jamais été autant magnifiée que dans les paradis que furent l’URSS stalinienne et la Chine de Mao.

M.Lipietz aurait pu répondre sans insinuer avec force que je suis un mauvais professionnel. Qui aurait coulé un journal pour cause de mauvaises infos. Sans me traiter de « journaleux ». Sans affirmer – alors qu’il n’en a visiblement lu aucun – que mes livres ne seraient que synthèses. Mais faisant cela, restant sur le terrain de la critique, il eût dû expliquer pourquoi un stage de quelques semaines, en tant qu’élève de Polytechnique, peut se transformer en une profession, parmi les plus dures qui soient. Et bien entendu, c’eût été plus difficile.

Au reste, il est plaisant de voir M.Lipietz s’enferrer tout seul. Car ce stage, à l’en croire, a eu lieu en 1967 ou 1968. Or ce qu’on a appelé l’établissement – en usine -, qui n’a rien à voir, a commencé plus tard. Aussi la mention faite de Robert Linhart est-elle, mais faut-il s’en étonner ? un superbe anachronisme. Notez que j’aurais pu choisir un mot plus péjoratif.

Ultime précision : je ne connais pas Alain Lipietz. Je l’ai croisé peut-être trois fois dans ma vie. Je n’ai jamais eu aucune discussion avec lui. Je n’ai évidemment aucune vindicte contre lui. Sa personne m’est tout entière indifférente. Simplement, je crois et proclame qu’une parole publique engage celui qui la prononce. Et je continue de faire la différence entre le mensonge et la vérité, fût cette dernière relative.

Rajout du 8 juin 2012

Cela n’intéressera que quelques personnes, mais je tiens aux faits, malgré leur fragilité intrinsèque. Vous pouvez, si vous le souhaitez, vous rendre sur le site d’Alain Lipietz pour lire la suite de nos échanges stériles. Pour ma part, je tiens à publier les derniers ici, car ils me paraissent avoir un sens. Voici donc, et ce sera fini, sauf nouvelle imbécillité.

  • Les législatives et le journalisme à la Nicolino.

    je suis bien d’accord avec Nicolino qui est un homme tres engagé ne vous en deplaise et de terrain dans de multiples batailles bien reelles ,l’episode Politis est faux,quand a vos arguties habituelles,le,mensonge et la tyrannie ,on ne vous voit jamais sur le terrain ,arrachages OGM,GDS,etc ,Nicolino est radical,cad aller a la source, et dans la vérité de ce qui se passe chez les ecologistes avéres dont vous n’avez jamais été,point Ses livres sont plus efficaces pour des changements radicaux que votre prose mentale et hors sol


    Lundi 4 juin 2012 à 05h13mn28s, par Terre

    lien direct : http://lipietz.net/?breve461#forum4346

    • Les lecterus du journalisme à la Nicolino.

      Jamais sur le terrain ? Jamais arrachant des OGM ? eh bien faites comme Nicolino, allez voir sur mon site. Et changez de journaliste. Et oui , son scoop Politis était faux.


      Lundi 4 juin 2012 à 07h49mn18s, par Alain Lipietz (alain@lipietz.net)

      lien direct : http://lipietz.net/?breve461#forum4347

      • Les lecterus du journalisme à la Nicolino.

        Monsieur Lipietz,

        Je pressens – allez savoir pourquoi – que vous avez quelques difficultés avec les faits. Néanmoins, cela ne vous autorise pas à mentir grossièrement sur mon compte. Je vous ai déjà demandé de préciser l’accusation professionnelle concernant mon travail de journaliste à Politis, vous recommandant d’aller à la source, c’est-à-dire MM. Besset, député européen de chez vous, Langlois et Sieffert. Ils ne pourront que confirmer que je n’ai jamais donné le moindre scoop faux à ce journal. Tout au contraire, de très nombreuses enquêtes – la police municipale d’Hyères, la prévention du sida, la décharge de Montchanin, l’affaire Marletta, le laboratoire Speichim de Brioude, etc, etc. – ont toujours permis à cet hebdomadaire de déborder le cadre habituel de ses lecteurs.

        Monsieur Lipietz, je suis un homme patient, mais je ne goûte guère les calomniateurs, quel que soit l’étage auquel ils se trouvent. Je vous demande donc instamment ou d’apporter des preuves, ce qui sera impossible, ou de retirer ces mots, qui ne vous honorent pas.

        Fabrice Nicolino


        Lundi 4 juin 2012 à 16h18mn27s, par Fabrice Nicolino

        lien direct : http://lipietz.net/?breve461#forum4348

        • Les lecterus du journalisme à la Nicolino.

          Bon, alors, Monsieur Lipietz, vous répondez à Monsieur Nicolino ? C’est quoi, son scoop de Politis qui aurait été faux ? J’imagine que vous faisiez référence à des faits précis, sans cela vous ne vous seriez pas permis d’asséner cela sans preuve, hein. Le suspens est à son comble !!

          Une dernière remarque : si j’avais travaillé comme caissière deux semaines (ou deux mois, allez !) à l’été 73 pour payer un trip en Ardèche ou un bout de mes études, et qu’aujourd’hui, j’étais cadre supérieur chez Carrefour (par exemple), est-ce que je pourrais me permettre de proclamer à celles qui s’éreintent année après année à porter des packs de lait et à supporter un cheffaillon tyrannique et des clients irascibles : « j’ai été caissière, je sais ce que vous vivez, blablabla » ? Un peu de cohérence et d’honnêté. Votre envie de faire populaire vous fait piétiner la dignité de ceux dont la mine était le quotidien. Celle des mineurs, des vrais mineurs.

          Ingrid Martin

          PS : et n’oubliez pas les preuves du scoop bidon de Nicolino, hein ? Sinon on croira que vous disiez ça seulement pour le discréditer !


          Mercredi 6 juin 2012 à 12h46mn53s, par Ingrid Martin (ingrid.martin93@yahoo.fr)

          lien direct : http://lipietz.net/?breve461#forum4350

          • Les lecteurs du journalisme à la Nicolino.

            Aucun suspens, Madame Martin, la référence au scoop de Nicolino que je qualifie de « vaseux » est dans mon article : c’est le premier numéro (et les suivants) de Politis. Je crois meme me souvenir : en première page. C’est donc public, et vous pouvez vérifier vous même.

            Sur votre seconde remarque : j’ai du mal à comprendre. Ou vous avez été vendeuse, fût-ce pour payer un bout de vos études, ou pour y prêcher la sainte parole nicoliniste, et il n’y a aucune honte à le dire, il n’y a pas de saut métier et je dirais presque , au vu de l’ itinéraire de mes filles et petites filles, que c’est un cursus courant. Et c’est certainement une expérience enrichissante si aujourd’hui vous êtes devenue cadre, que ce soit dans la recherche universitaire ou chez Carrefour. A noter que lorsque je travaillais à la mine (plus pour des raisons politiques) je côtoyais de jeunes Marocains qui « payaient leurs études », ils n’en étaient pas moins mineurs que ceux qui faisaient ça de père en fils jusqu’à en mourir de silicose (et pas « coup de grisou », j’aurais au moins appris ça de plus que M. Nicolino sur la mortalité dans les mines).

            Ou vous n’avez « jamais nulle part  » été vendeuse, et si vous le dites , vous mentez. Point. Question de cohérence et d’honnêteté.


            Jeudi 7 juin 2012 à 10h17mn37s, par Alain Lipietz (alain@lipietz.net)

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        • La méthode « disons ».

          Cher Monsieur

          je crois avoir été clair dans mon billet : votre scoop vaseux était celui du numéro de lancement de Politis. Vous y affirmiez que les fûts de Sévéso étaient dans une décharge française, à Montchanin, je pense. J’y ai cru. Mais vous n’avez jamais pu le prouver. J’ai été éberlué qu’on lançât une telle accusation sans preuve. Politis vous a laissé poursuive quelques numéros, puis s’est discrètement désolidarisé.

          J’ai été éberlué qu’on lançât une telle accusation sans preuve. J’étais naïf sur certaines méthodes journalistiques. Depuis j’ai appris à connaitre l’origine de vos scoop vaseux : la méthode du « disons », que vous me faites l’honneur d’exercer sur ma biographie.

          Je vous imagine. « Les fûts de Séveso sont bien quelque part. A Montchanin. A jamais et nulle part ailleurs. Car je doute que les autorités italiennes les aient fourgués au soleil vivifiant de quelque carrière de la mafia napolitaine : elles débordent déjà. Or il existe une décharge de trucs degueu à Montchanin. Les fûts sont probablement là. Disons ».

          Je ne fais que paraphraser votre citation sur ma biographie. Quant aux « faits » que je rapporte , je ne peux pas les prouver, mais un bon journaliste doit pouvoir les vérifier assez rapidement, ne serait-ce qu’en recherchant sur mon site , comme pour mon appartenance à la Gop. Encore une fois Google n’est pas fait pour les chiens (mais si c’est seulement dans un de mes livres, faudra vous fatiguer à les lire) . J’ai été mineur, pendant un nombre de semaines dont je me souviens plus (mais j’ai revu avec terreur revenir plusieurs fois l’équipe de nuit, on travaillait en 4X 8 car il fallait une heure de marche au fond pour atteindre le front de taille , et je me souviens avoir râlé que j’aurais préféré qu’on se callât plusieurs semaines de suite en équipe de nuit), je ne me souviens plus si c’était en 67 ou en 68, et je crois me souvenir que c’était la Fosse 7 à Billy-Montigny. Vérifiez, c’est votre métier. Comme vous pouvez demander à voir ma signature sur les Livre de condoléances pour Mao à l’ambassade de Chine. Disons.


          Jeudi 7 juin 2012 à 19h10mn36s, par Alain Lipietz (alain@lipietz.net)

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          • La méthode « disons ».

            Cher monsieur,

            La méthode à Mimile Lipietz est une merveille. On a tous les droits, puisqu’on est chez soi, pas ? Vous un as, il n’y a pas à dire : concentrer tant d’erreurs en si peu de mots n’est pas à la portée de n’importe qui. Je vais vous répondre calmement.

            1/L’affaire de Montchanin a paru dans Politis deux ans après son lancement. Pas au moment de son numéro 1, donc.

            2/ Tantôt vous écrivez que j’ai donné un scoop vaseux, tantôt un scoop faux. Vous êtes visiblement doté d’une imagination rare, mais il me semble que vous vous surpassez. Vaseux, faux ? Est-ce bien la même chose ? Il vaudrait mieux choisir.

            3/ Vaseux, faux ? Ni l’un ni l’autre. J’ai écrit une bonne douzaine d’articles sur le sujet, dont vous n’avez à l’évidence jamais lu la moindre ligne. Au passage, quel mépris pour MM. Besset, Sieffert et Langlois – les responsables de Politis – qui m’auraient ainsi encouragé dans une voie calamiteuse. Le tout s’est étendu sur des mois, et ce dossier me rend aujourd’hui encore légitimement fier. Il contient, et il suffit pour cela de consulter la collection de Politis, un très grand nombre de documents nouveaux, qui sont accablants. Je pense, parmi tant d’autres éléments vérifiables, à la révélation et la publication d’un document portant sur la quantité exacte de « résidus chlorés » – la dioxine -, déclarée par les autorités italiennes. Ainsi que la révélation d’un programme caché de la décharge de Montchanin portant justement sur cette quantité de déchets spéciaux. Ainsi que la révélation, par un témoin direct, d’un enfouissement de nuit, à Montchanin, la nuit fatidique où, selon les premières déclarations italiennes, la dioxine de Seveso a été enterrée.

            4/Je pourrais continuer jusqu’à demain matin. Le fait que le gouvernement français – en avait-il les moyens ? – n’ait à l’époque que fait semblant de chercher ces 150 tonnes au milieu d’un million d’autres signifie donc, à vos yeux, que l’histoire ne tient pas ? Ma foi, pour un ancien maoïste, vous avez gardé le sens de la révolte.

            5/Il me semble me souvenir que, chez les maoïstes, les enquêtes auprès du peuple étaient réputées essentielles. Que n’interrogez-vous ceux qui, à Montchanin, ont mené la bagarre contre la décharge pendant quinze ans ? Tenez, je vous donne un nom, qu’il vous sera facile de retrouver : Pierre Barrellon, responsable de l’Association pour la défense de l’environnement montchaninois (ADEM). Appelez-le de ma part !

            6/Cette enquête sur Montchanin, ne vous déplaise, a fait le tour du monde, et conduit, en partie, au vote d’une loi sur les décharges en 1992. Laquelle n’a servi à rien, ou presque, mais c’est un autre sujet.

            7/Vous êtes un véritable calomniateur. Devrai-je ajouter : un véritable petit calomniateur ? Oui, je l’ajoute. Vous répandez les doux effluves du ragot, vous ne cherchez ni ne prouvez quoi que ce soit, et puis vous continuez à trôner sur votre (très modeste) Olympe. Ma foi, chacun sa vie. Je pense que vos méthodes eussent pu vous conduire à une belle promotion si la chance vous avait mieux servi.

            8/Enfin, et concernant la mine, je dois avouer que je suis soufflé ! Votre audace me confond. Vous reconnaissez donc, après vous être fait prier, que vous n’avez passé que quelques semaines, en stage de Polytechnique, dans une mine du Nord. Et vous assumez le fait insultant de déclarer dans une vidéo à destination des ouvriers de Hénin-Beaumont : « J’ai été mineur ». Soyez sûr que j’ai honte pour vous.

            Fabrice Nicolino


            Vendredi 8 juin 2012 à 03h42mn20s

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            • La méthode « disons » : pour conclure.

              J’ignore ce qui vous autorise à vous moquer de mon prénom. Il est vrai que je vous ouvre sans réserve mon site (« chez moi », comme vous dites) alors que moi je ne vais pas polluer le votre. Sur le fond, j’ai un peu l’impression qu’on tourne en rond.

              Vous persistez à affirmer l’exactitude de vos accusations : « mineur ? Jamais. Nulle part ! » tout en reconnaissant progressivement au fil des jours le caractère vaseux (dirais-je : « faux » ?) de ces accusations, devant l’évidence des témoignages figurant sur ce site, que vous auriez pu visiter dès l’origine au delà d’une biographie de quelques lignes. C’est ce que vous appelez vous-même « se faire prier pour reconnaître que… » : oui, oui , il faut lire plus que quelques lignes pour découvrir sur mon site que je me revendique de la GOP, que j’ai été mineur et dans quelles conditions. « OK, un peu (grommelez-vous), ok, au contact vivifiant des veines de houille, ok, quelque part dans le Nord-Pas de Calais, mais pas assez à mon gout : ça compte pas ». Votre gout, Monsieur, m’indiffère totalement et je ne me sens pas du tout concerné que vous ayez « honte pour moi ». Ne comptez pas sur moi pour qu’en échange j’aie honte à votre place.

              J’affirme et persiste et signe que votre scoop sur Seveso était « vaseux » et vous prie de m’excuser si dans un des commentaires de ce fil , agacé, je me suis laissé allé à écrire qu’il était faux. La méthode « disons » peut en effet tomber juste, comme le tirage au sort. « Le vrai peut quelque fois n’être pas vraisemblable » : l’inverse est vrai aussi. La décharge de Montchanin était une horreur et les fûts de Seveso aussi, mais il y en a bien d’autres (et des décharges, et des fûts) et il faut autre chose que des coïncidences pour sortir du journalisme à la Nicolino, le journalisme du « disons ».

              J’ajoute qu’elle (la décharge) reste une horreur même sans les fûts de Seveso et méritait d’être dénoncée, même sans ce douteux procédé journalistique.

              Là où je reste coi, c’est que ma mémoire associait ce scoop vaseux au lancement de Politis, qu’il avait plombé pendant des semaines. Vous affirmez qu’il ne s’agissait pas du numéro 1, dont acte. Peut-être une relance ? le passage à l’hebdo ? En revanche , j’ai gardé en mémoire tous les articles « faits troublants » que vous rappelez ici, mais qui ne constituaient et ne constituent toujours pas une base pour votre affirmation, au point que nos amis Besset, Sieffert et Langlois ont fini par se lasser.

              Je ne sais si les lecteurs et lectrices de mon site irons s’amuser à vérifier vos dire et les miens : cela me paraitrait perte de temps, et je ne vous réponds que par politesse puisque vous êtes « mon hôte ». Je recommanderais à ceux qui s’intéressent à votre querelle médiocre un seul petit test : revenir au point de départ, à votre attaque contre mon site où s’inaugure ce débat.

              Selon vous, à lire mon site, « Nul ne saura donc – notamment – que Lipietz a été un pilier du mouvement maoïste appelé Gauche ouvrière et paysanne, puis Gauche ouvrière et populaire (GOP) ». Il suffit de faire « GOP » sur le moteur de recherche (ou sur google) pour démasquer votre imposture.

              Le but n’était, il est vrai, pour vous, que d’attaquer la campagne de Marine Tondelier, adversaire écologiste de Marine Le Pen à Hénin-Baumont. Et mon modeste cas, comme celui de Dominique Voynet, n’y servait que de chiffon rouge. En ce qui me concerne, l’incident est clos, comme celui de Rue 89, autre style – économiquement différent – du journalisme du « disons ».


              Vendredi 8 juin 2012 à 06h05mn05s, par Alain Lipietz (alain@lipietz.net)

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