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Paul Watson fout la zone à l’Élysée

Cet article a paru le 9 janvier 2013 dans Charlie-Hebdo

Le pirate Paul Watson ne se contente plus d’éperonner en haute mer les navires baleiniers. Pourchassé par les flics du monde entier, il veut maintenant obtenir l’asile politique en France. Pour Hollande, c’est la merde.

Hollande cherche les emmerdes, c’est pas possible autrement. La scène se passe dans le bureau du président il y a quelques semaines, comme le raconte à Charlie un participant. On fait semblant de parler de la planète entre deux bâillements, en compagnie des écolos de service. Soudain, Hulot s’enflamme à propos de Paul Watson, magnifique défenseur des baleines. Hulot considère que le sort fait à Watson est dégueulasse – il a raison -, et essaie de secouer Hollande. Le président, les yeux écarquillés : « Mais qui est ce Watson ? ». Delphine Batho, présente à la réunion en tant que ministre de l’Écologie, se penche alors vers notre grand homme et lui glisse : « Je vous expliquerai, monsieur le président ». Elle a intérêt à se magner, car Watson a décidé d’obtenir l’asile en France.

Mais reprenons dans l’ordre. Watson est un Canadien de 62 ans, fondateur en 1977 de l’association Sea Shepherd, ou berger des mers si on préfère causer français. Ce type en a simplement eu marre des blablas, y compris ceux de Greenpeace, d’où il a été viré. Pour lui et sa bande, sauver les baleines, les requins, les phoques et tous les poissons de sous les mers passe par l’affrontement avec les salopards qui pêchent illégalement. Ce qui fait du monde. Comme on peut pas raconter tous les éperonnages, abordages et sabotages, contentons-nous de l’exemple du Sierra, qui est le premier de l’épopée.

Début 1979, Watson parcourt les océans à bord d’un bateau qu’il a acheté, traquant un navire baleinier qui fait des ravages, le Sierra. Après bien des aventures (2), il coince le Sierra devant Porto, et l’éperonne à deux reprises, toutes machines chauffées à blanc. Esquinté, le Sierra parvient à grand peine à atteindre le port. Les flics portugais saisissent le bateau de Watson, et un juge le refile en dédommagement aux types du Sierra. Et c’est ainsi que Watson est grand : avec un copain rappelé d’Écosse, il monte clandestinement à bord de son propre navire, et décide de le couler plutôt que de le savoir à la poursuite des baleines. End of story.

Ou plutôt, début de 35 ans de poursuites homériques, au cours desquelles Watson et ses potes courent des risques on ne peut plus réels, car il arrive qu’on leur tire dessus. Ou qu’on les blesse en plein Antarctique à coup de lances à eau et de tiges de bambou. Le 13 mai 2012, Watson est arrêté en Allemagne, à la suite d’une plainte du Costa Rica pour des affrontements datant de 2002. Libéré sous caution, il finit par se planquer, car il redoute qu’une extradition vers le Costa Rica ne le conduise en fait dans les prisons japonaises, où l’on veut sa peau.

Où est-il en ce début d’année 2013 ? À bord du Steve Irwin, un bateau de Sea Shepherd, au milieu de l’océan Antarctique. Watson attend l’arrivée d’une flottille partie dans le plus grand secret des ports japonais pour aller buter des centaines de baleines. Rappelons que ces artificieux Nippons prétendent respecter le moratoire de 1986, qui interdit la pêche commerciale à la baleine. S’ils tuent par centaines chaque année des rorquals, c’est « à des fins scientifiques », faut pas confondre.

En résumé, ça ne va pas tarder à chier sur les mers. Du côté de Watson, quatre navires, un hélicoptère, trois drones et  une centaine de personnes sont sur le pied de guerre. Malgré ces apparences, Sea Shepherd défend les principes de la non-violence, et n’a jamais blessé – a fortiori tué – quiconque, ce qui n’est pas le cas des baleiniers. On va tâcher de suivre. Quant à notre pauvre Hollande, voici ce qui l’attend. Dès la fin de son périple antarctique, Watson redevient un fugitif international. Le petit doigt de Charlie lui a dit qu’il compte venir chez nous, et y rester. Des amis très actifs veulent que la France fasse de lui le premier réfugié politique écologiste de la planète. Ce qui aurait de la gueule. Mais pour Hollande, c’est le cauchemar : ou il accepte la présence de Watson, et il se fâche tout rouge avec les Japonais. Où il le balance aux harponneurs. Bonne année quand même, monsieur le président.

(1) www.seashepherd.fr/
(2) Racontées dans le délicieux livre Capitaine Paul Watson (Entretien avec un pirate), par Lamya Essemlali, Glénat. À déguster à la petite cuiller.

Mélenchon et les Indiens de Sarayaku (ode à la « révolution citoyenne »)

Pour Grego

Habitué aux sports de haute voltige, je vais commencer, moi qui ai conchié tant de fois Jean-Luc Mélenchon, par lui rendre hommage. Attention, c’est un saut périlleux arrière retourné, et je ne suis pas sûr de bien me rattraper. Roulement de tambour. Les paroles de Mélenchon dans Libération (ici) m’ont paru sortir du cadre habituel de la simple propagande. Cette dernière y était bien sûr, mais pour qui s’en tient aux mots, nul doute qu’il y avait là une petite musique intéressante.

En deux mots, Mélenchon y affirme que le tournant de son Parti de Gauche vers l’écologie n’a rien de tactique. Il s’agirait d’une conversion profonde et sincère. L’avenir, bien que présenté d’une manière nébuleuse, appartiendrait à la « règle verte », à la « planification écologique ». Certaines formules prêtent tout de même à sourire, comme : « Il faut cesser de produire et d’échanger dans des conditions telles que la capacité de renouvellement de l’écosystème n’y répond plus. C’est simple, ça se chiffre et ça se planifie ». Mais au total, allez, une mention passable. Inutile d’insister, à ce stade, sur le but à peine caché de faire disparaître, à terme, le parti EELV. Au reste, je m’en fous bien.

Où sont passés les textes de 1992 ?

Pour être honnête ou tenter de, signalons les 18 thèses pour l’écosocialisme proposées au débat dans le Parti de Gauche (ici, puis chercher un peu). J’ai lu, ce qui ne doit pas être le cas de tout le monde. Si je veux être (très) gentil, je dirai que c’est rempli de proclamations et de bonnes intentions. Un peu comme le programme du parti socialiste d’avant 1981, que défendait d’ailleurs, à l’époque, Mélenchon. On a vu. Les programmes de partis sont comme des promesses. Des mirages. Et si j’essaie d’être franc, j’ajouterai qu’il s’agit de vieilleries assez consternantes. Le mot écosocialiste, désolé de faire de la peine aux mélenchonistes, a été employé à de nombreuses reprises dans le passé, et a même été défendu avec clarté par la Ligue communiste révolutionnaire il y a de longues années.

Le pire n’est pas là : il n’y a aucune analyse de la situation réelle du monde. De la dislocation déjà entamée de nombreuses sociétés sous le coup de la crise écologique. On se croirait en 1970. On y est, d’ailleurs. La crise diabolique du climat, la crise sans limites apparentes de la biodiversité, la crise mortelle des océans, la crise planétaire des sols fertiles ne sont pas au tableau. En somme, les questions politiques les plus essentielles ne font pas partie de la discussion publique. Quel étrange parti écosocialiste.

Retour à Mélenchon. Il est important de savoir ce que ce politicien pense. Non pour lui, je l’avoue, mais à cause des gens, souvent d’excellentes personnes, qui croient en lui. Mélenchon, dans l’article de Libération évoqué, se vante de textes qu’il aurait écrits sur l’écologie dès 1992. Qu’il les publie donc, que l’on puisse rire un peu ! Ne remontons pas à Mathusalem, seulement au 22 octobre 2012. Ce jour-là, l’agence chinoise Xinhua publie une dépêche (ici, en français) qui résume un entretien que lui a accordé Mélenchon. Que dit-il ? « Je considère que le développement de la Chine est une chance pour l’humanité ». Une telle phrase, je pense, a le mérite de la clarté, mais comme elle m’a littéralement soufflé, j’ai cherché une confirmation. Les bureaucrates chinois, staliniens dans l’âme, avaient peut-être tordu le propos de notre grand Leader Écosocialiste ?

La croissance chinoise est une chance pour l’humanité

Eh bien non. Le 28 octobre 2012, Mélenchon était l’invité de Tous Politiques sur France Inter (ici), et y parlait à nouveau de la Chine (à partir de la minute 44). Il y confirme sans détour que la « croissance chinoise est une chance pour l’humanité ». Je crois pouvoir affirmer, car à la différence de Mélenchon, je sais de quoi je parle, que notre Grand Homme de poche démontre ainsi qu’il n’a strictement rien d’un écologiste. L’inculture profonde, l’ignorance abyssale ne sauraient être une excuse pour raconter de telles inepties. Car la Chine, comme je l’écris en de nombreux endroits depuis une dizaine d’années, nous menace tous, elle d’abord, d’un krach écologique à côté duquel la Grande Dépression d’après 1929 ressemblerait à une dispute pour un bout de chocolat.

Je n’ai pas le temps de détailler, mais même ici, sur Planète sans visa, il est aisé de retrouver certains textes grâce au moteur de recherche. La Chine, qui devient la plus grande économie mondiale, n’a plus d’eau, plus d’air, plus de terres agricoles capables de supporter une croissance démentielle. Et elle ruine en conséquence, pour des siècles au moins, quantité de pays d’Asie – le Cambodge et le Laos sont en haut de la liste – et désormais d’Afrique, s’emparant aussi bien du bois que du pétrole ou encore de millions d’hectares de terres destinées à produire, in fine, la viande que réclame tant sa classe moyenne.

Dire que la croissance chinoise, qui n’est que dévastation, est une chance pour tous n’est pas seulement imbécile. C’est aussi criminel. Je pèse mes mots, si. Dans la même émission d’Inter, Mélenchon se répand comme à son habitude sur la supposée vitalité des gauches latino-américaines. C’est justement de cela que je voulais vous parler, comme en atteste le titre que j’avais placé tout là-haut avant de commencer ce roman-fleuve. Le 17 février 2013, l’Équateur vote pour l’élection de ses président et vice-président de la République. Le président actuel, Rafael Correa, se représente et espère l’emporter une nouvelle fois. Qui est-il ? Un homme de gauche, à coup sûr. Est-il plus proche de la ligne Chávez que de la ligne Lula ? C’est hautement probable, et ce qui est certain, c’est que Correa est l’un des grands inspirateurs de Mélenchon. Il a notamment popularisé l’expression un brin étrange connue sous le nom de « révolution citoyenne » que le Français arrange désormais à toutes les sauces. Pendant la campagne présidentielle du printemps dernier, Correa a envoyé à Mélenchon un vibrant message de soutien, rendu public, qui commençait ainsi : « Querido Jean-Luc ». Et finissait par ce vieux slogan guévariste : «  ¡ Hasta la victoria, siempre ! ».

Les 1200 habitants de Sarayaku

Je pense que cela suffit pour établir la grande proximité entre les deux hommes. Et je poursuis. Les élections équatoriennes approchent, et surtout, ne quittez pas, car je vais (probablement) vous apprendre quelque chose. L’Équateur est un pays deux fois plus petit que le nôtre, peuplé de 15 millions d’habitants. Entre Quito, la capitale, installée sur les flancs d’un volcan, à 2850 mètres d’altitude, et l’Amazonie équatorienne, il n’y a pas grand chose en commun. Dans la forêt légendaire, des peuples indiens survivent tant bien que mal. Mal. Et parmi eux les kichwa. Et parmi eux, les 1200 habitants du village de Sarayaku (ici). Ils vivent de, ils vivent avec la forêt depuis des milliers d’années.

Mais le pétrole ne vaut-il pas mieux que tout ? Voici un court résumé, emprunté à Frontière de vie (ici) : « Afin de développer l’exploitation du pétrole amazonien, l’Etat équatorien a emprunté des milliards de dollars à l’étranger, s’endettant de façon effrayante. Cercle vicieux, l’Etat ne peut espérer rembourser ses dettes qu’en augmentant encore l’exploitation pétrolière, ce qui implique une surexploitation dépassant toutes limites. 1.500.000 hectares de forêts sont déjà en exploitation. 500 km de routes ont été construites pour permettre l’installation de 400 puits de pompage. Ces puits génèrent quotidiennement 17 millions de litres de déchets toxiques non traités. Ces déchets sont déversés dans des bassins à ciel ouvert qui débordent lors des pluies tropicales et se répandent dans la forêt. Dans certaines rivières, toute vie a disparu ».

Un grand désastre, donc, synonyme de « développement », cette parole maudite qui réunit les droites comme les gauches. Mais Sarayaku résiste aux compagnies pétrolières depuis 25 ans. Surtout depuis qu’en 2003, ces frères humains ont réussi à foutre dehors des ouvriers payés par un pétrolier, défendus par 400 militaires, venus pour de premiers travaux. Il est impossible de seulement évoquer les principaux événements de cette saga. Elle fait des habitants de Sarayaku des héros de l’humanité. Et ils tiennent. Encore et toujours. Greg m’envoie de Colombie un article du quotidien de Bogotá El Espectador (ici, en espagnol). J’y apprends que Los hijos del jaguar, les fils du jaguar comme ils se nomment, sont au cœur du débat de la présidentielle en cours. Correa, ce fier combattant de la « révolution citoyenne » entend ouvrir un peu plus aux pétroliers l’Amazonie équatorienne,. D’un mot, l’Équateur est l’une des zones les plus riches en biodiversité de notre planète. Peut-être la plus riche. Sans doute. On y a recensé environ 1 600 espèces d’oiseaux, 4 000 d’orchidées, 382 de mammifères.

 Les Indiens vendus par Correa aux transnationales

Je lis une dépêche en espagnol de l’agence chinoise – décidément – Xinhua, en date du 29 novembre 2012 : « El gobierno de Ecuador convocó hoy a la XI Ronda Petrolera de Licitación 13 campos del suroriente del país para la exploración y explotación de crudo, en medio de la resistencia de comunidades indígenas de la Amazonía ». Le gouvernement de Quito vient de lancer des enchères pour l’exploitation de 13 champs pétrolifères au beau milieu de la résistance de communautés indiennes de l’Amazonie. Voici les propres mots du querido compañero de Mélenchon, Correa soi-même : « Bienvenidos todos los inversionistas que buscan esa rentabilidad razonable, pero con altísima responsabilidad ambiental ». Bienvenue à tous les investisseurs qui cherchent une rentabilité raisonnable, mais avec un haut sentiment de responsabilité environnementale : on croirait du Total dans le texte. Mélenchonistes éventuels, qui me lisez, épargnez-moi vos leçons : Correa vend son pétrole et les Indiens qui sont au-dessus aux transnationales.  Point final. Et tant pis pour le climat, et tant pis pour la biodiversité, et tant pis pour ces extraordinaires cultures indiennes qui sont pourtant, razonablemente, une partie de notre avenir possible.

Alors, désolé, je ne marche pas. L’écosocialisme vérolé que Mélenchon tente de fourguer en France à des crédules – chaque génération a les siens -, non merci. À moins, amis mélenchonistes, que je ne me trompe ? À moins que The Great Leader Chairman ne vole publiquement au secours des Indiens de Sarayaku, et désavoue son cher ami Rafael Correa ? Ce serait, pour le coup, une vraie nouvelle, susceptible de me faire changer d’avis sur ce que je tiens pour une pure foutaise. Tenez, il y a même un rendez-vous : en avril 2013, Correa prévoit l’organisation à Quito d’un forum mondial de sa soi-disant « révolution citoyenne ». Mélenchon a, je crois, prévu d’y aller. C’est le moment, camarade écosocialiste, de prouver que les mots et proclamations ont un sens.

Traversée du miroir (ce que pense un ponte de la chasse)

Je remercie Raymond Faure de m’avoir adressé le texte que vous lirez ci-dessous. Qui est signé par le président de la fédération des chasseurs du Pas-de-Calais, Willy Schraen. Je pense que nous tomberons d’accord sur ce point : il est très rare de savoir ce que pensent des personnes à ce point éloignées de soi. Cela n’a pas que du bon, car fatalement, on découvre de l’humanité chez ses pires adversaires. Je pense par exemple à la petite-fille de Le Pen, élue députée il y a quelques semaines. Marion Maréchal-Le Pen, que j’ai par extraordinaire vue à la télé chez un voisin, n’est-elle pas sympathique ?

Je précise que je n’entends pas rapprocher Le Pen et ce monsieur Schraen, que je ne connais pas. Mais sa lettre m’a entraîné fort loin dans l’introspection. Il serait facile de (seulement) rigoler. Ou de pleurer devant sa folle rage contre les si magnifiques cadeaux que nous offre le vivant. Je retiens notamment cet extrait sublime, dans un genre que je préférerais ne pas connaître : « Je  n’accepterai  jamais  cette  situation  et  vous  défendrai  jusqu’à  la  victoire  et  le  retour  de nos nuisibles  dans  notre  liste départementale ». L’expression « nos nuisibles » ne devrait-elle pas entrer dans une anthologie ? Vous connaissez peut-être cette phrase écrite par Spinoza dans une lettre : « Pour moi, ces troubles ne m’incitent ni au rire ni aux pleurs ; plutôt développent-ils en moi le désir de philosopher et de mieux observer la nature humaine ». Ma foi, je suis dans cet état d’esprit : je m’interroge.

Et je m’interroge d’autant plus qu’il faut et faudra toujours cohabiter sur Terre avec des personnes comme Willy Schraen. Lui imagine peut-être d’autres solutions – je l’ignore -, mais moi, je n’en vois qu’une : le partage des lieux et de ce qu’ils recèlent. Peut-être aurez-vous une idée. Que faire ? Quoi faire avec tous les Willy Schraen qui nous entourent ?

Fédération départementale des Chasseurs du Pas-de-Calais

Nuisibles 2012 : l’heure est grave ! 

Chers piégeurs, chers chasseurs,  

Je connais votre attachement à la régulation des espèces nuisibles pour la sauvegarde de nos populations de petits gibiers naturels et vous connaissez mon engagement à défendre cette approche de la chasse,  approche de gestionnaires impliqués, passionnés, travailleurs, responsables de nos territoires du Pas?de?Calais que nous partageons avec beaucoup d’autres départements. C’est  pourquoi  nous  avons  décidé  sur  ce  dossier nuisibles  2012 de  prendre  l’attache  d’une  experte  scientifique pour constituer avec nos personnels un dossier en béton que j’ai porté directement au plus haut.

Mais voilà, après quinze jours de négociations, après de nombreuses garanties données vu notre dossier tant  par  le  cabinet  de  la  ministre  que  par  notre  FNC, voilà  que  ce  lundi,  vers  20  heures,  tombait le  premier  grand  couperet gouvernemental  sur  la  nuque  de  la  chasse  Française  et  Départementale. Nous apprenions  sur  le  site  Internet  du  ministère  de  l’écologie  que  le  putois,  la belette  et  l’étourneau  étaient  retirés  de  la  liste  des  nuisibles  du  Pas  de  Calais.

Le putois et la belette sont d’ailleurs perdus pour tous les départements  de France, en plus d’une réduction  personnalisée à la carte pour certains départements, avec la perte de  la  fouine,  du  renard,  de  la  pie  ou  des  corvidés, selon la décision de notre ministre de l’écologie, Mme Delphine Batho. Après tant  d’efforts  de  notre  part,  tant  de  justifications,  d’explications, comment  ne  pas  être  fou  de  colère,  au  regard  des  dossiers  scientifiques  précis que  nous  avons  présentés.  Comment  ne  pas  ressentir  une  profonde incompréhension pour cette injustice, alors que le tribunal administratif de Lille en  mars  dernier  nous  donnait  raison  au  travers  d’une  jurisprudence inattaquable.

Il  faut malheureusement se rendre à l’évidence, nous ne sommes plus dans la raison  juridique  ou  scientifique.  Nous  sommes  entrés  à  grands  pas dans  une période où la raison d’état, la volonté  politique  d’un gouvernement, est  de  détruire  ou  de  laisser  détruire  par  les  écologistes  au  pouvoir,  la  chasse Française.  La  ministre  avait  déjà  donné  le  ton  en  annonçant  au  dernier  CNCFS sa  volonté  de  fermer  la  chasse  de  la  bernache  du  Canada  dès  le  31  janvier, préparant ainsi le  terrain pour empêcher toute forme de chasse des migrateurs après cette date. Je  vais  d’ailleurs  demander  également  le  compte  rendu détaillé  de  ce  même  CNCFS,  qui  a  vu  à  nouveau  une  certaine  dérive  dans les attitudes d’une  partie  des  personnes  qui  composent  cette  commission.  Si le besoin  devait  s’en  faire  sentir,  je reviendrai  sur  ce  point  dans  les  semaines qui viennent.

Mais ce n’est  pas tout.  Lors de  la dernière  réunion  d’AEWA qui s’est  tenue  il y a quelques  jours  à  la  Rochelle,  quelle  ne  fût  pas  là  aussi  ma  surprise  d’apprendre que  l’ONCFS,  organisme  d’état,  subventionné  en  partie  par  les  chasseurs, a présenté un graphique attestant que la sarcelle d’hiver et le canard siffleur sont en grand danger en Europe. La  possibilité  de  mettre  un  moratoire de fermeture  sur  ces  deux  espèces  avant  la  fin  2013  semble plus  que  jamais d’actualité.

Quand  on  voit  que  nos  dossiers  scientifiques  sur  les  nuisibles  n’ont  même  pas  été  ouverts,  on  ne  se  pose  même  plus  la  question  de  l’orientation  politique  qui est  donnée  à  ces  estimations  de  population.  Il  est  fort  regrettable  que  les données  techniques  fournies  par  les  chasseurs  soient  systématiquement mises de côté.

N’y aurait-il pas un délit de sale gueule contre nos dossiers scientifiques ?

Ne nous voilons pas la face, comme on dit chez nous : « On va prendre cher, très cher ! » Les  écologistes, petit  groupuscule  suivi  par  à  peine  2%  des  votants  aux  dernières  élections, ont  prouvé  toute  leur  emprise  sur  le  gouvernement  actuel. Mais  la  question  demeure  néanmoins  posée,  ont?ils  réellement  eu  besoin de convaincre la nouvelle patronne de l’environnement pour agir de la sorte ?

Ces décisions politiques sont inacceptables et je ne les accepterai jamais.
La  chasse  du  petit  gibier  naturel  est  un  symbole  et  ces  espèces  ont  besoin  de  notre  implication,  voilà  ce  que  nous  entendons  défendre,  voilà peut-être ce qui gêne ! Et bien voilà ce qui va encore plus nous motiver. Qu’allons-nous faire ? Le  ministère  vient  de  mettre  en  place  une  consultation  publique,  via  son  site  internet.  Pour  vous,  il  est  donc  urgent  d’y  répondre  et  de  faire  répondre  un maximum  de  personnes  avec  des  écrits  argumentés  en  utilisant  le  lien  ci?dessous  et  en  vous  inspirant  de  l’argumentaire  qui  vous  est  fourni.  Dire  que l’on  n’est  pas  d’accord c’est bien, mais  sachons aussi  expliquer clairement pourquoi, cd sera encore mieux.

De  mon  côté,  je  suis  déjà  en  train  de  préparer  notre  attaque  au  conseil  d’état, car  notre  cause  est  juste,  et  la  justice  saura  je  l’espère  entendre  et  reconnaître nos  arguments.  La  nuit  du  4  août  1789,  qui  a  vu  la  fin des  privilèges  et  la naissance  d’une chasse  populaire et  rurale,  ne  prendra  pas fin un après midi  de juillet 2012, soyez?en sûr !  Dans  les  jours  qui  viennent,  je  vais  écrire  à  nouveau  au  Président  de  la République  Française,  qui  nous  avait  promis  une  écoute  attentive  aux arguments  scientifiques  de  notre  passion.  J’espère  avoir  enfin  une  réponse  à mes  courriers,  ce  qui  n’a  pour  l’instant  pas  été  le  cas.  Je  lui  rappellerai  notre  solide  dossier,  la  jurisprudence  du  tribunal  administratif,  mais  aussi  le  soutien massif  des  maires  du  Pas?de?Calais,  ainsi  que  celui  de  nos  députés  et  de  nos sénateurs.

Depuis  deux  jours,  le  téléphone  ne  fait  que  sonner,  et  nombreux  sont les  présidents  d’associations  qui  désirent  en  découdre  avec  l’état  à  travers des actions  surmédiatisées  comme  les  manifestations,  par  exemple.  Leurs  collectifs décideront  dans  les  jours  qui  viennent  s’ils  arrêtent rapidement d’une  date  au département, à  la  région,  ou  au  national.   Quoi  qu’il  arrive,  tous  les  élus  de  la fédération  seront  présents  ce  jour là,  unis  pour  défendre  tous  les  chasseurs  et tous  les  modes  de  chasse.  Notre  site  vous  tiendra  bien  sûr  au  courant  des  actions à venir.

Je  compte  sur  vous  pour  vous  investir  dans  cette  action  de  résistance  et  de rébellion  républicaine,  et  sachez  que  je  n’accepterai  jamais  cette  situation  et  vous  défendrai  jusqu’à  la  victoire  et  le  retour  de nos nuisibles  dans  notre  liste départementale.

Au final, j’en appelle également à tous les Présidents des fédérations, ainsi qu’àtous  les  chasseurs  de  France,  afin  qu’ils  nous  rejoignent  dans  ce  combat légitime pour l’unité et la survie de toutes les chasses de France.

Je compte sur vous, amitiés en Saint Hubert. 

WILLY SCHRAEN, Président  des  Chasseurs  du Pas?de?Calais

La consultation publique est disponible à l’adresse ci?dessous :

http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/nuisibles-g2

Proposition de réponse à la Consultation :

Madame la Ministre,

Je soussigné (nom, prénom), gestionnaire et acteur du monde rural, ne donne pas mon accord  pour le projet d’arrêté ministériel concernant le classement des nuisibles car les espèces Putois, Belette et Etourneaux sansonnet ne sont
pas reprises dans le projet d’arrêté alors qu’il est reconnu que ces espèces sont
largement réparties sur le territoire départemental du Pas?de?Calais, qu’elles
causent de nombreux dégâts à la faune sauvage et qu’elles sont vectrices de
maladies. En respect avec ces motifs de classement, je souhaite donc voir le
retour de ces trois espèces dans l’arrêté nuisibles ainsi que le maintien du projet de classement nuisible des espèces de fouine, renard, corbeaux freux,
corneille noire, pie bavarde pour l’ensemble du département du Pas?de?Calais.

La lettre originale est là : courrier-consultation-nuisibles.pdf ukoutletsonline ukoutletsonline

Le Foll a le soutien des chasseurs (Thierry Coste superstar)

Merci à Raymond Faure, qui m’a mis sur la piste de ce court article du Figaro, en date du 4 juin 2012. Ma foi, nous allons vers les beaux jours.

Le Foll a le soutien des chasseurs

Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, candidat PS dans la quatrième circonscription de la Sarthe, l’ex-fief de François Fillon, a reçu le soutien personnel de Thierry Coste, conseiller politique de la chasse et de la pêche. C’est lui qui, avec Emmanuelle Mignon, avait rédigé le programme chasse de Nicolas Sarkozy en 2007. En 2012, Thierry Coste a effectué le même travail aux côtés de François Hollande. La preuve que les problèmes de chasse dépassent les clivages politiques.

Il faut lire Pierre Athanaze (et vite) !

À propos du livre de Pierre Athanaze, Le livre noir de la chasse (Le Sang de la Terre éditeur, 286 pages, 21 euros).

Pierre Athanaze est un ami. Je le considère comme tel en tout cas, bien qu’il ne soit pas un intime. Je l’ai vu agir, je l’ai entendu parler, je l’ai constamment apprécié. Qui est-il ? Un historique – bien que nullement vieillard – de la protection de la nature en France. Il a été un pilier de France Nature Environnement (FNE), fédération que j’ai froidement descendue dans mon livre Qui a tué l’écologie ?. Et puis il s’en est éloigné – tant mieux ! -, avant de devenir le président de l’Association pour la protection des animaux sauvages (ici), cette Aspas chère à mon cœur.

Pierre est un bagarreur et, me semble-t-il, une âme tendre. Il a joué le jeu de la discussion et des institutions fort longtemps. Bien plus que je n’en aurais été capable. Bien davantage que je ne lui aurais souhaité. Mais baste, il est comme cela. Il a ainsi siégé dix ans au conseil d’administration de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), où les chasseurs sont majoritaires. Je ne peux qu’imaginer le nombre de couleuvres de Montpellier – les plus grandes, en France du moins – qu’il a dû avaler. Bon, fin de l’amicale critique.

Il vient de publier un livre remarquable, que je vous invite à lire, à faire connaître autour de vous. Certes, je sais combien ce qualificatif de remarquable est galvaudé, mais il m’est venu spontanément, car l’on remarque fatalement, en ces temps de vide, un livre qui a quelque chose à dire. Et celui-là décortique le monde de la chasse en France, qui favorise tant le détestable univers des fédérations. Pierre raconte donc l’histoire, qui passe comme d’autres par Pétain, et pointe les invraisemblables avantages financiers – et autres – attribués à cette manne électorale supposée que représentent 1 230 000 permis de chasse accordés en 2011. 1 230 000, cela semble énorme, mais ils étaient près du double en 1974. Les chasseurs sont sur le déclin, mais les politiques les bichonnent comme jamais. Surtout depuis le surgissement d’un parti de la chasse, nettement favorable à la droite la plus raide, Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT).

Ce bouquin est concret, vivant, sensible. Pierre ne se contente pas de citer des chiffres et résumer des rapports. Il dépose son regard dans la balance, et quand il nous parle de l’incroyable, abominable déterrage des blaireaux – un exemple parmi quantité d’autres -, on sent une présence. Un refus radical. Un homme qui souffre. Peut-on souffrir pour un animal ? Pardi ! Il faudrait une belle indifférence à la vie vraie pour ne pas gueuler contre toutes les vilenies que l’homme – certains hommes – inflige à qui ne peut se défendre contre lui.

Je ne sais pas sur quoi insister. Le braconnage ? Le cas Gilles Pipien, que j’ai déjà abordé ici ? L’interminable combat sur les dates de chasse ? Les violences faites aux protecteurs ? Le constant scandale du col de l’Escrinet, en Ardèche ? Vraiment, je ne saurai décider, car tout est bon. Un mot peut-être sur les sangliers, dont la multiplication est un vrai problème dans de nombreuses régions françaises. On abattait en France, en 1975, 50 000 sangliers. On est maintenant à 700 000, et cela ne suffit pas. Le sanglier est partout, ou plutôt le cochonglier, hybride né des amours organisées entre le porc domestique et le véritable ongulé sauvage. Organisées dès les années 70 du siècle passé par des chasseurs qui voulaient multiplier les cartons et avaient donc décidé – et obtenu – de relâcher des animaux élevés dans des sortes de sinistres fermes. L’agrainage, qui consiste à attirer des animaux, en forêt, à proximité de sources de nourriture dûment préparées, aura fait le reste. La situation est pour l’heure incontrôlable.

Savez-vous combien d’animaux sont élevés dans le seul but d’être butés par des chasseurs trop ventripotents pour sortir de leurs 4X4 ? Chaque année, rapporte Pierre, les « éleveurs de gibier » vendent aux sociétés de chasse (chiffres 2002) 14 millions de faisans, cinq à six millions de perdrix grises et rouges, un million de canards colverts, 120 000 lièvres, 300 000 à 400 000 lapins de garenne. 800 000 chasseurs participeraient à ces chasses héroïques, parfois à l’intérieur de petits territoires enclos. J’ai appris – comment le savoir autrement ? – que les faisans flingués en ribambelle finissaient enterrés sur place, ou même sur des aires d’autoroutes. Si.

J’insiste ? Une dernière fois : il faut lire Athanaze.

PS : Bonjour, grand bonjour à Roger Mathieu, auteur d’un livre qui m’avait marqué en son temps : La Chasse à la française (Quelle est belle company, 1987).