Archives mensuelles : octobre 2009

Si seulement je voulais devenir riche (ahimé !)

Ce monde m’enchante chaque jour un peu plus. Je vous laisse lire ce que je viens de recevoir. Faut-il vous préciser que le monsieur ne recevra pas de réponse ? Je ne pense pas. Sachez que de très nombreux blogs accueillent en cachette des mots clés publicitaires censés influencer le comportement des acheteurs. Cela rapporte en fonction de l’audience. Vous lisez un truc, qui se révèle être un hameçon, et vous voilà ferré. Vous ne le sentez pas, car vous ne le savez pas.

Notez avec moi que le petit mot dégueulasse qui suit est également la preuve que vous êtes de plus en plus nombreux sur Planète sans visa. Je le confirme : de plus en plus nombreux. Merci !

De :       manu@promo-wise.com
Objet :     concernant votre site http://fabrice-nicolino.com/
Date :     8 octobre 2009 14:14:34 HAEC

Bonjour,

J’aimerais vous faire une offre commerciale à propos de votre site Web, qui pourrait très fort vous intéresser.

En effet, ma société Promotion-Time, souhaiterait vous rémunérer pour la diffusion d’une petite annonce textuelle sur votre site pour un de nos clients.

Il s’agit d’une annonce francophone ciblée qui convient à certaines pages de votre site.

N’hésitez pas à me contacter je suis à votre disposition.

Bien à vous,
Emmanuel XXXX
manu@promo-wise.com

De l’art d’enfoncer une porte ouverte (sur le Kazakhstan)

Kazakhstan, Qazaqstan, morne plaine, vaste steppe. Disons que c’est au milieu, mais de quoi au juste ? Ce pays est aussi grand que cinq France entières, mais ne compte que 15 millions d’habitants, compte non tenu des innombrables troupeaux de brebis, d’ânes, de chevaux, de vaches, de chameaux. Où est-ce ? Du côté de la Russie, bien entendu. Mais avec une large fenêtre sur la mer Caspienne à l’ouest, et des frontières qui lient ce pays de pasteurs à la Chine, à l’Ouzbékistan, au Kirghizistan, au Turkménistan, et à la Russie donc.

Du temps de Staline et des sbires qui lui succédèrent, la steppe eut deux avantages considérables. On y installa des îles de l’archipel du Goulag, sachant que d’éventuels évadés ne trouveraient pas le moyen de revenir vers Moscou. Et d’autre part, comme il était aisé d’écraser une population de bergers disséminés, le régime décida, dès 1949, de faire du Kazakhstan la capitale nucléaire de la soi-disant Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Dès 1949, les ingénieux ingénieurs firent exploser la RDS-1, une bombinette de 22 kilotonnes. Où ? À Semipalatinsk, pays perdu, pays maudit, pays martyr de l’industrie militaire nucléaire.

Semipalatinsk, ce n’est pas qu’un point sur la carte. C’est une immensité de 18 000 km2 abritant un polygone d’essais inouï, où auront explosé au total 460 bombes nucléaires A et H. Vous imaginez ? Moi non plus. C’est dans ce riant pays que notre bien-aimé président Sarkozy vient de faire une visite d’amitié au satrape en place, Noursoultan Nazarbaev. Ce dernier est en place depuis que l’Union soviétique a disparu, en 1991, et il pourrait fort bien rester au pouvoir vingt ans encore. Car il n’a que 69 ans. Et toutes ses dents, ou presque.

Notre bien-aimé, notre si bien-élu président chéri avait emmené dans ses soutes de grands philanthropes, comme Total et GDF Suez (ici), qui auront fait sur place de considérables affaires et pris de grosses participations dans des entreprises kazakhs propriétaires de gisements gaziers. Car, nous y voilà bien sûr, le satrape est cousu de pétrole, de gaz et d’uranium. Évidemment ! Sinon, Notre Sarkozy n’y serait pas allé. Sinon, le Kazakhstan serait traité comme la dictature d’opérette qu’il est. Sinon, il aurait droit aux foudres de Bernard Kouchner, le preux. Pensez.

Pendant que nous ne faisons rien, le Kazakhstan, qui fournit déjà 10 % de l’uranium destiné à nos centrales, se prépare à terme à devenir notre premier fournisseur. On le sait, le Niger et ses maudits Touaregs ne sont plus aussi sûrs que par le passé. Il faut trouver ailleurs. Au chapitre des questions, j’en poserai une : quel est le deal ? Pensez-vous sérieusement qu’un pays comme le Kazakhstan fournirait gaz, pétrole et uranium sans quelque immense contrepartie, éventuellement secrète ? Notez qu’il ne s’agit que d’une question. Dans les années 80, la France socialiste et cocorico de Mitterrand a aidé le Pakistan à se procurer la bombe avec laquelle il menace l’Inde – et le monde – de désintégration. Nul n’a alors songé à protester, intérêt national supérieur oblige. Eh bien, je constate que nous remettons le couvert. Motus, bouche cousue. C’est exactement comme cela que se préparent les guerres. Et qu’elles se perdent

La Très Grande Bibliothèque de l’écologie

Il existe en France l’une des plus belles bibliothèques européennes consacrées à l’écologie, et personne ne le sait ! Elle a été créée par un homme à part, qui fut le secrétaire de Robert Hainard. Je le connais bien, il s’appelle Roland de Miller. C’est davantage qu’un passionné, davantage qu’un collectionneur, davantage qu’un lettré. Son joyau contient près de 60 000 ouvrages, 1000 collections de périodiques français et étrangers et un énorme fonds d’archives et de documentation.

Ses livres furent longtemps disséminés dans les ruines d’un château des Alpes-de-Haute-Provence, dont la silhouette, par soir de pleine lune, évoquait tantôt la Transylvanie de Dracula, tantôt le Nom de la Rose, d’Umberto Eco. Je ne dresserais pas ici la liste innombrable, innommable d’ailleurs, des emmerdements subis par Roland. Car s’il est un génie du livre, il s’en faut qu’il le soit également de la vie quotidienne.

N’importe. La plus belle bibliothèque de France. L’une des plus belles de notre vieux continent. Et alors ? Alors, rien ne va plus, du tout. Roland occupe depuis quelques années un local de la ville de Gap (Hautes-Alpes), en vérité indigne d’un tel trésor. Mais de toute façon, il lui faut faire ses balluchons, et repartir sur les routes avant le 26 décembre 2009, sous peine d’astreinte journalière. Avec 400 m3 de livres et de textes sous le bras. Sa situation est affreuse, car il est à peu près seul. Le déménagement, à lui seul, coûterait 10 000 euros, compte non tenu de l’emballage, qu’il souhaite organiser avec des bénévoles, des tonnes d’ouvrages.

Ensuite ? Il y a des pourparlers avec la ville d’Arles, mais même s’ils aboutissent, ce ne sera pas avant des mois, sinon des années. En attendant, il faudra, il faudrait stocker. Comble peut-être, Roland doit rembourser avant février 2010 un dette privée d’environ 30 000 euros qui ajoute au désastre annoncé. Notez qu’il dispose d’un fonds de librairie estimé à 100 000 euros, qui pourraient servir à gager un éventuel emprunt. Car Roland est aussi libraire, sans aucun doute l’un des tout meilleurs dans son domaine, l’écologie. La dette n’a pas de rapport avec la bibliothèque, mais elle empoisonne évidemment l’esprit de Roland, qui n’a pas besoin de cela en ce moment.

Faisons le compte ensemble. Il faut trouver environ 40 000 euros, dont les trois quarts gagés. Et une petite armée de bénévoles pour mettre en cartons la bibliothèque. Mais au-delà ? Au-delà, je rêve, moi, d’un grand mouvement public d’aide et de solidarité. Demain – disons après-demain – cette bibliothèque peut devenir le centre intellectuel incontesté du mouvement écologiste, toutes tendances confondues. Un lieu de rencontres, de colloques, d’étude, de réflexion, d’action. Ce serait audacieux, mais tellement beau !

Qu’en pensez-vous ? Qu’en dites-vous ? Il va de soi que Gap est loin, et que la plupart d’entre nous sont déjà bien occupés ailleurs. Mais peut-être aurez-vous des idées ? Mais peut-être voudrez-vous participer à ce qui peut devenir une grande aventure intellectuelle et morale ? Qui sait ? Je vous laisse, en confiance, l’adresse électronique de Roland de Miller : roland.demiller@free.fr. Je vous en prie, ne le dérangez pas pour rien, car il croule sous les difficultés. En revanche, si vous tenez un truc, un truc concret, pratique, solide, envoyez-lui un message. Cet homme admirable a besoin de nous. Et nous avons tous le grand besoin d’une Très Grande Bibliothèque. Il me semble.

Hugo Chávez est un salaud (2)

Certains d’entre vous, qui me lisent de près, estimeront que je radote. Vrai. Et peut-être même que je devrais mieux me tenir ici, sur Planète sans visa. Peut-être. J’écris peut-être, car je pense peut-être. Mais finalement, tout bien considéré, je me sens comme obligé. Pourquoi ? Parce que nous devons inventer une manière neuve de penser, faute de quoi rien ne sera possible. Or, des centaines de milliers de personnes, en France, sont en rupture de ban avec le monde tel qu’il va. Mais ils sont entravés.

Parlons, pour simplifier, de mouvement altermondialiste. Pour aller vite. Des centaines de milliers de personnes sont donc en route, mais le chemin qu’ils parcourent est semé de mines qui s’attaquent à la partie de leur cerveau la plus utile au changement que j’attends et que j’espère. Des mines, qui explosent ou non. Mais qui, dans tous les cas, creusent des trous et laissent des traces. Je n’ai pas le temps de détailler ici tout ce que je voudrais vous dire. L’un des drames de la pensée critique, chez nous, tient à l’existence d’un puissant mouvement d’opinion parastalinien.

Ne poussez pas les hauts cris ! Oui, je remets ça une fois de plus. Mais il est certain qu’un journal comme Le Monde Diplomatique incarne parfaitement cet état d’esprit, qui absout une crapule dès lors qu’elle se réclame de la gauche et s’oppose aux États-Unis. Le président vénézuélien Hugo Chávez est l’icône de quantité de gens pourtant respectables, qui reviennent perpétuellement aux logiques qui ont prévalu lorsque l’Union soviétique s’opposait à l’Amérique. Et Chávez, je ne le dirai jamais assez, est un salaud.

Tant pis pour l’injure à chef d’État. Tant pis. Le 5 septembre, il y a exactement un mois, Chávez commençait une tournée triomphale dans le monde arabo-musulman. Il aura ainsi félicité le Libyen Khadafi, roi des droits de l’homme, avant d’aller saluer l’Algérien Bouteflika, maintenu au pouvoir par l’épouvantable camarilla des généraux de l’ombre, puis le despote qui règne sur Damas. La correspondante de la chaîne de télévision Al Jazeera, Dima Khatib, qui suivait le voyage, note dans un de ses papiers consacrés à l’Algérie : « Chávez parle d’une nouvelle autoroute que l’Algérie est en train de construire entre l’est et l’ouest du pays. Il se demande pourquoi le Venezuela ne fournit pas l’Algérie avec l’asphalte dont il a besoin pour achever l’autoroute ». J’ajoute que l’Algérie pourrait devenir un pays de passage pour le pétrole vénézuélien à destination de l’Europe. Beau cadeau, ne pensez-vous pas ?

Ce n’est rien ? En effet, rien encore. Voici la suite. Chávez a achevé son parcours à Téhéran, la ville des mollahs, des élections truquées, et de cette bombe nucléaire qui risque de tout faire exploser. Au moment du passage de Chávez, tout l’Iran était sous le choc du verdict électoral et des émeutes en faveur de la liberté. Mais pas Chávez. Non, pas le noble héros altermondialiste. Surtout pas lui. L’AFP, agence de presse française, rapporte comme suit le séjour sur place du Vénézuélien. J’avais d’abord songé à un extrait. Et puis non. Je vous livre la dépêche entière.

« TEHERAN — Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et son homologue vénézuélien Hugo Chavez, principal allié de Téhéran en Amérique latine, se sont engagés samedi à soutenir les « nations révolutionnaires » et les « fronts anti-impérialistes », a rapporté l’agence officielle Irna.

« Venir en aide aux nations révolutionnaires et opprimées et développer les fronts anti-impérialistes sont les deux missions principales de l’Iran et du Venezuela », a déclaré le président iranien à l’issue d’une rencontre avec M. Chavez, en Iran pour une visite de deux jours.

Téhéran et Caracas « doivent aider les nations révolutionnaires en renforçant leurs liens bilatéraux », a ajouté. M. Chavez.

Auparavant, ce dernier avait apporté son soutien au programme nucléaire civil de l’Iran. Vendredi, M. Ahmadinejad avait annoncé que son pays se moquait d’éventuelles sanctions internationales supplémentaires et poursuivrait son programme nucléaire à des fins énergétiques.

« Nous sommes sûrs que l’Iran, comme il l’a montré, ne renoncera pas à ses efforts visant à obtenir tous les équipements et structures pour utiliser l’énergie atomique à des fins civiles, ce qui est le droit souverain de chaque peuple », a dit M. Chavez cité par la télévision vénézuélienne.

« Il n’y a pas une seule preuve que l’Iran fabrique une bombe atomique », a dit M. Chavez à la télévision après son arrivée dans la capitale iranienne, dans la nuit de vendredi à samedi, en provenance de Damas.

« Bientôt, ils vont nous accuser nous de fabriquer une bombe atomique! », a-t-il lancé en allusion aux Occidentaux, en tête desquels les Etats-Unis.

Ces derniers soupçonnent l’Iran de chercher à se doter de l’arme nucléaire sous couvert de son programme civil, ce que Téhéran dément.

Le Venezuela travaille à un projet préliminaire pour la construction d’un « village nucléaire » avec l’aide de l’Iran, « afin que le peuple vénézuélien puisse compter à l’avenir avec cette extraordinaire ressource utilisée à des fins pacifiques », a poursuivi M. Chavez, l’un des premiers à féliciter M. Ahmadinejad pour sa réélection contestée en juin.

Selon l’agence iranienne Mehr, il s’agit de sa septième visite en Iran. Il s’était rendu auparavant en Libye et en Algérie et doit encore visiter le Belarus, la Russie, le Turkménistan et l’Espagne.

Lors de son dernier voyage en Iran en avril, M. Chavez avait signé un accord pour la création d’une banque binationale destinée à financer des projets irano-vénézuéliens. Les deux pays ont des projets de coopération dans plusieurs secteurs (défense, industrie, technologie) ».

Mon commentaire ? Tant que la maladie contagieuse appelée stalinisme – que j’appelle stalinisme – n’aura pas été réellement vaincue dans les esprits, nous errerons. L’opposé de ce stalinisme mental, c’est la liberté. Et l’écologie est synonyme de liberté. De libre recherche des meilleures solutions humaines pour que continue la vie. Et voici pourquoi je ressens le besoin d’attaquer une fois de plus Chávez la ganache.

Lula, grand couillon devant l’Éternel (sur les JO)

Vous avez entendu les nouvelles comme moi : les Jeux olympiques de 2016 auront lieu au Brésil, et non pas dans le Chicago d’Obama, et non pas dans le Japon des yakusas, et non pas dans le Madrid du vieux franquiste Juan Antonio Samaranch. Avant cette date, le Brésil accueillera dès 2014 la Coupe du monde de foot, et si après tout cela, le Parti des Travailleurs (PT) du président Luiz Inácio Lula ne reste pas au pouvoir un siècle au moins, ce sera à désespérer de la télé, des paillettes et des plumes dans le cul.

Le grand journal brésilien de Rio, O Globo titre sur toute la largeur de sa une : Lula, Obama ligou duas vezes do Air Force 1 para dar os parabéns. Ce qui veut dire que le président américain Obama a appelé deux fois Lula depuis son avion Air Force 1 pour féliciter l’ancien métallo de São Paulo. La messe est dite. L’ancien pauvre que fut Lula aura pleuré dans son mouchoir en direct live, à la télé, et le pire de tout, à n’en pas douter, est qu’il était sincère. Il n’y a rien de pire qu’un pauvre qui passe sa vie à être reconnu par les riches. J’ai quelques lumières sur le sujet.

Les JO vont coûter entre 12 et 20 milliards d’euros, mais le bonheur national n’a pas de prix. Je vous ai parlé plus d’une fois (notamment ici) du délire qui s’est emparé de ce grand corniaud de Lula. Son rêve si banal, son rêve si banalement cauchemardesque est de placer le Brésil dans le groupe des huit puissances majeures du monde. Il est en train d’y parvenir. Avec l’éthanol tiré de la canne à sucre – et de la sueur des crève-misère -, qui fait rouler les bagnoles. Avec le pétrole off-shore, dont les nouveaux gisements paraissent très prometteurs. Avec les 60 centrales nucléaires – 60 ! – programmées au cours des prochaines décennies. Avec les armes qu’il achète en priorité à la France par milliards d’euros. Avec le soja transgénique planté sur des millions d’hectares, qui remplit les poches des amis de la présidence et la panse de notre si cher bétail. Avec des barrages de plus en plus grands sur les principaux affluents de l’Amazone, fleuve des fleuves. Avec des routes transamazoniennes de plus en plus belles, de plus en plus larges, pour permettre de sortir le bois de nos placards et d’entrer les défricheurs.

Les paysans sans terre restent et resteront sans terre. La grande forêt ne pèse et ne pèsera de rien en face des lamentables plans de l’équipe au pouvoir. De rien, inutile de rêver. Le Brésil suit à la lettre la trace que notre Occident malade laissera dans l’histoire : celle du gaspillage effréné de ce qui reste. Celle du clinquant, de la fête sur le pont du Titanic. Rappelons à tout hasard que Lula est de gauche, et que tous les états-majors socialistes français lui ont déjà déplié le tapis rouge un nombre incalculable de fois. Rappelons la vérité, cela changera.