Archives mensuelles : décembre 2009

Une autre face du « Climategate » (Allègre, Courtillot, Singer)

Ma dette s’accroît à propos de Thibault Schneeberger. Il m’envoie à nouveau une information qui m’avait échappé à propos de Fred Singer. Mais avant tout, j’en suis le premier désolé, passage par un certain Claude Allègre. Ce n’est pas pour me vanter, mais cela fait plus de dix ans que j’attaque bille en tête ce splendide personnage. J’ai écrit depuis cette date plusieurs papiers qui eussent pu me valoir autant de procès en diffamation, mais que j’ai évités. Je ne regrette rien. Je ne regretterais rien si j’avais dû affronter la justice. En face d’un Allègre, il faut oser. Eh bien !

Cet homme, dépité comme il n’est pas permis de ne pas être devenu le ministre de Sarkozy, se venge comme il peut. Il a raison sur un point, et c’est que sans le score élevé d’Europe Écologie aux Européennes de ce printemps, il aurait aujourd’hui son maroquin. D’où sa fureur, y compris contre Nicolas Hulot, dont vous avez peut-être entendu parler. Il vient de donner un entretien à Paris-Match dans lequel il montre une fois de plus ce qu’il est réellement (ici). Je le cite : « Même si, en France, tout est fait pour étouffer ceux qui ne sont pas dans le politiquement correct, il y a de plus en plus de gens qui pensent différemment : je songe à Vincent Courtillot, aux climatologues américains Richard Lindzen et Fred Singer, à l’économiste Bjorn Lomborg, au physicien Freeman Dyson ». Bien entendu, il parle du climat.

Avouons-le, c’est sidérant. Prenez l’exemple de Bjorn Lomborg. Le 19 septembre 2007, alors que commençait Planète sans visa, j’ai écrit ici même un très long article (ici) dont je demeure satisfait. Intitulé Tazieff et Allègre sont dans un bateau, il donne de très nombreuses clés sur les personnages sus-cités, mais aussi sur le rôle des lobbies et des conférences internationales. Vous m’excuserez une auto-citation, qui concerne Lomborg. Elle est longue, elle aussi, mais éclairante, je le crois.

« En 2001, un Danois inconnu, Bjorn Lomborg, publie en Angleterre un livre-événement, The Skeptical Environmentalist. L’éditeur de L’Écologiste sceptique, Cambridge University Press, se frotte vite les mains, car c’est un triomphe, national puis mondial. Le Daily Telegraph estime que c’est probablement le livre plus important jamais publié sur l’environnement. Le Washington Post le compare à Printemps silencieux, l’opus magnum de Rachel Carson. Lomborg est consacré le héros de tous ceux qui claquent des dents tout en montrant les crocs, et ils sont plus nombreux qu’on ne l’imagine.

Que dit Lomborg ? S’appuyant sur un impressionnant amoncellement de notes de bas de pages – autour de 3 000 – et de chiffres, il entend démontrer que, si certains problèmes existent, beaucoup ont été artificiellement exagérés, voire purement et simplement inventés pour des raisons inavouables. Ainsi, la productivité des océans aurait en fait presque doublé depuis 1970. Les forêts, loin de disparaître, auraient vu, de 1950 à 1994, leur surface légèrement augmenter, etc.

Seul contre tous, il y verrait donc plus clair que des milliers de scientifiques engagés depuis des décennies dans d’innombrables études. Pourquoi pas ? Oui, pourquoi pas. Mais il faut, lorsqu’on s’attaque à semblable Himalaya, respecter scrupuleusement les règles qu’on accuse tous les autres de violer. Or Lomborg ruse et manipule les chiffres à l’envi. Pour ce qui concerne les océans, par exemple, Lomborg confond – volontairement ? – la productivité des océans, c’est-à-dire la vie qu’ils sont capables de créer, et les prises de poisson ajoutées aux performances de l’aquaculture. Et il est bien vrai que les prises ont augmenté – au passage, seulement de 20 % depuis 1970, pas de 100 % -, mais pour la raison que de nouveaux moyens, dont les filets géants, permettent de racler les fonds.Du même coup, la très grande majorité des principales zones de pêche sont surexploitées, laissant prévoir à terme un affaissement brutal de la pêche. Ces chiffres ne montrent qu’une chose : l’inventivité technologique des humains.

L’année suivante, juste avant le Sommet de la terre de Johannesburg, la polémique est mondiale et Lomborg trône dans tous les journaux français. Libération lui accorde deux pages élogieuses, Le Nouvel Observateur et Le Monde lui ouvrent largement les portes, c’est la consécration. En août, dans L’Express bien sûr, Allègre y va de son compliment pour l’artiste, tout en finesse : « L’écologie est devenue la Cassandre d’un catastrophisme planétaire généralisé et inéluctable. Pourtant, tout cela est faux. Rien dans les données scientifiques actuelles ne vient étayer ces affirmations. Un jeune professeur danois (…), Bjorn Lomborg (…) vient de l’établir grâce à un examen soigné de toutes les données mondiales disponibles ».

Nous sommes donc à la fin de l’été 2002, et de très mauvais esprits – j’en suis – s’autorisent un rapprochement. La publication du livre de Lomborg, suivie d’une très opportune polémique, coïncide avec la tenue au même moment à Johannesburg d’un nouveau Sommet de la terre. Cette vision vous semble paranoïaque ? Vous êtes en droit de préférer les contes de fée. Après étude minutieuse du livre de Lomborg, la très officielle Commission danoise sur la malhonnêteté scientifique, qui réunit des chercheurs de grande réputation, finira par rendre un avis impitoyable sur les qualités du grand héros de Claude Allègre. Celui-ci, dit-elle dans ce qu’il faut appeler un jugement, « a fait preuve d’une telle perversion du message scientifique (…) que les critères objectifs pour déclarer la malhonnêteté scientifique sont remplis ». Lomborg, à en croire cette commission, est donc un faussaire.

Vous me direz qu’elle peut se tromper, ce qui est vrai. Je n’ai pas eu accès aux pièces du jugement. Et je dois même avouer que je n’ai pas lu la totalité du livre de Lomborg, me contentant des sujets sur lesquels j’avais quelques lumières. Je doute fortement que Claude Allègre ait fait mieux, et je parierais même volontiers qu’il a fait moins. Voici pourquoi : en 2004, les éditions du Cherche Midi ont fini par publier une traduction tardive, en français, du pesant pensum de Lomborg. À mon avis, ce ne fut pas une bonne affaire. Elle venait trop tard, et ce livre de 700 pages follement ennuyeuses, même pour un passionné comme moi, est en réalité illisible. Pour un prix dissuasif de 26 euros.

N’empêche : il est devant moi au moment où j’écris ces lignes, et je relis en masochiste confirmé la préface, signée bien entendu par Claude Allègre. Elle est sensationnelle. Allègre y dénonce une écologie « totalitaire » – je me sens visé -, le retour de Lyssenko, ce « scientifique » stalinien qui opposait science bourgeoise et science prolétarienne, et il conspue au passage les « coupeurs de tête ». Ma foi, l’écriture est libre. Mais au passage, Allègre omet cette information essentielle que Lomborg a été convaincu de malhonnêteté scientifique, ce qui n’est pas une mince accusation. Pourquoi diable ? Parce que ce serait gênant pour la démonstration ? Ce n’est pas tout à fait impossible, compte tenu des mœurs singulières du grand professeur.

Deuxième bizarrerie radicale : Allègre souligne avec gaîté que les adversaires de Lomborg n’ont pas su démonter son livre, chapitre après chapitre, raisonnement après raisonnement. Et c’est une sorte d’aveu, selon lui. « Si cela n’a pas été fait, écrit-il, c’est qu’il était difficile de le faire ». Ce pourrait être un argument, mais c’est de toute manière faux. À cette date – 2004 -, un site Internet fourni (www.mylinkspage.com/lomborg.html) collationne depuis deux ans déjà les centaines d’erreurs contenues dans le livre pesant de Lomborg. Allègre peut-il l’ignorer ? En ce cas, que vaut donc la préface ? ».

Fin de ma citation, et je reprends le fil de mon propos. Allègre, en décembre 2009, déclare donc à Match qu’il n’est plus seul, soutenu entre autres par Lomborg, dont je viens de vous dire ce que j’en pense. Au passage, Allègre le qualifie d’économiste, ce qui doit lui paraître préférable, alors qu’il est statisticien. Une paille ? Oui, à ce stade, une paille. Et les autres cités ? Freeman Dyson est un physicien et mathématicien. Qu’a-t-il à voir avec le climat ? Rien. Il a travaillé sur des projets spatiaux – Orion – propulsés par l’énergie nucléaire, et rêvé à haute voix de colonisation de lointaines planètes. Croyez-le ou non, je ne moque pas de Dyson. Simplement, je crois qu’il est nécessaire de savoir qui est celui qu’Allègre appelle à son secours.

Voici un extrait d’un entretien accordé en 1978 par le physicien, alors qu’il a 55 ans. Je ne traduis pas tout, mais l’idée qu’il développe est de coloniser des astéroïdes avec de petits groupes humains. Et de choisir parmi ces astéroïdes ceux qui ne sont pas de fer ou de nickel, et qui abritent quelque chose ressemblant au sol de la terre. Le journaliste lui demande ce qu’il pense de projets de colonisation géante de l’espace et Dyson répond qu’avec 40 000 dollars de 1978 par personne, c’est jouable (ici) :

« I don’t really know. Perhaps I should say that (…) space colonization on that scale isn’t entirely to my taste: the big colonies he envisions are a little too hygienic for me. I’ve done some historical research on the costs of the Mayflower’s voyage, and on the Mormons’ emigration to Utah, and I think it’s possible to go into space on a much smaller scale. A cost on the order of $40,000 per person would be the target to shoot for (…) »

Le journaliste lui demande ensuite où pourraient bien aller ces nouveaux pèlerins du Mayflower, les premiers à avoir colonisé l’Amérique, et Dyson répond : « I’d put my money on the asteroids (…) I think you should find an asteroid which is not iron or nickel, but some kind of soil that you could grow things in ». Quelle sorte de sol serait souhaitable pour l’installation, demande le journaliste ? Et Dyson répond avec superbe : « Well, we have specimens of meteoritic material called carbonaceous chondrite, which looks like soil — it’s black, crumbly stuff containing a good deal of water; it has enough carbon, nitrogen, oxygen so that there’s some hope you could grow vegetables in it, and it’s soft enough to dig without using dynamite ». En somme, à lire Dyson, un sol, c’est quelque chose de noir, friable, contenant du carbone, de l’azote et de l’oxygène. Et qui ne nécessite pas de dynamite pour le creuser et y faire pousser des légumes. A-t-il entendu parler de la vie ? De ce qu’est un sol vivant ? J’ai soudain comme un doute.

Résumons. Je vous ai parlé de Dyson et de Lomborg, cités à son appui par Allègre. Pour Courtillot, ce sera bref, car je vous renvoie à trois articles-couperets de l’excellent journaliste Sylvestre Huet (ici, ici, et là). Franchement, j’invite tous ceux qui se posent de bonne foi des questions à lire et éventuellement réfuter le travail de Huet. Mais par pitié, braillards s’abstenir ! Et que tout le monde se rassure, j’en ai bientôt fini. Un mot sur Richard Lindzen, qui est un véritable climatologue. Pour ce que je sais de lui, il me semble poser des questions dignes d’intérêt. Des questions que tout esprit curieux a intérêt à se poser sur les limites et parfois contradictions des connaissances humaines. Je constate au passage qu’Allègre s’approprie un homme qui est à ses antipodes intellectuels.

Venons-en à Fred Singer. Allègre le cite comme climatologue. Farceur, va ! Singer, né en 1925, n’est plus scientifique depuis des décennies. Mais le mieux est dans les liens que m’adresse Thibault. Vincent Courtillot, proche parmi les proches de Claude Allègre, a osé présenter Singer à la télévision, le 3 décembre dernier, sur le plateau de « Ce soir ou jamais », comme un scientifique membre du GIEC, et ferme « climato-sceptique ». En toute logique, comme il le dit, Singer aurait été le corécipiendiaire du Prix Nobel de la paix 2007, au même titre qu’Al Gore et Rajendra Pachauri.

Sauf que. Sauf que le site Contre Info nous offre une enquête implacable sur la personnalité réelle de Fred Singer, qui n’est autre qu’un lobbyiste professionnel (ici et ). Un dur, croyez-moi, ancien salarié de la secte d’origine coréenne  Moon, et qui sert depuis des années la cause des plus gros pollueurs de la planète. Sa contribution au GIEC ? Je vous laisse la découvrir, cela vous fera rire un peu. Et au terme de cet épuisant voyage en terre hostile, Dieu sait que nous en avons besoin. Rire. Oui, rire aussi, rire tout de même de ces incroyables, de ces impayables suffisances qui mènent notre monde. Je rappelle que Claude Allègre, ami très proche de Jospin, et d’ailleurs son ministre, a été une figure de proue socialiste avant que d’aller proposer son corps à Nicolas Sarkozy, sans nulle transition. Souvenez-vous : de 1997 à 2002, la gauche a été au pouvoir. Et Allègre a joué un rôle essentiel dans la définition de la politique française dans le si vaste domaine de la crise écologique. Je suis sûr que vous appréciez. Les « climato-sceptiques » ont tous les droits. Les autres tous les devoirs.

Avisse à la population sur l’art de faire durer le développement

Cela ne me fait pas tant rire que cela, mais force est d’avouer que c’est drôle. Probablement suis-je au fond un bien mauvais coucheur. En tout cas, rappelez-vous : en septembre 2007, au cours de ce décidément impayable Grenelle de l’Environnement, la plupart des associations écologistes de la place ont échangé miroirs, rubans et colifichets contre une magnifique opération politicienne. D’un côté, elles recevaient l’onction des huissiers et de l’amuseur-en-chef de l’Élysée. Et de l’autre, ce dernier pouvait annoncer sous les vivats une « révolution écologique » française.

Encore bravo à tous les comédiens pour leur numéro. Et n’oublions pas ceux qui, dans les coulisses, s’occupaient du décor. Nous sommes en décembre 2009, et le Grand Emprunt national tant attendu sort enfin des bureaux scellés où il était enfermé. Premier constat décoiffant : certains parlent de 35 milliards, d’autres de 22. Le vrai chiffre est 22 – contre 100 envisagés par une partie de la droite -, auxquels il faut ajouter 13 milliards qui devraient être remboursés par les banques. De toute façon, quelle importance ? 5 milliards devraient – qui vérifiera jamais ? – aller au « développement durable ». Après tout, rions de bon cœur, ce sera toujours ça de pris. On va refiler de l’argent à tous les instituts publics et boîtes privées qui nous ont mené à la situation présente, parmi lesquels le CEA, Total, l’Ademe, l’Inra, l’IFP, etc (ici).

On parle pêle-mêle de séquestration de CO2 avec essais à Lacq, dans les Landes. De biocarburants bien entendu, de nucléaire évidemment. Oh la jolie farce ! Pour bien cadrer l’opération, il fallait un expert, et l’État impartial en avait un, par chance, sous la main. Ce sera le Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Le CEA, c’est historiquement l’armée dans ce qu’elle a de plus opaque et secret, pour la raison évidente qu’on lui doit notre bombe atomique. Le CEA a joué également un rôle clé dans le triomphe de Superphénix, dont nul ne sait combien de milliards d’euros il nous aura coûté après démantèlement, s’il a lieu un jour. 10 ? 100 ?

En pleine possession de sa prodigieuse intelligence, l’homme qui ignorait en 2007 combien de sous-marins d’attaque nucléaires nous avons, Nicolas Sarkozy soi-même, vient d’annoncer que le CEA changeait de nom. Autre temps, autre nom. On efface tout et on recommence. Le CEA devient le « Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives ». Attention les yeux, car voici venir un court cours de philologie. Alternatif est, dans cet usage, discutable, car il signifie dans l’intitulé remplacement, alors que ce mot désigne en théorie un choix entre deux possibilités. Mais ce n’est pas le plus intéressant. Non. Ma question est celle-ci : qui diable a pu imposer une telle expression ? Elle n’a rien d’évident. Il aurait été évident d’écrire : « et aux énergies renouvelables », ce qui, au passage, aurait fait plaisir aux écolos-gogos. Oui, qui ? Moi, je fais l’hypothèse que la nomenklatura qui dirige le CEA n’aura pas supporté le mot renouvelable, qui est trop connoté, qui évoque clairement le langage de l’adversaire. Je peux me tromper, évidemment, mais permettez-moi de penser au poids de la culture militaire dans les hautes sphères de cette belle institution.

Au-delà, et finalement, c’est bien l’essentiel, le choix du mot « alternatives » fonctionne tel un lapsus scriptae de première force. Car il s’agit bel et bien de remplacer ce qui est. Et donc, de continuer à l’avenir de consommer comme des abrutis sans jamais mettre en cause notre modèle criminel et suicidaire de gaspillage énergétique. Il s’agit de suivre la même route, avec les mêmes objectifs, avec les mêmes acteurs. Vous le saviez déjà ? Crotte, moi qui voulais faire le malin. Si vous avez le temps, lisez quelques phrases piochées sur le site même du CEA (ici) : ne me dites pas que nous sommes tombés en de mauvaises mains. Et vive l’atome, au fait !

La MGEN, les nanoparticules et la maxiconnerie

Pour le cas où vous l’ignoreriez, la Mutuelle générale de l’éducation nationale (MGEN) est la première mutuelle de santé française. Elle gère à elle seule la protection sociale – car elle remplit aussi les tâches de la Sécu – d’environ 3 millions de personnes. Les professeurs de France et de Navarre, les autres personnels de l’Éducation, tout un monde se trouve protégé par cette Mutuelle. Bien, j’imagine, car je n’en sais rien, après tout. Grâce aux amitiés landaises de Christian, je ne suis plus très loin de me poser de nouvelles questions.

Figurez-vous que le numéro 263 de la revue Valeurs mutualistes, de la MGEN bien sûr (livraison de novembre-décembre 2009),  se livre à un plaidoyer grotesque en faveur des nanotechnologies, au moment même où le pouvoir politique organise une pantomime de débat national sur la question (ici). Les nanos sont une aventure extrême de notre espèce, dont le coût global, et notamment écologique, est absolument imprévisible dans l’état actuel de nos malheureuses connaissances. Une chose est sûre : nous allons souffrir. Tandis que le gouvernement fait semblant de consulter, des centaines de millions d’euros d’argent public – en fait, plus certainement des milliards – ont déjà été affectés à cette voie garantie d’avenir par ceux qui nous ont déjà offert l’amiante, les pesticides et les OGM. À Grenoble, leur bunker appelé Minatec est surveillé comme une base militaire, ce qu’il est assurément (ici).

Il ne faut pourtant pas se lever de bonne heure pour savoir à quoi s’en tenir. Une toute dernière étude sur les nanoparticules – elles assemblent de quelques centaines à quelques milliers d’atomes – montre qu’elles peuvent endommager l’ADN des cellules de notre corps malgré la barrière censée les protéger. En voilà, une information de taille (ici) ! Mais il en faudrait plus pour intimider les armées de scientistes qui continuent de faire la pluie et le mauvais temps dans notre dos, derrière notre dos. Scientiste ? La MGEN fait une entrée fracassante au club en osant publier une ode ridicule aux nouveaux matériaux. Je vous mets les deux pages en question ci-dessous, qui sont d’une rare indignité. À en croire le magazine, nous allons vers un avenir radieux, où les soutiens-gorges surveilleront la tension de ces dames. Où les vestes de pompiers les préviendront gentiment d’un risque proche. Où les tissus deviendront intelligents, bien entendu grâce à l’usage des nanoparticules. Mon Dieu ! quelle épouvantable connerie !

Les Amis de la Terre ont pris la mouche, on se demande bien pourquoi (ici). Et adressé au directeur de la MGEN une lettre dont j’extrais ceci : « La transformation de la matière, la création de systèmes ou de particules à l’échelle nanométrique, leur confère des propriétés différentes que ce soient les caractéristiques physiques, la réactivité chimique et biologique – augmentation du stress oxydant – la toxicité, le comportement catalytique, électrique… Les nano-matériaux ont des propriétés  et des comportements si divers qu’il est impossible de fournir une évaluation générale des risques qu’ils posent pour l’environnement et la santé (Maynard 2006). La forme, la charge et la taille des différentes particules peuvent influencer leur cinétique (absorption, distribution, métabolisme et expulsion) et leurs propriétés toxiques (Hagens et al. 2007). C’est pour cette raison que même des nano-matériaux de même composition chimique, mais de tailles différentes peuvent avoir des différences énormes de toxicité (Sayes et al. 2006) ».

La suite ? Mais quelle suite ? Nous sommes encerclés.

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Sur la Très Grande Bibliothèque de l’écologie (vite !)

René m’adresse un mot pour me demander de faire le point devant vous sur le déménagement chaotique de la si belle bibliothèque de Roland de Miller, dont un pays comme la France devrait s’enorgueillir (ici). Il a bien raison, j’aurai dû le faire avant. Qu’il me permette de le remercier, lui et d’autres lecteurs de Planète sans visa, qui sont allés donner un coup de main concret à Roland pour la mise en cartons de la merveille. Comme vous verrez plus bas, il faut aussi trouver de l’argent. Vous n’en avez pas forcément. Mais vous en avez peut-être. Dans tous les cas, une pensée pour lui, génial bibliothécaire de la nature, à qui nous devons tant. Voici l’appel lancé par Roland :

 DÉMÉNAGEMENT DE LA BIBLIOTHÈQUE DE L’ÉCOLOGIE

APPEL À DONS

 Gap, le 7 décembre 2009

La Bibliothèque de l’ Écologie doit engager immédiatement des dépenses qu’elle a du mal à honorer, ce qui motive cet appel à votre générosité. En effet la Bibliothèque de l’ Écologie est contrainte, par une décision de justice, de déménager des locaux municipaux de Gap qu’elle occupait depuis sept ans.

Elle est constituée de près de 60 000 ouvrages anciens et modernes (du début du 19ème siècle à aujourd’hui), de plus de 1000 collections de périodiques, de 600 affiches sur l’histoire de l’écologie et d’un volume considérable de documentation. Sa réinstallation dans de nouveaux locaux et dans le cadre d’un projet global n’aura pas lieu dans l’immédiat. En revanche, il faut impérativement déménager avant le 18 décembre la totalité  (environ 250 m3) par camions vers un lieu de stockage gratuit. Notre fonds documentaire, d’une richesse unique en France, est vraiment en péril. Grâce à l’aide des bénévoles, la mise en cartons devrait être terminée pour le 11 décembre. Et l’évacuation aura lieu la semaine suivante.

Nous attendons actuellement des réponses par rapport à quatre pistes éventuelles et incertaines pour le lieu de stockage. Il s’agit d’entreposer environ 80 palettes (entre 1000 et 1500 cartons) et du mobilier abondant sur une surface totale d’environ 200 m2 durant une période qui ne devrait pas excéder un an.

Nous étudions les modalités de transport par camions, ce qui aura probablement un coût élevé. Nos recherches de financement du déménagement auprès des institutions se sont avérées vaines à  l’exception d’une. Donc, nous cherchons des personnes qui peuvent nous aider financièrement pour le transport et l’assurance du fonds documentaire.

Votre aide peut nous parvenir de deux manières :

-soit par chèque à l’ordre de l’ Association pour le Soutien de la Bibliothèque de l’ Écologie (ASBE), 8 cours du Vieux Moulin, 05000 Gap;

-soit par un virement directement sur le compte Banque Postale de l’ASBE : Marseille 20041 – 01008 – 1781719 R – 029 – 33

Nous vous remercions vivement !

MERCI DE DIFFUSER LARGEMENT

Roland de MILLER et l’équipe de la Bibliothèque de l’Écologie. 8, cours du Vieux Moulin 05000 GAP, Tél : 04 92 52 40 39, roland.demiller@free.fr, www.bibliecologie.com

Un film à portée de clic

 Je signalais grâce à Thibault, avant-hier, un documentaire remarquable de la télé suisse romande sur les liens possibles, probables, quasi-certains entre un élevage industriel de porcs proche du village de La Gloria (Mexique) et l’émergence de la grippe porcine, que les autorités ont préféré appeler grippe A, puis grippe H1N1, ce qui permet au passage de faire disparaître du tableau la cause sans doute première de la recombinaison génétique du virus : le porc industriel.

Je craignais que le lien indiqué, qui pointait directement sur la télé suisse, ne soit rapidement invalide, privant les lecteurs de Planète sans visa d’une source exceptionnelle de réflexion. Tel ne sera pas le cas. Merci à Lohiel, qui signale l’entrée du documentaire suisse dans l’univers sans limite apparente de You Tube (ici). Je n’insiste que sur un point, qui commande immédiatement la réflexion critique. Pourquoi ? Oui, pourquoi un pays comme la France est-elle à ce point mobilisée pour fourguer, vaille que vaille, les vaccins fabriqués dans la précipitation, et dont le coût sera supporté par tous, au détriment de dépenses plus utiles socialement ? Pourquoi cette mobilisation de pacotille et cette absence de curiosité sur les causes hautement vraisemblables de cette énième pandémie ? Vous avez la réponse ? Je m’en doutais.