Je peux me tromper (sur Borloo et son départ)

Ce qui suit n’est que supputation. Mais je gage que j’en sais autant, et peut-être davantage, que tant des « commentateurs », souvent de pompeux cornichons, qui se font enfumer par la dernière rumeur de la cour. Je ne crois pas à la « sainte colère » de Borloo qui, déçu de ne pas avoir été nommé Premier ministre, aurait décidé de refuser le poste de ministre des Affaires étrangères ou celui de la Justice (ici). Avant d’en venir à mon vrai commentaire, notons ensemble que le Jean-Louis aurait fort bien pu, selon ses dires, se laisser tenter par un poste où il n’aurait pas eu la moindre prise sur la crise écologique. Comme madame Kosciusko-Morizet, grande prêtresse de l’écologie, qui a accepté sans broncher d’aller s’étioler à l’Économie numérique, et qui guignait dans le nouveau gouvernement Fillon, m’a-t-on dit, le ministère de la Défense ! Peut-être l’aura-t-elle, d’ailleurs, qui peut savoir ?

C’est imparablement logique, car madame KM n’a qu’un rêve, exprimé à haute voix : devenir un jour présidente de notre malheureuse République. À côté d’une si belle ambition, franchement, le destin de la planète n’a aucune espèce d’importance. Et Borloo ? Je n’arrive pas à croire au storytelling qu’on tente de nous vendre. Sarko l’aurait trahi au dernier moment après lui avoir fait les plus belles promesses, et il aurait décidé de se venger. À moi les centristes ! Et vive la liberté ! Mais enfin, mais voyons, un peu de calme. Borloo était ministre sans interruption depuis 2002, un record. Il rêvait de Matignon certes, mais pour y imprimer sa marque, pour y dépenser trois sous, pour apparaître comme une antithèse « sociale » de Fillon. Et ce n’était pas possible dans les conditions de déréliction économique et politique où nous sommes. Borloo n’est pas fou. Il n’y avait pas d’espace pour lui.

Il n’y en avait pas davantage pour Sarkozy, prisonnier d’une nasse que les marchés financiers resserrent chaque jour un peu plus. On peut le traiter de tous les noms – je le fais avec un grand plaisir -, mais il n’est pas totalement con. Bien que désastreux stratège, comme j’ai eu l’occasion de l’écrire plusieurs fois, c’est un très bon tacticien. Il est un amateur de coups, qu’il réussit souvent, mais ne voit rien de ce qui l’entoure réellement, et donc de ce qui se prépare. Tacticien, donc. Je fais le pari qu’il a été honnête avec Borloo et Fillon et qu’il leur a dit que sa décision se ferait au dernier moment, en fonction de l’état des lieux.

Mais Borloo ? Dans l’hypothèse qui est la mienne, sa « déception » est surjouée, mais absolument nécessaire. Je crois à une mise en scène politicienne qui n’a d’autre horizon que 2012, année des présidentielles. Il faut à Sarkozy un Borloo « différent », qui rue gentiment dans les brancards, susceptible de fixer au premier tour des élections un électorat difficile. De droite, ma non troppo. Écolo, ma non troppo. Disons que Borloo signerait tout de suite pour un score entre 7 et 10 %. Bien entendu, après moult contorsions, Borloo découvrirait entre les deux tours qu’il vaut tout de même mieux appeler à voter Sarkozy, qu’il connaît tant, plutôt que pour les autres, qu’il connaît si bien. Et Sarkozy augmenterait alors, de beaucoup, ses chances de réélection.

Au passage, une candidature Borloo grillerait par avance les velléités de ce pauvre Hervé Morin, qui espère, pour le moment, se présenter aussi, et qui chasse sur les mêmes terres que Borloo. De même, les éventuelles candidatures Bayrou et Villepin en seraient affectées, ce qui serait tout bénéfice pour notre si bon maître. Reste la question sans réponse : si j’ai raison, au moins dans les grandes lignes, qu’aura donc offert Sarkozy à Borloo pour cette belle manipulation ? Matignon en 2012 en cas de succès ? Hé, hé, qui sait ?

Nota Bene : Loin de la crise écologique ? Mais non, voyons. Il s’agit d’un rappel. Du rappel qu’il n’y a rien à attendre de la classe politique égotiste et percluse qui est la nôtre. Tiens, il va falloir que je parle de la création d’Europe-Écologie-Les Verts. Je ne suis pas sorti de l’auberge.

PS :  aux dernières nouvelles – 18h30 dimanche 14 novembre 2010 -, madame KM prendrait le poste laissé vacant par Borloo. Est-ce que cela change quelque chose ? Non. Madame Jouanno – défense de hurler de rire – deviendrait secrétaire d’État aux Sports.

16 réflexions sur « Je peux me tromper (sur Borloo et son départ) »

  1. Bonsoir,

    Ah!Le pouvoir,le pouvoir!Fi!

    Je vous laisse argumenter sur le nouveau gouvernement,vous qui savez si bien faire!

    Chuuuuuuut!En toute confidence,je préfère être a ma place qu’a la leur!Surtout pour les temps a venir qui risquent de s’avérer fort explosifs!

    🙂

    Bonne soirée,bises,Léa.

  2. M’est avis que tu ne trompes pas de beaucoup. Rama Yade aussi va peut-être jouer ce rôle pseudo-critique pour mieux se rabattre sur Sarko quand il le faudra. Ah ! Les braves gens, quel courage !

  3. Au sujet de Borloo, je partage complètement ton analyse, Fabrice.

    Sa sortie d’amant rebuté sent un peu le vaudeville. On s’attend à le voir réapparaître avant longtemps.
    Le rôle de cheval de Troie de qui vous savez pour tenter de torpiller les élans centristes et écolos lui irait comme un gant.

    Avec en prime, la queue du Mickey si son mentor était réélu. Les clés de Matignon… 2012 n’est pas si loin !

  4. La liste du nouveau gouvernement
    Premier ministre : François Fillon

    Ministres
    – Alain Juppé, ministre d’Etat, ministre de la Défense et des Anciens
    combattants

    – Michèle Alliot-Marie, ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et
    européennes

    – Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie, du Développement
    durable, des Transports et du Logement

    – Michel Mercier, garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Libertés

    – Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des Collectivités
    territoriales et de l’Immigration

    – Christine Lagarde, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie

    – Xavier Bertrand, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé

    – Luc Chatel, ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative

    – François Baroin, ministre du Budget, des Comptes publics, de la
    Fonction publique et de la Réforme de l’Etat, porte-parole du
    gouvernement

  5. Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

    – Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du territoire

    – Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication
    – Roselyne Bachelot-Narquin, ministre des Solidarités et de la Cohésion
    sociale

    – Maurice Leroy, ministre de la Ville

    – Chantal Jouanno, ministre des Sports

    – Patrick Ollier, ministre auprès du Premier ministre, chargé des Relations avec le Parlement

    – Eric Besson, ministre auprès de la ministre de l’Economie, des
    Finances et de l’Industrie, chargé de l’industrie, de l’énergie et de
    l’économie numérique
    – Henri de Raincourt, ministre auprès de la ministre d’Etat,
    ministre des affaires Etrangères et Européennes, chargé de la Coopération

    – Philippe Richert, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, de
    l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration, chargé des Collectivités territoriales

  6. Laurent Wauquiez, ministre auprès de la ministre d’Etat, ministre des
    Affaires étrangères et européennes, chargé des Affaires européennes

    – Nadine Morano, ministre auprès du ministre du Travail, de l’Emploi et
    de la Santé, chargée de l’Apprentissage et de la Formation
    professionnelle

    – Marie-Luce Penchard, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, de
    l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration, chargée de l’Outre-mer

  7. Secrétaires d’Etat

    – Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat auprès de la ministre de l’Economie, chargé du Commerce extérieur

    – Nora Berra, secrétaire d’Etat auprès du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé, chargée de la Santé

    – Benoist Apparu, secrétaire d’Etat auprès de la ministre de
    l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement,
    chargé du Logement

    – Georges Tron, secrétaire d’Etat auprès du ministre du Budget, des
    Comptes publics, de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat,
    chargé de la Fonction publique

    – Marie-Anne Montchamp, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale

    – Thierry Mariani, secrétaire d’Etat auprès de la ministre de
    l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement,
    chargé des Transports

  8. Frédéric Lefèbvre, secrétaire d’Etat auprès de la ministre de
    l’Economie, des Finances et de l’Industrie, chargé du Commerce, de l’Artisanat, des
    Petites et moyennes entreprises, du Tourisme, des Services, des
    Professions libérales et de la Consommation

    – Jeannette Bougrab, secrétaire d’Etat auprès du ministre de
    l’Education nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative, chargée
    de la Jeunesse et
    de la Vie associative.

  9. Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie, du Développement
    durable, des Transports et du Logement—-Une sous ministre de l’ecologie.
    _______________________________________________
    Thierry Mariani, secrétaire d’Etat auprès de la ministre de
    l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement,
    chargé des Transports

    ___________________________________________

    Chantal Jouanno, ministre des Sports
    Les ourses &loups, lynx, etc vont être content

  10. Bonjour,

    L’Ecologie sans l’Energie: de « très mauvais augure » pour Nicolas Hulot.

    PARIS – Le transfert du portefeuille de l’Energie du ministère de l’Environnement vers Bercy est de « très mauvais augure », a estimé lundi Nicolas Hulot dans un entretien à l’AFP.

    « Enlever l’énergie du périmètre alors qu’on avait demandé que ce périmètre soit conforté est quelque chose de fondamental compte tendu des engagements de la France sur ces sujets-là », a déclaré l’homme du Pacte écologique de la campagne présidentielle de 2007.

    « C’est quelque chose de très préjudiciable qui va rendre le travail de Nathalie Kosciusko-Morizet particulièrement difficile, voire pas possible », a-t-il estimé.

    Ce transfert est de « très mauvais augure », a-t-il ajouté. Cela signifie « qu’on va probablement aborder la politique énergétique en termes de politique industrielle, ce qui n’était pas du tout dans l’esprit du Grenelle », a-t-il ajouté.

    « Je suis déçu et pas forcément surpris », a-t-il ajouté.

    « La petite musique redondante qui consiste à dire +ça nous rapporte pas un électeur+ est en train de faire son oeuvre », a déploré Nicolas Hulot, jugeant « dommage qu’on fasse de l’écologie au prorata des espoirs électoraux ».

    La nouvelle configuration du ministère de l’Ecologie, privé notamment de l’énergie, a fait l’objet de vives critiques de la part de plusieurs ONG. Le portefeuille de l’énergie a été confié à Eric Besson, ministre auprès de la ministre de l’Economie, et chargé également de l’industrie et de l’économie numérique.

    (©AFP / 15 novembre 2010 13h27)

    A plus tard,Léa.

  11. Tt a fait d’accord avc ton analyse, Borloo fouteur de merde au 1er tour pour mieux rabattre au second. D’autant que Fillon en attente de la république eût été bien trop d’ange heureux

  12. mais qu’ils sont fatigants, ces polytechniciens, énarques et autres gens de pouvoir! à quand des ministres agriculteurs, apiculteurs, super techniciens, maçons habiles de leur dix doigts! il ya aussi de la noblesse et du génie dans ces pratiques si utiles!

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