Bernard Chaud, héros de la morale publique (sur les biocarburants)

Une feignasserie chasse l’autre : je n’écris que peu. Vous trouverez ci-dessous un article signé Pierre Le Hir, publié par le journal Le Monde ces derniers jours. Il concerne l’un des crimes majeurs de l’époque, c’est-à-dire les biocarburants. Au risque de lasser les plus fidèles de Planète sans visa, je répète encore que j’ai écrit voici quatre ans un livre qui documente cette atroce aventure. Et qui n’a servi à rien. Si vous lisez l’article de Pierre Le Hir, vous tomberez sur un nom : Bernard Chaud. Il est cité comme vice-président du Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA), mais il a bien d’autres titres à son actif. En 2007, l’année où je publiai La faim, la bagnole, le blé et nous, Chaud devenait directeur de projets dans le grand groupe sucrier Tereos, lequel faisait déjà des biocarburants l’un des axes de son développement.

Mais Chaud ne venait pas droit de la Lune. Juste avant cette belle promotion, il était chef du bureau Biomasse, Biocarburants, Bioénergie et Biomatériaux au ministère de l’Agriculture. Un lieu public décisif où il avait pu dire, et peut-être montrer, tout le bien qu’il pensait des biocarburants. Voici l’article de Pierre Le Hir.

Des biocarburants nocifs pour l’environnement

Le bilan environnemental global des cultures énergétiques n’est pas bon. Bruxelles s’interroge sur leur avenir .

 

Faut-il freiner brutalement et donner un coup d’arrêt à une filière industrielle en plein essor ? Ou continuer à accélérer, en fermant les yeux sur les études qui montrent que les biocarburants actuels sont très loin de tenir leurs promesses ? Entre ces deux extrêmes, l’Union européenne (UE) qui, depuis dix ans, a fortement encouragé le développement de ces énergies alternatives – leur production et leur distribution représentaient en 2008 quelque 300 000 emplois directs ou indirects -, va devoir trouver un difficile compromis.

Une réalité s’impose : le bilan environnemental global des biocarburants de première génération – le biodiesel élaboré à partir du colza, du tournesol, du soja ou du palmier à huile, et le bioéthanol et son dérivé, l’ETBE, extraits de la betterave et de la canne à sucre, du blé ou du maïs – n’est pas bon. Car il faut corriger les performances annoncées par ce que les experts appellent  » le changement indirect d’affectation des sols « .

Les cultures énergétiques, lorsqu’elles accaparent des terres agricoles, obligent en effet à déplacer les cultures alimentaires vers d’autres régions de la planète, à commencer par les régions tropicales. Des forêts y sont abattues, pour être transformées en terres cultivables, et cette déforestation relâche du CO2 dans l’atmosphère.

Une étude de l’Institute for European Environmental Policy, commandée par une dizaine d’associations de défense de l’environnement, a calculé que l’objectif que s’est fixé l’UE – soit 10 % d’énergies renouvelables dans les transports en 2020, soit deux fois plus qu’aujourd’hui –  » pourrait mobiliser près de 70 000 km2 – plus de deux fois la superficie de la Belgique – de terres supplémentaires à la surface du globe « .

Il en résulterait, à l’échelle de la planète, une  » émission de 27 millions à 56 millions de tonnes de CO2 supplémentaires « . Au final, les biocarburants consommés en Europe d’ici à la fin de la décennie généreraient  » de 81 % à 167 % «  de gaz à effet de serre de plus que les carburants fossiles.
La Commission de Bruxelles n’ignore pas le problème. Elle a fait réaliser ses propres études, sans les divulguer. Moins catastrophiques, elles montrent pourtant, indique Nusa Urbancic, de l’association européenne Transport & Environnement, que, si l’on tient compte de la réaffectation mondiale des terres, le biodiesel tiré du colza (dont est issu l’essentiel de la production et de la consommation européennes) et du tournesol, mais aussi de l’huile de soja et de palme (importées) seraient plus nocifs que les combustibles fossiles, en rejets de gaz à effet de serre.

En revanche, le bioéthanol élaboré à partir du blé, du maïs, de la betterave et de la canne à sucre, présenterait un bilan carbone meilleur que les carburants d’origine fossile. En décembre 2010, le commissaire européen à l’énergie, Günther Oettinger, déclarait que  » les effets potentiels des modifications indirectes dans l’affectation des sols doivent être dûment pris en considération « . La question, qui aurait dû être examinée fin 2010, a été repoussée à juillet, puis reportée à septembre. Il faudra alors trancher, et peut-être légiférer, sur l’instauration de normes plus exigeantes.

La Commission a déjà établi des critères de  » biocarburants durables « . Ceux-ci doivent permettre une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 35 % par rapport aux combustibles fossiles, seuil qui sera relevé à 50 % en 2017. Et leur production ne doit pas se faire au détriment des forêts tropicales, des tourbières, des zones humides ou de terres à forte biodiversité.

A cet effet, les professionnels ont été invités à mettre en place  » des systèmes volontaires pour la certification de la durabilité des biocarburants « . Concrètement, pour être acceptés sur le marché européen, les biocarburants devront faire l’objet de contrôles indépendants, assurant leur traçabilité, de l’exploitation agricole à la station-service, et prouvant qu’ils satisfont aux critères communautaires.

Mardi 19 juillet, M. Oettinger devait annoncer l’homologation de sept premiers plans de certification. L’un présenté par l’ensemble des opérateurs de la filière française, regroupés au sein du consortium 2BSvs (biomasse, biocarburants, schéma volontaire sur la durabilité). Les six autres soumis par des consortiums européens ou internationaux.

Ce dispositif garantit  » qu’aucune forêt n’a été abattue et qu’aucune zone humide n’a été asséchée «  pour les biocarburants produits ou importés en Europe, fait valoir Bruxelles.  » C’est l’aboutissement de la volonté européenne de faire la distinction entre les bons et les mauvais biocarburants. Et la démonstration que la filière française répond aux exigences de durabilité « , se félicite Bernard Chaud, vice-président du Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA).

Mais, pour les associations environnementales, le problème reste entier.  » Faute de prise en compte du changement indirect d’affectation des sols, ces schémas de certification ne sont que des coquilles vides « , dénonce Nusa Urbancic. Entre les impératifs économiques et écologiques, la voie est étroite. La solution pourrait être de pousser les recherches sur les nouvelles générations de biocarburants, valorisant le bois, la paille et les déchets végétaux, ou exploitant le potentiel des microalgues. Mais ces filières sont encore loin d’être opérationnelles.

Pierre Le Hir

© Le Monde

 

28 réflexions sur « Bernard Chaud, héros de la morale publique (sur les biocarburants) »

  1. De Bernard Shaw

    “L’humanité serait depuis longtemps heureuse, si tout le génie que les hommes mettent à réparer leurs bêtises, ils l’employaient à ne pas les commettre”.

  2. Donc si je comprends bien : le bilan environnemental n’est pas bon (ce papier), le bilan énergétique est médiocre (faible rapport énergie mobilisée/énergie produite, sauf peut-être la canne à sucre en condition favorable), le bilan alimentaire est dangereux (pression et spéculation sur les terres agricoles), le bilan économique est douteux (soutien de subventions problématiques en période d’endettement public). Je suppose que cela illustre l’adage : « l’Enfer est pavé de bonnes intentions ». J’ai hâte de lire votre livre.

  3. s’il n’y avait pas les élevages industriels pour « valoriser les drêches de maïs(OGM), résidus de la production du « bio-éthanol »,la filière serait dans l’impossibilité d’éliminer ces déchets, tout simplement

  4. Je sais qu’il est des drames abominables partout dans le monde mais c’est la mort du neuropsychiatre David Servan Schreiber qui m’attriste tout particulièrement ce soir. Puisse t il reposer en paix.

  5. Le fait d’utiliser une « terre nourricière » pour faire rouler des bagnoles est déjà un scandale en soi. Et je n’évoquerai même pas la famine en Somalie pour étayer ma thèse.

  6. les histoire de m’hir ne font pas rire,je craint que cette conclusion par cette adage soit vrais skept.a mettre l’argent immédiat au dessus de tout,ça engendre forcément des dérives multiples.c’est comme faire une partit d’échec et de pensez a 2 coup a l’avance(prodondeur de calcul),on peux que perdre a jouer comme cela.la réalité biologique est encore plus complexe

  7. En Ethiopie, des firmes européennes ont acheté, loué, en tout cas utilisent 1 million d’hectares de terres pour faire pousser de la canne à sucre, plante qui nécessite beaucoup d’eau (Vu la sécheresse persistante dans ce coin du monde, je suppose que ça doit être près des grands fleuves comme le Nil).

    En ce moment la situation s’est aggravée, car la sécheresse perdure et le nombre de millions de personnes souffrant de la sécheresse et de la faim a encore augmenté cette année.

    En principe, l’éthanol de canne à sucre est produit sans que des forêts éthiopiennes aient été détruites ou des zones humides asséchées.

    Donc faire des plantations de canne à sucre alors que des millions d’Ethiopiens n’ont plus d’eau pour cultiver de quoi manger, respecte bien les critères de l’UE.

    On est de suite rassurés par de tels critères !

    A une autre époque, on parlait de « Schreibtischtäter », des « criminels de bureau »…

    C.

  8. @ Skept,

    Votre intervention signe votre profond relativisme des valeurs et des choix! Tout se vaut (ou presque) n’est-ce pas?

    A l’inverse, on ne troque une décision morale contre une autre que si elle est plus exigente (pour soi-m^me), d’où la relativité de la morale! (d’une civilisation à l’autre ou pour un même individu au cours de la journée)

    @ Tous,

    Vous sentez tous très bien le côté insaisissable de l’individu ci-dessus qui va me dire que je chipotte sur les mots. Quelle diffénce après tout entre relativisme et relativité? Enorme en fait si vous vous décidez à rayer de votre vocabulaire le pseudo concept ou l’idée de « valeur morale » qui impose de se tenir avec un pied dans les valeurs et l’autre dans la morale donc la confusion qui lui convient et permet simultanément aux salopards de toujours jouer avec un coup tordu d’avance!

    Et en plus, il adopte la position du critique qui se permettrait de juger un truc pas encore écrit. Je ne serais pas surpris qu’il participe à ces trucs foireux du genre think tanks (un peu vides) où l’on y débat de stratégie pour enfumer les pauvres citoyens!

  9. Oula,

    Bonsoir Eugène,

    Eugène, pas taper! Pardon, mais j’ai pas tout compris. Pourriez vous s’il vous plait, faire en plus simple, merci.

    🙂

    Amitiés, Léa.

  10. Eugène : je ne comprends pas le rapport entre mon observation ci-dessus sur les biocarburants et le relativisme moral. Si vous me reprochez de ne pas évaluer la qualité des sources d’énergie sur des critères moraux, vous avez globalement raison : je la juge plus volontiers à leur rendement, à leur coût, à leur sécurité, à leurs externalités et autres critères performatifs. (Si vous êtes personnellement porté à tirer prétexte de toute chose pour administrer une leçon de morale à vos congénères, eh bien nous sommes profondément différents de ce point de vue.)

    Donc non, tout ne se vaut pas : les biocarburants en l’état des technologies restent moins intéressants que les dérivés du pétrole. Cela ne préjuge pas de ce qu’il en sera dans quelques années, mais il vaudrait mieux cesser l’expérience grandeur nature tant qu’aucune amélioration substantielle n’est apportée au rendement de la filière. Je réserve comme indiqué mon jugement sur la canne à sucre au Brésil.

    (Je ne suis pas surpris de mon côté que vous développiez des conjectures paranoïaques à mon sujet. Cela paraît le cas particulier d’une règle générale.)

  11. skept,

    je tiens à votre disposition mon dernier rapport sur la situation des agrocarburants en afrique, voir avec fabrice pour mon adresse mail.

  12. « …qualité des sources d’énergie.. »je la juge plus volontiers à leur rendement, à leur coût, à leur sécurité, à leurs externalités et autres critères performatifs. » Comment doit-on juger la catastrophe 2010 du golfe du Mexique? et celle qui a lieu en Chine en ce moment? toutes ces belles et libres créatures marines assassinées engluées, étouffées par notre noire technologie sont donc à inscrire dans la colonne perte et profits ? .. je tremble à l’idée d’une meme style de catastrophe en mer méditerrannée, puisque des forages profonds y sont aussi prévus http://www.veosearch.com/fr/association/billet_hecatombe-de-bebes-dauphins-dans-le-golfe-du-mexique_40005

  13. @ Skept,

    Relativisme moral?

    Je n’ai justement pas écrit çà! (relativisme des valeurs et des choix* / relativité morale)

    J’ai parlé de relativité de la morale, ce qui suppose qu’il y ait bien effectivement MORALE.

    Libre à vous d’en rester à des jugements de valeurs, d’arbitrer économistiquement entre des projets en fonction de leur intérêt, ce qui ne fait pas encore de ce type d’arbitrage une décision humaine càd implicitement morale!

    Quand à votre référence à la paranoïa, encore faudrait-il que vous sachiez en quoi et comment ce type de pathologie perturbe les relations. L’actualité norvégienne vous fait penser de travers! Si vous aviez suivi mon argumentation, vous auriez constaté que le double anonymat de nos pseudos évite de se situer à ce niveau sociologique mais au seul niveau de la différence entre choix intéressés et décisions.

    Si vous fréquentiez ce blog depuis longtemps, vous sauriez ma tolérance à l’égard de toutes sortes de choses, sauf, l’accession à un quelconque pouvoir de ceux qui n’en disposent pas sur eux-mêmes, du fait de s’en tenir, même avec élégance et brio verbal, aux seuls jugements de valeurs du type « l’économie conditionne le politique » partagé bizarrement par les néolibéraux comme par les marxistes au point de faire partie des idées reçues que tout le monde répète comme un troupeau d’ânes. C’est précisément ce qui rend ce monde invivable du fait qu’une telle position conduit à la guerre de tous contre tout et/ou tous (je parie que vous utilisiez professionnellement l’expression: « nous sommes en guerre économique »)soit l’exact contraire d’un monde commun possible!

    @ Lléa,

    Ce complément à Skept rend-il mon propos ci-dessus plus compréhensible?

    * n’importe quel mammifère procède à des arbitrages valorisés en fonction de son programme génétique: choix entre boire et manger, ou à d’autres moments précis, entre survivre par son alimentation et la transmission de ses gènes. etc

  14. Bonjour Fabrice,

    Petite info hors sujet.
    La France est engagée dans le plan Ecophyto 2018, qui vise à réduire de moitié si possible l’usage des pesticides d’ici 2018. Toute la subtilité de la phrase étant dans le « si possible », merci la FNSEA.
    Dans ce cadre, et pour anticiper une réglementation à venir, a été créée une formation « certiphyto » réalisée par les chambres d’agriculture, où les agriculteurs apprennent à régler les buses de leur pulvérisateur ou à mettre une tenue adaptée. A priori pas une si mauvaise initiative.
    (Voir ici : http://www.campagnesetenvironnement.fr/certiphyto-97-des-agriculteurs-sondes-4146.html )
    Sauf que…
    … cette formation est financée par le fond VIVEA, fond de formation pour lequel cotisent tous les agriculteurs. Et comme cette formation deviendra obligatoire (mais ne l’est pas encore), les chambres poussent tous les agriculteurs (bio y compris) à la faire. Résultat : une complète surconsommation de l’enveloppe VIVEA, qui atterrit directement dans la poche des chambres d’agriculture. Et pour les autres formations (sur l’agriculture paysanne, durable, bio, sur l’accueil à la ferme, …) portées par les réseaux alternatifs (CIVAM, GAB, ARAP, etc.), il reste plus un kopeck. De nombreuses formations prévues, avec des agriculteurs inscrits, n’auront pas lieu … ou devront attendre l’année prochaine. Mais Certiphyto continue et cela risque de ne pas s’améliorer pour 2012…

  15. Eugène : désolé, je ne comprends toujours pas bien ces histoires de relativité / relativisme moral, ni leur rapport aux agrocarburants. Si vous estimez que qualifier ces carburants de bon/mauvais au sens moral (sur l’axe bien/mal) est la chose la plus importante à faire, libre à vous. Mais le jugement de valeur connaît bien d’autres axes que le bon/mauvais propre à la morale : utile/inutile, efficace/inefficace, beau/laid, juste/injuste, etc. Tout cela, ce sont aussi bien des jugements humains.

    Ensuite, vous dites que l’idée libérale ou marxiste d’une détermination du politique par l’économique n’est pas bonne. Je ne vois toujours pas le rapport avec le biocarburant, ni au demeurant avec la morale. Vous pensez quant à vous que la morale détermine la politique qui détermine l’économie, c’est cela ? Enfin ma foi, vous pensez ce que vous voulez ! Vous avez des exemples de sociétés qui fonctionnent selon vos voeux?

    (Sur la paranoïa, c’est juste votre histoire de think tank qui m’avait fait tiquer, pour un premier échange : je n’aurai jamais l’idée d’aborder un inconnu en lui disant que je suis certain qu’il fait telle ou telle chose dans la vie.)

    Marie : je suppose que l’on doit juger les catastrophes comme des catastrophes. Ensuite, quelle est votre idée pour trouver de l’énergie sans connaître aucune catastrophe ? (Voyez, je ne désespère pas que l’on dialogue)

  16. @ Skept,

    Je résume donc ainsi ce qui est votre conclusion et ce à partir de quoi vous agiss(i)ez:

    « Une décision doit être prise à partir d’un businesss plan et non à partir de considérations qui la rendront humainement acceptable à la limite supportable. Donc tout ce qui est technologiquement réalisable et économiquement rentable doit et sera réalisé! »

    Je doute que vous trouviez ici une oreille favorable à des arguties masquant une telle position!

  17. mon idée est de poser d’abord pour premier principe le respect fondamental et contraignant des milieux vivants qui nous entourent, et que cette idée chasse l’autre idée préalable : celle de l’agent à se faire » .

  18. marie : bien. Il faut seulement faire partager votre idée aux humains, et surtout ses conséquences concrètes. Par exemple, je vous demandais comment trouver de l’énergie sans catastrophe, et vous avez répondu à côté. Or, il faudra bien à un moment ou à autre que votre principe très général réponde à cette question. Comment je chauffe, je cuis, je transporte, j’éclaire, etc. Tous les humains le font, que ce soit avec du muscle, du bois, de la bouse, du charbon, de l’éolien, du nucléaire, etc. En général, quand la pureté des idées rencontre la dureté du réel, les problèmes commencent…

    Eugène : non. D’abord, cela dépend de la décision, c’est trop abstrait. Ensuite, je dirais plutôt : « une décision relative à un bien commun ou une norme publique doit être prise au terme d’un débat où l’information a été correcte et où les positions antagonistes en présence ont pu exprimer leurs points de vue argumentés. L’assentiment majoritaire de la communauté concernée est la moins mauvaise solution ». Je reconnais bien volontiers que nous sommes loin de cette situation idéale, car il y a beaucoup de carence et de « bruit » dans l’information, comme il y a une tendance générale à la dépolitisation. En revanche, il me paraît évident que les conséquences économiques d’une décision font partie du débat démocratique en vue de la décision : il est absurde de poser le contraire puisque l’économie fait partie des problèmes humains, qu’il s’agisse d’une économie de subsistance ou d’abondance, de marché ou d’Etat, etc. Vous pouvez déplorer le matérialisme marxiste ou libéral, mais les humains n’ont jamais vécu des idées pures de la morale ou de la métaphysique (cf réponse à Marie).

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