Et si on (re)commençait ?

Ceci est le troisième versant d’un propos général. On peut le lire sans les deux textes précédents, mais on y perdrait une logique, une cohérence qui s’y trouve bel et bien.

Je commence ce troisième papier consacré à la politique en découvrant un nouveau rapport, plus effarant que bien d’autres encore (ici). Publié par The Lancet, revue scientifique de haut prestige, adossé à un ensemble de 24 institutions mondiales comme l’Organisation météorologique mondiale (OMM), il fait le point chaque année sur les liens prévisibles entre la santé et le dérèglement climatique. On peut toujours faire son Claude Allègre, et penser que ces gens ourdissent un ténébreux complot. On peut, avec plus de raison, considérer qu’ils produisent le meilleur de ce qu’on peut savoir en cette fin d’année 2017. Eh bien, il annonce que jusqu’1 milliard d’humains pourraient migrer d’ici la fin du siècle. Songez un peu à ce que provoque, dans un pays comme la France, la perspective d’un million de réfugiés. Nous parlons de 1000 fois plus, certes répartis. Mais dites-moi, où iraient massivement des réfugiés climatiques venus du nord de l’Afrique ou du Moyen-Orient ? Dans le désert libyque ?

Un glyphosate, trois vérités

J’en reviens à mon propos. Ainsi que j’ai dit dans mon dernier papier, il faut repolitiser la société dans sa réalité. En tenant compte de ce qu’elle est aujourd’hui. Autant que possible, hors des références politiques – je ne dis pas morales, on s’en doute – qui furent celles des deux siècles précédents, qui n’apportent plus que confusion mentale. Alors voilà : je pense qu’il faut s’entendre, et s’entendre par millions, sur un point simplement vital : nous souhaitons tous être protégés au moment où les menaces s’accumulent.

Par quel bout prendre une telle affaire ? Sur quel fil tirer pour tenter de mobiliser vraiment ? Eh bien, je crois après très mûre réflexion, commencée voici des mois, qu’on pourrait choisir tous ensemble le glyphosate, matière active de tant de poisons, dont le Roundup. Je pense que nous pouvons énoncer d’emblée trois vérités. La première est que cette matière active est cancérigène, sans préjuger d’autres qualités aussi éminentes comme la reprotoxicité, voire la perturbation endocrinienne. Or on en trouve la trace dans presque toutes les analyses d’urine qui la recherchent.

La deuxième : les autorités, de quelque ordre que ce soit, de quelque niveau que ce soit, sont incapables de faire le travail élémentaire de tout apprenti gouvernant : protéger les siens, notamment parce qu’est reconnu à l’Etat et à ses innombrables prolongements le monopole de la violence légitime, ainsi que l’a noté avec finesse Max Weber. Il s’agit sans détour d’une rupture frontale du contrat social. La confiance n’est plus, tout le monde est en droit de se méfier de tout. La troisième vérité est que nous sommes des millions à en avoir assez. Oh certes ! pas tous de la même manière. Pas avec les mêmes mots, pas avec les mêmes considérations, pas avec les mêmes explications, mais tous sentant avec une force chaque jour plus évidente que rien ne va plus. Que le danger, pour les gosses, les bébés, les fœtus est omniprésent, accablant.

Ne pas oublier les boulistes du Touquet

Telle peut être la base d’une action collective encore jamais vue où l’on verrait d’innombrables segments de la société se mettre en mouvement ensemble – à peu près -, mais chacun d’entre eux à son rythme, avec ses mots, avec ses silences et ses non-dits, ses réserves et doutes, ses limites. Avant de crier à la douce folie du rêve, laissez-moi m’expliquer. Ce que je propose, c’est trois phrases, et les voici :

« Le glyphosate est un pesticide cancérigène, qu’on trouve partout dans les urines des humains. Nos autorités proches et lointaines acceptent cet empoisonnement, qui est désormais certain. Nous demandons protection, c’est-à-dire l’interdiction immédiate de ce produit chimique dangereux ».

Bien peu de gens, croyez-moi, trouveraient à redire réellement à semblables évidences. Questionnés, certains se sentiraient bien tenus de tergiverser, comme la patronne de la FNSEA Christiane Lambert – et encore ! – ou Jean-Charles Bocquet, l’ancien directeur du lobby des pesticides, l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP) ou un quelconque Wauquiez. Soit. Reste qu’il existe comme un fabuleux gisement de millions de gens qui trouveraient cette demande raisonnable et défendable, y compris par eux. Notez bien dès l’avance que ce texte ne s’accompagne d’aucune des fioritures – que je ne conteste pas, on s’en doute – qu’on trouve dans tout texte militant ou seulement critique. Non, nulle mention du criminel Monsanto, de ses complices, de la politique en général et en particulier. Mais cette évidence, oui, que nous demandons protection.

La suite est clairement hypothétique, mais aujourd’hui, je m’en fous bien. J’y crois ? Pardi, j’y crois. Il s’agirait que ce texte soit approprié massivement, sur une longue durée, par tous ceux qui le souhaitent. Qu’il devienne le sésame, le porte-clés, le talisman de milliers de chercheurs de vérité, nous disons. Et qu’il soit diffusé jusque dans le plus petit des lieux possibles de France. Aucun hameau ne doit être oublié, aucune ferme, aucune cage d’escalier, aucun manoir en Dordogne.

Moi, je gage que tout le monde peut se reconnaître. Le club cycliste de Lamballe, les femmes musulmanes d’Aubervilliers, les boulistes du Touquet, l’amicale laïque du Tarn-et-Garonne, les employés de la crèche municipale d’Aubenas, les joueurs de Go de Saint-Sulpice, la Coordination rurale du Pas-de-Calais, les philatélistes du XIVème arrondissement de Paris, les Veuves de guerre, le 3ème RIMA, le NPA, les retraitées actives de Niort, les Petits Chanteurs à la Croix de Bois, Sud-PTT, Laurent Berger, Nicolas Hulot, Jacques Chirac, la fanfare municipale de Blaye, Michel Blanc, les grévistes de la Souterraine et d’ailleurs, les conseils municipaux de 33 400 communes de France, les colombophiles amateurs de Perpignan, le cercle espérantiste de Vannes, les usagers des restos du cœur de Lyon, Marseille, Lorient, Bordeaux, Dax, Limoges, Nancy, Colmar, Dieulefit, l’association des Tamouls de France, les deux foyers sénégalais de Montreuil, l’Assemblée des évêques de France, la CGT, le Grand Rabbinat de Paris et la Grande Mosquée du même lieu, les surfeurs de la côte Atlantique, les teufeurs de partout, les services pédiatriques et d’urgence de la totalité de l’APHP, puis les services de médecine, de gériatrie, de chirurgie, d’orthopédie, de rééducation fonctionnelle, Luc Besson, Jean-François Balmer, Michèle Bernier et ses enfants, Bruno Gaccio et ses enfants, Ali Baddou, Patrick Cohen, j’en oublie des milliers et des milliers et des milliers. Il s’agit d’un programme minimum, d’un socle, de l’affirmation minimaliste que nous sommes une société humaine.

La liberté à la boutonnière

Attention : il ne s’agit pas de porter la bonne parole avec l’autocollant écologiste sur la poitrine, non ! Il s’agirait de mettre en mains, dans les mains de parfaits inconnus, un texte qu’ils auraient toute liberté de diffuser à leur tour, de reproduire, de signaler à d’autres connaissances. Sans le changer jamais. Telle serait la seule condition : ces phrases seraient pour toujours le trait d’union entre des millions d’êtres qui ne se connaissent pas.

Bon, il ne s’agit pas d’une pétition, mais d’une ébullition. A feu doux, qui durera le temps nécessaire, fût-ce sur plusieurs années. Je vous rappelle sans rire qu’il s’agit de refonder la politique et les contrats qu’elle implique, ce qui ne saurait se faire en une saison. Si je ne me trompe et à la condition de bien s’y prendre, ces quelques phrases peuvent – et doivent en tout cas – se répandre lentement, puis de plus en plus rapidement, de plus en plus profondément. Le maître-mot me paraît être celui de liberté. Tout groupe, tout individu qui entend défendre cet oriflamme doit chercher le moyen de s’exprimer aussi haut qu’il sera possible. Le modèle, s’il en existait un, se rapprocherait peut-être de celui si discutable par ailleurs du Téléthon. Des gens de bonne volonté polarisent l’attention par une performance proportionnée à leur force et à leurs savoirs. Pendant que les mots diffusent avant de surgir par dizaines, puis par centaines et milliers des formes d’expression – inventons ! – amplifiant le propos de départ.

Nous parlons là d’un tsunami démocratique, dont je me dois de rappeler qu’il est au départ une ride sur l’océan. Une insurrection démocratique sans chef ni hiérarchie, sans autre but que d’obtenir satisfaction d’une demande en apparence dérisoire ou presque. Dans un premier temps au moins, on ne centralise rien, on n’impose rien, ce qui n’interdit pas de suggérer fortement ce qui pourrait être la règle d’or d’un tel mouvement : on ne négocie pas. ON NÉGOCIE RIEN, NI MAINTENANT NI JAMAIS. Car il n’y a rien à négocier. La situation ainsi créée me ferait penser à la fabuleuse mobilisation du Peuple des dunes, dont j’ai parlé ici il y a près de dix ans (ici). Laissons les puissants mariner dans le chaudron, et maintenons simplement la même exigence répétée sur tous les tons du violon : vous êtes représentants, agissez puisque telle est notre demande. Entrer dans le cycle sans fin des discussions signifierait au passage acceptation de l’inacceptable et adoubement de gens fondamentalement sans honneur.

N’appartiens jamais à personne

Si des millions de personnes, au bout d’un an, de deux, de trois ou plus, reprenaient cette exigence, il faudrait bien, à un moment quelconque de l’aventure, centraliser. Unifier. Réunir les volontés en montrant leur force collective hors du commun. Peut-être, mais sûrement pas au départ, pourrait-on imaginer un engagement pétitionnaire permettant de nous compter. Sans doute, si le virus de la liberté se répandait ainsi que je l’espère, peut-être faudrait-il rendre compte – site, son, images, textes, livre(s) – de ce qui est en train de se passer. Mais que cela soit clair : pour qu’une telle mobilisation ait lieu, la condition sine qua non serait qu’elle n’appartienne à personne. Qu’elle appartienne au peuple lui-même et qu’aucune structure des anciens temps ne puisse s’emparer de la millionième part de sa légitimité.

Y est-on ? Au bout d’un temps long, des millions de personnes sont devenues les copropriétaires d’une exigence de base : ne plus supporter l’empoisonnement par un produit dangereux. C’est alors que tout commence. Car réfléchissons ensemble, je vous en prie. Dans tous les cas, si du moins la mobilisation prend comme je me contente d’espérer, en bien, on peut espérer l’explosion, L’EXPLOSION du système politique actuel, qui ne mérite plus que cela.  Car de deux choses l’une. Ou le gouvernement décide de donner satisfaction aux demandeurs, et il ouvre une crise politique majeure avec l’Europe telle qu’ils l’ont construite, et qui impose des lois gangrénées par les lobbies industriels d’une part; avec sa propre majorité pro-business; avec les transnationales comme Monsanto, Bayer ou ChemChina, à qui il ne refuse jamais rien.

Dites-moi, où est le pouvoir ?

C’est très improbable, mais admettons. Dans ce cas, cela serait donner un souffle d’anthologie à la véritable démocratie. Cela signifierait qu’en s’unissant derrière une demande simple mais apparemment hors de portée, on peut obtenir une victoire. Comme l’esprit humain est fait, ce serait ouvrir une brèche qui ne se refermerait plus. Ce serait la preuve dont nous avons tant besoin pour réclamer plus. Pour réclamer tout ce dont nous n’osons plus rêver. Une société conduite par des besoins humains, hors du cercle de fer de l’économie. Ce serait l’ébauche d’une révolution.

Mais plus certainement, le gouvernement tergiverserait, tournicoterait autour de la demande, en ergotant sans cesse, en nous envoyant des armées de communicants nous expliquer qu’il faut attendre telle réunion, telle décision, tel menu changement institutionnel, qu’il faut respecter le cadre européen si difficilement dessiné, dans la grande tradition de l’enfumage. Pourquoi le ferait-il ? Mais parce qu’il serait coincé entre deux injonctions contradictoires. Celle, tout de même,  de respecter le souhait d’un peuple qui l’a fait – plus ou moins – roi. Et celle de sa nature profonde, qui est de s’incliner devant la puissance de feu de l’industrie et des règles générales de l’économie. Exactement comme le scorpion de la fable qui pique la grenouille qui lui fait passer la rivière sur le dos, et meurt avec elle comme un imbécile. Car c’est dans sa nature.

Seulement, dans ce cas-là, ce serait presque trop beau. Car on assisterait en direct à une leçon de choses politique de très haute volée. On verrait, des millions de citoyens pourraient verraient de leurs yeux que le système de représentation est bloqué, qu’il empêche et interdit de protéger la santé de tous, au profit de quelques-uns. Moi, je gage sans preuve qu’on pourrait alors se lancer dans une immense entreprise de repolitisation de la société, qui lui permettrait de comprendre ce qu’est le pouvoir, comment il circule , comment il est confisqué, et au service de quoi.

Un autre serment du Jeu de paume

Ce serait d’ailleurs la même chose, peu ou prou, si le gouvernement cédait, pour la raison évoquée plus haut que cela permettrait à beaucoup, ayant déjà beaucoup appris chemin faisant, de réclamer bien plus et au-delà. Mon obsession à moi n’a rien de secret : il faut à toute force créer du mouvement. La statique, c’est la mort pour tous, au moins morale, pour cause de crise écologique exacerbée. Le mouvement au contraire, sur fond de réclamation en apparence presque anodine, est la chance donnée d’avancer enfin. De se poser des questions ensemble. D’y répondre ensemble. De créer pas à pas une culture politique neuve qui enverra au cimetière des idées le libéralisme et le capitalisme, les fascismes et les stalinismes, les social-démocraties, les gauches en fait, l’individualisme.

Vous le savez, nous le savons tous : nous n’avons plus beaucoup de temps. Il faut tout faire en une seconde, à peine plus : apprendre une langue et sa grammaire, la parler, trouver des locuteurs, imaginer un nouveau récit plus efficace et vrai que le progressisme qui domine encore, rebâtir le monde et son incroyable beauté. Le nouveau récit, nous le connaissons bien : il appartient à l’homme, aux hommes, de proclamer ses devoirs envers toutes les formes vivantes. En proclamant, comme les ancêtres dans la salle du Jeu de paume, le serment de sauver les conditions de la vie sur Terre.

55 réflexions sur « Et si on (re)commençait ? »

  1. Bonjour Fabrice je suis secouée par ce texte si fort , il donne un espoir d’action. Je me demande que répondre à ceux qui diront que Le glyphosate n’est qu’un cancérigène probable ?
    J’avais pensé aussi à l’idée de faire un procès â l’état pour mise en danger de la population à l’instar des enfants chapeautés par James Hansen .
    Bien â vous

  2. Faisons cela. Je ne suis pas sur que les consequences – a part le but principal, qui est d’interdire le glyphosate – seront bien celles que tu decris, mais ca n’a aucune importance. A chaque jour suffit sa peine! Meme si ce que tu decris n’arrive pas, on aura au moins interdit le glyphosate. La cible est bien choisie, aucune personne qui n’est pas en position d’autorite n’a d’interet a la fabrication et a l’usage de ce poison. Et en effet, ca contribuera a reconstruire un langage commun!

  3. Ouille ouille ouille !
    Le temps passe.
    Je ne viens plus trop souvent ici et aujourd’hui je me retrouve avec 4 articles à lire…
    Je m’en réjouis.
    Ça m’apprendra à venir plus régulièrement.

  4. Bonsoir Fabrice, merci à vous pour relancer encore les dés. Quel courage.. Cela laisse songeur et force l’admiration. Je ferai ma très modeste part dans mon coin.
    Je vous salue et vous espère le moins éprouvé possible.
    Amitiés,

    Nicolas

  5. Ton idée est vraiment excellente. Repolitiser la société qui en a tant besoin.Démontrer aux gens devenus si passifs qu’ils ont du pouvoir.
    Concrètement, on commence comment ? quand ?

  6. En 4 mots : c’est pas con !
    Bien entendu, il faut foncer et diffuser partout ! Ca vaut vraiment la peine d’essayer :

    « Le glyphosate est un pesticide cancérigène, qu’on trouve partout dans les urines des humains. Nos autorités proches et lointaines acceptent cet empoisonnement, qui est désormais certain. Nous demandons protection, c’est-à-dire l’interdiction immédiate de ce produit chimique dangereux ».

  7. Interdire le glyphosate et consorts, interdire l´utilisation des nanoparticules dont on ne connait pas la toxicité. Interdire les maudites bagnoles, interdire les avions, les porte-conteneurs gigantesques, les bateaux de croisières monstrueux sur lesquels se pressent tant de crétins et qui polluent à grande échelle (eaux usées, particules fines dûes au fuel lourd, nuisances sonores). Fermer les centrales nucléaires, fermer les centrales à charbon, fermer les grandes enseignes de la distribution et redonner vie aux centres-villes désertifiés, fermer sur le champ les macdo et autres pourvoyeurs de junk food, fermer manu militari les fermes d´élevage intensif où souffrent des êtres sensibles, fermer les ateliers esclavagistes d´où sortent tous les biens de consommation inutiles dont le monde raffole mais où triment d´autres êtres sensibles, etc etc etc…
    Ces trois articles sont beaux et forts, Fabrice, et je souhaite sincèrement qu´ils résonnent dans les cœurs de ceux et de celles qui sont prêts à porter cette belle flamme. Personnellement, je doute fort que notre espèce se ressaisisse et emboîte le pas aux personnes qui, comme vous, s´efforce de lui montrer une autre route possible que celle, en fin de compte suicidaire, qu´elle a choisie. Oui, je doute, chaque jour de plus en plus et pourtant, je conserve encore quelques fétus d´espoir. Pas facile de se raccrocher à des fétus, mais on y parvient. Peut-être que la France montrera le chemin, en tous les cas, le renouveau ne viendra pas de l´Allemagne anesthésiée par douze années de Mamie Merkel. Et ce n´est pas fini :-((( ! J´ose à peine imaginer l´état de coma généralisé dans lequel se trouvera la société allemande en 2022.

    P.S J´adore les films d´animation. Pour ceux qui partageraient cette passion, voilà l´une de mes dernières découvertes. C´est assez sombre mais peut-être pas si éloigné que cela de ce qui fait notre nature humaine. Qui sait ?
    https://www.youtube.com/watch?v=yvSyoH4M6Hk

  8. Eaus et Rivières de Bretagne vient avec quatre autres associations de déposer un recours devant le Conseil d’État à la suite des refus des ministres signataires de l’arrêté du 4 mai 2017 encadrant l’usage des pesticides, de l’améliorer.

    Voir l’actualité « Pesticides : 3 recours engagés »

    Afin de soutenir l’action des 5 organisations lancées dans ces recours et les frais d’avocat qu’elle engendre, un financement participatif a été mis en place. Il est possible de contribuer via la plateforme Hello asso.

    N’hésitez à faire circuler cette information dans vos réseaux!

  9. Les écureuils m’ont dit de t’envoyer ceci,

    Abattage d’un cerf, dans une propriété privée, à Lacroix-Saint-Ouen.

    Un chasseur décède après avoir été chargé par un cerf, à Saint-Sauveur.

    Bises,

  10. Cher Fabrice,

    Je pense que vous vous trompez de combat. A quoi bon se focaliser sur le glyphosate ? L’erreur de tous les mouvements contestataires aujourd’hui est d’attaquer le système techno-industriel sur des points de détail qu’il peut très bien lâcher si la pression devient trop forte, sans remettre en cause tout le reste.
    Imaginons qu’un fort mouvement contre le glyphosate se mette en branle. Alors les gouvernements décideront de faire cette concession, ce qui suffira à démobiliser la masse de ceux qui ne partagent pas une critique intégrale de notre civilisation. C’est d’ailleurs une des forces de la démocratie par rapport à un régime autoritaire : sa souplesse lui permet une grande résilience. C’est en vain qu’on frappe un bloc de caoutchouc avec un marteau.
    De même, on pourrait arriver un jour à imposer une agriculture 100% biologique. Le chemin est pris, mais on voit aussi clairement que le système sais s’adapter, et l’industrie a déjà vampirisé pour une large part la bio comme le craignait déjà Charbonneau il y a plusieurs dizaines d’années.
    Le résultat de tout cela, c’est des victoires utiles certes, mais pendant ce temps l’effondrement des éco-systèmes continue, et à un rythme autrement plus rapide que ces succès partiels.

    Je considère que le seul moyen de sauver ce qui peut encore l’être est de précipiter l’effondrement de la civilisation industrielle, et pour cela je ne vois que le moyen proposé notamment par Pièces et Main d’Oeuvre ou Paul Ariès : la grève générale de la consommation, seule à même de dérégler les fragiles équilibres de l’économie. Il faut frapper là où ça fait mal, et ne pas dissiper ses maigres forces sur des combats particuliers. Car tout ça fait système.

    JN

    1. Je suis entierement d »accord avec votre analyse. Toutefois, il me semble que votre conclusion strategique souffre d »une difficulte pratique. Comment mobiliser pour generer une telle greve generale?
      Il existe peut etre une possibilite politique qui consisterait a faire de la demission a venir de N.Hulot la preuve que son Titanic ne peut plus etre sauve. En reconnaissant son echec il fait la demonstration que nous avons deja heurte l »iceberg et que l »eau envahie deja les cales inferieures. De lors en demissionant il ne fera que enfin donner, a toute cette masse de consommateurs qui croyaient encore en lui pour sauver le Monde, l »ordre d »Abandonner le navire. Il vient de se donner un an, prenons le au mot en clarifiant le veritable enjeu de cette demission.

  11. Allez, encore un effort : Hulot et EDF nous prenant pour des abrutis, il est grand temps de quitter EDF !
    Faites-le pour un fournisseur sans nucléaire.
    Et n’ayez crainte : c’est complètement réversible, vous pourrez éventuellement retourner au bercail quand vous voulez (nouvelles dispositions juridiques).
    Alors, qu’attendez vous ?
    L’accident nucléaire majeur en France c’est pour bientôt, ne soyez pas complice passif !
    Et puis… des centaines de milliards vont encore être engloutis par le nucléaire pour rafistoler les centrales pendant des décennies… autant de financements précieux qui n’iront pas vers la sobriété ou vers des énergies moins criminelles que le nucléaire…
    Car le nucléaire et ses complices sont pour moi des criminels.

    1. Sur le nucleaire, Hulot nous fait du chantage: « Si vous vous acharnez a forcer Macron a tenir sa promesse de baisser le nucleaire a 50% en 2025, il va falloir remettre en route des centrales a charbon ».

      https://reporterre.net/Hulot-et-Macron-reculent-sur-le-nucleaire

      Il nous prend pour des imbeciles, de quoi se mele-t-il?

      Il est ministre, ou ingenieur chez EdF? He, Hulot, comporte-toi comme un ministre, pas comme un larbin!

      Sinon on va croire que tu nous ment.

      Ca fait deux ans que le solaire est moins cher que le charbon en Inde. L’annee derniere, tous les projets de centrales a charbon ont etes soudainement annules.

      Cette annee, les appels d’offres ont encore battu un record a la baisse.

      Je ne suis pas un fan du solaire, ca pollue surement aussi, mais pourquoi diable Hulot nous parle-t-il du charbon? Le charbon, le nucleaire, c’est fini. Ca coute trop cher. Qu’il fasse un appel d’offre, un vrai appel d’offre « ultra-liberal », sans subventions, sans clauses secretes, et il verra bien. C’est ca son boulot, pas de se faire le porte-parole d’EdF comme s’il etait ingenieur de cette boite.

      Sur le glyphosate, le gouvernement va d’abord evaluer la pression, et puis operer une strategie d’evitement du conflit, en mettant en place une commission truc avec des membres co-optes de « la societe civile » qui decidera un calendrier suffisament court pour mettre fin au mouvement. Quitte a prolonger le calendrier par la suite si le mouvement s’essouffle. Comme pour le nucleaire.

      Tiens, un ministre qui se prenait, a juste titre, pour un ministre, c’est Jacques Barrot. Pas connu pour etre ecologiste, mais pourtant c’est lui qui a interdit les flocages d’amiante en 1977, alors qu’il etait secretaire d’etat aupres du ministre de l’equipement. En 1996, il interdit l’amiante. Sans rien demander a personne, ou en tout cas, s’il a demande, c’est tres discretement car on n’en a rien su, et il n’a certainement pas suivi les recommendations de l’industrie, qui a bien essaye de protester apres-coup (« pertes d’emploi, perte de competitivite de la France, etc. ») mais sans effet.

      Resultat, en un an a peine, des fibres de remplacement etaient sur le marche. Il n’y a eu aucune rupture de stock.

      Alors, Hulot, prends-en de la graine, oublie ta casquette d’ecologiste que tu portes si mal depuis que tu es au gouvernement, et comporte-toi comme un ministre. Demande l’arret du nucleaire d’ici 2025. De meme qu’il n’y a eu aucune rupture de stock de plaques en fibro-ciment en 1997, Je te parie tout ce que tu veux que non seulement il n’y aura aucune coupure de courant en 2025, mais que le prix du courant va baisser, vu la chute libre des prix du solaire.

  12. Action à copier coller telle qu’elle à tous vos contacts, tous ! (n’oubliez pas de mettre le texte entre guillements EN ROUGE) 😉 :
    ________________________________________

    Bonjour, merci de diffuser cette action en copiant-collant intégralement ce courriel et en l’envoyant au maximum de vos contacts (les 2 éléments ci-dessous = le texte entre guillemets + le lien explicatif). Attention, pour que l’action soit efficace, aucun mot du texte ne doit être modifié :

    « Le glyphosate est un pesticide cancérigène, qu’on trouve partout dans les urines des humains. Nos autorités proches et lointaines acceptent cet empoisonnement, qui est désormais certain. Nous demandons protection, c’est-à-dire l’interdiction immédiate de ce produit chimique dangereux ».

    Lien :
    http://fabrice-nicolino.com/?p=2774

  13. La Commission européenne.

    La Commission européenne vous aime.

    La Commission européenne est votre amie.

    Répétez avec moi : « Vive la Commission européenne ! »

    Jeudi 9 novembre 2017 :

    Union Européenne : vote attendu sur le glyphosate mais l’incertitude persiste.

    Face à des Etats membres toujours divisés sur le glyphosate, la Commission européenne va soumettre une nouvelle proposition jeudi, visant à renouveler pour cinq ans et non plus dix ans la licence de cet herbicide controversé.

    Cinq semaines. C’est le temps qu’il reste avant l’expiration de la licence actuelle, le 15 décembre. L’horloge tourne et l’exécutif européen peine à rassembler la majorité qualifiée nécessaire pour prendre une décision sur la poursuite ou non de l’utilisation du glyphosate sur le territoire de l’UE.

    La Commission avait initialement prévu un vote le 25 octobre, mais après avoir sondé les membres du comité technique chargé du dossier, elle avait renoncé.

    Lors d’une réunion entre experts, à Bruxelles, elle revient donc jeudi avec une nouvelle proposition, portant sur une période de cinq ans. Soit moitié moins que sa proposition originale de 10 ans mise sur la table après le feu vert de l’Agence européenne pour la sécurité des aliments (Efsa).

    Le ministre français de la Transition écologique Nicolas Hulot a assuré mercredi, à la veille de la réunion, que la France, membre de poids dans le cas d’un vote à majorité qualifiée (55% des Etats membres et 65% des habitants), ne votera pas en faveur de cette nouvelle proposition.

    – ‘Plusieurs’ Etats pour 15 ans –

    « Je ne crois pas que la Commission ait une majorité pour une licence de 5 ans », a avancé de son côté le ministre luxembourgeois de l’Agriculture Fernand Etgen, dans le quotidien Luxemburger Wort. Le Grand-Duché s’y opposera en tout cas.

    Si le vote a lieu et qu’aucune majorité ne se dessine, un comité d’appel sera organisé. Si la même situation se reproduit, la décision reviendra alors à la Commission.

    Mais le commissaire à la Santé Vytenis Andriukaitis a rejeté à plusieurs reprises l’idée d’assumer seul la responsabilité d’une telle décision, assurant qu’elle devait être « partagée » avec les Etats membres.

    Les minutes de la réunion à huis clos du 25 octobre, publiées par la Commission, montrent que les opinions diffèrent énormément entre Etats membres, qui n’y sont pas désignés nommément.

    Deux avaient défendu une autorisation pour 3 ans, un autre une « élimination progressive » dans les 5 ans. Mais « plusieurs » Etats membres s’étaient prononcés en faveur de 15 ans et avaient ajouté que le compromis le plus bas qu’ils pourraient accepter était de 7 ans.

    – Principe de précaution ? –

    La Commission y note également que le cadre réglementaire ne « permet pas de fixer une date de fin arrêtée pour la substance active », une entreprise gardant la possibilité de redéposer une demande d’autorisation lorsque la licence arrive à expiration.

    Pressée de formuler une nouvelle opinion scientifique sur la toxicité du glyphosate après qu’il ait été classifié en 2015 comme « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer, un organe de l’OMS, l’Efsa a eu une conclusion inverse.

    Les adversaires du glyphosate estiment eux que le principe de précaution devrait prévaloir.

    Sont venues s’ajouter à la controverse les accusations d’influence exercée par le géant de l’agrochimie Monsanto sur le contenu des études scientifiques publiées.

    Le principal syndicat européen d’agriculteurs, le Copa-Cogeca, a jugé en amont du vote que la proposition portant sur cinq ans était « inacceptable »: « Ni les émotions, ni la politique ne devraient régir des décisions aussi importantes », a regretté le secrétaire-général du syndicat, Pekka Pesonen.

    Dans l’UE, les pesticides à base de glyphosate représentent un marché d’environ un milliard d’euros. La substance active, herbicide le plus utilisé dans l’UE, est plébiscitée par les cultivateurs pour son efficacité et son faible coût.

    1. La Commission européenne ne tombe pas du ciel : elle provient des Etats membres et notamment du « Conseil » des MINISTRES des différents pays membres de l’Union. Ils sont bien hypocrites de se cacher derrière les méfaits de l’Europe tous ces populistes néo-conservateurs obsédés par le marché… (je parle des ministres des Etats et donc de leurs gourvernements respectifs).
      Taper sur l’Europe de but en blanc, je trouve cela irresponsable.
      Les traités sont à reprendre de fond en comble, nous sommes bien d’accord.
      Mais si nous voulons une planète plus écologique, nous avons besoin de faire tomber des barrières entre Etats, nous avons besoin de DAVANTAGE D’EUROPE.
      En matière de protection de certains espaces et de certaines espèces, la France serait minable sans la pression EUROPEENNE des Directives Habitat et Oiseaux. N’oublions pas que ce n’est pas l’idée d’Europe qui est à jeter… mais « seulement » les traités actuels marqués des sceaux de l’affairisme, de la finance et d’un libéralisme meurtrier…
      Jeter le bébé avec l’eau du bain serait faire preuve d’une immense stupidité, ce serait suicidaire.
      Le localisme, c’est sûrement très bien, mais nous ne devons pas oublier que les problèmes sont planétaires. Nous ne réussirons rien dans le strict « entre-nous ».

  14. Copié-collé sur mon TT ; imprimé 2 fois par page en format paysage en 20 exemplaires pour commencer ; coup de ciseau ;
    à emporter au marché demain pour mettre devant mes corbeilles de pains ;
    çà fait à peu près mon nombre de clients du vendredi.

    A +

  15. Le glyphosate n’est pas seulement cancérigène, Benoit Biteau, paysan de Charente Maritime, m’apprend que :
    « La première homologation du glyphosate, avant d’être homologué comme herbicide est une homologation de chélateur de métaux qui agrège les éléments entre eux. Ce qui signifie que les nutriments du sols deviennent indisponibles pour les plantes cultivées et nécessite donc l’épandage massif d’engrais pour palier à cette situation. La boucle est bouclée. Vente de pesticide, puis vente d’engrais pour palier aux dégâts de l’herbicide. »
    Savoir que les agriculteurs utilisent un ancien déboucheur de canalisation pour se débarrasser des adventices, savoir également, en tout cas selon José Bové cette fois-ci, que des céréaliers en épandent sur les épis juste avant la récolte pour qu’ils soient bien « grillés » et bien secs, devrait conduire à un boycott spontané, hélas, on est bien là dans la métaphore de la grenouille plongé dans l’eau froide.
    (En vérité, si vous plongez une grenouille dans l’eau froide, dès que l’eau chauffe trop, la grenouille s’échappe, pas si bête…)

  16. Merci pour ces textes pleins d’un espoir que l’on sent désespéré . C’est toujours un grand plaisir de te lire !!
    Perso, j’ai le sentiment profond qu’il est dans l’essence même de l’être humain de profiter de toute position dominante à des fins égoïstes et dans ce cas je ne vois vraiment pas comment une conscience collective pourrait surgir pour sauver la planète. Le mal est profond , très profond après quelques générations de conditionnement .
    L’autre solution ne serait pas de « PROVOQUER » l’effondrement eu plus tôt pour en limiter les conséquences ? Ou au moins de le souhaiter ?
    Désolé mais ce soir , je suis d’humeur plutôt pessimiste ……….

  17. J’ai un peu peur que la tres bonne idée de Fabrice ne débouche pas sur autre chose qu’une action sur le glyphosate . Je viens de découvrir une association qui prépare un procès contre l’état comme l’ont fait un groupe d’enfants aux USA avec le climatologue James Hansen , il me semble que les soutenir serait bien :
    https://notreaffaireatous.org/
    Dans leur association il y a Valerie Cabanes juriste de l’environnement qui a écrit un livre remarquable : Un nouveau droit pour la terre .

  18. Bonjour Fabrice et à tou(te)s !

    Je partagerai votre message. Même si quelques doutes m’assaillent quant à la réactivité des gens, c’est une action qui a le mérite d’être tentée. En effet, chacun(e) peut se sentir concerné(e) par ce sujet et rien, du point de vue d’un engagement, d’une conviction quelconque, ne peut faire barrage à un tel partage – mis à part pour les quelques-un(e)s mu(e)s par des intérêts particuliers et égoïstes mais qui, au final, sont bien peu. Qui ne tente rien, n’obtient rien ! Semons des graines au vent, on en récoltera toujours quelque chose.

    Bien cordialement

  19. Lu sur un mail d’info de Kokopelli reçu ce matin à propos du glyphosate. Troublant non ? :

    Alors que tout le monde, dans un unanimisme inquiétant, réclame l’interdiction du glyphosate, comme si celle-ci allait mettre un terme à l’agriculture chimique et mortifère, Monsanto se frotte les mains !

    En effet, le géant de l’agrochimie n’a plus rien à gagner sur le terrain du glyphosate : l’herbicide, dont le brevet est tombé dans le domaine public, est vendu à vil prix et de nombreux génériques ont envahi le marché ; ses brevets sur les semences résistantes au glyphosate sont également tombés dans le domaine public et il est donc désormais possible, pour des millions d’agriculteurs de par le monde, de multiplier ces semences à la ferme. Pour rendre ces technologies désormais libres de droits obsolètes, une interdiction du glyphosate viendrait vraiment au bon moment.

    Car depuis des années, Monsanto prépare la suite : le “Dicamba”, vieux pesticide dévastateur à cause de sa volatilité, le “Vaporgrip”, technologie servant à limiter cette volatilité et protégée par brevet, et, cerise sur le gâteau : les SEMENCES RÉSISTANTES AU « DICAMBA », nouvellement brevetées et autorisées par la Food and Drug Administration (FDA) américaine.
    Et c’est ainsi que, convaincue de plaider la cause d’une agriculture plus durable, la population sert en réalité la stratégie commerciale de Monsanto et travaille à la sécurisation de ses profits pendant les 20 prochaines années. Pendant ce temps, en Europe, la Commission européenne devra se prononcer sur la reconduction de l’autorisation du Dicamba avant le 31 décembre 2018, et personne ne semble s’en soucier. Au glyphosate succèdera ainsi le redoutable Dicamba, et l’agriculture chimique continuera de prospérer, avec tous ses suppôts criminels, dans la liesse générale.

  20. Ni pour ni contre. La décision sur l’avenir du glyphosate est de nouveau reportée. Jeudi 9 novembre dans la matinée, malgré l’intensification du débat autour de l’herbicide au cours des dernières semaines, la proposition de la Commission européenne de le réautoriser pour cinq ans – alors que sa licence d’autorisation expire le 15 décembre -, n’a pas atteint la majorité qualifiée nécessaire à son adoption lors de la réunion des représentants des Etats membres au sein d’un comité spécialisé. La Commission a d’ores et déjà annoncé qu’elle soumettrait le texte à un comité d’appel qui, d’après nos informations, devrait se réunir le 27 ou le 28 novembre.

    Cette impasse européenne s’explique en partie par l’abstention de l’Allemagne, due aux difficultés de la chancelière allemande Angela Merkel pour former un gouvernement. Or le pays représente 16,06 % de la population de l’Union européenne (UE), alors que la Commission a besoin de 55 % des Etats membres représentant au moins 65 % de la population. Deuxième facteur décisif : le refus de la France d’accorder un renouvellement au-delà de trois ans. Une opposition déterminée qui a entraîné d’autres pays dans son sillage.

    Au total, ce sont neuf pays, dont la France, qui ont voté contre la proposition. Certains, comme la Belgique ou le Luxembourg, avaient annoncé leur intention en amont. Cinq Etats membres se sont abstenus, et quatorze ont voté pour, dont l’Espagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.

    Avec seulement 37 % des Etats membres en sa faveur, la proposition souffre d’un manque d’adhésion évident, malgré une révision à la baisse. Alors que son projet initial fixait la durée d’autorisation à dix ans, la Commission l’avait en effet modifié le 24 octobre, dans la foulée d’un vote au Parlement. Malgré son caractère non contraignant, une résolution en forme de coup de pression demandait une interdiction progressive du glyphosate en cinq ans, ainsi qu’une interdiction, dès le 15 décembre, des usages non professionnels

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/11/10/glyphosate-l-europe-dans-l-impasse_5212940_3244.html

  21. Fabrice, c’est une idée puissante ! Et imparable (les sceptiques sur la nocivité du glyphosate accepteront sans doute de boire un peu du délicieux herbicide pour prouver leur foi; les indécis ou les procrastinateurs ne pourront ni fermer les yeux sur les maladies supputées ni accepter de se rendre complices). Cependant, comme pour une pétition, et pour que ça soit voyant, il faudra faire nombre et il faudra centraliser les signatures, quelques formes qu’elles prennent (électronique, papier). Ce n’est pas le tout de diffuser, il faut que ça revienne validé. C’est un petit problème d’intendance.

  22. Salut

    Si j’ai une pierre à l’édifice a apporter, je la tiens de Paul Jorion. Pour changer les choses ils faut qu’un maximum de personnes se mobilisent c’est une évidence. Sur un détail ou sur l’ensemble de ce système , enfin un truc qui le fasse tomber. Je l’ai entendu dire que nous sommes en train de tuer la planète, qu’elle va mourir.

    La mort.

    Et les gens ne conçoivent même pas la leurs.
    Alors comment faire comprendre que la planète va crever? La majorité en est incapable. Peut être, toi, Fabrice, avec l’expérience et le traumatisme que tu as subis, tu as une conscience plus grande que nous tous.

    Comment faire, pour que les gens prennent conscience qu’ils sont fini?

    et que leur planète aussi…

    Pichouz de Nagoya…

  23. MARCEL KUNTZ monte au créneau pour semer le doute quant aux conflits d’intérêts des anti-glyphosate, ces mécréants ! (voir l’article dans lopinion.fr)

    je sais que des « agriculteurs » d’Europe de l’Est ont employé du glyphosate pour faire sécher de manière uniforme les lentilles avant la récolte mécanisée et que des lots de cette légumineuse ont été interdits à la vente pour les humains il y a déjà plusieurs années car ils dépassaient la LMR de ce produit.
    Mais avec la baisse des effectifs (moins de fonctionnaires) et des contrôles pour  » faire faire des économies à l’état  » j’ai bien peur que des lots contaminés soient passés à travers les contrôles …

  24. Emissions de CO2 : record historique battu !

    Pour l’année 2017, les émissions de CO2 ont été de 36,8 milliards de tonnes (sans compter la déforestation).

    En comptant la déforestation, les émissions de CO2 ont été de 41 milliards de tonnes.

    CITATION :

    Les émissions de CO2 repartent à la hausse, selon une étude.

    Les rejets de dioxyde de carbone liés à l’industrie et à la combustion d’énergies fossiles devraient croître d’environ 2%.

    C’est la fin de trois ans de stabilité. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre issues des énergies fossiles sont reparties à la hausse en 2017, une première depuis trois ans, selon une étude publiée, lundi 13 novembre, en marge de la 23e conférence climat de l’ONU (COP23). Cette étude, le 12e bilan annuel du Global Carbon Project, a été réalisée par des scientifiques du monde entier.

    Les émissions de CO2 liées à l’industrie et à la combustion d’énergies fossiles devraient croître d’environ 2% cette année par rapport à 2016 (entre 0,8% et 2,9%), et atteindre un record de 36,8 milliards de tonnes, après des années 2014 à 2016 quasiment stables.

    « Le monde n’a donc pas atteint son ‘pic’ d’émissions », notent les auteurs de l’étude, publiée dans les journaux Nature Climate Change, Environmental Research Letters et Earth System Science Data. « Cela montre qu’il faut agir plus fortement. Il faut oublier toute autosatisfaction. »

    « C’est une grande déception », souligne une des auteurs, Corinne Le Quéré, de l’université britannique d’East Anglia. « Avec 41 milliards de tonnes de CO2 émis estimés pour 2017 (si l’on ajoute la déforestation, ndlr), on risque de manquer de temps pour garder la température sous 2°C, et a fortiori 1,5°C », objectif fixé par l’accord de Paris adopté fin 2015 contre le réchauffement climatique. Pour l’atteindre, « il faudrait que les émissions atteignent leur pic ces prochaines années et diminuent ensuite rapidement », rappelle-t-elle.

    La Chine, qui génère 28% de ces gaz à effet de serre et avait permis d’améliorer la situation des années passées en réduisant son recours au charbon, est largement à l’origine de la dégradation de 2017, notent les chercheurs. En cause, un boom de la production industrielle et une production hydroélectrique diminuée par des épisodes de sécheresse.

    Aux Etats-Unis aussi, les émissions devraient baisser moins fortement (-0,4%, contre -1,2% en moyenne annuelle précédemment). C’est la première fois en cinq ans que la consommation de charbon augmentera (+0,5%), du fait du prix élevé du gaz naturel.

    L’Inde voit ses émissions croître un peu moins (+2%) mais ce devrait être temporaire, préviennent les chercheurs.

    Quant à l’UE, ses émissions reculent moins vite que la décennie précédente (-0,2%).

    Les 10 principaux émetteurs sont, dans l’ordre, la Chine, les Etats-Unis, l’Inde, la Russie, le Japon, l’Allemagne, l’Iran, l’Arabie saoudite, la Corée du Sud et le Canada (l’UE dans son ensemble se classe en 3e position).

    « Plusieurs facteurs montrent une poursuite de la hausse des émissions mondiales en 2018 », souligne Robert Jackson, de l’université de Stanford.

    http://www.francetvinfo.fr/politique/conference-environnementale/les-emissions-de-co2-repartent-a-la-hausse-selon-une-etude_2465818.html

  25. Il est regretable que le poids de l’argent et des intérêts des grosses industries chimiques prévalent sur le droit légitime des citoyens à vivre en bonne santé: « comme pour le tabac, tout celà va se payer trés cher en capital humain malade…..Yvan.

  26. Cher Fabrice.

    J’aimerais tellement être d’accord avec vous et que votre plan fonctionne. J’avoue que la lecture de votre texte m’a donné quelque frisson d’espoir. Seulement voilà, je vois autour de moi tant de gens qui nient les dangers des différentes pollutions qui nous menacent et sont même accrocs à celles-ci. Regardez tous ces fumeurs (j’en connais beaucoup) qui vous assurent, tout en crachant leurs poumons, que le tabac n’est pas un problème. Ou mes voisins qui abattent joyeusement un mur de leur maison farci d’amiante. Ou ces crétins d’automobilistes qui laissent tourner leur moteur à l’arrêt, pour rien, satisfaits de laisser respirer leurs particules fines à nos gamins. Le déni est une maladie grave, très répandue, et incurable dans certains cas. Alors est-ce qu’autant de gens se mobiliseraient pour le glyphosate? C’est loin d’être sûr. Il faudrait trouver quelque chose de plus fédérateur, un produit honni par tout le monde. A la limite, les OGM, très largement connues et détestées, seraient peut-être plus facilement porteuses d’un tel élan. Peut-être…

  27. Par bonheur je suis devenue crudivore à l’age de 45 ans et mon corps réagit tres vivement au moindre produit chimique et je ressent très vite les prémissent des douleurs dont une grande partie de notre société souffre
    je vais essaiyer de diffuser en me faisant aider

    Merci pour votre action courageuse

  28. Je n´ai plus beaucoup d´espoir dans l´utilité des pétitions mais j´en signe encore certaines :
    ttps://www.cyberacteurs.org/cyberactions/glyphosateoudicambajenenveuxpas-1865.html

  29. Jean-Pierre Garrigue, une grande figure de la lutte contre la torture tauromachique est décédé ce 19 novembre. Gérard Charollois, le président de la CONVENTION VIE ET NATURE lui rend hommage : « C´est une perte irremplaçable pour la cause du vivant et de la dignité humaine…J´appreciais le dynamisme, la pugnacité de Jean-Pierre lors des grandes manifestations qu´il organisa puissamment contre la barbarie des arènes sanglantes. Contre la tauromachie, contre la chasse, contre la destruction et les insultes faites à la vie par des hommes nuisibles, il faut que d´autres humains se lèvent et prennent le relais de ceux qui tombent trop tôt. Merci à Jean-Pierre GARRIGUE d´avoir été ce qu´il fut. Il va manquer dans l´affrontement de la vie contre la pulsion de mort. »

    1. Les politiques se foutent pas mal du cri d’alarme des scientifiques, par contre ils applaudissent des deux mains à la vente de plus de 400 avions par airbus, il est vrai que l’avion va résoudre tous les problèmes. Pauvres humains!!!

      1. D’accord avec ton indignation, Jacques, mais ce n’est pas « humains », ce sont ces humains là ! Les indiens Achar n’ont rien demandé et se fichent sûrement pas mal des avions…

  30. Ça pourrait être un de ces grands appels à résister,
    Un appel boule de neige qui grandirait, grandirait,
    Avec des voix venues d’horizons qu’on n’imaginait pas.
    Ça pourrait être une avalanche et plus encore.
    A quoi ça tient, qu’un jour, l’heure soit venue ?
    A des rencontres ? A des situations ? A un acte de foi ?
    Ne cessons pas d’y croire, même infinitésimalement.

  31. Hors sujet, quoique là aussi, il y aurait matière à recommencer.

    C’est un carnage en règle aux portes du Grand Paris. Le plateau de Saclay, ses terres fertiles et ses zones humides sont assiégés. Un grand projet nuisible, un de plus, déploie ses métastases. Je viens de passer quelques jours en ces lieux auxquels un lien particulier me relie. D’où le ton fiévreux et meurtri, peut-être, les circonvolutions un peu trop longues, sans doute. J’en suis désolé, mais je ne peux pas faire autrement.

    « J’ai eu tort, je suis revenu dans cette ville au loin perdue où j’avais passé mon enfance.
    J’ai eu tort, j’ai voulu revoir le coteau où glissait le soir bleu et gris, ombre de silence… »
    La chanson m’accompagne sur ces chemins où j’ai tant flâné. Il y a si longtemps. On croit que les années vont nous délivrer des souvenirs, mettre à distance, qui sait. Et un jour, on se retrouve là où l’on a vécu presque la moitié d’une vie.
    Saclay, Palaiseau, Saint-Aubin, Gif-sur-Yvette, Bièvres, Vauhallan, Champlan, Igny… Ce qui restait de friches, de champs, d’arbres à l’horizon, de jardins ouvriers, de collines et de genêts en fleurs, tout me revient. Oh, ce n’était pas la belle et grande nature. La société industrielle avait déjà mis à mal l’ardente beauté du monde. Mais là, sous mes yeux, c’est une vision d’apocalypse qui me saisit. Des grues, des bâtiments de verre et de métal, des terres éventrées, des blocs de béton en guise de maisons, des routes à n’en plus finir, le grondement incessant des avions, des voitures, des camions, ponctué de sirènes d’ambulances et de Samu. A se croire dans un de ces dessins crépusculaires de Singer, saturé de bagnoles, d’avions et de fumées d’usines avec, en avant-plan, un péroreur halluciné s’adressant à son auditoire en ces termes : « Ce dont nous avons besoin, c’est de développement économique. »
    C’est à peu de choses près ce que déclarent les édiles de tous bords et, en l’espèce, le premier d’entre eux, Emmanuel Macron, le 25 octobre dernier : « Avec le déploiement du plateau de Saclay, la France assure son avenir […] Il nous faut être au cœur de la science et de la technique de demain […] pour résoudre les grands défis, nourrir la planète, diffuser l’éducation, guérir la maladie, dessiner la nouvelle ville durable de demain… »

    De quoi est-il question ? D’un grand projet inutile ? Ce serait user d’un euphémisme bien complaisant pour qualifier ce qui est pire qu’inutile : nuisible. Son petit nom officiel ? Le cluster Paris-Saclay. Lancée en 2006, cette Silicon Valley à la française regroupe des centres de recherches, un campus de 70 000 étudiants, des entreprises innovantes, des start-up, des groupes industriels pharaoniques… Bref, un concentré de ce qui dévaste le monde. La techno-science qu’il faudrait renommer nécro-science, la pulvérisation de toute limite, le règne sans partage de la machine, l’éviction des dernières traces d’humanité et de nature sauvage.
    Pour étendre leur empire, les prédateurs pactisent avec les bétonneurs. Et tant pis s’il faut saccager plusieurs centaines d’hectares de terres parmi les plus fertiles de France. Tant pis pour leurs réserves hydrauliques exceptionnelles. Tant pis pour les mares et pour les zones humides où vivaient l’étoile d’eau, le triton crêté, le campagnol amphibie… Tant pis ou tant mieux ? Dans la logique de l’économie triomphante, détruire les derniers espaces de nature et de gratuité, n’est-ce pas une occasion rêvée de nouveaux marchés ?
    Innover, développer, connecter, les progressistes de droite et de gauche n’ont plus que ces mots à la bouche. Feu à volonté sur les fleurs sauvages, sur la lumière des blés, sur l’air que l’on respire, sur l’eau pure à la source, sur le silence.
    « Tant de bras pour transformer le monde et si peu de regards pour le contempler. » Julien Gracq avait vu juste. Aujourd’hui, les bras ont fait place aux tractopelles et à leurs mâchoires d’acier. Transformer est devenu synonyme de décimer. Tant de machines pour décimer le monde, si peu de regards, si peu de bras pour le sauver. C’est cette vision qui m’apparaît sur ces terres dévastées.
    En guise de permis de détruire, des mesures de compensation. Des ersatz de milieux humides, des bassins de rétention vont être ainsi créés… sur des terres agricoles ! A ce stade, on hésite sur l’adjectif. Kafkaïen ? Fou furieux ? Psychopathe ?

    On anéantit ce qui reste de nature et de terres agricoles ? Mais surtout pas d’inquiétude. On nous promet d’en anéantir encore plus !
    La planète compte près d’un milliard d’affamés chroniques ? Paris ne dispose que d’un à trois jours d’autonomie alimentaire en cas de blocage des transports ? Nous perdons, tous les sept ans, l’équivalent d’un département en terres agricoles ? Et quoi ? On bétonne les plus belles terres à blé qui soient « pour nourrir la planète » !
    La civilisation industrielle empoisonne la vie sur terre ? Industrialisons à tour de bras « pour guérir les maladies » !
    Comme nos élites ne font pas les choses à moitié, le plateau de Saclay pourrait accueillir l’Exposition Universelle de 2025 « pour faire gagner la France ». « La connaissance à partager, la planète à protéger », c’est la grande ambition du « village global », doté pour la circonstance d’un jardin pour « mettre en avant la richesse de la biodiversité ». Afin d’accueillir les quarante millions de personnes attendues – dont la moitié venant de l’étranger –, vous reprendrez bien un peu de CO2, d’asphalte et, soyons modernes, de téléphériques.
    Mais grâce au génie de la novlangue, « les forêts et les terres agricoles font partie de l’ADN du territoire. Elles sont les piliers de son environnement naturel et les garantes d’un cadre de vie préservé ». Ainsi s’exprime « Paris-Saclay Le Mag », en cet automne 2017. Ce monde est merveilleux. Vous cherchez du travail ? Ne cherchez plus. Devenez « acceptologue ». Un vrai métier d’avenir. Votre mission ? Faire accepter le pire. Mieux encore : le rendre désirable. Vos moyens ? L’antiphrase. Le lénifiant, l’oxymore, le sirupeux, la pacotille et j’en passe, tous les moyens sont bons, tout doit disparaître, tout ce qui est gratuit, imprévisible, car demain, tout sera fabriqué, synthétisé, programmé, intelligent, augmenté, docile et prédictible. Le contraire de la vie, en somme.

    Ne pas parler d’écologie en écrasant les fleurs sauvages… Dans la chanson de Barbara, il est question de poésie, et non d’écologie. Pour moi, il n’y a pas qu’une assonance entre les deux mots. Il y a des racines communes, des mycorhizes qui s’entremêlent et forment des symbioses : l’attention, l’émerveillement, la présence, les yeux qui voient plus loin qu’ici et maintenant, le soin accordé à la langue, et pas n’importe laquelle. Une langue réfractaire, singulière, à même d’irriguer la pensée, et donc, les actes, car nos actes et, plus largement, notre monde ne sont en rien les produits d’une loi naturelle, d’une quelconque neutralité ou de je ne sais quelle fatalité, ils sont les fruits de nos idées, et il ne tient qu’à nous, individus et collectivités, d’en changer pour que le monde en soit différent.
    Je continue ma route, pour admirer cette œuvre de destruction massive « au service du vivant », comme on dit quand on est moderne et innovant. L’étang minuscule et ses nuées d’oiseaux, l’arbre penché vers l’horizon, la friche où j’avais observé une petite famille de criquets et de mantes religieuses, où sont-ils ? Sous combien de mètres cubes de béton durable les a-t-on enfouis ?
    Un détour par les villes voisines, là où sans doute, le « cadre de vie » est « préservé » – et connecté, il va sans dire –, là où le vivre-ensemble est cultivé, où l’attractivité du territoire est un enjeu résolument tourné vers l’avenir dans le cadre d’un partenariat avec les acteurs de la vie économique et culturelle de demain. Voyez comme il est facile de ne rien dire, ou plutôt de légitimer la vacuité sans avoir l’air.
    Les métropoles voisines, donc. Je passe sur le vacarme des moteurs, sur les pylônes électriques à quelques mètres à peine des habitations – dont de nombreuses sont toutes récentes, y-a-t-il encore une once de raison dans le cerveau des décideurs ? – et sur le reste, qu’on ne voit pas, qu’on ne voit plus : la grisaille lugubre du ciel et des regards, la puanteur des gaz d’échappement, les particules morbides, l’irradiation électromagnétique… Rien ne germe, rien ne fleurit sur le béton. Ce monde est mort, pas même bon à jeter aux orties qui n’ont pas mérité ça. Partout où il grandit, il porte l’irréparable.

    Le feu est au rouge. Un vieil homme traverse la route. Il avance avec peine, s’accroche à sa canne de son mieux. Son visage est penché vers le sol. Il marche si lentement que le feu passe au vert avant qu’il n’ait pu atteindre le trottoir d’en face. Les klaxons se mettent à lui hurler dessus, un peu comme dans la chanson de Bertin, Le passé : « Mais range-toi donc, animal, tu nous gênes pour avancer, bouge-toi, imbécile […] Dégage ton âme en berne, petit homme contemporain en plâtre, laisse-nous passer ». Un instant, il se redresse, et ce que je vois passer sur son visage, c’est l’épouvante, comme s’il découvrait brusquement ce qu’est devenu le village où il a grandi, la rue où il a joué, enfant, comme s’il cherchait quelqu’un ou quelque chose. Sa maison, remplacée par un centre commercial ? Sa compagne disparue ? L’arbre qui était son refuge quand il avait neuf ans ? Il lève une main pour demander un répit, pour s’excuser d’être encore là, d’avoir laissé faire, peut-être. « C’est donc ça que je laisse ? Revenir en arrière, sauver ce qui peut l’être… Si seulement je pouvais… » Est-ce cette pensée qui le hante, alors qu’il finit de rejoindre l’autre côté de l’avenue ?
    Dans le rétroviseur, sa silhouette s’éloigne et se dérobe à ma vue. Devant, la laideur affiche son triomphe. Ni la douce lumière de l’automne, ni les tourbillons de feuilles dans leurs incandescences n’y peuvent rien. Il n’y a plus de bleuets, rue des bleuets. Plus d’insectes ou si peu. Plus de clameurs d’oiseaux, les matins de printemps, ou juste un souvenir, un murmure que les fenêtres à double vitrage étouffent avec le reste.
    Bien sûr, il reste des arbres, des rivières. Des confettis, vestiges d’une bouleversante beauté. Une nature à l’agonie, morte de plus en plus. Des habitats fragmentés par les routes, et donc, disloqués, altérés. Un décor de carton-pâte, un terrain de jeu et de voies vertes où pas une herbe ne dépasse. Un simulacre.
    Des collectifs s’opposent comme ils peuvent pour enrayer la marche du désastre, des agriculteurs bios s’installent en circuits courts. Ils ont bien du mérite. Mais la partie est inégale. La loi est du côté des casseurs de zones humides et nourricières. Pour eux, l’impunité est de règle.
    A moins qu’un jour, le vent ne tourne. A moins qu’un tribunal pénal ne juge pour écocide les bétonneurs et leurs complices. Et pourquoi pas ? Le dernier film de Marie-Monique Robin – que je n’ai pas vu – évoque cette idée à propos du glyphosate.

    Pour l’heure, je sens un grand désarroi qui pèse. L’épuisement gagne les âmes. Le monde a mis un couvercle sur la colère, une pierre sur les cœurs. Chaque jour, il faut aller chercher en soi des ressources de plus en plus rares, de plus en plus inaccessibles. Vivre est déjà si difficile. Tenir jusqu’à la fin de la semaine, du mois, des annuités de remboursements, des points de retraite, des examens médicaux, des maladies qui laissent hagard, fané avant l’âge, dans une chambre aux murs blancs quelle que soit la saison. Demeurer dans le flux, continuer de fonctionner sous perfusion chimique, sous prothèse augmentée bientôt grâce aux « inhumains », ne pas être frappé d’obsolescence, à l’image des « chimpanzés du futur »*.
    De tous les côtés, l’étau se resserre. Les techno-fanatiques, les productivistes et les « inhumains » sont sur tous les fronts. Ils mettent en pièces jusqu’aux derniers espaces vivants, jusqu’à notre humanité. Résister ou périr, c’est l’alternative face à laquelle nous sommes. Paris-Saclay est une illustration de plus de cette situation.
    J’ai beau jeu d’écrire ainsi, j’en suis bien conscient. Il faudra plus qu’une buée de paroles, aussi fortes soient-elles.
    Il faudra des radicaux et des poètes, des sages et des fous, des rêveurs et des luddites, des faucheurs et des semeurs volontaires, des croyants et des mécréants, des réalistes et des désobéissants, des contemplatifs et des décroissants, des jardiniers et des zadistes, des forces d’horizons différents. Il faudra des alliances.

    Retour aux sources d’un jardin très loin. Le silence, à nouveau. Le ciel prend feu de l’autre côté du monde. J’écoute le soir qui tombe feuille à feuille, là où s’endort l’automne. Décembre, bientôt. Les saisons travaillent à pas très lents. Saisons du dehors, saisons du dedans, combien de lunes, combien de crépuscules avant que vienne l’heure de vos moissons ?
    Les jours nous sont comptés. Plus que jamais, plus que tout, ils devraient guider nos élans, nos choix de vie, de société, le peu de temps et de souffle qui restent pour éviter l’effondrement. Qui, de l’humus ou du désert, aura le dernier mot ?
    Demain, si j’en ai la force, j’irai faucher un carré de fougères. J’en ferai une couverture pour le potager où grandiront mes pépinières d’avril. L’enfance de demain est là, dans une poignée de terre vivante. C’est vers cette enfance-là qu’à cette heure fébrile, je laisse aller mes pensées, alors que la nuit prend possession du monde.
    L’enfance d’une pépinière de légumes… et de mots, d’idées. Il est temps de conclure, et je m’en remets à Pièces et main d’œuvre et à leur dernier titre*, absolument majeur. Moi qui ne jure que par la limite, je fais ici une exception. Achetez ce livre, offrez-le, citez-le, parlez-en sans modération, sans réserve, bref, sans limite. A propos de cette pépinière vivante d’idées, donc, que j’oppose, vous l’aurez compris, à cette pépinière macabre de start-up, d’industries, d’écoles et d’innovations « nécrologiques » :
    « L’humain reste une bataille en cours tant qu’il ne s’abandonne pas, et il ne s’abandonne pas tant qu’il pense les choses et les dit avec des mots. Nommer une chose, c’est former une idée, et les idées ont des conséquences inévitables. […] Ce que des idées ont produit, d’autres idées peuvent le détruire. »*
    Ne nous abandonnons pas.

    * Manifeste des chimpanzés du futur contre le transhumanisme, de Pièces et main d’œuvre.

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