Un Grenelle (Bis repetita)

J’ai écrit ici, il y a deux jours, un article consacré au Grenelle de l’environnement, ce rendez-vous prévu fin octobre, à Paris. Il réunira les services de l’État, dont notre grand héros à tous Nicolas Sarkozy, la plupart des associations de défense de la nature, et les amis de toujours que sont le Medef, la FNSEA, ainsi que quelques autres lobbies solidement installés, comme il se doit, dans les coulisses.

Bon, il s’agit d’un rendez-vous présenté partout ou presque comme historique. Certains pensent ou affirment que la France en sortira meilleure, dotée d’une stratégie, appuyée sur des mesures fortes et cohérentes, susceptibles d’inverser le courant. D’affronter, en somme, la crise écologique gravissime dans laquelle nous sommes plongés.

Je ne reviens pas sur les arguments qui me font regarder cela avec tristesse. En revanche, je peux vous dire que les premières réactions à mon précédent article m’étonnent grandement. Car j’en ai reçu. Venant de responsables de la protection de la nature. Qui siègent dans des instances, comme on dit. Bien entendu, cela n’est pas représentatif. Mais instructif, oui.

Voici donc quelques extraits. De ce responsable de France Nature Environnement, que je connais bien : « Nous venons de lire ton coup de gueule sur ton site, sur le « Grenelle ». Une fois de plus, on est sur la même longueur d’onde. Sarko est un génie de l’embrouille et de la manipulation (…)
Notre réponse n’est pas faite en commentaire sur ton site, car nous ne voulons pas aggraver les choses. C’est là que ton commentaire pose problème: si la dislocation du mouvement associatif n’a pas été planifié par Sarko dans le cadre du Grenelle, c’est en tout cas le résultat le plus probable. Pour nous, la principale action dans ce cadre, c’est justrement d’essayer de recoller les morceaux. D’où le fait que ce message que nous t’adressons, pour marquer notre accord sur le fond, doit rester aussi entre nous ».

Si ce texte est signé « nous », c’est que ce responsable le cosigne avec une autre personne.

Autre réaction de cadres de terrain, très actifs, très connus, et reconnus. La lettre exprime un point de vue collectif : « J’ai jeté un coup de d’oeil à ton site : simple et clair. Ce qui m’a permis de lire rapidement ton analyse du Grenelle de l’environnement. Je t’avoue, que depuis ce rendez-vous pris, ça cause ! Ici dans notre trou, on regarde cette mascarade de très loin et avec le mauvais pressentiment qu’il n’en sortira rien de bon ni pour l’environnement, ni pour les assoc ».

Troisième réaction, qui figure en commentaire d’ailleurs : « Au départ, il y a tromperie sur l’étiquette. Le ” Grenelle” de 1968 avait été le résultat d’une grande bagarre. Après plusieurs semaines de grève
générale, l ‘Etat et les employeurs avaient été contraints de lâcher prise… (mon maigre salaire de jeune salarié avait doublé !). Il est évident que sans ce rapport de forces préalable il n’y aurait eu aucun résultat, pas même de négociations. Alors pourquoi avoir utilisé le même terme, ” Grenelle”, sinon pour faire illusion, puisqu’il n’y a pas eu de ” grande bagarre” en matière de protection de la nature et que l’on assiste seulement à des escarmouches isolées (type OGM, ortolans, vraie-fausse candidature de Nicolas) ? Parler aujourd’hui de ” Grenelle de l’environnement “, comme si le rapport de forces nous était favorable, est donc une mascarade ».

Enfin, une naturaliste connue, ô combien, d’un bout à l’autre de la France, m’adresse un petit mot privé pour me dire qu’elle s’apprête à quitter ses importantes fonctions dans le mouvement associatif. Le Grenelle aura été la goutte d’eau de trop.

Rien de cela ne peut se prétendre représentatif, je me répète. Mais je ne pensais pas, je vous le jure, exprimer un point de vue aussi répandu. Ainsi donc, il y a une marge, des marges. Et la discussion doit s’ouvrir. Enfin !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *