Inutile de frapper à la porte (je m’absente)

Je ne vais pas être là pendant quelques jours. Je ne peux vous dire à quel point je suis heureux, cela ferait des jaloux. Je cours, vole et me venge de tous ces mots accumulés ici ou là, et qui parfois me pèsent. Il me semble avoir promis au départ de Planète sans visa d’écrire librement. Eh bien, oui, cela me pèse de temps à autre, peut-être un peu plus ces dernières semaines. J’ai certes le tempérament combatif, mais je n’aime rien davantage que la nature sans les humains.

Aïe ! c’est l’aveu que tant d’adversaires attendaient. Sans les humains. Mais je sais bien ce que j’ai écrit. J’aime la société des hommes, mais elle m’est aussi insupportable. La fausseté, la vilenie, le pouvoir, la hiérarchie, la domination sont partout. Je fais semblant de ne pas voir, de ne pas trop voir, mais la marée est si forte qu’elle emporte tout. Je me sens assailli chaque jour ou presque par le rappel de la laideur universelle.

Aussi bien, il était temps d’aller respirer un autre air. Je le fais, je m’en vais dans mon petit pays perdu, où une marinade, voici dix jours, a ennoyé le vallon de 150 mm de pluie au mètre carré. En moins de quarante-huit heures. C’est énorme, mais le monde caché, c’est-à-dire le monde réel, de là-bas en avait besoin. La sécheresse est comme une deuxième peau, dans ce pays lointain. Mais je préfère sa première, faite d’humus et de clapotis, de brumes montant du ruisseau, de ciels surchargés de vie passante.

Je débranche, quoi. Je tâcherai de voir le blaireau, sait-on jamais. Je regarderai de près où en sont les castors, qui colonisent, il n’y a pas d’autre mot. Je pense et je suis sûr que la buse se signalera dès l’entrée dans le chemin magique sous les châtaigniers, celui qui mène chez moi. Si tout se passe bien, Alban sera déjà là, et la table sera mise à mon arrivée. Pas de téléphone, pas de machine, pas de contact avec l’extérieur de moi. J’ai besoin de la solitude de mon âme. À bientôt.

37 réflexions sur « Inutile de frapper à la porte (je m’absente) »

  1. 😀 Suis bien content pour toi ! Salue ton beau pays pour moi.

    Eh Fabrice ! 150 mm, que ce soit au mètre carré ou au centimètre carré, c’est kif kif ! Ou alors faut dire 150 litres au mètre carré, ce qui n’est pas très parlant. Mais comme disait Mac Mahon, « que d’eau, que d’eau » !!! 😉

  2. Fabrice, je te comprends. On est parfois si bien, seul, dans un coin de nature que tant de beauté et de sérénité vous prennent aux tripes. Malheureux ceux qui ne comprennent pas ça…

  3. Fabrice,

    Une nouvelle et belle acception du mot « marinade ». C’est la première fois en effet que je vois ce terme utilisé pour désigner un épisode pluvieux accompagné par le marin.

    Bien à vous et bon séjour.

  4. La raison raisonnante doit savoir rester en retrait, parfois. Mais puisque tu sembles légèrement dubitatif, voici : une hauteur, ici 150 mm, qu’elle soit sur 1 cm2, 1 m2 ou 1 km2, reste la même, 150 mm ; en volume, ça change tout, c’est plus ou moins étalé, donc plus ou moins haut. Donc c’est soit juste en hauteur, soit en volume rapporté à une surface.

    Bon, à part ça, bienheureux vallon qui va retrouver son Fabrice !

  5. Pour ceux qui partent, mais aussi pour ceux qui restent, pour ce qui est de cette pitoyable nature (et condition) humaines, ce chef d’oeuvre d’optimisme, je ne sais s’il a ete traduit en francais, du primatologue hollando-americain Frans de Waal: The age of empathy – nature’s lessons for a kinder society. Je le conseille VIVEMENT.

    tjrs pour l’optimisme, question violence chez l’humain, saviez vous que cette violence (ou du moins une certaine categorie de violence) baisse de jour en jour, d’annee en annee, de siecle en siecle, depuis que l’humain existe? C’est contre-intuitif, et pourtant en voici la demonstration toute arithmetique:
    http://www.ted.com/talks/steven_pinker_on_the_myth_of_violence.html

    Bonjour a zizi et lulu
    d

  6. Ah, Fabrice !
    La nature sans les humains, oui !
    Sublime félicité pour l’âme…. et le corps !
    Idéale pour se ressourcer !

  7. Je reviens de la Drôme (au pays du loup et des castors), en passant par les Cévennes, le Tarn et l’Ardèche.
    Partout les couleurs de l’automne sont magnifiques ! Quels paysages !
    Bon séjour à toi, Fabrice ;Je t’imagine les doigts de pied en éventail tout contre un bon feu de cheminée…Quoi de meilleur à cette période de l’année ?

  8. « Inutile de frapper à la porte » ! Bah c’est bien dommage, parce que je viens de voir sur Arte un tout petit bout de reportage où tu donnes ton avis sur les financements accordés aux naturalistes, avec en réponse des éléments d’interview de Robert Barbault, sans bien comprendre le point de départ. Mais peut-être cela finira-t-il par repasser sur le net, un jour ou l’autre…
    Après la promo nécessaire de Bidoche et ton boulot habituel, je comprends ton envie d’ailleurs. Envie que l’on peut avoir sans même travailler, d’ailleurs…

  9. Ce besoin est humainement naturel (!). Je reviens moi même d’une semaine dans les Pyrénées où j’ai eu la chance inouïe de tomber non pas sur une mais deux pistes d’ours, dont une au petit matin, à 150 mètres seulement de la cabane où j’ai passé une nuit ! C’est très émouvant… et si simple à la fois. Oui, nous avons besoin de ce genre de simplicité, c’est vital. Et la forêt avec ses parures d’automne ! C’était tellement beau que je n’ai cessé de marcher à m’en péter les muscles et les tendons, du matin au soir cinq jours durant, « heureux, comme avec une femme » comme dit le grand Arthur…

  10. bon, je voulais dire « sourires au blaireau de ma part »…voilà ce que c’est de courir ! ( les ballades nocturnes en forêt, quel bonheur)
    Raton laveur, merci pour ce très beau doc .

  11. si c’est la région que j’imagine le loup passe par la aussi,enfin rarement quand meme.Bonne aventure fabrice au pays ou l’homme n’est pas dans la paysage a visage humain.

  12. Merci Raton Laveur pour nous avoir permis de passer un moment de pur bonheur. Merci également à Marie, mais là, les propos d’un certain monsieur sont absolument consternants. Je comprends, sans la moindre difficulté que Fabrice éprouve le besoin de couper avec le monde humain.

  13. pendant ce temps là,les piégeurs viennent dans les ecoles françaises pour raconter leurs prouesses barbares, et personne ne dit rien a part les petites assoces,sus a tous les animaux ;et les chasseurs font une demande officielle,lobiste oblige,pour venir enseigner sur ,environnement, dans les ecoles,etc,une petition avec 20 associations est disponible sur le site du RAC,rassemblement anti chasse

  14. merci a marie. C’est exemplaire ici de voir a quel point ce type de journaliste fonctionne a merveille dans son role institutionnel de « gardien d’ignorance ». Soyons betes, apres tout, soyons nous aussi, des animaux d’elevage.

  15. Ha; un paralèlle entre notre société et l’élevage industriel…
    Fabrice se posait la question de la qualité de notre humanisme; en tolérant une industrie pareille…Est-ce que ça ne déteint pas sur le reste? (après tout le montage à la chaine et le haut rendement viennent de là!)

    J’avoue que depuis que j’ai lu le livre; j’arrête pas de rapprocher des trucs que cette société nous impose; et l’élevage industriel…Par exemple ces dernière semaines; ma vieille tante à du aller en « revalidation »; comme je n’habite pas tous près; il a fallut passer par là…La façon dont on s’occupe de nos seniors est consternante; ils sont mis au fauteuils de telle heure à telle heure; quand il ne sont pas autonomes; pour éviter l’accident car les infirmières ne prennent pas en charge, de les déplacés sans kiné…Si ils ne mangent pas bien on les gavent de machins vitaminés; si il rouspètent de médicamments (c’est bien connu que rouspetter c’est une démonstration d’angoisse!)…Et quand on les emmènent aux soins; ils sont dans leur fauteuils roulants en rangs d’oignons à attendre leur tour…Il s’agissait ici d’un institut sérieu sans aucunes maltraitances (car il faut bien dire qu’il y a pire!)…

    Franchement voire ma tante dans sa fille de fauteuils; avec ses yeux « stone » et sa boisson vitaminée (elle n’aimait pas ce qu’on lui donnait à manger!)…J’ai eux un choc; je me suis dite que c’était une vraie industrie!

    Bon je sais le parralèle est gros et choquant; mais le rendemment industriel détteint tellement sur tous; qu’on en perd une partie de notre humanité!

  16. Chere Sylviane: on peut tous se tromper, mais il me semble que nous sommes ts deja vendus et refourges au quotidien, et ce depuis longtemps, comme unites de consommation et ou de production (rachat d’une entreprise, rachat d’audimat, d’espace (public!) par les annonceurs…Ne dit -on pas RESSOURCE humaine comme on parle de ressource naturelle? De quelque chose d’utilitaire? d’abtsrait?) Le systeme d’abstraction par la matrice industrielle et macromonetaire est intrinsequement alienant et nihiliste, il EST pourtant le mecanisme fondamentale et le socle de notre economie et dite civilisation mondialisee; il s’attaque a l’ensemble du vivant, il en fait le decoupage (la boucherie!) et la transformation en ordure pour poubelle de maniere systematique ET systemique. L’entropie physique ou sociale generee par la dite « machine » n’est en effet pas un simple effet secondaire ou symptome. C’est le but, la raison d’etre, interne, de l’engin. Je vous rassure, ll ne s’agit pas ici d’une theorie du complot mais d’une simple analyse (la meme qu’on enseigne a la Harvard Business school, ou en Industrial and Human ecology – quoique dans un langage plus neutre, ammoral, complaisant, voire detourne — et donc moins marxiste et grossier que le mien ;)) Nous sommes ts, potentiellement de la bidoche, pour pas dire, de la chaire a canon ou a coca cola. Je ne pense pas qu’il existe de meilleur fable pop et contemporaine que le film Matrix pour nous le rappeler. La ou des voix millenaires comme celle de fabrice, d’un CLS, d’un George Orwell, d’une Vandana Shiva, ou de nombreux participants ici resonnent autant en nous et dans le meme temps sont d’autants de menace pour la pensee dominante, c’est parcequ’elles evoquent bien plus que l’emancipation des animaux et des plantes, mais du vivant dans son integralite, cad de la notre, aussi. Et finalement, quoi de plus effrayant que la liberte. Vous l’avez bien remarque dans l’emission ou apparait Fabrice, d’un calme extraodrinaire dans ses propos, en fort contraste avec les reactions je pense reflexives et donc hysteriques du journaliste et du dit lobbyiste.

    Bien a vous, un Neo de plus (je passe le relais ici a Slavoj Zizek, cest encore en anglais: http://www.youtube.com/watch?v=pbgrwNP_gYE)

  17. David; je ne suis pas toujours en accord avec ce que tu dis; et on emploie pas les même mots; mais là tu touche a quelques chose où j’aurrais tendance à te suivre…

    On s’est bien fait « marchandisés » sous prétexte de « liberté libérale »…Je regardais les commémoration de la chute du mur (oui je sais ça gave un peu tous le monde ;-))…Il y a eu un tournant de quelque chose là; qui était déjà en marche; mais ça c’est précipité!

    Je me souviens d’une conversation avec une personne; avec qui j’ai bu une bierre capitaliste alors qu’il avait garer sa traban; il m’avait expliqué que certains opposants partaient vers une idéologie nouvelle qu’ils appellais « la troisième voie » (un truc que je connais mal; j’espère que je ne fait pas l’apologie d’une connerie!)…C’était une idéologie qui n’était ni le capitalisme; ni le communisme…J’ai garder de cette conversation que cette idéologie à été tué dans l’oeuf par la chute du mur; et que autre chose est possible!

  18. Oups je viens de taper « troisième voie » sur wiki; oubliez ce que j’ai dis hein; rien a voir avec ce que ce gars m’avait dis…(il n’était question ni de centrisme ni de nationalisme…Qu’elle monde de c…où tous est récupérer poue en faire de la soupe!)

    Je vais tourner ma souris sept fois avent de poster ici; sinnon Fabrice ne va pas rentré; sorry!

  19. en même temps ces problématiques ne sont pas nouvelles, le début? la guerre de 1914? massacre en masse ..de tous ces gens, naïfs, jeunes ou pas et « raflés » à leur famille, à leur village, par cette monstrueuse guerre…un simple et très beau livre, sur ce sujet: « Les champs d’honneur » Jean Rouaud. (avec « Les croix de bois » .Dorgelés)

  20. Pour les Franciliens intéressés et libres un mercredi. Copier-coller :
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    ACADÉMIE D’AGRICULTURE DE FRANCE

    Séance du mercredi 18 novembre 2009

    de 14 heures à 17 heures 30

    ANNIVERSAIRES DARWIN
    LA DOMESTICATION : QUELLES GESTIONS ?

    Les éleveurs et les agriculteurs n’ont pas attendu Darwin pour domestiquer des animaux et des plantes en usant de la diversité produite par l’évolution. C’est même l’inverse : Darwin a construit sa réflexion, en partie, à travers l’observation des pratiques et des résultats de la domestication.

    En matière de domestications, sommes-nous certains qu’elles soient toutes pertinentes et réussies ? Aussi diverses soient-elles, toutes ont l’homme pour origine et pour perspective.

    A partir de cette observation fondamentale, l’Académie d’Agriculture de France a réuni une cohorte d’orateurs en leur demandant de célébrer le double anniversaire de Darwin et d’imaginer les domestications futures.

    oOo
    Programme :

    – Jacques ARNOULD : Introduction
    Le sélectionneur sélectionné. Ou : comment
    la révolution darwinienne bouscule une certaine
    idée de l’homme ?

    – Etienne VERRIER, Xavier ROGNON et Emmanuelle VILA :
    L’évolution des espèces animales, suite à la
    domestication ; conséquences pour les ressources
    génétiques.

    – Jacques DAVID : La domestication des plantes, un processus ancien
    tellement moderne !

    – Hervé LE GUYADER : Les sciences de l’évolution : trente années d’avancées
    inaperçues.

    – Catherine LARRERE : Conclusion. La domestication a-t-elle un avenir ?

    SÉANCE OUVERTE AU PUBLIC

    18, RUE DE BELLECHASSE, 75007 PARIS
    Téléphone : 01.47.05.10.37 – Télécopie : 01.45.55.09.78
    Internet : http://www.academie-agriculture.fr – Courriel : aaf@paris

  21. à Patrick Pappola : Quelle joie à la lecture de votre témoignage! Malgré les traques, les battues en zone à ours, le tir à bout portant contre Cannelle (et combien d’autres?), l’ours est là. Vivant. J’imagine la brume, les pierres retournées, les noisettes dont il se régale à l’automne. Et puis l’émotion dont on est saisi quand l’ours parait, là-bas, juste derrière le col. Je ne connais pas de plus grand bonheur que ces moments-là, où nous croisons sa piste, où nous nous frottons à distance à sa majestueuse présence, à sa puissance, à son souffle.

  22. La nature sans humains ! Ca va être difficile ! L’homme étant un élément de cette nature , comme la bonne et la mauvaise graine ou la pluie et le beau temps dans ce qu’ils ont d’éssentiel et parfois de catastrophes naturelles … Ce qu’ on aimerait c’est un homme moins prétentieux , plus respectueux du vivant et plus soucieux de la bonne cohabitation entre les êtres …Personnellement , je ne crois pas à l’homme jardinier , chargé d’entretenir la nature… Je ne crois pas au berger éleveur qui entretient la montagne et sous ce prétexte s’arroge le droit d’éliminer l’ours . La nature est capable de se passer de l’homme, comme elle s’est passé des dinosaures . Il se pourrait d’ailleurs que l’homme soit le dernier dinosaure … En attendant , je continuerai à défendre et à vouloir pérenniser l’avenir des derniers ours, comme P.P , en remerciement et en hommage à l’ourse Franska qui un jour m’a donné un spectacle inoubliable et intemporel . Mon plus beau souvenir des Pyrénées … Cher Fabrice , puisse la nature t’accorder cette générosité … bonnes vacances .

  23. Une anecdote du Vercors, de l’époque où il y avait encore des ours. Les paysans installaient leur ruche sous un arbre, et suspendaient une grosse pierre plate au-dessus de la ruche. Cela suffisait à décourager l’ours, qui à chaque fois était heurté par la pierre qu’il bousculait violemment. Il aurait pourtant suffi qu’il la déplace légèrement, mais apparemment sa nature est plus brusque …

  24. Hacène, ce que notre consommation d’occidentaux oppulents provoque en Chine est en effet terrible, cauchemardesque et d’une tristesse !
    Il est temps de changer de cap !
    Avec nos politiques nationaux, nos médias collabos etc… ce sera difficile. Ne désespérons jamais ! Commençons part continuer à changer nous mêmes mais… sans épargner les responsables aux manettes tant qu’ils ont la tête dans le sable.

  25. Bonjour Fabrice,

    Bon échappatoire !!!

    Je me permets de vous solliciter car je suis à la recherche de david rosane (je tombe mal).
    « Au par cas », vous le re-croiseriez au passage… pourriez vous lui passer le message ci-dessous :
    ***==*** »Pour David !
    Hello !
    C’est mael, nathalie de l’informatique de Terre Sauvage chez Nuit et Jour en 90 !
    You remember ???
    Bref, on aurait besoin d’un super « ornitho » de temps à autre sur notre site :
    http://www.notre-planete.info/forums/list.php?13
    Voili, voilou.
    J’espère que ce message te parviendra et que, malgré tout bon baroudeur que tu es devenu !
    Très cordialement.
    Nathalie
    (mail perso, c ma boîte : system_info_services@yahoo.fr)
    @ tout bientôt ! »***==***
    Je vous remercie par avance Fabrice,
    Nathalie

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