Plenel, Finkielkraut, Zemmour et compagnie

La pensée humaine. L’absence de pensée humaine. Je suis en train de lire – rapidement, mais quand même – deux livres insignifiants, qui marquent chacun pourtant, à droite et à gauche, ce qui nous sert de débat intellectuel. Le premier est signé Edwy Plenel, fondateur de Mediapart (Pour les musulmans, La Découverte, 12 euros), homme de gauche s’il en est. Le second est d’Éric Zemmour, héraut de la droite bien connu (Le suicide français, Albin Michel, 22,90 euros).

Je le répète : je les lis, et ne pourrai donc en faire un commentaire complet. Mais en vérité, à quoi bon ? S’inspirant ouvertement d’un article de Zola en 1896 sur fond d’affaire Dreyfus – Pour les Juifs –,  Plenel prend une sorte de défense des musulmans en France. Il plaide pour l’ouverture des esprits et donc la compréhension, les valeurs de la République, et stigmatise les responsabilités occidentales dans l’apparition et la dissémination des idées fondamentalistes chez certains musulmans, dont le djihadisme.

Zemmour entend expliquer la déstructuration de la société française par le triomphe des idées de mai 68 dans l’esprit des élites politiques, économiques et culturelles. Avec une véritable obsession pour l’immigré arabe, qui aurait grandement aidé à dissoudre notre peuple et la grandeur de son Histoire. Il passe en revue nos quarante dernières années communes, de Marchais à Giscard, de Chirac à Bové, de Dallas au football.

Bon, allons droit au but : c’est pathétique. C’est franchouillard. C’est détestable. Quand deux supposés « penseurs » de notre monde se mettent à écrire, ils le font d’emblée dans un cadre devenu dérisoire : la France. Incapables de seulement imaginer plus vaste réflexion – où sont donc passées les visions universalistes ? -, ils ratiocinent sur leurs minuscules personnages, leurs picrocholines querelles, leurs infinitésimales perspectives. Ce n’est certes pas de gaieté de cœur que je vous écris ces mots, mais en tout cas, je les pense.

Est-ce bien étonnant ? Non. Une loi sociale d’airain conduit chaque génération – il y a quand même des exceptions – à penser le présent avec les mots du passé. Sans songer à une exhaustivité impossible, citons les révolutionnaires de 1789, obsédés par l’Antiquité (« Le monde est vide depuis les Romains ; mais leur mémoire le remplit et prophétise le nom de liberté », Saint-Just); ceux de 1917 fascinés par 1789, Thermidor, la Commune; les amis trotskistes d’Edwy Plenel confondant en 1940 la guerre contre le fascisme et l’affrontement entre impérialismes de 1914, etc. Et dans cet et cætera, je m’inclus sans façon. Ma génération politique, celle de l’après-68, a cherché dans de vieilles lunes qui ne brillaient déjà plus – Lénine, Trostki, Guevara, pire parfois – des explications générales du malheur humain.

Oui, c’est une règle. Il est beaucoup plus difficile de saisir quand c’est utile ce qui se passe réellement. Quand c’est utile, c’est-à-dire sur le moment, face aux événements courants. Certains y sont parvenus magnifiquement, comme – on y revient toujours – George Orwell à propos du stalinisme, ou encore Simon Leys au sujet du maoïsme (ici). On notera, au passage, qu’ils ont tous deux été conspués. Maintenant que le stalinisme est dépourvu de sa toute-puissance étatique, maintenant que le maoïsme n’est plus qu’un immense cimetière oublié, comme il est aisé de célébrer ces deux hommes merveilleux ! Quel bonheur de faire semblant qu’on a toujours été d’accord avec eux !

Bref. Sur ce plan-là, la situation est pire que jamais, car la pensée humaine, ou ce qui en fait office, est comme cette poule qui, cherchant à picorer un grain, se heurte sempiternellement au grillage, et n’y parvient pas. Il lui suffirait de faire quelques pa(tte)s sur le côté pour atteindre l’autre bord, et becqueter le maïs, mais elle ne le fait pas. Plenel et Zemmour – Finkielkraut, intéressant personnage, de même – ne le font pas, ni le feront à vue humaine. Leur affaire, c’est leurs petites affaires. Ce qu’ils ont sous le nez, rien d’autre.

Plenel est un cas qui force l’attention. Il est un « ami » de longue date de François Hollande, avec qui il a publié en 2006 un livre d’entretien (Devoirs de vérité, Stock). On ne peut donc pas dire qu’il aura été pris par surprise. Hollande n’a jamais caché son jeu, il a toujours, et en tout cas depuis quinze ans, affirmé et assumé ce que les commentateurs pressés nomment le « social-libéralisme ». Et il se vante d’être l’héritier – Mélenchon aussi, au fait – de Mitterrand. Mais pourquoi diable Plenel ne nous a-t-il pas alerté dès 1981, dès 1983, dès 1984, quand le vieux filou de l’Élysée lançait avec ses petits jeunes sur mesure – Dray et Désir – SOS Racisme ? Franchement, le drame actuel des relations entre Français blancs et Arabes (éventuellement français) ne trouve-t-il pas une partie de son origine dans la faillite historique des socialistes ? Il était concevable en 1981 d’accorder enfin le droit de vote aux étrangers pour les élections locales. Et de lancer un immense plan, sur une ou deux générations, pour faire des banlieues des zones vivables, et au passage, de droit. Mais on aura préféré la politicaillerie coutumière de Mitterrand, Touche pas à mon pote et l’instrumentalisation de Le Pen dès 1983.

Il eût été bon, il eût été glorieux de mener bataille quand c’était essentiel. Au lieu de quoi, Plenel aura préféré concentrer le tir sur sa personne, en dénonçant les écoutes illégales dont il a été la victime et quantité d’autres affaires périphériques, comme celle des Irlandais de Vincennes. Périphériques ne veut pas dire dépourvues de sens. Je veux simplement dire que l’important était bel et bien ailleurs. Ne croyez pas que je déteste Plenel, que j’ai un peu connu. Même pas. Je défends ainsi le travail de Mediapart, qui lui doit tant. Il a ses mérites, qui dépassent de loin, pour moi, les critiques qu’on peut lui faire légitimement. Seulement, non, NON. Ce n’est pas en écrivant quelques dizaines de pages pour rappeler les grands – et bons – principes de la République qu’on peut se mettre à l’abri du ridicule.

Le cas Zemmour est autre. C’est le journaliste politique dans toute la splendeur de sa vision rétrécie. Son livre – j’en suis à la page 131 – est une sorte de catalogue, de zapping des événements les plus courants des années comprises entre 1970 et aujourd’hui. On dirait presque une revue de presse. La méthode est bien connue : on entend démontrer une thèse, et l’on réorganise le fatras, puisant dans quelques millions d’informations possibles, de manière à prouver l’intuition de départ. Je ne crois pas me tromper beaucoup en prévoyant que tout se barre en couilles à cause des féministes, des antiracistes et des droits-de-l’hommistes. Et je n’insiste pas sur ce que j’ai entrevu à la télé – via mon ordinateur -, où Zemmour paraît souhaiter une réhabilitation de l’infâme régime de Vichy.

Le pitoyable – je tiens hélas à ce qualificatif – est que Zemmour s’est inventé un monde de pacotille où les idées se baladent toutes seules, dans une complète liberté, sans jamais être soumises à ces champs magnétiques surpuissants que sont le capital et l’existence de féodalités transnationales, les pouvoirs économique et technique, l’organisation de la décision, l’ossature administrative, le rapport de forces social. En somme, Zemmour ne parle que de cette infime fraction de la réalité qu’il pense connaître : la superstructure politique et ses habitants, lesquels ne conduisent à peu près rien. Et roulez jeunesse ! Et ouvrez les talk show, les antennes radio et les colonnes des plus grands journaux.

Ni Zemmour bien sûr, ni Plenel, ni Finkielkraut – à qui il arrive de dire des choses intéressantes – ne s’interrogent une seconde sur l’événement le plus fracassant de leur temps, qui n’est autre que l’approche de frontières indépassables par l’aventure humaine. Misère ! Ils ont la chance insigne – ne sont-ils pas des « intellectuels », reconnus en tout cas ainsi par leur époque ? – de vivre au milieu de tsunamis d’ampleur géologique, et eux se penchent sur un confetti, dont ils commentent l’usure, l’abrasion, les possibilités d’une très hypothétique reconstitution. Le climat crée les conditions d’un chaos mondial, la moitié des animaux sauvages a disparu entre 1970 et aujourd’hui, nous sommes plongés dans la sixième crise d’extinction massive des espèces, les océans s’acidifient et leurs extraordinaires créatures meurent, les sols s’épuisent, l’eau en arrive à manquer dans des zones explosives au plan social et politique, le nucléaire rend envisageable la disparition de toute société organisée, mais l’urgence est donc de blablater encore un peu.

Ce ne serait que risible si les conséquences ne n’annonçaient aussi graves. Car bien sûr, le temps ainsi perdu ne sera pas rattrapé. Pour que des idées nouvelles finissent par s’imposer et forment cette cohérence que l’on appelle à tout bout de champ un paradigme, il faut du temps. Qui se compte en générations. La pensée écologique, même si elle a eu des pionniers méconnus, n’a émergé qu’il y a une quarantaine d’années. Ni Plenel ni Zemmour ne l’ont seulement aperçue. S’ils étaient ce qu’ils pensent être, ils auraient évidemment cherché à comprendre la nature de tels bouleversements. Ils auraient lu. Ils auraient discuté. Ils auraient au moins entrouvert quelques portes. Un Zemmour aurait compris que 68, qui a produit bien des conneries, et tant servi, par la promotion de l’individualisme fou, la cause de l’industrialisation de la vie sur Terre, a également fait émerger des idées franchement nouvelles. Porteuses, oui, d’un avenir qui reste possible, et en tout cas souhaitable. Mais non : encore et toujours cette névrose obsessionnelle des acteurs de seconde zone que furent Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy.

Ce temps ne sera pas rattrapé. Quand viendront les vraies épreuves, le peuple français n’aura JAMAIS été préparé à les comprendre, et partant, à les dominer. Et il se vautrera donc fatalement dans des réponse magiques, fantasmagoriques, à une crise qui semblera le déposséder de tout. Le responsable sera donc, d’évidence, l’Étranger, qu’il soit Arabe ou tout autre. Qui écrira jamais qu’aucune barrière ne nous mettra à l’abri, dans un monde où coexistent, dans une vaste marmite du diable, richesses démentes, jeunesses immenses, frustrations sans limites ? Qui le dira ? Plenel et Zemmour sont les deux faces d’une même tragicomédie. Amoureux transis, et définitifs, d’idéologies qu’ils attribuent perpétuellement à d’autres qu’eux-mêmes, ils retomberont toujours sur leurs pattes. Telle est du reste l’une des meilleures définitions du mot idéologie : l’art de retomber sur ses pattes.

Un dernier mot :  j’ai lu il y a quelques semaines un livre paru il y a bien quinze ans (La fin tragique des dinosaures, Walter Alvarez, Pluriel). L’auteur y raconte la façon dont lui et quelques autres ont fait émerger l’explication la plus convaincante de la disparition des dinosaures, voici 65 millions d’années. Une comète – ou une météorite – aurait provoqué une explosion comparable à 100 millions de bombes à hydrogène, manquant de faire disparaître toute forme de vie. Ce qui est passionnant, c’est le chemin – scientifique – de la vérité, qui doit vaincre quantité de périls, principalement venus d’adversaires – tout aussi scientifiques qu’Alvarez – de la théorie de la météorite. On y voit combien il est dur d’avancer. Encore n’est-ce à peu près rien, car en ce qui concerne les dinosaures, les oppositions ne se rencontraient que dans de tout petits cénacles. Or la nécessité où nous sommes de refonder le projet humain se heurte de plein fouet aux vaines croyances d’une très forte majorité des contemporains. De ce point de vue, Plenel et Zemmour ne sont jamais que l’infime symptôme d’une maladie de l’esprit quasiment universelle.

La morale ? Ceux qui cherchent de vraies voies de sortie sont seuls. Et comme il n’est pas question de reculer, il faut encore et toujours avancer. En se serrant, amis de Planète sans visa, d’aussi près qu’il est possible. Comme le font les manchots empereurs pour lutter contre le froid antarctique. Car il fait froid, car le débat n’est pas loin d’être gelé. Conservons donc notre énergie, car nous en aurons besoin.

35 réflexions sur « Plenel, Finkielkraut, Zemmour et compagnie »

  1. Je pense que les problèmes climatiques que l on a créés sont à mettre sur le même pied que les problèmes de l extrémisme humain que l on a aussi largement aidé à faire émerger. Mettons nous deux minutes à la place de quelques jeunes perdus dans de glauques banlieues ou même de quelques tribus perdues du monde délaissées par cette belle mondialisation qui ouvre ses porte à seulement quelques privilégiés. Je peut comprendre le manque de perspective de ces gens, je comprend encore mieux l espoir, la valorisation, certes maléfique mais réelle de pouvoir tenir dans ses mains une kalachnikov et détruire toutes ces frustrations si longtemps contenues. Je pense que l on a simplement que le monde que l on a construit et que l on mérite, guerres, extrémismes, chao climatique, tout est lié.

  2. Ca fait du bien de te lire encore une fois Fabrice : Zemmour est l’illustration de l’état de putréfaction dans lequel rampe le monde médiatique tout autour de nous. Il est clairement un ennemi car ce qu’il fait, ce qu’il pense, ce qu’il écrit et vomit partout répand de la souffrance humaine réelle. Honte à lui et aux pitoyables benêts qui lui font des ponts d’or et des courbettes de salon.
    Combien ce qu’il répand me met en colère et m’attriste profondément.
    Et donc, combien ton article sur ce pauvre type me fait du bien !
    Et merci aussi de nous informer sur l’insignifiance d’un Plenel aux apparences moins nauséabondes que ce pauvre Zemmour…

  3. @ Fabrice Nicolino

    Lisez Gauchet, Castel et qques autres.
    Même s’ils évoquent rarement et par la bande « l’événement le plus fracassant de – notre – temps » (crise écologique, 100 % d’accord avec vous), je vous assure que c’est d’un tout autre niveau que Plenel ou Zemmour.

    Une remarque tout de même : j’arrive à comprendre que très peu d’hommes politiques se soucient comme d’une guigne du changement climatique.
    C’est si loin à l’échelle des élections, de leurs petites ambitions personnelles etc.
    Et quand ils « réfléchissent » à autre chose que leurs alliances minables pour conquérir le pouvoir, aux ersatz de programmes électoraux qui vont séduire les électeurs (càd très rarement) ils croient en général en un dieu tout puissant, la technologie, qui va nous tirer de là.

    En revanche pour le peak oil, je ne comprends pas. Le mur est juste devant nous. Vous, moi, eux (les politiques, Zemmour, Plenel), presque tous les lecteurs de ce blog en subiront les conséquences. Et tous ces hommes politiques ne font RIEN. Idem ds les médias, quasiment RIEN sur le sujet.

    Il y a pire. J’ai trois ou quatre amis (trois vrais amis en fait, rien à voir avec les « amis » à la Facebook évidemment), des gens très bien, ça leur est complètement indifférent aussi. J’essaie d’en discuter avec eux, ça les laisse froid. Ils ne lisent rien sur le sujet, ça ne les intéresse pas. Je ne comprends pas.

    Cordialement,
    Lou

  4. Plus j’avance et plus je me dis qu’il faut arrêter de faire le buzz autour d’un troll comme celui qui a un nom qui commence par un Z… Fabrice fais-moi une petite place s’il te plaît; j’ai la gueule de bois… Au nord de la frontière, je me suis réveillée avec un gouvernement remplit de nationalistes; et j’ai vachement froid!

  5. Merci pour cette mise en garde…
    Moi je decouvre depuis 2 ans, mieux vaut tard que jamais, avec emerveillement, et meme une certaine excitation, Deleuze, Foucault, Badiou, Levinas… Qui sont, avec Derrida, les cinq philosophes les plus connus dans le monde aujourd’hui. Et ils sont Francais tous les cinq! Il n’y a pas de quoi avoir honte! (clin d’oeil aux inquiets de l' »Identite ») ceci dit je suis bien reconnaissant a Finkielkraut de m’avoir introduit a Levinas (tres difficile…) avec « La sagesse de l’amour » (un grand livre). Parfois faut pas avoir peur de se frotter aux plus grands, ils sont pas forcemment plus difficiles que les commentateurs de l’ecume qui passe, et au moins beaucoup plus clairs! Sans en faire des gourous, il ne faut rien « croire » de ce qu’ils ecrivent, il faut bien reconnaitre en faisant l’effort de les comprendre, qu’ils sont nos grands eclaireurs. On peut se mettre en appetit avec les fantastiques cours en ligne de Deleuze, les chouettes seminaires de Badiou, les tres belles videos de Foucault (il y a un debat avec Chomsky qui vaut son pesant de cacahuetes), et ensuite piocher, lentement, dans leurs livres. On n’a pas le temps de s’ennuyer.

  6. Encore bravo Fabrice pour ce petit papier. Il est triste de voir que pratiquement personnes ne réfléchient à ce qui se passe de dramatique au Moyen orient à l’aune des problèmes écologiques, tout juste si on se rappelle le partage de la région avec les accords Picot… Je n’arrive pas à trouver de commentaire sur le marché noir du pétrole qui permet aux grandes puissances, dont la France, de profiter de l’aubaine pour acheter à bas coût « le sang de notre société ».

  7. Monsieur,
    voici que vous fourrez Finkielkraut dans le même sac que Plenel et Zemmour, sauf qu’il lui arrive parfois, selon vous, de dire des choses intéressantes ! Merci pour lui. C’est toujours drôle de voir ainsi rabaisser d’une chiquenaude quasi distraite un homme par quelqu’un qui ne lui arrive pas à la cheville. Un peu de modestie Mr Nicolino, Finkielkraut est un honneur national pour nombre de gens, et pas pour rien.
    D’autre part Finkielkraut a depuis longtemps montré une attention aux souffrances animales. Dire qu’il est cloisonné derrière un grillage c’est ridicule, c’est un homme qui a payé très cher ses prises de position, même si par la suite elles ont été reprises par tout le monde comme si de rien n’était (par exemple il s’est élevé seul contre tous concernant l’accusation portée contre la Croatie de fascisme et seul contre tous il a montré que l’agression était serbe),
    Il ne m’est jamais venu à l’esprit de réduire Simon Leys à ses prises de positions sur le maoïsme occidental ! C’est un érudit très fin lettré qu’il fait bon lire. Et je peux me joindre à votre peine.
    Il y a une modestie à savoir que l’on ne représente qu’une façon de voir, je veux dire qu’avant de lire Bidoche, j’ai lu Un éternel Treblinka de Charles Patterson, par exemple, et bien sûr I. B. Singer, cet écrivain immense et prix Nobel de littérature, j’ai rencontré des gens qui m’ont parlé des abattoirs, et par exemple je me souviens d’une semaine entière des Nuits Magnétiques sur France Culture traitant des abattoirs. Je savais que j’apprendrai à votre lecture encore des choses, lors même que je crois bien connaître ce sujet après plus de quarante années de végétarisme, et bien sûr j’en ai appris.
    Un peu de modestie sert à notre entendement et est à la base de cette tolérance qui nous fait entendre ce que d’autres ont à nous dire. Finkielkraut avec Plenel et Zemmour, quand même !
    Merci

  8. Danste,

    Je vous dis calmement que vous déconnez. Cela arrive à tout le monde, moi compris, bien sûr. Mais vous déconnez en érigeant un personnage secondaire de la pensée en géant devant lequel il faudrait se prosterner. Croyez-moi – ou non -, je sais ce qu’est un géant, et je sais me prosterner. Mais devant un Finkielkraut, désolé, mais non. Et jamais.

    Bonne journée,

    Fabrice Nicolino

  9. dommage que vous ignoriez des gens intéressants comme Hervé Juvin ou Pierre Jovanovic, et surtout le plus grand de nos contemporains , Noam Chomsky évidemment!

  10. Monsieur,
    C’est trop drôle, et j’en ris de bon cœur, Finkie n’est pas un géant de la pensée, mais j’aimerais avoir le 100 ème de son érudition ! Ce mot de géant vous appartient, je ne l’ai pas employé, vous connaissez donc un géant de la pensée, soit, et alors ? Il ne s’agit pas de se prosterner devant Finkie, mais d’au moins, s’il vous plaît, ne pas le rabaisser à des Plenel et des Zemmour. Et de plus je continue à dire que vous ne lui arrivez pas à la cheville…
    Merci de vostre salutation, je vous lis et vous lirez avec intérêt et bien le bonjour chez vous

  11. Danste,

    J’adore faire rire, et soyez sûr que je suis sincère. Mais j’aime aussi beaucoup rigoler, et donc, merci beaucoup. J’avais oublié cette forte expression : « c’est un homme qui a payé très cher ses prises de position ». Elle est fameuse. Quant à célébrer un « honneur national » à mesure de son érudition, c’est encore mieux. Nous ne parlons pas tout à fait la même langue. Bien à vous néanmoins,

    Fabrice Nicolino

  12. Michel Foucault en discussion passionante avec Noam Chomsky:

    « Si on cherche tout de suite a donner le profil et la formule de la societe future, sans avoir bien fait la critique de tous les rapports de violence politique qui s’exercent dans notre societe, on risque de les laisser se reconstituer, meme a travers des formes aussi nobles, apparemment aussi pures que le syndicalisme anarchiste »

    L’un des passages cruciaux est ici, le curseur entre 36 minutes et 41 minutes:

    https://www.youtube.com/watch?v=3wfNl2L0Gf8

  13.  » Conservons donc notre énergie, car nous en aurons besoin. »
    Effectivement, lorsque j’ai acheté ton livre, le dernier dans un rayon, étaient étalés sur un présentoir, beaucoup d’exemplaires des livres de Valérie T et de Eric z, participant au cirque de diversion actuel, z qui est aussi philosophe que je suis écrivain.

  14. il faut reconnaître que si René Dumont Théodore Monod ou le Commandant Cousteau revenaient (ai je mentionné Claude Lévi-Strauss ou Roland Barthes?) ils seraient sidérés par la dévastation du paysage intellectuel en 2014!

  15. @ Danste
    C’est sûr qu’il faut être un géant de la pensée comme Finkielkraut pour trouver qu’il y a trop de noirs dans l’équipe de France de balle au pied (entre autres fortes pensées de Finkielkraute de même nature que les pensées zemmouriennes).

  16. Salut

    Dumont ,Monod pas de soucis .Quant à Cousteau merci depuis que j’ai grandi j’ai réalisé.
    Grandir c’est réaliser!
    Donc réalisons ensemble ce qu’est ce pseudo philosophe devant lequel certains se prosternent
    Avant tout un sioniste donc un adepte d’une pensée comparable au nazisme ,les camps en moins puisque Gaza est un camp de concentration à ciel ouvert. Pourquoi s’emmerder à en construire ?
    Je vous met un article de Valérie CG adressé à cet « intellectuel » puant
    http://www.crepegeorgette.com/2014/06/03/cher-alain-finkielkraut/
    Pour ce qui est de prosterner ne compter pas sur moi! On sait ce que ça donne les gens devant lesquels des serviteurs ,adeptes ,adorateurs… se prosterne.

  17. Je n’ai pas encore lu le livre de Plenel, mais dans ses interviews sur son livre il dit des choses tres justes, et de maniere tout a fait claire (je ne vois pas comment on peut le comparer a Zemmour). D’autre part, le livre de Finkielkraut, l’identite malheureuse, est un livre tres fin, et meme si je ne suis pas d’accord avec lui sur beaucoup de choses, cela demande un vrai, gros travail de le contredire (enfin pour moi…). Je crois que Finkielkraut se tient juste a la limite de faire l’erreur, grave, de confondre une evolution culturelle purement francaise, celle de la « galanterie » comme contraire de la muflerie, et qu’il decrit avec beaucoup de finesse, avec ce qu’il percoit, vu de France, de la culture musulmane. (Un peu comme Herve Girard est, a de nombreuses reprises, a deux doigts de confondre l’acte « satanique », contraire du Christianisme, avec les religions pre- ou non-chretiennes, et c’est une erreur essentielle, sur laquelle sa position est difficile a caracteriser, pas tout a fait claire, malheureusement). Plenel n’est peut-etre pas un philosophe comme Finkielkraut (ou Girard), et peut-etre simplifie-t-il parfois les choses, mais il a fondamentalement raison de dire que la seule chose qui compte c’est ce qu’on fait maintenant, ensemble, car la culture de banlieue souffre d’etre delaissee et abandonnee a elle-meme, et c’est un fait constatable qu’elle ne ressemble ni a la tradition de l’Islam ni a la tradition Francaise. C’est une question qu’il ne faut pas ignorer, et je crois qu’il n’est pas inutile de lire Plenel ET Finkielkraut.

  18. Si je passe ce commentaire, c’est pour illustrer ce que j’ai souvent écrit. Planète sans visa n’acceptera jamais la publication de propos contraires à sa charte implicite, dont on peut trouver le cadre dans « Une déclaration d’intention », à droite de l’écran d’accueil. Le racisme est au fondement du pire et je ne transigerai jamais sur une question d’une telle signification. Le commentaire qui suit est raciste, et bien entendu, il n’y en aura pas d’autre ici.

    Fabrice Nicolino

    Il y a tout de même une différence entre Plenel et Zemmour.
    Le livre de Plenel est franchement consternant, rien à sauver de son pitoyable ouvrage.
    Zemmour par contre a raison lorsqu’il condamne l’immigration massive et l’islamisation de la société qui en est la conséquence.
    Certes il oublie l’essentiel: la crise écologique.
    Mais nous qui en sommes conscients devons bien comprendre qu’une société qui se vautre dans l’obscurantisme (mosquées poussant comme des champignons, halal généralisé…etc)ne risque pas de s’attaquer aux vrais problèmes.
    Le « politiquement correct » est un fléau. Au nom de l’antiracisme et du droit de l’hommisme il nous faudrait accepter un obscurantisme sanguinaire pour ne pas stigmatiser une certaine communauté ?
    Honte à ces politiciens, de droite comme de gauche, qui bafouent les lois laïques de 1905 pour flatter cette communauté, jusqu’à tenir des discours aberrants: « le ramadan est un grand moment républicain » dixit Valls et du même: « l’islam doit être au coeur de la République ».

    Une fête sanglante comme l’aid el kebir est permise et facilitée par les autorités et ceux qui s’indignent publiquement de cette barbarie sont trainés en justice par les officines antiracistes (MRAP, LICRA, SOS racisme) et condamnés à de lourdes amendes ! (comme Christine Tasin tout récemment, après bien d’autres)
    Une société comme la nôtre est décidément bien malade, tant qu’elle n’aura pas rejeté ses dogmes mortifères comment espérer qu’elle agisse pour sauver la vie sur cette planète ?

  19. Et Hervé Juvin? regardez ses vidéos, elles sont intéressantes. Tout en dénonçant la soi-disant « mondialisation heureuse  » à la BHL, Minc, Attali, voire DCB, il ne s’aligne pas pour autant sur les positions « national-souverainistes » FN voire FG. Et si on l’écoute bien, en filigrane de ses propos, la préoccupation écologiste est omniprésente!

  20. « Your comment is awaiting moderation ».
    Est-ce que ça veut dire que mes comentaires ont été censurés (vu que les commentaires suivants ne portent pas cette mention) ?

  21. Gilbert Duroux,

    Il m’est arrivé de censurer des textes, mais vu la gravité de l’acte, c’est exceptionnel.Vous n’avez rien à craindre de moi ! Simplement, il ne faut pas oublier une chose : ici, il n’y a que moi. Je peux ne pas avoir le temps, laisser passer à tort un ou deux jours, ou même – c’est arrivé plus d’une fois – faire une fausse manoeuvre.

    Bien à vous,

    Fabrice Nicolino

  22. Pour la censure; effectivement pour combattre le pire ,vaut mieux le laisser s’exprimer . Quant à débattre voir dialoguer là c’est une autre histoire.
    Aprés ici t’es chez toi et tu fais ce que tu veux mais je trouve bien que tu laisses passer régulièrement des trucs bien puant comme tu dois en recevoir car ça permet de rappeler à tes lecteurs et lectrices pas forcément politisés la réalité même si elle n’est pas joyeuse.
    Le fascisme se développe sur le terreau de la misère.
    Éradiquons la misère et le fascisme ne sera plus que quantité négligeable

    No pasaran !

    PS: Un grand merci à la gôche caviar qui n’a cessée de promotionner le FN depuis le 10 mai 81

    No pasaran !

  23. @PatrickZ , ce n’est pas en stigmatisant L’Aïd-el Kébir, qui est une fête de partage, que l’on fait avancer la lutte contre la crise écologique et la défense des animaux, vous me faites penser à ces écolos qui mangent viande midi et soir (venant souvent d’élevages où les animaux sont dopés aux antibio et engraissés au maïs produit intensivement en France et au soja d’Amérique du sud) et qui me cherchent des poux par ce que je mange du gibier bien que je consomme moins de 10 kg de viande par an, soit 10 fois moins qu’eux.

    Si je suis athée, malgré mes origines juives, et si je combat les fanatiques religieux, je ne nie pas que certaines pratiques : jeûnes du Ramadan ou Yom Kippour, fêtes de partage telles L’Aïd-el Kébir, l’Aïd el Fitr ou Rosh Hashana apporte une spiritualité au croyant et l’élève un peu face au matérialisme. Pour moi, du moment que le croyant n’impose pas ses pratiques, il n’y a pas de problèmes, tout le monde ne peut s’affranchir du jour au lendemain des croyances et autres superstitions.
    Pour ce qui est de l’abattage rituel Hallal ou Casher, qui était pratiqué à l’origine pour sensibiliser le consommateur à la perte de la vie de l’animal et éviter des abattages qui peuvent être encore plus cruels, il est clair qu’il doit évoluer et nécessiter un étourdissement préalable.

    Pour sortir des stéréotypes : immigrés = jihadistes et Juifs = sionnistes, lisez ou relisez « Bidoche » plutôt que zemmour, soral, dieudonné and co qui du point de vue obscurantisme et sexisme n’ont pas grand chose à envier aux fanatiques musulmans.

    De plus, la lecture de Bidoche vous montrera des priorités écologiques plus importantes que la lutte contre l’Aïd: réduction drastique de la consommation de viande, fermeture des élevages intensifs; arrêt des cultures pour l’élevage hors sol: soja, huile de palme, maïs intensif; amélioration des conditions de transport et d’abattage…

    Vous aller penser que je ne suis pas objectif, il est vrai qu’étant issu de milieu juif et agricole, tout en travaillant avec des personnes issues de l’immigration, je dois voir les choses de trop près et manquer de recul.

  24. Orca, d’apres ma propre experience et d’apres ce que je lis ou j’entends, le fascisme se developpe dans l’elite et les classes moyennes (la « bourgoisie »), pas chez les pauvres. Alors, pour arreter le fascisme, suffirait-il « d’eradiquer la richesse et les privileges »? Proposition autrement plus inconfortable que de vouloir « eradiquer la misere », malheureusement, mais qui aura plus d’effet, si le but est d’eliminer le fascisme par effet detourne, que d’eradiquer la misere!!! Bref, que tout ca est difficile… Avez-vous vu la video ou Foucault dialogue avec Chomsky?

  25. @PatrickZ, malgré tout, je suis d’accord sur un point, le fait d’apporter une critique sur une religion ou sur la politique d’un gouvernement ne doit pas faire passer l’auteur pour raciste ou antisémite quand ce n’est pas le cas.

  26. Finkielkraut n’est malheureusement plus au niveau ou il était. Il me semble incroyable que l’auteur de « La sagesse de l’amour », et élève de Levinas, puisse citer dans son dernier livre cette phrase profondément stupide de Kant, « le respect, une maxime de restriction, par la dignité de l’humanité en une autre personne, de notre estime de nous-mêmes », comme exemple de voie d’avenir au XXI siècle ! Au contraire, un sens de l’écologie, qui est la réalisation que nous sommes la nature et que la nature est nous, nous aide aussi a comprendre qu’il n’y a pas d’estime de l’autre sans estime de soi, et vice-versa, et que les « donnant-donnant » de Kant sont pires qu’une distraction ; une erreur fondamentale. Une grande lignée de penseurs comme Stirner (« au fronton de notre époque n’est plus écrit ‘connais-toi toi-même’ mais ‘exploite-toi toi-même’ », L’Unique et Sa Propriété) ou Simone Weil (« les Romains, s’étant habitues a l’idée d’esclavage, s’aperçurent a leur propre horreur qu’ils n’avaient plus les ressources de s’y opposer lorsqu’il s’appliquait a eux-mêmes », L’Enracinement) avaient compris, avant même Deleuze, que seul celui qui peut se vendre lui-même peut vendre autrui, que seul celui qui peut se détruire lui-même peut détruire la nature, ce que d’ailleurs la sagesse populaire exprimait déjà longtemps avec l’expression : « Il vendrait père et mère ».

  27. D’ailleurs au rang des penseurs « monistes » (c’est le terme) il y a aussi Pierre Fournier, journaliste a Charlie Hebdo qui ecrivait vers 1971 (je cite de memoire, approximatif): « Mes gosses c’est la nature et la nature c’est mes gosses, y’a vraiment aucune difference entre la nature et mes gosses, si t’en avais tu le saurais » mais aussi le dessinateur Gebe de CHarlie Hebdo, et beaucoup d’autres, et au fond, tout ecologiste est un « moniste » praticien…

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